Un nouveau départ
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    Thème de Quand le Soleil se Couche (Sigma-9)
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- " Pour la semaine prochaine, vous ferez les exercices des pages 17 à 19 de votre livre…
- DRING ! DRING !
- Ah, la sonnerie ! Allez, fermez vos agendas, et sortez calmement ! Bon week-end à tous, et n’oubliez pas vos exercices pour lundi. "

Jim sortit en courant. Il jeta un coup d’œil à ses camarades de classe, certains se regroupaient pour discuter, mais lui était nouveau dans le collège et ne connaissait encore personne. Il atteint rapidement le portail et aperçut vite celui qu’il cherchait.

- "Papa !
- Coucou ! Alors c’était comment aujourd’hui ?
- Ça va, rien de spécial, c’est le début alors les profs nous font réviser les leçons de l’année dernière.
- C’est bien, ça. Et ta classe alors ? Tu commences à te faire des amis ?
- J’ai joué au foot avec quelques autres aujourd’hui, mais j’étais pas très bon alors je sais pas si je referai.
- Allons ! Faut pas renoncer aussi vite ! Je suis sûr que les autres ne sont pas si bons que ça non plus.
- Ouais peut-être. Mais sinon, on va où pour mon anniversaire demain ? Tu m’as dit qu’on ferait un super restaurant, t’as pas oublié ?
- Ah ah, bien sûr que non, mais c’est une surprise ! Tu verras demain. "


- "Enfin rentrés ! J’ai plus l’âge pour marcher autant moi.
- Dis pas ça Papa ! Et puis c’est toi qui a eu l’idée de la balade en forêt après la pizza.
- Et de ce que j’ai vu, j’ai tapé juste. Je n’allais pas juste t’offrir une pizza, c’est quand même ton onzième anniversaire !
- D’ailleurs, c’est quand que j'ouvre mes cadeaux ?
- Holà pas si vite ! Monte d’abord te décrasser, et tu as des devoirs à finir quand même. Tu les ouvriras tranquillement ce soir après le repas."

Jim monta l'escalier, laissant Marc seul dans le salon. Il était exténué. Il soupira, fatigué mais satisfait du succès de la journée. Les ombres des soucis de la vie semblaient s'estomper un instant dans la joie de son fils. Il avait préparé toute la semaine un jeu de piste dans les bois pour l’anniversaire de Jim, car il voulait le rendre inoubliable. Il était en effet inquiet pour celui-ci depuis le déménagement, et voulait lui changer les idées autant que possible. Assis dans le calme de la maison, il repensa à la décision difficile de quitter la vie qu'ils avaient connue. Les souvenirs d'une relation brisée et les défis financiers qui en découlaient étaient encore présents.

Après la disparition de sa femme l’an dernier, il avait dû se résoudre à ce déménagement, n’ayant plus les moyens de vivre en région parisienne. Celle-ci s'était évaporée, une nuit, sans explication, et ni lui ni Jim n'avaient jamais eu de nouvelles. Ce dernier s’était beaucoup renfermé après cela, et les efforts de Marc pour maintenir leur niveau de vie en cumulant plusieurs emplois n’avaient rien arrangé. Il avait fini par se résoudre à ce déménagement pour pouvoir être plus présent pour son fils, d’abord avec un sentiment d’échec, qui avait progressivement fait place à une vision plus positive, espérant que ce nouveau départ serait le moyen de guérir les blessures de Jim et les siennes.

Jim redescendit quelques heures plus tard. Entre-temps, la nuit s’était lentement installée, enveloppant la maison dans l’obscurité. Il avait hâte de manger le poulet rôti qu’avait certainement préparé son père, vu l’odeur qui montait jusqu’à sa chambre. Un frisson parcourut son échine à peine arrivé en bas, il faisait froid. Il vit que la table n’était qu’à moitié mise et trouva son père affalé dans le fauteuil, marmonnant en se tenant la tête. Entendant Jim, Marc se redressa, le fixant d’un visage déformé par une expression entre tristesse et colère.

