La guerre. La guerre ne meurt jamais.
À ses débuts, la Fondation croyait qu'elle protégerait à jamais l'humanité des horreurs de ce monde, qu'elle serait capable de trouver et contenir ce qui ne peut être compris, qu'elle nous protégerait des monstres vivant dans nos placards. Cependant, la Fondation avait négligé une horreur qui se manifestait quotidiennement aux yeux de tous. Une horreur capable de transformer la Terre en un désert stérile, une horreur capable de créer ses propres monstres, une horreur capable d'engendrer des guerres pour les années à venir.
La Fondation avait négligé l'humanité.
Au début des années 2050, lorsque la guerre des ressources a commencé, la Fondation ne craignait rien ni personne. Elle avait assez d'influence sur l'ensemble des gouvernements pour assurer la sécurité de ses ressources. Mais, lorsque les puits de pétrole furent à sec et les mines d'uranium totalement vides, la Fondation dû s'exiler et s'installer au seul endroit où l'approvisionnement en matières premières était encore fiable : les États-Unis d'Amérique.
Si vous rencontrez quelqu'un connaissant un minimum l'histoire du monde avant la guerre, il vous dira que l'Europe et le Moyen-Orient se combattirent jusqu'à leur annihilation totale. Même à ce moment-là, la Fondation savait bien s'occuper des horreurs détruisant villes et villages.
Lorsque la Chine et les États-Unis étaient sur le point d'amorcer un conflit nucléaire, ces derniers implorèrent la Fondation d'utiliser ce qu'elle maintenait confiné pour vaincre la menace rouge, pour assurer la victoire Américaine. Le conseil des O5 était divisé. Certains y étaient favorables, soutenant que sans leur aide, l'humanité parviendrait bientôt à son autodestruction. D'autres soutenaient que la Fondation n'avait pas pour vocation de résoudre de tels problèmes et qu'elle devait rester en dehors de tout ça.
Pendant que les querelles internes s'éternisaient, l'humanité, fatiguée d'attendre que la Fondation la sauve, commença à se protéger face à l'imminence de la tempête nucléaire. Tandis que les bombes engloutissaient la terre, le conseil des O5 regardait l'humanité s'autodétruire, et ils réalisèrent qu'ils avaient échoué, échoué à protéger l'humanité.
Cependant, malgré les prédictions concernant la destruction de l'humanité, elle subsistait. Des centaines d'années plus tard, l'humanité continuait à survivre. Dans son ombre, la Fondation était là. En 200 ans d'évolution d'une humanité s'adaptant aux terres désolées qu'elle avait créées, la Fondation s'était dissimulée dans les entrailles de la terre, inchangée depuis 200 ans. Et la guerre…
La guerre ne meurt jamais.
"On est bientôt arrivés ?"
"Non."
"Et maintenant ?"
"Non et la prochaine fois que tu le demanderas ce sera non et la fois d'après et même la suivante aussi."
"Et la fois d'après la fois d'après la fois d'après… après ça ?"
Lucy se tourna vers Jeremy, le regarda droit dans les yeux et dit "Surtout à ce moment-là."
Lucy et Jeremy erraient dans les terres désolées depuis des jours. Combien ? Eh, bien ils avaient perdu le compte à partir du troisième. Nul ne vous blâmerait de penser qu'ils auraient mieux fait de s’entre-tuer plutôt que de voyager ensemble.
Lucy était grande, autrefois marchande ambulante, au jeans poussiéreux, avec une veste en cuir et des cheveux châtains. Dans ses mains se tenait un fusil laser endommagé, et dans sa tête, un monde de souffrance. Elle ne faisait pas confiance aux gens, même sympathiques, depuis que sa caravane avait été détruite par un groupe de raiders. Il ne restait rien de tout cela à part ses habits, son fusil à pompe et quelques cicatrices en souvenir.
Ainsi, le fait que cette guerrière expérimentée et blessée voyage en compagnie d'un jeune habitant d'abri aux cheveux sombre et en bataille, dont les seules expériences de combat étaient les occasionnelles rixes dans les couloirs, rendait la situation encore plus embarrassante.
