81ème tour, septième année, dix-huitième cycle, skaldi

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Extrait du Journal d'Aframos Longvoyage, pèlerin

Annoté par Avos Torr, Érudit de la Bibliothèque de Rheve

Skaldi, dix-huitième cycle, septième année, 81ème tour

Trente-neuvième jour dans les Arbres

Cela fait quatre jours que nous voyageons dans ce marais. C'est le premier jour où nous trouvons un endroit assez sec pour que j'ose ouvrir le journal pour écrire.

Jamais je n'avais vu tant d'eau ! Il n'y a que très peu de sol émergé, seulement de petites îles. Ces îles sont devenues de plus en plus rares au fur et à mesure que nous avançons.

Nous marchons désormais sur un chemin en bois, puisque la terre a été avalée par toute cette eau. Au début, il n'y avait qu'un pont ça et là, là où l'eau s'accumulait par endroits. Puis il y a eu de plus en plus d'eau, et les ponts se sont faits plus nombreux. Puis le chemin est devenu une série de ponts ponctuée par quelques petits bouts de terre dépassant de l'eau. Désormais, le chemin est suspendu aux arbres, puisqu'il n'y a plus assez de terre pour le soutenir.

Les arbres sont aussi grands que bien d'autres que j'ai vu, exceptés les géants rouges. Pas en hauteur, car ils ne s'élèvent pas si haut que ça au-dessus de nous, mais en largeur. Certains poussent directement dans l'eau, comme des roseaux géants, tandis que d'autres flottent sur des radeaux faits de leurs racines et d'autres débris. L'eau est profonde. Je ne sais pas à quel point, puisqu'elle est boueuse, mais j'ai vu de grands animaux se mouvoir en-dessous de nous, visibles comme des ombres sous l'eau.

Il y a des insectes partout, allant des petits moucherons à peine visibles aux libellules aussi grandes que mon avant-bras. Souja leur saute parfois dessus lorsqu'elles passent près de nous. À une occasion, elle m'a fait peur en manquant de peu de tomber du chemin. J'ai accouru pour la sauver, mais elle a retrouvé son équilibre.

Même l'eau est étrange, car elle devient alternativement plus et moins profonde au fil des heures1. Deux fois par jour, sa profondeur change. Elle n'atteint jamais le chemin, mais parfois, elle est assez proche pour que je puisse l'atteindre avec ma queue. À d'autres moments, je devrais me suspendre par les pieds au bord du chemin pour atteindre l'eau sous nous. Cela me perturbe beaucoup. Torne pense que c'est normal, mais, que se passera-t-il si elle ne s'arrête pas de monter un beau matin ? Et si elle continue à monter jusqu'à nous recouvrir ?

Et si l'une de ces ombres venait à son tour ?

Je n'avais jamais pensé que l'eau puisse être si effrayante.

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