MESSAGE DU SERVICE ADMINISTRATIF DE LA SÉCURITÉ DES INFORMATIONS ET DES ARCHIVES DE LA FONDATION
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Les propriétés anormales de SCP-7160 sont toujours en cours d'investigation.
— Maria Jones, Directrice, ASIA
Smartphone de SCP-7160.
Objet no : SCP-7160
Classe : En attente
Procédures de Confinement Spéciales : Tout semble indiquer que SCP-7160 est mort. Les archives contenant des preuves de l'anomalie comme les lettres d'embauche, les formulaires fiscaux archivés et les pièces d'identité émises par le gouvernement doivent être supprimées de toutes les bases de données publiques. L'utilisation légère d'amnésiques sur la famille immédiate et les proches de SCP-7160 a été autorisée afin de garantir la discrétion de la Fondation et de ses directives.
Le dernier téléphone de SCP-7160 a été confisqué aux forces de l'ordre locales et se trouve actuellement sous la garde de l'équipe criminalistique du Site-119. Il est actuellement surveillé par un gestionnaire des données désigné qui est responsable de maintenir un registre de toutes les personnes qui interagissent avec l'appareil. En cas d'accès non autorisé, les mesures de fermeture de la zone de confinement doivent être enclenchées afin d'appréhender le(s) contrevenant(s).
Puisque les propriétés anormales de SCP-7160 sont encore mal comprises, les agents de la Fondation ont l'autorisation d'appréhender et de détenir toute personne associée à l'anomalie retrouvée en train de se mordre ou de se gratter excessivement.
Description : SCP-7160 est le cadavre de John McAckler, un homme de 24 ans. SCP-7160 a été admis à l'Institut de santé de Geneveria le 9 juillet 2022 après s'être infligé des blessures mortelles sur tout le corps. Plus précisément, le corps de SCP-7160 présentait les blessures suivantes :
- Lacérations profondes sur les deux bras.
- Plaies ouvertes le long du torse et de la taille.
- Cheville gauche disloquée et avulsion complète du pied droit.
- Saignement des gencives et blessures critiques au niveau de la mâchoire, signe d'un grincement de dents excessif.
- Brûlures au premier degré au niveau de la bouche et du cou.
- Empoisonnement grave causé par plusieurs substances chimiques et produits nettoyants.
- Orbite gauche vide, sauf pour le nerf optique déchiré qui pendait à l'intérieur.
- Avulsion des ongles sur les deux mains et sur les orteils restants.
Malgré les mesures d'urgence pour sauver la vie de SCP-7160, son décès a été déclaré 16 heures après son arrivée à l'institut. Bien que la cause exacte du décès soit encore incomprise à l'heure actuelle, la découverte du téléphone personnel de SCP-7160 suggère que des influences anormales étaient à l'œuvre.
ADDENDUM 1 : RAPPORT MÉDICO-LÉGAL
NOTES DU TÉLÉPHONE
Merde, Shelly, je ne vais toujours pas mieux.
Tu te souviens de tous ces exercices de respiration dont tu m'avais parlé ? Ou de ce petit truc où je devais serrer les orteils quand j'avais envie de me gratter ? Ouais, ces "petits conseils" que tu m'as offerts ?
Ils n'ont servi à rien.
J'ai dû me rendre aux urgences pour la deuxième fois cette semaine. Ils m'ont regardé et m'ont direct amené en salle de soin. Les médecins m'ont enlevé des croûtes et de la peau morte pendant des heures avant de me badigeonner d'assez de lidocaïne pour paralyser un cheval. Ils m'ont dit que j'allais me retrouver avec l'os à nu si je me grattais encore.
Écoute, je sais que t'essaies simplement de faire ton travail et que tu n'es pas mon médecin. Mais Shelly, est-ce que tu peux S'IL TE PLAÎT faire quelque chose pour m'aider ?
Je vais m'assurer de prendre un autre rendez-vous.
Salut Shelly.
Ce matin, je me suis réveillé avec un mille-pattes de 8 centimètres qui rampait dans ma bouche. Je pouvais sentir sa carapace glisser dans ma salive, et le goût sec de ses petites pattes qui se tortillaient sur ma langue. J'ai failli vomir quand il a commencé à se frotter contre mes gencives.
