SCP-6791

Objet no : L’Élu

Classe : Aventure

Procédures de Confinement Spéciales : Jack Jones est un adolescent ordinaire. Il n'a pas beaucoup d'amis en dehors de Dennis (le clown de service de la classe) et de Mary (la fille timide). Cependant, lorsqu'une mystérieuse organisation le capture et le transporte jusqu'à un établissement isolé, il va apprendre à quel point il est important.

Description : J'ai toujours su que j'étais un peu bizarre. Je n'ai jamais réussi à comprendre pourquoi. Les autres élèves du collège ne me voient pas comme quelqu'un de spécial. Seuls Dennis et Mary me tiennent compagnie. Ils doivent voir quelque chose d'important en moi. Mais lorsque la Fondation est venue me chercher à la maison, j'ai su avec certitude que c'était parce que je n'étais pas comme les autres garçons.

Ils m'ont conduit à un grand bâtiment d'apparence industrielle au fond des bois. Les gardes m'ont fait un sourire amical lorsque nous sommes entrés. Les couloirs que nous avons traversés grouillaient d'activité, de gens en blouse blanche ou en tenue de combat. Je crois avoir vu quelqu'un faire apparaître un peu de feu avec sa main, pendant que personne ne regardait. La personne a croisé mon regard et m'a fait un clin d’œil.

Nous avons fini par atteindre une pièce vide avec une table, où une autre femme portant une blouse de laboratoire était assise. Elle souriait, et ses lunettes étaient si transparentes qu'on aurait dit qu'elles n'avaient pas de verres.

"Bienvenue", dit-elle, "à la Fondation".

Il y eut une pause, et j'ai demandé "La fondation de quoi ?"

Elle rit, et répondit "La Fondation de l'Humanité".

Elle expliqua ensuite que cette organisation était spécialisée dans la recherche d'individus qui n'étaient pas tout à fait "normaux", qu'elle les prenait sous son aile et les aidait à contrôler leur "bizarrerie".

"…Suis-je l'un de ces individus "bizarres" ?" ai-je demandé.

"Eh bien, c'est ce que nous soupçonnons. Nous allons certainement le découvrir, n'est-ce pas ? Oh, au fait, mon nom est Holly Berg."

Nous nous sommes serrés la main.

Un garde m'a conduit à ma chambre. Nous sommes passés à côté de beaucoup d'autres portes, qui devaient sans doute avoir d'autres personnes étranges derrière elles. Une fois arrivés à bon port, j'ai été surpris de voir Dennis et Mary dans la pièce.

"Salut Jack", a dit Dennis en riant. "On a dit aux gardes qu'on était des sorciers ou quelque chose comme ça, et ils nous ont laissé entrer pour qu'on puisse rester avec toi."

"Ouais", dit Mary en rougissant. "Tu m'aurais manqué sinon."

J'ai serré mes amis dans mes bras. Ensemble, nous savions que nous allions pouvoir tirer le meilleur parti de mon séjour ici.

Rapport de Confinement
Objet : Sujet-6791-53
Confinement: Réussi
Malfonctions du Matériel : 0
Brèches de Confinement : 1
Membres du Personnel Affectés : 108
Notes Supplémentaires : L'enregistreur semble fonctionner comme prévu. Son effet sur le confinement doit être constamment observé.

Chapitre 1 : Je me suis réveillé ce matin, frais et dispos, prêt à découvrir tout ce que cet endroit pourrait m'apprendre.

Un peu plus tard dans la journée, un garde nous a apporté le déjeuner. Dennis, Mary et moi avons mangé ensemble. Ils semblaient un peu groggy, probablement à cause de la grasse matinée. Je ne les blâme pas ; la journée d'hier a été épuisante.

Dennis a plaisanté pendant que nous mangions. Mary m'a surpris en me tenant la main. Elle a souri comme si j'avais dû m'y attendre. J'ai senti quelque chose s'envoler dans ma poitrine.

Nous nous sommes couchés un peu plus tard. Quelle journée !

