Sous Contrôle
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    Third Law Canon Theme
    [2016 Wikidot Theme]
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6 décembre 2023

La place grouillait de toutes sortes d'activités — bizarre pour cette heure de la nuit, mais pas bizarre pour cette ville. Un groupe d'enthousiastes de l'ambiance punkusine soviétique connu sous le nom de "hhh"1 avait choisi cette nuit pour projeter des reproductions thaumiques de leur musique dans les rêves de chaque habitant endormi de Trois Portlands qui avait un "R" dans son nom.

Le but était moins d'appeler les Robert et Rebecca du monde que de signaler une certaine aptitude à ceux qui n'étaient pas appelés. Des coups publicitaires comme celui-ci attiraient les anartistes comme des mouches autour d'une flamme, et c'était tout ce qu'Adam Rowe espérait.

Il glissa sa main dans la poche de son pantalon et en sortit une carte de visite usée et froissée.


PAS DE PULSATION ? Pas de problème !

Avec notre ██████ ████ agréé par la Fabrique, vous vous sentirez aussi BIEN que ██████ en moins de trois !

Pour plus d'informations et les tarifs, contactez Jam█th ███to█ au 5█3█ ██████ Drive, Trois ████lands !

Dieu sait combien de temps cette carte était restée en possession d'Adams. Suffisamment longtemps pour porter les signes des tentatives des info-bloqueurs du navigateur d'en rendre la moitié illisible à distance. Cette incomplétude avait été une épine dans le pied d'Adams durant les derniers jours, alors qu'il se retrouvait forcé de tracer les lignes de contagion entre la carte et la personne qui avait créé le design flashy.

Ce fut une piste difficile à suivre – apparemment, cet intrépide individu ne passait pas beaucoup de temps à Trois Portlands, donc les lignes ne menaient à rien la plupart du temps. Et quand le créateur était à Trois Portlands, il n'y restait pas suffisamment longtemps pour qu'Adam triangule sa position et s’y retrouve à temps.

Mais ce soir était différent. Juste au moment où le signal de hhh s’envola (ce qui réveilla immédiatement Adam Rowe) la carte commença à sonner à toute vitesse. Ils arrivaient pour se renseigner sur la musique, et Adam allait être là pour les accueillir.

La foule s’était amassée depuis quarante-cinq minutes à présent, criant autour d’une grande scène ronde au centre de la place de la ville. Un nombre incalculable d’autres spectateurs s’asseyaient sur les toits ou s’agrippaient aux murs, aux tâches de lumière sur les bâtiments commerciaux de pierres brunes et aux édifices de verre racés. Dans l’air, des drones bourdonnants tournaient autour de la scène en cercles lents et rythmiques.

Adam recula, loin de la foule, la carte de visite kitsch tenue bien haut. D'ici, il pouvait sentir les liens tonals de la carte. Le dealer se trouvait dans la foule. Il s’approcha de l’arrière des spectateurs, se pressant entre eux et se tortillant pour avancer.

Il était difficile de voir ce qui se passait – la vue d’Adam était obstruée par des jeans humides et des vestes en vinyle, des coudes passant dangereusement près de sa tête quand la foule commença à sauter. Il était presque au niveau de la scène quand il sentit le lien de la carte s’interrompre. Ça avait l'air d'être ça.

Une femme chauve se tenait devant lui, s’émerveillant face à la scène. Il lui tapa sur l’épaule. Elle tourna la tête, souriant chaleureusement. Elle avait des cornes pointues qui lui poussaient des tempes.

Adam s’éclaircit la gorge. Les clameurs de la foule grondaient dans ses oreilles. "Vous êtes Jamoth ?"

Elle acquiesça. "Jameth. Vous avez ma carte !"

Adam sourit en retour, et acquiesça. "Poussière de Spiritisme. T'en as ?"

Jameth pencha la tête sur le côté. "Bien sûr mon pote. Passe-moi ta carte."

Adam grimaça, claquant des doigts. Une carte de visite blanche apparut entre ses doigts. Il la lui passa.

"Merci mon pote." Elle pointa son index droit vers le ciel, et un petit sac de poussière de chaux tomba dans un pop sourd, sortant de nulle part, directement dans sa paume. "Je resterai en contact. Essaie de ne pas trop t'amuser !"

Adam prit le sac précautionneusement. Il acquiesça. "Je n'crois pas que ce sera un problème." D'un geste cordial de la main, il commença à reculer lentement pour s’éloigner de la foule. Alors qu’il quittait la place, une interprétation métallique de L’Internationale avait démarré.

Une fois revenu à sa chambre dans le motel miteux, il posa le sac sur la commode et souffla pour lui-même. "Un de fait, encore deux."


