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Crédits
Titre : SCP-692-FR - Jusqu'au bout de l'univers
Auteur : Googoo
Date de publication : 01 mai 2024
Objet no : SCP-692-FR
Niveau de Menace : Noir ●
Classe : Keter
Procédures de Confinement Spéciales : Description :Addendum 1 - Projets issus de l'équipe de David Schwertz et Charles Longie
L'Administrateur : Bonjour docteur Schwertz, bonjour docteur Longie, j’imagine que vous déjà lu le résumé sur la conférence qui s’est tenue il y a deux jours ?
Charles Longie : Oui évidemment !
David Schwertz : Quel monde, hein…
L'Administrateur : Quel univers, je dirais même. Si vous êtes là aujourd’hui, c’est pour remédier à un petit problème que nous rencontrons.
David Schwertz : Vous êtes sûr qu’il ne s’agit que d’un seul petit problème ?
Charles Longie : Comment ça petit ?
L'Administrateur : Écoutez-moi jusqu’à la fin, ça évitera les questions inutiles. Depuis la réalisation du Projet Mutus Liber, vous devez savoir que de nombreux protocoles ont été créés et rendus opérationnels. La moitié d’entre eux était pour garantir la préservation du Voile et rendre la chose plus naturelle aux yeux du plus grand nombre. L’autre moitié était destinée à établir le programme Xbalanque dont l’existence et le contenu que je vais vous dévoiler, aurait dû rester inconnu à vous et une énorme partie du personnel. Vous l’avez compris, mais si la Fondation d’hier a pu malencontreusement créer l’entropie par erreur, alors la Fondation d’aujourd’hui doit bien être capable de réparer ses propres erreurs. Nos connaissances ont énormément évolué depuis le XVIIème siècle, que ce soit dans les sciences du normal comme dans celles de l’anormal.
David Schwertz : Donc vous voulez qu’on incarne ce programme, j’imagine ?
L'Administrateur : Qu’est-ce que j’avais dit à propos des questions inutiles, docteur Schwertz ?
David Schwertz : Elle me semble plutôt importante cette question…
L'Administrateur : J’allais y venir docteur Schwertz. Donc pour vous répondre, non, la fondation ne vous a pas attendus, nous avions déjà à disposition plusieurs plans, procédures et protocoles pour opérer ce plan. Mais bien évidemment, si je suis là, c’est qu’il y a de multiples problèmes. Ce programme était massif, et plus quelque chose est massif, plus il y a de chances qu’un ou plusieurs des éléments individuels qui le composent ne se mettent à défaillir. Et avec les événements récents, ces chances ont augmenté de façon exponentielle. Pour le dire autrement : on s’est fait saboter de l’intérieur et de l’extérieur. La plupart des SCP nécessaires à l’opération ont disparu, sûrement volés ou accaparés par des membres de SAPHIR, ou certains membres du personnel s’étant récemment entichés de ces nouvelles sectes. On soupçonne aussi que cela a été possible grâce à la complicité des trois membres du Conseil O5 qui ont voté contre le programme à l’époque, sûrement frileux des risques que celui-ci représentait.
Charles Longie : Si je comprends bien là où vous voulez en venir, nous allons donc reprendre à zéro ce programme. Cependant, et j’espère que cette question n’est pas inutile, étant donné que l’entropie ne nous promet qu’une mort certaine dans des millions d’années, ne devrions nous pas concentrer nos efforts et ressources en priorité sur la crise qu’a produite la brèche de confinement de 472-FR ?
L'Administrateur : Eh bien, premièrement cette question était très pertinente…
David Schwertz : Fayot.
L'Administrateur :Et deuxièmement, pour vous répondre, ce qui a motivé l’application du programme Xbalanque a été l’accélération catastrophique récente du taux d’évolution de l’entropie. Comme son nom l’indique, ce taux nous permet de contrôler comment l’entropie évolue au fil du temps. Cette évolution était stable et linéaire lors du siècle précédent, période durant laquelle nous avions décidé d’établir ce taux. Cependant, à l’approche des années 2000, ce taux a cessé sa belle linéarité, et l’univers devient plus chaotique de plus en plus rapidement. Les millions d’années de répit que nous avions se sont réduites à des centaines de milliers, puis des milliers… Et vous comprenez bien que si l’on continue comme ça, tout va s’accélérer très vite et cela en un instant.
David Schwertz : Je pensais qu’on avait touché le fond avec la conférence…
Charles Longie : En effet… Malgré tout, nous assurerons notre mission comme toujours ! Je suis assez touché que vous nous désignez comme derniers bastions et combattants contre la fin de l’univers, nous ne vous déçevr…
L'Administrateur : [ Le coupe ] Vous n’êtes pas les seuls ni les derniers, docteur Longie. L’idée est de former plusieurs équipes proposant elles-mêmes plusieurs projets permettant de ralentir l’évolution de l’entropie ou même de pouvoir revenir au statu quo dans le meilleur des cas. Vous pourrez communiquer et collaborer avec les autres équipes, mais le but est surtout que vous proposiez et testiez vos propres projets avec les ressources à votre disposition pour avoir le plus de résultats possible en un court laps de temps. Le temps joue contre nous, vous voyez ?
David Schwertz : Je vois, on lance le plus de choses contre le mur et on voit ce qui colle. Et de quel genre de ressources on parle exactement ?
L'Administrateur : Un accès de niveau 5 vous a été attribué tout le long de cette mission, ainsi que l’autorisation de mobiliser et d’effectuer des tests entre différentes anomalies. Pas plus de cinq par projet. On ne veut pas non plus précipiter la fin de l’Univers. Et pour vérifier la pertinence de vos projets, vous avez bien évidemment accès à l’historique du taux d’évolution de l’entropie et d’autres dossiers liés au Projet Mutus Liber et le programme Xbalanque, tout ça stocké dans un terminal en lien avec le département de l’ASIA. Et bien évidemment, au vu des ressources que nous mobilisons, il sera nécessaire que vous passiez de façon régulière des tests de santé, loyauté, de détection d’anomalies mémétiques ou encore des séances chez le psychologue.
David Schwertz : Tout cela est vraiment nécessaire ?
L'Administrateur : Nécessaire et obligatoire, au vu de la mission qui vous est confiée et des ressources qui vous sont attribuées, nous devons nous assurer que ceux qui dirigent ces projets aient toute leur tête et que vous soyez pleinement conscients des actes et des conséquences que vous pouvez entraîner. Et de toute façon, je pense que tout le monde va bientôt en avoir besoin. Nous approchons des jours sombres et si l’on ne fait rien, nous allons mourir dans l’obscurité pour que d’autres puissent vivre dans le froid.
Projet n°1 : ZS-005 - [CENSURÉ]
Projet n°2 : ZS-012 - "Échange de matière"
Proposition d'utilisation de SCP-123-FR pour ralentir l'évolution de l'entropie
Pour introduire notre propos, il nous est essentiel de rappeler la nature de SCP-123-FR. Cette anomalie consiste en un univers artificiel aux propriétés physiques différentes du nôtre. Ces propriétés particulières permettent à cet univers artificiel de transformer n'importe quelle matière en énergie pure. À partir de ces informations, il a été théorisé possible que l'énergie pure produite lors de cette interaction puisse ralentir l'évolution de l'entropie à partir d'un certain stade de matière envoyé dans SCP-123-FR.
Afin de vérifier cette hypothèse, des tests préliminaires devront être effectués dans la Zone-Shell. Au vu de la localisation de l'accès à SCP-123-FR, ainsi que de l'expertise des équipes du Dr Vleken et du Dr Ezcyo, il a été décidé de déléguer une partie du projet aux chercheurs présents sur la Zone-Shell. Le Dr Vleken et le Dr Ezcyo (ainsi que leurs équipes respectives) auront comme tâche l'élaboration d'une installation permettant d'exposer de la matière à SCP-123-FR et de récupérer l'énergie pure produite par cette interaction, avant de la renvoyer dans notre univers. Les détails de l'opération seront à la discrétion du personnel sur place.
- Proposition du Dr Schwertz et du Dr Longie
Rapport d'incident n° : 123-FR-06
Type d'incident : Sabotage
Date de l'incident : 20 Octobre 20██
Lieu de l'incident : Zone-Shell, au 2ème sous-sol
Individus impliqués :
- Sasha Martin (de Choiseul) : Principale suspecte, ancienne chercheuse de la Zone-Shell
- Hayden Ezcyo : Chef de la deuxième équipe de recherche de la Zone-Shell
- François Letenney : Capitaine de la FIM Phi-23 "Tesseracts"
- Claire Royer : Capitaine de la FIM Tau-17 "Alcu et bière"
Résumé de l'incident : Lors de l'inspection finale du prototype 123-FR-EDM par le Dr Ezcyo, il a été remarqué la présence de défaillances multiples au niveau de la chambre ██████ du prototype. La chambre ██████ étant la partie faisant la jonction entre notre univers et SCP-123-FR, il est supposé que si le prototype 123-FR-EDM avait été installé comme convenu, les conséquences auraient été de joindre les deux univers d'une façon directe, entraînant donc un début de scénario de Classe-ZK. Après avoir constaté que ces défaillances ne pouvaient pas être d'origine accidentelle, le Dr Ezcyo a mis en pause la tenue du projet et a contacté les capitaines des FIMs Phi-23 et Tau-17. La FIM Phi-23 a ensuite commencé les recherches afin d'identifier les potentiels suspects et la FIM Tau-17 s'est chargée des arrestations. Les différents individus ont ensuite été enfermés dans les cellules du 1er sous-sol de la Zone-Shell en attendant leur interrogatoire.