Chapitre 2 : Je me suis réveillé de nouveau frais et dispos, me demandant quand les gens d'ici reviendraient vers moi pour tout m'expliquer.

Nous avons déjeuné, Mary me tenant doucement la main. Dennis n'était pas aussi bavard aujourd'hui. Je me demande si quelque chose le tracasse. Est-ce qu'il serait jaloux de Mary et moi ?

Nous sommes allés nous coucher.

Chapitre 3 : Pour la première fois, j'ai remarqué qu'il y avait un bourdonnement qui venait du mur. Lorsque j'ai posé mes doigts dessus, j'ai senti comme une toute petite vibration. Je me suis demandé quel genre de technologie ils avaient dans cet endroit.

Le bout des doigts de Mary a effleuré le dos de ma main pendant le déjeuner. J'ai regardé vers elle, mais elle ne faisait même pas attention à moi.

"Mary ?"

Elle a sursauté, juste un peu. Ses yeux se sont tournés vers moi, et elle a serré ma main dans la sienne. On aurait dit qu'elle essayait de se forcer à sourire. En fait, je me suis rendu compte qu'elle n'avait pas cessé de sourire jusqu'à maintenant.

Rapport d'Entretien : 6791-53-1

Interrogé : Sujet-6791-53

Interrogateur : Professeur Hollë Berg

Avant-propos : Les effets de SCP-6791 sont devenus négligeables après 67 heures. Conformément à la procédure standard à ce stade, les chercheurs de la Fondation ont décidé d'effectuer un entretien d'introduction avec le Sujet-6791-53.

<Début du Rapport>

Berg : Bonjour, Jack.

Sujet-6791-53 : …Salut.

Berg : …Tu ne sembles pas aussi confiant que lors de notre première rencontre. Est-ce que quelque chose ne va pas ?

Sujet-6791-53 : Quelque chose est… vous semblez différente. Pas de blouse ni de lunettes.

Berg : Je n'ai pas besoin de lunettes.

Sujet-6791-53 : Et les couloirs… ils ne sont plus si fréquentés. Pas comme le premier jour.

Berg : Je comprends que ça puisse te perturber.

Silence de quatre secondes.

Berg : Pour en venir au fait, je voudrais t’expliquer comment les choses vont se passer à partir de maintenant. Dans le cadre de la procédure standard, je t’interrogerai régulièrement à quelques jours d’écart, à des fins de recherche et d'éthique. Tu pourras me poser toutes les questions que tu voudras, mais les informations que je pourrai te donner seront limitées. Avec le temps, je serai en mesure de te donner des réponses plus complètes. Sois patient.

Sujet-6791-53 : D'accord… oui, je peux le faire.

Berg : Ceci dit, as-tu actuellement des questions à me poser ?

Sujet-6791-53 : Ouais, hum… on commence quand ?

Berg : Commencer quoi ?

Sujet-6791-53 : Commencer, hum… ce pour quoi vous m'avez amené ici.

Silence de trois secondes.

Berg : Nous avons mis en place des procédures de test. Je ne peux pas t’en dire plus pour le moment.

Sujet-6791-53 : D’accord.

Berg : As-tu d’autres questions ?

Sujet-6791-53 : …Non.

Berg : D’accord. Maintenant, j'ai quelques questions pour toi. Voudrais-tu quelque chose dans ta chambre de confinement, pour t’occuper ?

Sujet-6791-53 : Non.

Berg : Très bien, question suivante…

[Dialogue non-pertinent supprimé]

<Fin du Rapport>

Post-scriptum : Le sujet-6791-53 a montré des symptômes de connexion prolongée avec SCP-6791. Bien que l'on ne sache pas combien de temps le sujet-6791-53 restera à la Fondation, des tentatives de récupération seront faites lors des prochains entretiens.

Chapitre 4 : "Je veux rentrer à la maison."

C'est la première chose que j'ai entendu Dennis dire en me réveillant. Il y avait aussi le bourdonnement. C'était agaçant.