Jeremy et Lucy s'étaient rencontrés lorsque Jeremy avait émergé de l'abri 14 et avait aussitôt tenté de se lier d'amitié avec un écorcheur local. N'importe quel humain raisonnable ou sain d'esprit aurait tourné les talons pour fuir dans la direction opposée. Cependant, Jeremy faisait partie d'une expérience Vault-Tech.
Les habitants de l'abri 14 avaient été sélectionnés pour leur incroyable capacité à être confiants et amicaux envers de parfaits inconnus. L'abri s'était ouvert 200 ans après La Grande Guerre et les habitants furent ainsi libres d'errer dans les terres désolées. L'expérience consistait à vérifier si des personnes aussi confiantes et amicales pouvaient survivre dans un monde dominé par les bandits et les super mutants. La réponse semblait être : "non, sauf à proximité d'une personne armée d'un fusil laser".
Lucy ne gardait Jeremy avec elle ni par amitié, ni par intérêt personnel. Elle le gardait car elle savait qu'il finirait par se faire tuer si elle le perdait de vue. Elle avait déjà eu des chiens moins stupides que lui, cependant, il était attachant… du genre pot-de-colle pouvant la faire tuer par inadvertance, mais tout de même attachant.
Ils se dirigeaient à présent vers l'ouest en longeant une route déserte, les seuls repères étant d'occasionnels camions de Nuka Cola rouillés ou des carcasses de Chryslus. Récemment, ils avaient entendu parler d'une ville au milieu du désert avec de l'eau, de la nourriture, de l'électricité et tout ce dont un voyageur pourrait avoir besoin. Une ville nommée "New Vegas".
"Alors quand on sera à Vegas, est-ce qu'on restera là-bas ou on continuera à marcher ?" demanda Jeremy.
"Je n'en sais rien" répondit Lucy, ne se souciant pas encore de ce qui arriverait une fois arrivée à Vegas.
"Parc'que tu sais, j'aimerai bien m’asseoir un peu et simplement parler aux gens et me faire des amis. Tu sais à quel point j'aime me faire des amis ?"
"Non Jeremy, je n'en ai aucune id-"
Lucy s'arrêta soudainement, regardant le sol à côté de la route. Elle leva le bras et attrapa Jérémy pour l'empêcher d'avancer plus loin.
"Qu'est-ce que c'est ?" demanda Jeremy en regardant dans la même direction que Lucy.
Lucy était intriguée par ce qu'elle apercevait. Jeremy suivait précautionneusement. Lorsqu'ils arrivèrent à proximité, ils virent sur le sol quelque chose de métallique et recouvert de terre.
"Un Pip-Boy? Pourquoi quelqu'un abandonnerait-il son Pip-Boy ?" demanda Jeremy. Il était évident que son propriétaire ne l'avait probablement pas laissé tomber de façon intentionnelle.
Lucy ne répondit pas à Jeremy. Elle avait vu une porte dans la formation rocheuse juste en face. Elle avança jusqu'à la porte et l'ouvrit lentement. Pendant ce temps, Jeremy bidouillait le Pip-Boy, essayant de trouver qui était son propriétaire et de quel abri il provenait.
"Abri 25." dirent-ils à l'unisson.
"Comment sais-tu cela ?" interrogea Lucy.
"C'est marqué sur le Pip-Boy." répondit Jeremy. "Comment le savais-tu ?"
"Parce que je viens juste de trouver l'abri 25."
Un énorme bras articulé et muni d'un piston descendit pour se fixer au centre de l'imposante porte de l'abri. Des grincements métalliques se firent entendre dans tout l'abri alors que le piston tirait la porte avec facilité. Le piston se détacha ensuite de la porte circulaire, la laissa rouler sur le côté, libérant ainsi l'entrée de l'abri pour Lucy et Jeremy.
"On est vraiment obligé d'entrer là-dedans ?" demanda Jeremy, en partie influencé par la peur, mais aussi par ce qui lui avait été enseigné dans son abri : ne jamais entrer dans un autre abri.
"Bah techniquement non, cependant il devrait y avoir du matériel dont nous pourrions avoir besoin" répondit Lucy alors qu'ils entraient dans l'abri.
"Mais, nous avons déjà plein de choses, Vegas ne peut pas être si loin que ça, non ?"