J'ai dû me précipiter aux toilettes et vomir tout ce que j'avais dans l'estomac. J'ai même attrapé de l'insecticide au cas où j'aurais eu besoin de chasser quelque chose dans le trou du lavabo. Mais, évidemment, rien n'est sorti — juste du mucus et des haut-le-cœur. Comme toujours.
Je dois probablement encore avoir des traces de vomi autour de la bouche, mais honnêtement, je m'en fiche de me nettoyer. Pas question de rester devant le miroir à essayer de tout enlever. Après tout, la dernière chose que je veux, c'est de découvrir un ver solitaire gluant en train de se faufiler dans mon œil pendant que je me lave le visage.
Shelly, je n'en peux vraiment plus.
Je souffre constamment. Mes collègues n'arrêtent pas de me dire d'arrêter de me ronger les ongles au travail. Et ils n'arrêtent pas de me taquiner en me disant que c'est pas ''hygiénique'' ou je-ne-sais-quoi. Ils ne comprennent pas que je ne fais pas ça sans raison.
Mais bon… au moins, les infirmières ont arrêté de me lancer des regards bizarres depuis que je viens pour des brûlures plutôt que des égratignures.
En parlant de mes collègues, j'ai dû prendre quelques jours de congé la semaine dernière. Tout allait bien jusqu'à ce que je vois les fourmis de feu ramper sous ma peau. C'est devenu tellement insupportable qu'un des agents de sécurité a dû m'immobiliser avec des menottes. Encore.
Malgré tout, j'ai réussi à les faire partir en me mordant un peu et en me contorsionnant inconfortablement. Je crois qu'il me reste encore des morceaux de leurs carapaces coincés entre les dents.
Encore une fois, ceci est un rappel de te donner mes notes quand on se reverra. Je sais que tu prendras soin de moi. Comme la véritable ange que tu es.
Voici le problème avec tous les autres thérapeutes que j'ai rencontrés : ils ne savent foutrement rien.
Sérieusement, ils essayaient vraiment de me faire croire qu'écrire tout ça m'aiderait. Genre, "exprimer ses problèmes" permet de "mieux les combattre" ou je-sais-pas-quoi. Des trucs bien génériques, quoi. Et le pire, c'est que j'étais prêt à croire à cette merde aussi. Enfin, je veux dire, je sais qu'ils veulent juste m'aider — et moi, je rêve d'une seule chose : arrêter de me gratter et me réveiller un matin sans avoir du sang qui coule le long de mes bras.
Mais ces fils de pute m'ont menti.
Évidemment que ce n'est pas si simple. Je me réveille encore avec les mêmes sensations et les mêmes pulsions que j'ai toujours eues. Je me dis que c'est inévitable maintenant. Je ne peux même pas réfléchir sans ressentir une envie soudaine d'écraser les araignées qui grimpent sur mes jambes, ou de chasser une mouche qui entre dans mon nez. Et c'est sans compter toutes les fois où j'ai inspecté mes vêtements seulement pour y découvrir une infinité de puces et de tiques nichées dans les fibres.
Ça ne peut plus durer. Je dois faire quelque chose.
ELLES SONT ENCORE À L'INTÉRIEUR DE MOI. POURQUOI EST-CE QU'ELLES N'ARRÊTENT JAMAIS ?
ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT ELLES ME MORDENT
J'en peux plus d'écrire tout ça. Je suis beaucoup trop stressé. Et crevé. Mon corps me fait souffrir en permanence et les regards deviennent de plus en plus difficiles à supporter.
Je dois reparler à Shelly. Elle me connaît tellement mieux que n'importe qui d'autre en ce moment.
RENDEZ-VOUS PLANIFIÉS
À : moc.liamg|02496yuglooc#moc.liamg|02496yuglooc
DE : Centre Heartland de psychothérapie et de résilience (Automatisé)
SUJET : CONFIRMATION DE RENDEZ-VOUS
Bonjour, M. McAckler.
Félicitations ! Vous avez un nouveau rendez-vous avec l'un de nos conseillers spécialisés. Nous sommes convaincus que vous ferez de grands progrès ensemble !
