ANNOTATIONS SUR "STRUCTURER L'INFINI" DE MASUCHEZANININ

L'étude du multivers, ou Véritable Univers comme on l'appelle dans les cercles académiques, est un domaine en constante évolution. Le document qui suit est présenté plus pour son concept historique que comme un guide réel sur la Théorie du Véritable Univers. Les lecteurs modernes trouveront la plupart des idées de Masuchezaninin au mieux dépassées, et souvent affreusement fausses. Il n'en reste pas moins qu'il est considéré comme l'un des pionniers de la théorie actuelle du V.U., et que ses conférences constituent une lecture essentielle pour quiconque souhaite en savoir plus sur la Bibliothèque et les mondes qui l'entourent. Aussi erronés qu'ils puissent être, vous trouverez dans ce texte les fondamentaux de presque tous les aspects de l'étude moderne de cette discipline.

La forme du Véritable Univers est une chose nébuleuse, et peu de sujets ont été plus controversés parmi les chercheurs dans l'histoire de la Bibliothèque. Notamment, le terme "Véritable Univers" est toujours contesté actuellement, beaucoup affirmant soit qu'il est inexact, car il ne peut exister de "Véritable" Univers, soit qu'il conduit à l’implication trompeuse de l’existence d'un "Faux" Univers. Cependant, pour les thèses que je vais présenter, ce terme est plus qu'applicable, et les idées exposées étant trop complexes pour être résumées par une seule phrase, c'est donc le terme que j'ai choisi.1

De nombreuses théories ont été présentées sur ces mondes dans lesquels nous vivons, et sur la façon dont ils sont liés et s'imbriquent les uns dans les autres. Le problème principal que j'ai trouvé en examinant toutes ces théories est qu'elles ne viennent pas d'un lieu d'exploration et de découverte, mais d'un lieu d'érudition et de théorie. Aussi fascinante que soit la théorie de la Construction en Gradins de Pia, ou le concept de Reproduction Universelle d'Ala-Norn, ou l'expérience de la Bibliothèque Réfléchie de Gizzo Hesh, ils proviennent tous d'un lieu d'érudition, et non de découverte. Ils s'appuient sur les découvertes des autres plutôt que de partir les leurs, une méthode qui ne peut jamais conduire à une véritable compréhension d'un sujet, car cartographier le Véritable Univers sans l'avoir exploré est un acte aussi dénué de sens que de cuisiner sans chasser, ou de se battre sans avoir été battu.2


C'est ici que les lacunes dans les connaissances de Pia deviennent apparentes, car, comme toute personne ayant passé un certain temps loin des Étagères pourrait vous le dire, l'univers a de nombreuses limites. Il suffit de regarder l'existence des "Domaines Solitaires", des mondes pour lesquels il n'existe aucune duplication ou mutation, pour s'en rendre compte. Le plus évident d'entre eux serait la Bibliothèque, bien que 16 autres y soient rattachés, dont les Bois Ravel, le Monde d’Elrich, la Tombe du Titan, le Non, Halluspeza, Ombrecîme et les Mers Blanches.3

Au cours de mes voyages entre ces mondes et d'autres, il m'est apparu que ces 16 plus 1 mondes forment une sorte de "centre", autour duquel tous les autres sont rattachés, et par lequel l'accès entre eux est régulé. Imaginez un grand royaume, avec la Bibliothèque formant la capitale au centre, et les Domaines Solitaires reliés à elle et entre eux par diverses routes. Il convient de noter la connexion entre les Domaines Solitaires eux-mêmes, chacun n'étant relié qu'à trois autres Domaines au maximum, à l'exception de la Bibliothèque, par diverses Voies disséminées ici et là. Depuis de nombreuses années, j'ai tenté de cartographier toutes les connexions existant entre ces mondes, mais hélas, mes informations sont incomplètes, et en discuter davantage rendrait un bien piètre service au lecteur.4

Certes, il y a eu de nombreux rapports émanant de sources diverses prétendant être tombés sur des "miroirs" de ces mondes, ou que d'une manière ou d'une autre un double d’eux existe, mais il s’agit d’affirmations infondées qui peuvent être attribuées à l'une des trois raisons suivantes. Premièrement, leurs auteurs ont tout simplement menti, dans l'espoir d'obtenir une certaine reconnaissance de leurs pairs ; deuxièmement, en arrivant sur un monde différent, ils ont confondu certains de ses aspects avec ceux d'un Domaine Solitaire connu et ont conclu hâtivement qu'il s'agissait d'un seul et même Domaine ; troisièmement, en étant transportés dans une partie du Domaine qu'ils ne connaissaient pas, ils ont décidé qu'il devait s'agir d'une version distincte de ce Domaine.