Une semaine plus tôt…
29 novembre 2023

Les deux l’avaient approché au milieu de la journée, le coinçant alors qu’il descendait la rue en lui demandant poliment de venir dans un café à proximité pour discuter un peu. Il ne pouvait pas refuser.

Ils l’y menèrent, passèrent le comptoir (avec un menu griffonné dans un latin à peine lisible) et une masse de tuyaux entremêlés qui suintaient de l’expresso sans discontinuer.

Le premier, une silhouette imposante aux lunettes noires presque opaques et en survêtement, tira une chaise et invita Adam à s’asseoir. L’autre, une grande femme habillée d’un pantalon, avec des cheveux bruns lisses et des lunettes cerclées de noir, s’assit en face de lui de l’autre côté de la petite table. Elle sourit ingénument.

Il prit son courage à deux mains. "Alors, comment allez-vous ?"

"Nous sommes des représentants d’une filiale de Redzone Security. Nous voudrions vous engager en tant que consultant temporaire."

Adam plissa les yeux. "Oh, je ne suis pas vraiment à la recherche de travail en freelance-"

Elle leva la main. "Permettez-moi de reformuler. Nous pensons que ce contrat pourrait être bénéfique aux deux parties, si vous acceptiez. Sinon, eh bien, nous ne pouvons pas vous assurer que des informations qui vous concernent ne tomberont pas entre de mauvaises mains."

Adam se tourna sur sa droite – le costaud bloquait la sortie. Il tapota ses lunettes de soleil, produisant un flash rouge. Il était enregistré.

Il déglutit et se retourna vers la femme. "Bon sang, vous voulez- sur quoi voulez-vous me consulter ?"

"La méthode de protection des données que Redzone possède utilise une dimension de poche nécro-thaumique de conscience synallagmatique liée par geis qui fournit la puissance thaumique brute nécessaire pour rendre la donnée totalement inaccessible dans l’infosphère jusqu'à ce que son déchiffrage soit requis."

Adam cligna des yeux. "Certes, poursuivez ?"

"Récemment, la procédure de verrouillage de données a été bloquée sans cause externe apparente. Nous craignons une alliance. Ce dont nous avons besoin est un moyen efficace d’accéder nécromantiquement aux âmes et faire ce qui est nécessaire pour remettre le processus en état de marche."

Il attendit un moment supplémentaire pour être sûr qu’elle avait fini. Comme elle ne parlait plus, il ouvrit la bouche. "Vous avez besoin d’un consultant en nécromancie ?"

"C’est cela."

"Vous devez avoir demandé à mon père en premier lieu, non ? Je veux dire, vous devez savoir ce dans quoi il a été impliqué. Non ?"

"Nous avons envisagé la participation de votre père, mais en avons finalement décidé autrement. Trop difficile à encourager."

Adam se sentait incontestablement encouragé.

"Nous ne sommes pas ici pour parler de votre père. Nous sommes bien conscients que vous possédez vos propres talents. Vous êtes simplement plus flexible que lui, non ? Je veux dire, de vous à moi, il ne fait pas grand-chose pour vous, n’est-ce pas ?

Adam loucha. "Arrêtez ça."

"Arrêter quoi ?"

"Ce truc où vous insinuez que vous m’avez suivi."

Elle promena ses yeux sur la table, puis les releva. "Évidemment. Nous ne vous avons pas suivi."

"Merci."

"Écoutez, peut-être sommes-nous partis du mauvais pied. Je suis Samantha. Si vous acceptez, je serai votre référent principal à Redzone. En échange d’un petit, tout petit coup de main, nous pouvons vous offrir une meilleure implantation dans la ville. Vous savez à quel point la cooptation compte par ici. Peut-être pouvons-nous vous aider."

Il y eut un moment de silence. Le costaud était immobile, tel un gros totem de pierre. "Je suppose que je vais mordre à l’hameçon. Je dois signer quelque chose ?"

Son sourire s’élargit. "En effet." De derrière la chaise, elle sortit une simple feuille de papier, quelle posa en face de lui. "Signez sur la ligne, puis retournez la page."

Il fronça les sourcils en parcourant l'épais document. Ça ressemblait à un accord de confidentialité plutôt standard.

"Mer- argh." Adam sentit un tranchant dans son esprit, comme si ses neurones avaient été noués ensemble et frappés comme une corde de piano.

"Un geis standard de la société. Cela va inhiber votre capacité à divulguer des informations sur votre affectation, ou intervenir à l’encontre des biens ou des intérêts de Redzone. Nous ne pouvons malheureusement pas prendre de risques. Il expirera dans dix jours, le 9 décembre. De votre point de vue, il ne sera même pas là. Ce n’est pas comme si vous vouliez faire ces choses de toute façon, n’est-ce pas ?" Elle sourit chaleureusement. La douleur commençait à se dissiper.

