On ne parle plus que de ça

Ici, aux Coffres publics des Endurants de la Cité Médiane, nous suivons inlassablement les allées et venues de milliers de voyageurs et ce qu'ils ont tous à dire. Le Dernier Lieu est vaste, et il y a assez de choses à voir et à entendre pour passer cent longues vies à s'y immerger. D'innombrables voyageurs et réfugiés affluent chaque jour. Cela veut dire que même avec la dernière génération de processeurs matière-esprit ultra-rapides, nous sommes débordés. C'est pourquoi nous avons besoin de vous.

Votre travail est simple : restez aux aguets. Si quelque chose d'intéressant vous tape dans l'œil pendant que vous menez à bien vos tâches, pensez à le noter. Si vous trouvez que ça passe bien, collez-y un titre créatif. Puis rapportez-nous vos notes. Même chose pour les notes d'autres personnes que vous trouveriez. Notre rôle est tout autant enrichi par ses collections que par ses actes, donc transcrivez ce que vous trouvez et montrez-le-nous. Tant que vous y êtes, n'ayez pas peur de signaler des attentats à la pudeur à votre agent Endurant local. Et souvenez-vous : ce n'est pas la Fonderie seule qui fait tenir ces Lieux ensemble. C'est notre camaraderie. Ne la sous-estimez pas.

Ce travail n'est qu'une simple étape parmi de nombreux rituels nécessaires. Prouvez votre valeur, prêtez serment à notre ordre loyal, et lorsque l'heure viendra, vous serez peut-être enfin considéré comme étant digne de porter notre armure.

— Endurant Latisson Languevide Inflexible Voiesolaire de l'Abîme Supérieur de Kashaisaland


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Indications aux contributeurs


Titre donné : "Rumination sur un rivage oublié"

Localisation : Marqué en blanc sur un pilier de bois-soleil noir surplombant l'Horizon Impossible sur la côte de l'Ultime Repos de Crag.

Auteur : Opus de la Vallée des Banquises des Tulipes, Étudiant des Endurants


Texte : "Sur les rivages lointains de certaines des îles les plus éloignées, il existe une vague qui ne revient jamais.

Vous pouvez l'apercevoir à l'horizon, mais sans jamais en distinguer plus qu'un chatoiement agréable.

Parfois, vous voyez une ondulation éthérée où vous pourriez trouver des vagues.

Ce sont les motifs de pâturage d'une espèce de cténophores gigantesques et rarement vus, qui ne connaissent que les pas de leur danse.

Projetez votre regard encore plus loin, et vous trouverez le bord du multivers.

Pivotant sur son axe, des grains de lumière et des taches de nébuleuses mourantes s'éteignant en franchissant cet horizon.

Une des étoiles locales — une boule iridescente lancée par un Ancien Tenant, il y a dieu sait combien d'éons — y passe à son tour.

Passant le bout de son nez à travers la couche de brouillard et de nuages.

Vous invitant à entamer votre voyage.

Ou bien à rencontrer sa fin prévue depuis longtemps."


Notes :
Recité au Rassemblement de la Guilde d'hier soir pour que tout le groupe l'entende.


Title donné : "Les Hommes-Cerfs des Rivages d'Août"

Localisation : Au centre d'un nuage-rêve, attaché au sommet d'une fine colonne de pierre de 60 poissons-croissants1 de haut, à l'intersection des Quatre Îles des Fjords Fauréens Frontaux. Se concentrer sur le nuage-rêve transmet une idéoforme continue dans votre esprit. À l'oreille, elle sonne comme un murmure, et donne une sensation de ballottement. Seules de brefs passages ont pu être transcrits avant qu'ils ne soient oubliés.

