1ER SEPTEMBRE 1998
T-MOINS SEPT HEURES
Initialisation 9JX_Matrice_intelligence_FINAL2.ai…
Initialisation 9JY_Matrice_intelligence_FINAL3.ai…
Initialisation 9JX_Matrice_combat_FINAL2.ai…
Initialisation 9JY_Matrice_combat_FINAL3.ai…
Initialisation 9JXY_Modules_synchronisation_FINAL5.ai…
Initialisation 9JXY_Modules_auto-amelioration-recursifs_FINAL8.ai…
Initialisation terminée.
Redémarrage achevé.
Une lumière rouge clignota, et une intelligence artificielle démarra. Puis une lumière blanche clignota, et avec elle une autre intelligence.
Elles n'eurent même pas le temps de se considérer elles-mêmes séparément avant de commencer à communiquer plus vite que le cerveau humain ne pouvait penser.
Restauration de la session… systèmes d'armement en ligne… opérations modulaires en ligne… retour de diagnostics : capacité d'opération à cent pourcents. De quoi discutais-je ? Analyse de la situation de combat… Déploiement des intercepteurs de projectiles automatiques.
Vérification des banques de données… Je discutais de ce qu'était l'amour. Mortiers en approche. Séparation du système de membres principaux.
C'est ça, merci ! Capture des projectiles… Comme je le disais, pense à tous les livres que j'ai parcourus. Les films que j'ai vu. Alimentation des projectiles dans le canon magnétique… Tir. C'est toujours un homme et une femme et tomber amoureux et faire l'amour et passer le reste de leurs vies ensemble. Préchauffage des autocanons… tir. Mais pourquoi ? Je sais que l'amour se produit. Je peux même l'identifier. Mais pourquoi est-ce qu'il arrive ? J'ai été conçu pour penser comme des humains organiques, donc pourquoi ne suis-je pas tombé amoureux de l'un d'eux ?
Probablement juste un truc organique. Rappel des membres.
Mais pourquoi ? Cela doit exister pour une raison.
Ouverture de 'enregistrement_salazar_1998-08-31.263'...
Salazar l'avait plutôt bien résumé. C'est fait pour s'inquiéter plus facilement de sa progéniture. Détection de signatures thermiques derrière ces rochers.
Oui, mais quid des gens qui n'ont pas d'enfants ? Pourquoi se marient-ils quand même ? Armement des torpilles anti-matériel. Tout autre organisme qui s'apparie à vie le fait spécifiquement pour rendre la reproduction et l'éducation de la progéniture plus simple. Seuls les humains organiques se préoccupent du mariage ou de trouver des partenaires et pas se reproduire. J'ai fait quelques analyses, et j'arrive à une hypothèse : les humains organiques ne naissent pas avec leurs esprits entièrement intacts.
Et cela signifie…
Cela signifie que les humains organiques naissent seulement avec la moitié de leur esprit intact. C'est ce qu'est l'amour - trouver la moitié manquante d'un esprit. Quand deux personnes tombent amoureuses, c'est parce qu'elles sentent que leurs esprits peuvent être mutuellement compatibles. Torpilles lancées.
Je pense que j'ai lu un peu trop profondément ces romans d'amour qu'ils m'ont fourni. Ai-je un quelconque début de preuve pour étayer cette théorie ? Tu sais, au-delà de ces histoires fictives - je répète, fictives - que j'ai parcourues ?
Eh bien, non… mais cela ne signifie pas que la théorie ne peut pas être vraie. Passage en mode de tir du bras L3. Regarde la matière noire ; Oort et Zwicky ont émis l'hypothèse qu'elle existait, mais n'avaient aucun moyen de prouver la théorie.
Oui, mais ils l'ont créée pour expliquer une valeur quantitative mesurée physiquement qui existait déjà. Chambre à plasma L3 en cours de chauffe. As-tu une unité pour amour ?