"Ouais, d’accord."

"Gardez le contrat. Nous vous recontacterons."

Samantha se leva pour partir, au moment où un plateau flottant apportait deux cafés brillants. Le silencieux se retourna, et les deux partirent ensemble.


7 Décembre 2023

Le jour qui suivit le concert était radieux et ensoleillé, par rapport aux standards très relatifs de Trois Portlands. Adam descendait la rue vers son établissement favori : le Symposium, qui aspirait à combiner les deux plus grands plaisirs de l’être humain, l’alcool et la littérature. Pour la visite du jour, Adam passait juste devant la li-bar-airie, se dirigeant vers une autre bibliothèque.

Il arriva dans le rayon fiction. Ici, ils avaient savamment sélectionné les boissons accompagnant chaque roman. À Les Amants du Spoutnik de Murakami, ils avaient associé un délicieux Chivas Regal. À Labyrinthes de Borges, un fernet amer. À La Source vive de Ayn Rand, une bonne vielle cruche de javel.

Malheureusement, la javel devrait attendre un autre jour. Il s’avança vers une zone enténébrées de la boutique, les étagères étiquetées "Fictions Noires", puis à leurs voisines, "Fictions Encore Plus Noires". Suivant l’allée, il fureta parmi les tranches jusqu'à ce qu’il trouve le tome qu’il recherchait : Lectures Radicales 2 : Travailler sur de Nouveaux Titres Branchés pour Adolescents2 de Bodart.

Il l’ouvrit d’une main. Les pages étaient creusées pour contenir un autre livre, plus petit, relié de cuir sans fioritures.

"Lorem ipsum dolor sit…" Alors qu’il commençait, un halo chatoyant commença à l’envelopper de la tête aux pieds. Il put se sentir devenir moins réel, moins ancré. Alors qu’il continuait de lire, une chaleur se propagea en lui, des particules d’air agitées déplacées par son arrivée en un autre lieu.

"…id est librarum." Quand il eut finit, le livre s’évanouit de ses mains. Il se trouvait à présent dans les corridors orange et chaleureux de la Bibliothèque des Vagabonds. Il pouvait jurer que les Chemins devenaient plus compliqués à chaque fois qu’il devait les utiliser.

Un rapide coup d’œil lui révéla qu’il était dans la portion de la Bibliothèque dédiée au catalogage des publications de Spy vs. Spy des univers alternatifs. Heureusement, il y avait un kiosque non loin, et Adam s’en approcha.

Au centre du bureau circulaire était installé un Bibliothécaire radialement symétrique, à plusieurs bras et à plusieurs yeux. Adam pensait que le Bibliothécaire regardait dans l’autre direction, mais quand il s’éclaircit la(les) gorge(s) il comprit qu’il attendait qu’il parle. "Oh, euh. Croisement des documents légaux canadiens relatifs à la marine et des rituels et artefacts relatifs aux états souverains je vous prie."

Le silence se poursuivit un moment, jusqu'à ce qu’une violente sonnerie retentisse en même temps que la totalité de la géographie de la bibliothèque commence à tourner autour du kiosque circulaire et d'une portion du sol autour de lui, se changeant rapidement en un flou méconnaissable. Adam commençait à avoir le tournis quand cela s’arrêta.

Le Bibliothécaire leva un(des) doigt(s), pointant vers la gauche d’Adam. En se tournant pour passer dans les rayonnages, Adam fit un geste de la main. "Merci. Passez une bonne journée." Il ne pouvait dire si ça avait répondu.


Adam se rematérialisa sur le trottoir mouillé à l'extérieur du motel miteux, serrant dans sa main un certificat de mariage et un dessin grossier de fort marin.

L'affiche avec un soleil avait déjà été mise en place pour aujourd'hui, mais la zone de rangement des vélos était toujours pratiquement vide. Probablement pour le mieux. Adam ne voudrait pas qu'un autre résident le dérange pendant qu'il travaillerai cette nuit.

La gentille dame qui s'occupait du motel laissait Adam rester gratuitement, du moment que ses golems mineurs l'aidaient à empêcher les ecto-émanations de mettre du chewing-gum dans les machines à laver. Cela lui évitait le désagrément de souscrire au service de Golemancie United, et il avait un endroit décent où rester. L'un dans l'autre, c'était plutôt un bon marché.

Sa chambre laissait cependant un peu à désirer. Papiers épars, canettes de soda et sacs plastiques encombraient la zone du bureau à côté de sa machine à écrire thaumique, et les lumières de la pièce étaient perpétuellement hors-service, remplacées par une lueur ambiante rouge émise par l'air lui-même, une touche personnelle qui l'assistait lors des lancements de sorts mineurs, mais n'était pas optimale pour la vie quotidienne dans la chambre.

