Transcription Epsilon-12-1555
Contexte : La FIM Epsilon-12 ("Ingénieurs du Bâtiment ", à présent disparue) était une Force d’Intervention Mobile formée dans le but d’explorer les installations industrielles et les bâtiments présentant des anomalies. Ce rapport est celui de leur dernière expédition : une mission de sauvetage pour récupérer l’Agent Harris, perdu après quarante-cinq (45) minutes d’investigation préliminaire de SCP-1555.
Alpha : Tout le monde a sa combinaison et sa radio allumée ?
<Confirmation de l’équipe.>
Alpha : Vérification interne.
Bêta : Nitrox et heliox prêts et chargés.
Delta : Prêts et chargés.
Gamma : Prêts et chargés.
Alpha : Filtration ok.
Bêta : Filtre prêt.
Delta : Filtre prêt.
Gamma : Une minute. [mouvements.] Filtre prêt.
Alpha : Delta, vérifiez le filtre de Gamma.
Delta : Il est prêt.
Alpha : Vérification des valves et de la pressurisation.
<Sifflements pendant que les tenues de la FIM se pressurisent.>
Bêta : Valves fermées et étanches.
Delta : Valves fermées.
Gamma : Valves fermées.
Alpha : Vérification télémétrique.
Base : Câble, radio, et VLF à 100 %. Optique à 100 %. Pneumatique scellé et évacué.
Alpha : Vérification de l’équipement.
Bêta : Fusil ok. Pistolet ok.
Delta : Pistolet ok. Caméras ok.
Gamma : Pistolet ok. Pack d’analyse ok.
Alpha : Ok les gars. On entre, on ressort, et on en profite pour faire notre petit boulot de détectives au passage. Voyons voir si on peut retrouver l’Agent Harris. Communicateurs internes branchés.
[La FIM entre par la porte de SCP-1555.]
Bêta : Des tuyaux partout.
Gamma : Ouaip.
Delta : D'autres tuyaux.
Alpha : Oui, le rapport préliminaire disait déjà que c’était rempli de tuyaux. Base, on va continuer d’avancer et vous confirmer qu’il y a une méga-tonne de tuyaux.
<Un bruit métallique dans le micro externe de Delta.>
Delta : On ne dirait pas qu’il y ait quoi que ce soit dans celui-ci. Ou alors c’est que j’entends mal à travers le casque.
<Un autre bruit métallique.>
Delta : Celui-là siffle. Probablement de la vapeur.
<On entend le bruit du déclencheur de l’appareil photo de Delta.>
Alpha : Continuons.
<Cinq minutes de silence tandis que la FIM s’enfonce dans la montagne.>
Gamma : Vous savez, pour un endroit inexploré, c’est affreusement propre. Les tuyaux sont brillants, comme neufs. Pas de poussière.
Bêta : La majorité de la poussière est constituée de particules de peau humaine, tu sais.
Gamma : Super, merci de l’info…
Delta : C’est peut-être à cause des tuyaux.
Alpha : Restez vigilants. On ne sait pas s’il n’y a que des tuyaux, et l’Agent Harris est quelque part là-dedans.
<Deux minutes de silence.>
Alpha : Base, le couloir s’agrandit. Nous sommes dans une salle plus grande et il y a beaucoup plus de tuyaux. Des valves, aussi. Certaines ont des inscriptions dessus.
Gamma : "Gaz de remplacement."
Bêta : Celui-ci dit "Émulsion".
Gamma : J’envoie une photographie.
<Le déclencheur de l’appareil-photo de Delta fait un bruit. Photographie transmise par câble optique.>
Base : Pouvez-vous prendre des échantillons ?
Gamma : Pas de souci.
