81ème tour, septième année, quinzième cycle, skaldi

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Extrait du Journal d'Aframos Longvoyage, pèlerin

Annoté par Avos Torr, Érudit de la Bibliothèque de Rheve

Skaldi, quinzième cycle, septième année, 81ème tour

Quinzième jour dans les Arbres

Je me suis perdu, je ne sais comment. Le chemin devait bifurquer quelque part et j'ai pris le mauvais sentier. J'ai fait demi-tour, mais je ne reconnais pas cet endroit. Je suis toujours parmi les arbres aux aiguilles vertes, mais ceux-ci sont gigantesques, plus grands que tous ceux que j'ai pu voir jusqu'à présent. Leur écorce est d'un brun rougeâtre et contraste avec le gris des autres arbres à aiguilles que j'ai vus1. Leur épaisseur fait au moins trois fois ma taille. Ils poussent loin les uns des autres, comme si ces géants ne voulaient pas se serrer les uns contre les autres. Quelques arbres poussent entre eux, mais ils sont rares. Le sous-bois est obscurci, les énormes branches au-dessus de nous bloquent la lumière. J'ai vu des branches brisées par le vent qui auraient pu réduire n'importe qui en bouillie.

Avec les branches si loin au-dessus de ma tête et les grands espaces entre les arbres, j'ai l'impression d'être un insecte rampant dans la maison d'un géant. Il y a moins d'oiseaux ici, et souvent le silence règne, comme si la forêt était en train de prier. Seule Souja brise le silence en criaillant pour qu'on la nourrisse.

Je devrais faire demi-tour pour ne pas m'égarer, mais j'ai peur de me perdre encore plus. Je vais poursuivre ma route pour le moment. Après tout, je ne peux pas rentrer chez moi avant d'avoir achevé ma quête. Une fois que je serai parvenu à trouver ce que je cherche, je me soucierai de retrouver mon chemin. Pour le moment, j'irai là où la route m'emmène.

J'ai trouvé quelque chose d'intéressant près du sentier. Il y avait une zone dégagée où peu d'arbres avaient poussé. Il y avait des pierres empilées formant un mur autour de la clairière, et au centre, un four. Les pierres étaient vieilles et usées, et les briques du four s'effritaient. Le four était entouré de buissons, comme une sorte de statue très étrange dans un jardin.

Je réalisai rapidement que je contemplais une ruine, encore plus ancienne que celle que j'avais vue auparavant. Autrefois se dressait là une maison, qui s'était depuis lors totalement effondrée. Le mur et le four étaient tout ce qui avait réussi à résister au temps et aux éléments. Tout le reste avait pourri ou s'était dispersé aux quatre vents. Un jour, le mur disparaîtrait à son tour, et le four avec lui. Déjà, des trous se formaient dans le mur, là où des branches tombées ou d'autres coups du sort l'avaient brisé.

Trouverai-je un jour quelqu'un à qui parler dans ces bois ? Peut-être étaient-ils tous partis, ou bien avaient-ils succombé à la maladie.

Non, cela est ridicule. Même en ignorant l'étrange créature que j'ai rencontrée, quelqu'un doit entretenir ce chemin, ainsi que le pont que j'ai franchi. Et puis il y avait également l'intrus. Ce n'était pas un animal qui nous avait laissé ces étranges "cadeaux". Je n'ai tout simplement pas encore rencontré qui que ce soit qui souhaitait parler. Avec le temps, je trouverai les habitants de ces bois, et je leur parlerai.

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