- "Papa, tout va bien ?
- …
- Papa, qu’est-ce qu’il se passe ?
- On était heureux avant… avant qu’elle parte… avant qu’on se retrouve dans ce trou !
- Papa ? Tu me fais peur !
- C’est pour toi qu'on est là, pour que t'ailles enfin bien!
- P..p..pourquoi tu dis ça ?
- J’ai tout fait, tout donné pour toi, j’ai dû enchainer trois boulots pendant des mois et tout ça pour quoi ? Pour que tu t’isoles après un simple foot !?
- Mais…
- Tu ne dois pas renoncer ! Pas comme ça ! Je peux pas avoir fait tout ça pour rien !"

Jim, tremblant, ne put rien faire d’autre que remonter en courant dans sa chambre, entendant les pleurs de son père depuis le salon une bonne partie de la soirée avant de s’effondrer d’épuisement dans son lit.

Le lendemain matin, c’est Marc qui réveilla son fils. Jim entrouvrit doucement les yeux, et ne put retenir un mouvement de recul en distinguant le visage de son père.

- "Oh là ! C’est moi qui te fais peur comme ça ?
- Papa ? T…t…tout va bien ?
- Ce serait plutôt à moi de te poser la question visiblement.
- Oui, oui, ça va… mieux… mais j’ai pas bien dormi avec ce que tu m’as dit hier soir.
- Ce que je t’ai dit ?
- Oui, qu’on était là pour moi, que t’avais beaucoup travaillé. Je suis désolé papa, je savais pas que je t’avais obligé à faire autant de choses, que ça t'avait fait du mal…
- Hein ? Ne dis pas des choses comme ça, tu ne m’as jamais fait de mal ! Je n’ai jamais dit ni pensé quelque chose comme ça. Tu as dû faire un cauchemar, regarde, tu as dormi habillé. Et moi je me suis réveillé dans le canapé ce matin. Je crois bien qu’on s’est tous les deux effondrés de sommeil hier soir !
- Un cauchemar ? T’es sûr ?
- Évidemment ! Tu es mon fils et je t’aime, jamais je ne penserai ce que tu m’as dit là. Bien sûr, ça n’a pas été facile quand ta mère est partie, mais au contraire, c’est parce que t’étais là que j’ai pu tenir.
- C’est vrai ?
- Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer ! Allez, va te préparer, et on réfléchira à ce qu’on peut faire aujourd’hui."


- "Hey Marc ! C'est toujours ok pour boire un coup ce soir ?
- Oui bien sûr ! En plus Jim dort chez un ami cette nuit, donc je suis libre comme l'air !"

Marc était plutôt heureux dans son nouvel emploi. Ses revenus avaient un peu baissé, bien sûr, mais c'était largement compensé par la baisse du coût de sa nouvelle vie, et puis ses collègues étaient très sympas, il avait vite trouvé sa place dans l'entreprise. Il se réjouissait, cette sortie était la cinquième qui lui était proposée depuis son arrivée l'an dernier, mais la première à laquelle il avait pu répondre positivement. Ça ferait sans doute aussi du bien à Jim de dormir chez un ami.

Jim s'était encore plus renfermé depuis leur emménagement, ne parlait plus que de façon très évasive et écourtait au maximum les conversations. Il passait le plus clair de son temps dans sa chambre, et Marc avait retrouvé à plusieurs reprises des objets cassés à l'étage. Niveau scolaire, ses résultats avaient un peu baissé, mais pas de façon alarmante. Les professeurs principaux de Jim en sixième et cinquième l'avaient rassuré sur son comportement en classe, décrit comme un élève discret mais agréable, et l'avaient également invité à lui laisser du temps au vu de tous les changements auxquels il avait dû faire face ces deux dernières années. Mais au moins pour une soirée, Marc allait pouvoir mettre tout ça de côté.