<Gamma travaille pendant plusieurs minutes, attache des isolateurs à des tuyaux et perce des trous. On entend des sifflements variés.>
Gamma : Base, j’ai deux tuyaux sous vide et quatre qui contiennent de la vapeur. Le spectromètre de masse dit que le "gaz de remplacement" est constitué de vapeur de plomb. Un truc épais et jaune est sorti du tuyau "émulsion". J’envoie un échantillon. L’air est complètement pur, au passage. Très exactement 25 % de dioxygène pour 75 % de diazote.
[Gamma envoie une fiole d’échantillons par le tube à prélèvements sous vide. La substance s’avère être de la peinture au latex jaune avec une quantité significative de molécules d’argent.]
Base : Échantillon reçu. Continuez dès que vous êtes prêts.
Gamma : Quelque chose vient de passer au niveau du trou que j’ai fait sur ce tuyau. Je crois que c’était une capsule pneumatique.
Alpha : Continuons.
<22 minutes de silence (vérifications de statut exceptées) tandis que la FIM avance dans le SCP.>
Gamma : Stop. Radiations.
Alpha : Génial. Combien ?
Gamma : Inoffensives là où on est. Attendez, j’ai une sonde télescopique.
Gamma : Apparemment c’est toujours inoffensif dans trois mètres, mais ça a légèrement augmenté.
Base : Avancez, la télémétrie dit que vos combinaisons vont vous protéger d’un niveau aussi faible.
Alpha : Il y a une autre pièce. Encore plus de tuyaux qui sortent des murs et y re-rentrent.
Base : Avancez.
Alpha : Toujours autant de tuyaux. Il y a une sorte de machine au centre ; beaucoup de tuyaux y sont connectés. Toujours aucun signe de Harris.
Delta : J’envoie une photo.
<Le déclencheur de l’appareil-photo de Delta fait un bruit. Photographie transmise par câble optique.>
Base : Une minute, les gars. Il faut qu’on fasse des recherches.
<Deux minutes de silence.>
Base : Bon. Alpha, ce que vous avez là, apparemment, c’est un petit réacteur nucléaire. On dirait un modèle de réacteur naval des Etats-Unis.
Alpha : Merde.
Bêta : On n’est pas sur un putain de bateau. C’est quoi ce bordel ?
Delta : Je ne vois aucun tableau de contrôle. Pas de fenêtre de salle de contrôle non plus.
Gamma : Les gars, éloignez-vous de ce tuyau. Il est radioactif.
Base : Pouvez-vous prendre un échantillon ?
Gamma : Pas de souci.
<Trente secondes de bruits métalliques se font entendre tandis que Gamma installe un isolateur et perce un trou.>
Gamma : Le spectromètre dit que c’est de l’uranium hexafluoride. Pas question de toucher à ce- Putain de merde !
<Un fort bruit de ventilation se fait entendre.>
Alpha : Merde ! Courez ! Par ici !
<Une minute de respirations paniquées tandis que l’équipe fuit la salle du réacteur.>
Gamma : Ce putain de truc de merde s’est pressurisé à toute vitesse et a explosé l’isolateur. J’ai du putain de gaz radioactif partout sur moi.
Alpha : Base, préparez une tente de décontamination à l’entrée.
Base : Roger.
Alpha : Gamma, il doit y avoir une pilule KI dans le troisième emplacement de votre casque. Prenez-la.
Bêta : Putain de tuyaux.
Delta : Ouais.
Alpha : Que dit le dosimètre ?
Gamma : Ma combinaison est radioactive, et je vais avoir un putain de cancer, mais je suppose que je vais survivre à cette journée.
Base : Etes-vous en mesure de continuer, Alpha ?
Alpha : Roger, Base. Ne touchons plus à aucun de ces foutus tuyaux.
Delta : Tu l'as dit.
Bêta : Je ne toucherai plus jamais un seul tuyau de ma vie.
Gamma : La couche extérieure de ma combinaison est en train de tomber en morceaux.
Base : C’est probablement à cause du gaz corrosif dont vous venez d’être aspergé. Ne vous inquiétez pas, on est en train de préparer la tente de décontamination.
