Objet no : SCP-485-FR
Niveau de Menace : Jaune ●
Classe : Euclide
Procédures de Confinement Spéciales : À l'exception du personnel médical, toute communication avec les instances de SCP-485-FR-A est interdite sauf requête préalable de l'équipe de recherche affectée. Aucun membre de l'équipe de recherche ne doit découvrir son visage à une instance de SCP-485-FR-A. Tout contrevenant se verra assigné une désignation SCP-485-FR-1.
Chaque instance SCP-485-FR-A doit être détenue dans une cellule pour humanoïde complètement insonorisée. Des demandes d'aménagement peuvent être effectuées par les instances afin de garantir le confort de leur confinement. Un soutien psychologique doit leur être proposé. Le confinement d'une instance SCP-485-FR-A peut être allégé après évaluation des risques.
Chaque instance de SCP-485-FR-1 doit être détenue dans une cellule pour humanoïde standard située à plus de cent mètres de la zone de confinement des instances de SCP-485-FR-A et doit être maintenue en quarantaine jusqu'à la disparition de tout caractère anormal.
Toute expérience sur SCP-485-FR ne doit porter que sur une instances SCP-485-FR-A et requiert la présence continue de six membres de l'Unité d'Intervention Tactique 485-FR. Toute expérimentation doit être effectuée dans une pièce insonorisée. Aucune expérience impliquant plus de six instances SCP-485-FR-1 n'est autorisée.
Toute expérience sur une instance de SCP-485-FR-1 doit se concentrer sur la détermination de critères permettant d'identifier l'apparition du caractère anormal. Celle-ci doit être réalisée en la présence des membres de la cellule psychologique assignés à l'instance de SCP-485-FR-A en cause. Note : Si la mise au point d'un modèle d'évaluation fiable à 90 % ou plus se révèle impossible après une année de confinement, contactez la Dre Calma.
Description : SCP-485-FR est un trouble anormal ne se manifestant que chez les humains. Les individus affectés sont désignés "SCP-485-FR-A". SCP-485-FR entre en phase active lorsqu'une instance SCP-485-FR-A atteint un état psychologique de Flow1 ou dans un état de crise anxieuse.
Lorsque l'instance entre dans l'état psychologique déclencheur, le phénomène se manifeste comme une crise hallucinatoire. L'instance peut ensuite décrire avec une précision photographique les différents espaces aperçus. Ces espaces correspondent à des visualisations de concepts jugés importants par les instances SCP-485-FR-A. De plus, plusieurs instances avaient déjà conçus ces visualisations avant la première manifestation des effets de SCP-485-FR.
Les individus parlant avec une instance SCP-485-FR-A au sujet des concepts rattachés à l'instance deviennent des instances SCP-485-FR-1 liées à leur interlocuteur. Une instance SCP-485-FR-1 demeure anormale jusqu'à entre huit jours et six semaines après la dernière conversation avec une instance SCP-485-FR-A.
Lorsque le nombre d'instances de SCP-485-FR-1 liées présentes dans un rayon de quatre mètres autour de l'instance SCP-485-FR-A est inférieur ou égal à 7, les effets précédemment cités se retrouvent décuplés et SCP-485-FR-2 se manifeste. SCP-485-FR-2 est une matière inconnue expulsée directement depuis l'instance SCP-485-FR-A à l'état liquide devenant progressivement opaque et se solidifiant une fois les instances englobées. Selon les témoignages, les individus se retrouvant pris dans SCP-485-FR-2 sont plongés dans un espace similaire à ceux des visions provoquées par SCP-485-FR. Après une durée comprise entre vingt minutes et cinq heures, SCP-485-FR-2 se résorbe et les instances ainsi que SCP-485-FR-A en sortent. Il est impossible d'étudier un échantillon de SCP-485-FR-2, la matière disparaissant instantanément lorsque séparée de la masse.
L'espace auquel accèdent les instances de SCP-485-FR-1 est décrit comme un lieu correspondant à la conceptualisation d'un des intérêts principaux de l'instance SCP-485-FR-A. L'impact de ces espaces sur les instances de SCP-485-FR-1 est uniquement psychologique.
Les effets de SCP-485-FR variant considérablement d'un individu à l'autre, seules les expériences permettent de déterminer leur nature exacte et d'adapter ainsi les procédures de confinement. Une fois ces cadres établis, aucune expérience supplémentaire n'est autorisée sauf en cas de découverte d'un nouvel espace chez une instance SCP-485-FR-A.
En raison de la difficulté d'atteindre les conditions spécifiques de manifestation des effets anormaux pour une instance SCP-485-FR-A, une cellule d'observation a été créée afin de suivre le développement des instances SCP-485-FR-A dont les propriétés anormales ne se sont pas manifestées plus d'une fois. Cette cellule doit être gérée par le personnel du BSIA et résulte d'un accord entre l'équipe de recherche et le BSIA sur validation du Comité d'Éthique.
Addendum 1 - Données de recherches :
- Instances SCP-485-FR-A actuellement confinées : █1
- Potentielles instances SCP-485-FR-A identifiées et sous surveillance : █
Date de mise en ligne : 18/01/2013.
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Mesdames et messieurs du conseil des départements de recherche et de confinement,
Cette lettre ouverte vous est adressée par les membres des deux équipes de recherche ayant été assignées tour à tour au confinement de SCP-485-FR.Plusieurs irrégularités dans le rapport et les dossiers fournis aux équipes ont été remarquées et nous allons en faire part ici. Voici une liste succincte :
- Les matricules des Classes-D ont été réattribués une semaine avant la reprise du dossier par la deuxième équipe de recherche.
- Les délais de réponse aux requêtes de révision des Procédures de Confinement Spéciales ont été anormalement longs.
- Nous avons constaté un refus de communication sur les anomalies du dossier de la part de l'équipe de supervision.
- Le placement en Classe-E de tous les membres de la première équipe de recherche en dépit du fait que trois de ces membres n'ont pas été affectés par l'anomalie. Preuves disponibles par examen des bandes vidéos lequel ne nécessite pas plus de deux jours.
- La durée de ce placement en Classe-E était supérieure à trois semaines malgré les nombreux examens attestant du fait que les effets anormaux n'ont pas persisté.
- Suite aux questions de la deuxième équipe de recherche quant à la sévérité du confinement, aucune justification n'a été donnée.
- Nous notons également un refus de communication de la part des experts du confinement quant au décalage entre les mesures préconisées par l'équipe de recherche et les nouvelles Procédures de Confinement Spéciales mises en place.
- Malgré les nombreuses sollicitations, les responsables n'ont pas pris en compte les remarques concernant l'impact psychologique d'un tel traitement ce qui a résulté en une absence de précautions quant aux possibles idées suicidaires de SCP-485-FR.
Au regard de ces éléments, nous demandons à ce que vous communiquiez sur les décisions qui ont été prises et leurs justifications. De plus, nous demandons à ce que les itinéraires des requêtes effectués par les équipes de recherche soient communiqués afin de permettre la compréhension des délais anormaux. Nous joignons à la présente lettre un inventaire non-exhaustif des demandes envoyées, accompagnées des dates d'envoi et des dates de réception des quelques réponses.
