Objet no : SCP-615-FR
Niveau de Menace : Jaune ●
Classe : Euclide
Procédures de Confinement Spéciales : SCP-615-FR doit être contenu dans une pochette plastique, elle-même placée dans un contenant cadenassé au sein du Site-Kybian, dont le code ne doit être connu que du directeur de recherches. SCP-615-FR ne doit être manipulé sous aucun prétexte par un être humain, et ne doit jamais être placé dans la même pièce qu'un support de lecture papier.
Description: SCP-615-FR est une feuille de papier datant du 19ème siècle sur laquelle est imprimée le chapitre XVI des Aventures du Baron de Münchausen ("Dixième aventure en Mer, second voyage dans la Lune") en langue allemande. SCP-615-FR est semblable visuellement à n'importe quel support imprimé standard de cette époque. Le texte imprimé est lui une version alternative du chapitre par rapport aux publications à destination du grand public, comportant un remaniement d'une partie du scénario ainsi que plusieurs références au registre stellaire et au chiffre cinq. Les analyses effectuées sur la composition du papier et de l'encre de SCP-615-FR n'ont pas permis d'identifier de composés anormaux. De même, recopier le texte de SCP-615-FR sur un support papier ou le lire sous cette forme ne produit aucun effet anormal.
Les caractéristiques anormales de SCP-615-FR apparaissent lorsque il est placé à moins de 15 m d'un support de lecture papier de type livre, carnet de note ou journal. Dans cette situation, SCP-615-FR va prendre la forme d'un cavalier en origami (désigné SCP-615-FR-A) et courir vers le support afin de s'y implémenter. L'origine de ce phénomène est à l'heure actuelle inconnue.
Si SCP-615-FR-A est empêché dans son action, il revient à sa forme originale après 5 mn et n'essaie pas de se réimplémenter dans un support papier pendant une période de 5 h suivant cet échec.
Lorsque SCP-615-FR-A réussit à s'implémenter correctement au sein d'un support papier (ci-après désigné SCP-615-FR-1), il adopte la mise en page, le style et la langue d'écriture caractéristiques de ce support. Le texte de SCP-615-FR-1 est intégralement remplacé par celui des Aventures du baron de Münchausen, tel que connu par le grand public dans sa première édition, à l'exception du chapitre XVI qui conserve les modifications décrites précédemment.
Tout être humain ayant dans son champ de vision SCP-615-FR-1 est victime d'un effet mémétique l'obligeant à lire celui-ci à voix haute. Si plusieurs êtres humains remplissent ce critère, seul l'un d'entre eux sera touché. Cette lecture se succède de chapitre en chapitre sans suivre de cohérence numérique jusqu'au cinquième chapitre lu, qui est toujours le chapitre XVI.
La lecture de SCP-615-FR-1 occasionne dans un rayon de 10 m une baisse locale et continue du taux de Hume jusqu'à la lecture du chapitre XVI, accompagnée de modifications de la réalité dans la zone d'effet (désignée ci-après SCP-615-FR-2). Les effets décrits ci-dessous se superposent les uns aux autres au fil de la lecture, à l'exception de la présence d'eau et la température qui évoluent chapitre par chapitre.
Note : Toutes les entités décrites ci-dessous, désignées collectivement SCP-615-FR-3, apparaissent en se matérialisant de nulle part, et disparaissent en franchissant les limites de SCP-615-FR-2.