Veuillez vérifier les informations suivantes pour nous. Si vous remarquez une erreur, n'hésitez pas à nous le signaler par téléphone ou en répondant à cet e-mail :
- Date : 2022-06-12
- Heure : 06:00 P.M.
- Conseiller(ère) : Shelly Lee
- Raison de la visite : Il y a des tout petits insectes qui rampent dans mon œsophage et qui creusent des tunnels dans mes organes. Les égratignures deviennent de pire en pire et je vous jure que personne ne semble me comprendre. LES INSECTES N'ARRÊTENT PAS D'EXISTER JUSTE PARCE QUE VOUS DITES QU'ILS N'EXISTENT PAS !
Nous avons hâte de vous voir !
Affichage de l'historique…
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - J'ai BESOIN de Shelly.
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - Je les sens encore…
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - ILS SONT DANS MES OREILLES.
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - Je vous jure qu'il y a des insectes à l'intérieur de moi.
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - PERSONNE NE ME COMPRENDS.
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - Je me fais encore du mal.
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - S'il vous plaît appelez-moi DÈS QUE POSSIBLE !
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - Est-ce qu'on peut faire ça aujourd'hui ?
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - Vous vous êtes trompé…
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - C'est plus qu'une visite de routine.
☆ Centre Heartland MISE À JOUR DU RENDEZ-VOUS : - Vous êtes disponibles cette semaine ?
MESSAGES VOCAUX ENVOYÉS
À : Centre Heartland de psychothérapie et de résilience
Euhm — bonjour.
Mon nom est, euh, John, et j'espérais pouvoir parler à quelqu'un à propos de mon prochain rendez-vous ? Je sais que vous, euh, vous avez mis quelqu'un qui s'appelle Raheem comme mon conseiller, mais — c'est que, j'espérais que vous pourriez le remplacer par Shelly ?
Je suis désolé pour tout ça. Je me suis trompé dans la sélection sur l'écran. C'est un des inconvénients d'avoir des grandes mains… vous comprenez ?
Bref, merci.
…
Oh, et si vous avez besoin de me contacter vous pouvez simplement me rappeler sur ce numéro. Ou vous pouvez aussi m'envoyer un e-mail, j'imagine.
Bon, salut.
Salut c'est John encore. Vous savez ? Le, euh, le gars qui arrête pas de prendre des rendez-vous ?
Je me demandais juste quel serait le moment idéal pour corriger ma petite erreur d'avant. Vous savez — ah, désolé — vous essayez toujours d'appeler, mais c'est… c'est juste difficile de répondre des fois.
Bref, je ne connais pas Raheem et je ne pense pas que ce serait une bonne idée pour moi de le voir.
Vous pouvez me rappeler s'il vous plaît ?
Salut. C'est John McAckler.
J'ai vu que quelqu'un a fait… a fait le changement, comme je l'avais demandé. C'est, euh, c'est super ! J'apprécie beaucoup.
Je—oh, s'il vous plaît excusez-moi.
…
…
D'accord, je suis de retour. Désolé, j'ai dû faire un petit tour aux toilettes. Vous comprenez ? Pas pour pisser ou quoi que ce soit, non, juste pour m'assurer que je ne me gratte pas trop. C'est, euh, c'est la raison pour laquelle j'essaie de reprendre un rendez-vous avec vous.
C'est gênant. Désolé. Je voulais juste voir si Shelly était là ? C'est elle qui était supposée m'aider.
Merci.
Salut c'est encore John.
Vous vous foutez de moi là ?
Écoutez, ça fait déjà 5 ou 6 fois que je vous appelle et personne ne me répond. C'est quoi le problème ? Vous devez arrêter de m'appeler à, genre, 14 h. Je comprends que vous ayez des horaires de bureau, mais moi, j'ai des problèmes à régler que je ne peux pas gérer tout seul !
Ça ne serait même pas si terrible que ça si vous vouliez bien répondre au téléphone ! Mais non putain, je dois continuer à SOUFFRIR en attendant que quelqu'un me rappelle ! Écoutez, j'ai juste besoin de parler à Shelly — c'est clair ? J'en ai RAS LE BOL de répéter la même chose, j'ai juste besoin de QUELQU'UN qui comprenne ! Quelqu'un qui m'écoute !
Je n'essaie pas d'être flippant, d'accord ? J'ai juste besoin de l'AIDE DE QUELQU'UN !
