SCP-399-PL

Objet no : SCP-399-PL

Classe : Neutralisé

Procédures de Confinement Spéciales : Tous les individus qui ont expérimenté les manifestations de SCP-399-PL sont soit morts, membres d'organisations anormales, ou intégrés à la société anormale. En raison de cela, le confinement de SCP-399-PL est complètement inutile au-delà des procédures standards requises pour le maintien du Voile.

Description : SCP-399-PL désigne une série d'événements anormaux qui se sont produits entre le 1er août et le 3 octobre 1944 — pendant le Soulèvement de Varsovie, une tentative d'insurrection des forces armées polonaises contre l'occupant Nazi de la capitale de la Pologne à l'époque. Tous les individus qui ont expérimenté les manifestations de SCP-399-PL étaient conscients de l'anormal ou présentaient eux-mêmes des propriétés anormales et étaient dans un état de grave danger.

Malgré que la liste complète des événements attribués à SCP-399-PL fasse toujours débat, il est confirmé que SCP-399-PL est responsable des événements anormaux suivants aux lieux et moments susmentionnés :

  • l'apparition de lettres, mots, ou même de phrases entières dans le ciel ;
  • la manifestation d'une voix paisible, chuchotant aux personnes sans aucune source apparente ;
  • l'apparition soudaine d'un immense quantité d'énergie chez des individus précédemment épuisés ;
  • l'élimination soudaine et sans raison apparente d'individus ayant montrés une opposition armée aux actions des insurgés ;
  • la présence d'un grand nombre d'êtres anormaux à Varsovie ;1
  • la détection de changements drastiques dans l'énergie thaumaturgique et les radiations Akiva dans les parties inférieures de Varsovie, malgré le fait qu'aucune source de ces changements n'existe ou ne puisse exister sous la ville.

Addendum 399-PL-1 : Découverte et témoignages des victimes

L'existence de SCP-399-PL a été déduite en 1946 en se basant sur les récits des membres du personnel du Site-120 et de leurs familles qui ont pris part au Soulèvement de Varsovie. Sa classification SCP a été officiellement approuvée quand le Dr Alistair Vemhoff2 a collecté plus de 57 récits de personnes qui ont assisté à différents événements de la SCP-399-PL. Le fichier officiel de SCP-399-PL a été créé quand de nombreuses connexions ont été découvertes entre ces événements ; il a été conclut que les événements que les témoignages décrivent ne peuvent avoir eu lieu sans l'existence d'une sorte de phénomène anormal derrière.

Ci-dessous est jointe une sélection de divers récits concernant SCP-399-PL, tel qu'enregistrés par le Dr Alistair Vemhoff.

? 399-PL/103927-PFOA; Maciej Kowalski; @ Alistair Vemhoff, 120-resp-arch et al


La première chose dont je me souviens est le feu.

Vous n'en entendez jamais réellement parler quand les gens parlent de la guerre. Une balle vous donnera une mort rapide, peut-être qu'elle vous fera saigner pendant quelques heures, mais en fin de compte, ce n'est pas si mal. Mais le feu… le feu est une histoire complètement différente.

Vous avez besoin de comprendre — je n'ai jamais été effrayé par le feu. Même quand j'étais jeune, c'est juste… ça ne me touchait pas. Mais quand… quand je me suis retrouvé face à face avec pendant le Soulèvement… C'est difficile pour moi d'en parler, encore maintenant.

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Fig 1.1 : Un bâtiment brûlé par un pyromancier de l'Ahenerbe Obscurakorps, en 1944.

Je n'avais jamais vu de magie auparavant dans ma vie. J'avais peut-être entendu quelques bouts çà et là sur les marcheurs de la nuit et les faes, comme à-peu-près tout le monde à mon âge, mais je n'avais jamais rencontré de vrai magicien. Même durant la guerre, je n'étais jamais suffisamment malchanceux pour tomber sur l'un d'entre eux. Je dis ça pour que vous compreniez comment je me suis senti quand j'ai rencontré un homme à capuche qui tenait une flamme dans sa main alors que je fuyais un tank Boche qui venait de tirer sur mes amis.

Pendant les premières secondes, je ne pouvais même pas bouger. J'étais juste tellement surpris par la scène que je ne pouvais même pas bouger un doigt. Et après j'ai senti l'odeur nauséabonde des corps brûlants, venant de juste devant moi.

Avez-vous déjà vu un corps brûler, docteur ? La pire chose qu'il y a c'est l'odeur. Répugnant au-delà des mots. Et… Et c'était juste trop. Je ne pouvais même pas vomir. J'étais simplement debout là, figé, incapable de regarder ailleurs que ce manteau rouge foncé. Incapable de dégainer mon arme et faire feu.

