Trois courtes scènes sur la mort

L’odeur de la pourriture était dans l’air.

Alors que le soleil de l’après-midi commençait sa descente, les pas de l’étranger qui approchait tombèrent sur les rues du village comme des sangsues empoisonnées dans un puits sans surveillance. La route boueuse n’avait jamais touché ses bottes noires immaculées et l’ourlet de sa longue robe était aussi pur qu’une nuit sans étoiles alors qu’il se dirigeait vers sa destination. La petite colline qui donnait sur le village et la chaumière qui se tenait à son sommet étaient son objectif.

Au pied de la colline était couché un vieux chien. Ses yeux étaient assombris et les poils de son museau étaient blancs, mais il se leva tout de même pour saluer l’étranger, sa longue queue remuant de droite à gauche frénétiquement. L’étranger s’arrêta et utilisa sa main gantée pour caresser la tête du vieux chien, ses doigts grattant gentiment l’arrière de ses oreilles, le faisant gémir joyeusement. Le vieux chien roula sur son dos, et l’étranger donna à son ventre la même attention. Le chien glapit comme un jeune chiot en sentant cela. L’étranger rit, et si qui que ce soit avait été là pour l’entendre, il aurait sûrement remarqué qu’il était improbable d’entendre ce son venir de ce visage pâle et froid.

De la colline au-dessus vint un hurlement. Une jeune femme sortit en courant de la chaumière, son visage rougi par des larmes. Un homme plus vieux la suivit, son visage tiré par la douleur, pour poser délicatement une main sur son épaule. La femme se retourna vers lui et enfonça son visage dans son épaule, pleurant bruyamment. L’homme plus vieux passa ses doigts dans ses cheveux, alors qu’il retenait visiblement ses propres larmes. Au bas de la colline le chien regarda vers le haut avec inquiétude, mais l’attention de l’étranger le ramena au calme. Quant à l’étranger, il observait la scène impassiblement, ses yeux argentés glacés passant sur la femme et l’homme et la chaumière comme s’ils étaient tous moins que les feuilles séchées qui couvraient la campagne alentour. Il ne les héla pas, et il ne bougea pas pour monter en haut de la colline.

Après un certain temps, un troisième homme émergea de la chaumière. Son costume était celui d’un médecin de campagne, bien que son pâle masque d’oiseau contredisait cette impression. Il parla brièvement à l’homme le plus âgé, fit un signe de la tête à la jeune femme puis retourna à l’intérieur. Quelques instants plus tard il émergea une fois de plus, cette fois-ci en portant un gros balluchon dans ses deux mains. En le voyant, la femme hurla à nouveau, courant dans la chaumière et claquant la porte derrière elle. Le vieil homme hocha la tête, dit quelque chose au médecin et les deux se serrèrent la main. Le vieil homme suivit la femme à l’intérieur tandis que le médecin, le balluchon dans ses mains, commença à descendre de la colline et sur la route boueuse en bas. Pendant que tout ceci se passait, l’étranger ne leva jamais ses yeux du chien, qui était maintenant en train de somnoler au soleil à ses pieds. De longs doigts massaient l’arrière-train du chien, où une vieille blessure de chasse avait laissé une grosse cicatrice.

Alors que le médecin descendait sur la route ses yeux tombèrent sur l’étranger. Il s’arrêta soudainement, le balluchon serré dans ses mains.

"Elle n’est pas pour toi, Dernier-né, un pacte a été fait."

L’étranger donna au chien une dernière tapote et se retourna pour faire face au médecin. Des yeux comme du verre glacé mesurèrent l’homme masqué.

"Un pacte ? Je ne me rappelle pas d’une telle chose, Diagnosticien."  

Le médecin serra le balluchon encore plus fort. "Tu nous avais donné ta permission, maudis sois-tu ! Tu nous avais donné ta permission !"

