81ème tour, septième année, dix-septième cycle, tresdi

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Extrait du Journal d'Aframos Longvoyage, pèlerin

Annoté par Avos Torr, Érudit de la Bibliothèque de Rheve

Tresdi, dix-septième cycle, septième année, 81ème tour

Trente-troisième jour dans les Arbres

Nous avons rencontré une autre personne aujourd'hui. Après deux cycles entiers à écouter Torne bavarder, il était bon d'entendre une autre voix1.

C'était le milieu de l'après-midi, et nous nous étions arrêtés pour manger un morceau. Il pleuvait à l'heure où nous aurions dû prendre notre repas de midi, donc nous avions plutôt faim.

J'avais allumé un petit feu avec lequel faire infuser un peu de thé, et Torne faisait des "sandwichs", qui consistent en de la viande entre des morceaux de pain. Souja regardait vers la route, et elle faisait alors un bruit plutôt insistant.

Torne s'est tourné vers la route et a dit quelque chose dans une autre langue. J'imagine que c'était un juron. Je me suis retourné et ai vu un étranger qui se dirigeait vers nous.

J'ai d'abord cru que c'était un buisson qui s'approchait de nous avant de réaliser que c'était quelqu'un qui en avait pris la couleur.

Elle avait un visage semblable à celui d'un ours, une fois qu'elle s'était approchée assez pour que je la voie, et ses mains se terminaient par de longues griffes. Sa fourrure, comme je l'ai mentionné, était colorée en vert, avec quelques taches de brun et de noir ça et là. Les racines des poils étaient bruns. Elle était de taille intermédiaire entre Torne et moi.

"Mon nom est Turla," a-t-elle dit lorsque nous lui avons posé la question. Nous nous sommes tous deux installés sur les troncs d'arbre que nous utilisions comme bancs. Elle s'est assise à côté de Torne après quelques secondes de réflexion. Ce n'était pas plus mal. Le tronc sur lequel j'étais assis était très épais et j'étais à peine assez grand pour m'asseoir dessus confortablement.

Elle nous a dit que c'était une chasseuse. Un arc était passé à son épaule, et elle avait un sac attaché à sa taille, de la même couleur que sa fourrure. Elle avait un peu de miel, que Torne a étalé sur du pain pour accompagner nos sandwichs et notre thé. Nous lui avons dit qui nous étions, et je lui ai parlé de ma tâche. Elle n'avait pas de conseil à me donner, mais elle trouvait cela intéressant.

Elle avait également une tâche à accomplir. Elle chassait un monstre qui avait tué son mari. C'était un loup, a-t-elle expliqué. Un loup qui parlait, et qui avait tué d'autres de son espèce. Les loups parlants ont un pelage blanc, mais celui de ce loup était devenu noir2. À ce sujet, je lui ai demandé s'il avait teint sa fourrure, tout comme elle avait teint la sienne, mais elle a secoué la tête. Le loup était devenu noir, même ses yeux. Elle ne savait pas pourquoi ni comment. Cela faisait des semaines qu'elle le traquait, dans l'espoir de l'attraper avant sa propre espèce pour qu'elle puisse le tuer.

Ses yeux étaient presque fermés lorsqu'elle a dit cela, et sa voix était tendue. Elle tenait fermement la coupe en métal qu'elle avait prise avec elle.

Torne a alors changé de sujet, lui demandant ce qu'elle pensait du temps, ou des arbres autour de nous, et d'autres choses insignifiantes. Ou peut-être pas tant que ça. Torne écoutait très attentivement ses réponses. Je me demande parfois à quel point Torne joue la comédie. Il peut être assez pragmatique quand il le souhaite. Peut-être que la vraie question est de savoir ce qu'il cache derrière ce masque.

Après que nous avons fini de manger, nous nous sommes dit au revoir, et elle nous a quittés. J'espère qu'elle obtiendra justice pour son mari, et un jour, la paix.

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