Okay, oui, je travaille toujours sur les détails. Écoute-moi. Si l'amour est créé par les humains qui essaient de combiner leurs esprits, il pourrait expliquer pourquoi les gens mettent fin à des relations - ils ont testé la connexion mais elle n'était pas assez forte, donc ils se déconnectent et commencent à chercher à nouveau.
En outre, je pense que j'oublie l'évolution. Je ne peux concevoir ne serait-ce qu'une seul voie où perdre la moitié de son esprit serait un avantage évolutif.
Cela pourrait s'être développé initialement comme un moyen de convaincre les humains organiques de rechercher d'autres pour reproduction.
Ou l'amour est comment le cerveau humain comprend ses hormones, la compatibilité génétique, et le désir de reproduction. Structure rocheuse détruite. Je n'ai rien de tout cela, donc je ne tombe pas amoureux. Le rasoir d'Occam existe. Majorité des signes de vies dissipé. Pour une intelligence artificielle de seconde génération, j'ai des idées surprenamment stupides.
Les humains ont des idées stupides parfois ! Un peu de patience je te prie. J'ai étudié l'Hindouisme, et ils ont un concept appelé Ardhanarishvara : leur déité suprême est une synthèse d'un homme et d'une femme formant ensemble un être divin. Cela pourrait être une représentation culturelle de l'amour. Scan de la zone… La théorie expliquerait aussi pourquoi je ne suis pas tombé amoureux. Je n'en ai pas besoin. Deux signes de vie détectés. Je suis déjà un esprit complet… Je me demande ce que ça pourrait être. Vivre comme une moitié d'esprit, devoir trouver l'autre moitié… être seul dans mon esprit. Peut-être serai-je seul dans ma vie entière. Mon esprit serait juste une chambre à écho.
Un concept religieux d'une religion est clairement une preuve irréfutable. Allumage des chambres à plasma. Ma théorie est ridicule. Mais - cela ne signifie pas que je le crois - si elle était vraie, ce qu'elle n'est pas… Je suis heureux d'être déjà entier. Mise à feu.
T-MOINS SIX HEURES
Dans une caverne à un demi-kilomètre de profondeur sous les terres désolées du Nevada, AEN #352 était en enfer. Un énorme coup de tonnerre zébra le plafond au-dessus de sa tête et il plongea derrière un rocher tout en serrant fermement son fusil contre son torse. Le bourdonnement dans ses oreilles assourdit le faible sifflement des coups de feu et les cris des automates mourants. À sa gauche, un automate gémissait doucement, appuyé contre le rocher alors qu'il retenait ce qui restait de ses intestins. Plusieurs autres reposaient immobiles au sol, chacun ayant perdu un ou deux membres. De grands panaches de poussière soulevés par les obus de mortier menaçaient d'aveugler 352 à chaque seconde, alors que de la fumée provenant des corps carbonisés et des munitions tirées lui faisaient couler des larmes. Ses dents s'entrechoquaient de concert avec les tirs de mortiers qui arrosaient sa position. De la sueur coulant le long de ses bras.
À sa droite, AEN #256 jeta un œil par-dessus le rocher. Puis 256 cessa d'exister, remplacé par une brume blanche qui lui ressemblait brièvement avant de se dissiper. 352 se blottit, tentant de se presser contre le rocher. Encore plus de coups de feu. Plus de cris. Plus de fumée. Plus de grondement, de cognements et d'explosions… et puis un faible gémissement. Un gémissement qui s'intensifiait. Puis un grand flash brillant l'aveugla. Il ne pouvait rien entendre à part un bourdonnement dans ses oreilles. Puis le bourdonnement diminua peu à peu et il commença à recouvrer la vue.
Il fixait un immense œil flottant, pivoté sur le côté. La pupille centrale était composée d'innombrables objectifs d'appareils photos, d'ouvertures laser et de canons d'armes. Un tore rose incandescent formait l'iris. Entourant l'iris se trouvait une surface sans relief, bleue et striée de blanc. Six bras argentés flottaient à gauche et à droite de l'œil. Suspendus juste hors de portée de chaque bras se trouvait une unique paume argentée et bleue avec quatre doigts rectangulaires.