L’étranger ricana, ce son n’ayant rien de la joie de son rire précédent. Il se dressa, et de toute sa taille il surplombait le médecin comme un chêne devant un brin d’herbe. "Sois prudent en faisant des suppositions, insecte. Rappelle-toi de ta place. Rappelle-toi par le pouvoir de qui ta forme pourrie reste sur cette terre."

Le médecin leva les yeux avec défiance pendant un moment, puis toute résistance sembla le quitter. Quelque chose en lui s’écrasa, et il laissa tomber son balluchon par terre.

"Prends-la dans ce cas. Tu arrive toujours à tes fins, n’est-ce pas ?"

L’étranger rit une fois de plus, et une faux à moisson argentée apparut dans les plis de sa robe noire. Il leva son instrument en l’air et le médecin ferma les yeux, incapable de regarder. L’air lui-même fut coupé en deux alors que la faux descendit vers le sol… pour se tenir au-dessus de la tête du vieux chien, dont la respiration difficile se ralentit… puis s’arrêta. Un fil argenté sortit du vieux chien et s’enroula autour de la faux comme du brouillard matinal, et l’air fut momentanément rempli du son du fier hurlement d’un chien dans toute sa gloire, rempli par l’excitation de la chasse.

Le médecin regarda l’étranger ranger la faux dans sa robe et commencer à partir.

"Le chien… vous êtes venu jusqu’ici pour un chien ?"

L’étranger se retourna à moitié et regarda le ciel du début d’automne, vers le soleil se couchant lentement.

"Je t’ai dit de ne pas faire de supposition, non ?"

Le médecin ne savait pas quoi dire. Alors il ne dit rien. Il se pencha pour ramasser son balluchon. Alors qu’il se releva, l’étranger était parti, ne laissant que l’odeur de neige pourrissante et de feuilles mortes derrière lui. Et un commentaire.

"Il se trouve que j’aime les chiens."        


Un, sniper.

Le guerrier restait bouche bée devant son propre cadavre brisé. Son visage, paré de sa nouvelle barbe dont il avait été si fier, arborait maintenant un trou plutôt moche en son centre. Ses frères d’armes ne s’étaient même pas arrêté pour réarranger son cadavre dans une pose plus solennelle, alors il resta étalé sur la terre où il tomba, son œil restant fixant aveuglément le ciel du désert.

Ça ne peut pas être en train d’arriver… Une explosion au loin. Des cris.

Sept. Charge de démolition improvisée. Huit au total.

Les mouches commençaient déjà à se rassembler autour du cadavre du guerrier. De petits insectes bourdonnaient autour de sa matière cérébrale étalée, savourant le festin inattendu. Le guerrier, horrifié, essaya de les éloigner mais ils ne semblèrent pas le remarquer. C’était presque comme s’il n’était pas là du tout. Comme si ce cadavre était tout ce qui restait de lui. Mais clairement ce n’était pas vrai, n’est-ce pas ? Il était là !

Ce n’est pas ce qui avait été promis…

À sa grande horreur, le guerrier découvrit qu’il ne ressentait plus rien quand il regardait le morceau de viande qui était autrefois lui. Il ne bougea plus pour éloigner les mouches qui commencèrent a bourdonner autour des ruines de son visage, et il ne cria pas non plus quand un SUV abîmé l’écrasa avec négligence sous ses roues alors qu’il s’éloignait à toute vitesse du champ de bataille, emportant des blessés qui semblaient ne pas être en bien meilleur état que son cadavre.

Vingt-cinq, séries d’attaques de missiles anti-tanks. Trente-trois au total.

Le guerrier prenait maintenant conscience de la voix monotone et d’une certaine manière métallique. Mais d’où venait-elle, où-

Quarante-trois, embuscade, tirs d’armes légères. Soixante-seize au total.

Il était là, dominant le guerrier par sa taille, comme s’il avait toujours été là. Une forme gargantuesque en armure qui éclipsait le soleil, un béhémoth fait de bras brisés et de murs fracassés. La Guerre personnifiée. La Terreur incarnée. La douleur et la désolation rendues matérielles.  