Chapitre | Observations |
Chapitre I | La température autour du lecteur baisse jusqu'à atteindre -5 °C. Il se met à neiger, y compris en intérieur. Dans le même temps, un chariot tiré par un loup se matérialise à la limite de SCP-615-FR-2 et la traverse. Des volutes de fumée multicolore sortent des oreilles et de la bouche du conducteur du chariot ainsi que du lecteur à partir de cet instant. La fumée s'enflamme dans 65 % des cas. |
Chapitre II | Cinq canards vivants embrochés par une corde apparaissent dans SCP-615-FR-2, et se dirigent vers le lecteur. Le lecteur, tout en lisant, enroule la corde autour de lui et s'envole à quelques mètres du sol, tracté par les canards. De la végétation forestière se met à pousser dans le même temps. Un cerf, possédant un cerisier planté dans son front, apparait à ce moment-là. Il est accompagné dans 35 % des cas par un renard bleu qui se défait de sa peau devant le lecteur, dans 25 % des cas par un sanglier tenant un marcassin par la queue, dans 25 % des cas par un ours qui explose quelques minutes après, et dans 15 % des cas par un manteau vivant présentant un comportement agité. |
Chapitre III | Un lapin possédant 5 pattes ventrales et 5 pattes dorsales arrive en courant, poursuivi par un lévrier montant un cheval. Le lévrier est habillé à la mode des officiers allemands du XVIIIème siècle, et porte une lanterne dans 65 % des cas. Dans 25 % des cas, le cavalier attrape le lapin, il descend alors de cheval et met bas à une portée de cinq chiots. |
Chapitre IV | Un nuage de poussière envahit SCP-615-FR-2. Lorsqu'il retombe, on distingue un cavalier humain montant la moitié avant d'un cheval, vivante. De l'eau coule par sa partie arrière et emplit SCP-615-FR-2. Un deuxième homme arrive avec la moitié arrière du cheval et le recoud en un seul être. L'eau continue à couler par la suture (Note : On peut distinguer la voix du lecteur continuant à lire malgré la présence d'eau). Lorsqu'il est complètement immergé, le cavalier se soulève en se tirant par les cheveux et s'envole. Dans 45% des cas, un boulet de canon traverse SCP-615-FR-2 et est chevauché par la seconde entité qui saute dessus à son arrivée. |
Chapitre V | Un homme en tenue de paysan arrive, entouré d'une nuée d'abeilles. Il souffle dans un cor duquel aucun son ne sort. S'il fait jour au moment de la lecture, un ours empalé par un pieu s'approche et s'immobilise devant le paysan. Le sol se recouvre ensuite de givre alors que la température baisse jusqu'à -5 °C. S'il fait nuit, une tige pousse du sol en direction de la Lune. Le paysan y monte et disparait au sommet de SCP-615-FR-2. La tige se flétrit à cet instant, et le paysan redescend 50 secondes après à l'aide d'une corde tombante. Dans les deux cas, le paysan finit par s'en aller en laissant son cor au sol, qui se met à jouer seul après la disparition de son propriétaire. |
Chapitre VI | Le sol prend l'aspect d'un pont de bateau en bois recouvert de coquillages. Des arbres poussent à grande vitesse et s'envolent une fois leur taille définitive atteinte. Un lion et un crocodile sortent du sol en brisant les planches et se battent. Dans 65 % des cas, le crocodile avale le lion et est tué par la retombée des arbres. Dans 35 % des cas, les arbres retombent et tuent les deux animaux en plein combat. Les arbres qui tombent sont tous calcinés. Une pluie de concombres accompagne la retombée des arbres dans 75 % des cas. |
Chapitre VII | Le sol prend l'aspect d'un pont de bateau en bois partiellement immergé. Dans 65 % des cas, des poissons d'espèces variées trouent le pont et restent coincés la tête hors de l'eau. De la fumée noire s'échappe de leurs bouches. Dans 20 % des cas, la tête du lecteur s'enfonce de moitié entre ses épaules, sans que cela ne perturbe sa lecture. Dans 15 % des cas, une queue de baleine transperce le pont en même temps qu'une grue agrippe le lecteur et le maintient en suspension hors de l'eau. |
Chapitre VIII | Le sol prend l'aspect d'un pont de bateau en bois. Un poisson de taille imposante arrive et avale le lecteur (Note : On peut distinguer la voix du lecteur continuant à lire malgré cela). Un groupe de marins arrive et tue le poisson avant de le découper. Cela permet de libérer le lecteur qui est à présent nu. Dans 85 % des cas, les marins rient en voyant cela. Ils partent sans rien dire dans 15 % des cas. |