Et après… Et après j'ai senti que ma propre main était en feu. Cette… Cette chose en face de moi a simplement claqué des doigts et il y avait un ouragan de flammes si chaud que je ne pouvais que difficilement penser. J'ai essayé de faire quelque chose — n'importe quoi — mais la douleur était juste trop forte.

Donc j'ai fait la seule chose que j'étais capable de faire — je me suis écroulé, essayant sans succès d'appeler à l'aide.

Et après — juste après que j'ai commencé à prier — je l'ai entendu. Une voix paisible, chuchotant dans mon oreille : "Bats-toi !". Au début j'ai cru que je devenais fou à cause de la douleur, mais quand la voix l'a répété encore plus fermement, j'ai su que c'était réel. Sans douleur, j'ai ouvert mes yeux et j'ai soudainement entendu un coup de feu. C'est quand le mage est tombé sur les pavés en face de moi que j'ai réalisé qu'il venait de mon arme. Encore maintenant, j'ai l'impression de ne jamais avoir bougé.

Après tout est devenu sombre. La dernière chose dont je me souviens d'avoir entendu était… la meilleure façon que j'ai pour le décrire c'est que c'était comme si les pavés autour de moi avaient juste bougé.

? 399-PL/045219-AFGA; Anna Świtoń; @ Alistair Vemhoff, 120-resp-arch et al


La guerre était presque comme un troisième parent pour moi.
Je ne dis pas ça pour essayer de vous impressionner, mais vous faire comprendre que j'en ai vu beaucoup de mon temps. Mes filles et moi avons assistées à la mort de Dieu pendant la Sixième Guerre. Nous avons vu ce que l'une des Sept Chaînes pouvait faire à une personne. Nous étions là pendant la Troisième Diaspora en elle-même et l'Insurrection de '49, quand ces putes du Ministère nous ont laissé mourir. Mais ce que j'ai vu à Varsovie… Je n'avais jamais expérimenté quelque chose comme ça. Pas dans les cent-soixante-six ans pendant lesquels j'ai marché sur cette Terre.

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Fig 2.1 : Anna Świtoń, la capitaine de Brigade Occulte Polonaise, durant le sommet annuel de rassemblement de mage de l'Unia Sabatyczna, en 1952.

Tout a commencé quand nous avions été appelées à Praga3. Une de mes filles a découvert que les Boches avaient envoyés les leurs pour déloger les civiles des sous-sols. Ils voulaient s'amuser avant que les Ruskoffs arrivent, pour pouvoir tuer sans remords et pouvoir faire porter le chapeau à quelqu'un d'autre. Donc nous avons fait ce que nous pouvions pour arriver aussi vite que possible. Mais nous étions arrivés à un chaos total.

C'était un massacre. Un massacre absolu. Mes filles étaient les meilleures des meilleurs, mais… mais ce n'était toujours pas suffisant. Ils étaient simplement trop nombreux, un pouvoir de manipulation que nous n'avions tout simplement pas. Quand après quelques temps, j'ai réalisé que je me tenais seule face à une vague incessante de toujours plus d'Obskura, je me suis faite à l'idée que mon sort était pratiquement scellé.

Et après je l'ai vu. Il faisait deux mètres et dépassait du puits le plus proche. Si je ne savais pas à quoi ressemblait un vrai être humain, je dirais même que ça y ressemblait — mais en y regardant de plus près, la seule chose vaguement humaine qu'il avait, était les vêtements qu'il portait. Mais même eux ne pouvaient pas couvrir ses nombreux membres et tentacules.

Je vais mettre les choses au clair tout de suite : ce n'était pas une apparition de Nälkä. J'ai vu de nombreux sarcomanciers dans ma vie, mais ce n'était pas l'un d'entre eux. Vous voyez, les adeptes de Ion se battent d'une façon qui est caractéristique de leurs doctrines, mais cette chose bougeait comme si c'était une épée. Un outil inanimé, massacrant indifféremment ses opposants. Avant même que je ne puisse cligner des yeux, il les a tous attaqués, ne laissant rien à part des cadavres dans son sillage. Et leur magie – il ne l'a pas du tout apprécié. Même leurs éclairs ne pouvaient pas les protéger des tentacules de cette chose.

Et ensuite, après quelques longs instants de chaos total, j'ai réalisé qu'il ne restait personne dans tout le square. Personne à part moi et la chose, bien sûr. J'ai essayé de le remercier, j'ai essayé de faire… n'importe quoi, mais… mais ma gorge refusait d'écouter mon esprit.

