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12 novembre 1985
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Elle se réveilla. Cela la surprit.
Elle remarqua plusieurs choses au cours des premiers instants de conscience, chacune plus alarmant que la précédente.
La première, elle était dans une prison quelconque. Elle avait passé suffisamment de temps dans les rues pour apprendre les tenants et aboutissants du système judiciaire, ou ce qui passait pour tel, et reconnut instantanément l'agencement d'une salle d'interrogatoire. Une unique porte dans le coin, sans poignée du côté intérieur ? Check. Panneau vitré qui occupe le mur du fond, éclairé de sorte qu'il ne montre que sa réflexion ? Check. Lumière brillante au-dessus de sa tête, inclinée juste pour ses yeux ? Check.
Ceci était corroboré par la seconde chose qu'elle avait remarquée, qui était qu'elle était menottée à une chaise. Elle était voûtée avec ses poignets derrière le dos, supportée uniquement par ses bras, et la douleur dans ses épaules suggérait qu'elle était restée ainsi pendant un bon moment. Quiconque qui l'avait capturée ne prenait pas le risque qu'elle se réveille en avance et essaie de s'échapper, ce qui était malin. Cependant, bien qu'elle pouvait probablement réduire ses menottes en cendres et se frayer un chemin en soufflant la porte, ça lui prendrait pas mal de temps.
Temps qu'elle n'avait pas à cause de la troisième chose, l'homme assis face à elle qui tenait un flingue. Il était grand, avec un physique sec et musclé qui pouvait seulement être décrit comme puissant, bien qu'il avait la qualité nerveuse d'un athlète vieillissant. Ses cheveux étaient abondamment poivrés et salés, mais ils étaient proprement taillés dans une coupe militaire qui suggérait un professionnalisme rigide. Il la fixait de ses yeux d'acier, sans prononcer un mot. Il n'avait pas à le faire. L'arme dans sa main parlait suffisamment clairement pour lui. Si elle essayait d'exploser la porte pour sortir, il l'exploserait. L'intense froideur de son regard suggérait que qu'il n'hésiterait même pas.
(Elle remarqua aussi, comme quatrième chose, que quelqu'un avait pris le temps de lui enlever les lambaux de ce qui restait de ses vêtements et de l'habiller d'une combinaison noire ample. Mais puisque ceci n'était pas directement pertinent pour sa survie immédiate ou sa possible fuite, elle ne s'attarda pas dessus.)
"Vous n'êtes pas de la police de Minneapolis." dit-elle.
Quelque chose comme un rire traversa ses yeux. "Vraiment ? Qu'est-ce qui nous a trahis ?"
"Les flics n'ont pas de lance-flammes. Même s'ils en avaient, ils ne s'en serviraient pas comme ça."
Il leva le menton légèrement, mais ne parla pas.
"Vous me connaissiez. Ce que je peux faire. Vous étiez préparés"
"Être préparée est ce que mon organisation fait de mieux," dit-il.
"Ouais ? Et quelle est cette organisation, parce que je parie que ce n'est pas les scouts."
"Vous pouvez très certainement émettre une hypothèse."
Florence baissa les yeux et serra les dents. C'était presque une réponse en elle-même, et elle n'aimait pas songer vers où cela la conduisait.
"Un des Costards, pas vrai ? Pas les fédéraux, ils sont toujours fondamentalement des flics, et vous êtes clairement pas un flic. Z'avez pas la bonne attitude." Elle mâchonna sa lèvre. "Tout le monde sait que les cémonnars ne font pas de prisonniers, donc bous n'êtes probablement pas avec eux."
Il fit un signe de la main — celle qui ne tenait pas le flingue — encourageant. "Poursuivez."
"Fondation."
Il grimaça vicieusement. "Je savais que vous étiez futée."
Elle prit une inspiration. Elle avait espéré avoir tort à ce sujet. Qu'elle se rappelait peut-être mal le symbole que portait l'équipe d'assaut, ou qu'elle avait été mal informée de ce qu'il signifiait.
Mais elle n'avait pas eu tort.
Elle avait été capturée par la Fondation. Elle aurait tout aussi bien pu être morte. Dans les deux cas, sa vie était finie à présent.
Elle était tentée d'essayer de s'enfuir quand même. Si elle était rapide, et chanceuse, elle pourrait être capable de surclasser le flingue. Elle était déjà en train de considérer les angles d'attaque quand la porte s'ouvrit pour faire entrer un nouvel homme.
