Extrait du Journal d'Aframos Longvoyage, pèlerin
Annoté par Avos Torr, Érudit de la Bibliothèque de Rheve
Tresdi, quatorzième cycle, septième année, 81ème tour
Neuvième jour dans les Arbres
Aujourd'hui, j'ai trouvé une structure. J'hésite à la qualifier de bâtiment. Bien qu'elle ait autrefois eu un toit, elle ne ressemble à aucun autre bâtiment que j'aie pu voir. Plutôt que de ressembler à une boîte ou d'être rond, c'était une masse informe recouverte de terre1. Si ses bûches pourries n'avaient pas été visibles, j'aurais cru que c'était une butte. La première chose qui m'a mis la puce à l'oreille était que ce qui semblait au départ être des buissons avait des feuilles semblables à celles de l'un des arbres proches de là. J'ai rapidement réalisé que c'était un arbre dont les feuilles poussaient bien plus près du sol.
Après avoir fait plusieurs tours autour de la maison, j'étais certain d'avoir localisé une porte. Elle était à moitié enterrée et envahie de buissons, mais je suis parvenu à la dégager. Je me suis faufilé par la petite ouverture et j'ai inspecté l'intérieur. La lumière du soleil qui perçait à travers un arbre poussant dans la structure montrait que l'endroit était depuis longtemps abandonné. J'ai vu des pièces d'arbre sculpté, mais elles étaient si abîmées et cassées que je n'arrivais pas à dire s'il s'agissait d'une table, d'une chaise ou d'un autre meuble reconnaissable. L'objet le plus intact que j'aie trouvé était un bureau métallique. Il était à peine rouillé, et un des pieds avait été arraché et jeté par terre. Le métal nu au point de déchirure luisait vivement, pratiquement dépourvu de toute trace de rouille. J'ai fait l'expérience d'essayer de tirer sur un des autres pieds, mais le métal s'est avéré être trop résistant, tout rouillé qu'il était. Clairement, ce qui avait arraché le pied était plus fort que je ne l'étais.
Pensant pouvoir passer la nuit là, je me suis aventuré plus profondément et ai rapidement pu dégager plusieurs pièces plus petites. L'une d'elles contenait ce qui avait peut-être jadis été une statue de pierre noire. Elle était brisée en de nombreux morceaux. La seule partie identifiable était un bras, assez petit et avec une main étrangement lisse, sans écailles ni fourrure, tendue comme si elle allait me toucher. Je ne peux pas dire pourquoi, mais je me suis aperçu que j'avais peur de cette chose, et j'étais incapable de la toucher. Souja ne voulait même pas entrer dans la pièce.
Une autre pièce contenait une ruche d'abeilles, qui bourdonnaient en guise d'avertissement jusqu'à ce que je recule. Je ne souhaitais nullement que leur essaim me tombe dessus et puisse piquer mes yeux ou mes narines.
La dernière pièce que j'ai trouvé était à moitié cachée derrière le tronc de l'arbre. Il y avait autrefois eu une porte, je crois, mais elle avait été arrachée des murs. Des marques de griffures lacéraient le sol, et des os d'animaux jonchaient le sol. De façon inquiétante, certains d'eux semblaient récents, et il restait des bouts de viande collés dessus. Les marques de dents sur les os semblaient très profondes2.
Je suis désormais dans un camp à plusieurs kilomètres de là, dans une grotte qui me protège moi et Souja sur trois côtés. J'ai empilé des plantes épineuses à l'entrée de la grotte, et je garde le feu bien approvisionné. Je me souviens de ce que le grand chasseur Telenar Traquesable m'avait dit. Pas besoin d'être impossible à attraper par les prédateurs, juste plus difficile que ce dont ils ont l'habitude. J'espère que cela découragera la chose qui pouvait se trouver dans cette pièce.