Under a pale blue sky
You never felt so cold
Another sleepless night
How could you ever let go
How do you recognize
The dirty face of gold
Behind that crooked line
Where you never knew you'd go
Headed for the open door
Tell me what you're waiting for
Look across the great divide
Soon they're gonna hear
The sound, the sound, the sound
When we come running
Never go where we belong
Echoes in the dead of dawn
Soon they're gonna know
The sound, the sound, the sound
Under a pale blue sky
You never felt so cold
Another sleepless night
How could you ever let go
How do you recognize
The dirty face of gold
Behind that crooked line
Where you never knew you'd go
Headed for the open door
Tell me what you're waiting for
Look across the great divide
Soon they're gonna hear
The sound, the sound, the sound
When we come running
Never go where we belong
Echoes in the dead of dawn
Soon they're gonna know
The sound, the sound, the sound
Days go by
Feeling broke and tired
Remember
Always remember
Bureau de Neremsa. Dimension Angstrom1 - 07/08/2017, 11h19.
C'était un grand jour.
Après des années d'expérimentations sur un ensemble de plusieurs anomalies, ils l'avaient trouvée. Une autre dimension. Une autre dimension avec un taux de différence de l'ordre de 0,05 %. Une autre dimension, avec une autre Fondation SCP.
C'était une occasion unique, les possibilités d'apprentissage mutuelles pour ces deux Fondations étaient immenses… Tout comme l'étaient les risques. Mais les premières prises de contacts furent concluantes et l'autre conseil des O5 se montra tout aussi enthousiaste. Plusieurs réunions eurent lieu entre les sites similaires. Aujourd'hui était le tour du site Aleph.
En tant que Directeur de la sécurité d'Aleph, Neremsa avait naïvement cru pouvoir échapper au transfert dimensionnel. Sa place était ici. Mais il n'avait pas imaginé qu'il devrait participer à une réunion avec son homologue dimensionnel. Un "échange de protocoles de sécurité" entre les deux sites. Le belge pensait qu'un échange de données informatiques via des disques durs suffiraient. La sécurité autour du portail était telle que presque aucune information ne transitait entre les dimensions. Tout était classifié au plus haut point. Tellement classifié, d'ailleurs, que ça en devenait ridicule.
Le barbu soupira en enfilant son gilet pare-balles. C'était un modèle compact, conçu pour être porté sous un costard. Il avait le mérite de rendre le costard plus confortable. En effet, Neremsa faisait partie des personnes qui se sentaient à l'aise dans une tenue fonctionnelle, au détriment de l'apparat. Après avoir boutonné sa chemise et sa veste de costard, il jeta un regard dans la mallette ouverte qui trônait sur son bureau. En plus de divers documents, elle contenait surtout un P90 accompagné de deux chargeurs. Juste au cas où. Il ne craignait pas une attaque venant de l'autre Aleph, mais il refusait de se retrouver désarmé en cas de brèche de confinement là-bas. Il n'allait pas être seul, ceux qu'il accompagnait devaient être protégés aussi.
Il referma la valise après y avoir rajouté une paire de grenades. Il résista à la tentation de chambrer son Five-seveN avant de le mettre dans son holster de hanche. Chambré ou non, cela ne ferait pas beaucoup de différence. Il jeta un œil à son calendrier et maugréa. De tous les jours possibles, ils étaient vraiment tombés sur le jour qui l'arrangeait le moins.
Tout en se dirigeant vers l'aire de départ, il se répéta ce qu'il savait sur ce fameux portail, ainsi que sur la mission.
Il fallait une semaine, hors complications, pour réutiliser le portail. Ils allaient donc passer sept jours là-bas. Le risque de mort par "phénomène de dislocation dimensionnel" (surnommé "un haggis" par les techniciens) s'élevait à moins de 0,1 % de chance. Ils ne seraient que trois pour cette mission. Neremsa, en tant que directeur de la sécurité. Benji, en tant que technicien du DI&ST chargé des prototypes du labo B9 et le Dr. Gémini, chargé des opérations de censure et de désinformation. Des dispositions avaient été prises pour chacun d'entre eux, un successeur désigné à leur poste respectif, leurs affaires en ordre, leurs dernières volontés écrites, transmises, signées et approuvées.