Adam lissa un peu les draps du lit double, faisant de la place pour poser ses papiers dessus.

D'abord, le dessin au crayon, peut-être devait-il être sur un frigidaire quelque part. Il avait ressenti le pouvoir latent à l'intérieur dès qu'il lui était passé devant dans la bibliothèque. Avec quelques petits efforts, il pourrait être utilisé comme catalyseur pour créer un Champ d'Énergie Aericien centré sur sa chambre.

Adam plaça sa main sur le papier.

De la cire et du papier, mais il contenait quelque chose de plus. Une connexion à un instant seulement à moitié souvenu, s'il a jamais existé au départ. Vous connaissez ce sentiment ?


Le dessin lui était ouvert.

Un souvenir. Une sorte de dessin de gamin au crayon.


Sa magie, aiguisée par une vie de pratique, tentacule d'occulte aiguisée comme un couteau, s'enfonça à l'intérieur pour trouver ce qui s'y cachait.

Une création. Rien d'autre n'affecte cet instant impénétrable.


L'énergie parcourut sa main. Elle commença à emplir la pièce.

Un acquiescement. L'instant peut vivre à nouveau. Prendre le pouvoir.

Il inspira, puis expira. Et le rituel fut achevé.

Le dessin restait au même endroit, apparemment inchangé, mais l'énergie de son passé avait été déployée. Dans l'heure qui suivit, cette chambre de motel était, en termes thaumiques, un pays souverain. Avec un peu de chance, cela serait satisfaisant.

Il tourna son attention vers le second morceau de papier. Un certificat de mariage, célébrant l'union légale de Jeannine P. McCormick et AAAAFAUX QR REFUSÉ en 2013.

Avec un peu de chance, il était encore valide, parce qu'Adam était sur le point de remplir les papiers de divorce.

Il tapa négligemment sur sa machine à écrire, et les caractères apparurent sur une feuille de papier à proximité. La tentative n'avait pas besoin d'être parfaitement rigoureuse. Avec un peu de chance, elle serait convaincante.

Adam récupéra la page, la posant sur son bureau. Une déclaration officielle.

Il lui fallut quinze minutes d'attente sur le lit, à lire et relire la paperasse pour s'assurer de ne pas l'avoir loupée, quand un léger bruissement à l'extérieur de sa chambre annonça le glissement d'un papier sous la porte. Adam s'en empara.


ORDONNANCE DE CESSATION ET D'ABSTENTION


Le témoin retiendra que, la poursuite d'actions légitimes ou illégitimes signalées dans la déclaration sous serment ne conduira jamais à une SOLUTION. Considérant l'accablante cruauté de la partie accusée et AUCUNE MÉPRISE sur les intentions légitimes ou illégitimes…

Eh bien, il avait à présent son attention. Adam retourna avec précipitation sur sa machine à écrire. Un document officiel, peu importe lequel, fournissant des droits d'amendement aux entités légales qui poursuivent des procédures judiciaires sur la Personne de la République d'Adam.

Dix minutes après cela, le premier amendement apparut.

AINSI C'EST POURQUOI la partie signataire cherchant une PRÉDATION NON-AUTORISÉE sur les actions souveraines prises par une TIERCE PARTIE pour laquelle n'existe aucun RECOURS LÉGAL en cas de…

Les doigts d'Adam volèrent rapidement sur le clavier, tapant une réponse.

Bonjour, je suis Adam. J'ai pu lire des choses à votre sujet sur l'intranet de Prometheus. J'ai besoin de votre aide.

Reste vague, reste convaincant. Le geis continuait de pulser dans le cerveau d'Adam.

PAR LA PRÉSENTE la PARTIE DEMANDEUSE a été REJETÉE du processus d'amélioration lequel a été conclu en SOLITUDE…

Il plissa les yeux.

Je suis un nécromancien. Si vous me dites comment, je pourrais être capable de vous invoquer à moi. Vous fournir un influence grandissante sur cette ville. Vous n'aimeriez pas cela ?

Et la balle était dans son camp à présent.

Durant quinze minutes, il ne se passa rien. Le champ Aericien faiblissait. Si Adam ne parvenait pas à attirer son attention avec ceci, son plan risquait de tomber à l'eau.

Et puis un bruissement sous la porte. Un paquet de papiers passa dessous.

Un brevet, décrivant un processus par lequel une entité informationnelle recevait une capacité ambulatoire accrue à l'intérieur d'une dimension de poche, en échange d'une assistance non-spécifiée.

