ENTRÉE DE JOURNAL DE KATHERINE WOLFF
LE ROI DES CHATS
Malgré son nom, le Roi des Chats n'est en fait pas du tout un roi ? C'est juste un chat plutôt ordinaire, si vous mettez de côté sa capacité à parler en utilisant la télépathie, qui a une histoire très triste impliquant mon patron, monsieur London.
Il était environ cinq heures du matin lorsque monsieur London m'a réveillée. Je ne sais pas comment il avait trouvé mon adresse, mais depuis ce jour, je vérifie toujours que ma porte est bien verrouillée avant d'aller me coucher. Il commença par une question très étrange.
"Mademoiselle Wolff, avez-vous entendu parler du Chat ?" demanda-t-il d'un ton impatient. J'étais toujours en train d'émerger, et il me fallut donc quelques secondes avant que je lui réponde.
"Hein ?" marmonnai-je. Monsieur London allait et venait d'un bout à l'autre de la pièce, faisant les cent pas.
"Allons, mademoiselle Wolff, nous avons une affaire sur le feu," déclara-t-il avant de sortir de la pièce. Ce n'est qu'à ce moment que j'ai réalisé qu'il était dans mon appartement à cette heure matinale et avec des bottes sales, qui plus est !
"Monsieur London, que faites-vous dans mon appartement ?!" criai-je pour qu'il m'entende depuis ma chambre.
"Quand vous avez signé mon contrat, vous avez accepté que je puisse venir vous rendre visite chez vous à n'importe quelle heure de la journée," répondit-il calmement. "Maintenant, mademoiselle Wolff, levez-vous et préparez-vous, nous avons une affaire à résoudre."
Lorsque je me fus enfin habillée, je courus jusqu'à la cuisine et trouvai monsieur London en train de manger fort peu poliment dans ma cuisine.
"Qu'est-ce que vous fabriquez ?" lui demandai-je d'un ton peu amène.
"Je n'ai pas pris de petit-déjeuner," répondit-il sans même me regarder. Je m'approchai de lui et lui pris son assiette. Il eut l'air un peu déçu mais finit par se mettre à parler de l'affaire.
"À quelques rues d'ici, une femme âgée a rapporté que son chat avait commencé à parler. Pour le moment, le DCT est en train d'inspecter la santé mentale de la femme, donc nous avons quelques heures pour interroger le chat nous-mêmes. Même s'il est peu probable que les autorités du DCT essayent de parler à un chat, il y a de bonnes chances qu'ils l'emportent, ou pire, qu'ils le tuent. C'est pourquoi je vous ai réveillée, car notre temps est compté. Le DCT commence à travailler à 6 heures, donc nous devons nous hâter," dit-il. Je hochai la tête. Pendant que je finissais mon petit-déjeuner en vitesse, je devins curieuse quant à comment London avait trouvé mon adresse.
"Comment avez-vous trouvé où j'habitais ?" demandai-je, la bouche pleine de bacon.
"La vie avec un Brownie a ses avantages," me répondit-il sans m'expliquer ce que cela signifiait. Je savais qu'il avait un ami gnome, mais comment pouvait-il trouver mon adresse ? Après avoir rapidement enfilé mes vêtements et brossé mes cheveux, nous partîmes en direction de la maison de Mme Elizabeth. C'était un très petit appartement, vieux mais propre. Monsieur London frappa à la porte et m'adressa un clin d'œil, bien que je n'aie alors pas compris pourquoi il l'avait fait. Nous entendîmes des pas, et quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit pour révéler une femme à l'air âgée. Elle semblait fatiguée et nerveuse. Elle portait des grosses lunettes et ses cheveux étaient gris et en bataille. Elle semblait être une vieille discrète mais avait beaucoup d'énergie pour une femme de son âge.
"Bonjour Mme Elizabeth, je suis du DCT et voici mon assistante," dit J. London, qui lui montra rapidement sa carte. Elle n'eut même pas le temps de la lire avant que London ne continue. "Nous avons entendu que votre chat a commencé à parler, est-ce bien vrai ?"
London n'attendit pas la réponse et passa à côté de Mme Elizabeth, droit vers son salon. Je fis de même, mais cela me semblait quelque peu impoli, et je m'excusai discrètement pour mon patron auprès de la femme.
"Vous êtes du DCT ? Oh mon Dieu," dit-elle ; elle semblait très nerveuse. "Vous allez emmener mon chat, c'est ça ? Comme vous l'avez fait à d'autres ? S'il vous plaît, je vous en supplie, s'il vous plaît," elle pleurait presque, et j'essayai de la calmer.