Juste au cas où.
Le transfert dimensionnel n'était pas encore parfait. Bien que sécurisé avec un très faible risque d'accident, ce n'était pas un moyen de voyager très agréable. Ce n'était pas comme si les vomissements étaient fréquents en sortie de portail : ils étaient systématiques, même avec une injection de scopolamine. Neremsa détestait les injections de scopolamine2, du coup ça l'arrangeait bien, paradoxalement, de vomir d'office à l'arrivée : pas besoin d'injection. Il allait pouvoir conserver l'esprit clair.
Zone de départ Aleph-1. Dimension Angstrom - 07/08/2017, 10h26.
- Avant que vous partiez, vous avez tous mangé quelque chose ?
Octavio Gémini haussa un sourcil face à la question du technicien.
- Je croyais qu'on allait de toute façon vomir.
Le technicien sourit.
- Oui, mais c'est plus agréable de vomir quelque chose que d'avoir des contractions stomacales à vide ou vomir de la bile. Allez chercher un peu de pain là-bas et mangez le, croyez moi c'est préférable. Et buvez un grand verre d'eau aussi.
Gémini s'exécuta, suivit par Neremsa. Tous deux mangèrent une tranche de pain accompagnée par le verre d'eau prescrit par le technicien. Ils portaient une combinaison grise fournie par la section aéronautique. Il était plus convenable d'arriver en vomissant en combi salissable qu'en ruinant un costard.
- Pour le coup, marmonna Neremsa, j'envie Benji.
Gémini acquieça en reposant son verre d'eau vide.
- Oui, lui au moins il ne se ridiculisera pas à l'arrivée.
L'intéressé intervint :
- Heu… Loin de moi l'idée de vous décevoir mais j'ai un estomac aussi, vous savez.
- Donc… Tu vas gerber ta race aussi ?
- Très imagée comme phrase, monsieur Vandrake.
Benji soupira en voyant le barbu sourire ironiquement suite à la remarque de Gémini. Il s'empara également d'une tranche de pain qu'il mangea sans enthousiasme. Il but son verre d'eau cul-sec et discuta un peu avec ses compagnons de voyage. Tous les trois étaient nerveux et essayaient de se détendre en riant. Même si les techniciens se montraient rassurants, ils ne pouvaient s'empêcher de stresser. Un signal sonore grave leur indiqua que le portail était prêt à s'ouvrir. Ils se dirigèrent vers la zone de départ avec une boule au ventre.
Des références culturelles telles que Stargate avaient fait imaginer à Neremsa un portail circulaire. En réalité le dispositif ressemblait à deux enceintes de concert bardées de câbles et disposées l'une en face de l'autre avec un écart d'environ quatre mètres. Contrairement à ce qu'il imaginait, la mise en activation du portail ne se manifestait ni par une "fenêtre" sur l'autre monde ou par une étendue miroitante ressemblant à la surface de l'eau vue par en dessous. En fait une fois en activité, le portail émettait une vibration sonore et l'air entre les deux "enceintes de concert" se brouillait comme s'il était soumis à une chaleur intense.
Un technicien s'approcha en haussant le ton pour couvrir le bruit du portail.
- Ok, on stabilise le passage d'ici un peu moins de deux minutes ; quand le voyant vert au dessus de vous s'allume, vous pouvez y aller. Ne courez pas, contentez vous de marcher à travers. Imaginez que c'est un rideau d'eau ou quelque chose du genre. L'équipe de l'autre côté est prête à vous recevoir. On laisse environ 10 secondes de battement entre chaque passage pour stabiliser le portail, donc une fois que l'un d'entre vous est passé, vous attendez que le voyant vert s'allume encore. Compris ?
Tous trois acquiescèrent.
- Bien. Une fois que vous êtes passés tous les trois, on envoie un rack avec vos valises, donc si jamais on ne vous a pas éloignés de la zone d'arrivée, éloignez-vous en.
