81ème tour, septième année, quatorzième cycle, cieldi

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Extrait du Journal d'Aframos Longvoyage, pèlerin

Annoté par Avos Torr, Érudit de la Bibliothèque de Rheve

Cieldi, quatorzième cycle, septième année, 81ème tour

Quatrième jour dans les Arbres

Ça ne fait que quelques jours que j'ai trouvé l'étrange affleurement rocheux dans les Hauts lointains. Pourtant, j'ai déjà vu tant de merveilles étranges que je n'aurais jamais cru possibles. Je n'ai jamais vu tant de verdure de ma vie. Même près de la rivière Croissante de la Trescu, il n'y avait pas autant de plantes. Et quelles plantes ! Des arbres si hauts que je n'arrive pas à voir leurs cimes. Des fleurs écloses de toutes les couleurs imaginables. J'ai même vu de mes yeux vu une plante qui bougeait d'elle-même et attrapait des mouches1. Quel endroit merveilleux, vraiment.

Mais ce lieu n'est pas sans danger, comme je l'ai découvert ce matin. Je marchais sur le sentier (et qui crée ces chemins, je me le demande ? Ce sera quelque chose à découvrir plus tard2) lorsque j'aperçus une étrange bête qui me regardait à travers les fourrés. En apparence, elle était similaire aux grands félins qui errent dans les landes, bien que celle-ci avait un pelage tacheté d'orange et de noir plutôt que marron et bigarré. Cependant, elle était plus petite, et je fis l'erreur de supposer qu'elle était donc moins dangereuse. Je décidai de m'en approcher, pensant que si je pouvais la dompter, je pourrais m'en faire un compagnon de voyage. À peine avais-je tendu la main vers elle qu'elle se jeta sur moi, manquant de me renverser de peu tandis qu'elle m'éraflait de ses griffes terribles. Elles déchirèrent les robes épaisses que je portais comme si elles n'étaient que de la soie diaphane. Ce n'est que par ma bonne étoile et mon cuir épais que de terribles dégâts me furent épargnés. Il se trouve que j'ai tout de même de nombreuses éraflures et coupures profondes que je dois soigner avant qu'elles n'empirent. J'ai fini par réussir à attraper le félin par son cou et le tuer3.

Après qu'il était mort, j'ai entendu un doux gémissement. J'ai écarté les buissons près de là où le félin s'était dissimulé, et ai découvert la raison de sa férocité. C'était une mère, car j'ai trouvé là deux chatons, de son espèce, à l'évidence. Sur le coup, je me suis senti honteux, car qui pourrait en vouloir à une mère pour avoir protégé ses petits ? Si je l'avais laissée tranquille, nous serions tous les deux en vie, et ces chatons auraient encore leur mère. Désormais, j'avais un problème à régler.

Qu'allait-il arriver à ces deux petites créatures ? Si je les laissais, elles mourraient certainement de faim, ou seraient dévorées par un autre prédateur. Mais savais-je m'occuper de ces créatures ? Enfin, ce qui est fait est fait. Je savais qu'il n'y aurait qu'une seule décision avec laquelle je pourrais vivre. Je les pris tous les deux et les plaçai à l'intérieur de mon havresac, et les emportai avec moi. Lorsque je suis assis près du feu, ils me regardent avec des yeux brillants. Ils ne comprennent pas ce qui s'est passé, pas plus qu'ils ne connaissent mes intentions envers eux. Mais ils n'essayent pas de s'enfuir lorsque je les touche, et ils ne me mordent ou me griffent pas lorsque je les prends dans mes bras. J'ai appelé l'un d'eux Souja4 et l'autre Martap5. Ils auront besoin des deux pour survivre. J'espère avoir fait ce qu'il fallait.

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