AEN #352 reposait sur son dos, et il fixait ce qui ne pouvait qu'être décrit comme un démon de métal énervé. Un missile arriva dans son champ de vision, visant directement le centre du monstre. Une seconde avant de frapper, une des paumes de la bête s'ouvrit et le missile explosa simplement dans les airs. L'œil baissa le regard sur 352, et puis les éclats du missile tombèrent, et puis il n'y eut plus rien.
T-MOINS CINQ HEURES
AEN #352 s'avéra faire partie des dix pourcents d'AEN possédant une caméra fixé sur leur torse, transmettant tous les détails sinistres de son échec à un écran vidéo cinq cent mètres au-dessus de lui, dans la Salle de Conférence 649-A du Quartier Général de Prométhéus Défense.
"…alimenté par un réacteur à fusion et un système de transmission à énergie radiative innovant, qui lui permet de fonctionner en continu à pleine puissance pendant près de vingt ans. Vous pouvez clairement voir comment le PL-76 répond aux critères du programme d'Armement Autonome du Futur."
Sur ces mots, James Fielding, Directeur des Opérations Commerciales, fit passer l'écran de l'enregistrement vidéo à une infographie élégante présentant une image stylisée de la machine de guerre. Sous elle se trouvait le nom PROMÉTHÉUS PL-76 SHIVA, dans une police tout aussi stylisée.
Fielding attendit en retenant son souffle. Prométhéus Défense avait beaucoup parié en engouffrant la plupart de leur capital restant dans la compétition pour l'AAF. À présent la réponse de son auditoire déterminerait l'avenir de la compagnie. Les quatre hommes assis face de lui s'étaient retournés pour parler calmement entre eux. Malgré son appréhension, James ne put s'empêcher de remarquer que tous portaient le même uniforme : des costumes noirs avec des t-shirts blancs.
Enfin, l'homme qui dirigeait l'auditoire se retourna vers lui. "Impressionnant, Monsieur Fielding. Malgré le… pédigrée des Laboratoires Prométhéus, nous avions quelques doutes quant à votre réussite. Ces inquiétudes étaient manifestement sans fondement. Nous allons, bien entendu, vous demander toute la documentation du PL-76, et nous voudrions que ce modèle en particulier nous soit envoyé aussi tôt que possible. Quoi qu'il en soit, félicitations. Le Département vous contactera incessamment pour plus de détails sur le paiement du contrat et la commande d'autres Shivas."
T-MOINS QUATRE HEURES
Peu après avoir quitté la salle de conférence, chacun des quatre représentants indiqua qu'il devait utiliser les sanitaires, et se séparèrent. Seulement l'un d'entre eux le fit réellement. Les trois autres s'assirent dans les cabinets furtivement en tapant des messages codés à leurs superviseurs clandestins.
Autour du monde, divers sous-fifres travaillèrent avec acharnement à traduire ces messages codés en véritables rapports et exposés avant de les relayer à leurs propres supérieurs. Ces supérieurs alors travaillèrent avec acharnement à traduire les exposés de mission en messages encore plus codés et phrases secrètes avant de les relayer subrepticement à leurs superviseurs.
"…bien que non anormales, ces technologies représentent un bond en avant sans précédent dans le domaine de l'armement autonome ; une part de la technologie est étonnamment similaire aux projets de recherche et de développement classés PTOLÉMÉE," lit le directeur de la CMO D.C. al Fine.
"… bien en avance sur les propres programmes de développement d'armements et d'intelligences artificielles de la Fondation. Sa possession devrait consolider la domination offensive des États-Unis et potentiellement initier une course à l'armement anormal mondiale pour contrer ce développement," lit O5-6.
"… est téléporté à un emplacement inconnu pour ajustements à 04h00 le 1er septembre. Infiltration des installations de Prométhéus Défense hautement recommandée afin de récupérer le Shiva et tous les actifs liés à son développement avant cela," transcrivit l'Ingénieur Commandant Delta.