Ils avaient décidé plus tôt que Neremsa prendrait la tête. Gémini avait argumenté qu'en tant qu'ancien pilote et directeur de la sécurité, c'était à lui d'ouvrir la voie. Ce à quoi le barbu avait rétorqué en rigolant qu'il préférait laisser l'honneur au plus âgé. Suivi de Neremsa viendrait Octavio, suivi de Benji. Un rack roulant contenant leurs bagages les suivrait ensuite avant que le portail ne se referme pour 7 jours. Le belge s'avança en suivant les marquages au sol. Il se souvenait de ses exercices de parachutage et tentait d'atténuer son stress en se les remémorant. Il focalisa sa vision sur la turbidité dans l'air signalant l'entrée du portail et attendit. Les secondes lui parurent durer une éternité, puis le voyant au plafond inonda la salle d'une lueur verte. Neremsa se retint de courir et s'avança d'un bon pas vers le portail, ne ralentissant imperceptiblement qu'au moment de le franchir.
Zone d'arrivée Ansuz[Aleph]-3. Dimension Driscoll3 - 07/08/2017, 11h38.
Après coup, sa première réaction aurait sans doute été de maudire la génitrice du technicien pour ne pas leur avoir dit de fermer les yeux. En réalité, il ignorait que le technicien y avait songé mais s'était abstenu en sachant d'expérience que les voyageurs, curieux, ne fermaient jamais les yeux lors de leur premier passage. S'il avait fallu mettre des mots sur ce que Neremsa vit durant la fraction de seconde (qui lui parut durer bien plus) que dura le passage, les termes "d'épilepsie visuelle" lui semblaient assez imagés. Durant sa formation de pilote, il avait été entrainé à repousser les limites de sa résistance aux nausées et aux vomissements. Traverser le portail était pire que la plus démentielle démonstration de vol imaginable. Il perdit immédiatement l'équilibre dans la zone d'arrivée et eu juste le temps de sentir quelqu'un l'attraper pour l'éloigner avant que son estomac ne se révolte complètement. Les contractions stomacales lui parurent si violentes qu'elles en étaient douloureuses. Il vomit avec assez de force pour projeter les restes de sa tranche de pain à peine digérée à presque un mètre de distance. Il sentit vaguement qu'on le plaçait en position latérale de sécurité et qu'au moins deux personnes étaient autour de lui. Une pression au niveau de son biceps droit lui indiqua qu'on lui prenait sa tension, ce devait donc être au moins un membre du personnel médical. Il eut tout juste la force de grommeler avant qu'on lui fasse une injection. Il eu l'impression de flotter puis sombra dans l'inconscience.
Zone d'habitat Ansuz-7. Dimension Driscoll - 07/08/2017, 15h37.
Si les vomissements étaient d'une rare violence à l'arrivée, ils avaient techniquement l'avantage de ne pas durer longtemps. Le fait qu'environ neuf personnes sur dix fassent un évanouissement suite au choc du passage rendait cet "avantage" quelque peu nul et non avenu. Néanmoins, après quelques heures de récupération il ne subsistait qu'une simple fatigue généralisée. Au final, le belge s'en tirait mieux que les autres. Le cœur d'Octavio s'était tellement emballé que les médecins avaient cru qu'il ferait un infarctus et l'avaient emmené en urgence au service médical le plus proche. Quant à Benji…
- Ze t'entends te marrer ssale barbu.
- Je t'assure que non, je ne me fous pas de ta gueule, c'est nerveux, répondit Neremsa en contenant mal son hilarité.
Le pauvre Benji avait en effet subi un dysfonctionnement de son système de la parole qui le faisait zozoter depuis qu'il était sorti du portail.
- Très drôle, vraiment. Ze pensse que je vais opter pour un protocole de langaze évitant le pluss possssible la ssonorité SSSS.
- Arrête de parler, j'ai mal aux côtes.
Neremsa essuya une larme de rire de son œil droit et se reprit tant bien que mal.
- Oh bordel ça fait du bien de lâcher la pression. T'as pas un protocole d'auto-réparation ou quelque chose du genre ?
