
À toi sur qui mon regard s’est attardé
Je te remets ce modeste billet.
Je te cherchais sans pour autant te connaître
En quête d’une entité qui puisse me rapprocher du divin.
J’ai découvert ta beauté radieuse perdue dans le fond noir de tes yeux d’encre.
Signe de ta grâce lumineuse confiée par un dieu obscur
Qui se révèle à mon regard comme un éclair d’orage,
Ton apparition est la rayure blanche sur l’ardoise sombre de mon âme.
Entends-tu mon coeur et mon corps gronder
À la pensée de te séduire et de te soutirer
La perle silencieuse et blanche dont tu ne te souciais
Qui brille au fond de toi comme Jade Gs au plus profond de l’obscur univers ?
Voyageur immobile dans ce fauteuil de la Bibliothèque,
Je t’invite à parcourir avec moi les méandres du temps.
Prends ma main et découvre ainsi le sens de ta vie
En offrant la tienne à celui qui va te dévoiler
Le dieu qui a semé en ton sein cette larme de beauté que tu incarnes et ignores.
Belle créature, comme toi je voyage, non pas seulement dans l’espace.
Quelques minutes m’ont suffi pour provoquer la suite de notre rencontre.
Je n’ai pas pu m’empêcher d’arrêter un instant le cours du temps afin de t’écrire cette lettre.
Je connais tes centres d’intérêts. Ce ne sont que des stimulations de l’esprit qu’avec un peu de magie dans tes pensées il m’est facile de lire.
Dans la salle de la Bibliothèque destinée aux créatures sécurisées par la Fondation, tu viens de longer le rayon des livres consacrés à celles de la Terre du Milieu.
Tu sembles chercher un ouvrage classé à la lettre G.
Aussi, tu viens de trouver cette missive entre les deux volumes écrits par Gandalf.
Comme pour la lecture d'un livre à la couverture attrayante, et afin de découvrir pleinement la teneur de ma lettre, tu cherches un endroit calme et reculé. Tu aperçois un étrange fauteuil. Tu ne l’as pas fait exprès. Je viens de le créer et de le poser là, à tes côtés. Comme moi, délice de mon cœur, il te tend ses bras. Viens, repose-toi sur moi. Tu n’es plus perdue belle créature, dorénavant rien de ce que tu entreprendras ne sera de ton fait mais le fruit de mon amour.
Tu poses le verre d’encre dans lequel tu as bu. Tes lèvres noires murmurent chaque mot comme si déjà mes mots épousaient les contours de ta bouche. Ta chair si tendre est déjà teintée de la dure couleur de ta destinée.
Mais ne te trompe pas, tu ne perds que ta blanche naïveté car vois-tu, je suis l’éclair qui trace dans le ciel de ta vie le sens de ta belle fatalité.
Maintenant que tu es confortablement assise, je vais te révéler un second secret.
Dans le verre que tu crois rempli d'encre, tu as bu mon sang versé pour toi.
Te voilà maintenant porteuse d’une maladie superbe et généreuse. Une maladie contagieuse qui rend meilleur l'être atteint. Tu es amoureuse de moi.
Tu le sais maintenant, tu peux me rendre meilleur en partageant mon repas.
C’est pourquoi, un tel don mérite un cadre à la hauteur de ta grâce, un lieu superbe et merveilleux. Un autel dédié à ta grâce apparente et à tes dons secrets.
Par ailleurs, afin de mieux te connaître, savoir ce que tu peux m'apporter, tant dans ta chair que dans tes os, découvrir les pouvoirs occultes qu’un dieu t’a innocemment confiés, retrouve-moi dans la salle des archives située au bout de ce même couloir. Tu y trouveras une longue table en marbre noir aux veines dorées couverte d’une nappe blanche.
Ma bienheureuse, ne sois pas surprise que pour ce dîner en tête-à-tête la table ne soit pas dressée d’assiettes en porcelaine et de couverts en vermeil.
Les fines et grandes bougies décorent la grande salle de tentures de lumières douces et chaudes. Leurs éclats dans tes yeux seront éphémères et leurs parfums discrètement libérés abaisseront lentement tes fines paupières.
Tu connais maintenant le sens de ta vie. Soit, in extremis mais il n'est jamais trop tard pour vivre un moment unique même s'il doit être fatal.
Comme un amuse-bouche à ce repas particulier, le doux murmure de tes lèvres noires est une incantation nécessaire et préalable à notre péché de chair.
Ton tendre et commensal Valksaran