"Ne vous inquiétez pas Mme Elizabeth, nous n'allons pas vous prendre votre chat, nous voulons juste parler avec vous et lui," dis-je calmement en mettant ma main sur mon épaule. Monsieur London me fit signe, et je m'excusai et me dirigeai vers lui.
"On fait quoi maintenant ?" lui murmurai-je.
"Mademoiselle Wolff," murmura monsieur London si fort que même Mme Elizabeth pouvait l'entendre. "Sur une échelle allant de un à un écureuil fou, où placeriez-vous la dangerosité de cette affaire ?"
Je me sentais un peu décontenancée, mais décidai de jouer le jeu.
"Rhinocéros perturbé, je dirais ?" répondis-je. M. London me regarda d'un air approbateur puis se tourna vers Mme Elizabeth, d'un air sérieux cette fois.
"Excusez-moi Mme Elizabeth, pourrions-nous voir votre chat ?" demanda-t-il à la femme, qui semblait encore plus nerveuse qu'auparavant. Je le dévisageai d'un air furieux, mais il ne sembla pas le remarquer. Mme Elizabeth hocha la tête et nous fit monter au premier, dans son bureau. Sur un bureau de bois se trouvait un vieux chat noir comme la nuit. Ses yeux verts brillaient presque. Je sentis immédiatement que ce chat avait des pouvoirs magiques. Plus je regardais ses yeux, plus je m'y perdais. Le claquement de la porte me ramena à la réalité. Mme Elizabeth sortit de la pièce, sans doute sur ordre de London. Il s'approcha du chat et commença à l'examiner.
"Comment s'appelle-t-il ?" demandai-je, mais London m'ignora. Puis j'entendis une voix. Elle ne venait pas d'un endroit de la maison, elle était dans ma tête, presque comme si le chat lui-même venait de me parler.
"Mon nom est William Tildrum, jeune dame, mais ma mère m'appelle Monsieur Dark," dit une voix grave et apaisante. J'étais incapable de parler. Les yeux du chat étaient plus brillants qu'auparavant. Il me regardait fixement et J. London le remarqua, et répondit à la question qu'il venait d'ignorer.
"Il s'appelle Monsieur Dark," répondit-il avant d'attendre que je continue, mais j'étais toujours sous le choc. "Mademoiselle Wolff ? Tout va bien ?"
"Il parle," marmonnai-je tout bas, mais London m'entendit. Il regarda le chat, puis moi.
"Il vous regarde droit dans les yeux !" Il semblait époustouflé, mais je ne l'entendais pas. Le chat parla à nouveau.
"Je suis désolé, madame, mais les chats sont incapables de parler avec plus d'une personne à la fois. Je vous quitte pour le moment pour expliquer la situation à votre partenaire." Quand William finit de parler, ses yeux reprirent leur couleur normale et je pus bouger et penser normalement à nouveau. Puis il reporta son attention sur mon patron, et je remarquai le changement d'expression de London. Je restai silencieuse quelques secondes puis London se mit à parler.
"Je suis désolé," murmura-t-il tout bas, mais je parvins à l'entendre. Je comprenais pas pourquoi il s'excusait, mais je décidai de voir ce qui allait se passer.
Le chat avait l'air plus agressif qu'auparavant, et je craignais qu'il ne nous attaque. Je décidai de le calmer avant qu'un incident ne se produise. Je m'approchai lentement du chat et essayai de le caresser, mais il feula.
"Monsieur William, nous ne sommes pas du Département de Contrôle de la Thaumaturgie," dis-je, mais London m'arrêta promptement.
"Affaire classée, mademoiselle Wolff. Allons-y," déclara soudainement London. Pendant toute la période où j'avais travaillé avec lui, je n'avais jamais vu London abandonner aussi vite une affaire, tout particulièrement quand elle impliquait des créatures parlantes ! Quelque chose clochait, j'en étais sûre.
"Non !" lui rétorquai-je. Je n'allais pas abandonner si vite. "Nous venons tout juste de commencer et vous dites que cette affaire est classée ?"
"Affaire classée," répondit lentement London, articulant chaque syllabe de la phrase. "Si vous voulez rester ici toute la journée en parlant avec un chat comme une folle, je vous en prie. Je retourne au bureau, mademoiselle Wolff." Il fit volte-face et sortit de la pièce. J'entendis ses pas tandis qu'il descendait les escaliers.
Je me mis en colère. Nous avons à peine commencé cette enquête et London classait déjà l'affaire ? Quelque chose n'allait pas, je le voyais à son expression. Je m'assis face à William. Je devais comprendre pourquoi London était contrarié.