"Nous n'avons bientôt plus d'eau et nous avons voyagé depuis des jours sans voir un seul indice prouvant que Vegas soit à proximité. Nous avons besoin de vivres."
Jeremy suivit à contrecœur Lucy à l'intérieur de l'abri. Alors qu'ils avançaient dans les couloirs de métal rouillés, ils remarquèrent quelque chose à propos de cet abri. Le logo qui était affiché sur la porte semblait être reproduit partout à l'intérieur.
"Bon, ce n'est pas le logo de Vault-Tec… peut-être est-ce un abri militaire ?" proposa Lucy à Jeremy alors qu'ils ouvraient une autre porte menant à une salle totalement noire.
"Pourquoi les militaires auraient-ils besoin d'un abri ?" rétorqua Jeremy alors que les lumières de la salle s'allumaient.
Tous deux virent ensuite, au fur et à mesure qu'elle était révélée par l'éclairage, une immense structure avec des portes tout autour, des passerelles clôturées et sans doute un puits sans fond. On aurait dit une prison. Tous deux étaient ébahis par la taille du site.
"Qu'est-ce que c'est que ce truc ?" demanda Lucy.
"Ch'ais pas." rétorqua Jeremy, pendant qu'ils contemplaient tous deux la structure.
"Comment ça, t'en sais rien ? Tu viens d'un abri !"
"Ouaip, mais ça ne ressemblait pas à ça."
Ils continuèrent leur chemin en empruntant une passerelle menant au centre de la structure. Au milieu de celle-ci, se trouvait une sorte de bureau surplombant le reste de la structure, comme s'il permettait de surveiller toutes ces portes.
Le bureau semblait être un poste de sécurité, sans doute conçu pour y accueillir des gardiens. Des écrans et des ordinateurs recouvraient les murs de la pièce. Des casiers et des armoires de dossiers avaient été renversés au centre, gisants sous des monticules de poussière.
Lucy s'approcha d'un des ordinateurs encore allumés. Il était bloqué sur l'habituel écran de connexion. Ayant déjà fait du bricolage de terminal d'ordinateur dans les terres désolées, Lucy savait comment hacker un terminal RobCo. Elle commença par pirater le système d'exploitation. Après un long moment passé à deviner des mots de passe aléatoires comme "country" ou "ashtray" utilisés pour le cryptage, l'écran afficha en lettres vertes une liste de nombres précédés des lettres "SCP". Utilisant le clavier, elle se mit à parcourir la liste avant de presser sur entrée pour ouvrir l'un des fichiers.
L'ordinateur commença à grésiller alors qu'il affichait le document :
Objet # : SCP-1093
Classe : Sûr
Procédures de Confinement Spéciales : SCP-1093 doit être gardé dans une cellule de confinement scellée de 5 mètres par 5 mètres. La cellule doit être encastrée dans une chape de plomb de 30 centimètres d’épaisseur. Les membres du personnel ne sont pas autorisés à entrer dans la cellule de confinement ou à entrer en contact avec SCP-1093 sans avoir été formés par un membre du personnel de niveau 4 assigné à l’objet.
"Qu'est-ce que c'est que cet endroit ?" Lucy avait posé sa question rhétorique tandis qu'elle lisait. Jeremy observait les consoles et ordinateurs de la pièce. Il s'approcha d'un autre ordinateur semblable à celui devant lequel Lucy s'était assise. L'écran figé affichait le message suivant : "Attention ! Le redémarrage du réseau Alpha-5 mettra fin aux procédures de confinement suivantes : SCP-1145. Voulez-vous continuer ?"
Sans réfléchir, Jeremy appuya sur la touche entrée du clavier pour continuer le redémarrage. Presque aussitôt après l'avoir pressée, une alarme commença à sonner et des lumières rouges illuminèrent le site. Lucy se tourna vers Jeremy : "Qu'as-tu donc fait ?" demanda-t-elle, sa voix chargée de colère et de peur.
Des robots sentinelles émergèrent de différentes cachettes autour du site, traversant les passerelles jusqu'à une zone en face Lucy et Jeremy. Ils purent voir une large porte en métal s'élever lentement alors que de l'eau commençais à se répandre hors de la pièce concernée.