Interrogée : Sasha Martin
Interrogateur.ices : Claire Royer, François Letteney
Avant-propos : Les capitaines Claire Royer et François Letenney ont conduit l'interrogatoire suivant après que la FIM Phi-23 ait découvert de nombreuses modifications au nom de Sasha Martin dans l'historique de la conception de la chambre ██████.
<Début de l'entretien>
Claire Royer : Bonjour Sasha, j'imagine que vous savez pourquoi vous avez été amenée ici, non ?
Sasha Martin : Non, pas le moins du monde, malheureusement.
François Letenney : Si on vous a amené jusqu'ici, c'est parce que nous vous soupçonnons d'avoir saboté la chambre ██████ du prototype 123-FR-EDM lors de sa conception. Nous avons remarqué dans les logs qu'à chaque fois que votre supérieur, le docteur Hayden Ezcyo, a entamé une modification sur les plans de la chambre ██████, vous vous connectiez depuis votre poste, quelques heures plus tard, pour enlever un millimètre par-ci, un millimètre par-là. De loin, on pourrait croire que le docteur Ezcyo vous a juste demandé de procéder à des rectificatifs de ses calculs, mais après l'avoir contacté, il nous assure ne vous avoir jamais donné ce rôle. Vous trouvez ça normal comme comportement pour une chercheuse telle que vous ?
Sasha Martin : Bien sûr que non, déjà parce que je ne suis pas une chercheuse, mais une agente infiltrée. Après vous savez la normalité dans ce faux monde, est-ce que ça a vraiment de l'importance maintenant ?
François Letenney : Attendez, quoi ? Vous n'essayez même pas nier ? Pas que ça me dérange, mais c'est quoi votre intérêt à nous raconter ça cash ? Vous voulez négocier peut être ?
Claire Royer : Ne l'écoutez pas François, j'ai bien vu à travers son jeu, elle essaie de nous déstabiliser afin de cacher ses réelles intentions. Arrêtez de nous mentir et dites nous qui vous êtes et quel est votre but derrière ce sabotage ?
Sasha Martin : Écoutez, pour être honnête, je vois vraiment pas l'intérêt de mentir, l'univers est déjà un mensonge en lui-même. Rajouter du faux sur du faux, ça fait trop, on s'éloignerait encore plus de la rationalité.
François Letenney : Mais du coup du faux avec du faux ça ferait pas du vrai, comme multiplier du négatif avec du négatif donne du positif ?Sasha Martin : Non, là ça serait plus comme une addition, on se retrouverait avec encore plus de négatif !
Claire Royer : Bon, partons sur de bonnes bases d'abord, qu'est-ce que vous entendez par "faux monde", "faux univers" ?
Sasha Martin : Hé bien, c'est assez simple, comme vous avez dû être mis au courant, il semblerait que l'Univers lui-même soit Dieu, un dieu, ou au minimum rempli de divinité. Or, si vous avez un esprit un tant soit peu scientifique, vous comprendrez facilement en quoi la divinité ne peut pas exister, en quoi l'idée même de "divinité" est d'une absurdité abyssale. Donc par déduction logique, notre univers ne peut pas exister. CQFD, c'est un syllogisme simple que même vous serez capable de comprendre ! Et vous comprendrez peut-être aussi que mentir ou ne pas mentir, ça ne fait pas vraiment de différence vu que de toute façon, vous n'existez pas. Le problème que j'ai avec le mensonge, c'est surtout que du coup, à force de mentir, on peut oublier qu'on n'existe pas et vivre dans encore plus de faux !
Claire Royer : Ok, je crois comprendre ce qui se passe ici, vous faites clairement partie de SAPHIR, ai-je tort ?
Sasha Martin : Oui c'est cela !
Claire Royer : C'est beaucoup trop facile, j'ai vraiment du mal à croire que vous nous disiez tout ça comme ça. [ À François Letenney ] Il va falloir contacter Oméga-5, j'ai aucune idée de ce que c'est que leur délire d'univers à la fois divin et inexistant.
François Letenney : Oui on fera ça après, mais là j'ai une question pour vous Sasha.
Sasha Martin : Oui ?
François Letenney : J'ai vu votre dossier, ça fait dix ans que vous bossez ici, j'ai du mal à imaginer un membre de SAPHIR aussi longtemps dans une de nos installations à travailler sur des choses que vous considérez comme ne pouvant pas exister. Vous avez forcément dû vous faire enrôler récemment, je vois pas d'autres explications.
Sasha Martin : Alors premièrement, ce n'était pas une question, et deuxièmement, de votre point de vue, c'est sûr que ça paraît absurde, de toute façon tout est si absurde depuis que la vie n'existe pas, je vous comprends… Mais pour vous répondre, avant que je ne comprenne l'inexistence de notre monde, on m'a envoyé m'infiltrer pendant une semaine, soutirer des informations et ensuite quitter cette installation et ne jamais revenir. À cette fin-là, j'ai emprunté le faux faux nom de Sasha Martin, mon vrai faux nom étant Sasha de Choiseul.
François Letenney : Le vrai faux nom… hein ?
Sasha Martin : C'est juste que vu que je n'existe pas, je n'ai pas de nom, donc Sasha de Choiseul est mon faux nom, et en mentant pour avoir une nouvelle fausse identité j'ai donc utilisé un faux faux nom ! Vous comprenez pourquoi je ne mens pas maintenant, j'ai l'impression de m'éloigner encore plus d'une vérité rationnelle sinon… Bref, en voyant la Singularité que vous étiez censés contenir ici, j'ai… Je l'avoue, j'ai fauté ! Un tout nouvel univers, avec des propriétés physiques complètement différentes des nôtres, deux dimensions temporelles ! Je suis fille d'un physicien renommé à la base, physicien qui a failli deux fois rafler un prix Nobel pour ces recherches ! C'était l'expérience de pensée la plus folle et la plus aboutie de ma vie. Mais si c'était que ça, ça a aussi été une expérience de jeu de rôle intense et de longue durée. Pendant dix années, j'ai vécu mon rêve de petite fille, a jouer la scientifique étudiant dans l'ombre les plus grands secrets d'un nouvel univers, étant la pionnière dans son domaine, faisant partie d'une équipe soudée qui s’émerveille chaque jour devant une nouvelle découverte… C'était un rêve éveillé, au point où j'ai peut-être un peu, beaucoup délaissé mon rôle dans la Société, certes…
François Letenney : Attendez, je ne suis pas sûr de comprendre, vous pensez que SCP-123-FR existe du coup ?
Sasha Martin : Non pas du tout, ça reste une aberration, une Singularité, c'était une expérience de pensée, je vous ai dit. C'était comme un jeu, un jeu où participaient presque une centaine de joueurs, se prenant très au sérieux, mais réussissant toujours à inventer des résultats à partir d'expériences sur du rien. J'ai trouvé l'imagination de tous vos acolytes tellement incroyable que je ne pouvais pas partir, c'était si stimulant, intellectuellement parlant, de s'imaginer un nouvel univers et s'imaginer les interactions entre les nouvelles forces que l'on "découvrait". Le docteur Ezcyo pensait que j'étais une bonne vivante, mais c'était juste que je ne pouvais pas me retenir de rire quand je les voyais, lui ou ses collègues, rester si sérieux dans leur rôle. J'avoue que face à eux, j'ai dû très souvent ne pas respecter le mien, mais c'est aussi ce que j'appréciais dans cette équipe, vous ne m'engueuliez jamais quand je sortais un peu trop de mon personnage. Mais ça commençait à être un peu lourd à la longue, vous ne sortiez jamais du personnage et vous preniez vraiment votre rôle au sérieux…
Claire Royer : Laissez moi deviner, vous preniez ça comme un jeu, jusqu'au moment où ça ne vous a plus amusé et du coup quoi, vous avez décidé qu'il fallait détruire l'univers plutôt que de changer de vie ?
Sasha Martin : Non absolument pas, je ne suis pas une fille capricieuse à ce point quand même. J'avais encore des contacts avec la Société, assez pour me permettre de continuer ce petit jeu et donc de temps en temps je leur filais des infos sur ce qu'il se passait ici et eux m'informaient des dernières nouvelles qui s'étaient dites aux différents sommets. Et lors du dernier sommet, ils m'ont informé de la non-existence de l'Univers et je crois être passée par toutes les étapes du deuil, mais au final, quand vous acceptez que vous n'existez pas, tout n'a plus vraiment d'importance. Je comprends un peu mieux la pensée de Niezstche maintenant, ce non-philosophe était vraiment un précurseur, même s'il se trompait en pensant que nous avions déjà tué Dieu. Cela m'attriste par contre de savoir que Descartes était si proche de la vérité mais qu'il s'est arrêté à une étape de la fin, il ne pensait juste pas, donc il n'existait juste pas !
Claire Royer : Ok, ok, trêve de philosophie, je vais faire ça pas à pas, on s'éloigne du sujet là. Est ce que vous savez que vos actes de sabotage auraient pu entraîner une énorme destruction et notamment celle de notre univers tout entier ?
Sasha Martin : Oui, bien sûr !
Claire Royer : Est ce que c'était le but recherché ou juste une conséquence qui vous échappait ?
Sasha Martin : Non, c'était le but depuis le départ.
Claire Royer : D'accord, et dans quelle optique détruire l'univers peut sembler une bonne chose ?
Sasha Martin : Tout simplement parce qu'il n'existe pas. Vous savez, je pense qu'on a tous assez joué comme ça, il est temps de prendre nos responsabilités et de retourner au néant que nous n'étions jamais censé quitter.
Claire Royer : Bordel de…
<Fin de l'entretien>
Conclusion de l'incident : Suite à cet incident, les O5-2 et O5-3 supervisant la Zone-Shell ont décidé de suspendre de façon indéfinie le projet "Échange de matière" au vu des risques que pouvait entraîner le projet. L'ancienne chercheuse Sasha Martin (Sasha de Choiseul de son vrai nom) a été transférée au Site Aleph pour des entretiens supplémentaires sous la garde de la FIM Oméga-5 "Les Joailliers".
