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Crédits
Titre original : SCP-5002 - A Death in Containment
Auteur : psul
Traducteur : Dr U N Owen
Date de publication originale : 14 janvier 2020
Objet no : SCP-5002
Classe : Neutralisé
Procédures de Confinement Spéciales : Les restes de SCP-5002 doivent être conservés dans un casier sécurisé pour cadavre dans la morgue du Site-06. Une autopsie ultérieure peut être demandée avec l'autorisation du Département d'Analyse.
Tous les objets associés à SCP-5002 doivent être gardés dans un stockage sécurisé jusqu'à ce que leur destruction soit approuvée.
Description : Une enquête sur la cause de la mort de SCP-5002 est en cours. Les informations complémentaires à propos de SCP-5002, y compris les rapports de l'enquête, ne sont accessibles qu'au personnel bénéficiant de l'autorisation appropriée.
SCP-5002 était un humanoïde plieur de réalité "Type Vert" connu sous le nom d'Emma Hastings. D'après les informations du gouvernement du Royaume-Uni, SCP-5002 est né en 1978 et résidait à Tewkesbury en Angleterre. SCP-5002 était un auteur indépendant de fiction policière et avait publié 10 nouvelles aux éditions Joffe Books.
Lorsque SCP-5002 relisait une copie publiée de l'un de ses travaux, les événements qui y étaient décrits se produisaient dans la réalité. Les événements réels se déroulaient parallèlement à la narration, avec une altération de quelques détails (par exemple les noms, les dates et les lieux), mais selon la même séquence d'événements générale. SCP-5002 déclarait ignorer l'anomalie avant le début du confinement et des tests par la Fondation.
Les spécialistes de la Fondation ont détecté la correspondance entre les rapports de la police du Royaume-Uni et les travaux de SCP-5002 en janvier 2017, avant que le public n'en prenne conscience. SCP-5002 a été mis en détention à la Fondation en février 2017 et a été assigné à une cellule de confinement standard pour humanoïde dans l'aile G du Site-06.
Le 14 décembre 2019, vers 7:00 du matin environ, SCP-5002 a été découvert dans son lit, décédé. La cellule de confinement était verrouillée et aucune trace d'effraction n'a été découverte. Les rapports du système électronique du poste de sécurité de l'aile G ont confirmé que la porte n'avait été ouverte à aucun moment pendant les 12 heures précédentes, et les caméras de sécurité de la cellule ont enregistré uniquement SCP-5002 dans la cellule tout au long de cette période. Les rapports de sécurité généraux du site ont montré que les ancres à réalité de Scranton installées dans l'aile G étaient restées opérationnelles pendant la totalité de cet intervalle.
L'agent Ellen O'Connor, du Département d'Analyse, a reçu la mission de conduire une enquête sur la neutralisation de SCP-5002.
Rapports d'enquête :
Présentation du rapport d'enquête sur SCP-5002
Date : 16 décembre 2019
Lieu : Site-06, salle commune de l'aile G
Présents :
Agent Ellen O'Connor – Département d'Analyse
Dre Karen Yau – Chercheuse senior, Site-06
Michael Simpson – Chercheur novice, Site-06
Officier Joseph Lowry – officier de sécurité, aile G
Dre Nadine Grossenbacher – Médecin-cheffe et pathologiste, Site-06
Directrice Evelyn May – Directrice de site, Site-06
D-4986 – Membre du personnel de Classe D, aile G
<début de l'enregistrement>
Directrice May : Mesdames et messieurs, votre attention s'il vous plaît. Agent O'Connor, à vous la parole.
Agent O'Connor : Merci, directrice, vous tous. Je suis reconnaissante que vous ayez pu dégager ce temps.
D-4986 : Eh.
Officier Lowry : Tais-toi !
Chercheur Simpson : Oui, pourquoi est-il ici ? Il n'est pas venu à la séance d'hier.
Dre Yau : Michael, laissez l'agent O'Connor parler. Désolée.
Agent O'Connor : Pas besoin de vous excuser, Dr Yau. Je comprends sa préoccupation. En fait, il y a quelqu'un d'encore plus improbable que j'aurais voulu inclure aujourd'hui, si ça avait été possible.
Dre Yau : Vous voulez dire -
Agent O'Connor : Tout à fait, Dr Yau. La séance d'hier était pour le personnel du Site-06 en relation avec le confinement d'Emma Hastings. Mais celle d'aujourd'hui sera un peu différente. Aujourd'hui, à une exception près, cette pièce contient toutes les personnes qui étaient présentes dans l'aile G la nuit où Mme Hastings a été tuée.
Chercheur Simpson : Vous voulez dire la nuit où SCP-5002 a été neutralisé.
Agent O'Connor : Non. Elle était un être humain anormal, mais un être humain tout de même. Elle a droit à la justice. C'est pourquoi aujourd'hui je vais montrer que le tueur est parmi vous !
Directrice May : Ce n'est pas possible. Je pensais -
Agent O'Connor : Directrice, laissez-moi commencer par le début, si vous voulez bien. Par l'incident qui a provoqué le confinement de SCP-5002.
Quotidien : London Evening Standard
Date : 5 janvier 2017
MEURTRE DE LA LSE : LA POLICE "PERPLEXE"
La police métropolitaine de Londres a admis n'avoir aucune piste dans l'affaire du meurtre de la doctorante Kate Holloway, et a fait un appel à témoins pour toute information qui pourrait être utile à l'enquête. Kate, 23 ans, a été découverte battue à mort dans son bureau de la London School of Economics lundi dernier. Le bureau était verrouillé de l'intérieur et aucune arme n'a été retrouvée.
Le préfet de police Hogan-Howe a demandé aux civils détenant toute information utile à l'enquête de se présenter et a créé un numéro de téléphone dédié pour ceux qui désirent garder l'anonymat. Une source de la métropolitaine a décrit le meurtre comme "déconcertant", et a avoué que les détectives peinaient à faire avancer l'affaire. Le détective privé Cameron Blackwell, connu pour avoir résolu le mystère des diamants de Kensington, a été associé à l'enquête.
Les parents éplorés, Evelyn et Peter Holloway, ont confié à la presse leur amour pour leur fille, la décrivant comme…
Date : 14 décembre 2019
Établi par : Agent Ellen O'Connor – Département d'Analyses
Type de confinement : Cellule de confinement pour humanoïde standard, Site-06, aile G
1 sommier de lit fixé au ciment renforcé et matelas intégré
1 ensemble de draps de lit – couverts de sang
1 ensemble table et chaise fixés au ciment renforcé.
1 écran de télévision encastré avec télécommande
1 machine à écrire électronique Panasonic
1 kit de secours standard de la Fondation – tous les objets sont présents
1 manuscrit écrit à la machine – 432 pages
4 rames de papier pour machine à écrire – blanc – dans leur emballage d'origine
150 feuilles de papier – blanches – comportant des trous coupés au ciseau disposés en blocs selon un schéma abstrait
1 bouteille de whisky Jack Daniels – aux trois-quarts vide
1 ensemble de vêtements pour femme standards de la Fondation – taille 8 – tous les objets sont présents (excepté la tenue de nuit portée par la victime)
Transcription d'interrogatoire – Enquête sur la neutralisation de SCP-5002 – 14 décembre 2019
Interrogé : Officier de sécurité Joseph Lowry
Agent O'Connor : Merci, officier Lowry.
Officier Lowry : Je vous en prie, appelez-moi Joe.
Agent O'Connor : Officier Lowry, vous êtes l'agent régulier de la sécurité nocturne de l'aile G, est-ce correct ?
Officier Lowry : Vous pouvez vraiment m'appeler Joe, vous savez ? J'essaie juste d'aider.
Agent O'Connor : Pouvez-vous répondre à la question, officier ?
Officier Lowry : Très bien. Oui, je suis habituellement de garde la nuit. Vous voulez mon matricule d'employé, aussi ?
Agent O'Connor : Non, merci. Et vous avez découvert le corps de SCP-5002 ce matin, n'est-ce pas ?
Officier Lowry : Oui, c'est exact.
Agent O'Connor : Pouvez-vous décrire comment les événements se sont déroulés ?
Officier Lowry : Bien sûr, madame. Je termine d'habitude à 7h30, mais ma dernière tâche est de sortir D-4986 de sa cellule et de l'amener à la kitchenette pour le petit déjeuner. À 7h j'ai quitté le poste de sécurité, je suis passé devant les cellules de confinement jusqu'à celle de 4986, puis je l'ai escorté dans l'autre sens jusqu'à la cuisine.
Agent O'Connor : D-4986 est détenu dans l'aile G même. Est-ce la procédure habituelle ?
Officier Lowry : Pas vraiment, j'imagine. La plupart des classe-D sont dans les installations centrales, mais lui est assigné aux tests de l'aile G, donc on peut le garder dans une cellule de confinement libre.
Agent O'Connor : Je vois. Était-ce une décision du Dr Yau ?
Officier Lowry : Pour les tests, oui. Mais toutes les allocations de chambres proviennent du Centre.
Agent O'Connor : C'est-à-dire de la directrice du Site ?
Officier Lowry : Je suppose. 4986 a eu la chance de se retrouver avec les humanoïdes à faible risque, comme nous tous. Je suis repassé devant les cellules en frappant les portes, et je -
Agent O'Connor : Excusez-moi de vous interrompre, officier. Pourriez-vous expliquer ce que vous entendez par "en frappant les portes" ?
Officier Lowry : Ah, oui. Je les secoue un peu, histoire de voir si elles sont correctement verrouillées. C'est une de mes petites habitudes, chaque fois que je passe. Juste pour être sûr. Bref, j'arrive à la cellule de SCP-5002 et je remarque quelque chose de bizarre.
Agent O'Connor : J'ai cru comprendre que la porte était verrouillée ?
Officier Lowry : Oui, solidement verrouillée. Ce qui était bizarre, c'était que j'ai rien entendu du tout. D'habitude 5002 me balance une insulte quand je passe. Comme elle l'a pas fait, ça m'a mis la puce à l'oreille.
Agent O'Connor : Est-il possible qu'elle ne vous ait pas entendu ?
Officier Lowry : Non. Je donne toujours un bon coup de plus à la porte de cette p- euh, de 5002, vous voyez ? Bien fort et bruyant.
Agent O'Connor : J'en déduis que vous ne vous entendiez pas bien avec SCP-5002 ?
Officier Lowry : Oh, je vois où vous voulez en venir. Non, je l'aimais pas. Personne ici ne l'aimait. Demandez à Michael, demandez à 4986. SCP-5002 était une arrogante… elle était vraiment difficile. Elle pensait qu'elle valait mieux que tous les autres. Elle est si intelligente, pourquoi est-elle en confinement ?
Agent O'Connor: Très bien. Donc vous n'avez pas entendu de réponse lorsque vous avez secoué la porte à votre retour ?