Nous jugeons également inacceptable l'absence de communication sur l'échec manifeste de la mission de la Fondation dans le confinement de SCP-485-FR. Cette erreur ne doit pas être ignorée et enterrée mais étudiée pour être comprise afin de parfaire les protocoles de la Fondation et, plus spécifiquement, de notre Site dans le cadre du confinement des anomalies liées à un hôte humain.
Nous vous remercions de votre collaboration et vous prions de bien vouloir accéder à nos requêtes afin de faire la lumière sur cette affaire qui est, n'ayons pas peur des mots, un exemple d'échec de la Fondation dans le confinement et la stabilité d'une anomalie.
Dans l'attente de votre réponse,
La commission d'enquête assignée à l'affaire SCP-485-FR.
Date de mise en ligne du rapport : 31/03/2009.
Modifié 7 fois.
Date d'archivage : 18/01/2013.Objet no : SCP-485-FR
Niveau de Menace : Orange ●
Classe : Euclide Sûr Neutralisé
Procédures de Confinement Spéciales : SCP-485-FR est considéré comme définitivement neutralisé et ne nécessite plus aucune Procédures de Confinement Spéciales. Les informations concernant les anciennes Procédures de Confinement Spéciales se trouvent dans les Addenda.
équipe 1 : mai 2009 à mars 2011.
équipe 2 : 2011 à 2012.Description : SCP-485-FR est la désignation actuelle du Dr Alden Nemi, ancien scientifique de la Fondation. SCP-485-FR se retrouve plongé dans une hallucination lorsqu'il est sujet à une crise de panique (voir dossier psychiatrique de SCP-485-FR). SCP-485-FR est sujet à ces crises lorsqu'il se plonge dans ses pensées ou est confronté à un stimuli rappelant l'idée de la mort ou celle du néant. Ces hallucinations sont liées aux facultés anormales de SCP-485-FR et doivent être étudiées pour approfondir la compréhension du fonctionnement de l'anomalie.
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Docteur Alméras, Docteure Calma, membres de la première équipe,
C'est en ma qualité de directeur du département de recherche que je vous fais parvenir cette lettre. Les évènements autour du dossier SCP-485-FR ont été particulièrement éprouvants.
Je ne m'attendais certainement pas à des protestations aussi véhémentes. Et je comprends bien que la perte d'un ancien collègue est toujours un choc. D'autant plus quand le traitement qui lui fut réservé apparaît comme abusif étant donné l'absence d'agressivité de SCP-485-FR.
Je dois des excuses à Alden et à la deuxième équipe, en premier lieu. La décision d'interdire toute communication personnelle entre SCP-485-FR et l'équipe de chercheurs a été prise dans des circonstances difficiles. De plus, nous n'avions pas les informations nécessaires à l'époque pour considérer que SCP-485-FR était contrôlable à condition d'éviter certains sujets. Votre implication émotionnelle a été jugée comme nocive au bon déroulement des expériences et c'est pour cela que la dissimulation des antécédents de SCP-485-FR a été votée.
Je ne cherche pas votre pardon, toutefois il est important que vous ayez connaissance des informations sur ce qu'il s'est passé en haut-lieu. Sachez aussi que le superviseur du dossier SCP-485-FR a insisté pour un affermissement du confinement. Il a aujourd'hui été démis de ses fonctions puisque nous avons découvert qu'il avait retardé la réception de certaines requêtes quant à la santé de SCP-485-FR. Ses motivations sont inconnues et une commission disciplinaire aura lieu dans les mois à venir afin de statuer de son avenir au sein de la Fondation.
Comme je vous le disais, ce qu'il s'est passé est regrettable et je tenais à vous faire savoir que j'en suis désolé. Cependant, ce dossier n'avait rien d'irrégulier et il n'est pas rare d'adopter un confinement plus strict après des incidents de cette envergure.
Je souhaite désormais parler en mon nom.
Désolé. Pour tout ce qu'il s'est passé.
Pardonne-moi, Alden.
Cinq incidents avec des collègues. Couverts. Pas revu avant la réunion pour le confinement.
12/08/2009
Visite équipe "Babel". Confidentiel. Alden reste stable et contribue aux recherches.SCP-485-FR décrit les hallucinations issues de ses crises d'angoisses comme des visualisations de sa conception du Néant. Il ressent «un creux dans la poitrine» peu avant la manifestation des effets anormaux. SCP-485-FR peut également accéder à d'autres espaces dans des conditions encore indéterminées. Lorsque SCP-485-FR réfléchit à l'un des quatre autres concepts répertoriés (Chaos, Ordre, Liberté, Infini) et qu'il atteint un état de concentration optimal, il lui est possible d'accéder à un état de Flow. Cela provoque immédiatement la manifestation des effets anormaux et plonge SCP-485-FR dans une transe hallucinatoire de laquelle il peut sortir suite à un contact extérieur violent ou après une durée comprise entre vingt et trente minutes. Note : Un état similaire à l'état de Flow a été observé chez SCP-485-FR lors de ses crises d'angoisse. Il est possible qu'il s'agisse du déclencheur des effets anormaux.
L'expansion des effets anormaux dans ce contexte est dépendante de la présence de vecteurs d'expansion. Ces effets peuvent se manifester seulement après une discussion prolongée portant sur la conception du Néant du sujet. Si le Sujet 2 (désigné Interlocuteur) comprend ou visualise la conception exprimée, il devient "vecteur" de l'expansion des effets anormaux. Il peut alors être désigné "SCP-485-FR-1" ou "Vecteur" et placé en Classe-E jusqu'à disparition de son statut de Vecteur. Note : Les Vecteurs ne perdant pas leur statut passé un délai de trois semaines doivent impérativement être transférés sur un autre Site. Les Vecteurs considérés comme permanents doivent être isolés et pris en charge en maintenant une distance minimale de deux cent mètres entre eux et SCP-485-FR.
Afin de déterminer le degré de réception de l'interlocuteur, une liste de critères a été établie. Elle doit être mise à la disposition de l'équipe de recherche et chaque Sujet 2 doit être évalué selon cette grille avant d'autoriser toute expérience impliquant une exposition du Sujet 2 aux effets de SCP-485-FR.
Trop d'amnésiques utilisés sur les sujets tests. Ce n'était pas une bonne idée. La compréhension n'est pas forcément liée à la mémoire. C'était davantage une question de structure neuronale affectée, mais la piste était trop expérimentale pour être envisagée à la place d'un examen plus approximatif mais stable.
12/10/2009 : Toujours aucune autorisation pour l'ajout d'un psychologue qualifié dans le personnel nécessaire au confinement. Mais on a le droit de lui parler en posant quelques limites nécessaires. Il dit que ça va. Les livres l'aident et ses économies lui permettent de s'en offrir avec l'autorisation des experts du confinement.