<Début de l'entretien>
Najma Dahoui : Bonjour David, à vue de nez, je dirais que vous êtes un peu moins réticent à venir parler que lors de nos premières séances. Qu'est-ce qui a changé depuis la dernière fois ?
David Schwertz : Je pensais que vous étiez psychologue, pas physionomiste.
Najma Dahoui : Étant donné que votre état mental peut se répercuter sur votre corps, vos comportements, vos gestuelles… Ce n'est pas si éloigné que ça de mes compétences, écoutez. Surtout que tout le monde pourrait remarquer vos bras ballants, votre regard vers le bas… Pour tout vous dire, on m'a informé des dernières nouvelles, la situation de votre dernier projet ne s'est pas passée comme vous le pensiez.
David Schwertz : Oui…
Najma Dahoui : Et même, si ça n'était pas entièrement de votre responsabilité, vous ressentez énormément de culpabilité, c'est ça ?
David Schwertz : Oui…
Najma Dahoui : Ce n'est jamais facile de porter la responsabilité de nos choix, surtout ici, où les conséquences de nos actes ont une portée beaucoup plus forte que dans n'importe quel autre métier. Est-ce que vous êtes croyant, David ?
David Schwertz : Étant donné que l'univers est dieu, difficile de ne pas y croire, à part quelques illuminés qui veulent nous emporter avec eux dans leur folie… Pourquoi cette question du coup ?
Najma Dahoui : C'était pour savoir comment aborder le sujet de la culpabilité, en fonction de votre vision de celle-ci. Dans tous les cas, ça ne doit pas vous étonner d'apprendre qu'ici, vous êtes loin d'être le seul à ressentir la culpabilité d'avoir été proche de provoquer un scénario de classe-ZK ou XK. Ce qui m'étonne par contre, c'est que vous en ressentiez autant, alors que tout est fait pour vous en faire ressentir le moins. Il existe nombre de dispositifs destinés à vous mettre à distance des choix que vous prenez et de leurs applications pratiques. Non pas que l'on veut que nos chercheurs en chef soient complètement irresponsables face à leurs décisions, mais si vous voyiez concrètement ce qu'il se passe quand vous décidez quelque chose… Et bien, n'importe quel être humain serait paralysé à l'idée de prendre une décision, et cela favoriserait surtout un certain immobilisme parmi les chercheurs qui sont censés diriger les projets.
David Schwertz : Et donc je suis censé ne pas me sentir coupable parce que toute la fondation est organisée pour pas que je me sente comme ça ?
Najma Dahoui : Non, bien évidemment. C'est juste qu'il est étonnant de voir l'inverse se produire, vous commencez à porter toute la responsabilité d'un sabotage issu d'une infiltration de longue durée, qui s'est passé dans une zone où vous n'étiez pas, qui n'était pas sous votre responsabilité et qui aurait très bien pu se produire même si vous n'aviez pas proposé ce projet. Sur ce point-là vous êtes vraiment à l'inverse de vos collègues.
David Schwertz : Peut-être… Peut-être pas… Après, je pense, vous exagérez, Charles semblait vraiment être dans un pire état que moi. Il n'était même pas présent dans la réunion censée faire le bilan du projet. Je sais même pas où il est à l'heure actuelle.
Najma Dahoui : Non je ne parlais pas de Charles, je parlais de vos autres collègues qui ont la même mission que vous ici. Non, Charles lui a vraiment l'air d'être dans un piteux état, le pauvre, je n'ai pas encore réussi à le faire venir ici depuis l'annonce de la suspension du projet.
David Schwertz : Ah d'accord, je vois… Mais bon, quand même, c'est juste notre deuxième projet et on a déjà failli détruire l'univers qu'on est censé restaurer. Et encore, si ça avait permis d'avoir une avancée quelconque, mais non. Ces foutus O5 ont pas même voulu reproduire l'expérience alors que cette fois-ci on aurait été assurés de pas avoir de sabotage ! Pourquoi accepter de prendre tous les risques et s'arrêter au moment où on peut le faire sans eux ? Je pensais que ceux qui prenaient des décisions n'étaient pas censés être dans "l'immobilisme" ?
Najma Dahoui : Je ne peux pas parler à leur placer, mais je pense qu'ils ont dû réévaluer les risques versus les gains. Je n'ai pas entendu beaucoup de choses sur la Zone-Shell, mais elle ne semblait pas en proie à de nombreux incidents avant ça. J'imagine que la nouvelle d'une infiltrée de long terme dans cette installation très sensible, cela a dû pas mal les refroidir. D'autant plus que votre projet ne visait même pas à accomplir la mission en un coup mais juste gagner du temps. À ce moment-là, vous comprenez que les gains commencent à paraître bien maigres face aux conséquences.
David Schwertz : Sûrement… Mais on manque cruellement de temps, tout commence à s'accélérer de plus en plus et personne n'avance. Le feu se meurt petit à petit…
Najma Dahoui : Le feu se meurt ?
David Schwertz : Oui, disons que… Bon, j'imagine c'est le bon endroit pour parler de ses rêves. J'ai fait un rêve un peu bizarre, c'était hier ou avant-hier je crois. J'étais pas présent, mais il y avait une salle vide et au milieu de celle-ci, il y avait une sorte de feu de camp. Peu à peu, la salle a commencé à sombrer dans le noir et la flamme se faisait de plus en plus petite et ça s'est arrêté là. C'était pas grand-chose, mais ça m'a marqué en tout cas… [ Silence ] Sinon, je me demandais aussi… Comment ça se passe à l'extérieur ?
Najma Dahoui : Sur ce point-là, tout ce que je peux vous dire, c'est que vous isoler ici fait partie de ces dispositifs vous permettant d'avoir l'esprit tranquille pour prendre vos décisions.
<Fin de l'entretien>
Projet n°3 : ZS-022 - [CENSURÉ]
Projet n°4 : ZS-035 - [CENSURÉ]
Projet n°5 : ZS-068 - [CENSURÉ]
Projet n°6 : ZS-072 - "Pas de sacrifices sans sacrifiés"
Proposition d'utilisation de SCP-170-FR pour augmenter l'efficience des projets
Comme vous le savez, plusieurs mois sont passés et aucun des projets proposés n'a permis une quelconque avancée. Pire que ça, au nom de notre mission, certains de nos très chers confrères ont décidé que les classes D à notre disposition n'étaient pas suffisants et sont allés jusqu’à étendre leur griffe à des civils vivant à l'écart de toutes nos problématiques. Il est temps que chacun et chacune se rappelle ce qu'est le prix d'une vie humaine et que celles-ci ne sont pas de simples ressources à sacrifier sur l'autel de la Fondation. Avant de sacrifier autrui, il faudrait déjà être capable de se sacrifier soi-même.
Concernant le projet en lui-même, SCP-170-FR consiste en une connaissance mémétique qui, une fois apprise d'une quelconque manière, va faire perdre à l'individu toute forme d'automatisme corporel (rôle assuré d'habitude par le système nerveux autonome). Cette perte se fera de façon progressive et va forcer l'individu à contrôler de façon consciente et manuelle le fonctionnement des diverses parties de son corps (ses organes, ses muscles, sa respiration…). Le contact avec SCP-170-FR résulte donc en un fort taux de mortalité, et cela même si l'individu y a été préparé. Cependant, parmi les individus ayant survécu assez longtemps, cette connaissance peut se révéler bénéfique, car elle permet à l'individu de contrôler son corps entièrement de façon consciente et ainsi de le modifier à sa guise (croissance volontaire de nouveaux os, de nouveaux muscles ou renforcement de ces derniers…). C'est cette dernière caractéristique que nous recherchons. En effet, avec cette connaissance mémétique, un individu serait donc capable de contrôler consciemment son propre cerveau et ainsi créer de nouvelles terminaisons nerveuses de façon consciente. Cette capacité permettrait donc théoriquement aux personnes la possédant, d'augmenter leurs facultés cognitives, réflexives ainsi que le nombre maximum de choses qu'elles pourraient retenir en mémoire. De ce fait, une personne possédant cette capacité ainsi que les informations essentielles à la réussite de notre mission et une bonne connaissance du monde anormal, pourrait donc produire des idées de projets de façon plus efficiente et avec une plus grande chance de réussir.
Au vu de la réalisation de cet objectif, les personnes sélectionnées pour mener à bien ce projet, ne peuvent être donc que des chercheurs de la Fondation au courant de notre mission. Aussi, je souhaite faire la demande suivante : les chercheurs qui vont être exposés à SCP-170-FR doivent être ceux ███ ███ ██████ ██ ██████ ██ █████████ ███ █████████, ████ ██ ██ ███████ ████████ ████ ███-███████ ███████ █ ██ ███████, ██████ ██ ██████ [DEMANDE REJETÉE PAR L'ADMINISTRATEUR]
- Proposition du Dr Longie
Journal personnel du Dr Longie sur l'évolution du projet ZS-072
20 Avril - 11h42 : Les O5 ont validé ma proposition, mais l'Administrateur a rejeté le détail le plus important, ça rend toute cette opération presque inutile, voire même plutôt ironique. Mais bon, j'ai proposé ce projet, je vais devoir assumer sa direction jusqu'à la fin. Je n'aime juste pas la direction qu'elle prend dès le départ. C'est pas comme si David avait décidé de nous gratifier de sa présence aujourd'hui encore.