Officier Lowry : Ni au retour, ni à l'aller. J'ai sécurisé le classe-D, et puis j'ai ouvert le hublot de la cellule de 5002. Je pouvais la voir couchée sur le lit, mais il y avait du sang partout sur les draps. Bon, je savais pas encore que c'était du sang, mais ça avait pas l'air bon.
Agent O'Connor : Qu'avez-vous fait ensuite ?
Officier Lowry : J'ai couru à la chambre de Karen – la Dre Yau - et je lui ai demandé sa carte magnétique. Et puis je suis retourné à la cellule de confinement.
Agent O'Connor : Pourquoi la Dre Yau vous a-t-elle confié sa carte magnétique ? N'est-ce pas une violation des protocoles de sécurité ?
Officier Lowry : Pas en cas d'urgence, ce qui était le cas. De toute façon, je sais pas comment ça marche là où vous travaillez, mais dans cette aile, on est une équipe. On se fait confiance. La Dre Yau sait qu'elle peut compter sur moi, et elle était juste derrière moi dans tous les cas. Maintenant je peux vous dire ce que j'ai trouvé, ou vous voulez poser encore des questions inutiles ?
Agent O'Connor : Je vous en prie, allez-y.
Officier Lowry : Quand j'ai ouvert la cellule de confinement, SCP-5002 n'a pas bougé. Et avant que vous posiez la question, c'était pas une brèche des protocoles de confinement, parce que l'anomalie de SCP-5002 ne fonctionne que quand elle écrit, et là c'était clairement pas le cas. Et sa cellule a une ARS, aussi. J'ai marché doucement vers le lit, arme sortie, mais je pouvais voir qu'il y avait beaucoup de sang et qu'elle respirait pas. J'ai vérifié son pouls : rien. Alors je l'ai retournée et c'est là que Karen est entrée. Elle a vu la poitrine de SCP-5002 et elle a commencé à hurler.
Agent O'Connor : Pensez-vous que sa détresse était authentique ?
Officier Lowry : Évidemment ! C'est un rude boulot, et j'ai entendu beaucoup de hurlements. Karen était bouleversée. Elle est toujours professionnelle, mais elle a un cœur tendre.
Agent O'Connor : Que s'est-il passé ensuite ?
Officier Lowry : J'ai fait sortir Karen et je l'ai calmée, et ensuite j'ai attendu dans la chambre de confinement pendant qu'elle allait au poste de sécurité pour appeler la directrice du Site et la médecin-cheffe.
Transcription d'interrogatoire – Enquête sur la neutralisation de SCP-5002 – 14 décembre 2019
Interrogée : Médecin-cheffe Nadine Grossenbacher
Agent O'Connor : Décrivez la scène lorsque vous êtes arrivée, s'il vous plaît.
Dre Grossenbacher : Je suis arrivée aux alentours de 7h45. Joseph Lowry attendait à la porte de la chambre de confinement. Leur classe-D était menotté dans le couloir, pour une raison que j'ignore – C'est un homme désagréable, je pense, bien plus que le précédent. D-2825, cette pauvre fille. Lowry m'a montré le corps de SCP-5002 gisant sur le lit. Il s'est éloigné avec le classe-D et est revenu plus tard alors que j'examinais le corps. J'ai remarqué une grande quantité de sang séché sur les draps, en particulier dans la zone autour du torse de SCP-5002.
Agent O'Connor : D'après vous, quelle est la cause la plus probable de la mort ?
Dre Grossenbacher : Je dois encore mener une autopsie complète, mais pour le moment mon opinion est que la victime est morte d'un trauma sévère au cœur et aux poumons, causé par de multiples perforation. J'estime que SCP-5002 a été poignardé au moins dix fois à la poitrine, la nuque et les épaules.
Agent O'Connor : Probablement par un individu droitier, légèrement plus grand qu'elle ?
Dre Grossenbacher : Très perspicace de votre part. Oui, c'est mon hypothèse, d'après les blessures.
Agent O'Connor : Ça n'aide pas vraiment à réduire la liste des suspects. Pourriez-vous me dire le type d'arme qui a été probablement utilisé ?
Dre Grossenbacher : Certainement. Il semblerait que la victime ait été poignardée par une lame acérée et pointue – pas très longue.
Agent O'Connor : Comme votre scalpel, par exemple ?
Dre Grossenbacher : <rires> Haha, peut-être, détective. Mais je dirais qu'un couteau de cuisine serait tout aussi probable.
Agent O'Connor : Tout-à-fait. Avez-vous remarqué autre chose d'inhabituel dans votre examen du corps ?
Dre Grossenbacher : Non. Je n'ai pas remarqué de blessure défensive évidente. J'en déduis que l'assaillant connaissait la victime ou qu'il l'a surprise et dominée. J'ai effectué une vérification avec du matériel d'analyse pour agression sexuelle, mais ça n'a donné aucun résultat probant. Je venais de terminer cet examen lorsque la Dre Yau est arrivée.
Agent O'Connor : Dans ce cas, il a dû se passer un certain temps depuis qu'elle vous avait appelé de l'aile G.
Dre Grossenbacher : Oui, elle était occupée à rapporter les faits à la directrice du Site. Je peux imaginer que ça n'a pas dû être très agréable, tout particulièrement étant donné les vues de la directrice sur SCP-5002.
Agent O'Connor : Pourriez-vous développer, s'il vous plaît ?
Dre Grossenbacher : Bien entendu, bien qu'il ne s'agisse que de – quel est le mot ? – rumeurs. J'ai cru comprendre que la directrice du site avait un intérêt particulier pour SCP-5002, et que la Dre Yau subissait des pressions afin d'obtenir des résultats.
Agent O'Connor : Nous sommes tous sous pression, docteure. Pensez-vous vraiment qu'il s'agissait de quelque chose d'inhabituel ?
Dre Grossenbacher : Comment dire ? Agent, il y a certaines confidences que je ne peux pas trahir. Mais je reconnais l'importance de votre travail. Je ne peux que vous encourager vivement à parler de ceci à la directrice du site et de son implication dans cette aile. La Dre Yau semblait plutôt irritée lorsque je l'ai vue, sans l'ombre d'un doute.
Agent O'Connor : Intéressant. Enfin, docteure, pourriez-vous me donner votre estimation de l'heure du décès ?
Dre Grossenbacher : Encore une fois, ce sera plus précis lorsque j'aurai terminé l'autopsie, mais pour le moment je dirais que SCP-5002 a été tué entre 1h et 3h du matin la nuit dernière.
Agent O'Connor : Et où vous trouviez-vous à ce moment ?
Dre Grossenbacher : <rires> Très bien. Je dormais, détective, dans ma chambre dans l'aile médicale. Et j'ai bien peur que vous deviez me croire sur parole – il y a encore quelques parties de ce bâtiment qui échappent au regard scrutateur de ces caméras, dieu merci !
Agent O'Connor : Vous avez quelque chose à cacher, docteure ?
Dre Grossenbacher : Bien sûr que non. Je n'ai pas de secrets.
Agent O'Connor : Nous sommes à la Fondation, docteure. Tout le monde a des secrets.
Transcription d'interrogatoire – Enquête sur la neutralisation de SCP-5002 – 14 décembre 2019
Interrogé : Officier de sécurité Joseph Lowry
Agent O'Connor : Parlez-moi du poste de sécurité de l'aile G, s'il vous plaît.
Officier Lowry : Pas de souci. Il est dans le coin, donc j'ai une vue dégagée sur les deux couloirs – vers les portes principales au-delà des chambres de confinement et dans l'autre direction vers les quartiers des employés et la kitchenette. J'ai un écran montrant une vidéo de chaque chambre de confinement et le système enregistre tous les accès par carte magnétique – aux cellules comme à l'aile G.
Agent O'Connor : Vous avez mentionné que votre quart se terminait à 7h30. À quelle heure avez-vous commencé la nuit dernière ?
Officier Lowry : à 23h30, comme d'habitude.
Agent O'Connor : C'est un long quart. Vous étiez au poste tout le temps ?
Officier Lowry : Oui. Enfin, sauf pour ma pause cigarette.
Agent O'Connor : À quelle heure ?
Officier Lowry : Me regardez pas comme ça. C'est un confinement à bas risque et la Dre Yau a approuvé. Tout le monde le sait, je sors à 2h toutes les nuits, j'en fume une, je reviens, pas de problème.
Agent O'Connor : Et pendant combien de temps estimez-vous que vous étiez absent la nuit dernière ?
Officier Lowry : Dix, peut-être quinze minutes ? Comme toutes les nuits. Et une fois que j'ai verrouillé les portes derrière moi, personne ne peut entrer dans l'aile G sans que mon buzzer sonne, donc je le saurais.
Agent O'Connor : Donc personne n'aurait pu accéder à l'aile G de l'extérieur alors que vous étiez absent ? Ça n'aurait pu être que quelqu'un de l'intérieur ?
Officier Lowry : Non. Sauf, peut-être, avec une autorisation de niveau 5. Je ne sais pas si je reçois une notification dans ce cas – ça n'est jamais arrivé.
Agent O'Connor : En parlant d'accréditation, dites m'en plus à propos des cartes magnétiques. Vous avez accès aux portes principales, mais pas à celles des cellules de confinement, c'est bien ça ?
Officier Lowry : Sauf pour la cellule du Classe-D, oui, c'est exact. Karen est la seule à avoir accès aux skips.
Agent O'Connor : Et y a-t-elle accédé la nuit dernière ?
Officier Lowry : Non, les enregistrements sont restés vierges toute la nuit. J'ai vérifié avant que vous arriviez – on doit envoyer un rapport au Central tous les jours. Entre le début de mon quart et le moment où je suis allé chercher D-4986 le lendemain matin, aucune des cellules n'a été déverrouillée et j'ai été le seule à ouvrir les portes principales, à 2h, comme j'ai dit. Pour être honnête, j'ai vu personne de toute la nuit – je crois que Karen et Michael étaient partis dans leurs chambres avant que je commence.
Agent O'Connor : Et à propos des caméras ?
Officier Lowry : Rien d'inhabituel. SCP-5002 était endormi quand j'ai pris mon poste. Le garde de jour a dit qu'elle s'était couchée vers 23h. SCP-████ et SCP-████ étaient calmes dans leurs cellules, D-4986 faisait rien de spécial. Tout ça n'a pas de sens. La cellule de SCP-5002 était verrouillée, l'aile était verrouillée, j'ai vu personne, les caméras ont vu personne. Comment est-ce qu'elle a bien pu être tuée ?
Agent O'Connor : C'est pourquoi je suis là, officier.
Officier Lowry : Tiens donc. Vous êtes Sherlock Holmes ou un truc du genre ?