Je me suis assis et me suis tourné vers Dennis, mais ce n’était pas à moi qu’il parlait. Au début, j'ai cru qu'il essayait de parler à travers la porte. Mais non, il était debout dans son coin, se frottant les tempes, comme s'il avait mal à la tête.

Je n'arrivais pas à y croire. C'était fini ? Il allait m'abandonner ? Se recroqueviller dans un coin comme un rat ? Sa jalousie est devenue complètement incontrôlable.

Pendant le déjeuner, nous n'avons pas parlé. Je ne l'ai même pas regardé dans les yeux. Je pouvais voir que ça l'affectait. Je pouvais l'entendre essayer de réprimer des sanglots. Ou peut-être que c’était un rire. Il devait avoir une blague qu'il voulait partager.

Chapitre 5 : J'ai réalisé peu après mon réveil que j'avais passé tellement de temps à être en colère contre Dennis hier que je n'avais pas du tout prêté attention à Mary. J'ai alors compris que je l'aimais vraiment, et que c'était le meilleur moment pour le lui avouer. Je pouvais sentir notre connexion, et je nous voyais ensemble pour le reste de nos vies. C'est ce que Dennis n'arrivait pas comprendre.

J'ai sauté du lit et je me suis approché de Mary. Elle était toujours allongée sur le sol, mais quand je me suis approché, j'ai vu qu'elle était déjà réveillée. "Mary," ai-je dit, "J'ai quelque chose à te dire."

Mary a pris une grande inspiration et a soupiré bruyamment. Elle s'est levée, s'est frotté le dos, puis s'est tournée vers moi. Je pouvais voir des poches sous ses yeux. Avait-elle passé toute la nuit à penser à moi ?

Et puis elle a dit :

"Non, Jack, il y a quelque chose que je dois te dire. Je veux dire… il y a beaucoup de choses que je dois te dire, mais… ok, je me souviens être arrivée ici. Je me souviens de t'avoir parlé. Je me souviens d'avoir été allongée sur le sol pendant la plupart du temps où nous avons été ici. Mais je ne me rappelle pas avoir jamais… accepté quoi que ce soit. Je n'ai aucune idée de ce qui m'est passé par la tête ces derniers jours. A part toi. Et les choses auxquelles tu pensais. Je les entrevoyais à peine. Mais à part ça, j'ai l'impression d'avoir regardé un écran de télévision vide. Ça n'est pas drôle, Jack. Je veux sortir d'ici. Il n'y a rien pour nous ici. Refais ce que tu as fait il y a 5 jours, quoi que ce soit, pour qu'ils nous laissent partir !"

Elle était à bout de souffle, à ce stade. C'est seulement là que j'ai réalisé combien ça avait dû être horrible pour elle, quand on m'a fait sortir de la cellule pour cet entretien. Seule ici, sans moi.

J'ai mis ma main sur son épaule et j'ai dit : "Ne t'inquiète pas pour moi, je vais-"

Elle m'a frappé en plein sur la joue, et j'ai heurté le mur. Le coup de poing ne m'a pas fait mal. Le mur, si.

Les choses sont devenues floues, et tout a commencé à basculer. J'entendais Mary qui me hurlait dessus, et Dennis qui pleurait dans un coin. Non, c'était peut-être l'inverse. Et ce bourdonnement. Le bourdonnement a été la dernière chose que j'ai perçu pendant que je tombais dans les po…

Rapport d'Entretien : 6791-53-2

Interrogé : Sujet-6791-53

Interrogateur : Professeur Hollë Berg

Avant-propos : Pendant cet entretien, les sujets Dennis et Mary ont été évacués de la cellule de confinement du Sujet-6791, amnésiés et ramenés à leurs familles. Une histoire de couverture concernant un kidnapping a été diffusée à leurs parents et aux médias.

<Début du Rapport>

[Dialogue non-pertinent supprimé]

Berg : Comment vont tes amis ?

Sujet-6791-53 : Je ne pense pas qu'ils soient toujours mes amis.