Gamma : La décontamination ne soigne pas le cancer.
Base : Ne soyez pas si sûr de ça.
Alpha : On continue.
<15 minutes de silence, vérifications de statut exceptées.>
Alpha : On arrive au niveau de plusieurs panneaux de signalisation. Les tuyaux s’enfoncent dans le mur et il est recouvert de panneaux. Il y a une autre pièce. On dirait qu’il y a un grand puits au milieu – il part en diagonale de part et d’autre de la pièce. Il y a des dizaines de tuyaux suspendus au plafond qui descendent droit dedans par le centre.
[A ce stade, les instruments indiquent que la FIM se trouve près du centre de la montagne, à quatre-cent mètres du sommet.]
Bêta : Ce sont tous des signaux de danger. Celui-ci est en allemand.
Gamma : La sonde dit qu’il n’y a pas de radiations, mais pas d’oxygène non plus. Une minute.
Gamma : Putain, l’atmosphère est composée d’hélium là-dedans. Il n’y a aucune séparation physique, mais elle change.
Base : Avancez prudemment.
Alpha : Roger. On avance.
Bêta : Et on ne touche à aucun foutu tuyau, cette fois.
[Toute la télémétrie électronique est instantanément coupée. Les communications par lien optique fonctionnent toujours et le tube à prélèvements est toujours fonctionnel ; les microphones externes sont hors d’usage. La communication vers la FIM passe désormais en Morse.]
Base : STATUT
Alpha : Tous les composants électroniques sont morts dès qu’on a franchi le seuil.
Alpha : On est de retour dans le couloir, mais mon matos ne remarche pas pour autant.
Gamma : Pack d’analyse mort.
Bêta : Mon fusil fonctionne toujours.
Gamma : Bon Dieu, ne tire pas là-dedans. Tu risques de toucher un tuyau.
Bêta : Putain de tuyaux.
Alpha : La prochaine fois, vérifie que ça fonctionne sans ouvrir le feu, Bêta.
Delta : Mon DSLR est mort. J’ai un vieil appareil-photo Pentax mécanique dans mon sac. Une minute.
Delta : J’ai juste une pellicule en noir et blanc haute vitesse. J’espère juste que Gamma ne l’a pas voilée en restant à côté de moi.
Gamma : Ma combinaison n’est pas radioactive à ce point.
<Courte pause.>
Alpha : Putain de merde ! Ma radio brûle !
Alpha : Que tout le monde enlève ses modules électroniques !
Alpha : Tout ce qui est électronique vient de prendre feu.
Gamma : J’ai jeté le pack d’analyse dans la zone pleine d’hélium. Il n’est pas en feu, mais il est en train de fondre sur le putain de sol.
Delta : Base, j’espère que vous avez reçu les photos que j’ai prises tout à l’heure. Ma carte-mémoire a littéralement grillé.
Base : ON LES A
Alpha : Base, quels sont les ordres ?
Base : ATTENDEZ
[4 minutes prises par les discussions des chercheurs.]
Base : CONTINUEZ MAIS REVENEZ SI DANGER EVIDENT
Alpha : Roger. On avance.
Bêta : Mon Dieu, on continue encore plus loin ?
Delta : Il y a une échelle sur l’un des murs du puits. Pourquoi est-ce qu’il y a une échelle alors qu’il n’y a personne dans ce foutu bâtiment ?
Gamma : On dirait qu’il y a des lignes électriques à haute tension le long du côté droit, à en juger par les isolateurs en céramique. Les lignes elles-mêmes ne sont pas isolées. Passons plutôt à gauche.
Alpha : Ouvrons l’œil, les gars.
Alpha : Il y a une sorte de force qui me pousse vers le bas du puits.
Delta : J’ai un niveau à bulles, c’est peut-être une anomalie gravitationnelle.
Delta : Je vais contrôler la zone – j’ai vu des gens se faire déchirer par des forces gravitationnelles contraires dans une grange, une fois. Ça n’était pas joli.