Agent O'Connor : En fait, les enquêtes de la Fondation sont passablement plus difficiles. Contrairement à moi, Sherlock Holmes pouvait se permettre d'écarter l'impossible.
<bruit de porte qui s'ouvre, éclats de voix>
Agent O'Connor : Excusez-moi.
Inconnu : Je suis désolé, agent. J'ai pensé que vous voudriez le savoir. Nous avons découvert un membre du personnel tentant de quitter l'aile G sans votre autorisation.
Officier Lowry : Vous savez, maintenant que j'y pense, il est possible que Karen ait fait une copie de sa carte magnétique. Quelqu'un d'autre a pu avoir accès à SCP-5002.
Agent O'Connor : Vraiment ? De qui s'agit-il ?
Inconnu : Michael Simpson.
Officier Lowry : Mike Simpson.
Transcription d'interrogatoire – Enquête sur la neutralisation de SCP-5002 – 14 décembre 2019
Interrogé : Chercheur novice Michael Simpson
Chercheur Simpson : C'est ridicule ! Vous ne pouvez pas m'enfermer ici comme n'importe quel Classe-D !
Agent O'Connor : Je suis navrée, Michael – puis-je vous appeler Michael ? Malheureusement je ne peux laisser personne quitter l'aile G avant que j'aie terminé mes interrogatoires. Vous comprenez, n'est-ce pas ?
Chercheur Simpson : Mais quand aurez-vous terminé ? J'ai un rendez-vous urgent ce matin même.
Agent O'Connor : Pourriez-vous me dire avec qui il a lieu ? Il est possible que je puisse le déplacer.
Chercheur Simpson : Non ! Je suis désolé, c'est une affaire privée – une affaire classifiée ! Je ne peux pas en parler.
Agent O'Connor : D'accord, très bien. Je comprends. Eh bien, je vous propose de parler maintenant – essayons d'en finir le plus rapidement possible.
Chercheur Simpson : Mh-hm, oui, ce serait bien. Merci.
Agent O'Connor : Pas de problème, Michael. Commençons la nuit dernière. Où étiez-vous entre minuit et ce matin ?
Chercheur Simpson : J'étais dans mes quartiers, je travaillais tard sur ma thèse. Je dois la rendre dans quelques mois.
Agent O'Connor : Ça ne doit pas être facile de travailler parallèlement à la recherche. ET ce matin, lorsque SCP-5002 a été découvert ?
Chercheur Simpson : J'étais dans la kitchenette, en train de terminer mon petit déjeuner. J'ai entendu Joe secouer la porte de SCP-5002, les deux fois.
Agent O'Connor : Depuis la kitchenette ? Ça doit être particulièrement bruyant.
Chercheur Simpson : Oui, on l'entend partout. C'est un peu dérangeant, d'ailleurs. Même si, c'est bizarre…
Agent O'Connor : Quoi donc, Michael ?
Chercheur Simpson : Rien. Je, euh, pensais à la façon dont le son se déplace. Après le bruit de la porte, j'ai entendu courir dans le couloir, puis Karen hurler.
Agent O'Connor : Intéressant. Et vous étiez dans la kitchenette tout ce temps. Vous savez que nous avons découvert un des couteaux de cuisine dans le lave-vaisselle ? C'est vous qui l'avez utilisé ?
Chercheur Simpson : Quoi ? Non ! Je veux dire, il y était déjà quand je suis arrivé. Je ne l'ai jamais touché.
Agent O'Connor : D'accord, très bien. Malheureusement il venait de passer par le cycle de lavage, il était donc très propre. Et après que vous ayez entendu la Dre Yau crier ?
Chercheur Simpson : Je suis allé à la chambre de confinement. Joe tenait Karen par les épaules et essayait de la calmer. D-4986 a dit quelque chose – je n'ai pas entendu quoi. Joe ne voulait pas me laisser entrer dans la chambre de confinement, mais ce que j'ai vu – eurgh. Ça ne méritait pas un tel traitement.
Agent O'Connor : Ça ? Vous voulez dire SCP-5002 ? C'est étonnant, tous les autres l'appellent par son nom, ou lui donnent au moins un pronom personnel.
Chercheur Simpson : Je sais. Mais ce n'est pas ce qu'ils sont, n'est-ce pas ? Ce ne sont pas des personnes. Ce ne sont pas nos amis. Ce sont des anomalies.
Agent O'Connor : Ça semble un peu rude.
Chercheur Simpson : C'est le protocole. Cette chose est SCP-5002 – rien de plus que SCP-1571, ou SCP-1207, ou qu'aucune des autres anomalies en confinement. Le fait que celui-ci bouge et parle ne signifie pas qu'il devrait être traité différemment.
Agent O'Connor : J'en déduis que vous n'aviez pas une relation proche avec SCP-5002 ?
Chercheur Simpson : J'ai effectué des séries de tests intensifs sur l'entité pendant un certain temps. C'est tout.
Agent O'Connor : Hmm. Vous avez raison à propos de du temps. Les tests se sont prolongés sur une longue période. Est-ce que la Dre Yau subissait des pressions pour produire des résultats ?
Chercheur Simpson : Peut-être. J'ai vu quelques mémos de la directrice qui semblaient un peu exagérés. Exigeant des rapports, des échantillons, je ne sais quoi. Karen n'est pas facilement stressée, cependant. C'est très bon supérieur – probablement le meilleur supérieur que j'ai eu. Elle m'implique suffisamment dans la recherche tout en me laissant travailler indépendamment -
Agent O'Connor : Est-ce pour cette raison qu'elle vous a donné une copie de sa carte magnétique ?
Chercheur Simpson : Oh. Oui, je suppose. Mais je ne l'ai presque jamais utilisée. C'est juste…
Agent O'Connor : Juste au cas où?
Chercheur Simpson : Euh, oui.
Agent O'Connor : Très bien. Dites-m'en plus au sujet de vos tests sur SCP-5002.
Test No .: SCP-5002-7-R
Date : 14 mai 2017
Lieu : Site-06, laboratoire sécurisé de l'aile G
Présents :
Dre Karen Yau – Chercheuse Senior, Site-06
Michael Simpson – Chercheur novice, Site-06
Officier Joseph Lowry – officier de sécurité, aile G
D-2825 – membre du personnel de Classe-D, aile G
Texte du test sur SCP-5002 : Le Classe-D s'approcha alors de la machine et pressa les boutons dans cet ordre : rouge, vert, rouge, vert, vert, vert, rouge, rouge, vert, rouge, rouge, vert, puis elle s'arrêta.
<début de la vidéo>
<la Dre Yau et le chercheur Simpson se trouvent dans le laboratoire sécurisés de l'aile G. À leurs côtés, SCP-5002 est assis devant une table de travail.>
Chercheur Simpson : Test numéro SCP-5002-7-R, 14 mai 2017. Il est … 23h45.
D-2825 : <hors caméra> Pourquoi – pourquoi est-ce qu'on fait ça en pleine nuit ? Ouch !
Officier Lowry : Pour que vous ayez le plaisir de ma compagnie, mademoiselle.
Dre Yau : Doucement, Joe.
Officier Lowry : Désolé, docteure.
Dre Yau : Appelez-moi donc Karen. Et ce n'est pas grave. D-2825 a déjà fait ça avant, elle connaît la procédure. Même si nous avons décidé qu'effectuer les tests de nuit est probablement la meilleure manière d'éviter des interférences de la part d'autres anomalies ontologiques du site.
Chercheur Simpson : <à la Dre Yau> Les ARS du labo sont désactivées. <à la caméra> Ce test se penchera sur deux aspects – premièrement, la présence de l'entité dans le même espace physique que le sujet de test, et également la possibilité pour l'entité d'utiliser un test multi-usages.
Dre Yau : Vous pouvez utiliser son nom, Michael.
<Le chercheur Simpson ajuste la caméra de manière à ce que SCP-5002 comme D-2825 soient dans le champ de vision. L'officier Lowry se tient à côté du Classe-D. Une table est placée à 1 m devant D-2825, près de la caméra. Sur la table se trouve une boîte noire surmontée de deux boutons, un rouge et un vert.>
Chercheur Simpson : Joe, détachez D-2825, s'il vous plaît.
Officier Lowry : Elle se comportait bizarrement dans sa cellule plus tôt. Êtes-vous certaine que ce soit bien sage ?
Dre Yau : Ça ira, Joe – exécutez-vous, s'il vous plaît.
Officier Lowry : C'est vous le boss, docteure – Karen.
<L'officier Lowry retire les menottes et s'éloigne de D-2825, qui reste calme. Le chercheur Simpson place un petit cahier relié sur la table devant SCP-5002, tout en évitant le contact physique et visuel.>
Chercheur Simpson : L'entité lit à présent le texte de test préparé.
Dre Yau : Vraiment, Michael. <à SCP-5002> Pouvez-vous le faire, s'il vous plaît ?
<SCP-5002 ouvre le cahier et lit le texte. D-2825 se dirige vers la boîte et presse les boutons dans l'ordre décrit dans le texte.>
SCP-5002 : C'est fascinant. Je n'arrive pas à croire que vous m'ayez fait écrire quelque chose avec une ponctuation aussi mauvaise, mais c'est incroyable de voir ça en action.
Chercheur Simpson : Les participants au test doivent rester silencieux à tout moment.
Dre Yau : Pardonnez mon collègue. <à D-2825> Comment vous sentez-vous, ma chère ?
D-2825 : B – bien, je crois. Qu'est-ce qu'elle lit ?
SCP-5002 : L'histoire de votre vie, il semblerait. Était-elle également présente lors de mes lectures précédentes ?
Chercheur Simpson : L'entité relit à présent le même texte.
<SCP-5002 fixe le chercheur Simpson, puis baisse les yeux et relit le cahier. D-2825 ne bouge pas et observe SCP-5002.>
Chercheur Simpson : Aucun effet. Ça corrobore nos hypothèses.
SCP-5002 : Vous pensez que ça n'arrive qu'une fois par livre ?
Chercheur Simpson : Les participants au test doivent rester silencieux à tout moment !
SCP-5002 : Dites-moi, chercheur, êtes-vous un participant au test ?
<L'officier Lowry rit. La Dre Yau sourit. Le chercheur Simpson attrape brusquement le cahier sur la table.>
Chercheur Simpson : L'entité lit maintenant une copie différente du même texte.
<Le chercheur Simpson place un second cahier sur la table. SCP-5002 s'en saisit et commence à lire. D-2825 reste debout près de la table sans toucher les boutons.>
Dre Yau : Aucun effet avec des copies séparées.
Chercheur Simpson : Si nous considérons que le sujet a lu selon les instructions.
Dre Yau : Je pense que c'est une hypothèse évidente, Michael.
Chercheur Simpson : Dans ce cas nous allons procéder au dernier test de cette soirée.