Lorsqu'un Vecteur et SCP-485-FR se trouvent dans un même espace fermé à moins de dix mètres l'un de l'autre et que les conditions de manifestation des effets anormaux sont remplies, ils disparaissent dans une matière translucide inaltérable (désignée SCP-485-FR-2). Il devient impossible d'accéder à l'espace où se trouvaient l'instance ainsi que SCP-485-FR. Après une durée comprise entre cinq minutes et deux heures, SCP-485-FR-2 se résorbe jusqu'à regagner les corps de SCP-485-FR et du Vecteur. Durant ce temps, la présence physique des sujets ne peut être confirmée. Selon les témoignages recueillis après les expériences, il est possible qu'ils soient délocalisés dans une dimension alternative correspondant au concept ayant mené à l'état de Flow ou à la crise d'angoisse. Il est possible pour SCP-485-FR et les Vecteurs concernés d'emporter dans cette dimension tous les objets qu'ils portent à l'instant du déploiement de SCP-485-FR-2.
Lorsque le nombre de vecteurs qualifiés pour la manifestation de la même itération des effets anormaux de SCP-485-FR est égal ou supérieur à sept, SCP-485-FR-2 se répand et restructure l'espace dans une zone de taille variable en fonction de plusieurs paramètres (degré de compréhension des Vecteurs, nombre de Vecteurs, éloignement des Vecteurs et de SCP-485-FR). Les espaces correspondent toujours aux descriptions faites des lieux observés par les Sujets tests dans SCP-485-FR-2. Ils sont cependant ouverts et il devient possible pour n'importe qui d'y accéder même sans qualification de Vecteur. Mais il n'est généralement pas possible d'en sortir avant que l'espace ne se résorbe de lui-même. L'incident 485-FR-3 permit la découverte de ces effets étendus.
Le 7 mars 2011.
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Incident 485-FR-3
Type d'incident : Manifestation d'effets anormaux non contrôlée
Durée de l'incident : 1 h
Bilan de l'incident :
- 3 membres du personnel de Classe D morts.
- 2 membres du personnel de Classe C morts.
- 8 membres du personnel de Classe C et D blessés.
- 14 membres du personnel de Classe C affectés psychologiquement.
- 36 membres du personnel de Classe C et D affectés par l'incident.
Déroulement de l'incident :
15 h 24 : Début de l'expérience sur le type d'espace N. Nombre de Vecteurs impliqués : 6. Les précédentes expériences ne suggéraient aucune complication possible.
15 h 26 : Transfert de D-9359, Vecteur, aperçu par SCP-485-FR. Note : Ce transfert n'était pas prévu et l'itinéraire encore moins. Nous soupçonnons le Dr █████ d'avoir organisé ceci afin de tester les effets étendus de SCP-485-FR. Une enquête et des sanctions sont requises.
15 h 27 - Début de l'incident : Les électrodes indiquent le passage de SCP-485-FR dans un état anxieux. SCP-485-FR-2 se manifeste mais différemment. SCP-485-FR et les Vecteurs s'éloignent sans que le bâtiment ne soit affecté. L'espace où se trouvaient les sujets est restructuré. Un immense labyrinthe à la couleur proche du noir s'étend à la place. La hauteur semble également vertigineuse mais, après vérification, les étages supérieurs n'ont pas été affectés par l'incident. L'espace touché représente une zone de 31 m², soit toute la salle utilisée pour les expériences. D-9359 est envoyé vérifier s'il est possible d'entrer dans cet espace. Entrée confirmée. D-9359 disparaît après quelques secondes en tournant dans le labyrinthe.15 h 30 : Arrivée des agents d'intervention tactiques sur les lieux après le départ de D-9359. 12 membres de l'équipe de recherche sont portés disparus, y compris les agents de surveillance requis.
15 h 35 : L'ordre de la direction est donnée : 9 agents d'intervention tactiques doivent être envoyés à l'intérieur pour neutraliser les menaces et récupérer l'équipe de recherche ainsi que SCP-485-FR.15 h 36 : Départ de l'équipe.
15 h 37 : Coupure totale des transmissions.
15 h 45 : Disparition de 7 membres du personnel de Classe C et D de l'étage supérieur.
16 h 01 : 3 agents d'intervention tactiques de l'équipe de surveillance sortent avec 6 membres de l'équipe de recherche. Blessures légères seulement, dommages psychologiques encore inconnus.
16 h 13 : SCP-485-FR-2 apparaît de nouveau et se résorbe progressivement, restructurant l'espace de la salle de test sans aucune dégradation. Réapparition du personnel disparu.
16 h 14 : Apparition de SCP-485-FR, visiblement terrifié. Ordre de la direction de le neutraliser sans délai, malgré l'absence d'hostilité et sa reddition immédiate.
16 h 15 : Récupération du personnel affecté, neutralisation de SCP-485-FR et transfert dans sa cellule de confinement.
<Fin de l'incident>
Remarques : Cet incident a permis de mettre en lumière la dangerosité des interactions avec SCP-485-FR. Il n'a aucun souvenir de ce qu'il s'est passé et affirme n'avoir fait que réfléchir entre le début de l'incident et sa fin. Il ne serait pas juste de considérer cet incident comme une tentative de brèche de confinement de la part de SCP-485-FR mais nous devons revoir notre approche de cette anomalie. En tant que responsable de laboratoire et superviseur des recherches, je demande des expériences cherchant à reproduire cette situation et la formation d'une unité spéciale afin de gérer les potentiels débordements. Il est clair que les membres de l'équipe de recherche actuelle seront des obstacles au bon déroulement de ces expériences, je demande donc à ce qu'ils soient écartés du dossier. Les Procédures de Confinement Spéciales doivent également être revues en conséquence.
J'ai été là-bas. C'était réellement le néant. La plus parfaite représentation de ce que peut être le néant. J'ai été mis en Classe-E après, le temps de me rétablir. Ils n'en ont pas fait mention, mais certains d'entre nous n'étaient plus capables de ressentir le toucher. Ils n'ont pas voulu m'écouter. Toutes les décisions ont été prises sans tenir compte de nos recommandations. L'incident était clairement hors de tout ce qu'on aurait pu attendre d'Alden. Il était passé d'anomalie docile et facilement gérée à une anomalie représentant un danger réel si mal surveillée.
La direction du Site, au regard de cet évènement, décida de poursuivre les expériences en réévaluant le traitement de SCP-485-FR. Les expériences concernant ces effets étendus nécessitant des moyens supplémentaires, une unité d'intervention tactique fut spécialement formée pour la gestion de potentiels futurs incidents du même type. Ses membres dirigeants furent choisis parmi les agents étant intervenu durant l'incident 485-FR-3.
Retrait du dossier de l'équipe 1 et création de l'équipe 2. L'unité 485-FR n'avait accès à aucune information sensible sur Alden, ni sur son identité. Nos accès ont été révoqués et on a été transférés sur d'autres sites après notre rétablissement relatif. On a récupéré nos anciens postes après que tout soit fini.
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Cher Docteur Alméras,
Je vous remercie de m'avoir envoyé ce dossier. Et je vous présente, par la même occasion, mes plus sincères excuses. Vous devez en être conscient, mais ce dossier est classé comme fermé et nous n'avons pas été autorisé à communiquer à ce sujet. Il va sans dire que nous sommes sûrement surveillés mais j'accepte ce risque. Vos efforts pour me rassurer étaient appréciables mais, ne nous voilons pas la face, nous savons tous les deux qu'il n'est pas réellement possible de garder un secret dans notre milieu. Je tiens aussi à vous avertir sur ce que vous êtes sûrement en train de faire. Vous prenez des risques, des risques inconsidérés. J'espère que vous entendrez raison et que vous prendrez le temps de remettre en question vos actions afin d'assainir votre lutte. Vous jouez avec plus gros que vous.