Gamma : C’est juste le putain de vent qui souffle dans le puits et tu es un foutu crétin.
Bêta : Ah oui, je l'entends.
<7 minutes de silence.>
Alpha : Il y a un couloir qui part vers la gauche. Allons voir.
Alpha : Bordel de merde. On a trouvé Harris.
Base : STATUT
Alpha : Il manque la moitié de son corps. La coupure est hyper nette.
Base : POURQUOI
Alpha : Je ne vois rien de spécial.
Bêta : Il y a un couloir, là-bas.
Alpha : Enquêtons.
<1 minute de silence.>
Bêta : Mon Dieu ! Stop stop stop stop !
Alpha : Qu’est-ce qu’il y a ?
Bêta : Le canon de mon putain de fusil vient d’être découpé !
Bêta : On dirait qu'il y a un genre de fente dans le couloir. Elle en fait tout le tour.
Bêta : Et dès que la moindre merde essaie de la franchir, elle se fait hacher menu.
Delta : C’est quoi ce bordel par terre ?
Bêta : Des morceaux de mon foutu fusil et- oh mon Dieu.
Gamma : Je vais vomir.
Alpha : Pas question que tu vomisses dans cette combinaison.
Alpha : Base, on a trouvé l’autre moitié de Harris.
Base : STATUT
Alpha : En tous petits morceaux partout sur le foutu sol. On dirait du sable.
Delta : Si on regarde très attentivement, on peut voir quelque chose de tendu entre le sol et le plafond au niveau de la fente. On dirait des fils extrêmement fins.
Alpha : Demi-tour.
<On entend un bruit violent.>
Gamma : Qu’est-ce que tu fous, Bêta ?!
Bêta : Pas moyen d’utiliser ce fusil de merde sans canon. Au moins, maintenant on sait que c’est capable de déchiqueter intégralement un fusil.
Delta : Cassons-nous d’ici.
<1 minute de silence.>
Alpha : On remonte par le puits.
Bêta : Le vent monte, maintenant.
Delta : Il nous suit.
Bêta : Ça devient plus fort. L’échelle est en métal. Les gars, actionnez vos- et merde, les aimants ne marchent plus non plus.
Alpha : Tenez-vous juste bien à la rampe qui est à côté.
Alpha : Et merde, ce truc doit être en gallium ou quelque chose comme ça. Elle a fondu quand je l’ai touchée.
Alpha : Accrochez-vous. Si ça continue de souffler plus fort, mettez-vous juste sur le côté et on se tiendra les uns les autres.
<3 minutes de silence.>
<Le bruit du vent est soudainement audible à travers les combinaisons.>
Bêta : Merde !
Alpha : Bêta, par ici !
Bêta : Ça souffle de travers, putain ! Il n’y a aucune grille d’aération qui permettrait ça !
Delta : Il y a une grille sur ce tuyau. Regarde.
Bêta : MERDE !
<Un grand bruit se fait entendre via la combinaison de Bêta.>
Bêta : Les gars, je suis tombée sur les putain de fils électriques !
Alpha : Accroche-toi à un des tuyaux et dégage de ces câbles- ta combinaison est isolante, elle peut tenir le-
Bêta : Les fils sont brûlants ! Ils sont en train de brûler à travers la putain d’isolation !
Alpha : Tiens bon !
Bêta : Je peux plus tenir, je-
[Le lien optique de la combinaison de Bêta est coupé. Son tuyau sous vide renvoie de l’hélium vers la base.]
Gamma : Nielsen !
Alpha : Putain de bordel de merde !
Delta : Cassons-nous de là ! Le vent redescend de nouveau !
Gamma : Saletés de tuyaux de merde !
<Quatre minutes de respiration haletante.>
Alpha : Base, vous êtes toujours là ?