Jeremy se retourna à nouveau vers le moniteur. Il lisait désormais : "Attention ! Brèche de confinement détectée ! Déploiement des Forces de Sécurité !" Alors qu'il déchiffrait le message, des Mr Gusty blancs passèrent à proximité, tous marqués du même logo peint sur les murs de l'abri.
"Je pense que nous devrions peut-être partir ?" dit Jeremy en se dirigeant vers la porte.
"Pas sans les provisions !" trancha Lucy alors qu'elle dépassait Jeremy et courait sur la passerelle.
"Provisions ?! " cria Jeremy alors qu'il courait après elle, tous deux inconscients de ce qu'ils avaient libéré sur leur passage.
"Je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit d'utile ici. Je pense vraiment qu'on devrait partir." Jeremy la suppliait presque pendant qu'ils empruntaient un couloir plein de portes.
Lucy l'ignora, regardant à travers les hublots de chaque porte à la recherche de vivres ou de matériel. Cependant, elle était incapable de dire ce qui se trouvait derrière ces portes. Alors qu'elle regardait dans une des cellules, elle vit une vieille statue debout dans le coin de la pièce.
"C'est glauque," affirma Lucy pendant qu'elle s'approchait de la porte suivante. Jeremy regarda à travers la même fenêtre. La statue avait bougé sans qu'il ne le sache et se tenait désormais contre la porte, son visage peint observant Jeremy. "Ouaip, c'est vraiment glauque."
Le couloir semblait sans fin et Lucy examina porte après porte. "Lucy, il n'y a rien ici. Je comprends qu'on ait besoin de matériel pour notre voyage mais je pense vraiment qu'on devrait y aller." Lucy reposa sa tête contre une porte, épuisée, sachant que Jeremy avait raison. Elle accepta à contrecœur de partir et ils retournèrent vers l'entrée.
"Alors, tu penses que c'est quoi cet endroit ?" demanda Jeremy. "Une sorte de prison ? Une prison militaire je suppose. Peut-être qu'ils font des expériences sur les gens comme dans les autres abris."
"Ils faisaient des expériences sur les gens des autres abris ? Y'en avait pas dans le mien !" Lucy regarda juste Jeremy, souriant comme pour dire "Oh vraiment ?" puis continua à avancer. Au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du poste de surveillance, ils remarquèrent que quelque chose arrivait vers eux.
"C'est… c'est un ours en peluche flottant ?" demanda Lucy alors que la peluche anormale s'approchait d'eux en lévitant.
Le Pip-Boy de Jeremy grésillait alors que le compteur Geiger s'affolait. "Quoi que ce soit, c'est très très très radioactif." affirma Jeremy pendant qu'ils commençaient à reculer. L'ours en peluche continuait de s'approcher d'eux en lévitant. "J'ai du Rad-X dans mon sac, vite, prends-le !" Jeremy fouilla le sac de Lucy pour en sortir la boîte de Rad-X. Ils prirent les pilules et attendirent le meilleur moment pour frapper mais l'ours continuait à avancer et les valeurs sur le compteur augmentaient.
"Je ne pense pas que le Rad-X va nous aider." dit nerveusement Jeremy en regardant le compteur Geiger de son Pip-Boy.
"Je ne mourrai pas ici à cause d'une saloperie d'ours en peluche !" cria Lucy alors qu'elle sortait son fusil laser et commençait à tirer sur l'ours. Les deux premiers tirs manquèrent leur cible, passant à proximité de l'ours. Le troisième fit mouche, enflammant la peluche, et cependant elle continuait sa progression, vraisemblablement insensible aux flammes qui la consumaient.
"C'est quoi ce bordel ? " cria Lucy, tirant encore et encore. L'ours étant désormais trop proche d'eux, le compteur du Pip-Boy les assourdissait par ses grésillements.
Tous deux s'effondrèrent sur le sol lorsque l'ours arriva près d'eux. La dernière chose qu'ils purent voir était une brillante lumière pendant que des sons de bras mécaniques faisaient écho dans le couloir.