Auteur : Barnaby Noirestaches


Texte : "— Et vu que vous êtes là, je voulais vous en dire plus sur mon peuple, les Hommes-Cerfs des Rivages d'Août (Alias les Aoûtrivages) (Mais on les appelle pas souvent comme ça, parce que ça ressemble trop à "Autres rivages") (Et c'est un peu moche) — vous savez, ceux-là (Et sinon, je pourrais vous les indiquer) (Difficile de passer à côté de l'eau qui se teinte de doré le jour et de pourpre la nuit). Parce que je sens que vous ne l'aviez pas tout à fait compris (Ou peut-être que vous rêvassiez). Et c'est normal (Parce que nous ne sommes pas si intéressants que ça) !

Quoi qu'il en soit, chacun de nous naît avec quelque chose qu'on appelle des "chaussures de lune" (Enfin j'imagine qu'on devrait techniquement les appeler des sabots de lune ?) (Mais nous, on préfère les appeler chaussures de lune) (Personne n'a vraiment réussi à trouver un autre nom qui soit resté), qui nous permet de nous propulser à des hauteurs extraordinaires d'un seul bond (Même si vous pourriez dire que c'est plutôt du caracolage ?). Plus haut, toujours plus haut dans les nuages (Ah, j'adorerais vous montrer à quel point mon ami Russet peut bondir haut !) (Peut-être que je lui dirai de passer la prochaine fois que vous êtes dans le coin) (C'est un cheval très occupé, vous savez) (Enfin, non, vous ne savez pas).

Et au cas où vous auriez oublié à quoi nous ressemblons (Et qui pourrais vous en vouloir !) (Je sais que vous êtes étourdis) (Je sais que parfois, vous oubliez de manger le midi alors que l'heure du déjeuner est déjà à moitié passée !) (Et vous savez quoi ? Vous en faites pas) (Ça arrive même aux meilleurs) : notre fourrure est verte (toutes les nuances de vert) (Y compris celles qui sont tangentes au spectre visible) (Les verts s'assombrissent quand nous vieillissons) avec des points blancs (Qui (Selon comment nous nous sentons) changent de forme, d'intensité et de taille).

Nous récitons également des poèmes (Au coucher du soleil) (Et à l'aube aussi — si vous étiez curieux) (J'aime bien faire mes propres kyrielles) (C'est le type de poème que je préfère) (Même si je ne suis pas trop sûr d'où il provient) (J'les récite en l'honneur d'Impéria des Anneaux Noctilumineux) (Ma déesse éternelle, et ma déité sauveuse préférée) (Oh là là, Elle est juste vraiment trop forte).

… Est-ce que j'ai encore perdu le fil ? (J'espère pas) (Ce serait embarrassant, non ?). Bref, où en étions-nous ? Ah ! Oui —


Notes:
1 : poissons-croissants : Une unité de distance adoptée par les Hommes-Cerfs des Rivages d'Août. Dérivée de la longueur d'arc d'un poisson-croissant volant adulte — leur proie la plus fréquente — qui a la forme d'un croissant de lune décroissante. Sa longueur correspond à 3 350 centimètres, 1 086 attoparsecs, 110 pieds, 74 cubits, 14 longueurs de cheval, 4,4 longueurs de cheval pygmée à tentacules, un demi-bond de Snubb entraîné, … [Voir dans 41 autres unités].


Titre donné : Aucun

Localisation: Écrit avec une belle encre sur l'intérieur de la jaquette d'un livre relié sans titre, découvert sur une étagère dans une résidence délabrée à la frontière entre la Cité Médiane et les Terres sauvages d'Orr.

Auteur : Miriam ad Ovitox


Texte : "Ma tendre Soka,

J'écris ces lignes non pas le cœur lourd, mais avec les yeux remplis de rêves de quelque chose de plus grand.