- Affirmatif mais il a été ssurssarzé par le choc de l'arrivée. Il me faudra ssans doute un peu pluss de vingt-quatre heures pour récupérer une faççon de parler normale. Ze vais me couvrir de ridicule à la réunion de demain, moi.
- Boh, arriver en gerbant nos races comme des étudiants découvrant leurs limites, ça se pose là niveau ridicule.
- Oui… Vivement que l'équipe technique améliore les portails, qu'on ait plus à vivre une telle arrivée encore une fois.
- La vache, une phrase sans S, tu déconnais pas avec ton histoire de protocole de langage ?
- Ta gueule.
Neremsa tâta la partie métallique de son visage, ayant soudain pensé à quelque chose.
- C'est curieux, toi tes systèmes ont souffert mais ici je n'ai rien.
- Cc'est normal, moi ze ssuis une consstrucsion, toi tes… Ssysstèmes… Non, on ne peut pas vraiment parler de ssysstèmes… Enfin bref toi tu as ssubi une converssion de tes… ccircuits bioloziques. Rah cc'est compliqué à expliquer. Dizons que ton architecture biolozique t'a évité cce zenre d'emmerdes.
- On va faire comme si j'avais compris, oui. T'as de quoi vérifier que… Tu-sais-quoi n'a pas été affecté ?
- Z'ai insstallé un ssysstème d'alarme dans la pucce, si elle ssubissssait un dyssfonctionnement ze le ssaurais, t'inquiète pas. Et puis le portail n'a pas d'effet type EMP, zusste que çça ssecoue pas mal.
- Ouais je vois.
Ils étaient logés dans un appartement trois chambres, fonctionnel mais confortable. Il se situait au troisième étage du bâtiment et était doté d'un petit balcon. Octavio était encore dans la zone médicale pour observation, les médecins se demandant s'ils n'allaient pas le garder pour la nuit. La réunion des membres du personnel était prévue pour le lendemain, histoire de laisser aux arrivants de quoi récupérer. Ce qui leur laissait environ 15 heures de battement. Le site Ansuz était similaire au site Aleph en taille et en organisation générale, mais il était assez différent dans la disposition de ses départements et de ses couloirs pour qu'Octavio, Benji ou Neremsa doivent appeler un guide sous peine de se perdre. Bien qu'ils ne soient pas de simples visiteurs (pour être exact, ils étaient les visiteurs rêvés, puisqu'ils étaient déjà formés aux manœuvres d'urgence en cas de brèche de confinement), ils n'étaient pas autorisés à se séparer (sauf cas de force majeure, comme la situation médicale d'Octavio). Benji et Neremsa avaient donc décidé d'un commun accord de rester dans leur logement. Ils n'avaient pas grand chose à faire en dehors, de toute façon. Ils avaient pu se changer pour troquer les combinaisons de vol grises contre une tenue moins fonctionnelle ; T-shirt pour Benji et Neremsa, chemise pour Octavio.
- Une petite partie d'éssec ?
- Même pas en rêve.
Benji était littéralement imbattable aux échecs, Neremsa en avait fait l'expérience à plusieurs reprises.
- C'est pas trop chiant de tout le temps gagner ? relança le belge en ouvrant sa mallette pour en sortir son P90.
Benji haussa un sourcil en voyant son comparse décharger l'arme. Il haussa les épaules et alla ouvrir sa propre valise en répondant.
- Cc'est toujours marrant de voir sses adverssaires élaborer de pluss en pluss de sstratézies différentes.
Il sortit une Game Boy de ses affaires et s'installa sur un fauteuil en l'allumant. De temps en temps, il jetait un œil au Belge, occupé à démonter et nettoyer son arme. Benji savait que le P90 n'avait besoin d'aucun entretien. Neremsa était assez parano pour l'avoir entièrement révisé avant même le départ ; il devait le démonter uniquement pour passer le temps. Neremsa et Benji passaient rarement du temps ensemble, si ce n'est pour les vérifications mensuelles de l'anomalie du belge. Ils avaient néanmoins des intérêts communs et autant de sujet de conversation en conséquence.
