La Révélation
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PRÉCÉDENT : Bruyant, Sans Loi, et Perdu

DÉBUT : Les Rares Élus


L'armée de cadres dirigeants possédés de mon ex petite amie avancent au pas de l'oie vers moi. Le corset de combat me donne l'impression d'avoir un étau autour de ma poitrine.

"Qu'est-ce que tu fous ici bordel ?" sifflé-je.

"Moi ? Tu es supposée être morte, chérie," ricanent-ils à l'unisson. "Suis-je aussi rouillée ?"

"Chérie ? Qu'est-ce qui se passe bordel ?" disent simultanément Alex et Alliott dans mon oreillette.

"Le Fantôme de Chappell Sécurité ? Ils sont dirigés par une sorcière nommée Natasha Tokyopop," dis-je. "Elle a… envouté les drones de bureaux en véritables drones. Comme des robots démons."

"Vous vous foutez de moi," dit Alex dans mon oreillette. "À terre."

Il y a un crack assourdissant puis un ping aigu.

Natasha secoue les têtes. "Tu m'as tiré dessus ? Tu viens réellement de me tirer dessus avec un vrai flingue ? Putain, je t'en prie, ma petite, tu me connais mieux que ça."

"Alex ?" dis-je. Il n'y a aucune réponse.

"Alex ? Oh, c'est ta nouvelle petite amie ? Combien en as-tu eu depuis que tu m'as larguée ?" disent les drones. "Désolé Ruku, si elle m'a tiré dessus elle est plus morte que morte."

"Alliott, on a un problème," dis-je. "Ces drones sont envoutés ou quelque chose — je crois qu'ils renvoient les balles. Alex est morte."

Alliott jure. "Je bosse toujours sur le piratage mais je vais te sortir de là, ne t'inquiète pas. Occupe-la !"

"Que fais-tu ici, Rukmini ?" demandent les drones à l'unisson.

"Tu crois quoi ?" dis-je, cherchant un moyen de fuir Natasha. "J'prends quelques gros bonnets en otage — tu sais, comme tu le faisais ?"

"Je suis en train de les prendre en otage, chérie," disent-ils. "Sais-tu combien je facture ces connards ? Je n'ai même plus besoin de la fortune de Chappell ! Ces trous du cul me payent l'équivalent chaque jour !"

Le ton chantant qu'elle utilise déterre une multitude de sentiments : excitation, d'une partie de jambes en l'air particulièrement agressive dont j'ai encore les marques de morsures sur mes tétons ; choc, de la fois où je l'ai vue battre un homme à mort en face de moi ; et peur — parce que c'est le même ton qu'elle avait utilisé quand elle a pris une douzaine d'enfants en otage.

Le drone principal s'en prend à moi avec un bâton. Je l'esquive et cours dans le corridor, farfouillant dans mon sac à dos. Mes mains se referment sur le manche d'une batte de baseball.

Alors que j'atteins les vitres, un rideau de flammes vertes s'élève en face des vitres et lèchent mon visage. Je dérape pour m'arrêter face à lui et fais demi-tour. La totalité du périmètre du bureau est scellé par un mur de feu vert. L'armée de drones de Natasha me traque dans une formation parfaite au pas de l'oie.

Les drones de Natasha portent toutes les marques de fabrique de son style : mode brutaliste, synchronisation parfaite, élégant dans la façon dont il pirate simplement les fonctions normales d'un corps humain. Elle adore invoquer et charmer des automates. Elle avait essayé de d'enchanter un mecha géant. Et avec mes pouvoirs ? Elle l'a probablement fait.

Mais elle fait passer la forme avant la fonction. Je reconnaîtrait cet enchantement pare-balles n'importe où. Bordel, je suis celle qui l'avait inventé. C'est un redirecteur d'énergie cinétique basique — efficace et pratiquement imperceptible à l’œil nu, mais facilement exploitable avec un peu de symbologie intelligente.

"Je n'y crois pas !" cassé-je. "Le Fantôme de Chappell Sécurité ? Des putains d'agents de sécurité ? Tu as volé mon cœur et l'as vendu ?"

Je plonge au travers d'une porte proche vers une salle de conférence et verrouille la porte derrière moi. Je sort un couteau de poche du sac à dos et commence à graver des symboles sur la batte. Les drones de Natasha frappent contre les vitres de la salle.