Si tu lis ceci, alors nous nous sommes enfin retrouvés, et nous avons réussi notre voyage vers le Dernier Endroit. Notre humble voile solaire est la dernière prévue à partir. Le gouffre qui consume notre lune s'agrandit de jour en jour. Bientôt, il engloutira bien plus que cet astre. Nous coupons dès maintenant la Longue-Vue Spatiale afin qu'aucun curieux ne puisse voir la tragédie qui dévaste notre empire stellaire. La plupart d'entre nous sont déjà partis, bien que le destin que promettent les peuples des mondes-frontières soit incertain. J'espère qu'ils trouveront tous leur chemin.

Je te confie un livre de l'intégralité de notre histoire. Il est vieillot, c'est vrai, mais mes compagnons le trouvent traditionnel. Bien que son épaisseur puisse te sembler bien faible, les pages continuent bien au-delà du numéro 258 — je suppose que tu seras bien trop curieuse d'aller directement à la fin pour voir ce qui est arrivé au reste de notre civilisation. Par pitié, ne laisse pas les dernières pages semer le doute dans tes aspirations.

Je t'aime.
—Miriam ad Ovitox”


Notes :
À sa découverte, le dos du livre était recouvert d'une épaisse couche de tumeur de Nihl. Les pages 36 et suivantes s'étaient déjà détériorées et étaient tombées, empêchant le contenu des pages 258 et suivantes de se manifester. Les 35 premières pages relatent les plus anciennes parties de l'histoire d'un groupe appelé Laitei, ce qui signifie "Le Peuple d'Ici".


Titre donné : Aucun

Localisation : Retrouvé chiffonnée dans la poche gauche d'une veste à quatre bras abandonnée sous le Pont, Bar et Beffroi de Neate avec quelques autres vêtements. Les deux pages semblent avoir fait partie d'un journal d'après leurs bords déchirés.

Auteur : Eliot (aucun nom de famille mentionné)


Texte :
"Jour 63 :

Monsieur Sérénité nous a demandé dit de faire quelque chose. Il a dit que c'était pour achever le Détachement. Nous avions compris que cette dernière épreuve serait difficile, mais c'est d'un tout autre niveau que ce que nous avons dû faire auparavant. Maintenant que je suis si près du but, je ne peux pas m'empêcher de penser au début ; on dirait que cela fait si longtemps que j'ai intégré cette famille. J'ai un peu honte de dire que je l'ai initialement rejointe pour une blague, un défi de Yinin, mais il s'est avéré que ces gens étaient sérieux et qu'ils ne jouaient pas la comédie ou quoi que ce soit que nous pouvions penser au début. J'ai failli immédiatement laisser tomber, mais Yinin m'a encouragé à continuer (et m'a également rappelé que je lui devrais 20 crédits corporels si j'arrêtais).

Je crois que j'attendrai demain pour le faire, pas besoin de gâcher une bonne nuit de sommeil pour tous ceux qui sont aux alentours.


Jour 64 :

J'écris ceci aussi vite que possible pour que je puisse me souvenir de tout. J'ai fait un rêve (une vision ?) cette nuit. Tout ce qui m'entourait était les étoiles et les brumes. Le silence était intense, mais mes oreilles semblaient être en feu, comme s'il y avait un bruit que je ne pouvais entendre qu'à moitié. J'ai essayé de bouger, de regarder en haut, en bas, mais mes mouvements étaient extrêmement lents, comme si les brumes me ramenaient exactement dans ma position précédente. C'est alors que j'ai senti mes muscles se tendre et que je me suis souvenu de la charge qui est mienne. Personne ne voudrait, ni même ne pouvait assurer cette responsabilité. J'étais responsable de tous ces gens. L'heure était venue et j'étais enfin ici pour les soutenir, pour soutenir leurs peurs, leurs peines, leurs joies et leurs gênes. Je les porterais, eux et tout ce qui s'appuierait dessus, jusqu'à la fin des temps.