Je voulais commencer par revenir sur mes excuses. Nos excuses. Inutile de vous rappeler que nous ne savions rien, mais il faut comprendre que rien ne semblait anormal dans les dossiers, si ce n'est l'absence de photo des sujets de Classe D. C'est un agent d'entretien qui nous a informé qu'il y avait eu une réattribution des matricules peu avant celle du dossier. Le dossier psychiatrique qui nous avait été donné était aussi falsifié. Je n'explique pas toutes ces décisions. L'équipe n'était pas non plus unie devant les directives du département de recherche. Nous aurions pu nous opposer mais nous n'avions pas de raison légitime de le faire sinon les échecs successifs à contrôler les expériences. Les agents de l'équipe 485-FR ont aussi tenu à témoigner. Ils disaient ne pas en savoir beaucoup plus sinon qu'il y avait eu un incident conséquent, ce qui coïncidait avec les rapports qui nous avaient été donnés. Mais ils nous ont aussi spécifié que le traitement réservé à l'anomalie, le Dr Nemi, comme vous me l'avez dit, était devenu bien plus strict.
Une jeune docteure de l'équipe (dont je tairai le nom ici) avait demandé l'autorisation de discuter avec lui, contredisant les directives de recherches, afin de tenter de rétablir la stabilité de l'anomalie. Malheureusement, malgré le long délai de réponse, elle n'eut droit qu'à un transfert. Nous n'avons pas tout fait pour que les choses s'arrangent, mais nous avons réellement essayé de comprendre en ne dépassant pas le cadre qui nous était imposé. Ce qui sort de la norme est notre quotidien, je pense que vous le comprenez, malgré votre douleur. Il aurait été irrationnel de notre part de remettre en question ce qui était établi.
Je vous mentirai en disant que ce drame me terrasse, me détruit, car je ne connaissais rien de cet individu, je ne connaissais pas Alden Nemi. Et je n'étais pas autorisé à le connaître. J'ai vu un humain dépérir, un humain dangereux, une anomalie comme on m'en a confié des dizaines et j'ai vu sa mort comme un échec. J'ai été en colère contre la hiérarchie, contre tous les secrets. Je suis toujours plein de doutes, je n'arrive pas à comprendre pourquoi la direction a pris de telles décisions alors que tout cela aurait pu être empêché. Mais je suis resté professionnel, j'ai fait ce que je devais faire et même si je regrette de ne pas m'être levé contre ces actions, je ne peux pas m'en vouloir. Je suis désolé parce que je regrette, mais je ne me sens pas coupable, comprenez-le bien, je vous en prie.
Maintenant que j'ai vidé mon sac, passons à la suite.
Vous trouverez dans l'enveloppe, en plus de cette lettres, divers documents. Des témoignages que je suis parvenu à reconstituer ou obtenir auprès des anciens membres de la seconde équipe.
Comme dit auparavant, je ne me fais pas d'illusions, je sais que nous sommes probablement surveillés. Alors j'ai pris la liberté d'intervertir les noms et de supprimer toute information personnelle. Mais je veux aussi que cela fasse passer un message. La teneur de ce dernier est déjà détaillée.
Je réitère, une nouvelle fois, mes excuses, en mon nom et au nom de toute la seconde équipe, car si nous n'éprouvons pas de culpabilité, nous n'en sommes pas moins affectés par la gravité de cette histoire.
Mes plus sincères condoléances,
Dr P
Les expériences ne purent pas être complètement contrôlées et de nombreux incidents furent à déplorer, dont l'incident 485-FR-17 qui affecta l'intégralité de l'unité d'intervention tactique 485-FR rendant 80 % de ses membres inaptes aux opérations. Suite à ce dernier évènement et après la compilation des rapports dans le Document 485-FR-20, de nouvelles procédures de confinement furent établies afin de minimiser les risques et les expériences furent arrêtées le temps de trouver un moyen d'étudier l'anomalie en diminuant les risques.
2012. Mai.
SCP-485-FR fut neutralisé.
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Julien,
Nous avons reçu, individuellement, des réponses. Lacunaires, mais ces lacunes justifient la tâche dans laquelle tu t'es lancé. Tu veux comprendre ce qu'il s'est passé. Je le veux aussi. Pour te dire ce que je sais : la direction faisait face à des problèmes internes, notamment d'autres brèches de confinement, une sorte de sécurité renforcée a été instituée et toutes les demandes passaient d'abord par les superviseurs. Il semblerait que la direction rejette la responsabilité du reste sur nous, même s'il n'avait pas le pouvoir de mettre en place toutes les mesures suspectes. Je ne dis pas qu'ils mentent au sujet des problèmes internes, mais ils doivent cacher d'autres choses, des choses inadmissibles pour nous. Ils préfèrent donner des réponses qu'ils savent insuffisantes mais que nous ne sommes pas en droit de remettre en question, ils nous calment et ça m'irrite. Malheureusement, ça fonctionne. Je suis irritée, agacée, énervée parfois, mais je n'ai pas le cœur à aller les attaquer, à demander plus de réponses parce que je sais que ce serait stérile et que je finirai par croire ce qu'ils me disent.
Tu dois déjà avoir reçu quelques réponses négatives. Tu dois commencer à saisir que tout rentre dans l'ordre. L'erreur de la Fondation a été expliquée aux concernés mais ne doit pas faire l'objet d'un examen en place publique. Le dossier se trouvera accessible au détour de quelques autres fichiers et on louera la transparence de la Fondation. Moi non plus, je ne veux pas oublier Alden. Et toi, tu dois savoir ce que ça fait. Notre travail ne doit pas s'arrêter après avoir perdu un ami. C'est un échec pour la Fondation, un drame pour nous.
Les circonstances méritent d'être élucidées, je compte sur toi pour y parvenir.
Moi, je ne pleure plus. Plus depuis le mois dernier. J'y repense, je suis triste, mais ce n'est plus si difficile. Il me manque beaucoup, mais je sais qu'on peut continuer sans lui. Je ne leur en veux pas pour sa mort, je ne m'en veux pas non plus. C'est triste de se dire que je ne le vois plus que comme un dommage collatéral. Comme quelque chose qui pouvait arriver et qui est arrivé.
Et, malgré toutes les rumeurs, on n'a jamais été ensemble. Ni meilleurs amis.
Il avait une vision très utilitaire de la chose. Pour lui, on était juste présent l'un pour l'autre sans que ça ne coûte grand-chose de l'être. Et ce qui me fait le plus mal, c'est de savoir que je n'aurai plus jamais accès à ses conseils si précieux. Perdre quelqu'un, c'est perdre ce qu'il nous apportait. Et aussi perdre une part de nous. Je crois que j'ai perdu la part de moi que j'avais enfermée en lui. Et ce qui me meurtrit le plus, c'est que sans cette part, je ne peux pas savoir à quel point il était important.