"Ça paye de sucer des bites corporatistes, hein ?" crié-je. "Je pensais que tu valais mieux que ça."

Le vitre fait un son d'éclatement.

"Zut alors," disent les drones. "Je me demande ce qui aurait pu se passer. Ce n'est pas comme si tu avais volé ma magie et m'avais complètement estropiée. Oh, attends !"

La vitre se fissure et plie.

"Moi, actuellement ? Tout ce que j'ai fait au cours des cinq dernières années ? Ta faute, Ruku"

La vitre se désintègre. Les drones commencent à se déverser à l'intérieur.

"De. Ta. Faute."

Je lâche le couteau, enroule mes mains autour de la batte et donne un coup.

La gravure sur la batte est basée sur une prière sanskrit au dieu hindou, Ganesh. C'est un exploit — une sorte de redirecteur par amortisseur tampon dans la réalité qui écrase l'énergie cinétique et redirige la force en surplus directement dans Barnard Sachs. Il y a un craquement net et une odeur comme des cheveux brulés alors que Barnard s'envole, emmenant une douzaine de drones avec lui et me dégageant la voie. Un home run.

"Va te faire voir," grogné-je. Une secrétaire avec un bâton donne un coup. Je le pare et lui ouvre le bide. Ses vertèbres jaillissent de son dos et elle s'effondre désossée sur le sol.

"Je ne peux rester énervée contre toi quand même," disent les autres drones le souffle court, paradant vers moi. "Tu sais, t'es suuuuuuuuper sexy quand t'es en colère."

"Bon sang," dis-je. "Tu sais à quel point c'est putain de flippant quand c'est un octogénaire qui te dit ça ?"

Je parle dans mon oreillette. "Alliott, il y a un mur de feu qui encercle l'étage et je ne peux pas sortir."

"Je termine, je termine, je vais faire monter un ascenseur, tiens bon !" dit-elle.

"Et comment m'as tu trouvée bordel ?" demandé-je à Natasha.

"Chérie, j'ai gardé un oeil sur toi depuis que tu t'es enfuie. Tu crois vraiment que j'aurais laissé la femme de ma vie partir comme ça ?"

"Tu m'as espionnée ?" Je fais marche arrière vers les ascenseurs.

"Ce n'est pas de l'espionnage si c'est quelqu'un que tu aimes !" glousse-t-elle. Les visages de ses nombreux drones s'effondrent en même temps. "Je t'aime toujours."

Je suis tellement surprise par ça que j'arrête de manier ma batte. "Tu m'aimes — t'as essayé de me tuer ! Tu m'as espionnée et t'as essayé de me tuer et t'as la putain d'audace de me dire que tu m'aimes ?"

C'est une monumentale erreur. Une demi-douzaine de vieux hommes blancs en costume s'entassent sur moi et m'arrachent la batte des mains. Elle roule jusqu'à l'ascenseur.

Ils me soufflent tous la même chose. "J'allais te ranimer. Te ramener à moi. Te montrer à quel point tu m'aimes toujours."

"Bon sang. Lâche moi !" J'essaie de les repousser mais quelques drones supplémentaires s’empilent au-dessus. Il est difficile de respirer. Je suis écrasée sous un fatras de vieux hommes blancs à l'haleine qui sent l'ail me déclamant leur amour psychotique.

"Alliott, j'aurais besoin d'un peu de — "

Un des drones enlève l'oreillette et murmure directement dans mon oreille. "Mais tu n'es pas morte et je ne pouvais plus te traquer sans le cœur. Je pensais que je t'avais perdue pour toujours et j’étais tellement fâchée mais alors tu tombes à nouveau à ma portée ! Ne vois-tu pas ? Nous sommes faites pour être ensemble ! Les univers nous poussent l'une vers l'autre !"

Ma vision commence à se brouiller et à s'obscurcir. Je crois que je sens une côte se briser.

"Tu n'as pas besoin d'Alliott. Tu verras — je vais te ramener avec moi et les choses vont revenir à la normale. Revenir à ce que c'était, tirer et braquer et baiser toute la journée. Ce sera tellement fun !"

Je suis sur le point de m'évanouir quand j'entends un faible ding puis plusieurs craquements bruyants. Les drones se détachent de moi. Je respire un grand coup puis commence à tousser mais je respire à nouveau. La pression a disparu. Un main attrape la mienne et me remet sur mes pieds.