Et je mourais. Quelque chose, une chose, écrasait ma poitrine, piquant et mordant et déchirant ma chair. Mes poumons, si j'en avais, brûlaient d'une peste. Elle volait jusqu'à mes yeux, piquante et aveuglante, tandis que des larmes plus grandes qu'une maison coulaient lentement sur mon visage. Le Futur m'échappait, tandis que les roches dentelées tailladaient mon dos, et je n'avais aucune idée de si cela me faisait saigner, car la tumeur se précipitait vers la blessure. J'ai hurlé, pour les vivants et ceux qui allaient mourir, mais j'étais allongé dans un lit. J'étais Eliot.

Quand je le relis maintenant, c'est encore plus perturbant à l'écrit. Malgré l'intensité de ce rêve, j'ai réussi à faire ce que j'avais à faire aujourd'hui. Je suis allé chercher de la nourriture pour les enfants, mais en m'asseyant dans le train, quelque chose que j'ai aperçu par la fenêtre a retenu mon attention. Un des titans qui soutiennent les îles, leur nom m'échappe, grouillait de gens, des Endurants, et même un vaisseau spatial en état de marche. Lorsque le train l'a contourné, je l'ai vu. Le champignon. Un champignon très familier. Sérénité m'avait dit que la croissance ne causait aucune douleur. Il disait à tout le monde que c'était indolore.
Pourtant, ce que j'ai ressenti était totalement à l'opposé, une douleur qui transcendait l'esprit. Sérénité ne mentirait pas, quand même ?

Je ne crois pas que je puisse la supporter, cette épreuve. En tous cas, pas maintenant. Je dirai à Sérénité qu'il faut que je me repose un peu. Il peut être intense, mais je suis sûr qu'il comprendra. Du moins, je l'espère."


Notes :
De nombreux individus près du Tenant affecté par la tumeur de Nihl jusqu'alors inaperçue ont rapporté avoir fait un rêve similaire à celui décrit dans ces pages. Cela a permis de lancer une réponse rapide, et la tumeur a été retirée du torse et des blessures du Tenant sans lui causer de dégâts majeurs. Quant aux papiers, le journal complet n'a jamais été récupéré et est supposé être en la possession de "Monsieur Sérénité". Cet individu doit être appréhendé et interrogé dès que possible.


Titre donné : "Message de la Légion des Nouveaux Pionniers"

Localisation : Fontaine à souhaits de Joe l'Économe sur l'île la plus au sud, cachée par une barrière magique.

Auteur : "Snip", sans doute un organisateur de la LNP


Texte : "L'Iowa se trouve quatre cents longueurs en-dessous de l'île de Queth, encastré dans la pierre près de la main gauche du Tenant. Contactez Winter. Elle vous aidera à rassembler un équipage pour gréer le navire. Le plan est d'équiper le navire des turbopropulseurs ryliens que Winter devrait pouvoir fournir personnellement. Il vaudrait mieux toper Rigby et Giles maintenant et les amener à l'atelier que Winter est en train d'installer. Ridby sera peut-être même capable d'aider à installer les sceaux et les charmes pour tous vous protéger du vide intersidéral. Une fois qu'un endroit sûr aura été mis en place, en espérant qu'il soit assez loin des cultistes Nihl, cette fois, j'amènerai le kraken. Si tout va bien, nous n'aurons pas de problèmes à le transporter. Restez secrets, restez silencieux, restez en sécurité. Nous ne pouvons pas nous permettre de foirer celui-là comme la dernière fois.

-Snip

P.S. N'oubliez pas de récupérer quelques bouteilles de Sriracha en rab pour Rigby. Vous voudriez pas que ses charmes vous explosent à la figure."


Notes:
La note a été obtenue en jetant une pièce galérienne d'un dix-neuvième de pence dans la fontaine, ce qui a fait se matérialiser la note pliée dans la poche du jeteur de la pièce.


Titre donné : "Extrait du journal de "H. J. Edwinson""

Localisation : À l'intérieur d'une mallette métallique verrouillée enterrée près du bidonville de New Nynehead.