Cent quarante-quatre. Frappe aérienne. Deux cent dix au total. Salutations, guerrier.

La voix de l’atrocité ne semblait pas pouvoir venir d’une créature si monstrueuse. Elle était douce, calme et cultivée, la voix d’un vieux prêcheur ou d’un général respectable. Le guerrier se retrouva étrangement attiré par elle, même si l’apparence de la créature le révulsait et le terrifiait. Bloqué entre fuir la créature et l’approcher, le guerrier resta au même endroit, la fixant sans cacher son appréhension.

Un. Arrêt cardiaque soudain. Hm. Deux cent onze au total. Vous avez l’air étrangement vous-même, guerrier. La conscience persiste encore en vous. Inhabituel.

Puisque le guerrier ne répondait pas, la créature continua, ses yeux comme des viseurs lasers géants s’enfonçant dans le guerrier comme une pelle à tranchée.

Viens maintenant, tu n’as pas à me craindre. Il reste peu de choses à craindre en réalité.

"Je… qu’est ce qui m’arrive."

Quelque chose dans les traits bruts de la créature bougea. Le guerrier pouvait presque imaginer qu’elle ricanait. Et bien, l’inévitable, évidemment. Tu es fini.

"Mais… ce n’est pas comme ça que les choses devaient se passer. Ce n’était pas censé arriver !"

Hrhmhmm. Ceci était la seule chose qui était jamais censée t’arriver.

Le guerrier commença à crier. "Ne te moque pas de moi ! On ne m’avait pas promis ça ! Il devait y avoir de la gloire, et de la justice, et la réformation de l’ordre légitime, j’étais-"

Vingt. Piège. Deux cent trente-et-un au total. Et qui, guerrier, qui t’a fait de telles promesses ?

"Les prophètes ! Les écritures ! Ma mère et mon père, les prêcheurs, mes professeurs et mes amis !"

Hah. Voilà donc ton problème. Des sources peu fiables. Quel dommage. Mais pas vraiment. Hrmmhahhm.

Les cris du guerrier viraient maintenant à la panique. "Silence ! Je ne te crois pas, ce n’est pas fini ! C’est un test, oui, un simple test, c’est tout ! Tu es un démon envoyé pour me tourmenter, pour tester ma foi ! Mais je ne te laisserai pas faire, non non non, je ne te-"

La voix du guerrier faiblit quand la silhouette massive s’éloigna de lui. Autour d’eux, les sons de bataille commencèrent à faiblir et à disparaître, et le monde perdait de sa… couleur. Le soleil se couchait, pensa le guerrier, même s’il n’osa pas le regarder pour voir si c’était vrai. Il craignait de trouver le ciel vide.    

Avez-vous fini, guerrier ? Car moi oui. Les autres sont tous récoltés. Il est temps d’y aller.

Et en effet, le guerrier fut soudainement entouré par ses camarades avec qui il avait vécu. Et de ses ennemis de plusieurs générations. Aucun ne semblait le remarquer alors qu’ils marchaient vers la créature avec une unité inébralanble, avançant au rythme d’un tambour que le guerrier pouvait à peine entendre.

"Où… où allons nous ?"

La silhouette se tourna vers lui une fois de plus. Son expression mutilée de fer était impénétrable.

Ailleurs, guerrier. Quelque part où tu ne seras plus un guerrier. Suis. Ou pas. Il m’en importe peu.

La silhouette s’en allait, les anciens camarades du guerrier formant un groupe serpentant derrière elle.

Que pouvait-il faire d’autre que de suivre ?


Jeser, le Prince aux Nombreux Visages, suait abondamment.