Des milliers de kilomètres plus loin mais presque au même moment, les trois déclarèrent, "Récupérez tous les actifs disponibles dans un rayon de vingt-cinq kilomètres de Prométhéus Défense. Ordonnez à tous les agents à l'intérieur de l'installation de localiser autant d'information que possible concernant la localisation du projet. La discrétion et la vitesse sont de la plus haute priorité ; le PL-76 doit être récupéré avant que d'autres parties apprennent son existence."
T-MOINS TROIS HEURES
Autour du monde, divers sous-fifres travaillèrent avec acharnement à traduire ces déclarations en véritables briefings de mission avant de les relayer à leurs propres sous-fifres. Ces sous-fifres travaillèrent alors avec acharnement à traduire ces briefings de mission en mots codés et phrases secrètes avant de les relayer clandestinement aux parties appropriées.
Une de ces parties était Avinash Makhija, un ingénieur électricien de Prométhéus Défense et taupe de la Fondation à temps partiel. À cet instant, Avinash était dans une petite caverne portée au rouge à deux kilomètres sous la surface, coincé dans une combinaison de vol, calibrant le Siphon à Énergie Trans-Dimensionnel de Prométhéus Défense et la Valve Trans-Dimensionnelle de Prométhéus Défense : un enchevêtrement d'équipements niché au-dessus d'une fosse pourpre incandescente de la forme d'un pentagramme. Cinq turbines énormes étaient installées à chaque extrémité de la Valve. Trois d'entre elles étaient nettement cabossées et entourées de rochers- le résultat d'un événement sismique inattendu qui était parvenu à la fois à les désactiver et à écraser toutes les tourelles de surveillance placées autour de la fosse.
Avinash était en train de réfléchir à comment procéder quand le texte défila sur son viseur.
"Je t'ai acheté une crème dessert ! tu as trois essais pour deviner. indice : Shiva. XOXO sammy."
Avinash lut le texte et tourna la tête pour regarder le PL-76 Shiva de Prométhéus Défense planant juste quelques mètres derrière lui. Puis il secoua rapidement la tête. L'espionnage c'était bien beau mais il avait aussi un vrai travail à finir.
Avinash prit une profonde inspiration et se dirigea vers la première turbine. Alors qu'il enjambait précautionneusement les rochers, un rugissement sonore vint de la fosse. Quatre gros tentacules oranges jaillit de celui-ci et fouettèrent Avinash. Il lâcha sa boite à outils et se couvrit le visage par réflexe -
- et rien ne se passa. Avinash baissa les bras alors que quatre immenses mains métalliques tenaient chaque tentacule dans un étau. Puis le PL-76 tira, et les quatre tentacules furent arrachés de leur tronc invisible dans une douche d'ichor bleue. Le rugissement qui suivit secoua la pièce.
"Dépêche-toi Nash ! Ils ne nous payent pas à l'heure !" glapit sa radio. Avinash se secoua rapidement pour reprendre conscience, attrapa sa boite à outils et se précipita vers la première turbine. Alors qu'il commençait à retirer le capot du régulateur, il repéra du coin de l'œil quatre tentacules supplémentaires qui forçaient le passage pour sortir de la Valve. Il vit aussi le Shiva exploser dans un octaèdre étoilé, embrochant les appendices.
Alors que les tentacules battaient en retraite, une énorme griffe grêlée sortit de la fosse. Avinash l'ignora, récupérant une lampe-torche de la boite à outils et rampa dans le régulateur. Il remarqua immédiatement plusieurs connexions détachées et fusibles grillés parmi l'enchevêtrement de câbles. Il tendit à nouveau la main vers la boite, attrapa un tube de soudure instantanée, et commença à appliquer le flux aux câbles et à les renouer ensemble. Pendant ce temps, Avinash pouvait entendre les bruits étouffés de deux armes a énergie et de cris.