Je n'ai plus grand-chose à dire, alors je te dis au revoir.
Séléné Calma
PS : Tu trouveras l'enregistrement du 15 avril dans la corbeille du poste 26. Dépêche-toi et broie le fichier.
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Interrogateur : Dr Alméras
Interrogé : D-0287Avant-propos : Après la transmission test 485-0287, plusieurs entretiens entre le responsable de l'équipe scientifique et l'Interlocuteur D-0287 furent effectués. Le présent document est une compilation des extraits jugés utiles au dossier par l'équipe de recherche.
Le sujet D-0287 fut ensuite identifié sous le matricule D-4381. Il n'a plus interagit avec Alden. Mais il a fait ce qu'il pouvait pour contribuer aux recherches. Il a disparu de la circulation après la clôture du dossier.
<Début de l'extrait no1>
Dr Alméras : Nous pouvons commencer. Donc, qu'avez-vous retenu de cet entretien ?
D-0287 : Excusez-moi, mais, il est vraiment dangereux ?
Dr Alméras : Ce n'est pas à vous de poser les questions.
D-0287 : …Eh, je suis habituée à voir des saloperies moi, pas des anciens docteurs avec des crises existentielles.
Dr Alméras : Vous avez été surprise par l'apparence de SCP-485-FR et sa personnalité, c'est bien cela ?
D-0287 : Oui. Enfin, il a fait une connerie ?Dr Alméras : 0287, cette situation est épineuse pour l'équipe de recherche que je représente et nous avons besoin de vos réponses. C'est aussi dans son intérêt à lui.
D-0287 : …D'accord. Pour vous répondre, c'est pas évident. Il est très serviable, gentil, et il prenait le temps de m'expliquer ce que je ne comprenais pas. Mais j'pense pas avoir saisi ce qu'il voulait exprimer, vous voyez ?
Dr Alméras : Vos premiers résultats montrent toutefois que vous êtes probablement devenue un vecteur de type C.
D-0287 : C'est pas parce que j'ai pas compris que je me suis pas senti mal ! Ça se passe dans les images, mais même pas vraiment par les images…
Dr Alméras : Les impressions ?
D-0287 : Non, en fait, ça passe par l'absence…
<Fin de l'extrait no1>
<Début de l'extrait no2>
Dr Alméras : …oui, nous allons bientôt reprendre les expériences.
D-0287 : Ah ! Mais je suis toujours qualifié pour ça ?
Dr Alméras : Vous êtes le premier cas de vecteur subsistant. Nous avons refusé d'accéder à vos demandes pour vérifier si c'était dû à notre indulgence ou à votre psychologie. Vous êtes toujours un Vecteur.
D-0287 : Vous êtes sûrs que vos tests fonctionnent ? Vous variez les questions mais j'suis pas complètement stupide, j'sais bien que ça veut dire la même chose.
Dr Alméras : Nous y avons pensé. Mais nous allons procéder à une vérification d'ici quelques heures. Vous allez y retourner.
D-0287 : Oh, merde.
Dr Alméras : J'aurais besoin que vous me décriviez ce que vous y avez vu la dernière fois.
D-0287 : D'abord, c'était pas tout noir, mais presque. Mais c'était pas sombre non plus. En fait, ça jouait sur ce que je pensais. J'ai cherché une source lumière et j'ai regardé mon ombre, mais il n'y avait ni l'une ni l'autre. Et pourtant je voyais bien mes jambes, mes mains. D'ailleurs, ça me gênait quand je regardais mes mains. Il n'y avait pas l'ombre de ma tête. Peu importe comment je me plaçais. Il n'y avait pas d'ombre, pas d'obscurité, même pas de lumière. J'avais juste à voir.
Dr Alméras : Je vous précise tout de même que ce que vous avez perçu est impossible physiquement. L'espace que vous décrivez ne respectait donc pas les règles physiques de notre univers ?
D-0287 : Ouais, c'était perturbant. En fait je voyais mais il n'y avait que la moitié des règles qui fonctionnaient. D'ailleurs, j'ai dit que c'était un labyrinthe ?
Dr Alméras : Vous l'avez dit.
D-0287 : Bah c'est pas exact. Un labyrinthe, normalement il y a une sortie. Et beaucoup de chemins qui nous font tourner en rond ? Ici, c'était juste un ensemble de murs et de chemins, parfois de petits passages sous les murs, parfois d'encadrements comme pour montrer des portes. Il n'y avait pas de chemin. Mais surtout, pas de sortie. Ni d'entrée.
Dr Alméras : Ce n'est pas parce que vous n'en avez pas vu qu'il n'y en a pas.
D-0287 : C'est ce que je me disais, mais je me suis rendu compte que je n'en cherchais même pas. Comme si l'idée même qu'il puisse en exister ne m'intéressait pas. C'était comme si je vivais là-dedans. Mais pas exister, vivre. Vous savez, quand on… merde, quand on fait en sorte de s'habituer au monde, comment on dit, déjà ?
Dr Alméras : Quand on s'accomode ?
D-0287 : Merci ! Je vivais là-dedans, je m'adaptais à ça comme si j'allais y vivre pour les trente prochaines années. Vous dites qu'on est restés combien de temps là-dedans ?
Dr Alméras : Trente minutes et dix-neuf secondes.
D-0287 : C'est bien ce qu'il me semblait. C'est passé lentement mais ça devait aussi être un peu l'ennui. Enfin les premières minutes étaient rapides, puis longues, puis rapides, vous voyez ?
Dr Alméras : Irrégularité de l'écoulement du temps ?
D-0287 : Mais non, c'était juste, subjectif ? Au départ, la frénésie, puis la stabilisation, puis l'action. Vous voyez ce que je veux dire ?
Dr Alméras : Oui.
D-0287 : Bon, et après j'ai juste marché. Ah et j'ai entendu des bruits de voitures, à un moment. Mais je n'ai rien vu d'autre que le labyrinthe donc je suppose que c'était mon imagination.
Dr Alméras : Et ensuite ?
D-0287 : J'ai fermé les yeux et je me suis retrouvé dans la salle de test avec Ald…
Dr Alméras : SCP-485-FR.
D-0287 : Oui, avec SCP-485-FR.<Fin de l'extrait no2>
<Début de l'extrait no3>
D-0287 : …je crois que c'était pour ça.
Dr Alméras : Et qu'est-ce que vous avez trouvé, dans cette ville ?
D-0287 : C'était bizarre mais j'ai l'impression que c'était surtout de la solitude. Enfin, il y avait des gens…
Dr Alméras : Vous en reconnaissiez ?
D-0287 : Pas vraiment. Il y avait des visages familiers mais comme quand on se balade dans la rue et qu'on croise des gens en se disant qu'ils ressemblent à d'autres. Mais je n'avais pas envie d'aller vérifier, de leur parler.
Dr Alméras : Ce n'est pas la première fois que vous évoquez une impression d'influence mentale, vous pouvez développer ?