<Le chercheur Simpson reprend le second cahier depuis la table et le marque en utilisant un stylo standard de la Fondation. Le chercheur Simpson tient ensuite le cahier ouvert devant la caméra. Le texte modifié est reproduit ci-dessous.>
Texte de test modifié : ██ Classe-D s'approcha █████ de ██ machine ██ pressa ███ boutons ████ l'ordre ███████ : █████ vert, █████, vert, ████, vert, █████, rouge, ████, rouge, █████, vert, puis ███ s'arrêta.
<Le chercheur Simpson soumet les modifications à la Dre Yau, puis place le texte modifié devant SCP-5002.>
Chercheur Simpson : L'entité lit maintenant le texte de test modifié.
SCP-5002 : Mon dieu, quelle horreur. Oui, oui, participants silencieux, j'ai compris.
<SCP-5002 lit le cahier modifié. D-2825 presse les boutons sur la boîte noire dans l'ordre suivant : vert, vert, vert, rouge, rouge, vert, ce qui correspond au texte modifié du cahier. Les mouvements de D-2825 sont incertains et saccadés.>
Chercheur Simpson : La lecture du texte modifié reproduit avec succès l'effet anormal.
Dre Yau : Merveilleux. Cela ouvre de nouvelles perspectives. <à D-2825> Comment vous sentez-vous ?
<D-2825 semble pleurer.>
D-2825 : Je ne voulais pas toucher les boutons, mais je l'ai fait. Pourquoi les ai-je touchés ? Qu'est-ce qu'elle a fait ?Chercheur Simpson : Le test est maintenant terminé. Officier, vous pouvez entraver le Classe-D.
<L'officier Lowry s'avance pour menotter D-2825. Elle tente de résister, mais est maîtrisée.>
D-2825 : Non ! Le test n'est pas terminé – Je ne veux pas partir ! Ne me renvoyez pas là-bas !
Officier Lowry : Je vous ai dit qu'elle était agitée.
Dre Yau : Pouvez-vous la ramener dans sa cellule ? Avec égards, je vous prie.
Officier Lowry : Bien sûr, je m'en charge.
Dre Yau : Merci, Joe.
Officier Lowry : Je vous en prie.
<L'officier Lowry quitte la pièce en compagnie de D-2825, qui se débat faiblement.>
Dre Yau : Pauvre fille. Je devrais appeler la Dre Grossenbacher. Michael, pouvez-vous escorter Mme Hastings jusqu'à sa chambre ?
<Le chercheur Simpson semble brièvement choqué. Puis il fait signe à SCP-5002 de le suivre hors du laboratoire et s'approche de la caméra afin de l'éteindre.>
SCP-5002: Je me demande ce qui se serait passé si elle avait été entravée au moment où j'ai commencé à lire ?
<la vidéo se termine>
Transcription d'interrogatoire – Enquête sur la neutralisation de SCP-5002 – 14 décembre 2019
Interrogée : Chercheuse Senior Karen Yau
Agent O'Connor : Merci pour votre disponibilité, Dre Yau. Puis-je commencer par vous demander vos impressions de SCP-5002 ?
Dre Yau : En tant qu'anomalie ou en tant que sujet de test ?
Agent O'Connor : À votre convenance.
Dre Yau : Eh bien, l'anomalie est un peu délicate. Il nous a fallu quelques temps pour découvrir comment susciter l'effet – ce qui a précisément mené à l'utilisation de travaux écrits en tant qu'exemples. Tout nouvel écrit est produit en confinement, soumis à l'ancre de réalité, et n'est envoyé en publication qu'après avoir été minutieusement examiné par nous, puis par l'ASIA, afin d'assurer qu'il n'y ait aucune conséquence imprévue. Cela prend beaucoup de temps.
Agent O'Connor : J'ai vu qu'un manuscrit avait été récupéré dans la chambre de confinement.
Dre Yau : Oui, SCP-5002 écrivait une nouvelle. C'est nous qui le lui avons suggéré, bien que cela mérite peut-être une analyse plus détaillée. Bien que ça demande une certaine préparation, un écrit plus important pourrait nous éclairer sur le niveau de détail que l'anomalie peut affecter dans la réalité. Je n'en reviens toujours pas du temps que nous avons perdu, en terme de recherche.
Agent O'Connor : De quoi parlait la nouvelle ?
Dre Yau : Pas d'un thème dont elle avait l'habitude, bien entendu, pour des raisons de sécurité. Nous avons besoin de quelque chose que nous pouvions tester, donc elle a écrit au sujet de la vie quotidienne et de la psychologie d'un sujet de Classe-D. Rien de violent ni de théâtral. C'était plus lent, plus méditatif que ses autres livres. Presque pastoral.
Agent O'Connor : Et elle n'a rien écrit d'interdit ? Rien qui se rapproche des événements de sa mort ?
Dre Yau : Non. Nous étions vraiment très prudents à ce sujet. C'était complètement inattendu.
Agent O'Connor : Donc ça ne ressemblait pas non plus à un de ses travaux précédents ?
Dre Yau : Pas dans le moindre détail. De toute façon, l'effet ne fonction qu'une seule fois pour chaque écrit que SCP-5002 lit après sa publication. Relire la même histoire ne réitère pas l'anomalie.
Agent O'Connor : Comment se comportait SCP-5002 en tant que sujet de test ?
Dre Yau : Elle coopérait avec les expérimentations. Elle collaborait, même. Elle semblait s'être habituée au confinement, elle n'avait pas d'historique d'agressivité ou de tentatives de fuite. Intelligente, honnête, sûre d'elle.
Agent O'Connor : On pourrait croire que vous l'appréciiez, Dre Yau.
Dre Yau : <tousse> J'avoue que si les circonstances avaient été différentes, j'aurais pu, agent O'Connor.
Agent O'Connor : Lui avez-vous accordé des privilèges particuliers ?
Dre Yau : Ques voulez-vous dire ?
Agent O'Connor : La bouteille de Jack Daniels dans sa cellule. C'était sur votre autorisation ?
Dre Yau : Non, absolument pas. J'essaie de traiter mes sujets équitablement, agent O'Connor, mais je ne suis pas stupide. Emma n'a jamais eu accès à de l'alcool ou à une quelconque drogue. Nous fouillons sa cellule régulièrement, et je suis certaine que personne dans mon équipe ne le lui en aurait donné.
Agent O'Connor : Tout le monde dans votre équipe ne s'entendait pas bien avec elle, n'est-ce pas ?
Dre Yau : Vous parlez de Joe ? Oh, il joue les durs, il aime taquiner les skips de temps en temps, mais c'est un grand sensible. Il ne ferait jamais – eh bien, quelque chose comme ça.
Agent O'Connor : Et Michael Simpson ? Il semblait très froid envers SCP-5002.
Dre Yau : Effectivement, j'imagine que c'était le cas. C'est étrange, il ne lui a jamais parlé en dehors des tests, ne l'a jamais appelée Emma. J'aurais pu dire qu'il était du genre collet-monté, mais il n'a pas toujours été ainsi.
Agent O'Connor : Ah non ?
Dre Yau : Lorsqu'il a rejoint mon équipe, il était plus détendu. Quelque chose a changé quelques semaines après qu'il a commencé, après l'arrivée d'Emma. Comme s'il s'était renfermé.
Agent O'Connor : Savez-vous pourquoi ?
Dre Yau : Je crains que non. J'étais inquiète pour lui, mais il n'y avait rien dans ses tests psychologiques de routine, rien d'autre qu'un peu de stress.
Agent O'Connor : Pourrais-je avoir une copie de ces tests, s'il vous plaît ?
Dre Yau : Je suis désolée – je les examine, mais ils sont centralisés. Peut-être pourriez-vous demander à la directrice du site.
Agent O'Connor : Cela me fait penser : le stress de Michael, pourrait-il avoir été induit par la pression d'obtenir des résultats sur SCP-5002 ?
Dre Yau : <rit> Ça ne me dit rien. Nous travaillons dur, mais nous essayons de ne pas trop mettre les gens sous pression, par ici.
Agent O'Connor : Même de la part de la directrice du site ?
Dre Yau : Non, pas que je sache.
Agent O'Connor : En êtes-vous certaine ? La médecin-cheffe a mentionné quelque chose.
Dre Yau : La Dre Grossenbacher pensait peut-être à une autre aile : elle est toujours de passage.
Agent O'Connor : Apparaît-elle souvent dans l'aile G ?
Dre Yau : De temps en temps, lorsque les skips se blessent. Bien moins souvent depuis qu'elle a été promue médecin-cheffe de tout le site.
Agent O'Connor : C'est une promotion assez récente, n'est-ce pas ? Et rapide. Quels sont vos impressions de son travail ?
Dre Yau : Je pense qu'elle est excellente. Elle est réactive et aimable. Ses évaluations psychologiques sont justes, et elle accepte mes remarques. Et elle se soucie sincèrement des gens, ce que je respecte. Nous avions un Classe-D l'année dernière, D-2825, qui a souffert d'une dépression. C'était horrible, vraiment. Elle criait, elle était incapable de dormir… Elle aurait dû être remplacée, mais la Dre Grossenbacher a fait un travail formidable avec elle. Elle était souvent ici, à l'époque.
Agent O'Connor : Mais la Dre Grossenbacher n'a pas accès à l'aile G ?
Dre Yau : Non. Elle sonne à la porte comme tout le monde.
Agent O'Connor : D'accord. Vous et l'officier Lowry êtes les seuls à avoir accès au système de sécurité.
Dre Yau : C'est exact. Joe a un accès en lecture seule aux enregistrements des caméras et des portes, et j'ai la seule carte magnétique pour les cellules de confinement.
Agent O'Connor : Excepté celle que vous avez donnée à Michael ?
Dre Yau : Oh, oui. Désolée. Mais il ne l'utilise jamais. Je ne crois pas l'avoir jamais vue sur les enregistrements.
Agent O'Connor : Et il ne pourrait pas l'avoir perdue ?
Dre Yau : Non, je suis certaine qu'il est plus prudent que ça.
Agent O'Connor : Hmm. Très bien. Pourriez-vous me décrire vos déplacements la nuit dernière et ce matin, s'il vous plaît ?
Dre Yau : Bien sûr. J'étais dans mes quartiers avant que Joe prenne son quart. Je me suis probablement endormie vers minuit, peut-être un peu après.
Agent O'Connor : Et vous n'êtes pas sortie de votre chambre après ça ? Personne n'est entré, vous n'avez rien entendu ?
Dre Yau : Non, non. Je me suis réveillée à 6h30, et je me brossais les dents lorsque Joe a frappé violemment à la porte. Il m'a demandé ma carte magnétique, disant qu'il y avait une urgence avec SCP-5002. Je lui ai donné la carte, j'ai craché mon dentifrice et je l'ai suivi dans le corridor. Quand – quand j'ai -
Agent O'Connor : Prenez votre temps, Dre Yau.