Chapitre IX | Un mouton suspendu tombe du sommet de SCP-615-FR-2. Un homme le suit, descendant le long de la corde. Lorsqu'il arrive au sol, il détache le mouton avant de le tuer pour le faire rôtir. Une fois rôti, il découpe le mouton en cinq morceaux et commence à les manger. |
Chapitre X | Cinq personnes arrivent et se placent de part et d'autre du lecteur. Seul l'un d'entre eux entre ensuite en action, avec une probabilité de 20 % chacun: - Le premier, le "coureur", court au sein de SCP-615-FR-2. Sa vitesse augmente continuellement. - Le deuxième, l'"écouteur" se couche, oreille plaquée contre le sol, et donne des indications aux autres à l'aide d'une de ses mains. - Le troisième, le "tireur" regarde au ciel et tire au fusil. Un oiseau mort apparait dans SCP-615-FR-2 à chaque coup de fusil. - Le quatrième, l'"homme fort" plus grand que les autres, quitte SCP-615-FR-2 et revient avec un tronc d'arbre dans chaque main. - Le cinquième, le "souffleur" souffle de toutes ses forces. Cela occasionne un vent puissant au sein de SCP-615-FR-2, qui peut aller jusqu'à créer une micro-tornade dans 5 % des cas. |
Chapitre XI | Les cinq personnes déjà citées au chapitre X apparaissent si elles n'étaient pas déjà présentes. Le coureur part de SCP-615-FR-2 à grande vitesse. Dans 65 % des cas, l'écouteur va tendre l'oreille et faire un signe au tireur. Celui-ci va tirer au fusil dans la direction où est parti le coureur. Ce dernier revient ensuite avec une bouteille de vin. Dans 35 % des cas, le coureur ne revient pas, un homme richement habillé à la mode turque du 18ème siècle arrive en fin de lecture du chapitre et décapite les quatre personnes restantes. |
Chapitre XII | Rien ne se passe. |
Chapitre XIII | SCP-615-FR-2 se remplit intégralement d'eau de mer, et de la végétation marine ainsi que des coraux croissent rapidement au sol. Un cheval à écailles vagabonde et se nourrit de la végétation. Plusieurs poissons de grande taille arrivent et se placent en cercle autour du lecteur, certains ont le visage sur le flanc ou sur la queue. Tous chantent en chœurs. Dans 35 % des cas, ils essaient une fois leur chant terminé de manger les entités présentes, à l'exception du lecteur. |
Chapitre XIV | Le sol prend l'apparence d'une banquise, alors que la température chute jusqu'à -10 °C. Un homme en costume d'ours blanc, suivi d'une troupe de cinq ours blancs, arrive et commence à leur faire un discours. Les ours blancs se prosternent devant lui. Dans 55 % des cas, il les tue un par un d'un coup ferme sur la nuque. Dans 45 % des cas, les ours blancs se relèvent et se battent entre eux. |
Chapitre XV | Un chien apparait, trainant dans sa gueule un requin de type aiguillat commun (Squalus Acanthias). Il le dépose devant le lecteur avant de lui ouvrir le ventre à l'aide de ses crocs. De la plaie sortent cinq couples de perdrix vivantes. Les femelles pondent chacune un oeuf, puis toutes les perdrix s'envolent. Les oeufs brillent légèrement. |
Chapitre XVI | |
Chapitre XVII | Une femme correspondant aux représentations classiques de la déesse romaine Vénus apparait et danse autour du lecteur, sa toge est ornée de motifs étoilés. Dans 65 % des cas, le sol se transforme en fromage duquel coule une rivière de vin rouge bouillonnant. Un humanoïde cornu à trois jambes apparait et s'assoit en fixant le lecteur. Dans 35 % des cas, SCP-615-FR-2 prend une apparence de tissu organique, le sol est recouvert d'acide faible, abîmant légèrement les chaussures des entités présentes. |
Il n'existe aucun moyen connu à l'heure actuelle d'interagir avec SCP-615-FR-2 depuis l'extérieur. Un être vivant peut cependant pénétrer au sein de SCP-615-FR-2 lors de la lecture de SCP-615-FR-1. Il sera traité dans ce cas avec indifférence par les entités SCP-615-FR-3.
Le seul moyen pour quelqu'un qui a pénétré SCP-615-FR-2 d'en sortir est d'interrompre le lecteur avant la lecture du chapitre XVI. Toute tentative d'interruption de la lecture entraîne cependant une réaction hostile immédiate de la part des entités SCP-615-FR-3. Cette hostilité ne cesse que si le lecteur reprend sa lecture, ou s'il tombe inconscient, ce qui provoque la disparition de SCP-615-FR-2 et de l'ensemble des entités SCP-615-FR-3.
Tout être humain présent au sein de SCP-615-FR-2 lorsque débute la lecture du chapitre XVI doit être considéré comme perdu. À la fin de la lecture du Chapitre XVI, SCP-615-FR-2, -3 et le lecteur disparaissent. Les corps des autres êtres humains présents sont systématiquement retrouvés calcinés.