Berg : Les gardes ont cru entendre une bagarre, hier. Peux-tu nous décrire ta version des faits ?

Sujet-6791-53 : Ils m’ont trahi.

Berg : …Hum. C'est tout ce qu'il y a à dire ?

Sujet-6791-53 : Qu'est-ce qu'il y aurait d'autre à dire ? Ils ont juste… arrêté d'agir comme des amis le devraient.

Berg : Et comment doivent agir les amis ?

Sujet-6791-53 : Ils doivent… sourire pour que tu te sentes mieux, même s'ils ne sont pas contents. Te tenir la main pour te soutenir. Faire de la place pour toi dans leur vie, être là à chaque étape du voyage. Et quand tu n'es plus là… tu leur manques.

Berg : Hum.

Berg prend des notes.

[Dialogue non-pertinent supprimé]

Berg : Est-ce qu'il te reste des questions à me poser avant de conclure ?

Sujet-6791-53 : …Ouais. Cet endroit est toujours très calme. C'est tellement silencieux derrière la porte de ma chambre. Parfois des gens passent, mais… qu'est-ce qui se passait, le premier jour ?

Berg vérifie quelque chose dans son carnet.

Berg : Il m'est interdit de partager des informations concernant ton arrivée.

Sujet-6791-53 : Menteuse.

Berg : Peux-tu développer ?

Sujet-6791-53 : Cet endroit n'est pas sympa. Personne ici ne l'est, et vous encore moins. Vous avez prétendu que c'était un endroit cool pour, pour m'y enfermer !

Berg : Je n'ai jamais prétendu être ton amie.

Sujet-6791-53 : Mais vous-

Berg : Laisse-moi clarifier les choses du mieux que je peux : nous n'aurions pas pu te mentir si tu ne t'étais pas déjà menti à toi-même.

<Fin du Rapport>

Chapitre 6 : Que signifie la réunion d'hier ? Est-ce qu'ils vont bientôt m'apprendre à utiliser mes pouvoirs ? J'ai des pouvoirs de contrôle mental. C'est ce qu'elle suggère. Non, ce n'est pas ça. Ils ne vont pas m'apprendre. Je vais devoir apprendre à les utiliser par moi-même. Je dois le faire. Mais comment est-ce que-

Chapitre 7 : Il y a d'autres choses ici, non ? D'autres gens presque aussi bizarres que moi. Ils doivent l'être. C'est à ça que sert cet endroit. Le confinement. C'est le mot que Holley a utilisé. Ils ne peuvent pas me faire ça. Je ne devrais pas être retenu comme ça. Personne ne devrait le faire. Se retenir, c'est pour les autres. Mary et Dennis ont retenu leurs vrais sentiments pour moi. Et Holley a enfermé les autres qui sont ici. Ce n'est pas… démocratique. C'est anti-américain. Je dois être le libérateur. Un libérateur de quoi ? Ce n'est pas juste Holley, ce n'est pas juste cet endroit, il y a quelque chose de plus important, un-

Chapitre 8 : C'est une simulation. Tout ça, ç'en est une. C'est ce que Holley essayait de me dire. Un mensonge. Une simulation. Créée pour me garder sous contrôle. Je vais la casser. Il doit bien y avoir une faille quelque part. C'est dans ce bâtiment. C'est dans cette pièce. C'est en moi. C'est tout moi. C'est…

…Quelque chose ne va pas chez moi.

Une parenthèse : On attend parfois des protagonistes qu'ils soient les personnages les plus intéressants des univers qu'ils habitent. De ce fait, ils sont souvent aux prises avec ce qui est considéré comme des "expériences universelles" (c'est-à-dire l'amour, la mort, la famille, etc.). Ce sont les personnages secondaires qui sont plus passionnés par des centres d'intérêts moyens. Considérez la quantité de scientifiques excentriques, d'artistes bizarres et de vieux professeurs sages qui accompagnent le personnage principal.