Il détestait tout de sa situation actuelle. Il détestait le hall gigantesque et insipide que son maître avait choisi comme pour salle du trône. Il détestait la chaise en fer horriblement inconfortable sur laquelle il était obligé de s’asseoir. Il détestait la manière dont l’air semblait à la fois trop humide et trop sec, trop chaud et trop froid. Il détestait les bruits minaudant pathétiques que les consorts et les concubines de son maître faisaient à chaque coup cruel des chaînes que le maître tenait dans ses poings massifs et noueux. Il détestait le fait que ce n’était ses mains qui tenaient les chaînes.

Plus que tout, il détestait son maître.

Le tout-puissant Monarque Cramoisi. Le Prince aux Nombreux Visages était un dieu fier. Autrefois le dirigeant de deux douzaines de mondes, ceux qu’il dominait et pliait à sa volonté. Puis vint le Monarque Cramoisi, et puis vinrent ses légions innombrables. Ses mondes furent conquis.

Ce n’était pas la raison pour laquelle il détestait tant son maître.

Le Prince était plus sage que beaucoup de ses camarades. Il réalisa dès le début que rien de bon ne pourrait arriver en résistant à un tel pouvoir. Alors il céda, rendit la conquête facile et relativement pacifique. Et il se rendit utile,très utile en vérité. Avec le temps, il grimpa à une position de pouvoir inégalée par tout autre dieu de la cour du Monarque. Bien qu’il ait perdu ses douzaines de mondes, des centaines étaient à présent à sa portée. Bien que son pouvoir n’était plus absolu, en tant que bras droit du Monarque il pouvait avoir tous les plaisirs qu’il désirait, et pouvait infliger toute sorte de douleur sur tout être qu’il voulait. Le Monarque Cramoisi pouvait être un seigneur généreux.

Et pourtant, le Prince aux Nombreux Visages détestait son maître. Pour l’avoir forcé à être là aujourd’hui.

"Il sera ici bientôt."

La voix de son maître était comme le bruit du frémissement d’un milliard d’insectes infinitésimaux, grouillant et tourbillonnant et bougeant constamment. Elle n’était ni haute ni basse, ni cacophonique ni méthodique. Elle était, simplement.

"En êtes-vous certain, mon roi ? Il ne viendra peut-être pas cette année." Proposa faiblement le Prince.

"Il vient toujours. Il sera là."

"Votre pouvoir grandit chaque minute qui passe, grand seigneur. Assurément, même lui a appris à vous craindre maintenant. Il serait un idiot d’en faire autrement."

Son maître ne répondit pas à ça. Sa forme massive dominait le hall, éclipsant complètement la silhouette habituellement imposante du Prince. Et pourtant, l’habituelle arrogance conquérante avait disparu de la voix de son maître. Remplacée par quelque chose de… différent. Le Prince n’osait pas supposer ce que ce quelque chose était. De telles pensées étaient de la haute trahison.

Ils continuèrent d’attendre. Avec chaque minute qui passait, le Prince regardait son maître et pouvait sentir sa propre terreur s’intensifier. Pourquoi est-ce que le Monarque avait insisté pour qu’il soit là ? Pour quel objectif le soumettre à un tel… n’avait-il pas été loyal, ou au moins autant loyal qu’attendu de sa part ? N’avait-il pas-

Une ombre tomba sur le sol pâle en os géants du grand hall. Le Prince vit son maître bouger avec inquiétude sur son trône, ses mains chitineuses et noueuses agrippant les chaînes des esclaves de plus en plus fort. Les hommes, femmes et autres, nus, se tordaient d’agonie, mais le Monarque ne leur prêtait pas attention. Son regard n’était fixé que sur les ombres changeantes, qui devenaient plus grandes à chaque moment qui passait. Puis-      
 
Insecte.