SCP-615-FR retrouve son état originel après la lecture de SCP-615-FR-1, que le lecteur ait pu aller jusqu'au chapitre XVI ou ait été interrompu. Par la suite, il ne prend plus pour cible le support papier lu.
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SCP-615-FR a été récupéré par la Singulière Académie Impériale en 1810, dans le cadre d'une opération de démantèlement d'un culte anormal présent en Forêt-Noire nommé "le culte étoilé". Il a été stocké au sein de la Banque d'Archives Ésotériques et Curieuses de Nouvelle-Bastille avant d'être transféré au sein de la Section Enfer des Archives Noires à leur création.
Le culte était considéré comme détruit suite au rapport de la Singulière Académie Impériale, et ce jusqu'en 2005 avant les événements liés à SCP-1425. L'accès à la base de données des Archives Noires fût temporairement accordé par l'état français à la Fondation SCP dans le cadre de l'enquête sur "La Cinquième Église". La recherche par mots-clés permit à la Fondation SCP de repérer SCP-615-FR comme potentiellement lié à ce GdI et de demander son transfert au sein du Site-Kybian pour étude. Ce lien fut confirmé par les analyses de l'Observatoire des Corrélations Anormales et Socio-Culturelles (OCASC), faisant de SCP-615-FR l'un des plus anciens témoignages connus à l'heure actuelle de l'existence de la Cinquième Église sur le continent européen.
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Référent : SAI-421 Simulacre/Créature/Phénomène Espèce : Homo Sapiens Typologie : Culte hérétique
Objectifs Principaux de la SAI :
- À étudier — par décret de Sa Majesté l'Empereur des Français Napoléon Ier — les coutumes et rituels associés à l'hérésie du culte étoilé.
- À éliminer — par décret de Sa Majesté l'Empereur des Français Napoléon Ier — la totalité de la loge du culte et ses adeptes.
- À transférer à la Banque d'Archives Ésotériques et Curieuses de Nouvelle-Bastille par décret de Sa Majesté l'Empereur des Français Napoléon Ier tout objet anormal retrouvé.
Visu : SAI-421 est une impression papier d'un chapitre des Aventures du Baron de Münchausen, ouvrage relatant les affabulations du baron Karl Friedrich Hieronymus Freiherr von Münchhausen. Il s'agit d'une page imprimée normale en apparence, rédigée en langue allemande, relatant une expédition du baron sur l'astre lunaire et sa rencontre avec les locaux.
Traits Singuliers : SAI-421 adopte une forme de cavalier miniature en papier en présence d'un ouvrage relié, qu'il soit imprimé ou manuscrit. Dans cette forme, il a pour unique objectif de se rapprocher de l'ouvrage pour y entrer. S'il est empêché, il adopte un comportement agité et opportuniste, n'hésitant pas à s'attaquer aux personnes s'il l'estime nécessaire.
Lorsqu'un ouvrage contient SAI-421, il exerce un effet hypnotique sur un personne à proximité et force sa lecture par celle-ci. La lecture entraîne l'apparition de créatures et scènes oniriques en rapport avec les Aventures du Baron de Münchausen. Les scènes sont différentes à chaque lecture, à l'exception de la cinquième et dernière, dont le contenu est voilé par une forte noirceur. La lecture se conclue invariablement par la mort de toute personne présente et la disparition du lecteur dans un éclat lumineux bleuté. Lire SAI-421 lorsqu'il n'est pas intégré au sein d'un ouvrage n'occasionne aucun effet.
Il n'est pas connu d'autre loge du culte étoilé, et il est donc supposé qu'il n'existe qu'un seul exemplaire de SAI-421. Cependant, toute remontée d'information concernant l'apparition de créatures fantastiques, de corps calcinés, ou toute préoccupation inhabituelle concernant les corps stellaires doit faire l'objet de la plus grande vigilance.
Missive de M. Jacques-Armand de Latour, responsable de l'expédition de démantèlement du culte étoilé, à l'adresse de Sa Majesté l'Empereur des Français Napoléon Ier
Sire,
Nous avons pu mener à bien, selon votre volonté, l'opération de démantèlement de la loge du culte hérétique étoilé. Conformément à votre ordre, je vous adresse par cette missive les éléments que nous avons pu recueillir concernant ce culte à visée d'information et archivage.