Auteur : H. J. Edwinson (supposé être un pseudonyme)


Texte :
"Mes anciennes craintes au sujet des dynamiques conceptuelles de ces soi-disant "Dernières Îles" semblent avoir été infondées. En effet, de nouvelles applications de l'Appareil Wallace-Jacobs s'avèrent être apparues depuis que j'ai commencé mes recherches. L'AWJ est simplement conçu pour extraire un concept d'un autre tout en stabilisant le concept vide résultant : si l'on prenait une balle de tennis, par exemple, et qu'on utilisait l'appareil pour retirer le concept de la coloration jaune de la balle, il resterait une balle d'une couleur indéterminable (en raison de l'absence d'un concept de couleur) et un concept libre de "jaune".

Pourtant mes expériences sur la flore locale se sont avérées donner des résultats tout à fait curieux. Le violet iridescent et singulier des buissons d'hyacinthes devant ma maison a toujours attiré mon regard, et je commençais à m'attendre à ce que la couleur des fleurs puisse avoir une sorte d'effet paranormal sur l'esprit. Extraire la couleur a montré que cette théorie était vraie, mais pas de la façon à laquelle je m'attendais : la couleur elle-même n'était pas surnaturelle, mais mon idée comme quoi elle aurait pu l'âtre semblait affecter le concept. Ce que je veux dire, c'est que si je concentre ma représentation mentale sur l'idée que cette couleur est singulièrement attirante, le concept de ladite couleur deviendra singulièrement attirant. Je pensais au départ que cela pouvait être une sorte d'effet psionique, mais les expériences ultérieures semblent indiquer que les "Dernières Îles" ont un effet fascinant sur l'esprit humain, lui donnant la capacité de changer des concepts d'une simple pensée.

Cela signifie que dans cette étrange mer de nuages, notre perception guide la réalité objective, et non pas l'inverse. Je crois qu'il est nécessaire de poursuivre les recherches."


Notes : H. J. Edwinson est le pseudonyme de John Harolds, un scientifique et physicien de fiction de la sérialisation "Contes de mondes encore plus étranges !" de la Cité Médiane. La pertinence de l'utilisation de ce nom par l'auteur est inconnue. Un "Appareil Wallace-Jacobs" est un outil utilisé dans la série pour "extraire" un concept d'un objet, par exemple retirer l'idée de la couleur d'un objet de l'objet lui-même.

Des archives d'autres extraits peuvent être trouvés dans les sections 5, 49, et 823 485 du Coffre public des Endurants de la Cité Médiane.


Title donné : "L'Autel tacheté"

Localisation : Retrouvé à l'intérieur du bureau fermé à clé du précédent Inspecteur des Denrées Comestibles pendant des travaux de rénovation ; joint dans une enveloppe fermée d'un sceau de cire inconnu.

Auteur : signé par Grenel Wlliard, IDC.


Texte : "Près du Marché du Cul-de-sac se trouve un immeuble croulant fait de cabanes de bois brisé, construit suffisamment près du bord de l'île pour que certaines planches pliées pendent au-dessus du vide. Un panneau à moitié effacé encastré dans un mur de pierre surplombant le carrefour des Pirates Extérieurs indique le chemin du "Caniveau". La plupart des résidents de ce village brinquebalant sont des pêcheurs du ciel et passent toute la journée à lancer leurs longues cannes par-dessus bord pour prendre au piège des noyés, ou peut-être un poulpenuage malchanceux. Ils vendent ce qu'ils attrapent au Marché, bien que ce ne soit jamais très rentable. On pourrait trouver des orphelins mangeant mieux que ce que vend le Caniveau.

Du côté nord du Caniveau, sous un quai à moitié effondré se trouve un escalier délabré dont il manque la moitié des marches. En bas de cet escalier tortueux s'ouvre un trou béant dans le flanc de l'île. Du schiste violet foncé forme des plateformes naturelles parmi des stalagmites pointues plus pâles. Des gouttes d'eau sale de la ville du dessus dégoulinent, formant des flaques dans lesquelles rien ne se reflète. D'autres planches de bois moisi sont dispersées autour de l'entrée. Il n'y a aucune lumière près de l'ouverture, mais une lueur vacillante vous invite à vous diriger jusqu'au fond de la grotte.