Dre Yau : C'était horrible. J'ai hurlé, je crois. Lorsque je l'ai vue, tout ce sang. Vous devez penser que je suis pathétique, mais la vie est plutôt calme dans l'aile G. D'habitude il n'y a pas – Je n'ai jamais – rien de ce genre. Joe a dû me faire sortir. Je me souviens de ses mains sur mes épaules, il disait quelque chose. Ma tête tournait. J'ai vu Michael accourir. Et puis je l'ai entendu !
Agent O'Connor : Qui ?
Dre Yau : D-4986. Agent O'Connor, je n'aime pas pointer les gens du doigt, mais je sais que j'ai raison dans ce cas. Je n'oublierai jamais ce regard sur son visage, ni ce qu'il a dit. "On dirait que cette salope a eu ce qu'elle méritait."
Agent O'Connor : Ce n'est pas vraiment une preuve, docteure.
Dre Yau : Oh, je sais. Mais dites-moi, savez vous comment il est devenu un Classe-D ?
Transcription d'interrogatoire – Enquête sur la neutralisation de SCP-5002 – 14 décembre 2019
Interviewé : D-4986
Agent O'Connor : Sept condamnations pour meurtre. Une pour assaut aggravé et coups et blessures. Trois autres accusations de meurtre non retenues. Toutes les victimes ont été poignardées à de multiples reprises à la poitrine et au ventre.
D-4986 : Yep, correct. J'les ai tous tués. Et vous savez quoi ? J'le r'ferais encore. Y méritaient tous c'qui leur est arrivé.
Agent O'Connor : Avez-vous tué SCP-5002 ?
D-4986 : Non.
Agent O'Connor : Mais vous vouliez qu'elle meure.
D-4986 : Putain ouais. J'suis content qu'elle soit morte. J'l'aurais tuée si j'avais pu.
Agent O'Connor : Pourquoi ça ?
D-4986 : Vous m'demandez pourquoi ? Merde, pourquoi vous croyez ? Cette salope a passé l'année dernière à me torturer. Je la hais.
Agent O'Connor : Que voulez-vous dire, à vous torturer ?
D-4986 : Z'avez vu les tests ? Hein ? C'est un monstre. J'laisse personne me dire c'que j'dois faire, mais elle – si elle le lisait dans un d'ses bouquins, elle pouvait m'faire faire c'qu'elle voulait.
Agent O'Connor : Quoi donc ?
D-4986 : N'importe quoi ! M'faire courir sur un tapis jusqu'à qu'je tombe. J'ai dit tout un tas de conneries qu'j'aurais jamais dites. Elle m'a fait dormir au milieu d'l'après-midi. À chaque fois j'me sentais comme si c'était mon choix. J'croyais qu'j'étais aux commandes, mais c'était toujours elle. Cette petite merde rancunière et Yau – appelez-moi Karen - elles étaient ensemble.
Agent O'Connor : Que voulez-vous dire par là ?
D-4986 : Elle aidait Yau, elle lui conseillait des nouveaux tests. Des trucs humiliants. Elle m'faisait pleurer et d'mander pardon. Ou m'déshabiller dans le labo. Elle m'a fait attraper un fil en m'faisant croire qu'y avait d'l'électricité. Dans un test, elle a lu fort, pour qu'je sache qu'elle m'forçait à bouger. J'pense qu'ça la faisait jouir.
Agent O'Connor : Et vous l'avez haïe pour ça.
D-4986 : Oui, mais vous comprenez pas ! C'est pas qu'j'la haïssait, c'est qu'elle m'terrifiait ! J'étais plus moi-même. Une fois j'ai craqué, j'ai r'fusé d'quitter ma cellule, j'me suis battu avec l'garde, j'ai gerbé mon p'tit déjeuner. Après, j'ai découvert qu'c'était à cause d'elle – tout à cause de quelqu'chose qu'elle avait écrit. Ça m'a bien foutu les j'tons. Comment j'pouvais faire confiance à quoi qu'ce soit ? J'pouvais pas m'faire confiance à moi-même. J'veux dire, pas étonnant que D-2825 a pété un câble. Comment vous f'riez si tous c'qu'vous faites, tout c'qu'vous décidez, tout c'qu'vous pensez était décidé par un autre ? Bien sûr qu'j'suis content qu'elle soit morte. Enfin j'peux être certain qu'c'est bien moi !
Agent O'Connor : Mais vous ne l'avez pas tuée ?
D-4986 : Non.
Agent O'Connor : Où étiez-vous la nuit dernière ?
D-4986 : Dans ma cellule. Où d'autre, putain ? Y z'ont des caméras, non ?
Agent O'Connor : Aujourd'hui excepté, quand vous êtes-vous retrouvé pour la dernière fois dans la kitchenette ?
D-4986 : <pause> J'sais pas. Au dîner la nuit dernière.
Agent O'Connor : Avez-vous pris un couteau dans la cuisine ?
D-4986 : Non. Le garde m'surveille, et ils font des contrôles dans ma cellule.
Agent O'Connor : Quelle est votre opinion de Joseph Lowry ?
D-4986 : L'est pas aussi méchant qu'd'autres, mais c'est un trou du cul. Mais jamais quand Yau est là, ce lèche-cul. Pourquoi vous m'd'mandez ça ?
Agent O'Connor : Quelqu'un a été poignardé à mort et vous êtes le seul meurtrier au couteau dans les parages.
D-4986 : C'est c'que vous dites. Et si cette pute m'avait fait faire tous ces meurtres aussi ? Et même, j'étais enfermé dans ma cellule, 5002 dans la sienne, et personne a la clé. Vous d'vriez pas être en train de parler au connard qui peut traverser les murs ?
Objet no : SCP-████
Classe : Euclide
Procédures de confinement spéciales : SCP-████ doit être détenu dans une chambre de confinement pour humanoïde standard équipée d'une ancre à réalité de Scranton active à tout moment. En cas de dysfonctionnement ou d'inefficacité de l'ARS, SCP-████ doit être immédiatement mis sous sédatifs jusqu'à ce qu'un confinement efficace ait pu être reconstitué.
Description : SCP-████ est une entité humanoïde âgée de 34 ans capable de traverser la matière solide à volonté. SCP-████ était connu sous le nom de Robert Gates et habitait à Carlisle, au Royaume-Unis.
Les propriétés anormales de SCP-████ sont limitées à son corps et à ses vêtements et ne s'étendent pas à d'autres objets. Les tests n'ont pas permis de révéler une limite aux matériaux que SCP-████ peut traverser sans effet. Pour de plus amples détails, veuillez vous référer aux rapports de test A à K ci-dessous.
Avant son confinement par la Fondation, SCP-████ a été impliqué dans l'agression sexuelle et le viol de plus de trente femmes. Les victimes étaient généralement attaquées à de nombreuses reprises au cours d'une période allant de plusieurs semaines à plusieurs mois.
SCP-████ montre des signes forts de trouble de la personnalité antisociale et de trouble de la personnalité narcissique.
Transcription d'interrogatoire – Enquête sur la neutralisation de SCP-5002 – 15 décembre 2019
Interrogé : SCP-████
SCP-████ : Je sais pourquoi vous êtes là.
Agent O'Connor : Vraiment ?
SCP-████ : Vous voulez savoir si je l'ai tuée. Emma. Si j'ai glissé un couteau entre ses côtes et contemplé sa vie s'écouler d'elle.
Agent O'Connor : Essayez-vous de m'impressionner par vos déductions ?
SCP-████ : Essayez-vous de cacher votre peur en vous montrant impassible ? Les gens parlent, détective. Tout particulièrement lorsqu'ils sont entourés de ce qu'ils considèrent comme des animaux ou des meubles.
Agent O'Connor : Et vous voulez qu'on vous reconnaisse en tant qu'humain.
SCP-████ : Oh, je trouve que se faire qualifier d'animal est assez plaisant. Surtout par des proies.
Agent O'Connor : Même un prédateur est inoffensif lorsqu'il est enfermé.
SCP-████ : Et vous pensez que je suis enfermé, n'est-ce pas ? Vous pensez que je ne peux pas sortir quand je veux, faire ce que je veux ?
Agent O'Connor : Vos rapports de test le prouvent.
SCP-████ : Vous précieuses ancres à réalité, je suppose. Je peux vous dire ce qu'elles valent, détective.
Agent O'Connor : Alors pourquoi ne pas partir maintenant ? Impressionnez-moi.
SCP-████ : Vous vous persuadez que je ne peux pas, mais une part de vous n'en est pas si sûre. Vous voulez réellement que je vous montre. Et si je traversais ce mur, au moins vous en auriez la certitude. Vous auriez quelque chose à quoi vous raccrocher. Mais je ne veux pas vous fournir cet ancrage, détective. Je ne veux pas vous impressionner. Je veux que vous doutiez.
Agent O'Connor: Ça ressemble à une excuse.
SCP-████ : Alors pourquoi est-ce que votre voix tremble ? Ils pensent tous qu'ils peuvent la cacher, mais les prédateurs sentent la peur. Vous ne pouvez pas vous cacher de moi, détective. Personne ne le peut.
Agent O'Connor : Avez-vous tué Emma Hastings ?
SCP-████ : Droit au but, pas de commentaire bien senti ? Très bien. Je vais satisfaire votre curiosité. Non, je ne l'ai pas tuée. L'attaque au couteau aveugle n'est pas mon style. C'est trop aléatoire. Trop peu contrôlé.
Agent O'Connor : L'avez-vous attaquée ? Avez-vous tenté de la violer ?
SCP-████ : Non. Son anomalie était assez limitée, mais il n'y avait aucune raison de me risquer à m'y frotter. Il y a suffisamment de cibles plus faibles ici. Des cibles qui ne manqueront à personne.
Agent O'Connor : Vous la craigniez, alors ?
SCP-████ : Non, détective, mais j'ai lu ses rapports de tests. La Dre Yau ne devrait pas laisser des dossiers dans ses quartiers la nuit. Emma aurait pu me menacer avec ses capacités, telles qu'elles étaient. Je n'avais pas peur d'elle, mais elle n'aurait pas eu peur de moi.
Agent O'Connor : Et c'est la peur qui vous excite, bien entendu.
SCP-████ : Bien sûr ! Vous n'imaginez pas ce que c'est. De savoir que toutes ces femmes pensent tout le temps à moi. Me cherchent. Ne se sentent jamais en sécurité, même derrière des murs, jamais. Je les brise, et je les observe s'effondrer. À cause de moi. Je suis une part d'elles pour toujours.
Agent O'Connor : Vous êtes un putain de dégénéré.