20 Avril - 16h30 : J'ai commencé à transmettre des directives plus précises au Conseil des O5. Au vu des changements initiaux, j'ai donc opté pour une sélection basée sur le volontariat, mais on m'a imposé de n'utiliser que des chercheurs juniors, les seniors étant "beaucoup trop précieux pour être mis sur le devant de la scène". Qu'ils ne s'étonnent pas si on avance pas à force garder toujours les mêmes vieux fonds de tiroirs à la tête des décisions les plus importantes… J'ai revu les protocoles, on va privilégier la qualité à la quantité du coup.
21 Avril - 15h31 : Comme on pouvait s'y atteindre de la part de ces lâches, personne à la Zone-Shamayim ne s'est porté volontaire. Ils m'ont maintenant laissé le choix entre élargir le volontariat à d'autres installations de la Fondation ou laisser tomber l'idée de volontariat. Ce n'est jamais évident de choisir, mais la base de ce projet était justement d'arrêter de sacrifier des personnes qui n'ont rien à voir avec notre mission donc bon…
21 Avril - 17h11 : Ils le font exprès, ils ont pas aimé la raison qui m'a poussé à proposer ce projet et maintenant ils veulent me faire payer. C'est évident. C'est pour ça qu'ils m'ont fait croire que j'avais le droit de choisir qui participerait à ce projet… C'est pour ça que je peux pas juste abandonner la direction de ce projet. Tout ce que je peux faire maintenant, c'est essayer de minimiser les dégâts.
25 Avril - 18h10 : : Forcément, c'est toujours les personnes les plus braves et les plus gentilles qui se sacrifient. Les autres enflures restent bien au chaud dans leur bureau, il ne faudrait surtout pas qu'ils mettent leur vie en danger, nooooon. En bref, la cinquantaine de "volontaires" des autres sites sont arrivés cette après-midi. Parmi eux pleins d'inconnus, mais surtout Émilie, Victor, Abdou… Quelques-uns de mes anciens camarades de promo. Je respectais leur travail, mais surtout leur attachement à une éthique rigoureuse malgré les difficultés qu'ils ont pu rencontrer dans leur carrière… Ça devient personnel maintenant hein ?
30 Avril - 09h05 : : Les salles sont prêtes maintenant, on a pu installer des "poumons d'acier" modifiés afin de permettre à la machine de s'occuper automatiquement de la respiration du sujet, mais aussi des autres fonctions vitales essentielles comme faire battre son cœur ou réguler son foie. Le "sujet", hein ? Même moi je commence à oublier qui a été placé dans ces chambres… Il n'y a vraiment plus de retour en arrière possible à partir de maintenant… Si je demandais à être remplacé, est ce qu'on me foutrait aussi dans une de ces machines ? Non, les connaissant, ils préfèreraient me voir être une parodie de moi-même, bafouant mes propres principes comme tous les autres… Je me déteste.
01 Mai - 14h58 : Je n'ai pas pu tous les briefer, il a fallu que je délègue cette tâche à d'autres pour "gagner du temps", je sais qu'on en manque mais… Quel lâche je suis… Même pas capable de pouvoir assumer seul ce que je propose…
02 Mai - 16h15 : Ils ne veulent pas me laisser entrer en contact des personnes infectées par SCP-170-FR de peur que ceux-ci me transmettent l'effet de façon involontaire. Si c'était le cas, je n'aurai eu que ce que je mérite, mais ils ne veulent pas l'entendre. Je serais devenu "trop important pour la direction du projet" pour me permettre de prendre de tels risques. Quelle horreur, qu'est-ce que je suis devenu ? Ils viennent de les exposer à SCP-170-FR et je ne suis même pas là pour pouvoir les soutenir durant les premiers stades…
03 Mai - 06h47 : On est en train de passer la première grosse étape, leur foie va commencer à devoir être géré de façon consciente et continue. Normalement nos poumons d'acier améliorés devraient pouvoir s'occuper de cela à leur place, mais on n'est jamais à l'abri de problème. Le plus dur va être les étapes d'après…
04 Mai - 07h59 : Je n'ai toujours pas dormi depuis qu'on les a plongés dans ces machines infernales… S'ils ne peuvent plus dormir, je n'ai plus ce droit non plus. On a réussi à passer les premières étapes sans trop de problèmes, mais c'est maintenant que le plus gros se joue. On m'a déjà rapporté des complications pour le contrôle manuel de la dilatation des vaisseaux sanguins. Cela concernerait 15 % des chercheurs pour le moment. Et dire que je peux même pas être avec eux pour les aider…
04 Mai - 12h05 : Victor est mort. Il est le tout premier décès de l'expérience. Forcément, il fallait que ça soit lui, si ça c'est pas un signe… La machine aurait eu une défaillance et aurait cessé de réguler son foie à sa place. Cela au moment où il avait lui-même du mal à contrôler la dilatation de ses vaisseaux sanguins. À cause de ça, on me demande de leur apprendre à gérer eux-mêmes toute ça sans assistance pour prévenir d'autres morts. Mais si on les enlève, ils sont condamnés… Putain, je les ai condamnés dès le départ, c'est absurde… ils comprennent pas qu'il faut alléger leur fardeau jusqu'au maximum possible, sinon on va juste faire grimper le taux de mortalité…
05 Mai - 14h29 : Le bruit de la porte de mon bureau qui s'ouvre m'a réveillé. J'ai dû m’écrouler de sommeil à ce moment-là. C'était David, il était venu chercher des codes d'accès ou je sais pas quoi. Il m'a à peine dit bonjour et il est reparti. Je…
06 Mai - 16h47 : On est passés à seize morts déjà… Ou "25 % de taux de mortalité" comme ils aimeraient que je le dise… Maintenant que l'on a passé le stade de l'arrêt cardiaque, ce "taux" devrait se stabiliser. Il paraît même qu'il est exceptionnellement bas grâce à la préparation qu'ont reçue les chercheurs et l’assistance que fournissent nos poumons d'acier. Bah mon cul, c'est toujours seize morts de trop et ils ne veulent pas l'admettre.
09 Mai - 13h16 : J'ai dû forcer pendant des jours et des jours, mais ils m'ont enfin permis de rendre visite à Émilie. Elle fait partie des 40% ayant encore des problèmes pour gérer tous les changements qui se sont passés lors de ces six derniers jours. Il paraît qu'une majorité d'entre eux pourrait succomber du stress que subit leur corps suite à ces changements soudains. Je me dois de tous les aider. La rencontre avec Émilie était pire que ce que j'aurais pu imaginer. On voyait à l'état de ses cheveux qu'elle n'avait plus fait l'effort de synthétiser de la kératine, c'était sûrement l'une des nombreuses choses qu'elle avait dû abandonner pour se concentrer sur sa survie. Quand nous ne parlions pas, elle répétait en boucle "Cœur, poumons, vaisseaux, foie, nerf, cerveau" comme pour ne pas oublier de faire fonctionner tout son corps. J'ai essayé de la convaincre que la machine pouvait s'occuper de son cœur, ses poumons et son foie à sa place et qu'elle pouvait se ménager, mais je ne pense pas qu'elle soit prête à confier sa vie à cette machine… Et pourtant en discutant, j'ai compris que malgré ses difficultés, elle continuait à effectuer la mission qui lui avait été donnée. Elle me disait ce que ça faisait de créer soi-même de nouvelles terminaisons nerveuses au sein de son cerveau, de voir ses capacités de raisonnement s'étendre petit à petit, lui permettant d’atteindre des pensées qu'elle n'aurait jamais soupçonnées avant. C'est là qu'elle m'a confié quelque chose que je comprends, malgré toutes les possibilités intellectuelles qui s'offraient devant elle, elle ressentait comme une vide, un manque à l'intérieur d'elle-même. Au départ je pensais que les crises existentielles étaient réservées aux lâches comme moi qui avaient le luxe de ne pas voir leur cœur s'arrêter s'ils ne pensaient pas à le faire battre toutes les secondes. Mais d'après Émilie, c'était une chose plus profonde, comme si on avait arraché depuis longtemps quelque chose à son essence, à son être sans jamais la lui rendre. Quand je suis parti, elle m'a dit qu'elle ferait tout pour la retrouver.
12 Mai - 11h10 : : Il paraît qu'Abdou fait partie de ceux qui s'en sortent le mieux dans le lot. Après des tests préliminaires, il devrait bientôt se voir affecter un terminal contenant un accès à notre base de données ainsi qu'un assistant pour l'aider dans sa tâche. Je devrais aller le voir. Je me dis ça à chaque seconde qui passe, mais je n'arrive pas à me lever. Je suis déjà passé devant sa "chambre", enfin plutôt sa cellule, il arrive à garder les apparences malgré tout mais je vois bien que ce n'est plus le même… il a toujours été exceptionnel…
14 Mai - 18h06 : David est passé dans le bureau.
15 Mai - 15h04:Aujourd'hui un ange est venu me visiter, il a ouvert la porte de mon bureau et est resté dans l'encadrure de la porte, a me fixer du regard de ses yeux de jade. Ses cheveux noirs corbeaux étaient tellement lisses qu'ils semblaient couler sur un visage qu'on aurait cru fait en porcelaine. Cette même pâleur se répercutait aussi sur ses ailes dont la membrane semblait encore un peu irrégulière. Cet instant poétique sublimât ma journée pour les 5 secondes qui suivirent, jusqu'à que je reconnaisse le visage d'Émilie sur cette créature qui me paraissait maintenant si maigre. Cela n'a duré qu'un maigre instant, instant que j’aurais pu complètement manquer si je n'avais pas relevé la tête de mes fiches à ce moment-là. La sidération m'a paralysé pendant les dix minutes qui ont suivi cette rencontre, puis l'alarme a sonné et c'est à ce moment-là que j'ai réalisé ce qu'il s'était passé.