Nous avions eu vent à notre arrivée en Forêt-Noire de l'attrait du culte pour les figures de l'aristocratie et j'ai pu assez facilement être introduit au sein des bas échelons du culte, en me faisant passer pour quelque noble mondain en quête de sens.
Les premières semaines furent l'occasion d'en apprendre plus sur la mythologie inhérente à ce culte. Des séminaires étaient organisés en ce sens à raison d'un tous les cinq jours. Je vais essayer de transcrire le plus fidèlement possible le contenu de ces séminaires, en me permettant de préciser en préambule que ces contenus peuvent choquer tout bon chrétien comme ils m'ont moi-même choqué.
Il nous a été relaté que l'univers était à l'origine composé de cinq étoiles gigantesques, qui furent brisées par une entité extra-universelle. La matière telle que nous la connaissons nous fut décrite comme un reliquat de ces étoiles, disséminée dans l'univers, en suspension dans une chose appelée nortal1 (de notre compréhension, les adeptes semblent désigner par ce terme la composante non corpusculaire de l'univers).
Le culte prétend enseigner à quiconque le souhaite le moyen de communier avec les cinq étoiles originelles. Plusieurs d'entre nous se sont étonnés de cela, mais le cultiste chargé de l'enseignement nous a expliqué que seules les étoiles avaient péri à l'aube de l'univers, que le cinq avait lui survécu. J'ai assisté pendant cet enseignement à de nombreux sombres rituels, des séances de méditation pendant lesquelles de la fumée noire sortait de ma bouche, des sessions de folie collective durant lesquelles nous étions drogués, et bien d'autre choses que ma foi catholique m'interdit de relater. Je me dois de confesser à votre égard qu'il m'a fallu me réfréner à plusieurs reprises de passer tous ces adeptes par le fil de l'épée devant l'ampleur de cette hérésie.
Après quelques semaines, j'ai pu progresser au sein de la hiérarchie du culte. La mission m'a été confiée de recruter de nouveaux adeptes, cela m'a permis de faire entrer MM. Paul-André Fourcadière, Barthélémy de la Voulte et Étienne Maillard pour m'assister dans cette infiltration.
Trois mois plus tard, étant satisfait de notre office, le maître de la loge nous a invité à assister à son ordination la nuit du cinq mai passé. Ne faisant pas partie du premier cercle, nous avons assisté à cette cérémonie en arrière-place. Le maître a sorti d'un coffre une miniature de cavalier en papier, qui s'est mue par elle-même vers un livre avec lequel elle a fusionné. Il a commencé ensuite la lecture de l'ouvrage, et c'est là que nos yeux ont vu l'impensable. Sur cinq toises autour du maître, de l'eau est apparue instantanément, dans laquelle nageait des poissons déformés chantant des chœurs. La scène ne s'est pas arrêtée là, évoluant au fil de la lecture vers une folie de plus en plus manifeste. Nous avons pu voir des créatures fantasques, des œufs desquels ont éclos des êtres humains, une rivière de vin dans laquelle nageait des poissons crachant cette même fumée noire que j'ai déjà mentionné et bien d'autres choses qui ne pouvaient qu'être l'œuvre du Malin. Notre positionnement en arrière-salle est certainement ce qui nous a valu notre salut, les rangs plus avant ayant été pris dans ce tableau grotesque.
Nous avons saisi notre chance au moment où quelques adeptes ont essayé de nous faire entrer là-dedans. M. Maillard a particulièrement brillé dans son maniement de l'épée ce soir-là, et c'est avec beaucoup de tristesse que je vous informe de sa disparition durant la mission, celui-ci ayant été poussé lors de son combat dans la zone de lecture. En fin de lecture, le sol était recouvert de corps calcinés, et nous avons vu le cavalier de papier ressortir du livre et prendre la forme d'une feuille inerte. Nous avons pris l'initiative de l'enfermer à double tour dans un coffre qui est à présent à la Banque d'Archives Ésotériques et Curieuses de Nouvelle-Bastille.
Enfin, Sire, il ne me reste qu’à souhaiter des jours plus paisibles si c’est la volonté de Dieu, à laquelle je me soumets autant qu’il m’est possible.
— M. Jacques-Armand de Latour