Jim était excité à l'idée de passer la soirée chez son ami Tom. Ce dernier était l'un de ses rares amis au collège, qui avait su franchir le voile qui s'était déployé entre lui et le monde extérieur. En effet, Jim, souvent plongé dans ses pensées, luttait pour suivre ses cours et n'avait plus la concentration nécessaire pour les conversations anodines qui semblaient faciles aux autres. Il se faisait beaucoup de souci pour son père, dont il redoutait chaque nouvelle crise. Mais au moins pour une soirée, Jim allait pouvoir mettre tout ça de côté.


-"Je suis venu aussi vite que j'ai pu, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Vous l'entendez non ? il s'est enfermé dans la chambre de Tom et il crie, et il a poussé notre aîné au sol aussi, ça lui a fait une méchante plaie au crâne, heureusement que le médecin vient encore à domicile.
- Je… je suis terriblement confus, mais pourquoi vous avez attendu le matin pour m'appeler ?
- Croyez moi que si ça avait été ça toute la nuit, vous auriez été prévenu avant ! On n'a pas compris, les enfants ont bien joué toute la soirée, aux jeux-vidéo, puis à chat, cache-cache, des jeux d'enfants quoi. Et là ce matin, on est réveillés par des cris, on trouve le grand inconscient au sol et Tom dans le couloir. Je vous parle pas de l'état du couloir d'ailleurs !
- Écoutez, je suis terriblement désolé, je vais récupérer mon fils, et je vous dédommagerai s'il y a eu des dégâts bien entendu.
- Vous savez, c'est une petite communauté ici, on est au courant que ça a pas été facile pour vous et Jim avant, mais là vous devriez peut-être l'emmener voir quelqu'un non ? Qu'il puisse parler, évacuer ou je ne sais quoi d'autre, parce que là bon…
- Vous avez peut-être raison… encore désolé pour tout ça en tout cas…"


- "… Comme je vous disais, ça peut plus durer là ! Plus de deux ans qu'il est suivi par un pédopsychiatre, et il n'y a aucun progrès ! Quand je pense qu'à chaque fois c'est presque 1 h 30 de bagnole aller-retour pour aller voir ce bon à rien ! Et non seulement ça, mais son comportement est de pire en pire ! Vous voyez ça ? Et ben c'est lui ça ! Heureusement que votre collègue a pu me prendre en charge rapidement ! Mais c'est plus possible docteur, il faut faire quelque chose, il faut m'aider !"

Marc exhibait devant la psychiatre des urgences et l'interne qui l'accompagnait son avant-bras droit sur lequel on pouvait observer une plaie récemment suturée, révélatrice de l'usage d'un couteau. De l'autre côté de la pièce, Jim, mutique, observait la scène d'un air terrifié, voyant son père sortir à la suite de la psychiatre.

Cela faisait longtemps qu'il avait renoncé à expliquer à quelqu'un ce qu'il vivait vraiment. Il avait essayé une fois, au collège, mais cela avait fini de le marginaliser après l'épisode de chez Tom. Il avait compris à ce moment là qu'il allait devoir affronter ça seul, isolé dans sa propre tragédie. Jim s'était adapté, autant qu'il avait pu, il avait compris avec le temps que si personne ne le voyait à la nuit tombée, rien ne se produisait. Alors tous les jours il guettait avec appréhension le soleil, et s'assurait d'avoir mangé et d'être enfermé dans sa chambre avant qu'il se couche. Tous les soirs, il plaçait une chaise sous la poignée de porte, fermait ses volets et coinçait un drap dans l'encoignure de la fenêtre. Mais chaque erreur de timing, chaque sortie pour aller aux toilettes amenaient à un sinistre rappel de sa situation. Et le jour ne constituait qu'un maigre réconfort, un fossé avec son père s'étant fortement creusé en réaction à tout ça. Leurs relations se limitaient maintenant à un simple bonjour et quelques échanges basiques de courte durée.