- Tu as lu le mémo du DISsT4 sur le prozet de munission hypervélocce sur baze du chassssis de P90 ?
Neremsa prit le temps de terminer de visser une pièce avant de répondre.
- Ouais, je pense. Mais je suis pas très fan des mun' HV. Elles cognent trop fort dans les mécanismes.
- Ouais bon, t'as zusste ssurvolé le mémo. On a un prozet de renforccement des piècces par traitements électrossimiques. En théorie çça devrait améliorer les performancces zénérales. En pratique, çça devrait zusste compensser la brutalité des munissions HV pour le mécanizme.
- Je vois. Mais du coup, ça ne va pas rendre la logistique de production, d'entretien et de livraison plus compliquée qu'elle ne l'est déjà ?
- Ze ne pensse pas. L'idée cc'est que cce traitement ssoit appliquable aux zarmes à munissions standards pour augmenter leurs durée de vie. Du coup il faudra zuste razouter une étape dans les ssaînes de montaze.
- Mais ça, c'est juste la théorie… En pratique ça donne quoi ?
- En pratique il y a des ssoucis d'uniformité du traitement de ssurfacce des piècces et de sstabilité des compozants. Les inzénieurs bossssent touzours là dessssus pour améliorer les rézultats.
- Vous prévoyez de l'appliquer à l'ensemble des chaînes de prod' ?
- On commenccera par les ssaînes d'Aleph, puis on enverra les détails de la méthode aux z'autres ssites de production.
- Je vois. Si ça réduit les cycles d'entretiens, c'est tout bénéf'.
- Hun hun.
Voyant Benji se concentrer à nouveau sur sa Game Boy, Neremsa termina de remonter son P90 en silence. Il le déposa sur une armoire, non sans avoir vérifié que la sécurité était mise et qu'aucune balle n'était chambrée. Il retourna fouiller sa mallette et en sortit un étui à cigares en acier ainsi qu'un livre. Le petit objet, d'une contenance de trois cigares, était clairement usé par le temps, cabossé et griffé. Le barbu sortit un cigare de l'étui et le fit rouler entre ses doigts. Machinalement, il le passa sous son nez pour en respirer l'arôme. Il se releva et alla ouvrir la porte-fenêtre coulissante menant au balcon. Bien que petit, le balcon était équipé de quatre chaises, d'une table et d'un cendrier. Il faisait chaud mais un petit vent adoucissait la température. Le belge s'installa et alluma son cigare avec un briquet à essence. La tradition des fumeurs voulait qu'on allume son cigare avec une allumette, mais c'était particulièrement contraignant en extérieur. Les briquets à gaz étaient la solution à ce souci, mais Neremsa ne disposait que d'un vieux zippo. Utiliser un tel briquet avec un cigare était considéré comme une hérésie, mais le goût d'essence donné à la fumée ne le dérangeait pas. Il ouvrit son livre là où il s'était arrêté la veille et reprit sa lecture.
Octavio les rejoignit finalement vers 17h, les médecins ayant estimé que son cœur tiendrait. Tous trois terminèrent la journée en alternant lecture, discussion ou autres occupations. La fatigue consécutive au passage envoya Octavio en premier vers son lit, vers 20h. Neremsa suivit peu de temps après et Benji fut le dernier à aller se coucher.
La première nuit dans la dimension Driscoll fut calme.
Zone d'habitat Ansuz-7. Dimension Driscoll - 08/08/2017, 09h40.
La sonnerie de l'appartement retentit.
- Ils sont ponctuels, c'est bien, se fendit Octavio en resserrant sa cravate.
Benji soupira, son zozotement n'étant toujours pas passé, et alla ouvrir la porte. Neremsa termina sa tasse de café, saisit sa mallette et rejoignit Octavio dans le couloir de l'appartement. La personne qui avait sonné était un membre du DS en tenue standard : treillis blanc avec coudières et genouillères, gilet tactique pare-balle avec poches multiples, P90 et casque à visière. Le garde avait relevé ladite visière, dévoilant un visage buriné d'âge moyen, sans traits distinctifs autres que ses yeux bruns. Il parla d'une voix éraillée :
- J'ai été dépêché pour vous emmener jusqu'à la salle de réunion. Vous êtes prêts ?