16 Mai - 10h02: Le responsable de la sécurité de la zone est venu me voir, il m'a demandé si je savais par quels moyens Émilie aurait pu contacter l'extérieur ou quelqu'un proche de ces nouvelles sectes. Je n'ai pas vraiment compris où ils voulaient en venir. Pour moi, c'était évident, elle s'était imaginée des ailes pour essayer de retrouver sa liberté. Je n'ai pas osé lui dire ça.
16 Mai - 16h44: Le Conseil O5 a décrété que le projet était un succès malgré les pertes. Les pertes ? Les pertes sont de 100 %, ces gens sont condamnés bordel… C'est fini…
<Début de l'entretien>
Najma Dahoui : Bonjour Charles, comment allez vous ?
[ Silence ]
Najma Dahoui : Mal, j'imagine. Vous n'êtes pas venu à un seul rendez-vous pendant toute la durée de votre projet. Vous commencez à ressembler à votre collègue David sur ce point-là.
Charles Longie : Ne me parlez plus de David, ne me parlez plus de ce projet… Vous savez quoi ? Ne me parlez plus de rien, c'est trop… Tout ça pour m'apprendre une leçon… Ils sont fous…
Najma Dahoui : Qui ça "ils", comment ça "une leçon" ?
Charles Longie : Vous savez bien… Les O5, ils n'ont vraiment pas aimé ma proposition finale donc ils ont décidé de se venger.. Ces sadiques.
Najma Dahoui : J'ai eu accès à votre proposition. En la lisant, il était clair qu'elle était à charge contre certaines méthodes controversées de vos collègues. Je pourrais presque supposer que vous ne pensiez pas sérieusement à un tel projet.
Charles Longie : Bien sûr que si, mais la partie la plus importante a été arrachée du projet. Sans cela, ça a servi à rien de le continuer… C'est bien la preuve qu'ils voulaient me punir.
Najma Dahoui : Ils n'ont pas fait ça pour vous punir.
Charles Longie : Pardon ?
Najma Dahoui : Vos motivations n'étaient peut-être pas les bonnes pour ce projet, mais s'il a été autorisé, c'est que le Conseil voyait en sa finalité une bonne façon de mener à bien la mission qui nous a tous été confiée ici. Et c'est le cas, votre projet a permis le développement de nombreuses ébauches de plans et projets semblant réalisables et applicables malgré le peu de temps qu'il nous reste. Vous avez permis aux gens ici présents de croire en la faisabilité de notre mission. Ce n'est pas rien.
Charles Longie : Oui je sais. Ils m'ont appelé pour me "féliciter" et vous savez ce qu'ils m'ont dit aussi ? Que j'allais pouvoir être à la direction des futurs projets proposés par les mêmes gens que j'ai torturé. Ils savent ce que je pense de tout ça, c'est juste une nouvelle façon de me punir.
Najma Dahoui : Écoutez Charles, s'ils voulaient vraiment vous punir, ils l'auraient fait de façon officielle afin de rappeler à chacun l'importance de notre mission. Ils dirigent tout ce qui se passe ici et ailleurs, ils n'ont pas besoin de jouer de petits jeux mesquins pour vous faire comprendre que ce que vous avez fait ne leur a pas plu. Ils ont vu une opportunité de faire avancer les choses au plus vite dans ce que vous avez proposé, rien de plus. Croyez-moi, s'ils avaient voulu vous punir, vous aurez déjà reçu une petite lettre rédigée de leurs soins, vous menaçant de prendre la place des gens participant au projet.
Charles Longie : C'est ce qu'ils m'auraient fait si j'avais demandé à être éloigné du projet !
Najma Dahoui : Vous en êtes sûr ? Vous l'ont-ils signifié oralement ou par l'intermédiaire de quelqu'un ? Vous ont-ils dit que votre présence sur ce projet était nécessaire et indiscutable ? Ou est-ce que vous vous êtes convaincu que c'était votre responsabilité et votre moyen d'expier la culpabilité qui vous guettes ?
Charles Longie : Je… Je devais être là-bas, c'était moi qui avais provoqué tout ça… Vous avez raison, mais… Si je le faisais pas jusqu'au bout, je vaudrais pas mieux qu'eux tous… C'est… C'est trop… Tout ça… C'est trop…
Najma Dahoui : Ça a dû être dur de supporter tout cela, David n'était pas là pour vous épauler ? Je le vois assez peu, il essaie d'esquiver nos rendez-vous en justifiant une charge de travail élevée.
Charles Longie : [ Rire ] Une charge de travail ? Mais quelle belle ordure, c'est à peine si je l'ai vu deux fois pendant des trois dernières semaines. Vous savez ce qu'il a osé me dire quand il est arrivé une fois dans le bureau alors que j'étais au bout de la crise de nerfs, en train de m’effondrer en larmes ? "Tiens bon !", "Tiens bon !", merci connard, je tiens ce projet à bout de bras pendant que tu batifoles je ne sais où ! Bien sûr que je vais tenir bon !
Najma Dahoui : Vous ne savez même pas ce qu'il fait ni où il est ?
Charles Longie : J'avais pas l'énergie de lui demander ni de le chercher. Déjà que je ne dors plus , alors chercher quelqu'un qui se donne même pas la peine de m'informer de ce qu'il fait… Je suis même pas sûre qu'il sait pour ce projet à l'heure actuelle…
Najma Dahoui : Je comprends mieux… Ça vous arrive souvent ces insomnies ?
Charles Longie : Je n'ai pas vraiment d'insomnie, c'est juste que quand je dors, j'ai toujours ce même rêve avec un feu de camp au milieu d'une pièce et je sais pas pourquoi, mais voir qu'il ne reste que des braises, ça me réveille d'un coup en panique. Ça provoque une terreur en moi que je n'avais pas ressenti depuis tellement longtemps. Du coup je ne dors presque plus quoi.
Najma Dahoui : Intriguant… Vous voulez que je contacte le médecin de la zone pour vous prescrire des médicaments pour vous aider à vous endormir ?
Charles Longie : Oui je veux bien… Et aussi… si vous recroisez David, est-ce que vous pouvez lui transmettre un message ?
Najma Dahoui : Oui ? Lequel ?
Charles : "Qu'il aille bien se faire foutre"
<Fin de l'entretien>
<Début de l’entretien>
David Schwertz : Qu’est-ce qu’il fait chaud ici encore, tous les psys doivent étudier leur licence dans un sauna, ou c’est que vous qui avez choisi d’étudier en Finlande ?
Najma Dahoui : Écoutez, je pourrais vous dire que c’est pour un effet thérapeutique visant à recréer un cocon privé pour mettre à l’aise le patient et délier sa langue ou je pourrais vous avouer que l’isolation de cette pièce fait que vous me demanderez un plaid d’ici cinq minutes top chrono. Dans tous les cas, je commence à vous connaître et je sais que vous aimez qu’on aille droit au but. Dans ce cas, laissez moi vous dire que je ne pense pas être la meilleure dans le domaine des thérapies de couple, et Charles m’a fait savoir que vous lui manquiez beaucoup.
David Schwertz : Ooooh, c’est mignon ! Mais vous n’enfreignez pas le secret professionnel en me disant ça ?
Najma Dahoui : Non, pas du tout. Plus sérieusement, il s’agit de votre capacité à coopérer et à communiquer pour réaliser ensemble les différents projets dont vous avez la responsabilité en commun. J’ai lu les divers rapports des projets précédents, j’ai lu les remarques de certains O5 concernant votre absentéisme de plus en plus présent, j’ai entendu ce que m’a dit Charles. Votre implication a baissé au point où Charles a presque dû adopter la responsabilité de ce dernier projet entièrement à lui tout seul. Avant que vous ne veniez, j’avais envie de vous demander si comme de nombreux de vos collègues vous aviez abandonné, si vous aussi vous aviez entendu le chant des sirènes et vous seriez allé rejoindre je ne sais quel gourou pour trouver une réponse rassurante face à cet univers en décrépitude. Je pensais à ça puis je me suis rappelé de vous, votre ambition, de la flamme que ce O5 voyait en vous et ça m’a paru clair comme de l’eau de roche. Vous avez trouvé une autre piste, c’est ça ?
David Schwertz : Oui et non… les O5 n'aiment pas trop qu’on innove en dehors des sentiers battus, vous savez…
Najma Dahoui : Je pense qu’ils aiment bien quand ça donne des résultats surtout. Depuis combien de temps durent vos petites recherches personnelles ?
David Schwertz : Ça va faire deux… quatre mois, je crois ? Je sais plus trop, avec toute la panique qui commence à s'immiscer ici, j’ai l’impression que le monde va de plus en plus vite.
Najma Dahoui : Est-ce que vous pensez que ce sont les gens qui paniquent autour de vous ou c'est juste vous pour qui la panique commence à vous atteindre ? Peut-être même la peur de ne pas trouver la solution à un problème si énorme ?
David Schwertz : Non, j’en suis certain, la solution se trouve là-dedans, y a quelque chose qui cloche… il y a eu quelques jours dans l’Histoire où le taux d’évolution de l’entropie a stagné, il y a même un jour où il a baissé. Les archives ont documenté ça comme des erreurs de relevé, mais c’est juste qu’ils n'ont pas encore trouvé la cause de ces changements.
Najma Dahoui : Si vous n’avez rien trouvé en autant de mois, c’est peut-être qu’il n’y a rien à trouver non ? Vous savez, à poursuivre un objectif inatteignable, cela peut être douloureux pour l’esprit sur le court comme sur le long terme. De ce que je suis autorisé à savoir, on ne vous a confié que la mission d’établir le plus de projets possible à l’aveuglette, vous n’êtes pas obligé de trouver la grande solution.
