SCP-7086

Objet no : SCP-7086

Classe : Keter

Procédures de Confinement Spéciales : Étant donné que la suppression efficace de SCP-7086 est fondamentalement impossible, les mesures de confinement actuelles se concentrent sur la normalisation de SCP-7086 parmi la population civile en tant que phénomène non-anormal. À cette fin, les nouveaux mouvements religieux majeurs1 fondés à la suite des effets de l'anomalie doivent être infiltrés par le personnel de la Fondation dans le but de présenter SCP-7086 comme le résultat d'une hystérie religieuse de masse.

Description : SCP-7086 est un phénomène dans lequel environ 9,2 % de tous les individus nés après le 3 mars 2169 expriment des profils psychologiques concordant, avec une marge d'erreur de 0,01 %, avec ceux d'un individu décédé unique, désormais appelé SCP-7086-1. Dans 83 % des cas, les individus affectés par l'anomalie déclarent également se remémorer des souvenirs et des expériences de SCP-7086-1. Aucune corrélation génétique ou géographique n'a été observée entre les individus affectés et leur instance spécifique de SCP-7086-1.

Addendum 1 : Entretiens

Les entretiens suivants ont été collectés auprès de civils affectés par SCP-7086 sous le couvert d'une enquête sociologique sur les croyances religieuses.

SUJET : Carl Danssen

LOCALISATION : Green Bay, Wisconsin


C. Danssen : Vous n'allez pas me dire que je suis fou, n'est-ce pas ?

Chercheur Jr Johanssen : Il s’agit d’une enquête impartiale. Nous voulons juste entendre votre point de vue.

C. Danssen : Si vous le dites…

C. Danssen : Je pense que tout a commencé quand j’avais environ… dix-huit ans, à peu près. Enfin ''commencé''… je suis sûr que ça se produisait bien avant cela, mais je ne m'en souviens tout simplement pas.

C. Danssen : Bref. Première année d'Université. Je suis à cette fête, vers… fin novembre, je pense. Je passe du temps avec mes amis, vomissant du punch – enfin, du ''punch'' – et je passe un bon moment. La plupart du temps, je regarde au loin quand ce… charmant individu, dirons-nous, s’approche de moi. Un maigrichon. Quelques centimètres de moins que moi, j’estimerais.

C. Danssen: On se met à parler, et paf : des étincelles. Comme je n'en avais jamais ressenties auparavant. J’ai eu quelques coups de foudre au lycée, bien sûr, mais jamais à ce niveau. Au bout d’une dizaine de minutes, je n’avais plus envie de rien faire, excepté lia regarder dans les yeux jusqu’à la fin de la création. Et mec, iel l'a bien compris.

C. Danssen : Maintenant, c’est là que cela devient intéressant. Le matin après notre troisième rendez-vous, je me souviens d'être allongé au lit avec ellui, sa joue sur ma poitrine. La tête dans les nuages. Je ne pourrais pas être plus heureux. Et puis ça me frappe. Vous savez quand vous vous souvenez d'un vieux truc, sorti de nulle part ? Une expérience aléatoire, comme tombée du ciel ? C’était comme ça… sauf que ce n’était pas quelque chose que j'avais déjà fait. Pas dans cette vie.

C. Danssen : C'était similaire, mais différent. Mêmes circonstances : un couple heureux au lit un matin et tout, mais c'était il y a longtemps. Une autre pièce, une autre personne. Été 05, je pense. Et tout cela était simplement occulté dans… dans cette peur. Une angoisse pétrifiante. Il y avait des papillons, encore, pourtant cela empirait toute l'expérience.

C. Danssen : Juste une pensée constante : et s’iel le découvrait ? Que vais-je faire, mon Dieu, s’iel le découvre ? Quelle vie vais-je pouvoir vivre s’iel le découvre ? Quelle vie vais-je pouvoir vivre s’iel ne le découvre pas ? Qu'est-ce qui m'attend, au bout de ce tunnel ? Comment puis-je continuer comme ça, sachant que les choses ne seront jamais aussi proches de la perfection, ni même justes, à cause de cellui que j’aime ?