Salut, c'est John.
Je serai là à 16 h demain. Je m'attends à ce qu'un responsable soit là à mon arrivée.
MÉMOS ENREGISTRÉS
[DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT]
JOHN : Je—désolé, donne-moi un instant.
SHELLY : Tout va bien, prenez votre temps.
JOHN : Je… est-ce que ça va si, euh, j'enregistre notre conversation ? Pour mon bien-être, je veux dire ?
SHELLY : Bien sûr. Si ça peut vous aider, John.
JOHN : Ça m'aiderait beaucoup, haha.
Silence pendant plusieurs secondes.
JOHN : D'accord, je pense que j'ai tout.
SHELLY : Vous êtes sûr ?
JOHN : Maintenant je pense que oui.
SHELLY : D'accord, parfait.
SHELLY se racle la gorge.
SHELLY : J'ai entendu dire que vous aviez des difficultés à nous rejoindre. Je suis vraiment désolée pour tout ça.
JOHN : Ça va maintenant. Enfin, je suis toujours un peu fâché, mais ça va tant que je peux vraiment parler à quelqu'un, tu sais.
SHELLY : Et bien, je vous remercie de votre patience. Je viens de regarder votre dossier à nouveau et j'ai vu que vous cherchiez à prendre un rendez-vous parce que vos symptômes sont réapparus. C'est exact ?
JOHN : Oui ! Oui, c'est exact.
Des bruits de papier sont entendus.
SHELLY : Je vois que votre médecin vous a prescrit des médicaments. Est-ce que vous les
prenez ?
JOHN : Oui Shelly, je les prends. Et je te le dis, ils ne font rien.
SHELLY : C'est dommage. Vous pouvez m'en dire un peu plus sur ce qui ne va pas avec ce traitement ?
JOHN : "Ce qui ne va pas ?" Qu'est-ce que tu veux DIRE par "ce qui ne va pas" ?!
SHELLY : Je ne fais que poser une question, John.
JOHN : Comment tu fais pour ne pas les voir ? Ils sont partout maintenant !
SHELLY : Pouvez-vous me pointer où, exactement ? Peut-être que si vous pouviez me montrer—
JOHN : Je suis en train de te montrer ! En ce moment ! Je— regarde, je suis même en train de les gratter en ce moment !
SHELLY : John, s'il vous plaît, prenez une grande inspiration pour moi.
JOHN : Juste, regarde Shelly. Je suis en train de te le dire, ils sont juste là—!
SHELLY : John, je ne vois rien.
JOHN : Mais moi si !
SHELLY : Je comprends ça. Et je veux bien vous aider, mais il faut que vous vous calmiez si vous voulez qu'on continue.
JOHN : Je— Je…
Silence.
JOHN : Je suis désolé.
SHELLY : Ne vous en faites pas, c'est pour ça que je suis là.
Léger mouvement détecté, suivi de l'ouverture d'une porte qui grince.
SHELLY : Prenons une petite pause, d'accord ?
[FIN DE L'ENREGISTREMENT]
[DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT]
JOHN : Merci, Shelly. J'avais vraiment besoin de ça.
SHELLY : Pas de problème. Comme je l'ai dit, c'est pour ça que je suis là.
Les deux restent silencieux pendant plusieurs secondes.
JOHN : Donc, tu ne peux pas les voir non plus, c'est ça ?
Silence.
SHELLY : Non, John. Je ne les vois pas. Et je ne pourrais pas les voir.
JOHN : Parce qu'ils "n'existent pas", c'est ça ?
SHELLY : Laissez-moi vous poser une question. Comment existent-ils pour vous ? Qu'est-ce que vous voyez quand ils apparaissent ?
JOHN : Je… Je les vois sous toutes sortes de formes. Tu comprends ?
SHELLY : C'est-à-dire ?
JOHN : Bah, souvent je vois des fourmis. Des grosses fourmis. Avec des grosses mâchoires féroces. Et des fois je vois des araignées et des vers de terre aussi — en fait, les vers apparaissent seulement à la lumière, juste sous mes yeux.
SHELLY : Je comprends. Est-ce que ça fait mal ?
JOHN : Des fois, oui. J'imagine… J'imagine que ça dépend de la situation ?