D-0287 : C'est pas du tout lié ! En fait, je sais pas si ce qu'il se passe là-bas touche à mes pensées mais j'en avais pas l'impression. Quand je suis au milieu d'une foule de gens qui avancent, se parlent entre gens qui se connaissent mais que moi je ne connais personne, j'essaie de faire profil bas. Je reste tranquille et je trace ma route. D'ailleurs, je cherchais une sortie.
Dr Alméras : Pour aller où ?
D-0287 : Je ne sais pas, mais je savais que ce n'était pas réel, que c'était un espace autre, qu'il y avait quelque chose en dehors de ça. J'avais l'impression que c'était une des portes du labyrinthe qui m'avait menée là.
Dr Alméras : Une porte ?
D-0287 : Oui, les encadrements de pierre, y avait pas de porte avec une poignée, ni de plaque dans ces encadrements en fait.
Dr Alméras : Je note. Mais vous n'êtes pas sûr que c'est ça qui vous y a mené ?
D-0287 : Tout juste, auguste. J'en savais rien. J'en sais pas plus actuellement. Mais au bout d'un moment, j'ai eu envie de parler à quelqu'un, alors j'ai essayé de saluer un vieux, planté sur une chaise en terrasse d'un petit café. Ils sont sympas, les ancêtres.
Dr Alméras : Il vous a répondu ?
D-0287 : Non, c'est là que ça s'est un peu gâté. Vous vous souvenez comment j'étais en sortant de ça ?
Dr Alméras : C'est pour ça que cet entretien a lieu aussi tard, nous avions besoin d'être sûrs que vous aviez récupéré psychologiquement.
D-0287 : Ouais, bah quand j'ai voulu taper sur l'épaule du vieux, j'ai disparu. Mais j'ai cessé d'exister…
Dr Alméras : Qu'avez-vous ressenti ?
D-0287 : Plus rien à part un trou.
Dr Alméras : Un vide ?
D-0287 : Ouais. Non. Un creux. Il disait que c'était un creux.
Dr Alméras : SCP-485-FR disait ça ?
D-0287 : Avant que vous nous récupériez, il m'a vu me tenir la poitrine et a pointé la sienne. Il m'en avait déjà parlé. Et, j'sais pas si c'est quelque chose que vous expérimentez souvent, mais j'avais l'impression que c'était comme il me l'avait décrit. Ça pulsait là-dedans. C'était un creux vivant. Pas vide, du coup. Mais une cavité qui n'appartenait pas à mon corps.
<Fin de l'extrait no3>
<Début de l'extrait no4>
Dr Alméras : Bon, ça fait longtemps. J'ai lu le rapport psychiatrique, donc je sais ce que vous avez décrit, mais j'aimerais en discuter avec vous. Pour qu'on garde une trace.
D-0287 : Normal.
Dr Alméras : Alors, est-ce que vous voudriez dire quelque chose ?
D-0287 : Désolé, ça se bouscule un peu. Mais je me demande toujours la même chose depuis quelques jours…
Dr Alméras : Oui ?
D-0287 : Comment fait-on pour vivre ?
Dr Alméras : …Mais encore ?
D-0287 : Comment est-ce que l'on fait pour vivre ? Je veux pas avoir l'air de faire l'enfant un peu perdu qui se demande à quoi sert la vie. Mais après ce qu'il… ce que… ce que j'ai senti, je me demande juste comment on a fait pour vivre jusque-là.
Dr Alméras : …
D-0287 : C'est insupportable. J'ai pas l'impression d'être éveillée ou d'avoir été aveugle, juste je me demande comment on fait, une fois qu'on a posé les yeux dessus. Comment on fait pour se dire que ça vaut le coup de continuer ? C'est pas que c'est vide, c'est pas que c'est trop dur, c'est pas qu'il n'y a pas de sens, c'est qu'il n'y en aura plus.
(silence)
D-0287 : Faut vraiment rien comprendre pour penser que tout ça sert à quelque chose.
Dr Alméras : S'il vous plaît, pourriez-vous me décrire ce que vous avez vu ?
D-0287 : Je n'ai rien vu, c'était ça le concept. Je voyais que je ne voyais rien. Je pensais percevoir du blanc mais je ne percevais rien. Je pensais percevoir du noir mais je ne percevais rien. Tout était… tout n'était pas vide, parce qu'il n'y avait même pas d'espace pour être vide. Tout était… Il n'y avait pas de tout. Rien n'était. Je n'existais pas. J'avais conscience que je n'avais pas conscience de ne pas exister… Merde. J'ai mal au ventre… y a pas de mots pour cette… non-existence… et c'était… comme maintenant. Je m'enfonçais, peu à peu, dans cette conscience…
Dr Alméras : (silence)
D-0287 : Et lui, il m'en avait déjà parlé. Vous pensez qu'il ressent ça, tous les jours ? À chaque expérience ?
<Fin de l'extrait no4>
<Extrait no5>
D-0287 : J'aimais bien les expériences plus douces, aussi.
Moi : Comment ça ?
D-0287 : Celles où vous nous autorisiez à parler d'autre chose que le monde dans sa réalité, mais des trucs comme la beauté, l'infini bonheur, ces conceptions là me parlaient plus.
Moi : Nous n'avons pas l'autorisation de poursuivre ce type d'expériences, je suis désolé.
D-0287 : Pourquoi ? On en apprend bien plus sur lui comme ça, non ?
Moi : Peut-être, mais les effets ne sont pas dangereux. Et comme son confinement est encore instable, il vaut mieux nous concentrer sur ce qui peut poser problème.
D-0287 : C'est dommage.
Il n'y avait pas d'autre danger que celui que nous voulions voir.
Addendum 1 - Documentation des recherches
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SCP-485-FR doit être confiné dans une cellule pour humanoïde de 13 m² comportant un lit, un lavabo, des toilettes séparées et un bureau. Une caméra doit être placée dans les toilettes et une dans la pièce. Le personnel assigné au confinement de SCP-485-FR doit compter en permanence trois gardes, un agent assigné à la surveillance vidéo et un agent d'entretien. Trois repas par jour doivent lui être proposés et amenés à sa demande. Les repas sont les mêmes que pour les autres membres du personnel. En raison des antécédents de SCP-485-FR au sein de la Fondation, le personnel assigné à la surveillance de SCP-485-FR est prié de se montrer courtois et compréhensif. SCP-485-FR est autorisé à formuler des requêtes via une interface de communication textuelle placée près de la porte de sa cellule.
Lors d'une visite de l'équipe de recherche et pour les transferts, six agents d'intervention tactique doivent être dépêchés pour assurer la sécurité du transfert et de l'interaction avec SCP-485-FR. Il n'est pas autorisé à adresser la parole au personnel d'entretien et toute tentative de la part de l'objet SCP-485-FR d'outrepasser cette règle doit entraîner une sédation immédiate. Les gardes doivent disposer de pistolets à seringues prévus à cet effet. Les salles où sont effectuées les expérimentations préliminaires doivent être complètement insonorisées. SCP-485-FR peut disposer d'un carnet, de stylos ainsi que d'un ordinateur sans accès à internet. La carte réseau doit être supprimée de l'appareil. Un logiciel de traitement de texte doit être installé et divers documents peuvent lui être apportés à sa demande.