Son apparence était d'un contraste frappant par rapport à l'interrogateur. Là où le vieil homme exsudait un air de puissance calme et réservée, le nouvel arrivant projetait la confiance sauvage de la jeunesse. Il n'était pas tant grand qu'il était longiligne, et ses courts cheveux blonds lui donnaient l'air d'avoir gagné une bataille contre les efforts d'un peigne. Il avait l'air d'avoir à peine 20 ans, et serait bien à sa place sur un campus d'université.
"Commandant Corwin," dit-il, baissant la tête dans un hochement respectueux.
"Westbrook," dit le vieil homme en guise de salutation. "Vous nous interrompez."
"Je sais, monsieur. J'ai été envoyé pour vous relever. La Gorgonne est ici, et elle doit vous parler. Elle dit que c'est urgent."
Corwin cligna des yeux, puis soupira. "C'est toujours le cas avec ces personnes." Il se leva et passa le flingue au jeune homme — Westbrook, vraisemblablement. "Faites attention avec elle, elle pourrait vous cuire en un clin d'oeil si vous la laissez."
"Je suis sûr que nous aurons aucun problème, monsieur." Westbrook lui lança un sourire narquois lorsque le vieil homme sortit. "Pas vrai, gamine ?"
Florence le fixa avec circonspection. Elle le reconnaissait, d'une certaine manière. Ce n'était pas son visage — elle était quasi certaine que c'était la première fois qu'elle le voyait. C'était quelque chose de plus profond que ça, quelque chose que seul un sorcier aurait été capable de voir, et seulement s'il était concentré. Il y avait une familiarité dans son aura qu'elle ne pouvait pas véritablement retrouver.
Mais elle savait qu'elle avait déjà entendu cette voix auparavant.
"Vous étiez ici," dit-elle calmement. "Dans l'allée."
"J'n'étais pas sûr que tu t'en rappellerais encore." Il marqua une pause, comme s'il considérait cet énoncé, puis ajouta, "L'hypoxie tend à laisser les gens un peu dans le gaz."
"Vous avez eu de la chance. J'avais compris à la fin. J'étais sur le point de vous envoyer dans le Lac Supérieur."
"Peut-être," dit-il. "Ou peut-être es-tu chanceuse de n'avoir pas essayé. On avait des contingences en place, et la plupart d'entre elles auraient fini par toi assise sur cette chaise avec bien plus de contusions."
"Je ne me sens pas particulièrement chanceuse. Ce doit être en rapport avec le fait d'être menottée à une chaise et avoir un flingue fourré sur le pif."
Il eut un petit rire. "Je t'aime bien, gamine. Tiens—" Il posa le flingue sur la table, le pointant loin d'elle. "Mieux ?"
Elle cligna des yeux.
Évidemment. Pourquoi avait-elle pensé que le flingue était sensé l'arrêter ? Personne de sain d'esprit apporterait un flingue pour un interrogatoire. C'était une distraction, une manière d'éviter qu'elle se concentre sur les véritables contremesures. Si elle s'occupait du flingue, ou essayait de brûler son chemin hors de la pièce, il y aurait quelque chose d'autre qui attendait pour l'arrêter. Peut-être du gaz.
Ou peut-être que Westbrook était véritablement aussi stupide que ça.
Elle fit cliqueter les chaines des menottes contre la chaise. "Il y a toujours les menottes."
Il sourit et secoua la tête. "Je t'aime bien, mais pas à ce point. Les bracelets restent en place jusqu'à ce que je sois certain que tu ne tenteras rien."
Pas aussi stupide que ça du coup.
"Ça valait le coup d'essayer." Elle haussa les épaules autant que les bracelets le permettaient, essayant de paraître nonchalante.
Il étudia son expression, et elle pouvait dire qu'il savait que c'était une façade.
"J'imagine que tu es probablement plutôt énervée contre moi," dit-il. "Effrayée aussi, si tu es intelligente."
"Ah ouais ? Comment t'as deviné ?"
"Tu as essayé de m'incinérer plus tôt," dit-il. "C'est pas quelque chose que tu fais normalement aux personnes que tu apprécies."
L'image de Westbrook, revêtu d'équipement tactique noir et se tenant au-dessus du corps de McKenna, jaillit dans son esprit, et elle sentit la colère dans ses tripes commencer à bouillir.