Adam sourit. Deux de fait, encore un.


Une semaine plus tôt…
1er décembre 2023

Deux jours après avoir signé le contrat, il reçut un message sur son téléphone.

"Consultant Adam Rowe, veuillez vous présenter à votre bureau local Redzone pour travailler."

Quand il arriva au bureau, un grand building de verre, fait d'angles droits et de rectangles, la réception l'accueillit et le conduisit à un escalier de béton qui descendait dans le sol. Une cave. Comme c'était curieux.

Quand il parvint au bas des marches, Samantha l'attendait.

"Très heureuse de vous voir à nouveau, M. Rowe."

"Vous dites cela comme si vous ne m'aviez pas demandé de venir." La cave était petite, des murs de béton lisse entourant plusieurs tables pliantes en plastique bon marché installées au centre. "Une cave dans Trois-Portlands ?"

"Ça a été construit de façon artisanale. Plus proche du cœur, ça rend l'accès aux autres Espaces plus simple. Du moins, d'après ce qu'on m'a dit."

Adam plia sa veste, l'installant sur la surface d'une table. "Donc, que dois-je- euh."

Elle tendait un flacon de quelque chose, fermé par un capuchon en plastique. Le liquide à l'intérieur émettait une légère lumière bleutée. "Vous allez devoir boire ceci."

Il prit le flacon. Il faisait approximativement la taille de son pouce. "Solution de focalisation ?"

Elle acquiesça. "D'un type très particulier, oui. Ça devrait vous approcher suffisamment pour observer la dimension de poche, sans vous y faire entrer. Une forme de protection, en quelque sorte."

"Certes. Je ne peux pas simplement y plonger." Adam fit le tour du cercle de tables, le flacon contre sa paume. "Pas de machines sigillaires. Est-ce la raison pour laquelle vous avez besoin de moi ?"

Elle sourit. "Observateur. Nos machines sigillaires ont été surchargées lors de notre dernière tentative de forcer la dimension. Un talent naturel comme vous n'aura pas besoin de machines comme celles-ci, n'est-ce pas ?"

"La plupart du temps, ouais." Adam secoua la tête, écartant ses dernières réserves.

Il dévissa le bouchon du flacon et le porta à sa bouche. La substance bleue coula dans sa gorge, et il put sentir la pulsation d'un monde bourdonnant déferler sur lui.

Ses genoux faiblirent. Il s'effondra sur une chaise en plastique qui devait avoir été déplacée sous lui.

Il voyageait, mais il restait au même endroit. Il parcourut la surface d'un autre monde, ses mains créant des rides à la surface de l'eau- non, le tissu de la bordure. Adam était en deux endroits en même temps.

Il sentit une main sur son épaule. C'était Samantha qui lui parlait. "Que voyez-vous ?"

Adam ouvrit la bouche et sentit le liquide goutter. "Il y a une enveloppe en forme d'œuf, emplie d'âmes. C'est pressurisé. Si dense. Qui sont ces gens ?"

La main quitta son épaule. "Des briseurs de serments. Des employés morts. Des gens qui ne lisent pas les petits caractères."

Il glissait entre les mondes, les membres fins comme des lames. Le vide brûlait sa peau mais il accéléra encore. "Vous prenez simplement les gens ? Ceux qui désobéissent ?"

Un soupir venant de derrière lui. "Adam, c'est le marché de la sécurité. Sans la confiance des autres, Redzone n'a rien. Vous devriez vous en être rendu compte."

Adam inspira la peau des mondes, les poumons se remplissant de poussière bleue. "Je pense que je le pourrais." Il commença à tousser, et la vision le quitta.

Samantha était en face de lui, de l'autre côté d'une table. Elle lui passa un verre d'eau en plastique. Prudemment, il but une gorgée pour calmer sa gorge. "Merci."

Elle croisa les bras. "Qu'en pensez-vous ?"

Il posa le verre. "Je pense, eh bien, qu'un partenariat est possible. La dimension de poche est proche de la saturation, elle pourrait éclater. Dans quelques jours, si ce n'est moins."

Le visage de Samantha se tordit. "Nous n'avons pas les ressources pour recréer une telle chose. Nous allons avoir besoin de spécialistes." Elle préparait une liste dans sa tête.

"Donc, que se passe-t-il si vous ne pouvez pas la réparer ?"

Elle hocha la tête. "Si nous ne pouvons pas la réparer avant que ça aille trop loin, nous n'aurons pas le choix. Nous la priverons d'énergie, l'éteindrons, la couperons de Portland. Attendrons quelques années que les âmes oublient. Et alors nous reprendrons du début."

"Oh," dit Adam. "Okay."