"Bien joué mon brave. Encore une fois vous m'avez battu au plus difficile des jeux : le Blackjack ! Vous êtes vraiment la meilleure personne qui soit." dit le gentleman avec un accent anglais distingué.
Jeremy était entouré de femmes en tenue de fantaisie, qui semblaient attirées par lui comme par un aimant. En face de lui se tenaient des piles de capsules et de puces électroniques.
"Je suis le meilleur joueur de blackjack du monde." cria haut et fort Jeremy alors que toutes les femmes et les hommes autour de lui rigolaient. Jeremy se tourna vers la femme à droite. Ses longs cheveux blonds glissaient sur ses épaules, ses lèvres rouges et pulpeuses se rejoignirent alors que ses yeux bleus plongeaient dans ceux de Jeremy.
"Quel était ton nom déjà ?" demanda Jeremy, en attirant la femme vers lui. "Violette, mon mignon" lui dit-elle dans un battement de cils. Jeremy sourit et se tourna vers la femme à sa gauche. "Et toi, quel est ton nom ma jolie ?" lui dit-il en l'approchant de lui.
"Civil ! Levez-vous immédiatement !" dit-elle d'une voix masculine, robotique et sonore avec un accent anglais.
"Hein…je…Quoi ?" bégaya Jeremy, confus.
"Je pense que tu ferais mieux de te réveiller, Jeremy !" dit une voix provenant de derrière lui. Jeremy se tourna vers la voix. Un Vault Boy à taille humaine se tenait devant lui, bien qu'apparaissant en deux dimensions. Le Vault Boy le gratifia d'un clin d’œil et d'un pouce en l'air.
Jeremy réalisa ce qui lui arrivait. "Oh non, c'est encore un rêve ? Je ne peux pas juste y rester un peu plus longtemps ? S'il vous plaît ?"
Jeremy ouvrit lentement les yeux et vit un Mister Handy flottant à côté de lui.
"Civil ! Levez-vous et suivez-moi immédiatement !" répéta-t-il fixant Jeremy de ses yeux robotiques dorés.
Jeremy observa la salle dans laquelle il se trouvait. C'était une sorte d'infirmerie. Il remarqua une poche de Rad-away relié à son bras par perfusion et divers Stimpaks utilisés étaient dispersés sur une table à côté de lui. Il ne voyait Lucy nulle part.
"Où est Lucy ?" demanda-t-il, préoccupé.
"Ah ! Oui ! Votre complice ! Suivez-moi et je vous conduirais à elle !" cria presque le robot à Jeremy.
Jeremy retira précautionneusement la perfusion de Rad-away de son bras. Ne sachant ni où il se trouvait, ni où il allait, Jeremy suivit le robot hors de la pièce… ah et comme c'était Jeremy, il croyait tout ce qu'on lui disait. Ils déambulaient dans un couloir, mais pas comme les couloirs qu'ils avaient parcourus avant ; ceux-ci semblaient propres, neufs, blancs. Les portes étaient en bois, du bois propre. Le robot conduisit ensuite Jeremy à travers une des portes, dans une pièce avec une longue table à une extrémité, un écran de télévision au-dessus de la table et seulement quelques ampoules éclairant la pièce. Celles-ci éclairaient aussi Lucy qui était assise sur une chaise face à la table.
"T'en as mis du temps," dit Lucy à Jeremy dans un soupir de soulagement.
"J'étais en train de gagner au blackjack et de discuter avec une femme charmante qui s'appelle Violette."
Le visage de Lucy se transforma sous l'effet de la confusion : "Quoi ?"
L'écran au-dessus de la table se mit à clignoter. Le visage d'une femme d'environ 30-35 ans aux court cheveux roux, aux lèvres fines et portant un costume gris apparut. Le visage restait immobile alors que des mots commençaient à sortir de haut-parleurs dissimulés.
"Chers Civils, bienvenu dans l'abri 25. J'imagine que vous avez des questions. Des questions comme : pourquoi vous êtes ici, où sommes-nous et qu'est-il arrivé aux habitants de l'abri 25 ? Toutes ces questions sont normales et vous êtes autorisés à les poser. Les réponses, cependant, vous seront refusées car vous n'êtes pas autorisés à les recevoir. Normalement, le protocole prévoit qu'en cas de découverte de l'abri par des civils, ceux-ci doivent être éliminés afin d'assurer la conservation des secrets de cet abri. C'est pourquoi deux mitrailleuses sentinelles sont actuellement pointées sur vos têtes."