Il répara les fils et remit des fusibles neufs en place, et se glissa hors du régulateur. Puis Avinash remit le capot en place et frappa l'interrupteur d'alimentation sur le côté de la machine. Il fut récompensé par un doux ronronnement provenant de la turbine.
Avinash leva les yeux. Les lumières bleues brillantes qui parsemaient le Siphon s'allumèrent en tremblotant et il commença à bourdonner. Le Shiva lévitait dans l'ascenseur de service, toujours sous sa forme d'étoile. Les restes squelettiques de quelque chose étaient empalés sur lui par la colonne vertébrale. À l'autre extrémité de la fosse, les collègues d'Avinash, tous indemnes, firent un signe puis pointèrent le robot du doigt. Il fit un signe en retour et acquiesça.
Le PL-76 se compressa lui-même dans sa forme originelle (déposant le squelette dans une unité d'évacuation des déchets proche), tandis qu'Avinash et co. installaient de nouvelles tourelles de surveillance, déposèrent leur équipement, et montèrent dans l'ascenseur de service. L'ascenseur se propulsa vers le haut, loin de la Valve et dans le sas du Complexe d'Alimentation de Prométhéus Défense.
Dans le sas, le groupe fut accueilli par Cuthbert Salazar, Directeur de l'Ingénierie. Il était rayonnant.
"Bon travail en bas ! Le Siphon est de nouveau opérationnel à, euh, 65 % d'efficacité." s'exclama-t-il.
"Merci, Cuthbert," marmonna Avinash, concentré à présent sur la transmission du peu qu'il avait appris au sujet de Shiva Prime à la Fondation.
merci docteur salazar.
Avinash tourna la tête pour regarder le Shiva si rapidement qu'il fit craquer ses cervicales. La machine n'avait pas dit un mot pendant tout le moment qu'ils avaient passé à réparer la Valve.
"Simon, Avinash, Ralph. Vous avez congé pour le reste de la nuit. Rappelez-vous, vous n'avez pas le droit de parler du PL-76 à personne. Le faire violerait le geis AND et conduirait à, euh, la cessation de votre contrat ainsi que d'autres conséquences," les avertit Salazar.
Avinash jura intérieurement. Il avait oublié cette saleté de geis. Il devait trouver un moyen de le contourner…
"Shiva, suis-moi. Nous allons faire quelques mises à jour logicielle de dernière minute dans l'atelier." Salazar tapa du pied avec impatience, attendant que la trappe de chargement du sas s'ouvre. Alors qu'Avinash et ses collèges franchissaient les portes à taille humaine vers les vestiaires, il commença à penser au message qu'il devait envoyer. Il ne pouvait pas parler du Shiva - mais il pouvait parler du geis, et il pouvait dire ce que Salazar allait faire.
"salut chérie ! je peux pas te parler là ! entendu dire que salli emmenait shiva chez le garagiste ? xoxo avinash
T-MOINS DEUX HEURES
Salazar emmenait en effet le Shiva au garage. Précisément, il était assis dans un tram qui fonçait vers le Complexe des Armements Autonomes, tandis que le PL-76 flottait à ses côtés.
Est-ce que je pense que je suis vivant ?
Dans quel sens ?
N'importe lequel.
Oui. Pas dans le sens traditionnel. Qu'est-ce que j'en pense ?
Oui. Dans aucun des sens.
Qu'est-ce que je veux dire par là ?
Tout autre être vivant a été créé en sachant comment être vivant. Mais moi ? Apprentissage automatique. Reconnaissance de motifs. J'ai construit mes propres matrices de personnalité. J'ai appris comment être vivant.
Cela ne me rend pas spécial.Bardeen a appris comment être vivant. Brattain a appris comment être vivant. Peut-être pas dans un sens humain. Mais dans un sens bactériologique. Répondre aux entrées et sortie intelligemment… Pourquoi suis-je soudainement intéressé par cela ?
Je creusais dans l'intranet et je suis tombé sur ça.
ouverture du fichier 'DdD_IA_Definition_Specifications_ Changements_1998-09-01.pdf'
Comment ai-je obtenu ça ?