Mais n'y a-t-il pas là un paradoxe dans lequel il est facile de tomber ? Les expériences universelles (la liberté, le mensonge, l'abandon, etc.) ne sont-elles pas ce qui devrait être considéré comme des intérêts moyens, étant très probablement ce à quoi une personne moyenne s'intéresserait ? Si le protagoniste ne se confronte qu'à ces expériences universelles, ne néglige-t-il pas tout le reste de ce que la vie peut lui offrir (et par extension, ce que lui-même peut offrir au lecteur) ? Combien de cas existe-t-il où des personnages secondaires sont bien plus appréciés que le personnage principal ?

Essayer de rendre le protagoniste plus intéressant, cela ne peut-il pas conduire à rendre le protagoniste aussi inintéressant que possible ?

Chapitre 10 : Je suis allongé sur mon lit. Le garde apporte le déjeuner. Rien ne se passe. Personne ne vient me chercher. Ce bruit dans le mur. Des bruits de pas qui passent.

Rapport d'Entretien : 6791-53-3

Interrogé : Sujet-6791-53

Interrogateur : Professeur Hollë Berg

<Début du Rapport>

[Dialogue non-pertinent supprimé]

Berg : Est-ce que tu savais que tu étais fan de trains miniatures ?

Sujet-6791-53 : …Pourquoi est-ce que je le serais ?

Berg note quelque chose.

Sujet-6791-53 : Les trains miniatures, c'est nul. Qui a encore un train miniature de nos jours ?

Berg : Nous avons trouvé un grand modèle réduit de train dans le sous-sol, chez toi.

Sujet-6791-53 : Ça doit être celui de quelqu'un d'autre.

Berg : A qui d'autre pourrait-il appartenir ?

Sujet-6791-53 : Je ne sais pas.

Berg : Jack, nous savons que tu ne vis pas seul. Ce n'est même pas possible, tu as 14 ans.

Silence de quatre secondes.

Berg : Jack, te souviens-tu de tes parents ?

Silence de sept secondes.

Berg : J'essaie d'établir ce que tu penses savoir, Jack. Et Mary et Dennis ?

Sujet-6791-53 : Qu'est-ce qu'ils ont ?

Berg : Depuis combien de temps penses-tu les connaître ?

Sujet-6791-53 : Depuis toute ma vie. C'est mes amis pour toujours, jusqu'à ce qu'ils… jusqu'à ce que je fasse quelque chose. Je suppose.

Berg : Dennis n'a rejoint ton collège qu'il y a un an. Il n'y a aucune preuve que tu aies passé du temps avec Mary jusqu'à très récemment.

Sujet-6791-53 : Non, c'est, je me souviens qu'on-

Le Sujet-6791-53 déglutit.

Le Sujet-6791-53 se tait pendant 14 secondes.

Le Sujet-6791-53 pose sa tête contre la table.

Le Sujet-6791-53 pleure.

Sujet-6791-53 : Qu'est-ce qui est important chez moi ?

Silence de six secondes.

Berg : …Écoute : je vais parler au reste de l'équipe de recherche. Si tout se passe bien, tu recevras demain soir un document qui te donnera quelques réponses.

Le Sujet-6791-53 lève la tête et regarde Berg.

<Fin du Rapport>

Post-scriptum : Lorsqu'on a demandé à Berg pourquoi elle avait fait une telle offre au Sujet-6791-53, sa seule réponse a été "Je pense qu'il serait bénéfique pour nous de voir si oui ou non SCP-6791 va réagir à cette information." La proposition de Berg n'a pas encore été approuvée ou rejetée.

Chapitre 11 : Rien n'est arrivé dans la soirée. Du moins, je pense que c'était le soir. Le déjeuner était il y a un moment.

Des trains miniatures ? C'est forcément un mensonge. On n'est plus dans les années 50. Plus personne n'achète de trains miniatures, et encore moins de gens n'en vendent. Rien que d'y penser, ça me fait grimacer. Le paysage est d'un vert mousseux. Les maisons sont vides. Tous ces petits personnages miniatures. Aucun d'entre eux ne fait quoi que ce soit. Aucun d'entre eux n'est important. Personne ne conduit le train, en plus. Il avance tout seul. C'est tout ce qui se passe.