Base : OUI
Alpha : On va ressortir. Bêta est morte – les câbles ont carbonisé sa combinaison et l’ont grillée. On a scellé le tube – est-ce que ça fonctionne de nouveau ?
Base : OUI
Delta : Le couloir tourne à gauche. Il n’allait pas dans cette direction quand nous sommes arrivés, merde.
Gamma : Le filin de sécurité passe par là, pourtant.
Alpha : Base, tendez le filin, s’il vous plait ?
Base : OK
Alpha : Il est tendu. On avance.
<Six minutes de silence.>
Alpha : Les murs ont changé. Ils ne sont plus en béton, on dirait des plaques d’acier riveté, maintenant.
Gamma : Peints couleur olive.
Alpha : Il y a une autre pièce droit devant. On va devoir la traverser pour sortir.
<Une minute de silence.>
Alpha : Il y a un putain de lac là-dedans. Il est foutrement profond et il y a une tonne de tuyaux qui plongent dedans.
Delta : C’est gigantesque, bordel – il doit faire un bon kilomètre de large. Il y a des lampes halogènes partout au plafond.
Alpha : Base, je croyais qu’on était toujours dans la montagne. Elle ne peut pas être aussi grande que ça.
Base : MINUTE
Base : VOUS ETES DS LA MNTGN. 1200 M DE FILIN SORTIS
Delta : Il y a des lumières sous l’eau. Regardez.
Gamma : Elles sont bleues. On dirait – On dirait que le lac est rempli de réacteurs nucléaires.
Gamma : Le tube de prélèvements marche toujours, hein ?
Base : OUI
Gamma : J’envoie un échantillon d’eau.
<Deux minutes passent.>
Gamma : Vous l’avez ? On n’a que deux jours d’air qui restent.
[La fiole d’échantillon arrive à la base, quatre minutes après les estimations prévues. L’échantillon déclenche les alertes de radiation à son arrivée.]
Base : GO GO GO - DANGER – ECHNTLN TRES RADIOACTIF
Alpha : Putain de merde, on y va ! Suivons le filin !
<Trois minutes de respiration rapide.>
Alpha : Stop. On va s’arrêter un moment.
Gamma : Ça me va.
Delta : Je vais – MERDE !
<Un choc métallique se fait entendre à travers les combinaisons.>
Alpha : C’est quoi ce BORDEL ?!
Delta : Je me suis adossé à un foutu tuyau et il s’est détaché du mur !
Gamma : Il est rempli de putain de souris !
Alpha : Base, on a des souris. Des souris qui sortent d’un tuyau.
Delta : Des milliers et des milliers de souris.
Gamma : Putain de tuyau rempli de souris.
Gamma : PUTAIN DE SOURIS ! PUTAIN DE TUYAU !
<Plusieurs coups de feu se font entendre à travers les combinaisons.>
Alpha : ARRÊTE DE TIRER, Gamma !
Gamma : Putain de tuyaux !
Delta : Tu en as touché un là-bas – il fuit.
Gamma : Oh non.
Alpha : Gamma, donne-moi ton pistolet.
Gamma : Oui, monsieur.
Alpha : Il y a une sorte de nuage tourbillonnant qui en sort. Pas moyen de savoir si c’est du gaz ou de la vapeur.
Alpha : Il faut qu’on avance.
<Deux minutes de silence.>
Delta : Oh mon Dieu, c’est affreusement froid. De l'azote liquide ou un truc du genre.
Alpha : Passez aussi vite que vous pouvez.
Gamma : Les articulations de ma combinaison sont en train de geler.
Delta : La mienne est ok – la couche extérieure de la tienne devait servir à ça.
Gamma : Saletés de tuyaux de merde.
Alpha : Il y a des souris gelées partout par terre.
<Deux minutes de silence.>
Gamma : Je ne peux plus plier mes coudes.
Alpha : Continue juste d’avancer.
<Une minute de silence.>
Gamma : Quelque chose est tombé de mon pack d’air – mon air est en train de se refroidir.