C. Danssen : Et puis [claque des doigts] je me réveille. Retour dans le monde réel. Ma transpiration est glacée, mais je suis en quelque sorte soulagé. Pas soulagé. Reconnaissant, en quelque sorte. Je n’ai jamais vraiment été en mesure de mettre des mots sur tout ça.

SUJET : Mal Postrakis

LOCALISATION : Enfield, Maine


M. Postrakis : Je suis une personne rationnelle, spirituellement. J'essaie de voir les choses sous un angle objectif. Je ne laisse pas les petites superstitions entrer dans ma vie. Vous savez, des petites choses, comme des chats noirs et passer sous une échelle. Tout peut s'expliquer. Le monde s’inscrit sur une grille.

M. Postrakis : J’ai essayé de l’analyser de manière objective de tant de façons différentes. Est-ce simplement une croyance spirituelle intensément ancrée ? Le résultat d’un traumatisme inconnu ? Une tumeur, peut-être ? Ai-je subi un lavage de cerveau ? Été reprogrammé ? Mais rien de tout cela n'a de sens.

M. Postrakis : Voici donc le résumé, littéralement la somme de ce que ce… phénomène représente pour moi. Il s’agit de quelques années de souvenirs et d’émotions irréguliers qui… tombent dans ma vie, de temps en temps. Je ressens des choses quand je regarde mon corps. Quand je regarde ma garde-robe. Quand je porte une jupe au bureau, ce n’est pas seulement un choix de mode. C’est une source de soulagement intense et sans fin, un sentiment de gratitude débordant.

M. Postrakis : Je ne parle pas ici uniquement des sources standards d’euphorie. J’ai traversé cette phase il y a des années. Au bout d’un moment, la victoire s’estompe et vous n’êtes plus qu’une personne à nouveau : un nom et un visage concordant avec une identité. C'est quelque chose de différent. C’est comme si je me réveillais juste d’un horrible cauchemar. Je ressens constamment le soulagement de faire à nouveau partie d’une réalité sensée.

SUBJECT : Anonyme2

LOCALISATION : Inconnue3


Anonyme : Mes parents veulent que j'aille en thérapie. Ils—ils menacent de couper mes frais de scolarité. Ils pensent que c'est une secte, Un Jour. Ils pensent que c'est ma petite amie. Elle est la chef de chapitre. Ils pensent qu'elle me manipule.

Anonyme : [sniff]. Je ne comprends pas mes souvenirs, c'est pourquoi je pense qu'ils doutent de tout cela. Je ressens juste des sensations. Constamment. Ce ne sont que des sensations.

Anonyme : Ils pensent que je suis peut-être bipolaire, ou déprimé, ou quelque chose comme ça. 'Sûr, s'ils prenaient la peine de faire des recherches, ils verraient, mais…

Anonyme : Ce n'est même pas vraiment religieux. C'est plutôt un groupe de soutien. Parce que, savez, certains d’entre nous sont vraiment pas bien. Certaines personnes restent coincées dans leurs souvenirs. Certaines personnes… elles ont vécu des choses horribles, il y a des années…

Anonyme : J'ai de la peine pour eux. Quand je ne ressens pas de gratitude, de soulagement ou de peur— comme une véritable peur au plus profond de mon âme, parce que quelque chose a déclenché un horrible souvenir que mon esprit a oublié mais pas mon corps— je ressens de la compassion. Parce qu'on a eu de la chance. Parce qu'on vit dans un endroit où tout ça… n'arrive plus, vous comprenez ?

Anonyme : J'sais pas. Est-ce que c'est mal ?

SUJET : Pauline Rath

LOCALISATION : Fargo, Dakota du Nord


P. Rath : Personnellement, je pense que l’interprétation religieuse est, au mieux, une mauvaise interprétation de la situation. Je le comprends, car il existe de nombreux cas de ''souvenirs'' et tout étant exact– souvenez vous comment ils ont réglé cette affaire non résolue de cinquante ans à Duluth après que ce type s'est manifesté ?— mais ce n’est pas quelque chose de religieux. Appelez ça un miracle profane.