Elle n'avait jamais eu beaucoup d'amour pour les autres membres des Fantômes du Lac — oh, bien sûr, elle était reconnaissante qu'ils l'aient sauvé de la rue, mais elle avait réalisé depuis longtemps quels étaient leurs véritables motifs. C'étaient des gangsters et des brutes, et bien qu'ils aient un semblant de camaraderie, elle n'avait aucune illusion sur ce qu'ils lui feraient si elle arrêtait de leur être utile. Elle l'avait vu arriver à des revendeurs, déménageurs et bookmakers qui avaient essayé de doubler les Fantômes. Souvent, elle était ce qui leur était arrivé.
Tout de même, leurs morts étaient douloureuses. Il y avait une part de Syndrome de Stockholm dans tout ça, mais c'était difficile de passer des années avec un groupe de personnes sans commencer à tenir à eux — ou au moins à se soucier d'eux — d'une certaine manière. Elle n'était pas une amie des Fantômes du Lac, mais eux l'avaient été pour elle.
"Vous les avez tués." Sa voix était tranquille, mais sa colère audible.
"En fait, c'est faux." Il appuya sur quelque chose sous le bord de la table, faisant coulisser une partie de la surface et révélant un écran de télévision. Après un petit moment, il clignota en s'allumant, révélant une image d'une pièce pratiquement identique.
Charles McKenna y était assis. Vivant.
Elle regarda tour à tour Westbrook et l'image de McKenna.
"C'est une combine."
Westbrook roula des yeux, puis se pencha et appuya sur un bouton à côté de la télévision. "Monsieur McKenna, veuillez dire quelque chose pour que mademoiselle Elsinger sache que vous êtes en vie je vous prie."
Sur l'écran, McKenna commença à tourner la tête pour localiser la source du bruit. "Va te faire voir, skipper !"
Au son de sa voix, la colère qui brûlait à l'intérieur d'elle s'évanouit en un clin d’œil. Son absence soudaine laissa un vide qui la fit se sentir froide et fatiguée. Elle s'étrangla dans un léger râle.
"Chuck ? C'est vraiment toi ?"
Il se figea au son de sa voix. "Flo ?"
"Ouais. Ils m'ont eue aussi." Elle mâchonna sa lèvre, songeant que dire ensuite. "Où est parti l'esprit de Chicago ?"
"Oh, le défi de la sentinelle. Tu vérifies si c'est vraiment moi. Malin."
"Et donc ?"
"Rejoindre les fantômes sous le lac." Il trouva la caméra dans le coin et fixa son regard dessus, de sorte qu'il la regardait directement. "Flo, les Fantômes sont finis. Tu comprends ça, pas vrai ? Si les skippers n'ont pas encore découvert les autres planques, ils le feront bientôt."
"Qu'est-ce que tu dis ?"
"Je dis que c'est chacun pour soi à présent. Si tu vois une opportunité pour te sauver, prends-la, et ne regarde pas—"
Westbrook appuya à nouveau sur le bouton de l'interphone, réduisant l'autre homme au silence. "Merci monsieur McKenna, mais je pense que nous vous avons suffisamment entendu maintenant. Un de mes collègues sera bientôt là pour s'occuper de vous." Il appuya sur un autre bouton, et la surface de la table coulissa à nouveau en place pour cacher la télévision.
Florence était assise dans un silence abasourdi. Westbrook se cala à nouveau dans sa chaise et attendit qu'elle parle.
"Comment ?" dit-elle finalement.
"Nous avons descendu les véritables sentinelles quelques minutes sans que vous ne remarquiez quoi que ce soit. Il y a beaucoup de choses bruyantes qu'on peut faire en toute impunité avec un champ de silence. Des choses comme taser vos sentinelles et les remplacer par des mannequins."
"Vous avez orchestré les exécutions."
"Avec style," dit-il, un rictus satisfait sur son visage.
"Pourquoi ?"
"N'est-ce pas évident ?" Il ne lui donna pas la chance de répliquer avant de répondre de lui-même à la question. "Nous l'avons fait pour t'avoir. Pour t'attirer en plain air et te rendre suffisamment enragée pour conjurer cette tempête de feu. C'était notre meilleure option pour t'attraper."
La peur qu'elle avait ressenti s'étendit pour remplir le vide laissé par la colère, et elle frémit. La Fondation la traquait elle, spécifiquement. Les Fantômes du Lac étaient juste sur le chemin.
Elle détourna le regard de lui de sorte qu'il ne puisse voir l'éclat de panique dans ses yeux. "Qu'est-ce que vous allez me faire ?" murmura-t-elle.