SHELLY : Ça dépend ? Vous pouvez élaborer là-dessus ?
JOHN : Je ne sais pas trop comment l'expliquer. J'imagine que ça dépend de mon humeur, ou de ce que je vois, tu comprends ? Les araignées font le plus mal, surtout quand elles, euh, mordent.
SHELLY : Et tout ça est différent de vos blessures ? Est-ce que vous ressentez ces douleurs même à des endroits où vous n'êtes pas blessé ?
JOHN : Je ne sais pas.
SHELLY : Je vois…
Les deux sont silencieux tandis qu'un bruit de papier est entendu de nouveau.
SHELLY : Vous les voyez ?
JOHN : "Les voyez ?" Les insectes ? Genre, maintenant ?
SHELLY : Oui.
JOHN : Je… et bien… pas vraiment. Parfois c'est dur pour moi de les trouver quand je les cherche activement.
SHELLY : Oh, je comprends alors. Mes excuses.
JOHN : Pas de souci.
SHELLY : Allons faire une autre pause d'une minute et voyons comment vous vous sentez quand on reviendra.
[FIN DE L'ENREGISTREMENT]
[DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT]
SHELLY : Je vois que vous êtes contrarié. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi ?
JOHN : Expliquer ?
SHELLY : Seulement si vous en êtes capable.
JOHN : Je veux dire…
JOHN soupire.
JOHN : Il faudrait que tu commences par vivre dans un monde où tout le monde te dit que ça ne va pas bien dans ta tête.
Les deux restent silencieux pendant plusieurs secondes.
JOHN : Je veux dire, sérieusement — partout où je vais, peu importe ce que je fais — c'est toujours la même chose. Je sais que ma réalité est réelle, et je sais que les choses que je vois ne sont pas des… illusions, contrairement à ce que pensent les autres. Tu sais, je n'ai jamais eu de mal à me fier à mes yeux.
SHELLY : Je comprends.
JOHN : Et puis un jour, tu te réveilles et les gens te disent d'ignorer tout ça et de faire comme si rien n'était en train d'arriver. C'est frustrant.
SHELLY : Et c'est épuisant, n'est-ce pas ?
JOHN : Oui ! Tu as tout à fait raison. Shelly, je suis épuisé. Je suis épuisé d'avoir à aller à ces rendez-vous. D'avoir à prendre des notes sur mon téléphone pour garder mes pensées loin des limaces et des mille-pattes qui rampent dans mon nez. Je veux juste…
JOHN ne finit pas sa phrase.
SHELLY : Vous voulez juste… ?
JOHN : Elle est là.
SHELLY : Oh ?
JOHN : Entre mes indexes. Tu la vois ?
SHELLY : Décrivez-moi exactement ce que vous voyez.
JOHN : C'est… gros. À peu près la taille de ma paume. Et c'est brun, elle s'accroche sur le côté de mon doigt.
SHELLY : Mhm.
JOHN : Elle a deux pinces massives sur sa tête, et quatre pattes autour de son abdomen. Elle grimpe—
SHELLY : Un scarabée ?
JOHN : Non, non, c'est beaucoup trop gros. Je— Je pense que c'est une—
JOHN frissonne avant d'abandonner sa phrase.
SHELLY : Tout va bien, John. Vous alliez dire ?
JOHN : Je pense… ça ressemble à une blatte.
Les deux restent en silence.
JOHN : Je— Shelly. Shelly s'il te plaît aide-moi. Je t'en supplie, s'il te plaît—
SHELLY : Ne vous en faites pas, John. Tout va bien aller. Donnez-moi un instant, d'accord ?
Quelqu'un se déplace et un tiroir s'ouvre. John respire fortement pendant que le bruit d'une personne qui se déplace est entendu à nouveau.
SHELLY : D'accord, allez-y et pointez-moi où est l'insecte. Est-ce qu'il est… là ?
JOHN : Non, il est un peu plus haut — je veux dire, ah, plus bas — arrête. Juste là.
SHELLY : Très bien. Est-ce que le miroir capte sa réflection ?
JOHN : Le miroir ? Je veux dire, oui il—
JOHN arrête soudainement de parler.
SHELLY : John, voici ce que je vois en ce moment. Et je peux vous promettre qu'il n'y a aucun insecte.