Chapitre 12: Quand je me suis réveillé, j'ai vu un morceau de papier glissé sous la porte. Il a dû arriver tard la nuit dernière. Ou peut-être que je me suis couché tôt.

Objet no : 6791

Classe : Keter En cours

Procédures de Confinement Spéciales : Le sujet actuel de SCP-6791 doit être confiné dans une chambre de confinement humanoïde standard. Une ancre de réalité de Scranton doit être active à côté de la chambre de confinement de SCP-6791, ainsi que le récepteur spécialisé conçu par le Dr Hollë Berg.

Si jamais SCP-6791 se déplace vers un nouveau sujet, les agents de la Fondation doivent continuellement contrôler les zones habitées voisines pour détecter un taux anormal d’Humes. Une fois que le nouvel hôte de SCP-6791 est localisé, le personnel du Site de la Fondation le plus proche doit se préparer pour s'assurer qu'aucun incident ne se produise pendant que SCP-6791 est escorté sur place. Une fois les préparatifs terminés, les agents sont autorisés à agir. Les civils arrivant à cause de l’influence de SCP-6791 doivent être détenus jusqu'à ce qu'il soit confirmé qu'ils ne sont plus sous l'influence de SCP-6791.

Description : SCP-6791 est une entité conceptuelle et parasite. SCP-6791 s'associe à des individus pour des durées variables, principalement via la région crânienne de son hôte actuel (appelé ci-après le Sujet-6791).

Le principal effet de SCP-6791 est de réduire légèrement le taux de Humes à l'intérieur et autour du Sujet-6791. Bien que la réalité ne puisse pas être modifiée de manière significative dans ces conditions, SCP-6791 est capable d'apporter des modifications progressives à la neurologie du Sujet-6791 et d’individus proches dont le Sujet-6791 a connaissance. Cela se manifeste par des changements comportementaux chez tous les sujets concernés. Ces changements deviennent évidents presque immédiatement, mais prendront un délai proportionnel à la durée d'exposition du sujet pour s'estomper.

Bien que ce ne soit pas le Sujet-6791 qui manipule consciemment la réalité, les changements de comportement des autres individus reflètent souvent les désirs ou les convictions du Sujet-6791. Cependant, le Sujet-6791 est aussi le plus affecté par SCP-6791, les cas extrêmes laissant des traces de dégradation neurologique. Les effets de l’exposition sont principalement une perte d'intérêt, de personnalité et d'empathie. Si l'exposition est suffisamment longue, les altérations neurologiques du Sujet-6791 peuvent devenir permanentes.

SCP-6791 semble plus instinctif qu'intelligent. Bien que SCP-6791 soit supposé être capable de comprendre le langage parlé, il ne répond à aucune tentative de communication. SCP-6791, au bout d’un certain délai, commencera toujours à chercher un nouvel hôte ; cependant, les tests ont révélé que SCP-6791 quitte souvent son hôte actuel plus rapidement s'il est détenu par la Fondation. On ignore à l’heure actuelle si cela est nécessaire à la survie de SCP-6791, ou quelles ressources SCP-6791 tire de ses hôtes. Depuis le début de sa surveillance par la Fondation, SCP-6791 a eu 53 hôtes connus.

L'appareil d'enregistrement conçu par le Dr Berg est capable de capter des micro-fluctuations provenant de SCP-6791, systématiquement traduites en messages compréhensibles. Ceux-ci prennent souvent la forme de descriptions d'événements quotidiens. Cependant, étant donné la difficulté de communiquer avec le Sujet-6791, on ignore si ce monologue intérieur est celui de SCP-6791 ou du Sujet-6791.

Chapitre 12 : 53 n’est même pas un numéro intéressant.