"Eh bien, j'allais commencer par te proposer un boulot."
Il y eut un silence absolu pendant cinq bonnes secondes.
Elle rit. C'était le genre de rire fou, hystérique, qui vient seulement du soulagement soudain apporté par la disparition de dix tonnes de terreur.
Westbrook attendit qu'elle finisse.
Elle parvint à ravaler le rire, puis secoua la tête pour éclaircir ses idées. "Vous menottez toujours les gens à une chaise quand vous faites des entretiens d'embauche ?"
"Tu aimes vraiment insister là-dessus, hein ?"
"Tu le ferais aussi, si tu étais menotté à une chaise."
"Tu n'as pas tort." Il pinça les lèvres pensivement, puis sortit une clef de sa poche. "Je pense que nous avons passé le point où tu vas essayer de m'incinérer à vue, n'es-tu pas d'accord ?"
Elle fixa la clef, la douleur dans ses poignets affluant soudainement en pointe nette. "Vous allez juste remplir la salle avec du gaz ou quelque chose si j'essayais. Ça n'me ferait rien de bon."
Il fronça les sourcil en se levant. "Je ne vois pas ce qui pourrait te donner cette idée." Il passa derrière elle et déverrouilla les bracelets.
Elle s'étira, grognant tout en délassant la raideur de ses bras, puis commença à se masser les poignets. "Très bien, passons donc à cette offre d'emploi."
Westbrook de rassit de l'autre côté de la table. "Tu dois comprendre la totalité de la situation dans laquelle tu te trouves. Comme ça tu pourras prendre une décision éclairée."
"Fichtre, te voilà bien attentionné."
Il ignora le sarcasme. "Première chose, ton pote McKenna avait raison. Les Fantômes du Lac sont finis. Nous avons déjà amnésié la plupart d'entre eux, et livré les véritables enfoirés à l'U2I. Il n'y aura rien vers quoi retourner si tu décides que tu préfères partir."
Elle secoua la tête. "Tu penses que je veux revenir à ça ? Vivre dans un taudis avec un tas de gangsters qui ne me voient que comme leur chien de combat ?"
Il haussa les épaules. "Tu semblais plutôt énervée quand tu pensais que je les avais tués."
"Les Fantômes m'ont sauvé la vie auparavant. J'ai vécu avec eux pendant des années. C'est ce qui se rapproche le plus d'une famille que j'ai jamais connu. Mais je suis fatiguée d'être tenue en laisse par eux." Elle grimaça. "Fatiguée de brûler pour eux. Fatiguée de tuer pour eux."
Il acquiesça pensivement. "Je comprends."
Elle renifla. "Vraiment ? Quelque chose me dit que tu ne proposes pas un boulot de comptable."
Il soupira. "Tu vas me laisser finir ?"
Elle fit un geste de la main. "Bien. Tu as dit que ce serait la première chose. Quelle est la seconde ?"
Il la fixa intensément. "Chaque fois que tu fais une évocation, tu menaces la normalité."
Elle cligna des yeux. "Quoi ? Tu veux dire, parce que quelqu'un pourrait me voir ?
Il secoua la tête. "Non. Je parle du contrecoup. Quand tu utilises la magie pour faire des choses improbables, plus de choses improbables se produisent en conséquence. Comme quand tu pinces une corde tendue et qu'elle continue de vibrer un moment après ça."
"Si c'est si mal, pourquoi ne l'ai-je jamais vu faire quoi que ce soit quand j'invoquais ?"
"Tu as une affinité naturelle à l'évocation qui selon nous te permet de rediriger inconsciemment le contrecoup loin de toi. C'est une bonne nouvelle pour toi, mais une mauvaise nouvelle pour tous les autres." Sa mine s'assombrit. "Le spectacle de lumières que tu as allumé la nuit dernière ? Nous pensons que c'est ce qui a coulé le Edmund Fitzgerald."
"Bon Dieu." Le blasphème s’échappa dans une légère expiration. "Mais c'était il y a dix ans."
Il fit un geste de la main. "Le temps est fluide, surtout quand la magie est impliquée."
Elle baissa les yeux sur ses mains. "Je ne savais pas."
"Maintenant tu le sais," dit-il. "Il y a des moyens de contrôler le contrecoup. Le rediriger en des manifestations qui feront moins de dégâts. Nos types de la thaumatologie ne sont pas aussi bons que ceux de la Coalition, mais on peut t'aider à apprendre comment le faire."