Chercheur Jr Johanssen : Si possible…

P. Rath : Bien– bien. Pour la plupart des gens, je ne m’appelle pas Pauline– c'est ''cette tarée''. Je voulais juste clarifier un peu les choses ici avant d'entrer dans le vif du sujet. Les gens ont tendance à mal réagir si j’y vais à l’aveugle.

P. Rath : Non, je ne pense sincèrement pas être la Pauline Rath née à Hambourg et décédée à l’âge de 57 ans en 2043. Je suis une Pauline Rath. J’ai les souvenirs et les émotions d’une Pauline Rath précédente, mais je ne suis pas une Pauline littéralement omniprésente. Nous sommes différentes incarnations de la même personne. Comme le clonage classique. Même graine, époque différente, monde différent.

P. Rath : Il n’y a rien de religieux ou de spirituel là-dedans. Je ne pense pas non plus que ce soit une vérité suprême ou un nirvana– car la plupart des gens meurent simplement lorsqu’ils meurent, et c’est à peu près tout. Non. Il y a quelque chose de particulier dans mon cas. J’ai eu droit à un traitement de faveur.

Chercheur Jr Johanssen : Un traitement de faveur ?

P. Rath : Vous savez avec quoi la première Pauline a dû vivre ? La connaissance qu’elle est née dans un monde fondamentalement mauvais. Une réalité orientée sur un axe injuste. Qu’elle ne serait jamais capable de vivre une vie pleinement épanouie, de connaître un véritable et durable épanouissement. Chaque jour, quand elle se réveillait, elle devait admettre qu'il y avait des océans de haine et de mort qui l'attendaient, où qu'elle aille dans le monde. Chaque décision dans sa vie a été prise avec la conscience de ce fait. Chaque iota de sa propre personne devait être passé à travers un filtre infinitésimal construit à partir de son propre dégoût pour qui elle était avant même qu'elle puisse envisager de le montrer au monde. Elle vivait dans des cages à l'intérieur de cages à l'intérieur de cages.

P. Rath : Et cela l'a mise en colère. À un niveau fondamental et total. C’est l’émotion que je ressens le plus— cette rage insipide et fatale. Toujours face à quelque chose d'inarrêtable. Quelque chose qui l'écraserait si elle la laissait faire.

Chercheur Jr Johanssen : C’est donc l’émotion déterminante ici— la colère.

P. Rath : Ce n’est pas l’émotion déterminante, non. Certainement une prédominante. Il y avait toujours un combat— toujours une injustice, toujours une étincelle de haine ou de dégoût pour lui rappeler le grand et terrible mal qui règne dans le monde. Mais il y avait d'autres moments. Des espaces calmes. Une brise légère. Une légère lueur de soleil.

P. Rath : Quelque chose de plus ressenti que vu— un aperçu de quelque chose de meilleur, perçant le brouillard. C'est difficile à exprimer avec des mots. Quelque chose de vraiment, véritablement, ouvertement positif. Des lueurs d'utopie. Des fragments isolés d'un rêve.

Chercheur Jr Johanssen : Que voulez-vous dire, exactement ?

P. Rath : Pour être claire, je ne pense pas qu'elle ait quoi que ce soit à voir avec ça. Mais je pense– peut-être en partie, d’une manière profane, totalement non mystique et entièrement fondée– qu’elle a contribué. Elle a rendu son souhait un peu plus réel, par de petites choses. Elle a changé quelques esprits. Elle a demandé à quelques amis de mieux élever leurs enfants – bien mieux que ses parents ne l’avaient élevée elle. Le monde a été amélioré par sa présence. Elle a placé une pierre sur laquelle beaucoup d'autres personnes ont placé leurs propres pierres. Jusqu'à ce que nous arrivions ici.

P. Rath : Et maintenant elle a une seconde chance.


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