Alliott Chao se tient face à moi, respirant fortement et tenant ma batte de baseball. Il y a des corps partout. Elle est recouverte de morceaux de businessman blancs d'âge mur.

C'est incroyablement sexy.

"Ton ex est complètement tarée, tu sais ça ?" Alliott me met dans l'ascenseur et frappe le bouton du rez-de-chaussée. La musique de l'ascenseur passe tandis que nous essayons de reprendre notre souffle toutes les deux nos mains sur les genoux. Ma poitrine me fait mal.

"Elle n'est pas réellement comme ça," dis-je.

Alliott lève les yeux vers moi. "Hein ?"

"Elle n'est pas véritablement comme ça. Elle essaie juste de nous baiser. Moi. Elle essaie juste de me baiser."

Alliott dresse la tête. "Essayer de te laver le cerveau c'est juste te baiser ?"

"Ouais. Elle avait — c'est comme ça qu'on — c'est son sens de l'humour."

"Son sens de l'humour."

"Ouais."

Mes oreilles me brûlent sous la cagoule. Heureusement Alliott choisit de me laisser un peu de dignité en changeant de sujet.

"Il va y avoir genre… cinquante robocops en bas," dit-elle. "T'as une idée ?"

Mon sac à dos est toujours sur mon dos. Je fouille brièvement à l'intérieur et en sors un bazooka. Il se télescope en sortant, s'agrandissant et s'élargissant pour révéler un lance-grenade incendiaire à six tubes chargé à bloc. Un sourire perce sur mon visage.

"Oui. Oui j'en ai une."

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent pour révéler l'intégralité de la sécurité qu'une corporation monolithique peut acheter. Une centaine de robocops encerclent l'ascenseur. Dix véhicules blindés sont visibles au travers des vitres de l'entrée. Il n'y a pas une, pas deux, mais trois unités TUE-MOUCHE entières bavant avidement derrière eux.

"Bouche-toi les oreilles." Je tire.

Le TUE-MOUCHE le plus proche de l'ascenseur prend une grenade en plein dans ce qui passe pour son visage. Il est instantanément submergé de flammes. Les robocops le regardent avec effroi alors qu'il saccage tout, fracassant le sol en morceaux et envoyant des fragments de viande brûlante et de métal partout. Puis je tire les cinq autres munitions dans la foule.

L'entrée est transformée en un maelstrom de chair, de métal et de feu. Alliott et moi sprintons vers la sortie de secours. Nous passons au travers de la porte alors que des balles et des cris d'agonie nous frôlent.

"Où est la voiture?" crié-je.

Alliott se met simplement à courir, me conduisant au travers d'un labyrinthe de verre et d'acier. Les sirènes au loin deviennent plus forte à chaque pas. Je dépasse presque la Porsche quand Alliot se glisse dans le siège conducteur et me klaxonne.

Nous quittons en trombe la ruelle dans laquelle la voiture était cachée. Devant nous, une rangée de voitures de flics bloquent la route. Alliott tourne le volant et change de vitesse, nous envoyant dans une vrille et pointer dans la direction opposée. Il y a une autre rangée de voitures bloquant notre sortie, donc à la place elle vire de nouveau vers la ruelle.

Plus de flics nous attendent de l'autre côté. Alliott fait une embardée sur le trottoir et évite tout juste de rentrer dans une des voitures.

"Putain de merde," gueule-t-elle. "Ils sont partout ! Tu connais un raccourci ?"

Non, mais je connais quelqu'un d'informé.

"Pays-Bas !" pensé-je dans le vide.

L'Homme du Milieu décroche après un moment. La Recrue ! Tu dois vraiment être dans le pétrin. Un instant.

Un croisement rempli de véhicules blindés vient vers nous lorsqu'il m'envoie une liste de virages à prendre et de trottoirs à sauter.

"Prends à droite !" crié-je. "Il y a un espace dans la barricade !"

Alliott me lance un sourcil interrogateur, mais tourne le volant vers la droite. Les roues crissent alors que nous glissons en tournant et dérapons directement vers le trou promis dans la barricade de véhicules.

"Gauche !" Des chausse-trapes ont été répandues sur le sol comme du sel. Il y a une secousse lorsque nous heurtons trottoir et sautons juste au-dessus d'elles.

Devant nous, l'intersection est complètement bloquée par une barricade complète de véhicules blindés. Derrière nous, une marée de voitures de flics nous enferme. Il n'y a aucune issue.