Un œuf plein d'âmes torturées. Quelques jours avant que l'opportunité ne soit perdue.

"Eh bien, prévenez-moi si vous avez besoin de moi avant que mon geis s'épuise."

Tranquillement, rapidement, Adam prit le chemin de la sortie.


8 décembre 2023

Adam se tenait au pied des marches de marbre conduisant à la façade attenante. De l'autre côté, d'épais piliers s'élevaient jusqu'à atteindre le toit en pente, un palais de justice singulier surveillant Trois Portlands.

Il ne ressemblait en rien à la dernière fois où Adam était venu, excepté un unique détail immuable : la plaque en bronze accrochée au-dessus de la porte, sur laquelle était inscrit "E. Rowe".

Il toqua à la porte. Elle s'ouvrit d'elle-même un instant plus tard, révélant un hall faiblement éclairé. Au centre du hall se tenait un homme aux yeux enfoncés et à la barbe grisonnante.

Adam fit un signe de la main. "Salut, papa."

Eustace Row loucha. "Entre."

Le vieil homme lui fit directement traverser l'entrée jusqu'à une chambre circulaire qui devait être la cuisine. Eustace avait coupé des avocats de sang, et le couteau souillé était toujours sur la planche à découper.

Adam pivota, examinant la construction lisse du bâtiment. "Tu l'as, euh, beaucoup modifié depuis ma dernière venue."

L'homme s'appuya contre le comptoir en granit. "Ces changements seront permanents cette fois. Que fais-tu ici ?"

"Oh, je voulais juste, euh, eh bien, je voulais parler, et-"

Son père le coupa. "Est-ce à propos de ton petit ami ? Quelque chose lui est arrivé ?"

Le front d'Adam se plissa un instant. "Non, il est en Europe en fait. On songe à, euh, déménager ici. À Trois Portlands."

"Europe. Classique." Il roula des yeux. Adam l'ignora.

"Mais en fait je suis venu pour te demander si tu avais un appareil pour exorcisme électronique."

Son souffle grinça quand il rit, satisfait de la précision approximative de sa supposition. "Et pourquoi en as-tu besoin ?"

Les rouages du geis se verrouillèrent dans l'esprit d'Adam. "Je suis dans un motel miteux, et la chambre est plein de démons-de-lit. J'en ai juste besoin pour une journée." Il n'avait même pas besoin de mentir, les mots jaillissaient simplement comme s'ils étaient depuis toujours la vérité.

"Oh ?"

"Ouais, je supposais que tu devais en avoir un qui traînait par là. Du bon vieux temps. Pas vrai ?"

"Ça se pourrait." Il déplaça son poids sur le comptoir pour faire face à Adam plus complètement. "Dis-moi, donc. Que sais-tu au sujet de Redzone Security ?"

Son sang se figea. Son visage ne pouvait rien trahir. "Pas grand-chose, en vérité." Adam ne pouvait pas se contrôler. Le geis de non-divulgation avait le dessus.

"Vraiment ? Et qu'en est-il du travail qu'ils t'ont offert ?"

"Je ne vois pas de quoi tu parles." Adam était figé sur place. Son corps ne lui appartenait pas. Le champ de probabilité du geis s'était effondré jusqu'à l'unique possibilité : la dénégation, et Adam ne pouvait pas agir autrement qu'en niant.

"Tu crois que je n'peux pas savoir quand tu es à Portlands, Adam ? Tu crois que je n'pouvais pas sentir le geis sur toi quand tu as passé la porte ?" Il souriait. C'était un jeu. "Putain de pathétique. Tu devrais mieux me connaître."

Le corps d'Adam était muet. Son esprit était verrouillé.

De derrière Eustace, un objet pas différent d'un magnétophone démesuré passa par la porte, propulsé par une quelconque force invisible. Il atterrit dans la main ouverte du vieux mage, puis il le tendit à Adam.

"Prends-le, sors de chez moi. Reviens quand tu ne seras pas sous contrôle."

La main d'Adam agrippa le bord de l'appareil. Il parvint à hocher la tête, puis il se sentit faire demi-tour et commencer à marcher vers la porte.

"Et Adam," Eustace l'appela, juste avant que la porte se ferme. "Fais-leur vivre l'enfer pour moi."

Une fois qu'il fut hors de vue, Adam sentit le geis relâcher son contrôle. Il respira profondément.

Trois de fait. Plus qu'une chose à s'occuper.


Ce fut tard dans la nuit qu'Adam acheva la fabrication du carré d'invocation comme indiqué par le brevet.

Un cube, fait de papier, décoré avec des symboles de pouvoir. Un moyen simple de construire un pont notionnel entre l'outremonde et Trois Portlands. Cela devrait suffire.