Et là, paralysée, j'ai réalisé que ce que je pensais être des tentacules de chair étaient en fait faits de pavés. L'entièreté de la chose n'était rien d'autre que des pierres et des briques mouvantes, moulées en une forme qui semblait vivante. Puis l'entité s'est libérée de sa capuche.

Là où son visage aurait dû être je n'ai rien vu. Je ne le dis pas métaphoriquement, comme s'il y avait un trou en forme de dieu — je veux dire littéralement. C'était juste vide à l'intérieur. J'ai avalé bruyamment, essayant encore une fois de dire merci, mais avant même que je ne puisse ouvrir ma bouche, l'entité a simplement fait un signe de tête comme si elle savait ce que je voulais dire, et elle a disparu dans le sol, dans les profondeurs du puits. Et je suis simplement restée là, abasourdie au-delà des mots.

Depuis ce moment, j'ai essayé à de nombreuses reprises de comprendre ce que c'était. Encore aujourd'hui je ne le sais pas vraiment. La seule chose dont je me souviens en plus de ce que j'ai décrit est que j'ai eu l'impression que quelque chose me regardait depuis l'intérieur de la capuche. Quelque chose comme un animal blessé, se battant désespérément pour sa propre vie.

? 399-PL/271901-NWAU; Antoni Nowak; @ Alistair Vemhoff, 120-resp-arch et al


La guerre est la pire chose que j'ai expérimenté. En premier elle m'a pris ma Matilda, ensuite mon petit Damien. Et ensuite, juste quand je pensais qu'elle ne pouvait plus rien m'enlever de plus, plus rien, elle m'a pris ma maison. Vers la fin du Soulèvement, j'étais une simple coquille désespérée qui ne faisait que ressembler à Antoni Nowak.

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Fig 3.1 : Unité de Antoni Nowak, en 1944.

Nous étions tous pareils. Une bande de rejetés, changés par la guerre. Autrefois de braves guerriers pour la liberté de la magie, maintenant une bande de sans-abris sans le moindre accès à la Bibliothèque. Donc quand nous avons entendu dire que nos gars savaient où l'Obskura retenait ses prisonniers, on s'est jeté dans la mission avec tout notre enthousiasme. En y réfléchissant maintenant, je ne sais pas… j'sais pas vraiment pas pourquoi.

Stan — Stanisław Leszcz, je veux dire — a été la première victime de notre stupidité. Quand il a essayé d'ouvrir la porte menant à l'intérieur du bâtiment, il a été frappé. On ne pouvait même pas réagir. Son… Son corps s'est simplement effondré sur les pavés, et tout… tout a commencé à se produire si rapidement.

Après quelques instants, d'une des meilleures unités de la Main seulement sept d'entre nous étaient encore là. Ils nous ont pris et nous ont jeté dans une cave sous leur entrepôt, menotté si fort que je ne pouvais presque plus sentir mes mains. Et après ils ont recommencé à tirer. Quand ils ont mis le canon sur ma tête aussi, j'ai avalé bruyamment, sachant ce qui allait se passer.

Avant qu'il n’appuie sur la gâchette, je me souviens avoir pensé encore une fois à ma Matilda. Je n'avais pas la force de me battre. J'ai simplement abandonné, prêt pour mon exécution, sachant que c'était fini et je l'acceptais complètement. Mais le tir n'a jamais eu lieu.

Quand j'ai ouvert mes yeux, toujours tremblant de terreur, j'ai vu comme si le sol, comme si les murs, comme si tout le bâtiment en lui-même avait tendu la main aux Allemands et les tirait vers lui. Ils essayaient de s'accrocher aux barres sortant des murs, mais ça ne les a pas aidés. Ils se sont simplement noyés dans le ciment mouvant et le bois qui les atteignait de littéralement nulle-part. À ce jour, même après des années de recherches de la Bibliothèque pour les réponses, je n'ai pas la moindre idée de ce que c'était.

Demandez-moi autant que vous voulez. Je ne vous dirais pas plus, parce que je ne sais simplement pas plus. Mais mon intuition me dit une chose, une chose qui va paraître absurde, mais… Je pense que malgré le fait que j'ai abandonné, malgré le fait que j'ai accepté mon sort, cette ville — cette Varsovie, assiégé de tous les coins par des monstres — elle n'a pas abandonné. Elle n'a pas accepté son sort, elle n'a pas autorisé son esprit de combattant de simplement mourir. Même si elle savait que son sort était scellé depuis longtemps.

Suite à l'échec du Soulèvement de Varsovie le 03/10/1944, plus aucune manifestation de SCP-399-PL — ou d'autres événements anormaux liés à la ville de Varsovie — n'ont été détectés.

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