"Utilise la mitrailleuse," grogne Alliott.

"Quoi ?"

"LA MITRAILLEUSE !"

Je me détache, fais sauter le toit ouvrant, et me tiens debout sur mon siège. La mitrailleuse est montée sur un pivot avec deux poignées sur lesquelles s'accrocher, me laissant tourner sur moi-même mais pas viser en haut ou en bas. Deux ceintures de munitions pendent de l'arme, trainant sur les vitres arrières. Je me hisse sur le toit et attrape les deux poignées, me roulant sur le toit de sorte que je sois allongée sur la vitre arrière visant vers l'avant et m'accrochant au flingue comme si ma vie en dépendait.

Deux flics avec des lance-roquettes se lèvent et visent.

Je presse la gâchette.

La mitraillette sonne comme une tronçonneuse coupant du métal et me donne l'impression que mon cerveau a été enfoncé dans un mixeur. En à peine moins de trois secondes elle découpe une bande explosive dans la barricade, creusant des trous plus gros que des piles AA dans tout ce qui se trouve sur son chemin. Le barrage de balles fait exploser les roquettes des deux lanceurs dans une énorme boule de feu. J'ai à peine le temps de rouler en arrière et descendre par le toit ouvrant avant qu'Alliott ne fonce directement au travers de l'explosion.

Puis nous voilà aussitôt à seulement une centaine de mètres des rails du train. Une sirène retentit et les portes commencent à se refermer. Le Phitransimun Combine s'élance vers les portes qui se referment. Un tsunami de bleu nous fonce dessus depuis l'arrière.

Alliott et moi enregistrons tout ceci et arrivons à la même conclusion dans la seconde qu'il nous faut pour atteindre les rails. Elle fait un nouveau dérapage et fonce au travers des agents de circulation. Puis nous faisons des tonneaux vers un chemin de fer interdimensionnel avec le Phitransimun Combine à quelques mètres à peine derrière nous.

Les sirènes de police s'estompent au loin. Les seules choses audibles sont les vibrations de la voiture, le vrombissement régulier de son moteur, et le grondement du train qui nous poursuit. Nous conduisons en silence pendant plusieurs minutes.

"Bon sang," dit Alliot. "Si j'avais su que ça se passerait comme ça j'serais restée chez moi et j'aurais regardé le match."

Elle me regarde. "T'es incroyable, tu le sais ça ?"

"Merci. Je suppose."

Alliott dresse la tête. "Après ça tu veux — "

La porte de la voiture de mon côté est abruptement arrachée. Quelque chose s'enroule autour de mon bras et tire. Je gratte à la recherche de quelque chose auquel m'accrocher mais je ne trouve que la batte avant de voir mon corps brutalement extrait de la voiture.

Il y a une pause propre à arrêter un cœur, puis je tombe à plat dos, les yeux levés dans les yeux de Natasha Tokyopop. Elle porte un avatar d'ethnie asiatique obscure, mais je reconnaîtrais son style rétro-sukeban partout : un ensemble marinière noire et jupe, avec des collants longs, des bottes de combat, et une longue vrille noire à la place de son bras gauche pour compléter le look.

"Je te l'avais dit. Je voulais t'attraper !" s'exclame-t-elle, enroulant sa vrille autour de mon cou et me soulevant. "Tu t'es enfuie avant qu'on aie fini. Était-ce le truc à propos de te laver le cerveau ?" demande-t-elle. "Je croyais que ce serait un peu beaucoup, mais je sais à quel point tu aimais ça quand on — "

Je suis trop occupée à m'étouffer pour prêter attention. Natasha relâche sa prise et me fait descendre sur le sol.

"Désolée ! Je m'habitue encore à mes pouvoirs. Ça fait tellement longtemps que j'en ai pas eu," dit-elle.

Je jette un regard aux alentours tout en me massant le coup. Nous sommes au sommet de la locomotive du Phitransimun Combine. Le vent secoue mon visage, s'échouant sur mes lunettes et me gelant jusqu'aux os. Je peux voir la voiture d'Alliott juste en-dessous de nous, mais Natasha se tient entre moi et la liberté.

"La Recrue ! Où es-tu ? Tu vas bien ?" sonne la voix d'Alliott dans l'oreillette.

"Sur le train. Avec Natasha."

"Eh bien tu dois descendre de là immédiatement," dit Alliott. "On va atteindre la jonction dans peut-être cinq minutes et si tu n'es pas ici quand ça se produit c'est game putain d'over."