Elle releva les yeux vers lui. "Pourquoi vous feriez ça ? Je veux dire, il y a sûrement d'autres sorciers — de meilleurs sorciers — que vous pourriez recruter. Pourquoi moi ?"
"La réponse longue est politique et classifiée. Mais la réponse courte est qu'il n'y a pas de meilleurs sorciers. Pas que nous pouvons recruter de toute façon."
"Ça ne peut pas être vrai."
"Ça l'est," insista-t-il. "Je sais que tu ne le réalises pas, mais tu es peut-être une des sorcières les plus puissants de la planète. Facilement dans ce qui aurait été considéré du calibre de mage de bataille durant la guerre. En plus, tu as un talent naturel pour la magie de combat. Cette tempête de flammes que tu as appelé est quelque chose que la plupart des sorciers de deux fois ton âge ne pourrait pas réussir. Tu es l'équivalent occulte d'une centrale nucléaire."
On y était. On arrivait toujours à la question du pouvoir. Qui l'avait et qui ne l'avait pas. Qui le voulait et qui le possédait. Les Fantômes du Lac l'avaient embarquée parce qu'ils voulaient son pouvoir. Maintenant la Fondation essayait de faire la même chose.
"Vous voulez m'utiliser en tant qu'arme."
Il fronça les sourcils. "Sais-tu ce que signifie "SCP" ?"
Elle secoua la tête.
"Plein de choses en fait, mais celle qui est pertinente ici est notre devise : Sécuriser, Contenir, Protéger." Il marqua une pause quelques instants pour la laisser assimiler cela. "Nous ne voulons pas t'utiliser en tant qu'arme, nous voulons t'utiliser en tant que bouclier. Tu as du pouvoir, et même beaucoup de pouvoir, et je pense qu'ici tu pourrais faire du bien avec. Bon sang, tu pourrais sauver le monde. C'est un peu ce qu'on fait quand on ne menotte pas des sorciers à des chaises."
Elle y songea un instant. "Et si je dis non ?"
"Comme je le disais tu peux partir. On n'aime pas mettre les sorciers sous les verrous — il y a tout simplement pas assez de place pour ça, et il y a des gens qui se fâcheraient vraiment si on en faisait une habitude. Et t'amnésier ne ferait rien de bon. Tu serais toujours capable de faire de la thaumaturgie, et sans ce que tu sais, tu finirais peut-être par brûler les Villes Jumelles la prochaine fois. Donc si tu ne veux pas le boulot, on te déposera où tu veux avec de nouveaux vêtements et un peu de monnaie."
"Tout simplement ?"
"Juste comme ça." Il claqua les doigts pour ponctuer son argument. "Bien sûr, une fois que tu seras dehors, il n'y a aucune garantie que quelqu'un d'autre ne viendra pas te chercher. La Coalition pourrait décider de t’abattre pour le contrecoup énorme que tu as causé, ou les fédéraux pourraient te jeter à Paramax pour tes nombreux paracrimes. Bon sang, ce sont probablement quelques-unes des meilleurs options pour un mage de bataille novice et esseulé."
Elle frissonna à la pensée d'un sniper de la CMO la mettant dans son viseur. Peu importe à quel point tu es puissante, une balle dans la poitrine te tuera toujours très facilement si tu ne la vois pas venir.
Peut-être n'est-ce pas une mauvaise chose que la Fondation la veuille. Elle allait toujours avoir du pouvoir, et cela signifiait qu'elle allait toujours être chassée. La Fondation, au moins, pourrait être capable de la protéger des autres chasseurs aux motivations moins amicales. Et si ce que Westbrook disait était vrai, ils pourraient l'aider à contrôler son pouvoir, et apprendre à l'utiliser pour plus que simplement incendier des bâtiments.
Ça pourrait être bien.
Elle croisa son regard. Pendant une longue minute, aucun des deux ne dit quoi que ce soit. Puis elle acquiesça.
"Très bien."
"Excellent." Il se pencha un peu en arrière avant de lui tendre la main. "Mes excuses, dans tout ce bazar, j'ai oublié de me présenter proprement. Cody Westbrook, traqueur de sorcier et thésauriseur professionnel."
Cela la fit rire. "Vous savez déjà tout de moi," dit-elle, concluant la poignée de main.
"Pas tout," répondit-il. "Bienvenue à la Fondation, Agent Elsinger."
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