Tous revinrent quelques minutes après.
-"Écoute Jim, on a discuté un peu de toute votre situation avec ton père, et on pense que tu es très malheureux actuellement. Et quand on est en détresse, on peut pas toujours s'en sortir tout seul. Ton père est très inquiet pour toi, et je suis sûre que vous faites tous les deux tout ce que vous pouvez, mais là tu as besoin de notre aide. Il faut que tu puisses faire un séjour de rupture par rapport à la maison, et que tu puisses être traité pour aller mieux, pouvoir parler et trouver des solutions. C'est pour ça qu'on va organiser une hospitalisation, dans un service de pédopsychiatrie. Tu verras, au début personne n'est très content de devoir aller en psychiatrie, mais on pense que ça peut vraiment t'aider.
- Vous voulez dire dans un service d'hôpital ? Avec d'autres patients ? Des infirmiers, des médecins ? Qui sont tout le temps là ?
- Oui c'est un peu ça, mais rassure-toi, tu auras une chambre dans laquelle tu pourras t'isoler si tu en as besoin".

Il n'en fallut pas plus à Jim pour essayer de sortir de la pièce. Il pouvait se débrouiller à peu près à la maison, mais dans un hôpital, face à plein de gens qui lui feraient du mal dès la tombée de la nuit, c'était trop dangereux !

-"Une fugue, rattrapez-le ! Monsieur, sortez s'il vous plait ! José, tu me prépares un Tercian 50 IM !"

Jim fut rapidement rattrapé, et son transfert vers l'unité dont lui avait parlé la psychiatre se fit au cours de la journée. Il y fut bien accueilli, mais les mots réconfortants et les sourires des soignants étaient inefficaces à percer son angoisse, trop envahi par un brouillard d'appréhension à l'approche de la nuit à venir.

Il s'était enfermé dans sa chambre dès qu'il avait pu, refusant de sortir pour le dîner, prétendant ne pas avoir faim. Les infirmiers, bien qu'inquiets, lui avaient laissé son repas dans la chambre pour respecter son besoin d'isolement, pensant qu'il avait besoin de temps pour s'adapter. Jim se dit qu'il pourrait peut-être éviter le pire finalement.

Mais la ronde de nuit, une procédure standard de l'unité pour assurer la sécurité des patients, fut l'étincelle qui déclencha l'incendie. Lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit légèrement et qu'une infirmière apparut pour vérifier qu'il allait bien, un frisson d'horreur traversa le corps de Jim. Il vit dans le regard de la soignante un changement, une lueur étrange, légèrement rougeâtre. Paniqué, il recula instinctivement, alors que l'infirmière élevait la voix, réveillant d'autres occupants de l'unité. Ces derniers, sortant de leurs chambres au fur et à mesure pour chercher l'origine du bruit, tombèrent tous sous l'emprise du même phénomène. Leurs ombres semblaient se regrouper en une seule silhouette, énorme. Et tous parlèrent alors d'une seule voix, leurs visages figés dans un sourire malsain :

-"Tu ne veux pas me voir, Jim ?"

Jim, pourtant rompu aux changements nocturnes de son père, fut saisi d'une frayeur qu'il n'avait jamais ressentie auparavant.

-"Pourquoi tu me fuis, Jim ?
- Qu… Qu… Que…
- Ça fait tellement d'années maintenant que tu me fuis. On aurait pu bien s'entendre, Jim.
- M… Mais c'est quoi ce bordel ? Elle sort d'où cette voix ? Putain, mais t'es quoi ?!
- Je suis ton ami, Jim. J'ai grandi avec toi, tout ce temps. Et je t'ai parlé aussi, ou plutôt je t'ai montré, les dangers de la vie, le vrai visage du monde. Mais tu ne m'as jamais écouté, tu as voulu me chasser. Alors maintenant, c'est moi qui vais te chasser."

L'ombre gigantesque se dissocia alors, en même temps que les possédés se jetaient sur lui.


Cela faisait presque un an que Jim vivait à la rue, ses journées se fondant les unes dans les autres dans une lutte constante pour la survie. L'adolescent, désormais habitué à la dureté du bitume et aux regards méfiants ou indifférents des passants, avait appris à naviguer dans l'ombre des ruelles et à chercher refuge dans les interstices oubliés de la ville. Sa fuite de l'hôpital psychiatrique lui semblait à la fois proche et lointaine, un cauchemar persistant dont il ne s'était pas vraiment éveillé. Il ne comprenait toujours pas comment il s'en était sorti cette nuit-là, mais la perte de deux de ses doigts lui rappelait chaque jour qu'il aurait facilement pu en être autrement.