"Que s'est-il passé ?" interrogeai-je le chat. Il me regarda avec un regard peu intéressé puis commença à nettoyer sa patte. Je poursuivis. "Dites-moi ou je vous livrerai au DCT," tentai-je de le menacer, mais cela sonnait mieux dans ma tête.
"J'aimerais vous voir essayer. J'ai vécu toute ma vie dans les rues et un petit humain essaye de me menacer de me livrer à la police ? N'oubliez pas que vous seriez aussi détenue pour avoir interagi avec un être magique," dit William avec un ton irrité. Confuse, je décidai de changer de sujet.
"Pourquoi mon patron s'est-il excusé ? L'a-t-il fait-" commençai-je, mais William me coupa la parole.
"C'était une froide journée de fin d'octobre. Les feuilles tombaient et les esprits de la forêt s'endormaient. J'étais ici, à Londres, un chat gelé et solitaire. Je vivais dans la rue et mangeais ce que je trouvais dans les poubelles." William frissonna en se replongeant dans les souvenirs d'un lointain passé. "Tandis que je prenais mon repas de l'après-midi, je remarquai qu'un jeune garçon s'approchait lentement de moi. Je me tournai vivement vers lui et commençai à feuler. Tous les chats de gouttière savent que les enfants sont les pires créatures qui soient ! Mais ce gamin était inhabituel. Il avait un visage doux et curieux, et ses yeux brillaient d'une lueur amicale. Je décidai que ce n'était pas une menace et cessai de feuler. Le garçon s'approcha lentement de moi. Je voulus m'enfuir, mais une sensation étrange de sécurité m'en empêcha. Je sentis la main chaude et douce de l'enfant sur mon dos, et avant que j'aie pu le réaliser, il me portait ! Le garçon m'a emporté jusqu'à sa maison, qui était un petit appartement très propre, plein à craquer de diverses choses. Des bouteilles remplies de liquides étranges, une montre qui avait quatre aiguilles, il avait toutes sortes de choses magiques. Le garçon m'a nourri, a joué et a même dormi avec moi. Nous sommes devenus inséparables, et c'était un rêve pour moi d'avoir enfin un maître affectueux et aimant. Mais ça n'a pas duré longtemps. Un jour, tout a disparu. Je me suis réveillé dans un carton dans la rue. Glacé et confus, j'ai cherché partout pour trouver mon ami, mais je n'ai pas réussi. Je criais et l'appelais, mais il avait tout bonnement disparu. Les heures sombres de mon passé dans la rue étaient de retour. Depuis ce jour, je me suis juré de retrouver ce garçon et de le faire payer pour ses actions. Et aujourd'hui, je l'ai retrouvé." Dès que William eut fini son histoire, il sauta sur moi et s'enfuit. Je le suivis, mais il avait déjà disparu. J'avais peur : qu'allait-il faire à London ? Je récupérai mes affaires et descendis, percutant Mme Elizabeth.
"Est-ce que tout va bien ?" demanda-t-elle, inquiète. Je lui dis que son chat était tout à fait normal sans aucun pouvoir magique. Elle se sentit soulagée et commença à me remercier, mais je n'avais pas le temps de l'écouter. Je devais avertir London, mais comment pouvais-je espérer aller plus vite qu'un chat ? Je sortis de la maison de Mme Elizabeth en vitesse et commençai à chercher William. Il traversait déjà la route, je devais donc réfléchir rapidement. J'arrêtai une voiture au hasard et dis au conducteur où je devais aller. Il semblait surpris, énervé peut-être, mais je n'en avais cure. Je lui glissai quelques livres et il accepta de me conduire là-bas. En quelques minutes, j'étais au bureau de London. Je ne voyais William nulle part, je devais donc être la première arrivée. Je frappai à la porte du bureau et elle s'ouvrit. Je vis London, qui, à première vue, semblait parfaitement calme.
"Entrez," dit-il avant que j'aie pu lui expliquer quoi que ce soit. Je remarquai qu'il semblait épuisé. Je m'assis face à lui au bureau. Je voulus dire à London qu'il était en grand danger, mais je n'en eus pas le temps.