Le Prince recula instinctivement sur son siège. Où se trouvaient seulement des ombres il y a un instant se tenait maintenant une silhouette. Ses jambes étaient aussi épaisses et grandes que des hommes, que des grands arbres, que des tours. Ses mains étaient gantées de soie, de maille, de vide lacunaire. Elle portait une robe du plus pur des ivoires, du plus profond azur, de chair sombre. Ses épaules étaient enveloppées de brouillard, disparaissant étrangement dans les ténèbres du plafond du hall, bien que clairement elle ne pouvait pas être aussi grande…

"Toute-Mort. Tu viens à nouveau."

Le Prince dut admirer à contrecœur le calme dans la voix de son maître. Il ne pensait pas pouvoir faire de même. Le Monarque Cramoisi se leva de son trône, sa magnifique et terrifiante silhouette se dépliant dans toute sa gloire. Le Prince était surpris de voir qu’elle semblait soudainement si peu impressionnante.

C’est le jour. Aujourd’hui, Harak, fils de la Troisième Couvée, est le jour de ta naissance.

Le vrai nom du Monarque. Il osa le prononcer. Donc les rumeurs étaient vraies. Pendant un instant, le visage du Monarque fut brûlant de colère. Puis il se maîtrisa, et parla à nouveau, calmement.

"Aujourd’hui, Toute-Mort, est le jour de ma naissance. Aujourd’hui est le jour où j’ai commencé mon ascension."

Le jour de ta naissance. Le jour où tu fis tes premières victimes. Tes frères de couvée crient encore pour toi dans mes halls.

"Ils crieront bien plus fort quand tes halls seront miens. Je m’en assurerai."

Du plafond couvert de brouillard vint un son horrible. Un rire joyeux, aussi léger et innocent que celui d’un enfant, rempli de joie.

Ah, ver de terre. Tu t’enfouis dans ta crasse, tu manges les autres petites créatures qui vivent dedans et te pense le maître de toute la création.

Son maître s’hérissa visiblement en entendant ça. Avec un coup sec, il tira sauvagement sur les chaînes de ses esclaves, tirant un de ses consorts hurlant à ses pieds. Le Monarque attrapa l’homme impuissant avec un poing énorme et écrasa facilement sa gorge. L’homme n’eut pas le temps de crier.

"Ver de terre, dis-tu ? C’est amusant. Voit avec quelle aise je maîtrise ton domaine. Voit avec quelle grâce j’en apporte toujours plus dans tes halls humides."

Pendant un instant, la silhouette ne bougea pas. Le maître lâcha le cadavre du consort sur le sol, où il fut ramassé par ses camarades en pleurs. Le Prince ne dit rien, ne regarda rien. Il voulait seulement être loin d’ici, de retour à ses jeux, de retour à-

En effet. Harak, fils de la Troisième Couvée. Aucun autre n’en a amené autant dans mes halls. Ceci je te le concède. Tu les as emplis à craquer.

Son maître sembla se redresser en entendant ça, comme si la Toute-Mort était son propre maître et que lui n’était qu’un apprenti, attendant des louanges. C’était une vue étrange.

Réfléchis-y, quand le jour viendra pour toi de les rejoindre. Pour moi de t’amener à eux.

Et tout aussi vite, son maître se démonta, toute force semblant quitter son corps. Le Prince ne l’avait jamais vu ainsi auparavant.

Ceci est mon cadeau pour toi, pour le jour de ton anniversaire, insecte. Je t’invite à y réfléchir. Jusqu’à l’année prochaine.

Et la silhouette était partie. Le Prince observa l’espace vide où se trouvait la silhouette il y a quelques instants, puis son maître, qui retomba sur son trône comme un homme mourant. Il était en train de frissonner, par la création ! Pourquoi voulait-il que le Prince voit tout ça ? Quel était le but de tout ça ?

Le Monarque Cramoisi laissa échapper un léger souffle, et tourna son regard vers le Prince.

"Je l’ai fait pour que tu te souviennes. Conspire contre moi, et tout sera tien. Mes mondes, mes servants, mon pouvoir. La peur de toute la création. La domination sur tout."

"Et ça."

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