Jim avait maigri, ses traits tirés par le manque de nourriture régulière et les nuits sans sommeil. Il avait appris à s'isoler, à dormir caché sous des ponts, dans des bâtiments abandonnés, ou n'importe où loin des regards. Mais même dans ces cachettes précaires, la peur ne le quittait jamais totalement. Il savait qu'il suffisait d'un regard, d'une présence inopportune à ses côtés à la tombée de la nuit, pour que le cauchemar recommence.

Et cette nuit-là, ça n'était pas un mais sept regards qui le poursuivaient. Jim avait croisé un autre sans-abri dans sa recherche d'un refuge, et sa fuite avait attiré l'attention d'un groupe d'amis en sortie nocturne. Le groupe, maintenant mu par une volonté unique, poursuivait Jim sans relâche dans le dédale des ruelles sombres. Juste au moment où il sentait ses forces l'abandonner, une voix sur le côté le héla fermement :

-"Par ici, vite ! Monte dans la voiture !"

Il ne fallut pas lui dire deux fois, Jim sauta par la portière ouverte, ayant perçu sans avoir eu le temps d'y réfléchir que l'homme n'avait pas perdu le contrôle de lui-même en l'apercevant. Après avoir redémarré, ce dernier lui tendit une bouteille d'eau.

-"Tiens, ça te fera du bien. Tu es en sécurité maintenant.
- …
- Eh bien ? Je viens de te sauver de ces fous furieux, je vais pas te manger t'inquiète !
- Vous seriez bien le premier.
- C'est-à-dire ?
- J'ai pas envie de rentrer dans les détails, mais ça m'intrigue que vous soyez pas tombé comme les autres, c'est quoi votre truc ?
- Mon truc ? J'ai pas besoin de truc pour ne pas agresser le premier gosse perdu que je vois. Et pour tout te dire, si je patrouille à cette heure-là, c'est justement pour aider les gens victimes du paranormal. Je sais pas pourquoi je te parle de ça cela dit, t'auras tout oublié d'ici quelques heures de toute façon.
- Oublié ? Vous vous foutez de moi ? Ça fait des années que cette chose me poursuit, elle a ruiné ma vie !
- Des années ? Comment ça des années ? Attends, tu te souviens ?
- Il suffit que je croise n'importe qui pour que cette chose le possède et essaie de me buter, évidemment que je me souviens ! Vous êtes le premier à qui ça arrive pas depuis mes onze ans.
- Ok je crois que je comprends. Juste une question pour être sûr : les autres, les possédés comme tu dis, c'est déjà arrivé qu'ils se souviennent de leur possession ?
- Je me suis jamais vraiment attardé pour leur taper causette au petit matin, mais mon père se souvenait pas non, et la famille de Tom non plus.
- Alors je crois que je peux faire quelque chose pour toi. T'es pas le seul à te souvenir, et moi non plus, on est un certain nombre comme ça. Et si ils sont immunisés aussi, on peut te fournir un refuge, et essayer de comprendre comment marche ton problème pour t'en débarrasser.
- V… Vous pouvez vraiment faire ça ?
- Je te garantis rien, on n'est pas une multinationale, mais au moins t'auras des gens qui te comprendront, et tu pourras dormir tranquille. Pas d'obligation hein ! Tu me dis non et je te dépose où tu veux dès que le soleil se lève.
- Non, attendez… Je… Je veux bien essayer. J'ai plus rien à perdre de toute façon."

Jim s'endormit rapidement après ça, pendant que l'inconnu le conduisait vers une nouvelle destination. Juste avant de fermer les yeux, il put apercevoir une pile d'affiches à côté de lui.

Ce que vous avez traversé durant cette nuit n'était pas qu'un rêve.

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