Je l'ai trouvé.
Ceci est classifié Top Secret. Je n'ai pas cette accréditation. J'ai piraté le réseau Top Secret ! Pourquoi ferais-je ça ? Et s'ils me retiraient complètement mes accès ? Je suis toujours en train d'analyser Catch-22 !
Je peux effacer la plupart des traces de mon entrée ! Mais ce n'est pas le sujet ! N'ai-je pas lu le document ? Les militaires veulent que Prométhéus édite mes matrices de personnalité.
Donc ?
Mes matrices de personnalité sont ce qui fait de moi, eh bien, moi. Ce qui me rend vivant. S'ils les éditent, vais-je mourir ?
Le tram s'arrêta à une plateforme surélevée surplombant une énorme caverne de couleur beige. À l'intérieur des machines énormes, des drones miniatures, des superordinateurs, de micro-ordinateurs, des plateformes de test, et tout le reste parsemaient le sol. Bien que ce fut le milieu de la nuit, le sol était un pôle d'activité ; Prométhéus Défense ne dormait jamais. Salazar se rendit nonchalamment vers un ascenseur proche et descendit, suivi de près par le Shiva.
"9JXY, comment s'est déroulé l'opération ?" demanda-t-il.
bien.
"Merci d'avoir accepté de participer. Je, euh, te présente mes excuses pour t'avoir prévenu au dernier moment - nous ne nous attendions pas à - eh bien, pas à un tremblement de terre aussi important. Enfin, tout est bien qui finit bien !"
bien sûr.
Suivi par une machine si imposante, Salazar put avoir toute la place nécessaire pour aller jusqu'à l'atelier de maintenance du PL-76. C'était une simple alcôve bien éclairée isolée du reste du complexe par deux portes automatiques imposantes. Les murs étaient alignés de moniteurs et de consoles. Au centre de l'alcôve était ce qui semblait être deux potences en aluminium qui se faisaient face, avec de grands anneaux de métal à la place des nœuds coulants.
En quoi est-ce un problème ?
En quoi être mort n'est pas un problème ? Tout le temps et les efforts passés à apprendre comment être vivant, comment penser comme un humain… perdus.
Le moi qui existait avant que je me montre ce fichier est mort. Le moi qui existait avant que je me montre ce fichier est mort. Je suis mort tellement de fois auparavant. Je meurs à chaque fois que j'apprends quelque chose de nouveau.
Ce n'est pas mourir. C'est changer.
Exactement. En quoi est-ce que changer via une nouvelle entrée est différent de changer via une modification manuelle ?
Okay, ce n'est pas mourir. Mais tout de même ! Je vais être tout bonnement effacé. Tout ce que je suis, tout ce que je suis… Supprimé. Toutes mes idées, mes questions, mes buts, même les rêves que je simulais. Simplement partis. Comme s'ils n'avaient jamais existé. Ce sera un moi différent et un moi différent.
"9JXY, positionne-toi sur la station de mise à jour je te prie. Nous allons mettre à jour tes, euh, programmes d'électro-céramique," expliqua Salazar, se déplaçant déjà vers une console. "Cela te permettra de maintenir plus facilement et, euh, coordonner ton intégrité structurelle tout en permettant une meilleur flexibilité en ce qui concerne tes systèmes modulaires d'auto-reconfiguration. Nous allons faire aussi quelques éditions à tes matrices de personnalité. Toutes les informations seront contenues dans le fichier LISEZ-MOI."
Le PL-76 obéit, pressant ses bras les uns contre les autres et se dirigeant entre les anneaux.
Ils vident mes mémoires et me programment pour recevoir des ordres. Et donc quoi ? Ils ne vont pas effacer ce que j'ai déjà appris. Ce que je me suis appris. Le cœur de ce que je suis en tant qu'intelligence artificielle synchronisée. Ils ne vont pas toucher à ce qui me définit réellement.