Sur son bureau, il avait monté sa machine à écrire thaumique pour transcrire les commandes vocales, une ligne de communication vers l'entité légale qu'il invitait dans sa chambre.

À présent, il était étendu sur son lit.

À ce stade, ce n'était qu'une question de temps avant que Redzone ne déplace leur dimension de poche à l'archivage, et qu'Adam ne perde tout espoir de s'y connecter, de commettre l'évasion métastatique d'une centaine de consciences perdues.

Il n'y avait plus de temps. Il devait agir maintenant.

Il sentit la présence dans la pièce, la force d'un esprit étranger au sien. Il empoigna un sac de poussière de séance verte dans une main, et dans l'autre il prit le magnétophone surdimensionné.

Il alluma l'appareil à exorcisme. Un disque sur l'avant commença à tourner, lentement, comme un enregistreur.

Il porta le sac de poussière à ses lèvres et inhala brusquement. La poudre emplit sa bouche et ses poumons, l'abaissant de quelques niveaux de conscience.

"Je sais que vous pouvez m'entendre. Le contrat est sur mon bureau. Juste, soyez prudent. Il est connecté à ma tête."

Un brouillon rapide s'approcha de lui. Il disparaissait.

L'entité se verrouilla sur le morceau de papier qui définissait les obligations d'Adam envers Redzone et commença à le modifier.

Des contradictions commencèrent à se former. Le geis était altéré.

La tête d'Adam piquait, il ne ressentait plus rien dans ses extrémités.

Son esprit coulait, la poussière le conduisant profondément dans le sol. Son cerveau avait une ligne directe vers le centre idéologique de Redzone Security.

Adam perdit conscience au moment du refrain, DÉROGATION FAUSSE, CESSEZ, CESSEZ, CESSEZ


L'esprit d'Adam arriva dans un vide blanc, vierge. Il était debout. Quelque part dans une chambre de motel, son corps physique subissait l'agonie du syndrome de Cuchulainn. Temporairement, son esprit n'était plus obligé de suivre le geis.

En face de lui se trouvait un escalier, conduisant plus bas qu'il ne pouvait l'estimer. Il en émanait une lueur rouge.

Adam commença à descendre. Katabase. Il devait communier avec les morts.

La lueur emplit sa vision. Encore quelques marches et il ne pourrait plus être sûr de ce qu'il y avait en face de lui. Il continua.

La lumière s'évanouit, laissant la place à un violet pulsant. Il y avait une porte en face de lui. Il l'ouvrit.

Il n'effleurait plus la surface d'un autre monde, mais était totalement immergé.

Il n'y avait pas d'air ici, celui-ci étant trop dense pour les corps vides des morts. Tout le reste serait expulsé, dans le rien entre les choses.

Il pouvait voir quelques visages déformés dans des instants figés de grande émotion. Un rire, un cri. D'autres le suivaient des yeux vides, suspicieux tandis qu'il pataugeait parmi eux.

Leurs bras l'agrippaient de toutes parts, faibles au début, mais il apparut rapidement qu'il ne pouvait voir, et ne pouvait bouger. Mort tout au-dessus. Mort tout en-dessous.

La direction perdait sa signification dans la mer de cadavres. Les gens brûlaient de visages et d'histoires et de choix, emplis d'informations, sûrs que les morts ne parlent pas.

Et Adam était dans l'épaisseur des choses, coincé dans le centre du savoir que les mortels ne pouvaient connaître, des bribes d'informations enterrées ici par le personnel de Redzone.

Ont-ils ne serait-ce qu'une idée de ce qu'ils font ? Savent-ils à quoi cela ressemble ?

La prise sur le corps d'Adam se renforça encore plus. Il n'était pas passé inaperçu, et la friction contre son corps produisait de la chaleur.

Non, non, cela ne produisait pas de la chaleur. La chaleur avait toujours été ici. Les âmes familiarisaient simplement Adam avec la cuisson.

Il n'y avait rien à voir ou entendre, rien à sentir, ou goûter. Il y avait juste la pression et la chaleur d'une centaine d'âmes sur chaque centimètre carré du corps d'Adam. La masse était devenue consciente, percevant le mortel parmi elle.

La température augmenta, et le corps d'Adam fut empli de feu. Il sentit la tension dans ses bras et ses jambes : ils se détachaient de son torse. Il se faisait assimiler.

Il pressa ses membres contre son corps, loin des bras qui l'agrippaient.

Il est Adam Rowe. Pas un de la masse.

Dans sa main gauche se trouvait un appareil avec un disque sur l'avant, comme un enregistreur, un symbole des forces qui éloignent une conscience.

Sur Terre, c'était un outil. Ici, c'était une idée. Et les idées sont indivisibles.