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SCP-485-FR doit être confiné dans une cellule pour humanoïde complètement insonorisée de 10 m² comportant un lit, un lavabo et des toilettes. Une caméra doit être placée dans la pièce. Le personnel assigné au confinement de SCP-485-FR doit compter en permanence trois gardes, un agent assigné à la surveillance vidéo et un agent d'entretien. Trois repas par jour doivent lui être amenés.
Lors d'une visite de l'équipe de recherche et pour les transferts, six agents d'intervention tactique doivent être dépêchés pour assurer la sécurité du transfert et de l'interaction avec SCP-485-FR. L'objet SCP-485-FR ne doit en aucun cas chercher à communiquer avec le personnel assigné à son confinement, peu importe le moyen. Toute tentative d'outrepasser cette règle doit entraîner une sédation immédiate. Les gardes doivent disposer de pistolets à seringues prévus à cet effet.
Les expérimentations impliquant SCP-485-FR doivent se faire dans des salles totalement insonorisées et les consignes de communication être établies au préalable par l'équipe de chercheurs puis respectées à la lettre. Les expériences impliquant la présence d'un nombre d'instances de SCP-485-FR strictement inférieur à sept justifient la présence de six à douze agents de l'unité d'intervention tactique 485-FR durant toute la durée des expériences. Les expériences impliquant la présence d'un nombre de Vecteurs supérieur ou égal à sept justifient la présence de la totalité de l'unité d'intervention tactique 485-FR (trente agents) durant toute la durée des expériences. En cas de manifestation des effets anormaux de SCP-485-FR hors du cadre défini par l'équipe de chercheurs, l'unité d'intervention tactique 485-FR doit être envoyée sur place immédiatement afin de mettre fin à la brèche de Confinement.
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SCP-485-FR doit être confiné au Site-Beth, dans une cellule pour humanoïde complètement insonorisée de 10 m² comportant un lit, un lavabo et des toilettes. Une caméra doit être placée dans la pièce. Le personnel assigné au confinement de SCP-485-FR doit compter en permanence trois gardes, un agent assigné à la surveillance vidéo et un agent d'entretien. Trois repas par jour doivent lui être amenés.
L'objet SCP-485-FR ne doit en aucun cas chercher à communiquer avec le personnel assigné à son confinement, peu importe le moyen. Toute tentative d'outrepasser cette règle doit entraîner une sédation immédiate. Les gardes doivent disposer de pistolets à seringues prévus à cet effet. Aucune expérience impliquant SCP-485-FR n'est autorisée. En cas de manifestation des effets anormaux de SCP-485-FR, l'unité d'intervention tactique 485-FR doit être envoyée sur place immédiatement afin de mettre fin à la brèche de Confinement.
Ces procédures étaient inadaptées et n'ont pas été revues avant la mort d'Alden. Les experts du confinement refusent de communiquer à ce sujet. Il n'est pas possible d'affirmer que la direction y est pour quelque chose mais les nouvelles mesures devant se faire en collaboration avec l'équipe scientifique, que ces Procédures soient aussi éloignées des recommandations faites par l'équipe de recherche est intrigant.
Addendum 2 - Documentation des recherches
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Données importantes : Dans chaque type d'espace se trouvent différentes strates chacune correspondant à un certain degré de compréhension des Vecteurs du concept émis par SCP-485-FR. Un Vecteur ayant une compréhension de degré 1 du concept de Néant mais une compréhension de degré 0 du concept de Liberté permettra la manifestation (appelée "émission") des effets étendus de SCP-485-FR dans le cas d'une émission du Néant mais pas dans le cas d'une émission de la Liberté.
Le type d'espace principal (désigné "espace N") est une dimension liée au concept de Néant. Les autres types d'espaces sont liés à la Liberté (désigné "espace L"), au Chaos (désigné "espace C"), à l'Ordre (désigné "espace O") et à l'Infini (désigné "espace I").
Espace N - Néant : Strate 1
Description de l'espace : Espace labyrinthique d'une couleur proche du noir. Limites spatiales inconnues. Possibilité de voir malgré l'absence de lumière. Concept de lumière inexistant. Possibilité de ressentir la douleur physique. Absence de perception de température. Les règles physiques de cet espace sont affectées par l'absence de plusieurs composants de la réalité.
Espace N - Néant : Strate 2
Description de l'espace : Milieu urbain, de nombreuses entités humanoïdes y vivent. Impossibilité d'interagir avec ces entités sans perdre de nombreuses sensations jusqu'à la fin des effets anormaux de SCP-485-FR. Les règles physiques semblent rétablies dans l'environnement. Il est possible pour toute personne présente dans cet espace de s'affranchir de ces règles mais les conséquences ne sont pas contrôlables.
Espace N - Néant : Strate 3
Description de l'espace : Se référer à l'entretien de D-0287.
Espace L - Liberté : Strate 1
Description de l'espace : Milieu urbain, entités humanoïdes. Les entités sont décrites comme irrationnelles, ne tenant pas en place, prenant les fonctions des autres d'une seconde à l'autre, s'attaquant sans raison. Les individus atteignant cette strate rapportent se prendre petit à petit au jeu et entendre progressivement des chaînes cliqueter voire se briser.
Espace L - Liberté : Strate 2
Description de l'espace : Espace complètement blanc avec des flèches sur lesquelles sont inscrits différents choix de vie possibles permettant à l'individu, s'il marche sur les flèches, de modeler un espace comme il le souhaite en suivant les choix lui convenant. Les environnements se structurent en conséquences des choix faits par l'individu.
Espace L - Liberté : Strate 3
Description de l'espace : Les Sujets ayant atteint cette strate n'étaient plus en état de la décrire précisément. Les informations sont donc minimes. "J'étais tout ce que je peux, aurais pu, et pourrai être en même temps. Je pouvais tout faire, je pouvais tout voir…"
Espace C - Chaos : Strate 1
Description de l'espace : Espace principalement coloré en rouge et en noir, comportant de nombreuses créatures transfigurées ou monstrueuses. Les entités rencontrées ne sont pas toujours agressives mais peuvent changer de comportement sans raison apparente en fonction des personnes croisées. L'espace bien que fixe est particulièrement labyrinthique mais divers espaces internes existent. Note : les premières strates ressemblent généralement à des conceptions vagues, immatures, comme on essaierait d'exprimer un concept pour en faire un univers pour des histoires de fiction. Ils n'apportent pas d'informations essentielles. Je recommande de concentrer les efforts sur les strates 3.
Espace C - Chaos : Strate 2
Description de l'espace : Aucune différence majeure avec la strate 1. Les espaces internes spécifiques sont désormais considérés comme trop dangereux pour autoriser les expériences. Note : Le personnel de Classe D, s'il atteint la compréhension nécessaire à la strate 2, ne doit pas être gaspillé comme on a pu le suggérer. Poussez les entretiens, nous sommes proches du but.
Espace C - Chaos : Strate 3
Description de l'espace : Espace de couleur sans cesse changeante où l'individu est en face d'un double de lui-même se modifiant sans cesse selon des transfigurations aléatoires. Les visions décrites par les Sujets ayant atteint cette strate rapportent que certains doubles auraient été changés en univers complets voire en d'autres visions des concepts.
