Extrait du Journal d'Aframos Longvoyage, Pélerin
Annoté par Avos Torr, Érudit de la Bibliothèque de Rheve
Erevdi, dix-neuvième cycle, septième année, 81ème tour
Quarante-huitième jour dans les Arbres
Il manque des endroits. Nous n'en étions pas sûrs la nuit dernière, pendant que nous marchions dans l'obscurité, mais aujourd'hui, nous avons découvert que des pans entiers des bois ont tout simplement… disparu. Pas simplement rasés, disparus. Il n'y a rien à ces endroits. Pas d'arbres, pas d'herbe, même pas de sol. Il n'y a même pas d'espace vide. J'en ai mal aux yeux à les regarder.
Torne s'est approché d'un de ces endroits et a tenté de placer un bâton dans ce vide. Lorsqu'il l'en a ressorti, l'écorce avait disparu et le bois semblait avoir été rongé. Depuis, nous avons évité ces endroits.
Nous sommes presque, je le crois, de retour au Moteur. Torne reconnaît certains repères, et nous devrions pouvoir avertir les moines de cette étrangeté. J'espère qu'ils nous laisserons nous reposer là et que nous pourrons reprendre notre route. Nous allons probablement finir par retourner jusqu'au marais, et je serai bien content de le retrouver. Tout sera mieux que ce que nous traversons. Souja ne se plaint pas. Elle s'est très bien comportée dans tout cela. Elle a dit ce matin qu'elle était inquiète pour les pauvres moines, qui vivent si près de tout cela. Comme elle est gentille de penser à eux dans ces conditions.
Je suis fatigué, mais nous n'osons pas nous arrêter. L'étrangeté est toujours partout autour de nous, et nous craignons que ces endroits vides ne croissent.