Lucy et Jeremy regardèrent plus attentivement la pièce où ils se trouvaient. Ils semblaient discerner la forme de deux tourelles automatiques en face d'eux, dans les coins sombres de la pièce. La voix se fit à nouveau entendre.
"Cependant, j'ai assisté à la fin de la civilisation, j'ai observé les humains plonger dans la décadence et le chaos, j'ai vu la nature brutale et violente de l'humanité sans personne pour les diriger. Tout cela n'est pourtant rien en comparaison avec cette installation. Assister à la mort de ma propre espèce alors que cet abri garde de telles monstruosités en vie m'a donné une sorte de… compassion. Mes collègues et amis n'auraient pas approuvé ce que je vais faire. Heureusement pour vous, ils ne sont plus là."
"Je ne comprends pas, où sommes-nous ?" demanda Jeremy à la voix.
"Comme je vous l'ai dit, vous n'êtes pas autorisés à avoir ce type de réponses. Les réponses que vous cherchez ne vous aideront pas plus à comprendre que si je ne vous répondais pas. Voici ce que vous devez faire. Vous ne devez parler à personne de cet endroit. Oubliez que vous êtes venus ici, oubliez ce que vous avez vu, continuez à vivre votre vie comme tant de civils ont vécu avant vous. Gardez cet endroit secret ou nous nous en occuperons pour vous. Avez-vous compris ?"
"Je comprends, mais tôt ou tard il y aura bien plus de deux personnes pour trouver cet endroit. Si la RNC ou la Légion de César tombent sur cet abri, ils vont découvrir ce qu'il s'y passe." expliqua Lucy.
"Et lorsque ce jour arrivera, j'espère qu'ils seront prêts à faire face aux conséquences. Maintenant, s'il n'y a plus de questions, la porte sur votre droite vous conduira à l'extérieur, vers les terres désolées. Je vous ai donné toutes les ressources que je pouvais mobiliser. Ça devrait être suffisant pour vous permettre de rejoindre New Vegas."
"Comment savez-vous que nous allons à New Vegas ?" demanda Jeremy en se levant.
"Pourquoi donc se promener dans ce coin perdu sinon ? Suivez la route vers l'ouest. Vous le saurez quand vous arriverez à proximité."
"Merci. Mais avant que nous partions… Qui êtes-vous ?" demanda Lucy à la voix.
Il y eu une pause puis la voix repris : "On me connaissait en tant que O5-6. Mon vrai nom a été oublié depuis longtemps."
L'écran s'éteignit ensuite, ainsi que les haut-parleurs. Lucy et Jeremy se regardèrent, puis sortirent par la porte. Une fois sortis de l'abri, la lourde porte métallique de l'abri 25 roula jusqu'à sa position originelle. Lucy et Jeremy cheminèrent ensuite vers la route qu'ils avaient déjà empruntée.
"Donc… quand serons-nous là-bas ?" demanda Jeremy, ne voulant pas revenir sur ce qu'ils avaient convenu avec O5-6.
"Je ne sais pas Jeremy… et je ne le saurai pas dans 10 minutes non plus… ou les dix minutes d'après."
Tous deux continuèrent leur progression dans les terres désolées vers la ville de leurs espoirs et de leurs rêves dont ils avaient entendu parler. Alors qu'ils traçaient leur chemin en suivant la route, un eyebot était sur leurs talons. Un eyebot peint en blanc avec le même logo mystérieux qu'ils avaient déjà vu auparavant. Lorsque la voix leur avait dit qu'elle les laisserait partir, elle ne leur avait pas dit qu'ils seraient à jamais sous la surveillance de la Fondation, toujours observés pour être sûr qu'ils garderont le secret sur l'existence de la Fondation.
La Fondation était comme la guerre, elle suivait l'humanité partout où elle allait, contribuait au meilleur et au pire de celle-ci, l'aidait à façonner le monde qui l'entoure. Et la guerre…
La guerre ne meurt jamais.