"Compris," dis-je.

"Tu saiiiiis," dit Natasha en chantonnant faux, "Je suis juste là."

"Mais tu veux quoi de moi ?" craché-je.

"Quoi, deux meilleures amies ne peuvent pas trainer ensemble comme au bon vieux temps ?" demande-t-elle. "Je me portais merveilleusement bien, tu sais ! Je me suis mise au judo, au piano, j'ai monté une corporation, et j'ai retrouvé mes pouvoirs. À ton tour !"

Je lui donne un coup avec ma batte. Elle le bloque aisément puis me découpe la jambe. Ça commence à saigner.

"Tu n'as rien à dire ?" demande-t-elle. "Ça ne fait rien. Je vais plutôt te passer au grill. Première question. Que faites vous, toi et l'Homme du Milieu, avec toutes les merdes que vous volez ?"

La vrille fouette vers mon cou. Je la dégage et j'écrase la batte dans ses côtes. Elle ne bronche même pas.

"Tu t’assois sur ton petit trésor de dragon et le dépense en catgirls et en bandes dessinées ?" présume-t-elle. "Dis-moi que j'ai tort." Elle attrape ma batte avec sa main humaine et me pousse en retour. "T'es une putain d'hypocrite, Ruku. Tu l'as toujours été."

Je me jette sur elle, mais elle fait un pas de côté et je vais valdinguer vers le bord avant du train.

"Question suivante !" pépie Natasha. "Que faisais-tu réellement à Oneiroi ? 'Prendre les gens en otage' ? Allez. C'est plus transparent que ces sous-vêtements que tu portais à mon anniversaire."

Je me remets sur pieds, et la charge. Natasha esquive tous mes coups sans effort. Elle regarde derrière moi et lève un sourcil. "C'est une Reine Noire, pas vrai ? Maintenant j'ai compris ! Tu cherches une Voie. Okay okay, question suivante. Tu veux me pourchasser ? Pas vrai ?"

Je feinte de la droite, puis frappe à sa gauche. Puis sa droite. Puis son cou. Puis son torse. Elle plonge, esquive, saute, bloque, puis arrache simplement la batte de mes mains et me donne une caresse sur la tête. J'ai l'impression d'avoir reçu un marteau piqueur sur le crâne.

"Comment te sens-tu, Ruku ?" demande-t-elle, enfonçant la batte dans ma poitrine. "Impuissante ? Frustrée ? Furieuse que je t'aie fait ça ?"
Je me démène à me remettre sur pieds, essayant de nettoyer les larmes induites par la douleur de mes yeux.

"Eh bien comment crois-tu que je me suis sentie bordel ?" demande-t-elle. "Quand tu m'as estropiée ? Quand tu m'as brisé le cœur ? Quand tu m'as laissée mourir ?"

Natasha me lance la batte, puis fait un pas en arrière et se relaxe.

"Dernière question. Tu veux vraiment me tuer, hein ?"

Elle descend les bras au niveau des épaules et sa vrille repose sur le sol.

"Donne un coup," dit-elle.

J'entends comme sous l'eau. "Quoi ?"

"Donne un coup," répète-t-elle. "Je suis juste en face de toi putain. Je suis ton monstre, Ruku. Agis comme il faut."

Je la fixe du regard. "Quoi ?"

"Donne un coup !" s'exclame Natasha. "Je suis une pute et une lèche-bottes et une meurtrière. N'est-ce pas ? Je suis une esclave corporatiste et une salope pathétique que a essayé de tuer mon ex et devrait être abattue comme telle."

Elle lève les bras et gesticule narquoisement. "Je vais te laisser une chance. Frappe moi. Réduit mon cerveau en purée. Tue. Moi."

Je l'oblige avec un coup vertical violent qui vient directement sur son scalp et l'écrase au sol. Puis je donne un nouveau coup.

Une fois. Deux fois. Trois fois. Une bosse se forme dans dans le toit du train sous sa tête. Des morceaux de cerveau, d'os et de sang volent de partout. Son petit visage parfait se désintègre. Ses habits parfaits sont éclaboussés de sang.

J'arrête de frapper et marque une pause pour examiner mon œuvre. L'avatar est bel et bien mort. Ses membres se contractent une fois, un réflexe post-mortem d'un cerveau qui n'est plus ici.

Puis ils se contractent encore. Et encore.