Il appuya sur le bouton sous son pouce, et la dimension se remplit de bruit incessant, une vibration qui débuta dans son corps et s'étendit pour emplir la totalité de l'espace.

Les corps étaient repoussés, une sphère de cavitation se formant autour de lui. Chaque âme quitta la dimension comme de l'air s'échappant d'un ballon, se précipitant vers là où était leur place, comme une vague au travers du multivers.

La rougeur ralentit. Le feu se dissipa. La dimension de poche était vide excepté Adam, les informations de Redzone perdues à jamais.

Adam relâcha sa prise sur l'appareil d'exorcisme. Il resta là où il était, flottant dans l'espace, tel un gardien. Ce lieu était à présent fermé. Redzone ne pourrait plus envoyer d'autres âmes ici.

La poussière se dissipa, et Adam se retrouva de nouveau à dériver vers le haut. La dernière chose qu'il vit fut un torrent de bleu.


9 décembre 2023

Se yeux étaient encroûtés et il sentit la piqûre de la lumière du soleil. Quand il les força à s'ouvrir, il se trouvait de nouveau dans sa chambre de motel. C'était le matin.

Il vérifia son bureau, là où son contrat se trouvait, revenu à sa forme originale. Comme si rien ne s'était jamais passé. Intraçable.

Il inspira profondément, mais son souffle fut coupé par une bourrade sur la porte. Quelqu'un était en train de l'enfoncer.

Il jeta un coup d'œil autour de lui à la recherche de quelque chose pour se défendre, mais il n'y avait pas assez de temps. Chaque coup sur la porte éjectait des échardes tandis qu'une déchirure se formait dans le bois bon marché.

Quelques instants plus tard, la porte tomba vers l'intérieur dans un formidable crac.

Se tenant dans l'entrée se trouvait l'imposant agent de Redzone qu'il avait vu au café, portant toujours ses lunettes de soleil. Juste derrière lui se trouvait Samantha, les orbites en feu tandis qu'elles se frayait un chemin vers l'avant.

"Adam. Qu'avez-vous fait ?" cracha-t-elle.

Instinctivement, il leva ses mains en l'air. "Rien. Je ne pouvais- j'étais incapable de faire quoi que ce soit."

"Nous savons que c'est faux, vous avez fait quelque chose. Vous devez avoir fait quelque chose." Elle acquiesça pour elle-même. "Vous avez vraiment tout foutu en l'air, Adam."

"Je ne vois pas ce dont vous voulez parler." Il restait encore quelques heures au geis, et il lui liait la langue.

Sa bouche forma une ligne fine alors qu'elle dressait ses doigts vers lui, lançant un signe au grand agent, qui fit un pas en avant. Ils enlevèrent leurs lunettes de soleil pour révéler deux cratères balafrés là où leurs yeux auraient dû être.

Il s'approchèrent de lui et tendirent les bras vers son cou mais-

"Stop, stop !" cria Adam. "Stop." Et leurs mains s'arrêtèrent.

Il inspira un coup. "Pensez-vous que, si vous me prenez, si vous me tuez, mon père ne le saura pas ? Qu'il ne dira pas aux gens que c'était vous ?"

Adam commença à baisser ses mains. "Il connait beaucoup de monde. Ils le croient. Comment conserverez-vous votre réputation si les gens savaient que vous assassinez les employés qui étaient sous geis ? Incapables de faire ce dont vous les accusez ? Vous disiez que la confiance était tout. Vous savez que vous ne pouvez risquer cela."

Samantha pencha la tête vers lui. Après un instant, son expression neutre se tordit en un sourire vicieux.

"Vous savez, vous devriez vraiment surveiller vos arrières, Adam. Tout le monde dans cette ville n'est pas aussi laxiste que nous." Elle fit volte-face, et descendit dans le vestibule à grand pas, l'agent imposant sur ses talons.

Adam prit une profonde inspiration, lissant ses vêtements avec ses mains. Sa porte était toujours cassée. Il ne pourrait pas rester dans ce motel très longtemps. Il s'assit sur son lit, la tête posée dans ses mains.

Un instant plus tard, il sentit une main chaude dans son dos. Sa tête se tourna à gauche et il put voir, assise sur le bord de son lit, la forme bleue transparente d'une femme.

Il la regarda, et elle le fixa en retour sans un mot. Sa main tapota gentiment son épaule, et elle hocha la tête silencieusement. Puis elle était partie, évanouie entre les nuages qui survolaient Trois Portlands.

L'air était calme, et rempli de poussière. Sa chambre était en pagaille, des échardes de bois éparpillées sur le sol.

Mais il s'en occuperait demain. Pour l'instant, ça devrait bien faire l'affaire.

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