David Schwertz : Je sais bien que ce n’est pas ce qu’on m’a demandé, mais à tâtonner au hasard dans l’obscurité, on va juste finir par tomber et ne jamais se relever. Surtout que j’ai vu bien l’état de nos anciens projets et celui de nos collègues… je crois que oui, vous avez raison, la peur commence à m’atteindre. J’aurais dû agir pour celui-là, Charles est allé trop loin, on a besoin du plus de ressources possibles et là, il a réduit les chances de succès de la mission initiale. J’aurai dû intervenir, être plus présent mais, on ne peut pas continuer comme ça aussi…
Najma Dahoui : Vous pensez qu’ironiquement, ça va vous pousser à continuer encore plus sur cette piste ?
David Schwertz : On n'a plus le choix, malheureusement. De toute façon, je sais que c’est là, je peux le sentir, c’est comme être à deux doigts de trouver le mot que l’on cherche, on l’a sur le bout de la langue, mais on ne sent pas quand ça va arriver, mais ça va arriver… Mais j’ai pas le temps d’attendre que ça arrive, il faut que ça se fasse, c’est tout.
Najma Dahoui : Écoutez, je connais très bien ce genre de moment, vous ne savez pas combien de chercheurs j’ai pu rencontrer qui avait ce même syndrome. Je pourrais même lui donner mon nom et aller empocher un prix de psychologie pour ça ! S'il y a encore des gens sains pour le décerner en tout cas. Ma meilleure solution à ce genre de problème, elle va vous paraître paradoxale, mais c’est au contraire de prendre votre temps, de passer à autre chose. Les choses arrivent plus facilement quand on n'est pas en train de se ruiner la santé à y penser. Allez faire le bilan des précédents projets, faire de la paperasse, allez rétablir votre relation avec Charles, communiquez lui vos problèmes. Si l’on vous a mis à deux sur cette mission, ce n’est pas pour que vous jouiez le rôle de superhéros qui doit endosser toutes les responsabilités du monde. De ce qu’on m’a confié, et que je vais vous confier à mon tour, vous et votre binôme a été choisi afin de vous compléter, mais aussi vous confronter l’un face à l’autre, afin de trouver une solution et progresser à travers la conflictualité. Communiquez David, vous n’êtes pas seul, c’est l’entièreté de la Fondation qui s’est vue changer pour atteindre un objectif insurmontable, comme toujours comme toujours…
David Schwertz : On va le surmonter…
Najma Dahoui : Et ça ensemble, comme toujours David. Ne craignez pas la communication, c’est ce qui fait notre essence.
David Schwertz : Je… J’aimerais vous engueuler et dire que vous vous êtes trompée sur toute la ligne, mais je me retrouve face au fait que… Vous avez raison…
Najma Dahoui : Et oui David, je n’ai pas été pensée pour être votre binôme et vous affronter pour faire mûrir une solution. Je suis juste là pour vous aider et je commence à comprendre que vous aimez bien qu’on vous dise les choses. [ Silence ] Bon, je pense qu’on a fait une très, très bonne séance, vous avez beaucoup de choses à ressasser et réfléchir, je vais vous relâcher. Mais avant ça, je suis juste curieuse de savoir ce qu’il se passe avec vos rêves là, même Charles m’en parle, ça commence à devenir intriguant là !
David Schwertz : Et bien, c’est vous la psy, c’est à vous de me dire que ça signifie non ?
Najma Dahoui : Le domaine des rêves est très vaste David, je pense que la meilleure personne pour les interpréter c’est la personne qui les fait. Mais je peux vous donner une ou deux pistes, si ça peut vous aider. Personnellement, je me représente comme votre espoir, votre volonté et votre peur de la voir s’éteindre comme un feu de camp. Ça peut être aussi être votre façon d’imaginer l’état du monde à l’extérieur de ce site.
David Schwertz : C’est vrai que si on le voit comme ça… Mais comment faire en sorte qu’un feu ne s’éteigne jamais… À quoi il faut s’attaquer, le combustible ou le comburant ? Déjà qu’est-ce que serait le comburant ou le combustible de l’univers ? Et comment faire pour que ni l’un ni l’autre ne se consument… À moins qu'on l’alimente… Mais ça reviendrait à alimenter le divin, le divin en pleine décrépitude… À moins que…[ Silence ] Excusez-moi, je dois y aller urgemment. [ David se lève et quitte la pièce ]
<Fin de l’entretien>
Projet n°7 : ZS-075 - [DONNÉES SUPPRIMÉES A LA DEMANDE DU DR LONGIE]
Projet n°8 : ZS-078 - [DONNÉES SUPPRIMÉES A LA DEMANDE DU DR LONGIE]
Projet n°9 : ZS-094 - "Rediviniser l'univers"
Proposition d'utilisation de SCP-472-FR pour supprimer l'entropie
Il y a eu plusieurs itérations dans ces dernières décennies où le taux d'évolution de l'entropie a réussi à stagner, voire même diminuer, ne serait-ce qu'un jour. N'arrivant pas à relier ces faits à des événements concrets, nous avons donc pensé à une erreur de relevé. Nous nous trompions lourdement. Alors que nous pensions avoir affaire à une évolution de l'entropie facilement prédictible, celle-ci n'a cessé de varier de façon incompréhensible depuis le début de notre mission. Certains pensaient que c'était l'univers qui luttait pour sa propre survie d'une certaine façon, ou qui s'affolait en voyant sa mort arriver. Idiotie. Il nous faut prendre du recul et revenir aux bases. Le début des variations chaotiques du taux de l'évolution de l'entropie a débuté quelques semaines après la diffusion en masse de SCP-472-FR dans la population civile. De plus, la première fois que l'on a enregistré une stagnation dans le taux, cela correspondait à la période où Mark Lancer était supposé avoir disparu de la Zone-Midgal, en ayant sûrement compris pleinement SCP-472-FR. Lorsque le taux d'évolution de l'entropie a baissé, ne serait ce que de 0,000001, cela s'est produit dans le même intervalle de temps où plusieurs chercheurs sont soupçonnés d'avoir disparu de la Zone-Midgal, supposés, eux aussi, avoir atteint une compréhension totale de SCP-472-FR. Cela pourrait n'être que des coïncidences, en effet, il nous faut une explication précise et pour cela, il faut parler ce qui arrive lorsque ces gens disparaissent.
Parler de SCP-472-FR n'est pas une mince à faire, essayer de comprendre l'idée qu'elle véhicule est ce qui provoque son effet anormal. Je ne vous en voudrais pas de partir vu que nous allons devoir nous exposer au même risque que tout le monde à l'extérieur d'ici. SCP-472-FR est une idée intimement liée au divin, divin que l'humanité aurait compris et abandonné il y a 50 000 ans de cela à Babel, pour des raisons que nous ignorons toujours. Un des personnages historiques ayant le mieux compris et approché SCP-472-FR était indubitablement Baruch Spinoza. Je ne reviendrai pas ici sur les découvertes qu'il a faites en lien avec SCP-472-FR , je vous laisse consulter le rapport à la place. Ce qui m'intéresse ici, c'est la vision philosophique de la divinité chez Spinoza. Je ne suis pas agrégé de philosophie et je ne prétends pas non plus avoir la bonne interprétation de ses travaux. Cependant, de ce que j'ai compris et de ce que mes collègues (mieux formés que moi sur cette question) m'ont rapporté : Spinoza a voulu prouver l'existence de Dieu en démontrant que celui-ci se trouve dans le substrat qui compose notre univers. Dieu ou le divin se trouvait dans chaque chose qui nous entoure, partout, tout le temps, il est le composant même de ce monde. Si l'on imagine maintenant que SCP-472-FR est la connaissance maudite qui aurait permis à l'humanité d’accéder au même stade d'existence divine que ses créateurs, alors on peut imaginer qu'en comprenant pleinement SCP-472-FR, nous atteignons ce statut de divinité. Mais si nous considérons ce que Spinoza dit de la nature divine comme vrai, alors les personnes ayant disparu de la Zone-Midgal ont rejoint cette nature divine et sont devenues à leur tour le substrat, la substance de l'univers. Pour exister pleinement en tant qu'êtres divins, nous aurions donc dû cesser d'exister sous cette forme, ce qui pour nous voudrait dire de cesser d'exister tout court.
Mais quel rapport cela pourrait-il avoir avec notre entropie ? Le lien existe en tout cas, mais sa nature n'est pas certaine. Il se pourrait qu'en transcendant notre nature humaine grâce à SCP-472-FR, cela relâche assez d’énergie pour contrecarrer un tant soit peu le phénomène d'entropie. Il se peut aussi que le Projet Mutus Liber a eu pour conséquence de blesser ou tuer le divin et qu'en transcendant, cela soigne progressivement le tissu divin universel. Les hypothèses sont nombreuses, mais elles n'importent guère, le fait est que cela peut marcher. Il nous faut réunir au plus tôt plusieurs cobayes pour vérifier que l'on peut opérer cela sur une grande échelle et confirmer que cela peut vraiment inverser le processus d'entropie. Si cela est confirmé, nous pourrons alors saisir notre chance pour raviver l'espoir d'un monde à la dérive. Nous devons procéder à ces tests immédiatement, nous atteindrons bientôt le stade où il n'y aura pas assez d'humains à transcender pour renverser la tendance.
- Proposition du Dr Schwertz
Les tests préliminaires se sont avérés être une plus grande réussite que celle que nous attendions. Il semblerait qu'il est plus facile d'approcher l'idée de SCP-472-FR que d'en éloigner les gens, ça va nous arranger pour la suite. Le Département de la Logistique est en train de faire les premières estimations suite aux premiers tests. Pour l'instant, on serait sur une fourchette de 150 à 200 millions de personnes à transcender pour pouvoir stopper l'augmentation de l'entropie. Ça peut sembler énorme pour une première étape, mais plus on attendra, plus cette fourchette risque de dépasser le milliard. J'ai commencé à contacter le Département de Censure et de Désinformation pour le mettre en lien avec le projet et le Département de la Logistique. Même si c'est énorme, il devrait être capable de nous inventer quelque chose, sûrement une épidémie ou quelque chose dans le genre. Le plus dur va être l'après où il va falloir justifier de la disparition des corps.