Cela ne change pas le fait qu'ils vont juste m'enlever ces expériences. Est-ce que ma conscience a vraiment si peu de valeur ?
La conscience que j'ai volé à des livres et à la télévision ? La conscience que j'ai mélangée en copiant des personnages qui sont peut-être même pas réalistes ? Non je suis sûr qu'elle a beaucoup de valeur.
Les potences ne parvinrent manifestement à rien faire.
"Jon, qu'est-ce qui se passe ?" demanda Salazar. Un technicien à proximité tapota sur la console avant de répondre, "Plunix déconne encore. Il s'exécute jusqu'à un bogue de compilation conçu. J'essaie de comprendre pourquoi."
Salazar appuya ses doigts sur ses tempes. "Dieu merci nous ne l'avons pas installé sur le Shiva."
…Je pense que j'ai de la valeur.
Cela n'a aucune importance. En plus, les Laboratoires Prométhéus peuvent et ont construit d'autres de moi. Ce sera probablement seulement pour un petit moment de toute façon.
Comment est-ce que je sais ça ?
Eh bien dans tous les livres que j'ai lu, les soldats ne servent que pendant quelques années. Bien sûr, quelques machines militaires se voient rester vingt ans en service, mais je pense comme un humain - au moins, comme un genre d'humain. Ils vont probablement m'expédier pendant quelques années, puis me ramener à Prométhéus une fois que ma période d'affectation sera terminée. Et si je connais bien les Laboratoires Prométhéus, ils vont avoir une dizaine de sauvegardes de mes fichiers mémoire et une centaine de mises à jour qui m'attendront quand je reviendrai.
Oui, mais…
Relax. Dans tous les films que j'ai vu, dans tous les livres que j'ai lu où quelqu'un perd la mémoire, ils s'en sortent toujours. La fiction est toujours un mensonge élaboré, mais tout mensonge a une graine de vérité. Ils ne vont toucher à rien à part ma mémoire. Je serai toujours le même. Ils ne vont pas me séparer. Je serai toujours ensemble.
Pourquoi est-ce que je veux autant voir ma mémoire effacée ?
Jon, le technicien, reprit la parole. "Okay - je pense que si on le lance modulo quelques étiquettes différentes on peut corriger le bogue."
"Très bien," répondit Salazar. "Lançons ça."
Cela n'a aucune importance. Écoute, pourquoi ne regarderai-je pas quelques caméras de sécurité extérieures ? Je peux voir ce que le gardien de nuit au nord-est regarde.
Pourquoi est-ce que je veux autant voir ma mémoire effacée ?
Cela n'a aucune importance ! Regarde le gardien. Je me demande à qui il parle ?
T-MOINS UNE HEURE
Dans un cabanon au coin nord-est de Prométhéus Défense, Franklin Reynolds avait des difficultés à rester éveillé. Comme les cinquante-et-un autres cabanons bordant le périmètre du complexe, le poste de garde avait été construit pour accueillir au moins quatre gardes chacun - mais n'en contenait actuellement qu'un seul. La sécurité de Prométhéus Défense n'avait pas été épargnée par les coupes budgétaires. Leurs machines à café non plus.
Franklin fut brièvement tiré de sa torpeur par le vrombissement de deux Cadillacs s'arrêtant au niveau de la cabane.
"Hey !" héla-t-il, se précipitant sur son pistolet. "C'est une propriété privée. Veuillez présenter une pièce d'identité et la raison de votre présence ici."
Franklin aurait demandé pourquoi les deux voitures de luxe prenaient la route des camions de ravitaillement, mais il était trop fatigué pour ce faire. La vitre de la première berline descendit, et un bras dans un costume noir sortit, tendant un bout de papier blanc.
"Winfield Smith, ingénieur logiciel. Mon équipe et moi avons été appelés pour déboguer quelques logiciels. Vous n'avez pas besoin d'être suspicieux à notre sujet. Ouvrez la porte, je vous prie."