SHELLY s'arrête.
SHELLY : Est-ce que vous voyez une blatte dans le miroir ?
JOHN : Elle était juste… Je…
Les deux restent en silence pendant un court instant.
JOHN : Non… non je ne la vois plus maintenant.
JOHN soupire et semble soulagé.
JOHN : Je n'en reviens pas… tu as simplement… Comment— comment est-ce que tu as fait ça ?
[FIN DE L'ENREGISTREMENT]
MESSAGES TEXTES
hé shelly, c'est john
c'est le bon numero…… pas vrai ?
Bonjour John.
C'est le bon numéro. Désolé de ne pas vous avoir donné le bon tout à l'heure.
c'est pas grave mdr
merci pour ton aide aujourd'hui. je ne sais pas quel genre de sorcellerie tu as utilisé… mais ca a vraiment marché
C'est fantastique. Avez-vous pris vos médicaments ?
ouai, ouai, j'ai fait comme tu m'as dit
Très bien. Laissez-moi savoir si jamais vous avez besoin de quelque chose d'autre.
en fait, j'aurais besoin de quelque chose.
Comment puis-je aider ?
cette chose que tu as fait… comment est-ce que tu savais ?
Savais quoi ?
qu'elle allait, euh
disparaitre ? jsp
Est-ce que vous parlez du miroir ?
ouai
Et bien, John.
En vérité, je ne savais pas que ça allait marcher.
Je n'avais aucune idée de ce qui allait se produire.
serieux ?
Très sérieuse.
Mais je suis heureuse que ça vous ait aidé.
est-ce qu'il y a une solution plus permanente ?
pour les insectes, je veux dire
ça m'aiderait a mieux dormir mdr
Vos médicaments vous aideront avec ça.
En autant que vous les preniez bien.
je les ai vraiment pris !
c'est juste… jsp
N'hésitez pas à me faire savoir s'il y a autre chose que je puisse faire pour vous, John.
ok.
hé shelly ?
Bonjour John.
déso, je sais que tu travailles pas en ce moment
c'est juste que… j'ai un truc qui me pèse sur la conscience
Ne vous inquiétez pas pour ça.
Comment puis-je vous aider ?
tu m'as demandé quelque chose pendant notre derniere session
j'ai jamais pu finir ma reponse mdr
Oh.
À propos de comment vous étiez épuisé, c'est ça ?
ouai
Vous pouvez me dire ce qui vous tracasse.
Soyez informé que vous aurez besoin de prendre un autre rendez-vous si vous avez besoin de discuter de tout ça plus en détail.
ouai, je sais mdr
désolé mais ta compagnie est un peu nulle pour ce qui est de prendre des rdv
John, je vous en prie.
Qu'est-ce que vous vouliez me dire pendant notre dernière session ?
oh c'est vrai
désolé
bref, je voulais juste dire que genre… jsp. c'est nul d'etre le seul qui se sente de cette façon, tu comprends ?
Je peux comprendre ce sentiment.
Il y a beaucoup de gens comme vous. Et beaucoup d'autres personnes qui se sentent de la même façon aussi.
ouai… j'imagine
je veux dire, jsp
avoir quelqu'un qui puisse m'aider et remplir ce gouffre c'est… c'est tout ce que je veux
…
… ?
Je propose de garder nos prochaines conversations pour le bureau.
ok. désolé.
hé encore
Bonjour John.
écoute je sais que tu as dit qu'on devrait garder ca pour le bureau
et il y a pas de probleme mais
c'est juste que je me sens mal. je voulais m'excuser
Merci pour vos excuses.
Ne vous en faites pas.
ok… bien.
on est toujours bon pour ce samedi ?
j'ai encore beaucoup de choses qui me tracassent mdr
Je vais devoir aller vérifier mon horaire.
pas de souci mdr
mais… sérieusement, merci…
tu m'as énormément aidé
Ne vous en faites pas pour ça.
est-ce qu'il y a un site où écrire des avis ?
est-ce que je peux écrire un avis sur toi ?
Vous pouvez laisser un avis sur ma compagnie.
Si vous voulez écrire quelque chose sur moi, vous pouvez.