Delta : Le mien est ok.
Alpha : On dirait que le réservoir est exposé – il faut qu’on sorte de là.
<Une minute de silence.>
Gamma : Les gars, mes putain de poumons sont en train de geler, et les genoux de ma combinaison deviennent raides – Vous me traînerez s’ils gèlent ?
Alpha : On va te tirer de là, Gamma.
<Deux minutes de silence.>
Gamma : Les gars, mes genoux sont bloqués. Je vais tomb-
<Un bruit de cassure se fait entendre.>
Alpha : Merde ! Gamma !
Delta : La visière de son casque est brisée. Il est mort. Coupe son fil.
Alpha : Bon Dieu de merde !
[Le lien optique de la combinaison de Gamma est coupé. Le tuyau sous vide reçoit de l’hydrogène à une température quasiment cryogénique, pendant plusieurs secondes.]
Alpha : Foutons le camp d’ici.
<Six minutes de silence.>
Alpha : Le couloir se sépare en deux.
Delta : C’est plus chaud par ici.
Alpha : Voilà l’autre bout de ce tuyau que Gamma a démonté. On dirait qu’il est vide.
Delta : Il y a un bruit de vent qui en sort. Ça doit être pneumatique.
Delta : Putain de merde.
Alpha : Qu’est-ce que tu fous ?!
Delta : Je n’ai touché à rien ! J’étais juste à côté et il s’est mis à projeter des poils de souris !
Delta : Cassons-nous juste d’ici.
<28 minutes de silence.>
Alpha : Il y a une salle plus grande, ici, et les tuyaux s’enfoncent de nouveau dans le mur. On entre.
Alpha : La pièce est très haute de plafond – cinq ou six étages, on dirait. A mi-hauteur les murs semblent recouverts d’amiante.
Delta : Il y a un tuyau ici – il dépasse du plafond sur un demi-mètre environ.
Delta : Merde – quelque chose vient d’en tomber.
Alpha : Retourne dans le couloir !
<Un bruit de verre brisé se fait entendre à travers les combinaisons de l’équipe.>
Alpha : Mais qu’est-ce que…?
Delta : Pourquoi ? Pourquoi ce truc a fait ça ?
Alpha : Base, ça a largué une jarre alimentaire remplie de poudre jaune.
Alpha : Gamma avait les fioles d’échantillons. Pas question de retourner là-bas.
Delta : Je vais utiliser la boîte de la pellicule photo.
Alpha : Bonne idée.
Alpha : Échantillon envoyé.
Base : OK
<35 minutes de silence, ponctué par des bruits de verre brisé.>
[L’échantillon arrive, 33 minutes après les estimations prévues.]
Base : REÇU - MINUTE
Base : ECHNTLN 50 SOUFFRE 50 SUBST BIO INCONNUES
Base : ATTENDEZ OK
Alpha : Pas de problème – on peut bien se reposer un moment.
[23 minutes passent tandis que la base analyse l’échantillon.]
Base : FAIT
Base : RESTE EST 50 POLLEN ARBRE – CHÊNE ROUGE
Alpha : Je m’attendais bien à un truc complètement inutile.
Alpha : On y va. Si on suit le filin, on finira bien par ressortir.
<Douze minutes de silence.>
Alpha : Tous les tuyaux s’enfoncent de nouveau dans le mur. Il y a quelque chose sur les murs droit devant.
Alpha : On dirait que le mur est couvert de tuyaux ouverts du sol au plafond.
Alpha : Avançons et espérons qu’ils ne nous recouvrent pas de gelée ou d’un truc de ce genre.
<Trente secondes de silence.>
Delta : Attends une seconde.
Delta : Ils sont chargés ! Ce sont des putain d’armes à feu !
Alpha : Oh merde ! Cours !
Delta : Ils s’arrêtent là-bas !