Chapitre 13 : La porte de ma cellule était grande ouverte. Je suis sorti, errant dans les couloirs pour voir si je pouvais trouver quelqu'un. Je trouvais qu'ils étaient déjà plutôt vides, avant ; à présent, je n’y trouvais plus une seule personne. Personne à l'accueil. Personne dans les salles de repos. Personne dans les autres cellules (bien qu'elles soient toutes de formes et de tailles différentes, et qu'elles contenaient toutes sortes d'objets bizarres). Même les caméras de sécurité ne semblaient pas me regarder, bien que je n'aie aucun moyen de le savoir.

Tandis que je marchais, du papier peint est apparu sur le mur. Il était laid, rayé de vert et jaune boueux. J'ai vu quelques photos encadrées sur les murs, avec des ciels et des nuits étoilées. Je me suis demandé à quel moment les gens d'ici avaient enfin décidé de décorer.

Enfin, je suis arrivé dans une pièce à l'extérieur de laquelle se trouvait une énorme collection de choses empilées. Des magazines. Des albums photos de personnes que je ne connaissais pas. Des petits rails de train. Une boîte d'allumettes. J'aurais juste contourné la pile si je n'avais pas entendu du mouvement dans la pièce. En me faufilant et en jetant un coup d'œil à l'intérieur, j'ai pu voir quelqu'un qui faisait les cent pas de l’autre côté d'une table avec une chaise. La pièce était vide, bien que deux des murs aient des trous béants qui s'ouvraient vers des surfaces plates en ciment. Je suis entré.

Rapport d'Entretien :

Interrogé : Jack Jones

Interrogateur : SCP-6791

<Début du Rapport>

Jack : Bonjour ?

SCP-6791 : Et je suis entré, mais il n'y avait personne.

Jack : Bonjour ? Est-ce que vous m'entendez ?

SCP-6791 : C’est là que j’ai enfin réalisé.

Jack : J'ai besoin que vous m'écoutiez. S'il vous plaît.

SCP-6791 : Il n'y avait que moi dans la pièce. Je suis seul pour toujours. Un individu ne peut compter que sur lui-même, au final. Je pense, donc je suis, donc personne d'autre n'existe.

Jack : Je ne - j'ai juste -

SCP-6791 : Peut-être que c'est mieux d'errer dans ces couloirs pour toujours, d'être enfin seul avec cet état constant de questionnement, de claustrophobie.

Jack reste silencieux, puis s'effondre sur la chaise qui se trouve à la table.

SCP-6791 : C'est mieux ainsi. Qu'ai-je à apprendre des autres ? Qu'ai-je à apprendre de moi-même ?

Jack : J'aimerais savoir qui vous êtes. J'aimerais savoir qui je suis.

SCP-6791 : Tout ce qu'on peut savoir, c'est ce qu'on ne sait pas.

Jack : Je traitais Dennis et Mary différemment de Hollë. Je me sentais comme deux personnes différentes en face d'eux. Laquelle est-ce que je suis ? Est-ce que Dennis et Mary sont des personnes différentes maintenant qu’ils sont loin de moi ? Est-ce qu’ils sont plus heureux ?

SCP-6791 : Et ce qu'ils ne savent pas, ce que je ne sais pas, doit être accepté, et prétendre savoir est un crime dont tout le monde est coupable…

Jack : …Vous savez, tout d'un coup, je réalise que Hollë avait raison. Je n'avais jamais parlé à Mary, avant. Je voulais sortir avec elle, mais je ne sais rien d'elle. Je crois que quelqu'un m'a dit que je devrais commencer à chercher une petite amie, alors c’est tombé sur elle. C'est tout.

SCP-6791 : … Et pourtant…

Jack : Et Dennis était peut-être nouveau au collège, mais il était vraiment très marrant. Il s'est fait beaucoup d'amis rapidement. Après le premier mois, beaucoup de gens riaient instinctivement dès qu’il parlait. Je riais aussi, mais je restais toujours à distance.

SCP-6791 : Il y a peu de temps, j'ai été confronté à la question de comment garder un protagoniste intéressant.