Je ne peux pas vous empêcher de faire ça.
ok… cool mdr
tkt, je voulais juste montrer ma gratitude et ma reconnaissance
je vais te donner 5 étoiles… psk tu es une 5 étoiles ;)
désolé c'etait stupide.
s'il te plait répond moi
John je vais devoir vous demander gentiment d'arrêter de m'envoyer des messages.
ok.
shelly
shelly s'il te plait répond
ils sont revenus
les insectes… ils sont là
Avez-vous pris vos médicaments aujourd'hui ?
shelly je te l'ai dis ils ne fonctionnent pas
jpp il y en a tellement
stp shelly j'ai besoin de ton aide
s'il te plait
Notre rendez-vous n'est pas avant demain.
Pouvez-vous attendre jusqu'à demain ?
NON
shelly tu comprends pas
c'est grave
je te jure j'ai cligné des yeux et j'ai vu des tas de termites disparaitre de mon verre
je me gratte jusqu'aux os en ce moment
j'ai besoin de ton aide maintenant
je vais mourir
John, si vous avez besoin d'aide urgente, appelez la police.
Je peux même le faire pour vous si vous voulez
POURQUOI ? juste pour qu'ils arrivent et qu'ils me prennent pour un fou ???
shelly s'il te plait amène ton miroir et viens chez moi mtn
je te promets que ça en vaudra la peine
John s'il vous plaît, arrêtez de m'envoyer des messages.
Je suis sérieuse.
shelly je t'en supplie s'il te plait
je les sens creuser dans mes joues
ILS SONT EN TRAIN DE DÉCHIRER MES ORTEILS
s'il te plait amène ton miroir…
s'il te plait…
J'appelle la police maintenant.
Ils vont pouvoir vous aider.
shelly pourquoi tu arrêtes pas de refuser ???
je croyais que tu étais supposée M'AIDER ???
tu comprends pas que JE SOUFFRE EN CE MOMENT ?????
AIDE MOI
AIDE MOI
Je bloque ce numéro.
Je vous prie de ne plus m'approcher.
ESPECE DE SALOPE
C'EST COMME ÇA ??
JE SAVAIS QUE TU ETAIS UNE CONNASSE DE MENTEUSE
JE TE JURE QUE TU VAS REGRETTER
ENREGISTREMENTS VIDÉO
[DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT]
L'enregistrement commence avec la caméra posée sur une table de salle à manger. Deux chaises, toujours enfoncées sous la table, semblent gêner John McAckler alors qu'il se déplace frénétiquement d'un bord à l'autre. Il se tient devant un canapé et une télévision qui affiche le journal télévisé de WNEP-TV. Aucun son n'est entendu.
John murmure frénétiquement en continuant de parcourir la pièce pendant quelques secondes. Il s'arrête dans ses pas. Il murmure autre chose suivi du mot "SHELLY" avant de se saisir les tempes.
John semble crier en silence pendant qu'il se gratte les bras avec acharnement. Des marques irrégulières apparaissent à la surface de sa peau. Il reste immobile tandis que la peau nue et cicatrisée devient rouge à cause du frottement. Du sang commence également à couler sur le sol à partir de ses coudes.
Il éponge la sueur de son front avant de se déshabiller. Il enlève d'abord sa chemise, puis son pantalon, et enfin ses sous-vêtements. Après un autre bref moment d'acharnement, il apparaît nu devant la caméra. Plusieurs coupures et ecchymoses sont visibles sur la partie supérieure de son torse. Depuis cet angle, il est également possible d'apercevoir du sang couler depuis une série de morsures humaines importantes située le long de ses cuisses.
John se retire derrière la caméra et y reste pendant 34 secondes. Il revient alors avec un couteau de cuisine, une fourchette et une cuillère en métal, du désinfectant nettoyant, une grande casserole d'eau bouillante et une pince multiprise. Il jette les objets par terre et regarde la caméra avec un sourire sauvage.
John articule une nouvelle phrase avant de récupérer le couteau à ses côtés. Il pointe la lame aiguisée vers son poignet gauche. Il sourit avant de faire glisser le couteau, infligeant une profonde lacération à la peau et aux tendons. Il incline son poignet vers le sol tandis que le sang se met à couler et à former une flaque en dessous.
John rit. Le saignement continue pendant qu'il effectue une nouvelle coupure sur son bras opposé.