SCP-████ : Ça ressemblait à une émotion, ça, détective. Vous imaginez-vous ce qu'elles ont ressenti ? Vous voulez savoir ce que ça fait ? Si je veux être à l'intérieur d'une femme, je n'ai pas besoin de l'ouvrir avec un couteau. Je n'ai qu'à la pénétrer, où qu'elle soit.
Agent O'Connor : Ça suffit. Vous ne m'êtes d'aucune utilité.
SCP-████ : Je penserai à vous la prochaine fois que je traverserai le site. Dites-moi, détective, où dormez-vous ?
Transcription d'interrogatoire – Enquête sur la neutralisation de SCP-5002 – 15 décembre 2019
Interrogée : Directrice de site Evelyn May
Agent O'Connor : Désolée de vous déranger, Directrice.
Directrice May : Tout va bien, Agent. Je comprends l'importance. Simplement - vous est-il déjà arrivé d'avoir trop de travail sur les bras, d'être complètement épuisée, et que de plus en plus de désastres s'y rajoutent par-dessus le marché ? Hier seulement, quelqu'un a ouvert une Voie juste devant le Site. Un très gros risque pour la sécurité. Je peux vous dire que personne n'est entré ni sorti, mais ça représente quand même une énorme quantité de paperasse. Enfin bref, ce n'est pas votre problème. Comment puis-je vous aider ?
Agent O'Connor : Eh bien, c'est un sujet quelque peu sensible. Je voulais vous demander si vous pouviez m'autoriser à parcourir les rapports des ARS de l'aile G. Je voudrais voir s'il y a eu des dysfonctionnements ou une activité inhabituelle.
Directrice May : Comment – oh. C'est elle, bien sûr. Elle a eu ce qu'elle voulait. J'imagine que c'est aussi bien que vous le sachiez. L'ASIA va me tanner pour ça, de toute façon.
Agent O'Connor : C'est seulement pour mon enquête.
Directrice May : <soupir> Oui, il y a eu quelques soucis avec les ancres de l'aile G. Des dysfonctionnements, et même des pannes pures et simples. Je l'admets, j'ai limité la diffusion de cette information - en modifiant les rapports de sécurité. Je ne pensais pas que ça causerait des problèmes, mais maintenant – mon dieu. Vous pensez qu'il y a un lien – que Gates a quelque chose à voir avec le meurtre de SCP-5002 ?
Agent O'Connor : Je n'en suis pas certaine. SCP-████ aurait pu traverser les murs, mais il aurait été incapable d'apporter un couteau avec lui.
Directrice May : Peut-être qu'il était déjà dans la cellule ? SCP-5002 aurait pu l'avoir volé.
Agent O'Connor : Mmh, peut-être. Quoi qu'il en soit, j'aimerais voir ces rapports.
Directrice May : Je vais voir ce que je peux faire. Mais je peux vous assurer qu'il n'y a jamais eu de problème avec l'ancre de SCP-5002 – l'intérieur de sa cellule ne contenait aucune anomalie.
Agent O'Connor : L'intérieur de sa cellule. Mais en ce qui concerne les murs ?
Directrice May : Non, je ne pense pas que les ancres étendent leur effet au-delà de l'intérieur des chambres. Mais les problèmes d'ARS ont affecté d'autres cellules - SCP-████, SCP-████, certaines des chambres inoccupées, peut-être. SCP-5002 était bel et bien confiné. Les rapports devraient le confirmer.
Agent O'Connor : Merci. Pourrais-je également vous demander les dernières évaluations psychologiques de l'aile G ?
Directrice May : Je peux au moins vous fournir les résumés. Puis-je vous demander pourquoi vous en avez besoin ?
Agent O'Connor : La Dre Yau a évoqué que son chercheur novice pourrait subir les effets du stress.
Directrice May : Ça ressemble bien à Karen. Elle a toujours eu un bon fond.
Agent O'Connor : J'ai l'impression que la source de ce stress pourrait venir de vous. Avez-vous mis la Dre Yau et son équipe sous pression afin d'obtenir des résultats sur SCP-5002 ? Des demandes de rapports, des mémos, ce genre de choses ?
Directrice May : Peut-être, mais je ne crois par que ça sorte de l'ordinaire. Les résultats de Karen n'ont pas été rapides, mais je n'ai aucun problème avec ça.
Agent O'Connor : Malgré votre lien avec SCP-5002 ? J'ai lu que vous disiez partie de l'équipe qui a identifié Emma Hastings en tant que source des effets anormaux, et vous avez supervisé sa récupération.
Directrice May : J'ai été impliquée dans l'analyse et la récupération de nombreuses anomalies au cours de ma carrière, agent. J'ose espérer que vous n'êtes pas en train de m'accuser de quoi que ce soit.
Agent O'Connor : J'aimerais simplement vous écarter de la liste des suspects. Vos accréditations vous permettent d'avoir accès aux chambres de confinement et aux rapports de sécurité de toute l'aile.
Directrice May : Seulement une fois que ces rapports ont été envoyés depuis les ailes. Si j'avais été sur place, Karen et l'officier de sécurité m'auraient vue sur la vidéo et auraient remarqué l'enregistrement de ma carte d'accès.
Agent O'Connor : Même de niveau 5 ? Je ne le savais pas. Merci pour votre aide, directrice. Enfin, pour la forme, pourriez vous me dire où vous vous trouviez après minuit le quatorze ?
Directrice May : Je rentrais d'une réunion à Londres. Je suis arrivée au Site vers 3h du matin.
Agent O'Connor : Votre chauffeur peut confirmer ?
Directrice May : Je n'ai pas eu recours à mon chauffer, agent. C'était un rendez-vous privé.
Agent O'Connor : Ah. Veuillez m'excuser, mais puis-je vous demander avec qui vous aviez rendez-vous ?
Directrice May : Ça n'avait aucun lien avec la Fondation.
Agent O'Connor : <pause> J'aimerais confirmer avec un participant, si possible.
Directrice May : <soupir> Très bien. Je m'étonne que Nadine ne vous ait pas aussi dit ça. Puisque vous devez tout savoir, j'avais rendez-vous avec mon avocat de divorce. La médiation commence au début de l'année et il voulait planifier. Je vais vous donner ses coordonnées.
Agent O'Connor : Je suis désolée d'insister, directrice.
Directrice May : Non, ça va, Je sais que vous ne faites que votre métier. Simplement – Je suis fatiguée, vous savez ? Peter et moi, nous n'avons pas – nous n'avons pas été capables de… Nous avons perdu notre fille, agent O'Connor. Il a essayé, nous avons essayé tous les deux, mais – eh bien, la médiation commence en janvier. Et donc je suis allée à Londres, puis je suis revenue au Site.
Agent O'Connor : Puis vous êtes allée vous coucher ?
Directrice May : Enfin, oui. Jusqu'à au réveil à six heures et aux catastrophes du lendemain. Me croirez-vous si je vous dis que j'avais déjà trois autres urgences sur mon bureau lorsque la Dre Yau a appelé ?
Agent O'Connor : Ça fait beaucoup en seulement une heure.
Directrice May : Non, ça faisait un peu plus longtemps que ça. Karen n'a pas appelé avant sept heures et demie. Peut-être un peu après.
Agent O'Connor : Vraiment ? Le corps a été découvert peu après 7h. Je pensais que la Dre Yau vous avait immédiatement appelée.
Directrice May : Non, je suis certaine que c'était plus tard. Vous avez dit qu'il était possible qu'elle soit stressée, l'idée de m'appeler l'a peut-être découragée ?
Agent O'Connor : Mmh. Je vais peut-être devoir vérifier avec elle.
Évaluations psychiatriques du Site-06 – Résumé de 2018/19 - aile G
Rédigé par : Dre Nadine Grossenbacher
Nom du sujet Fonction Statut de l'évaluation Remarques Karen Yau Superviseure de l'aile G Réussi ND Michael Simpson Chercheur novice Sous surveillance Stressé, renfermé Devidas Sengupta Officier de sécurité – Quart du matin Réussi ND Owen Nworka-Jones Officier de sécurité – Quart de l'après-midi Réussi ND Joseph Lowry Officier de sécurité – Quart de nuit Réussi* Voir les commentaires de la superviseure de l'aile G D-2825 Employée de Classe-D Échoué Décompensation psychotique, retirée de l'aile G D-4986 Employé de Classe-D Sous surveillance Agressif, antisocial SCP-5002 ND Réussi ND SCP-████ ND Réussi ND SCP-████ ND Échoué [CLASSIFIÉ]
Entretien no : SCP-5002-56
Date : 6 mai 2019
Interviewer : Dre Karen Yau
Dre Yau : Comment avance la nouvelle ?
SCP-5002 : Pas mal. Difficile à dire avant que ce soit terminé, mais jusqu'ici je suis assez satisfaite. Bien entendu, c'est juste pour une ou deux séances.
Dre Yau : <rit> La réaction de vos lecteurs est si importante à vos yeux ?
SCP-5002 : Oui et non. J'ai commencé à écrire parce que j'en avais besoin, mais je mentirais si je disais que je ne savoure par la réaction d'un lecteur captivé. Parfois c'est comme si j'écrivais deux textes simultanément – un pour le public et un autre, avec un sens plus personnel, pour moi.
Dre Yau : Êtes-vous en train de dire que vous compreniez l'effet de ce que vous écriviez ? Que vous créiez des événements pour vous-même ?
SCP-5002 : Vous me posez souvent cette question.
Dre Yau : Je la trouve de plus en plus importante. Et vous continuez de l'éviter. Contrôliez-vous délibérément les personnages de vos nouvelles ?
SCP-5002 : Qui contrôle qui ? Si un musicien joue une pièce, personne ne dit que le compositeur "contrôlait " les notes jouées. Mes personnages sont des portées et les lecteurs leurs donnent vie.
Dre Yau : Vous dites que le lecteur manipule les personnages ? Mais l'auteur manipule sans doute le lecteur.
SCP-5002 : Ça dépend de l'auteur. J'ai toujours aimé garder mon public dans le doute, mais je joue franc-jeu avec eux.
Dre Yau : Dans ce cas, saviez-vous ce que vos écrit étaient capables de faire ?
SCP-5002 : Un auteur peut-il savoir l'effet qu'aura son travail une fois qu'il l'a libéré ? Shakespeare le savait-il ? Et Virginia Woolf ? Anne Frank ? Quand l'écrivain a posé sa plume, toute la responsabilité repose sur le lecteur.
Dre Yau : Mais dans notre cas, vous êtes également une lectrice. <soupir> J'imagine que vous n'allez rien me dire.
SCP-5002 : C'est parce que vous aimez tellement demander !
Dre Yau : Très bien. Si vous le prenez comme ça, parlons d'autre chose. Comment trouvez-vous l'exercice d'écrire dans un genre dont vous n'avez pas l'habitude ?