"Mademoiselle Wolff, je dois vous dire quelque chose," dit London. "Il y a bien longtemps, j'ai rencontré un chat. Un chat que vous avez déjà rencontré et dont vous avez déjà entendu l'histoire. Je ne vais pas mentir, ce que j'ai fait était horrible, mais c'était ma seule option. Je vous en prie, écoutez ma version des faits." Je me penchai légèrement en avant. "C'était un matin froid, ici, à Londres, et je cherchais… quelque chose qui n'a pas d'importance pour cette histoire. Quoi qu'il en soit, j'ai vu un chat noir. Un chat si noir que j'ai immédiatement su qu'il était spécial. À cet âge, je m'intéressais déjà à la magie, malgré les restrictions en place quant à son utilisation. Je savais que je devais emmener ce chat avec moi et je l'ai donc fait. Je l'ai appelé le Roi des Chats d'après un conte populaire éponyme. Roi était un chat très affectueux, et je l'aimais beaucoup. Nous jouions ensemble la plupart du temps, et je dormais même avec lui. Je n'ai jamais connu mes parents, c'était donc agréable d'avoir quelqu'un qui dormait à mes côtés lorsque les nuits étaient froides," soupira London. "Et puis ils sont arrivés. Les agents du DCT. C'était très tôt le matin et Roi n'était pas réveillé. J'avais peur, peur de ce qu'ils allaient lui faire, et je l'ai rapidement mis dans une boîte et déposé dehors par une fenêtre. Je pleurais, mais c'était le seul choix que j'avais. Je devais le faire," conclut-il. Je n'arrivais pas à le croire. Mon patron ne m'avait jamais rien dit sur son passé, ni même qu'il avait eu un chat ! Je crus voir une larme perler au coin de son œil, mais il se détourna vivement de moi et prétendit qu'il lisait quelque chose.
"Est-ce vrai ?" me demanda une voix profonde et suave. Je regardai autour de moi et vis la tête de William dépasser de la fenêtre du bureau. Je me levai et l'ouvris ; malgré ce que William m'avait dit auparavant, je savais qu'il avait probablement changé d'avis après avoir entendu la version de London. L'histoire était ancienne, mais j'espérais qu'ils puissent mettre le passé derrière eux.
London remarqua que j'ouvrais la fenêtre et se retourna.
"William ? Que fais-tu ici ?" demanda-t-il, surpris. Je devinai qu'une conversation privée les attendait et je décidai donc de sortir du bureau. Je refermai doucement la porte et descendis les escaliers pour aller m'asseoir à mon bureau. Je me mis à écrire tout ce qui s'était passé ce jour-là.
Lorsque monsieur London sortit du bureau, il refusa de parler de ce qui s'était passé entre William et lui.
Un jour, je rencontrai William à nouveau pendant que je marchais dans la rue. Je ne le reconnus pas immédiatement, mais j'entendis sa voix dans ma tête.
"Ah, mademoiselle Wolff. Quelle surprise de vous revoir. Je voudrais vous remercier ; sans vous, rien de tout cela ne serait arrivé. Merci," dit-il avant de s'éloigner, mais je voulais tout de même lui poser quelques questions. Je le rattrapai en courant et tentai de l'attraper, mais il se faufila hors de mes mains.
"Seriez-vous folle ? Ne m'attrapez pas avec vos mains sales, je n'arriverai pas à nettoyer mon pelage !" me dit-il en criant presque. "Que me voulez-vous ?" Je ne savais pas comment lui répondre sans éveiller les soupçons des passants et me penchai donc vers lui pour lui murmurer : "Puis-je vous poser quelques questions ?" Il me dévisagea, l'air furieux.
"Mademoiselle Wolff, vous et moi allons nous faire arrêter si vous persistez dans ces inepties. Si vous souhaitez me parler, allons à la maison de ma mère," répondit William avant de repartir et de tourner au croisement. Je le suivis jusqu'à la maison de Mme Elizabeth et en fis le tour pour trouver une petite chatière.
"Pensez-vous vraiment que je vais passer à travers ça ?" lui murmurai-je, mais il passa par la chatière sans rien répondre. Quelques instants plus tard, j'entendis un cliquetis, et une porte cachée s'ouvrit. Elle était faite en brique et presque impossible à remarquer si vous passiez auprès d'elle. J'entrai dans une petite pièce remplie de toutes sortes de boîtes et de cageots. Ils contenaient des pommes, des oranges et d'autres fruits et légumes. William m'attendait, perché sur une des boîtes. Je m'assis face à lui.
"Puis-je donc vous poser quelques questions ?" demandai-je poliment. Le chat acquiesça et je commençai donc l'entretien.
PREMIER ENTRETIEN avec William Tildrum
Moi : Alors, comment avez-vous obtenu votre capacité de télépathie ?
W(illiam) : Depuis que je le sais ! J'ai pu communiquer avec des créatures en esprit et en parole depuis mon enfance. Je crois que ma mère possédait également ce pouvoir, mais elle est morte très jeune.