La flaque de sang grossit. John attrape la fourchette et la cuillère à côté de lui. Il inspire profondément avant de planter la cuillère dans son œil gauche. Sa tête bascule vers l'arrière tandis que la cuillère continue de s'enfoncer dans l'orbite endommagée. Il tire et fait tourner la cuillère, extirpant ce qui reste de son œil sur la table. Il se tourne ensuite vers la fourchette et glisse son extrémité en-dessous de l'ongle de son index en tirant rapidement vers l'arrière. L'ongle se détache facilement et expose la chair nue et sanguinolente qui se trouvait sous l'ongle.
Malgré la douleur, John saisit la pince et la maintient fermement contre son orteil. Il continue à serrer avant de tordre la pince sans raison apparente, provoquant alors une contorsion et une dislocation de son gros orteil à un angle de 60 degrés. Il vacille une fois de plus et s'arrête brièvement pour laisser tomber la pince sur le sol. Il se met à parler, mais la caméra ne peut rien discerner d'autre que le mot "NOYER".
Il saisit l'eau bouillante à proximité et la verse sur son visage et sur le haut de son torse. De la vapeur brûlante s'élève partout autour de son corps. Ses bras se tordent de douleur, mais il n'essaie pas de se débarrasser de l'eau. John est à présent à peine visible dans la vidéo.
Rien ne se passe pendant environ 30 secondes alors que la vapeur se dissipe. John reste immobile devant la table de la salle à manger.
John recommence soudainement à sourire. Ses dents, désormais visibles sur l'enregistrement vidéo, sont tachées de sang. Il prononce une autre phrase, mais seul le mot "SHELLY" est capté.
John fronce les sourcils au moment où la caméra tombe. L'enregistrement s'arrête brusquement.
[FIN DE L'ENREGISTREMENT]
ADDENDUM 2 : MISE À JOUR
Les scientifiques de la Fondation ont pu effectuer une autopsie complète de SCP-7160 le 01/08/2022. Une semaine plus tard, le 06/08/2022, un nouveau rapport sur le cadavre de l'anomalie a été rédigé et stocké au Site-119. Bien que ce rapport confirme plusieurs faits clés concernant la mort de SCP-7160, plusieurs autres éléments ont également été découverts :
DR COLLINS - EXTRAIT DU RAPPORT SUR SCP-7160 :
Parmi ses autres blessures, le corps lui-même présentait également ses propres… particularités. Par exemple, lorsque nous avons prélevé différents échantillons de tissus pour identification, le Dr Radhurst et moi avons découvert la présence de plusieurs petites marques distinctes à l’intérieur de la peau et diverses égratignures internes au niveau du crâne.
En parlant du crâne, des analyses plus poussées des restes squelettiques ont révélé de longs réseaux de tunnels vides s'étendant jusqu'aux mains, aux pieds et aux orifices naturels du corps. […] Il semble que la moelle osseuse supplémentaire et la coquille calcifiée des os creux de la victime aient créé l'écosystème parfait pour ces choses qui vivaient à l'intérieur.
Par ailleurs, après avoir pénétré l'hypoderme, nous avons constaté que le liquide normal qui remplit l'interstitium avait été complètement drainé. Bien que cela puisse habituellement être le résultat de conditions génétiques rares ou de graves blessures externes, nous ne pensons pas que ce cas particulier ait eu d'effets anormaux sur la structure du corps. Au contraire, une analyse des tissus et de la zone concernée a depuis révélé la présence d'une poussière chitineuse presque invisible à sa place. […]
Suite à l'autopsie de SCP-7160, une autre enquête a été lancée sur son smartphone. Après une analyse plus approfondie, les chercheurs de la Fondation ont confirmé que la dernière application active sur l'appareil était Google Maps — un trajet jusqu'à la résidence personnelle de Shelly Lee était ouvert. De plus, une nouvelle notification de message est apparue au démarrage de l'appareil. Le contenu de ces nouveaux messages est joint ci-dessous :
John ?
Bonjour… c'est Shelly.
Tu sais… du Centre Heartland ?
Peux-tu m'appeler dès que possible ?
Je ne sais plus vers qui me tourner…
Je n'arrive pas à arrêter de me gratter.