Bien sûr, la majeure partie du Véritable Univers est constituée de Domaines à Facettes, des mondes qui apparaissent encore et encore avec des variations allant de mineures à totalement bizarres, et qui peuvent être considérés comme de petits villages éparpillés dans notre royaume. Le plus commun d'entre eux (ou, devrais-je dire, le plus connu des Usagers) est le Monde d’Origine (alias Les Terres Bâtardes, les Royaumes Perdus, AKRIS, la Terre, le Corps de Terra, etc.), qui, je crois, existe dans près de cent mille variations entre les Domaines Solitaires et la Bibliothèque.5

Il existe, bien sûr, des centaines d'autres Domaines à Facettes, mais aucun n'existe dans autant de variations que le Monde d’Origine. Les Domaines à Facettes, contrairement aux Domaines Solitaires, ont également tendance à se former ou à se dissoudre, bien qu'à un rythme déséquilibré, de sorte que leur nombre augmente constamment. La cause de ce phénomène m'est inconnue, mais au travers de mes pérégrinations et de mes calculs, j'ai remarqué une tendance curieuse : le taux de croissance entre le nombre de Domaines à Facettes et la taille de la Bibliothèque est exactement proportionnel. Même pour moi, les ramifications et les significations possibles de cette relation sont obscures.6

Le lien entre les Domaines à Facettes et les Domaines Solitaires est particulièrement important. Alors que les Domaines Solitaires n'ont accès qu'à quelques autres lieux, chaque Domaine à Facettes contient au moins un accès à chaque Domaine Solitaire, et des dizaines, voire des centaines, d'autres Domaines à Facettes. La cause de ce phénomène est encore sujette à débat, mais j'espère que mes recherches actuelles pourront nous éclairer un peu sur la situation. Il faut également noter les "Domaines Annexes", comme j'aime les appeler (bien qu'un consensus sur le nom approprié et même sur leur nature exacte n'ait pas encore été atteint), des mondes connectés à un seul Domaine à Facettes et accessibles à partir de celui-ci. En général, ils sont extrêmement petits, parfois pas plus grands qu'une planète, bien qu'ils puissent varier en taille de manière drastique, certains étant presque aussi grands que le Domaine auquel ils sont connectés.7


Ainsi, en poursuivant notre métaphore, nous avons maintenant notre capitale, la Bibliothèque, et nos autres grandes villes, les Domaines Solitaires. Nous avons des villages sous la forme de Domaines à Facettes, ainsi que de petites fermes et des moulins rattachés à ces villages dans les Domaines Annexes. Des routes (les Voies) les relient, formant, en somme, un royaume plutôt puissant.

Mais quel royaume pourrait exister en autarcie ? Il y a toujours des pays voisins, des empires en guerre. Sur un seul continent, deux douzaines de fiefs différents peuvent régner. Et ces continents se rassemblent pour former des mondes, ces mondes des systèmes planétaires, et des galaxies, des superamas, et finalement, un univers. De manière similaire, le "Véritable Univers" n'est qu'un morceau infiniment petit d’un plus grand multivers, une fractale à l'intérieur d'une fractale, un motif imitant un tout si massif qu'il est presque impossible de l'imaginer dans son intégralité.8

L’auteur de ces lignes ignore comment une telle structure de mondes en est venue à exister, que ce soit naturellement ou par le caprice d'une Divinité supérieure, et cette question demeurera sans doute à jamais une énigme. Peut-être est-ce l'une de ces pierres de la connaissance qu'il vaut mieux ne pas retourner, bien que je sois certain que cela ne sera jamais le cas. En effet, s'il y a bien une chose que j'ai apprise au cours de mes voyages, c'est que les gens, quelle que soit leur espèce, ont soif de connaissance par-dessus tout, et ce peu importe les conséquences qui en découlent. C'est probablement leur meilleur défaut, car sans lui, où irions-nous ?

Quoi qu'il en soit, j'espère que mon humble travail pourra être une source d'apprentissage précieuse pour ceux qui le liront, et que vous vous sentirez autant enrichis en le lisant que je l’ai été en l'écrivant.

En vous souhaitant bonne chance dans vos voyages9,

DESEFASILINIX MASUCHEZANININ

Sauf mention contraire, le contenu de cette page est protégé par la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike 3.0 License