Moi : Je suis désolée de vous demander cela, mais pourriez-vous m'en dire plus sur vos parents et votre enfance en général ?
W : Oui. Je suis né dans un pays froid. Je ne connais pas son nom, on m'a emmené hors de ce pays quand j'étais petit. Mes parents étaient toujours doux envers moi. Ma mère me racontait souvent des histoires de folklore félin depuis longtemps oubliées. J'entendais toujours ma voix dans ma tête mais je ne la voyais jamais ouvrir sa gueule. Mon père rapportait souvent de délicieux poissons du marché local, bien qu'il ramenait parfois des invités indésirables avec lui, et nous devions leur échapper. Pour la majeure partie, mon enfance était fantastique, jusqu'à ce que ma mère quitte ce monde. Elle était devenue malade, et il faut dire que la vie dans les rues n'est pas sans danger. Elle est morte et mon père a dû s'occuper de moi tout seul. C'était difficile ; pendant les hivers, nous étions souvent affamés, mais mon père me donnait sa part. Une nuit, il a tout simplement disparu. Je ne savais pas s'il était encore en vie, mais j'étais terrifié. "Comment vais-je me débrouiller seul ?" me disais-je à l'époque…
Moi : Je suis désolée d'apprendre cela. Vous avez mentionné le folklore félin, en quoi cela consiste-t-il ?
W : Hé bien, tout comme vous, les chats ont leurs propres histoires. Souvent, ces histoires incluent des humains comme antagonistes, mais certaines de ces histoires deviennent des légendes et des mythes. C'est une longue histoire que je vous raconterai peut-être un jour.
Moi : OK. Pourquoi vouliez-vous vous venger de London ?
W : Hé bien… c'est un peu compliqué. Vous voyez, quand je me suis réveillé ce matin-là, je me suis immédiatement souvenu de mon enfance. Les vieux souvenirs me sont revenus, et pour une raison qui m'est inconnue, j'étais empli d'une rage folle. D'abord, je voulais tuer London, mais je n'arrivais pas à le trouver, jusqu'à il y a quelques jours. Puis vous connaissez la suite.
Moi : Connaissez-vous le conte du Roi des Chats ? London m'a dit qu'il vous avait donné ce nom à cause de cette histoire.
W : Roi des Chats ? Aucun chat ne servira un quiconque roi. Nous sommes des animaux amoureux de liberté, pas des serfs !
Moi : D'accord, comment avez-vous trouvé Mme Elizabeth ?
W : Complètement par accident ! Cette vieille dame m'a nourri pendant plusieurs semaines avant qu'elle ne se décide enfin à me ramener chez elle, et depuis ce jour, je mène une vie très heureuse avec elle.
Moi : Pourriez-vous me dire ce qui s'est passé dans le bureau ? Je suis sortie de la pièce pendant ce temps-là et mon patron refuse d'en parler.
W : Ah, ce brave London. Il a toujours été un garçon timide, d'aussi loin que je me souvienne. Nous avons parlé un peu, et il m'a expliqué que ce qu'il avait fait était nécessaire. Vous voyez, mademoiselle Wolff, lorsque les agents ont frappé à sa porte, il avait dû tout cacher, moi y compris ! À cette époque, le DCT considérait tous les chats noirs comme un mauvais présage. Il m'a mis dans une boîte et s'est enfui. London m'a dit qu'il avait dû vivre dans la rue pendant trois jours parce qu'il avait peur que les agents reviennent. Lorsqu'il est retourné chez lui, toutes ses possessions avaient disparu. Il était dévasté ; il avait travaillé si dur pour récupérer tous ces artéfacts et le DCT les avait juste toutes confisquées. Comme il l'a dit, "Depuis ce jour, je me suis juré de faire tout mon possible pour empêcher le DCT de détruire la magie," et je crois qu'il s'y tient toujours.
Moi : Et ses parents ? London m'a dit qu'il ne les avait jamais connus, est-ce vrai ?
W : Hé bien, London a toujours été très évasif sur son passé. Il ne m'a jamais parlé de sa famille, c'est même une surprise qu'il se soit tant ouvert à vous ce jour-là.
Moi : Merci pour cet entretien.
W : De rien.
Je suis retournée au bureau après avoir parlé avec William. Parfois je le vois gambader dans la rue avec un poisson volé entre ses crocs, ou en train de dormir sur les toits quand il fait beau. Même s'il vit avec Mme Elizabeth depuis assez longtemps désormais, il apprécie toujours autant la vie dans la rue.