<Quinze secondes de respirations paniquées.>
<Une énorme quantité de détonations d’armes automatiques se fait entendre à travers les combinaisons. Le bruit continue pendant approximativement cinq minutes. Le tuyau sous vide fuit.>
Delta : Ça s’est arrêté. Base, vous m’entendez ? Je suis presque sourd, putain.
Base : OUI
Delta : Alpha est mort – Je n’arrive même plus à reconnaître sa foutue combinaison. Je suis le seul qui reste.
Delta : Il y a cinq centimètres de munitions incrustées dans le mur. Mon Dieu.
Delta : Je coupe son tube et je le referme.
Delta : Base, est-ce que je m’approche de la sortie ?
[A ce stade, la base a déjà retiré douze kilomètres de filin du SCP. A son extension maximale, seuls 1400 mètres de filin avaient été déroulés par l’équipe. Le filin excédent est physiquement et chimiquement identique à l’original. Cette information a été cachée au dernier membre de l’équipe afin de préserver son moral.]
Base : OUI
Delta : Merci mon Dieu.
Delta : Je vais continuer à avancer.
<Douze minutes de silence.>
Delta : Il y a une autre pièce droit devant.
<30 secondes de silence.>
Delta : Base.
Base : OUI
Delta : Le couloir s’arrête là.
Delta : Il y a un petit tuyau. Au milieu du sol. Il fait environ trois centimètres de diamètre et cinq de longueur.
Delta: Mon filin passe dedans.
Delta: Mon filin passe dans un putain de tuyau et je ne peux plus sortir d’ici.
Delta: Pas question que j’attende ici que mon air s’épuise pour respirer quoi que ce soit qui soit dans cette pièce. Probablement du phosgène ou du xénon ou un truc comme ça.
Delta: Il me reste douze balles dans mon pistolet et je vais me faire sauter la tête avant que le plafond descende et m’écrase ou quoi.
Delta: Je vous envoie la pellicule photo pour que vous la développiez.
Base : OK
Base : SHORE VOUS AVEZ ÉTÉ ADMIRABLE
Base : NOUS SOMMES DÉSOLÉS
Delta : Ça n'a plus d'importance maintenant.
Delta: Dites-moi quand le film arrivera de votre côté et je couperai le filin.
Base : OK
[La pellicule de film arrive, quatre heures après les estimations prévues.]
Base : SHORE LE FILM EST ARRIVÉ
Delta : Bien.
Delta : Dans ma chambre, il y a une boîte verrouillée sous le lit. La combinaison est 3589. S’il vous plaît, envoyez la note qui s’y trouve à mon frère.
Base : CE SERA FAIT
Delta : N’envoyez plus personne là-dedans. Utilisez des robots ou quelque chose comme ça. Ne faites plus jamais subir ça à quelqu'un. Même à des D- personne ne mérite ça.
Delta : Je m’en vais maintenant. Je ne vais pas laisser cet endroit gagner.
<Un son de cassure se fait entendre, suivi d’un bruit d’air et d’un coup de feu.>
Après le suicide d’Epsilon-12-Delta, plus de 60 kilomètres de filin furent retirés de SCP-1555. Toute exploration ultérieure par des membres du personnel non sacrifiables de la Fondation est désormais interdite ; de plus, des améliorations de l’isolation des combinaisons standard de la Fondation ont été apportées afin d’éviter des événements similaires à celui qui a été subi par Epsilon-12-Gamma.
Ci-dessus, les photos développées à partir de la pellicule envoyée par Epsilon-12-Delta. Le film était un Fuji Neopan 1600 35 mm, développé par Kodak Xtol, dilution 1+2, pendant 11-25 minutes. Trente images de la pellicule étaient irrécupérables car voilées par les radiations. Aucune autre photographie n’a jamais été ramenée d’une profondeur supérieure à 200 mètres à l’intérieur de SCP-1555. Le contexte de ces images est inconnu, Epsilon-12-Delta ayant cessé de communiquer à ce sujet en tentant de sortir de SCP-1555.