SCP-5002 : C'est un véritable soulagement de pouvoir écrire quelque chose de thématiquement plus difficile que "bouton rouge, bouton vert".
Dre Yau : <rit> Avez-vous essayé d'autres genres auparavant ?
SCP-5002 : J'ai découvert que le lectorat a certaines attentes, et il est difficile de les contredire. Lorsqu'ils achètent une nouvelle d'Emma Hastings, ils s'attendent à des crimes et des enquêtes, pas à de la romance ou à de la fantasy. Si je n'incluais pas un meurtre, ils se plaindraient de son absence, et si je l'introduisais en tant que rebondissement, ils se plaindraient que ça ne convient pas au genre. C'est sans issue.
Dre Yau : Alors pas d'aliens meurtrier ?
SCP-5002 : <rit> Pas si je sais ce qui est bon pour moi. Avec la fiction policière, la solution la plus simple est habituellement la meilleure. Argent, amour, vengeance. Ce sont les motifs de meurtre, dans les histoires du moins. Le reste apporte plus de questions que de réponses.
Dre Yau : Vous n'avez donc jamais été tentée d'écrire quelque chose de complètement différent ?
SCP-5002 : Une fois j'ai développé l'idée d'un thriller conspirationniste, mais mon éditeur n'en a pas voulu. Les choses étant ce qu'elles sont, ironiquement, le thriller conspirationniste où je suis tombée dépasse de loin mon imagination.
Dre Yau : J'espère que vous comprenez pourquoi nous devons vous garder ici ?
SCP-5002 : Tout-à-fait. Je préférerais être libre, bien entendu, mais je peux comprendre l'importance de ce que vous faites ici. Et cette vie a des bons côtés. J'ai appris beaucoup de choses surprenantes à mon sujet. Mon travail est apprécié, demandé, même ! Je n'ai plus à m'inquiéter des rumeurs de village – ou de celles de la presse littéraire. Les gens ne sont pas forcément très sociables, bien entendu.
Dre Yau : Oh, Michael et Joe sont grossiers, mais ils vont changer. Laissez-leur juste un peu de temps.
SCP-5002 : Franchement, ça ne me touche pas. Une source de conversation sensée est suffisante pour n'importe qui.
Dre Yau : C'était un compliment ? Merci.
SCP-5002 : Ne vous y habituez pas.
Dre Yau : Très bien, je vais vous laisser retourner à votre travail.
SCP-5002 : Merci. C'est un passage délicat, je peux écrire le sujet principal, je crois, mais il a besoin d'une scène avec la gentille scientifique. Je ne suis pas sûre que celle-ci soit très convaincante.
Dre Yau : <rit> Bien du plaisir. N'hésitez pas à me demander si vous avez besoin de conseils.
Présentation du rapport d'enquête sur SCP-5002 - suite
Date : 16 décembre 2019
Lieu : Site-06, salle commune de l'aile G.
<l'enregistrement continue>
Agent O'Connor : … ce qui nous amène à aujourd'hui. Et à moi, au milieu d'une salle pleine de menteurs.
Chercheur Simpson : Comment ?
Directrice May : Pardon ?
Agent O'Connor : Par exemple, l'officier Lowry mentait à propos de sa pause cigarette.
Officier Lowry : Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Agent O'Connor :Je pense que vous avez été absent pendant plus de temps que vous ne l'avez dit, officier. Et vous buviez.
Officier Lowry : C'est faux !
Agent O'Connor : Le milieu de la nuit, c'est ennuyeux. Vous vouliez un petit coup de fouet, et vous aviez votre Jack Daniels pour ça. D'habitude vous auriez sorti votre bouteille en douce à la fin de votre quart, mais lorsque vous avez découvert SCP-5002, vous avez compris qu'ils fouilleraient touts l'aile. Vous avez paniqué et caché la bouteille dans la chambre de confinement, pendant que la Dre Grossenbacher examinait le corps.
Officier Lowry : Non.
Agent O'Connor : La bouteille n'est pas sur la vidéo de surveillance pendant la nuit, mais elle apparaît plus tard au cours de la matinée, juste après votre passage. Vous pouvez essayer de me mentir, mais ça n fonctionnera pas. En fait, la seule personne ici qui ne m'a pas menti est un meurtrier.
Dre Yau : Que dites-vous ?
Agent O'Connor : J'affirme que, de toutes les personnes présentes ici, seul D-4986 m'a dit la vérité. Vous êtes un tueur, mais vous avez dit que vous n'aviez pas tué SCP-5002, et je vous crois.
D-4986 : Ha ! Vous seriez bien la première.
Directrice May : Alors vous soupçonnez que SCP-████ était le meurtrier ?
Agent O'Connor : C'est intéressant que vous le mentionniez. Il se trouve que lorsque tout le monde ment, les mensonges se contredisent, et les contradictions dessinent le tableau. Même votre fatigue étudiée, directrice, n'était qu'une apparence, au moins en partie. Bien que je ne doute pas qu'il soit épuisant d'être la cible d'un chantage.
Officier Lowry : Chantage ? Pour quoi ?
Agent O'Connor : "Par qui" est plus intéressant. Quelqu'un qui a travaillé dans toutes les ailes du site, et qui pouvait voir que les preuves des pannes d'ARS étaient cachées. Quelqu'un qui avait des preuves que SCP-████ avait brisé son confinement – à tel point qu'elle a décidé de prendre son kit pour agression sexuelle sur une scène de meurtre. Quelqu'un qui pouvait relier la dépression de D-2825 aux attaque de SCP-████. Quelqu'un comme la Dre Grossenbacher.
Dre Grossenbacher : C'est ridicule.
Agent O'Connor : Allons. La directrice m'a pratiquement avoué que vous saviez pour les pannes des ARS. Je suppose que c'est la raison derrière votre promotion éclair au rang de médecin-cheffe ?
Directrice May : Oui. Mon dieu, oui. Elle m'a dit qu'elle informerait l'ASIA que j'avais falsifié les rapports de sécurité, faisant peser un risque sur le personnel. Elle a insisté pour être promue médecin-cheffe pour le Site.
Dre Grossenbacher : Scheisskerl.
Agent O'Connor : Vous avez eu de la chance, directrice. Imaginez ce qu'elle aurait pu obtenir de vous si elle avait su ce que vous faisiez vraiment.
Dre Grossenbacher : Quoi ?
Agent O'Connor : Les ancres à réalité ne dysfonctionnaient pas, n'est-ce pas, directrice ? Les dysfonctionnements devraient être distribués aléatoirement, mais comme vous l'avez-vous-même dit, la cellule de SCP-5002 n'a jamais été compromise. Et pourtant SCP-████ s'était clairement échappé plusieurs fois – il l'a avoué, et sa série d'attaques sur D-2825 le confirme. Je pense que vous éteigniez délibérément son ARS afin de le laisser s'échapper. Il y avait juste assez d'autres "erreurs" pour détourner l'attention, sans jamais compromettre le confinement de SCP-5002. Et vous contrôliez la distribution des chambres : vous avez placé SCP-████ dans l'aile G, même s'il ne s'agit pas du tout d'un humanoïde à bas risque. Vous vouliez qu'il attaque SCP-5002. Vous vouliez qu'il la viole, qu'il la terrorise.
Dre Yau : Mon Dieu !
Chercheur Simpson : Emma! Espèce de monstre !
Directrice May : Ce sont des allégations extrêmement sérieuses, agent. J'espère que vous avez autre chose que des spéculations pour les soutenir.
Agent O'Connor : Vous avez toujours montré un intérêt particulier pour SCP-5002, mais vous étiez détendue quand à la lenteur des progrès de la Dre Yau. Vous vouliez simplement savoir si SCP-5002 souffrait.
Officier Lowry : Une accréditation de niveau 5. Je n'aurais jamais -
Dre Yau : Mais pourquoi ?
Agent O'Connor : Je ne le savais pas jusqu'à ce que je parle à l'avocat du divorce de la directrice. Il a confirmé qu'elle se trouvait à Londres la nuit du meurtre. Il a aussi confirmé qu'elle avait repris son nom de jeune fille. Evelyn May s'appelait précédemment Evelyn Holloway, mère de Kate Holloway, assassinée en 2017 par l'effet de l'anomalie de SCP-5002. Je ne sais pas quelles ficelles vous avez dû tirer pour assouvir votre vengeance, directrice, mais je ne pense pas que sa mort vous apporte aucune paix.
Directrice May : Vous ne savez rien ! Ma petite fille a été assassinée ! Cet animal pourrait mourir un millier de fois et ça ne serait toujours pas assez.
Chercheur Simpson : Comment pouvez-vous dire cela d'elle ?
Agent O'Connor : Comment se fait-il que vous disiez elle, Michael ?
D-4986 : Oh merde.
Agent O'Connor : Après tout, ce n'est pas la directrice qui a introduit un couteau dans la chambre de SCP-5002, n'est-ce pas ?
Chercheur Simpson : Je – Je n'ai pas -
Agent O'Connor : Vous avez maintenu cette façade de marbre pendant longtemps, Michael, mais à présent des fissures commencent à se montrer. Tout ce stress que vous subissiez, ce n'était pas à cause de votre thèse. Vous alliez bien jusqu'à ce que vous soyez assigné aux tests sur les humanoïdes, et puis quelque chose a changé. La Dre Yau les traitait comme des personnes, et vous avez réalisé que c'était le cas. Je pense que c'en était trop pour vous. Je pense que vous avez rejoint la Main du Serpent.
Chercheur Simpson : <sanglots> Mon dieu… oh…
Directrice May : Comment le savez-vous ?
Agent O'Connor : Je n'en étais pas entièrement certaine, mais ça correspond. Il a été si surpris lorsque j'ai mentionné le couteau, et il s'est rappelé l'avoir vu dans le lave-vaisselle – de sa part, c'était inattendu. Il se trouve qu'il avait un rendez-vous privé urgent immédiatement après le meurtre, le même jour où une Voie apparaît mystérieusement à côté du Site. C'était son échappatoire. Il était censé faire sortir SCP-5002, peut-être d'autres skips, et disparaître dans la foulée le matin même en profitant de la confusion.
D-4986 : Alors pourquoi l'a-t-il tuée ?
Agent O'Connor : Je pense que vous êtes resté éveillé cette nuit, Michael. Tout le monde savait que l'officier Lowry prenait sa pause cigarette vers 2h du matin, et vous saviez qu'il secouerait la porte de la cellule de SCP-5002 au passage. C'était votre signal. Vous avez pris le couteau dans la cuisine et vous avez utilisé votre copie de la carte magnétique pour ouvrir la chambre. Vous saviez que ça se verrait sur le rapport de sécurité mais vous pensiez être parti depuis longtemps à ce moment.
Dre Grossenbacher : Mais ce n'est pas apparu.
