Objet n° : SCP-655-FR
Niveau de Menace : Orange ●
Classe : Non confiné
Procédures de Confinement Spéciales : SCP-655-FR-2 ayant accès aux documents non-protégés, les procédures de confinements spéciales, l'historique des actes de Davet Paré ainsi que son entretien complet, et la description de SCP-655-FR-2 ne figurent que sur l'original papier. Pour le consulter, veuillez vous adresser au Dr Azéma.
Description : SCP-655-FR-1 désigne un parasite anormal cnidaire infestant l'intra-espace1 des lieux publics de lecture, comme les écoles ou les bibliothèques2. Les instances ciblent les personnes en passe de quitter le bâtiment infesté.
SCP-655-FR-1, par une série de signaux bioluminescents, suggère à l'hôte que son antre, normalement invisible aux yeux humains, serait la sortie du bâtiment. Une fois l'hôte piégé dans l'intra-espace, SCP-655-FR-1 le paralyse par injection de tétrodotoxine, puis expose sa victime à une séquence lumineuse complexe rendant l'hôte catatonique en trois à quarante-cinq heures.
L'hôte rendu inoffensif, SCP-655-FR-1 introduit des polypes à électrocytes dans la boîte crânienne : ces filaments minuscules circulent entre la paupière et la sclère, pénètrent le nerf optique puis percent le cerveau en de multiples emplacements, affectant la mémoire immédiate. SCP-655-FR-1 transmet aux neurones divers signaux électriques, lesquels, couplés aux neurotoxines et aux signaux lumineux, effacent le souvenir de SCP-655-FR-1 et évoquent chez l'hôte des images fabriquées, récoltant l'électricité cérébrale générée en réaction.
Le procédé est contre-productif, l'énergie nécessaire au parasitage étant nettement supérieure à celle générée. Les interactions inconnues entre SCP-655-FR-1 et SCP-655-FR-2 justifieraient peut-être l'intérêt évolutif du comportement.
Une illusion plus complexe étant plus coûteuse, SCP-655-FR-1 exploite la dernière fiction consommée par l'hôte plutôt que de générer une illusion à partir de rien. Pour justifier ce changement de contexte brutal et garantir la complaisance mentale de son hôte, l'illusion simule la mort de ce dernier puis sa réincarnation dans ladite fiction. L'équilibre entre l'énergie dépensée par l'illusion et sa crédibilité fait l'objet d'un soin particulier - un hôte moins convaincu étant moins réceptif et donc moins productif. Les recours narratifs imposés par SCP-655-FR-1 sont donc simplistes et flattent l'hôte :
- manichéisme distinguant l'hôte des antagonistes ;
- romance stéréotypée avec plusieurs prétendant(e)s ;
- valorisation des compétences modernes ;
- résolution facilitée des péripéties ;
- classe sociale dominante, oppression du corps subalterne.
Le taux de survie d'un hôte infecté est de 7,21%. Celui-ci se détériore progressivement, SCP-655-FR-1 lui injectant de faibles quantités d'eau et quasiment pas de nutriments. Une fois l'hôte trop faible, généralement quatre semaines plus tard, SCP-655-FR-1 impose un dénouement à l'illusion, puis extrait ses filaments et expulse l'hôte de l'intra-espace. Ce dernier peut survivre s'il est hospitalisé dans les heures immédiates.
Addendum : Les cas d'hôtes infectés parvenant à échapper à SCP-655-FR-1 par leurs propres moyens sont rares, mais ils existent. PI-655-FR-7 est le plus important : un survivant civil inconnu de la Fondation jusqu'en 2024 qui tâcha ensuite de traquer et détruire les instances de SCP-655-FR-1, seul. Une enquête prolongée permit de révéler son identité, Davet Paré, et il fut appréhendé par la Fondation. L'entretien subséquent permit de révéler l'existence des instances de SCP-655-FR-2 et de comprendre le lien qu'elles entretiennent avec l'espèce SCP-655-FR-1.
Extraits de l'entretien entre le Dr Azéma et PI-655-FR-7 :
[…]
Dr Azéma : C'est grâce à ces… messages, que vous vous êtes rendu compte de l'illusion ?PI-655-FR-7. : Oui, ceux des créatures invisibles. Dans mon délire, je les voyais parfois. C'était des réactions aux événements, à mes choix, en fait.
Dr Azéma : De quel genre ?
PI-655-FR-7 : Tout et n'importe quoi. C'était comme… un espace commentaire sur Youtube. Il y en avait qui me trouvaient canon, d'autres haïssable, d'autres, stupide… Certains voulaient que je tue mon "beau-père" abusif… C'était le bordel, je n'en pouvais plus.
[…]
PI-655-FR-7 : En fait, ils se nourrissent d'histoire je crois. Ils ont déjà accès à toutes celles qu'on écrit, ou presque, mais ça ne leur suffit pas. Il leur en faut toujours plus. Alors, ils en génèrent, grâce à ces méduses, là… On sert à produire du contenu, sans intérêt, mais ça les remplit, alors ils sont contents.Dr Azéma : Ils ont accès à… ? Développez.
PI-655-FR-7 : Ils parlaient de notre internet à nous, comme source. Certains messages me comparaient à des personnages que je ne connaissais pas, par exemple, Bartleby de Melville, ou bien Bridgette dans…
Dr Azéma : Un instant, je vous prie. Je dois contacter quelqu'un.
[…]
PI-655-FR-7 : Je ne savais pas que vous existiez, déjà. Je n'allais pas continuer ma vie comme si de rien n'était alors que d'autres gens vivaient peut-être encore ce calvaire. Je pesais quarante-deux kilos en sortant de cet enfer, monsieur. Il n'y a que la rage qui me faisait vivre, monsieur. Vous ne pouvez pas comprendre.Dr Azéma : Ce n'est pas ce que je dis. Vous avez survécu, vous avez voulu vous battre pour autrui. C'est louable, je dis pas. Mais ce faisant, vous avez créé une nouvelle histoire qui nourrit ces créatures.
PI-655-FR-7 : … Quoi ?
Dr Azéma : Il suffit que quelqu'un fasse le récit de vos exploits, et ces créatures ont accès à tout le document. Un journal intime ou un article de journal suffirait. Rien qu’un héros parmi d’autres, pour elles.
PI-655-FR-7 : Qui aurait pu écrire sur moi ?
Dr Azéma : Ce n'est pas le sujet.
[…]
PI-655-FR-7 : Mais elles doivent bien savoir que… je ne suis pas une fiction ? Que je me bats pour les affamer, elles ?Dr Azéma : On ne sait pas ce qu'elles pensent, ni ce qu'elles perçoivent. C'est pour ça que je vous conseillais d'arrêter.
[…]
PI-655-FR-7 : Vous dites que ces créatures veulent un dénouement. Mais qu'est-ce qui se passe si… j'arrête tout ? Si cette fin ne leur convient pas ?Dr Azéma : Eh bien, tant pis pour elles.