Comme s'ils étaient rembobinés, les traces de sang sur ses habits parfaits se dissipent. Son petit visage parfait se réassemble de lui-même. Les morceaux de sang, d'os et de cerveau sont aspirés de l'air dans son crâne. La bosse dans le toit reste.

J'abaisse la batte encore. La vrille fouette vers le haut et l'arrête. Natasha bondit sur ses pieds, ayant l'air de sortir à peine de sa penderie au lieu d'avoir été battue à mort par une batte de baseball magique.

Des flammes vertes sortent se déversent de ses orbites. Elle me fait un clin d’œil. "Je crois que tu as loupé."

Natasha me projette hors du train et sur le coffre de la Porsche. J'atterris à plat dos et elle atterrit sur moi. Elle enroule sa vrille autour de la batte, la dégage de mes mains, et la jette au loin.

"Mon tour."

La vrille s'affûte en une faux et elle s'apprête à l'abaisser pour porter le coup fatal.

"Tokyopop !" La voix d'Alliott est audible sans mon oreillette.

Natasha s'arrête et nous cherchons Alliott du regard. Puis il y a un son ressemblant à une tronçonneuse coupant du métal et ce qui reste de Natasha est éclatée sur le Phitransimun Combine comme une mouche.

"Grimpe putain !" crie Alliott depuis derrière l'arme. Puis elle disparaît sous le toit ouvrant.

Je reprends quelques inspirations hâtives, puis trébuche par-dessus la mitraillette et tombe dans la voiture avec mes pieds sur le tableau de bord. Alliott appuie immédiatement sur un bouton sur le levier de vitesse et met le pied au plancher. Ma vision s'emplit des couleurs de l'arc-en-ciel et puis elles disparaissent, remplacées par la noirceur d'un district industriel et l'éclat néon du logo félin du Kemonomimi Zaibatsu.

Aliott écrase la pédale de frein, et nous dérapons avant de nous arrêter dans le parking du KMZ. Aucune de nous deux ne parle pendant plusieurs minutes, n'osant pas croire ce qui vient de se passer. Puis mes côtes s'embrasent soudainement. Je grimace distinctement.

"Oh merde," dit Alliott. "Tu vas bien ?"

"Je crois que j'ai quelques côtes de brisées," dis-je en toussant.

"Merde," dit-elle. "Allez, on t’amène à l'infirmerie."

Alliott me laisse m'appuyer sur elle alors que nous rentrons à l'intérieur. La réceptionniste lève les yeux et dit simplement, "Troisième porte à droite."

Nous boitons dans l'infirmerie ensemble. Il n'y a personne d'autre aux alentours, mais Alliott prend les choses en main. Elle récupère quelques bandages et bouts de tissus et découpe mon sweat à capuche.

"Pourquoi portes-tu un corset ?"

Oh merde, pensé-je. "Ne l'enlève pas," haleté-je.

"Quoi ? Pourquoi ?" Alliott inspecte soigneusement le corset. "Oh, je vois. Corset de combat. Attends, pourquoi ne m'as tu pas dit que tu en portais un ? J'aurais pu épargner le sweat."

"Je… l'ai oublié ?" offre-je.

Elle dresse la tête et offre une expression de perplexité sardonique. À cet instant, le téléphone d'Alliott sonne, et elle le consulte.

"Ils ont fait match nul. Anderson et le CIETU ont fait match nul."

C'est comme une foutue explosion. Puis nous commençons à glousser comme des folles.

"Le piratage a fonctionné," rit Alliott. "Je ne peux pas le croire."

Je sors mon téléphone et regarde mon propre compte bancaire civil. Je suis plus riche de plus de deux millions de dollars.

"Tu veux boire un verre ?" dit-elle. "C'est pour moi. Je crois que nous en avons toutes les deux besoin."

Les mots de Natasha résonnent dans mon esprit. Elle m'a presque embrochée là bas, et c'était juste avec un clone. Je vais devoir faire face à la véritable Natasha bien assez tôt, et je doute avoir plus de chance de la battre qu'une boule de neige de survivre en enfer. J'ai l'Homme du Milieu à mes côtés — mais elle a tous mes pouvoirs, et davantage. Plus que ça, elle est alimentée par cinq années de haine — la plupart méritée.

J'ai besoin de la sortir de ma tête.

"Si c'est égal pour toi," dis-je, "je préférerais passer directement à la baise."


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