Agent O'Connor : J'y arrive. Vous avez proposé le couteau à SCP-5002 pour sa protection, n'est-ce pas, Michael ? Puis vous lui avez dit de s'échapper avant que l'officier Lowry ne revienne. Mais elle n'a pas voulu partir, c'est ça ?
Chercheur Simpson : Non. Non, elle a refusé.
Agent O'Connor : Et je pense qu'elle vous a dit pourquoi.
Chercheur Simpson : Oui. Je suis désolé, Karen. J'ai insisté pour qu'elle parte, mais elle a dit – elle a dit qu'elle voulait rester. Parce qu'elle couchait avec la Dre Yau.
Agent O'Connor : Exactement.
<brouhaha, éclats de voix>
Agent O'Connor : Silence ! Silence, tout le monde. Ce n'est pas terminé. Michael, une fois que SCP-5002 vous l'a dit, vous avez quitté la chambre de confinement. Vous étiez confus, vous vous êtes rendu directement à votre chambre. En laissant le couteau derrière vous.
Chercheur Simpson : Oui, c'est bien ça.
Agent O'Connor : SCP-5002 vous a-t-elle dit qu'elle avait couché avec la Dre Yau ce même soir ? C'est exact, n'est-ce pas, Dre Yau ?
Directrice May : Karen !
Dre Yau : Vous ne comprenez pas. Nous nous aimions. Elle était une femme merveilleuse.
Agent O'Connor : Vos recherche avançaient lentement uniquement parce que vous vouliez garder Emma près de vous. Depuis combien de temps vous voyiez-vous ? Trois mois, quatre ? Assez longtemps pour apprendre comment modifier le système de caméras par avance, de sorte qu'elle ait l'air d'être seule dans sa cellule toutes les nuits. Étonnant – je n'aurais pas examiné les vidéos de sécurité de si près si je n'avais pas essayé de découvrir d'où venait la bouteille de Jack Daniels.
Officier Lowry : Merde.
Agent O'Connor : Et vous aviez accès au système de sécurité, par conséquent vous pouviez effacer tous les accès avant que les rapports ne soient soumis au Central. Je présume que c'est la raison pour laquelle il vous a fallu si longtemps avant d'appeler la directrice le matin du meurtre. Vous avez vu que Michael avait ouvert la cellule de SCP-5002, peut-être étiez-vous en train d'évaluer s'il fallait prendre le risque de lui avouer votre petit secret et de l'impliquer.
Dre Yau : J'ai vu qu'il avait déverrouillé la cellule, mais je savais qu'il n'avait pas pu tuer Emma. Je voulais lui parler, mais il n'y avait pas le temps.
Agent O'Connor : Je pense que vous vous êtes presque croisés, cette nuit-là. Vous étiez dans la chambre de confinement avec Emma avant que l'officier Lowry ne commence son quart. Vous l'avez entendu secouer la porte en sortant à 2h du matin, tout comme Michael ; c'était le signe que vous deviez partir. Vous êtes retournée dans votre chambre au moment où Michael quittait la sienne. Peut-être même l'avez-vous dépassé pendant qu'il cherchait le couteau dans la cuisine.
D-4986 : Et ensuite ? Elle est revenue et a poignardé cette salope pendant son sommeil ?
Agent O'Connor : Je ne pense pas. L'amour rejeté est un bon motif de meurtre. Mais SCP-5002 n'a pas été poignardée pendant son sommeil. Il y avait du sang partout sur les draps, pas seulement autour de la plaie.
Dre Grossenbacher : C'est exact.
Agent O'Connor : Il est plus probable qu'elle ait été poignardée alors qu'elle était debout, puis enveloppée dans les draps puis couchée sur le lit. Et il y a quelque chose que vous avez tous oublié. Quelque chose que la Dre Yau n'a pas remarqué lorsqu'elle a effacé les enregistrements de sécurité.
Officier Lowry : Ça vous arrive de dire le chose directement ?
Dre Yau : Que voulez-vous dire ?
Chercheur Simpson : Quand je suis parti, je n'ai pas verrouillé la porte.
Agent O'Connor : Correct. Comme pour le couteau, vous avez oublié dans votre précipitation. Jusqu'à ce que vous le réalisiez lors de notre entretien, et alors vous avez su que quelque chose clochait.
Directrice May : Mais quoi, pour l'amour de dieu ?
Agent O'Connor : Le signal qu'attendaient Michael et la Dre Yau, c'était le bruit de l'officier secouant la porte de la cellule sur son chemin en sortant fumer. Mais l'officier Lowry secouait la porte à chaque fois qu'il passait devant. Dans les deux sens.
Dre Yau : <hoquète> Oh.
Agent O'Connor : Il est revenu de sa pause, a secoué la porte et a découvert qu'elle était ouverte. Et vous êtes entré, n'est-ce pas, officier ?
Directrice May : Répondez-lui.
Agent O'Connor : Vous étiez légèrement ivre. Vous avez commencé à vous disputer avec SCP-5002.
Chercheur Simpson : Officier Lowry ?
Agent O'Connor : Et elle vous a tout dit. Au sujet de sa relation avec la Dre Yau.
Dre Yau : Joe ?
Agent O'Connor : Elle l'a étalée devant vous. Et vous ne l'avez pas supporté. Vous avez saisi le couteau, et -
Officier Lowry : Vous êtes exactement comme elle, vous savez ? Vous vous croyez tellement intelligente ! Vous vous croyez tellement au-dessus de moi, parce que vous êtes allée à l'université alors que je ne suis qu'une sorte de gardien de nuit. C'est moi qu'elle aurait dû aimer ! Pas cette pute anormale.
Dre Yau : Joe, qu'est-ce que - <sanglots>
Agent O'Connor : Je sais que vous l'aimiez bien, Dre Yau, mais vous avez été trop gentille. Vous avez ignoré les résultats de son évaluation psychiatrique. Peut-être même que vous saviez qu'il buvait. Mais chaque petit geste que vous faisiez pour lui renforçait son attirance pour vous.
Officier Lowry : Tais-toi. Tais-toi, salope.
Agent O'Connor : Vous n'aviez rien préparé, mais tout ce que vous avez fait après l'avoir tuée était malin, audacieux, même. Emma vous avait sans doute parlé des vidéos falsifiées, donc vous saviez que vous n'aviez pas été filmé. Vous avez quitté la cellule, mis le couteau dans le lave-vaisselle, vous êtes retourné au poste de sécurité et vous avez tranquillement attendu le matin. Vous vous êtes assuré de "découvrir" le corps avec D-4986 pour témoin, et vous avez emprunté la carte de la Dre Yau pour cacher le fait que la porte était déverrouillée. Vous avez parié sur le fait que la Dre Yau allait effacer les enregistrements des portes afin de camoufler son idylle, ou peut-être que vous essayiez encore de la protéger. Vous avez pris garde de retourner le corps afin d'expliquer toute tache de sang sur votre uniforme, puis vous avez monté la garde sur place, juste pour être sûr.
Directrice May : Pourrions-nous avoir la sécurité, s'il vous plaît.
Agent O'Connor : Laisser le Jack Daniels était une erreur, bien entendu. Mais vous ne vouliez pas attirer l'attention, et vous étiez acculé.
D-4986 : Putain de Lowry !
Agent O'Connor : Vous avez presque eu de la chance. Tant d'autres choses se passaient que vos actions aurient pu être noyées. Mais en fait la solution à cette affaire était la plus simple des explications et le plus vieux des motifs.
<ouverture de porte>
Inconnu : Un appel est venu de cette pièce ?
Directrice May : Cet homme doit être enfermé en vue d'un interrogatoire pour meurtre.
Agent O'Connor : Vous pouvez l'emporter, officier.
<fin de l'enregistrement>
Enquête sur SCP-5002 – Rapport final - Conclusion
Auteure : Agent Ellen O'Connor
Date : 24 décembre 2019
Après mûres réflexions sur cette enquête, je voudrais nuancer mes conclusions précédentes. Bien que je continue de penser que l'officier Joseph Lowry est responsable du meurtre de SCP-5002, je voudrais recommander une certaine clémence de la part des autorités de la Fondation lorsqu'il s'agira de prononcer sa sentence. Pour tout dire, je ne suis pas certaine que l'officier Lowry soit coupable de meurtre.
Les faits qui composent ce dossier sont extrêmement complexes, et bien que la plupart des parties impliquées aient admis leur part de responsabilité, il reste la question de l'implication de SCP-5002. Le problème fondamental qui ressort est de savoir si oui ou non l'anomalie de SCP-5002 a mené à son propre meurtre.
Si l'on s'en tient aux faits, il apparaît que l'ancre à réalité de Scranton de la cellule de SCP-5002 est restée opérationnelle et ait prévenu efficacement toute activité anormale à l'intérieur de la chambre de confinement. De même, il n'existe aucun écrit de SCP-5002 qui corresponde aux événements du 14 décembre.
Cependant, je suis intriguée par ces pages blanches découpées de petits espaces vides découvertes dans la cellule de SCP-5002. Est-il possible que, lors d'investigations ultérieures sur la nouvelle de SCP-5002, on découvre qu'il s'agissait de grilles de lecture révélant des mots et des phrases dans le texte de manière à former une autre histoire ? Cette histoire aurait-elle pu être lue séparément par SCP-5002, causant des effets différents ? Les rapports de test suggèrent que c'est possible. Je recommande que cette hypothèse soit explorée en priorité.
Quoiqu'il en soit, les anomalies ontologiques sont notoirement difficiles à détecter. Peut-être que la meilleure méthode est applicable par les futurs lecteurs de ce rapport. Mon travail est-il structuré selon ce à quoi vous vous attendiez – en commençant par un résumé de mes conclusion, suivi des preuves qui mènent à celle-ci ? Ou a-t-il un ton narratif ?
Si cela s'avère, mon hypothèse peut innocenter l'officier Lowry d'une part de responsabilité, puisque la mort d'Emma Hastings deviendrait en effet un suicide. Cela soulèverait également plus de questions que de réponses. Pourquoi SCP-5002 voulait-elle se suicider ? Si elle a fait en sorte que Lowry la tue, a-t-elle également fait en sorte que la Dre Yau tombe amoureuse d'elle ? A-t-elle provoqué la haine de la directrice May ? Jusqu'où remonte la chaîne de causalité ?
Je suis née lorsque SCP-5002 n'avait pas quatre ans, bien avant qu'elle ne commence à écrire. Joseph Lowry a dix ans de plus que SCP-5002. Je crois que ma vie m'appartient. Je crois que je choisis mes actions et que mes pensées sont les miennes, qu'elles ne me sont pas suggérées. Je crois que je suis réelle. Et, cher lecteur, j'espère sincèrement que c'est ce que tu penses également.
En ce qui me concerne, comme à ton sujet.