Jack : Le concierge de l'école. Je ne sais pas pourquoi je me souviens de lui, mais je m'en souviens. J'aimais le regarder passer la serpillière. C’était clair qu'il n'aimait pas ça.

SCP-6791 : Je n'ai jamais lu de livre. Je m'intéresse à ce qui est réel, pas à ce qui est fictif. Et pourtant, cette question, je me la suis posée à voix haute. Je l'ai criée à travers les couloirs, mais ma passion n'a fait que me revenir en écho. Pourquoi cela a-t-il attiré mon attention ?

Jack : Je me souviens des conducteurs de train. Des ouvriers du bâtiment à l'intersection en bas de la rue. Ils ne sortent que la nuit. Des joggeurs. Ce professeur d'art qui est toujours dans son atelier. Des gens vus au hasard à travers les fenêtres de leurs voitures.

SCP-6791 : J'ai essayé tellement de pièces. J'ai abattu des murs, débarrassé ce qui encombrait, essayé de relier autant de pièces que possible dans ces couloirs interminables et compliqués. J'ai passé des heures à essayer de créer une seule pièce vraiment universelle. Pas de couloirs, pas de portes, pas de ces futilités ou artefacts inutiles. Un sol, quatre murs, un plafond. Et pour ajouter à la difficulté, ces barrières commencent à présent à apparaître.

Jack : Pas de mes parents, par contre. Il y a tous ces souvenirs qui me reviennent, mais je ne peux pas me souvenir d’eux. "Altérations neurologiques", je crois que c'est ce que disait le document. "Permanentes." Peut-être qu'à un moment, j'avais voulu les oublier. Et donc ils m'ont oublié. Et nous avons passé tellement de temps dans la même maison, mais dans des pièces complètement différentes, que nous ne pouvions plus revenir en arrière. Ou peut-être que c'est juste moi.

SCP-6791 : Mais d’un coup, pour la première fois, j'ai entendu quelqu'un crier de l'autre côté. Hurlant des trucs sur l'extérieur et les écrans de télé. Et comme ça, d’un coup, ça s'est arrêté. Et même si j'ai été seul pendant toute mon existence, pour la première fois, je me sens vraiment tout seul.

SCP-6791 pose une main sur la paroi en ciment.

Jack : Fichu bourdonnement.

SCP-6791 : Fichu bourdonnement.

Jack pleure.

Jack : Est-ce que c'est ma faute ?

SCP-6791 : Je crois que j’ai commis une grave erreur.

Jack : Je ne peux pas dire que je ne voulais rien de tout ça. Parce qu'à un moment donné, je l'ai voulu.

SCP-6791 : Malgré tout ce que j'ai détruit et brûlé, je n'ai trouvé aucune réponse, je ne me suis pas rapproché de la vérité, je n'ai même pas trouvé de but clair à mon existence.

Jack : Je l'ai laissé entrer. Ça n'avait pas besoin d'aller si loin, mais je l'ai laissé faire.

SCP-6791 : Pour chaque mur qui divise, il y a un millier de petites choses qui peuvent permettre à deux pièces séparées de se connecter.

SCP-6791 s'approche de la pile d’objets près de la porte et prend un circuit de train miniature d'une main et la boîte d'allumettes dans l'autre.

Jack se lève.

SCP-6791 envisage de jeter les allumettes dans le couloir aussi loin que possible. Mais, sachant qu'elles n'iront pas bien loin, SCP-6791 préfère avaler la boîte entière.

Jack s'approche de la porte pour partir.

SCP-6791 se retourne.

Jack s'arrête juste en face de SCP-6791, remarquant à nouveau sa présence.

Ils sont tous les deux face à face, et pour la première fois, ils se regardent dans les yeux.

Ce serait bien que Jack se réveille dans sa chambre, ou que Berg entre et lui donne son analyse des événements, afin de rappeler à Jack que, heureusement, tout ça a plus de sens dans le monde réel.

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