- On vous ssuit, répondit Benji.
Le garde les mena au rez-de chaussée où les attendait une jeep blanche ornée du logo de la Fondation. Le garde la fit démarrer dès qu'ils furent tous installés. Neremsa s'était mis à l'avant et nota distraitement le chemin de la zone d'habitat à la zone administrative. Le chemin prit environ 7 minutes à allure modérée. Il faisait déjà chaud et pas un seul nuage n'était visible dans le ciel.
Le garde freina devant l'entrée du bâtiment et se tourna vers ses passagers.
- Je vous dépose ici, le docteur Esperonne vous attend pour vous emmener à la salle de réunion. Passez une bonne journée.
Le bâtiment n'avait rien de particulier en lui même. Tout au plus avait-il moins l'air d'un bunker que les zones de confinement. Par chance il disposait d'une climatisation, ainsi les trois hommes furent accueillis par une fraîcheur bienvenue. Ils reconnurent tout de suite le docteur Esperonne. Octavio et Neremsa l'avaient déjà vu dans une photo d'archive. Benji, lui, le reconnut à la couleur de ses cheveux et à son visage.
- Oh merde, lâcha Benji. Cc'est donc à çça qu'il ressssemblait avant ?
Esperonne leva un sourcil.
- Je vous demande pardon ?
- Dézolé, cc'est zuste que votre homologue dans la dimenssion Angsstrom, le docteur Tombemine, a ssubi un… accccident avec SsCP-113 et heu…
- Il a changé de sexe à cause de cet objet, compléta Octavio.
- Oh… Je… Il… Enfin elle le vit comment ?
- Mal, dit Neremsa en fusillant Benji du regard. Belle entrée en matière, Benji.
- Oui, bon, bref, reprit Esperonne. Je suis François Esperonne, chargé des opérations de censure. Je vais vous emmener à la salle de réunion. Par ici je vous prie.
Tandis qu'ils le suivaient, Benji apostropha Octavio.
- Je penssais qu'on verrait un docteur Zémini alternatif.
- Et bien cette dimension a 0.05% de différence avec la notre. Ça paraît peu mais à l'échelle d'une dimension entière cela peut représenter un très grand nombre de variations.
- Ouais, je vois le délire.
François les emmena vers l'un des huit ascenseurs du bâtiment et pressa le bouton du dernier étage.
- Les autres nous attendent déjà. Pour être honnête, nous étions impatient de vous rencontrer.
- Nous de même, répondit Octavio. Ce n'est pas tous les jours que nous avons l'occasion de rencontrer nos homologues inter-dimensionnels.
L'ascenseur était rapide, et la montée ne prit qu'une vingtaine de secondes. Les portes s'ouvrirent en donnant sur un couloir dans lequel deux autres personnes les attendaient. Un jeune homme au teint cireux, chauve et portant un bandana de couleur verte autour du crâne, vêtu d'une blouse de laboratoire au dessus d'un T-shirt arborant ce qui semblait être le personnage de Gueule d'Argile. Il était rasé de près et avait les yeux bleus. La personne qui se trouvait à ses côtés était une femme au visage fin et à l'air doux. Elle portait ses cheveux roux vifs attachés dans le dos, lui descendant jusqu'en dessous des épaules. Ses yeux vert-bleu passèrent sur les trois visiteurs et s'arrêtèrent presque immédiatement sur Neremsa. Elle pâlit et le sourire qu'elle arborait disparut instantanément. Octavio Gémini jura, chose assez rare pour être signalée. Benji écarquilla les yeux. Neremsa manqua de laisser tomber sa valise. Il avait forgé sa capacité à rester calme tout le long des ses années de service à la Fondation. Cette expérience lui permit d'accuser le coup, mais le choc lui donna la sensation que le monde s'arrêtait à l'instant. Malgré la distance, il entendit parfaitement qu'elle prononçait son prénom en même temps que lui prononçait le sien. Leurs voix à tous les deux étaient tremblantes.
- Viviane ?