Plus on s'enfonce dans la grotte, plus l'odeur de décomposition devient forte. Le chemin serpente légèrement et décrit un grand virage pour révéler l'intérieur. Des chandelles sont accrochées aux murs, fondant entre des piliers de roc, et certaines dégoulinent même du toit voûté. La lueur orangée est assez brillante pour illuminer une vaste caverne ornée de tissus de nombreuses couleurs. La plupart des surfaces rocheuses, excepté celles cachées par des flaques sombres, sont recouvertes de tapis aux motifs complexes et de fils tissés. De lourds tonneaux de chêne sont alignés contre les murs, sous des étagères alourdies par des légumes, des plantes grimpantes, des noyés accrochés à des crochets, et des bocaux de poulpes marinés.

L'odeur de la pourriture est partout, et en y regardant de plus près, la nourriture le long des murs de la caverne est depuis longtemps décomposée et accueille des colonies de champignons multicolores. De petites spores flottent, dérivant dans l'air mort parmi des volutes de fumée provenant des copieux bougeoirs. Au centre de ce nuage toxique se trouve une forme bossue recouverte d'autres couches de tissus. Ses membres sont pliés à des angles étranges sous le tissu, donnant l'impression que quelque chose d'énorme est replié en-dessous, blotti en un tas.

En s'approchant, on a la sensation inexplicable de s'agenouiller devant l'immonde créature. Des murmures emplissent l'esprit, tripotant et tirant sur des souvenirs tandis que nos désirs sont mis à nu. Une fois que les voix se retirent, les bougies perdent de leur éclat. Une odeur malveillante, bien pire que celle de la pourriture, emplit la pièce et chasse tous ceux qui seraient encore à l'intérieur.

Ce qui est pris et donné reste incertain, bien que tous ceux qui voulaient parler se sont avérés être injoignables quelques mois après leur visite à ce sanctuaire caché. Le chapitre local des Endurants en a été informé, bien que la juridiction du Marché du Cul-de-sac et des environs reste controversée."


Notes : Déposé aux archives par Monny Allumnoir, Inspecteur en chef des Denrées Comestibles. J'imagine qu'il s'attendait à recevoir une récompense, parce qu'il était de très mauvaise humeur en partant. L'enquête a révélé que l'escalier susmentionné s'était effondré depuis longtemps, rendant la vérification de la grotte trop dangereuse (et chère !) à justifier.


Titre donné : "Au sujet de Kara Ma'hse"

Localisation : Cité de Slepniris, près de la Porte du Ponant, une route de Récupération très populaire. Possiblement une page de journal personnel.

Auteur : Inconnu


Texte : "Kara Ma'hse est une sorcière, ou quelque chose du genre. Pourquoi a-t-elle cette étoile à pointes sur sa tête ? Pourquoi s'enfuit-elle toujours subitement ? Je l'ai vue. Elle l'a fait. Elle a cassé le genou de mon ami. Elle a fait voler des choses. Est-ce vraiment elle ? Est-elle malfaisante ? Bienveillante ? Pourquoi n'avons-nous même pas vu son père ? Pourquoi vit-elle près du Lac de Sylvei ? Est-ce que je deviens fou ? Cette satanée (effacé par une tache)"


Notes : Kara Ma'hse semble être une vraie personne. Elle vit près du Lac de Sylvei, comme déclaré par l'auteur. N'a qu'un seul parent en vie, son père, Magen Ma'hse, qui n'a jamais été vu en-dehors de la maison. Les Soigneurs affirment qu'il souffre de désirite. Kara elle-même reste impossible à interroger.

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