Une dernière fois

It's time to strap our boots on
This is a perfect day to die
Wipe the blood out of our eyes
In this life there's no surrender
There's nothing left for us to do
Find the strength to see this through

We are the ones who will never be broken
With our final breath
We'll fight to the death
We are soldiers, we are soldiers

Woah woah woah whoa
Woah woah woah whoa

We are soldiers
I stand here right beside you
Tonight we're fighting for our lives
Let me hear your battle cry
Your battle cry

We are the ones who will never be broken
With our final breath
We'll fight to the death
We are soldiers, we are soldiers

We will not go unspoken
No, We will not sleep
We are not sheep
We are soldiers, we are soldiers
Yeah!

We stand shoulder to shoulder
We stand shoulder to shoulder
We stand shoulder to shoulder
You can't erase us, You'll just have to face us!

We stand shoulder to shoulder
We stand shoulder to shoulder
We stand shoulder to shoulder
You can't erase us, You'll just have to face us!

We are the ones who will never be broken (never be broken)
With our final breath
We'll fight to the death
We are soldiers, We are soldiers

We are the ones who will not go unspoken (not go unspoken)
No, we will not sleep
We are not sheep
We are soldiers, we are soldiers
Yeah

Woah woah woah whoa
We are soldiers
Woah woah woah whoa
We are Soldiers

Otherwise - Soldiers


Le choc avait plié la porte blindée et démoli les gonds. L'anomalie avait mangé de plein fouet une dizaine de charges de démolition. Personne ne s'était attendu à ce qu'elle soit en état de propulser une tonne cinq d'acier à travers la pièce comme un vulgaire morceau de plastique. Trois hommes étaient morts sur le coup, écrasés.

Sonné, je n'entendais qu'un sifflement continu et le martèlement de mon coeur. Ma vision était floue à cause du choc et le changement de pression atmosphérique avait dû m'exploser les tympans. Je me suis relevé et j'ai machinalement rechargé mon arme. C'était un geste que j'avais tellement répété que c'est à peine si je devais réfléchir, mes mains bougaient toutes seules. Mes compagnons faisaient de même, je pouvais les voir dans ma vision périphérique. Je secouai ma tête dans l'espoir d'atténuer le sifflement dans mes oreilles. J'avais définitivement les tympans percés, mais vu ce qui nous arrivait sur la gueule, ce ne serait plus un souci pour longtemps.

Deux gestes de la main gauche, deux hochements de tête. C'est tout ce dont nous avions besoin pour nous comprendre. Quand l'anomalie a fait mine d'entrer, nous l'avons accueillie avec un déluge de balles. Trois mitrailleuses FN minimi à neuf cent cinquante coups par minute, avec munitions spéciales fabriquées par le DI&ST, ça vous réduit tout ce qui n'est pas lourdement blindé en charpie. Et ça fait généralement subir le même sort à tout ce qui a le malheur de se trouver derrière votre cible.

C'est à peine si ça l'a ralenti.

On a juste eu le temps de reculer et de refermer une autre porte blindée. On a pas attendu que la porte soit entièrement refermée pour mettre à feu les charges explosives, de toute façon nos oreilles étaient déjà foutues.

Nos vies aussi.

C'était la deuxième fois qu'on faisait subir ça à cette saloperie. On ne faisait que gagner du temps pour l'évacuation du site, le combat était perdu d'avance. Dans cinq minutes, six peut-être, elle défoncerait la porte encore une fois. Et cette fois, on était à court d'explosifs.

J'entendais un genre de bourdonnement depuis quelques secondes, je n'ai pas percuté tout de suite d'où ça venait.

C'était ma voix, je récitais machinalement. Ça faisait longtemps que je n'avais plus prié.

Je n'étais pas le seul, cela dit. Et là, j'ai explosé de rire. Mes compagnons ont d'abord cru que j'avais finalement pété un plomb. Puis ils ont compris.

À ma gauche, elle récitait des versets de la Bible.
À ma droite, il récitait des versets du Coran.
Et moi, je récitais une prière à Odin.

On avait pas l'air con, mais putain ça nous a fait du bien de rigoler.
C'était une des marques de fabrique de l'escouade. Hasard administratif, expérience sociale ou que sais-je, personne dans l'équipe n'avait la même religion. Et ça ne nous a jamais posé de problèmes.
J'imagine que ça faisait de nous des infidèles, qui sait, la saloperie devant nous c'était peut-être une punition divine ? Ou pas.

Un raclement sourd nous ramena brusquement à la réalité.

On s'est regardés, on s'est serré la main, on s'est fait l'accolade, on a vérifié nos armes et on a prié.

Une dernière fois.

Je te salue Odin, Père de toute chose.
Aujourd'hui, je ne meurs pas seul.
Aujourd'hui, je meurs en défendant ma famille.

On peut dire ce qu'on veut sur le Département de Sécurité. On peut nous traiter de planqués, parce qu'on est pas sur le terrain comme le sont les FIM. On peut dire que notre job est facile. On peut dire ce qu'on veut, mais quand ça pète, c'est nous qui versons le sang en première ligne. Et on a signé pour ça. Et si c'était à refaire, on le referait. Encore et encore. Autant de fois qu'il le faut. Parce que c'est nous la première ligne de défense. Il y a un vieux proverbe de Martin Luther King qui avait été utilisé dans une sérié télé et qu'on avait repris plus ou moins officieusement en l'adaptant à notre sauce.

Quand tu dois intervenir, il faut courir.
Si tu ne peux plus courir, alors marche.
Si tu ne peux plus marcher, alors rampe.
Si tu ne peux plus ramper, alors un collègue te portera.
Si personne ne peut te porter, tiens la position.
Si tes munitions sont épuisées, prends ton couteau.
Si ton couteau est brisé, mords.
Si tes dents sont brisées, mords quand même.
Tant que tu respires, tu peux te battre.

Un nouveau raclement sourd fit vibrer la pièce.

Je te salue Odin, Père de toute chose.
Aujourd'hui je ne meurs pas entouré d'infidèles.
Aujourd'hui, je meurs entouré de frères et de sœurs.
Et si la place m'y est acquise, j'irai festoyer à tes côtés au Valhalla.
Et si c'est possible, puisses-tu me laisser partir rendre visite à mes frères et sœurs dans l'au-delà.
Je te salue Odin, Père de toute chose.

On s'est positionnés de manière à ne pas se faire écraser par la porte.

Machinalement, j'ai fait jouer le levier d'armement de mon arme.

Une dernière fois.

J'ai dégainé mon couteau et je l'ai serré dans mon autre main.

Une dernière fois.

J'ai posé un genou au sol et calé la crosse de ma mitrailleuse contre mon épaule.

Une dernière fois.

J'ai jeté un coup d’œil à mes collègues.

Une dernière fois.

J'ai inspiré.

Une dernière fois.

Quand l'anomalie a défoncé la porte, j'ai serré les dents.

Une dernière fois.

J'ai pressé la détente.

Une dernière fois.

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