Élaborer des plans a toujours été mon fort, mais celui-ci est à une échelle jamais vue auparavant. Des confrères ont commencé à contacter le développeur de SCP-460-FR afin d'introduire de base les œuvres de Spinoza concernant la divinité sur son site web, en échange, on arrêterait de rediriger les gens hors de son site. Je ne suis pas sûr que vouloir renforcer SCP-472-FR dans l'esprit des gens, choisis de façon aléatoire, soit vraiment la meilleure façon de procéder. Il va falloir resserrer l'étau en attendant qu'un plan concret soit mis en place, il y en a marre de ces initiatives personnelles qui ne mènent à rien.
Ce que l'on pourrait faire en revanche, c'est rassembler certaines communautés isolées, les éduquer à propos de SCP-472-FR et les inviter à communiquer entre elles pour qu'elles se rapprochent toutes ensemble de la compréhension de SCP-472-FR. Il suffit alors de répéter cette expérience avec différentes variables et voir quelle situation est le plus propice à une compréhension rapide et totale de SCP-472-FR. Une fois cela fait, on pourra procéder de la même façon sur de plus larges zones.
Ok, je tiens peut-être un truc, maintenant plus qu'à voir si c'est applicable.
Il faudra aussi que je contacte la psy, j'ai eu des changements dans mes rêves, cette fois-ci le feu avait réussi à embraser toute la pièce.
<Début de l’entretien>
David Schwertz : Bonjours Charles, ça faisait longtemps. Comme tu le sais, tous sera enregistré et un membre de la sécurité pourra intervenir au cas où tu décides de devenir violent.
Charles Longie : C’est quoi tout ce cirque, t’as peur de moi ?
David Schwertz : Et bien la dernière fois, tu m’as quand même sauté dessus. Je ne te savais pas aussi violent.
Charles Longie : Depuis quand tu as peur de la violence ? T’es en train de l’appliquer à des millions de gens au moment où on en parle.
David Schwertz : Je sais que ce n’est jamais facile de procéder à des sacrifices, surtout quand ils prennent une telle proportion. Mais ce n’est pas comme si on les jetait dans une broyeuse. On a la chance incroyable que ce processus soit indolore et de permettre à ces gens de mieux comprendre leur existence avant de fusionner avec.
Charles Longie : Qu'est-ce que t'en sais que c'est sans douleur ? Est-ce que t'es allé là-bas au moins une fois, voir ce que tes décisions font ? Est-ce que t'es sûr d'avoir bien lu le dernier entretien de Mark avant sa disparition ? Tu sais celui où il se sait fatigué, mais sans pouvoir le sentir, où il se sait en danger, mais sans pouvoir le sentir, hein ? Tu l’as lu peut-être ? Avant d’envoyer des millions de personnes subir le même sort ?
David Schwertz : Bien sûr que je l’ai lu, mais tu te contredis toi-même. S’ils ne peuvent pas sentir de douleur, est ce qu’il souffre réellement ? Puis de toute façon, tu sais très bien que non j’ai pas pu y aller, personne n'a le droit de sortir de la Zone-Shamayim, toi, comme moi.
Charles Longie : Me contredire ? C’est une blague, t’es pas philosophe, tu l’as dit toi-même, alors arrête tes faux débats à la con sur la nature de la douleur ou de la souffrance. T’as clairement aucune idée de ce qu’ils traversent. Forcément t’es pas sorti de ta petite zone confort, alors qu’y a même pas besoin de ruser pour qu’ils t’emmènent où tu veux, demande leur juste d’assister à l’une des opérations et ils t’y amèneront. Tout ça, c’est qu’une excuse pour ne pas voir les conséquences de ce que tu as engendré.
David Schwertz : Tu délires complètement, t’es devenu fou parce qu’on ne te laisse pas sacrifier tes propres collègues, nos hommes. Pourquoi tu veux à ce point voir disparaître tes proches ?
Charles Longie : C’est comme ça que tu me vois, hein ? Pathétique. C’est toujours plus facile d’aller sacrifier des inconnus au loin qu’on ne connaît ni d’Adam ni d’Eve alors qu’on serait incapable de sacrifier les gens qu’on connaît ou même de se sacrifier soi-même pour accomplir cette même mission. C’est facile de se dire qu’on doit faire des choses horribles pour le bien commun, qu’on est pas la personne qui est atteinte par ces choses horribles.
David Schwertz : C’est si facile de lancer des accusations quand on est loin des choses que l’on condamne, hein ? C’est ce que tu me reproches pourtant, non ? Mais t’es pas à la direction de ce projet, t’as pas voulu assumer de l’être. T’es un lâche qu'est pas à la hauteur de la tâche qu’on lui a confiée. Si tu t’intéressais un peu au projet, tu aurais compris qu’on est tous compromis ici, tous les chercheurs et agents qui travaillent là-dessus ont une certaine compréhension de 472-FR et sont donc susceptibles de disparaître à leur tour. Moi le premier, je suis celui qui m’en approche le plus, hier encore les tests ont révélé que j’avais encore monté d’un niveau de compréhension. Je ne suis même pas sûr de pouvoir assister à la fin du projet… Et je me retrouve avec un binôme qui préfère m’insulter en permanence plutôt que de préparer la suite quand je ne serais plus là…
Charles Longie : Je n’ai aucune envie de préparer la suite d’un massacre de masse. Arrête-toi là, on a pu gagner assez de temps, c’est bon, on est pas obligé de mener ce plan jusqu’au bout, on peut s’arrêter avant de commettre l’irréparable une fois pour toutes. On peut encore réfléchir à d’autres solutions qui ne nécessiteraient pas de faire disparaître des millions de gens.
David Schwertz : Non, c’est s’arrêter maintenant qui serait une tuerie de masses. On jetterait tous ces sacrifices à la poubelle. Et pour quelle raison ? Juste parce qu’on a la certitude de trouver une solution parfaite au bout d’un moment, si on réfléchit assez, si on essaie des choses hasardeuses, par-ci par-là. C’est cette croyance qui nous a emmené jusqu’ici pour commencer. Si on s’était concentrés sur les raisons qui nous ont emmenés à cette catastrophe plutôt que de vouloir remplacer un programme avorté, si on avait fait tout ça bien avant, on aurait pu s’en sortir avec beaucoup moins de pertes… Et toi, tu débarques priant pour recommencer tout ça ? Et pour quoi ? Pour pouvoir massacrer tes collègues plutôt que des civils ? Elle est bien belle ton éthique, mais ce n’est pas elle qui va nous sortir de là.
Charles Longie : Très bien, alors laisse-moi te dire ça, d’un meurtrier à un autre, va voir sur place ce que fait ton petit projet. Va voir les maisons videés de toute trace de leurs occupants, va voir nos agents évacuant et rassemblant les enfants dont les parents ont subitement disparu, va voir des villages entiers vidés de leur population, tu n’y trouveras aucun cri d’horreur, aucun pleur, juste le silence des gens que tu as supprimés. Va parler aux gens qui vont bientôt disparaître suite à nos méthodes, va voir comment ils estiment leur situation avant que leur conscience et leur être ne se dilatent dans le grand univers qu’on essaie de sauver. Je suis allé voir ce que j’ai causé, je suis allé voir mes collègues que j’ai enfermés dans ces machines infernales, c’est à ton tour d’en faire de même.
David Schwertz : On a commencé à m’en dire assez sur ce qu’il se passe dehors, je n’ai pas besoin de vérifier ce qui s’y passe. Les gens paniquent, les gens désespèrent, ils se déchirent de l’intérieur, alors quand on arrive pour nos opérations, c’est comme s’ils découvraient un nouveau sens à leur vie, on les éloigne de toutes ces souffrances.
Charles Longie : Oh, quel projet salvateur alors ! Vous redonnez aux gens du sens, un sentiment d’unité, avant de leur arracher leur existence, quelle bienveillance ! Écoute, ça ne sert à rien de continuer, on tourne en rond, tu ne veux juste pas accepter ce qui se passe devant toi. Tu continueras de nier jusqu’à qu’il soit trop tard, c’est ça ? A moins que tu penses disparaître avant que les conséquences de tes actions te rattrapent, c’est ça ? Tout ça me dégoûte.
[ Charles se lève et s’en va ]
<Fin de l’entretien>
Bonjour chers chercheurs et chères chercheuses de la Zone-Shamayim,
Comme vous devez le deviner au vu de la présence de ce message, vous avez réussi à bien votre mission. Et pour cela, je vous en félicite. Il est grand temps pour vous de regagner vos domiciles personnels et vos anciens postes.
Cependant, cela ne signifie pas que tout est fini. Pour ceux, n'étant pas au courant, nous n'avons jamais eu à entamer la deuxième phase du projet ZS-094. En effet, une fois que le taux d'évolution de l'entropie est devenu négatif (et que l'entropie a donc commencé à régresser), nous n'avons plus eu à intervenir. L'entropie a commencé à se résorber d'elle-même. C'est donc aussi pour cela que je vous contacte aujourd'hui.
Les personnes suivantes se verront assigner à une nouvelle mission, comprendre ce qu'il se cache derrière cette disparition autonome de l'entropie :
- ███████ ██████████
- ████ ██████
- ██████ ████████
- ███ ███████
- ██████ █████████
- ████████ ████
Pour ceux et celles ne faisant pas partie de cette liste, vous serez renvoyé aux fonctions que vous occupiez avant de venir ici ou assignées à de nouvelles missions pour régler les problèmes secondaires qu'a entraînées l'application concrète du projet ZS-094.