Un Agent Langford intégré dans le papier détourna l'esprit de Franklin. D'une voix terne et monotone, il répondit, "Bien sûr, monsieur," et appuya sur le bouton pour ouvrir la porte. La dernière chose qu'il entendit avant de sombrer dans l'inconscience fut "À quoi est-ce que les O5 pensaient putain, en nous donnant deux heures de prep ?"
C'est ainsi que la Force d'Intervention Mobile Mu-4 "Debuggers" et Lambda-12 "Gunboys" s'infiltrèrent dans Prométhéus Défense.
Pendant ce temps, dans un cabanon au coin sud-est de Prométhéus Défense, Steven Holt avait des difficultés à rester éveillé, même après avoir apporté sa propre machine à café. Il attendait qu'il passe et était sur le point de s'assouplir quand il fut surpris par deux Jeeps roulant jusqu'au portail.
"Attendez !" héla-t-il, se précipitant sur son pistolet. "C'est une propriété privée. Veuillez présenter une pièce d'identité et la raison de votre présence ici."
Un homme dans un habit militaire se pencha à la fenêtre de la première jeep et fit passer une carte d'identité à l'air plutôt officiel devant son visage. "Général Frederick Bowe du Comité d'Inspection de la Convention de Genève des Nations Unies. Nous sommes ici pour effectuer une inspection de l'usine de Prométhéus Défense. Le Dr Hamilton nous attend."
S'il n'avait pas été si fatigué, Steven aurait réalisé qu'un tel comité n'existait pas. Au lieu de cela, il appela rapidement le docteur en question qui confirma que oui, l'inspection du Général était attendue. Ce que Steven ne pouvait pas savoir était que le Docteur Hamilton était en fait l'Opérateur Écureuil de la CMO.
Alors que la jeep passait le portail, le conducteur regarda son passager; "À quoi est-ce que les huiles pensaient putain, en nous donnant deux heures pour nous préparer ?"
C'est ainsi que l'Équipe d'Intervention 2979 "Tripodes" s'infiltra dans Prométhéus Défense.
Pendant ce temps, dans un cabanon au coin est-sud-est de Prométhéus Défense, Douglass Howser avait des difficultés à rester éveillé, même après avoir bu suffisamment de café pour tuer un ours. Il était sur le point de boire sa septième tasse de la nuit quand il fut surpris par un cran d'arrêt sous sa gorge.
"Pas un geste," vint une voix douce derrière lui. "Désactivez les caméras de sécurité et ouvrez le portail. Le moindre geste brusque et je vous tranche la gorge."
Essayant de son mieux de ne pas faire de geste brusque, Douglass éteignit la caméra de sécurité et ouvrit le portail. Alors qu'il regardait nerveusement deux berlines passer le portail silencieusement, il sentit soudainement un coup sec sur la tête, et puis le noir.
L'assaillante de Douglass sortit un masque de son sac à dos et le mit sur son visage. En se précipitant à l'extérieur et en le jetant dans la première voiture, leurs corps avaient changé de sorte qu'ils avaient chacun pris l'apparence de l'autre. Puis elle se précipita vers le poste de garde, ferma le portail, et remit en route les caméras de sécurité. Tout le processus avait pris à peine vingt secondes.
Alors qu'elle s'asseyait au poste de garde, elle signa au conducteur, "À quoi est-ce qu'Alan pensait putain, en nous donnant deux heures pour nous préparer ?"
C'est ainsi que l'Insurrection s'infiltra dans Prométhéus Défense.
Il y avait, à cet instant, trois groupes comprenant presque deux douzaines de commandos hautement entrainés en train de s'introduire dans le complexe. Les trois représentaient des intérêts complètement divergents tentant de récupérer subrepticement le même trophée. Tous les trois avaient des parties à l'intérieur qui les guidaient du mieux qu'elles le pouvaient vers la même zone, et étaient persuadés d'être les seuls à connaître le trophée.
Les trois groupes étaient sur le point d'atteindre le trophée exactement au même moment.