IRIS FALL : Zrnyowycz revisité
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Le Centre Trandescantéen de Photographie est fier de présenter l'exposition inaugurale du reportage d'Iris Fall de la guerre de Zrnyowycz. Comportant 66 impressions grand format sur plaque d'orichalque, des croquis et des brouillons manuscrits, l'exposition retrace le parcours du reportage de guerre de la photojournaliste automatique pendant et après la guerre, lorsqu'elle y est retournée à maintes reprises pour aborder son histoire et ses ramifications au travers de sa pratique.

Au cours de ses trente ans de carrière, Fall a produit des portraits incisifs du coût humain et urbain des conflits mutuellement asymétriques, et s'est fait connaître pour son intense dévotion à son art ascétique mais pourtant immersif. Bien qu'elle soit plus connue pour son exposé sur les prisons secrètes parapsychologiques d'Hyderabad, ses derniers travaux de reportage de guerre, et probablement les plus influents, étaient son rapport de photoreportage sur le conflit topologique de Zrnyowycz. Les originaux ont été saisis au cours des procédures de vérité et de réconciliation, mais les quelques fragments qui en ont été illégalement copiés et distribués furent applaudis par ses collègues critiques et classés comme hautes priorités sur les registres gouvernementaux de samizdat. Cela ne fit qu'ajouter à son aura et lui donnèrent un statut de mythe dans les communautés artistiques underground du Kosovo où Fall passa ses dernières années en tant que mentor.

En 2011, le jour du troisième anniversaire de la mort de Fall, la veuve de Fall, Lisha Caoloni, a reçu anonymement une valise contenant plusieurs centaines de négatifs et de comptes-rendus manuscrits originaux récupérés des archives des tribunaux de Zrnyowycz (depuis lors détruites). Grâce à sa donation à la collection de la galerie, les photographies de Zrnyowycz par Fall peuvent être admirées par le public dans leur forme originale pour la première fois depuis leur création.

Susenna L. Rosinblie
Predicatrice en chef, Centre Trandescantéen de Photographie

"On ne parle pas des photographes de guerre comme des autres photographes. Ici, l'important n'est pas tant l'intimité, ni même la composition artistique. Non non, il n'y a pas le temps de s'en occuper ! Les photographes de guerre sont encensés pour être capables d'être là au bon endroit au bon moment. L'accès, la poésie, ça ne vient que plus tard. Il y a un moment. Elle est là. Un autre. Elle est là aussi. Présence, présence, présence. Une conviction à la limite de la folie. Un mouvement qui est provoqué : l'histoire se met en branle devant nous, et le photographe l'accompagne. Ici, elle suit un convoi. Ici, elle suit une foule. Ici, elle suit la grande ligne de mire d'un fusil de sniper, les enfants recroquevillés derrière des barricades."

Lucy Chang-Meijer
Conservatrice d'Iris Fall : Zrnyowycz revisité

"Pour [le critique d'art] Shona Kalnas, le photographe représente nécessairement une rupture de continuité : l'image du passé est figée, séparée du présent par un gouffre. C'est un passé qui ne peut jamais mener au présent. Dans les images de Fall, cette discontinuité est absente. Le passé n'est pas simplement figé de l'autre côté du gouffre. Il s'infiltre plutôt à travers les signaux et les signes, accumule de nouveaux sens, de nouveaux protagonistes, de nouvelles directions, jusqu'à ce qu'il puisse être observé depuis le présent dans une forme bizarre et étrangère. Telle est la nature que la guerre qu'elle décrivait. Telle est la nature de la narration. Ces parallèles — de l'histoire, de la subjectivité, et de l'évènement lui-même — se répètent dans ses travaux en tant que photojournaliste, essayiste, et archiviste, à différentes périodes de sa vie."

Karl Kalnas, MBr., OME.
Directeur, Centre Trandescantéen de Photographie

"Ses photos ne découpent pas l'histoire, elles la rendent secrète. Ce n'est que lorsque l'acte d'agression est isolé de l'instant qu'on peut en percevoir le vrai jour : une politique du corps à travers d'autres moyens. Peut-être qu'une clarification de ces termes est nécessaire. Le photographe sépare l'histoire de la chronologie, qui est la séquence des évènements tels qu'ils se sont déroulés — enfin, s'ils se sont vraiment déroulés. À Zrnyowycz, certains en doutent toujours. Le fait est que ce qui s'est passé dans l'histoire n'est pas toujours ce qui est vu. La tâche de Fall était donc d'être une historienne de l'œil humain."


Lectures additionnelles :
1. Fall, Iris Lang. "La guerre arrive au bourg." dans Sans titres no 7. 2-5. Pristina : Le Wallerien Underground, 1982.
2. Fall, Iris Lang. "Oies grises de minuit." dans La guerre tue (1ère éd.), édité par Jalaus Roth. 126-131. Pristina : Éditions Caoloni & Associés, 1985.
3. Fall, Iris Lang. "Lumière diurne/Lumière nocturne." La revue de presse libre cygnate 9, no 1 (1985) : 322-327.
4. Fall, Iris Lang. "Cieux invisibles." dans La guerre tue (2nde éd.), édité par Jalaus Roth Jr. 28-32. Pristina : Éditions Caoloni & Associés, 1991.
5. Fall, Iris Lang. "Souvenir." dans Sans titres no 10. 15-18. Pristina : Le Wallerien Underground, 1995.

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