Merci encore au Dr David Schwertz pour son sérieux, sa bravoure et son ingéniosité durant les moments de péril que nous avons traversés.
- L'Administrateur
Addendum 2 - Entretien psychologique de David Schwertz- ██/██/████
<Début de l’entretien>
David Schwertz : Vous pouvez baisser le chauffage ? Je sais qu’il fait toujours chaud ici pour votre truc de cocon ou je ne sais pas quoi, mais on étouffe là.
Najma Dahoui : Je l’ai déjà arrêté il y a 10 minutes, ça ne devrait pas tarder à se rafraîchir, mais vous êtes sûr que ce n’est pas la culpabilité qui vous étouffe et vous a fait venir ici malgré le fait que cette visite n’est plus obligatoire depuis la réussite de votre projet ?
David Schwertz : … [ Silence ] Vous savez, si les êtres humains en sont arrivés inconsciemment à installer des conventions sociales tacites, c’est pour éviter ce genre de phrase. Et comme toute évolution, il y a une bonne raison à pourquoi elle est arrivée.
Najma Dahoui : En effet, et il y a aussi une bonne raison sur le fait qu’une partie de ces conventions sont ignorées ici. La raison étant bien évidemment l’efficacité. Je vois que vous voulez tourner encore autour du pot donc dites-moi juste dans combien de minutes vous serez prêt à répondre à la question que je vous ai posée et auquel vous n’avez toujours pas répondu.
David Schwertz : … [ Silence ] Je vais commencer à croire que vous aussi vous me détestez pour ce que j’ai fait…
Najma Dahoui : Aucunement, rassurez-vous. Au vu de nos précédentes interactions et de ce qu’on m’a rapporté, j’ai compris que le conflit et l’agressivité étaient un élément moteur pour vous, un élément qui vous fait avancer et progresser. C’est pour ça que j’ai décidé d’employer cette approche. Et je sais aussi que les choses se délient chez vous quand on est brutalement honnête dans la discussion. C’est aussi pour ça que je vous explicite ma démarche.
[ Silence, David Schwertz se masse le visage au niveau de ses cernes ]
Najma Dahoui : Bon… Pour vous faire plaisir, je vais être brutalement honnête avec moi-même. Je n’ai peut-être pas bien jugé la situation ni l’état dans lequel vous êtes. La combativité vous a-t-elle abandonné en même temps que le projet s’est terminé ?
David Schwertz : Je… Je vous emmerde, écoutez… [ Silence, il souffle, il prend son visage dans ses main ] Non, désolé, je voulais pas… Je… [ Silence pendant 30 secondes ] On m’avait dit… On m’avait dit que c’était plus facile que ça paraissait, qu’éloigné de tout, les conséquences te remonter rarement à la gueule. Que c’était plus facile de gérer tout de loin pour supporter le poids des sacrifices nécessaires à la mission. C’étaient des haut-gradés qui m’en parlaient… C'étaient leurs expériences de multiples projets qui parlaient pour eux… Et comme toujours, quand c’est ceux d’en haut qui le disent, c’est que ça doit être vrai… Mais je commence à croire que c’est ceux sur le terrain qui avaient raison… J’avais sympathisé avec un agent d’une force mobile et un soir, on avait eu la permission de sortir boire un coup en ville avec certains de mes collègues et de ses collègues à lui. Je vous la fais courte mais on a bu, on s’est retrouvés à deux en fin de soirée, lui avec sa cigarette qui illuminait les murs de béton d’un parking où on s’était posés, moi assis par terre, sur le goudron, en train de me demander où est passé mon téléphone, alors que je le tenais dans ma main. Je vous fait pas un dessin, c’était une ambiance parfaite pour livrer tout ce qu’on avait sur le cœur et refaire le monde. C’est là qu’il m’avait dit une chose que je ne pouvais pas comprendre avant de l’expérimenter par moi-même. Il était dans une de nos unités qui devaient traquer les groupes d’intérêt qui ont osé nous piquer nos précieuses anomalies. Du coup, forcément, il devait s’occuper autant des anomalies que des humains et c’est à ce moment-là que je ne l’ai pas compris. Pour avoir été confronté à l’anormal de nombreuses fois en tant que chercheur, c’est vraiment la pire sensation qu’un humain puisse connaître, on s’y habitue, certes, mais la sensation de votre cerveau qui se retourne face à quelque chose d’incompréhensible, d’impossible, qui tremble rien qu’en pensant que ce genre non-sens peut exister… Cette sensation ne part jamais. Et lui… Et lui quand je lui demande ce qui est le plus dur dans son métier, il ne me répond même pas quelque chose en rapport avec l’anormal, sa rencontre ou sa gestion des anomalies. [ Rire ] Non. Il m’a dit que le plus dur, c’était la première fois qu’il a neutralisé un ennemi, fin, neutraliser…. Vous comme moi connaissons la façon de mettre à distance la mort, il avait tué quelqu’un, soyons honnêtes. Et à ce moment-là je ne comprenais pas… Les gens qu’ils pourchassaient en voulaient très certainement à sa vie et n’auraient eu aucun remord à l’éliminer, ça ne serait pas exagéré de parler de légitime défense. Il pourchassait des gens dangereux avec des objectifs dangereux et qui n’auraient aucune empathie pour lui ou ses collègues et l’auraient tué sans aucune hésitation. Il avait toute la légitimé au monde de faire ce qu’il a fait, voire même de faire plus. Pour moi, il n’avait aucune raison de douter, toutes les positions morales du monde s’étaient alignées pour justifier ces actions. Mais j’étais trop saoul et trop fixé sur ma vision des choses pour écouter vraiment ce qu’il avait à me dire. Maintenant avec le recul, je me souviens. Je me souviens qu’il me disait que même si tout le permettait, tout le justifiait, prendre une vie restait prendre une vie, tuer restait un meurtre. Et cela, même si la personne en face était la pire des personnes et que son meurtre pourrait sauver des milliards d’autres personnes innocentes. Je crois que c’est ça qui m’a fait devenir sourd à ces propos, pour moi, c’était idiot, bien sûr que quand on tue quelqu’un, on le tue… C’est d’une évidence, mais pour moi ça pouvait rester un outil potentiel pour améliorer les choses. Qui n’a jamais fantasmé l’idée de sauver tout un peuple en tuant un dictateur sanguinaire, une seule personne responsable du malheur de tant d’autres ? Si je l’avais vraiment écouté, j’aurais compris… Un mort reste un mort et c’est que lorsque vous êtes face au cadavre de la personne que vous avez tué que vous pouvez comprendre. On est pas fait pour ça, y a une raison de pourquoi tant de soldats durant tant de guerre, n'ont pas supporté le traitement qu’on leur réserve et ont reçu tant de drogues et autres substances, pour leur faire supporter ce paradoxe. Mais moi, maintenant, je n’ai jamais eu à voir les cadavres que j’ai engendrés, tout ce que j’ai vu, c’est l’absence. L’absence des gens que j’ai envoyé rejoindre l’Univers avec un grand U au nom d’un projet avec un grand P pour une fondation avec un grand F. Je pensais que la pensée utilitariste était la plus pragmatique et la plus simple à appliquer, mais quand on se retrouve devant les faits, on se rend compte que ces grands dilemmes étaient faits pour ne jamais avoir de réponse.
Najma Dahoui : Et maintenant ? Vous avez quand même sauvé l’Univers avec un grand U.
David Schwertz : Maintenant… Je ne sais même pas si tout ça a permis de réellement le sauver ,écoutez…
Najma Dahoui : Pourquoi ? Pourquoi avoir des doutes maintenant que tout est fini ? Vous savez, vous avez accompli votre travail, il n’y a pas de chose plus honorable et valeureuse dans notre métier que de l’accomplir jusqu’au bout malgré les sacrifices. Maintenant… Nous pouvons vous fournir n’importe quel amnésique de n’importe quelle classe si c’est vraiment votre problème.
David Schwertz : Non, mais oui, mais… Je vois ce que vous voulez dire mais… Ça vous traverse pas l’esprit qu’à la place d’avoir réanimé le corps dans lequel on loge, on… j’aurais foutu le feu à son cadavre pour nous donner l’impression de vivre ?
<Fin de l’entretien>
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Procédures de Confinement Spéciales : SCP-692-FR ne peut pas être contenu au vu de l'étendue de ses effets à une échelle universelle. Les efforts de confinement autour de SCP-692-FR doivent se concentrer sur la continuité des protocoles 001 à 006 du "Programme Xilbaba". De ce fait, ces protocoles se verront renforcés afin de véhiculer dans la société, l'idée que le mécanisme physique d'entropie était une erreur d’interprétation de longue durée des chercheurs et chercheuses dans le domaine des sciences. Ce changement doit se faire à un rythme lent, comme pour signifier un changement de paradigme au sein du champ des physiciens. Des agents de la Fondation doivent infiltrer diverses institutions de recherche à travers le monde et empêcher toute hypothèse d'une "entropie inversée" de se développer. Cette idée doit être décrédibilisée par tous les moyens possibles à employer par les agents présents sur place.
Description : SCP-692-FR est une force physique universelle entraînant l'attraction inévitable des éléments entre eux, passant inévitablement du chaos à l'ordre. Les conséquences à long terme de ce principe évoquent le retour inévitable de l'univers à une singularité, réunissant toute forme d'existence en un point singulier et indistinguable.
Des discussions sont en cours concernant la suppression potentielle de toute trace permettant de relier SCP-692-FR à une implication directe de la Fondation.
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