Extrait du Journal d'Aframos Longvoyage, pèlerin
Annoté par Avos Torr, Érudit de la Bibliothèque de Rheve
Skaldi, dix-septième cycle, septième année, 81ème tour
Trente-et-unième jour dans les Arbres
Aujourd'hui, il y a à nouveau peu de taillis autour de nous. Cependant, une couche très épaisse de feuilles et d'autres débris recouvre le sol. Je vois de temps à autre des créatures aux nombreuses pattes s'extirper de la couche de feuilles.
Il fait très chaud et l'air est saturé d'humidité. Les sons rassurants des oiseaux et des animaux nous parviennent depuis la canopée, loin au-dessus de nous. Les fleurs sont en pleine éclosion tout autour de nous, et nos nez s'emplissent de leur parfum à chaque inspiration.
Tandis que nous traversions cette "jungle", comme l'appelle Torne, nous avons rencontré ce que je pense être un animal. Comme de nombreuses autres choses dans cette forêt, il est très étrange.
Nous étions en train de marcher sur le chemin quand nous avons entendu quelque chose souffler près du chemin. Au bruit que cela faisait, ce devait être très gros, et nous nous sommes demandés quoi faire.
D'un côté, si c'était une créature dangereuse, ce serait de la folie de s'en approcher de trop près. D'une autre côté, nous devions continuer notre chemin en suivant le sentier. Nous avons pensé sortir du chemin du côté opposé, mais il y avait trop de ronciers de ce côté du chemin, et il aurait été difficile de passer. Nous avons décidé de jeter un coup d'œil prudent à la créature qui respirait si bruyamment.
Elle était grande et rouge. C'était vraiment tout ce qu'on pouvait en dire. Elle était à peine plus grande que moi, mais considérablement plus large, en forme de dôme, mais recouverte d'une fourrure rouge. Nous ne voyions ni yeux, ni oreilles, ni même de bouche. Mais elle bougeait, et devenait légèrement plus grande puis plus petite en respirant1.
Nous l'avons fixé quelques minutes. J'ai voulu le toucher, mais me suis demandé si cela dérangerait la créature, et ce qu'elle pourrait faire si elle était dérangée.
Torne était d'accord. "Un animal, c'est idoine, bien que l'habit ne fasse pas le moine, mais il me questionne, sans vouloir paraître obtus. Clairement, il ne peut se déplacer, que ce soit avec des sabots ou des souliers, mais rien ne l'a dévoré, vois-tu ?"
Nous sommes restés à bonne distance, et j'ai gardé Souja dans mes bras, bien qu'elle semblait plutôt intéressée par la créature. Tout cela était bien trop étrange. Pourquoi aucun prédateur n'avait-il essayé de manger une proie si facile ? Et d'ailleurs, que mangeait-elle ? Où était sa bouche ?
Nous l'avons laissée là, toujours soufflante. Nous ne voulions pas apprendre à nos dépens comment la créature se nourrissait.
Nous avons établi notre campement près d'une grande statue. Elle a le corps d'un gros humain, mais avec trop de bras et la tête d'un rat2. Il était assis sur un bloc sculpté de sorte à ressembler à ce que Torne appelle un éléphant. J'ai entendu parler d'éléphants, mais je n'avais jamais vu à quoi l'un d'eux ressemble. J'imagine qu'ils sont un peu moins rectangulaire que la représentation de la statue. En supposant cela, ce sont des créatures intrigantes, avec un bras là où devrait se trouver leur nez, et de longues dents dépassant de leur mâchoire. Nos cousins, les Desder, les chevauchent parfois pour partir au combat. L'idée de chevaucher une autre créature me semble étrange, mais apparemment, les éléphants sont assez gros.