Espace O - Ordre : Strate 1
Description de l'espace : Gigantesque espace blanc cubique contenant un ensemble de cubes de pierre noire placés les uns sur les autres ou encastrés dans les autres dans une structure pyramidale. La pierre est décrite comme immuable et toute altération est aussitôt annulée. Cette altération et toutes les traces de cette altération n'existent plus. Il est possible d'escalader la structure mais rien ne se passe.
Espace O - Ordre : Strate 2
Description de l'espace : Même espace blanc cubique. Les cubes de l'ensemble sont plus gros et moins nombreux mais la structure pyramidale se dégage toujours. L'escalade est plus difficile compte tenu de la hauteur des blocs. Les sujets décrivent cependant ne pas avoir eu envie de bouger, d'escalader, ou de chercher à altérer l'ensemble, malgré les instructions des chercheurs. Les quelques tentatives n'ont pas abouti.
Espace O - Ordre : Strate 3
Description de l'espace : Unique bloc noir se tient dans un espace complètement blanc. Le sujet ne peut pas se déplacer et est contraint de regarder le bloc jusqu'à la fin des effets anormaux de SCP-485-FR. Les sujets rapportent avoir été dans l'incapacité de penser à autre chose que le bloc noir ainsi que d'avoir été dans l'incapacité de bouger les yeux, de les fermer, ou de bouger la tête.
Espace I - Infini : Strate Unique
Description de l'espace : Espace infini. Toutes les autres informations obtenues sont insuffisantes et trop diverses pour permettre de confirmer l'existence d'autres strates ou d'une unique strate ayant des formes variables.
Note sur l'Infini : il est possible que la conceptualisation de l'infini soit plus étendue que nous le pensions étant donnée la proximité entre ce type d'espace et les autres. Nous avons pensé à une fonction adjectivale de l'infini qui permettrait d'expérimenter davantage de concepts en les associant à l'infini. "Infini connaissance", par exemple. - Suggestion refusée par la direction du département de recherches du Site-Beth.
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Tentative de mélange "Ordre" et "Chaos"
Résultat : Échec
Notes : Les mélanges de concepts absolus opposés ont peu de chance d'aboutir. Il serait plus intéressant de se pencher sur d'autres idées.
Ajout : Il est possible que ce paradoxe soit à la base de l'incident. Un chaos ordonné ne donne pas forcément une harmonie, pourtant le mélange semblait parfait. Aussi bien dans la musique qui se jouait que dans chaque élan de couleur inarrêtable.
Lundi 18
La Liberté et l'Infini ont bien des choses en commun. Bien, sûr, l'on envisage souvent les possibilités permises par une liberté absolue comme infinies, toutefois, la Liberté est souvent restreinte par les cadres de l'existence. Aussi, il est possible que parler d'une liberté infinie soit un pléonasme, ou plutôt une manière de redonner à ce concept sa valeur originelle.
Les membres de l'équipe de recherche m'ont demandé de me pencher sur la question et d'en parler à mes interlocuteurs. Mais cela n'a pas grand intérêt.
Mardi 19
J'ai eu bien du mal à exprimer ce dont je me rappelais. Je crois me souvenir avoir vaguement été quelque chose puis autre chose. En tout cas, je n'y voyais pas clair. Sûrement des yeux différents ou défectueux. La liberté d'être ce que l'on peut être, la liberté de ne pas choisir, de ne faire que suivre des réactions chimiques. Et encore, il y a eu des moments plus clairs que d'autres. Oh, et tout autour, j'avais l'impression que le monde changeait aussi, comme s'il était libre d'être autrement. Les lois physiques n'étaient pas en reste. C'était une expérience intéressante. Sortir du référentiel humain est une bonne chose. Bien que je ne me souvienne que vaguement de cette étrange montagne, toujours présente, qu'importe les paysages. Et cette rivière. Pourquoi seulement deux constantes ?
D-1698 : Et là, j'ai cru voir une fleur. J'étais plus habitué à des saloperies angoissantes, mais c'était cohérent. Par rapport à ce dont on avait discuté avant.
Dr ████ : Je vois, il s'agissait de quel type d'espace ?
D-1698 : Comme c'est marqué sur votre rapport, une histoire d'infini et de bonheur.
Dr ████ : Hm, c'est vrai. Cependant, selon SCP-485-FR, il s'agissait plus d'une sorte de visualisation de la notion de "bon".
D-1698 : Dans le sens d'un truc bénéfique ?
Dr ████ : C'est l'idée, vous l'avez ressenti comme ça ?
D-1698 : Bah c'est sûr que c'était pas juste un p'tit plaisir, et j'avais pas non plus envie de rien branler.
Dr ████ : Très bien, vous pourriez décrire plus précisément ce que vous voyiez ?
D-1698 : Ouais, bon faut comprendre qu'il n'y avait pas qu'un petit coin. Ça s'étendait à perte de vue. Des immeubles, des gens qui discutaient, des champs, des arbres, des fleurs, des terrains de sports. C'était très urbain et naturel, cet endroit, j'saurais pas trop comment vous dire.
Dr ████ : Pour l'instant, vous ne vous en sortez pas trop mal.
D-1698 : Et j'avais vraiment envie de m'arrêter sur chaque détail, de prendre le temps d'écouter les gens, de discuter avec eux. Comme je vous le disais, ça donnait envie d'être actif. C'était très stimulant. Et il y avait plein de choses pour écrire, peindre, dessiner, jouer de la musique… En fait, on avait l'impression d'être dans une sorte de Paradis mais sur terre. Tout ce qui peut rendre une existence pleine. Pas heureuse, mais pleine. Ça donnait envie de faire plein de choses, de grandir, d'apprendre.
Dimanche
Le Chaos et l'Ordre forment l'esprit. Le mouvement et la structure. La structure canalisant, ordonnant le mouvement, et le mouvement modelant la structure. Lorsque je mêle ces choses entre elles, lorsque j'accepte de leur faire voir, je les emmène dans leur esprit.
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Cher monsieur Alméras,
Je vous envoie toutes mes condoléances suite à la mort d'Alden. Moi et les autres membres de l'équipe, nous lui avions pardonné depuis bien longtemps pour cet incident.
Lorsque vous m'avez contacté le mois dernier, je ne savais pas quoi vous répondre. J'ai donc mené mes recherches de mon côté et les bandes vidéos dont vous parliez ont été supprimées. Même si je me souviens de sa voix. Ce qu'il s'est passé, cette nuit, je ne m'en souviens plus. Il y a eu une histoire de bonheur, d'infini. Mais je me souviens d'un dernier mot, si cela peut aider : nuance.
J'aimerais pouvoir vous joindre et converser avec vous mais je pense qu'il vaut mieux que nous restions discrets, pour l'instant. J'espère cependant que vous vous portez bien. Je vais continuer d'enquêter, il est très étrange que cela ne soit pas déjà publiquement reconnu. Restez chez vous, pour l'instant. Un collègue m'a suggéré qu'il était possible que cette erreur ait été orchestrée. Ce n'est qu'une possibilité, mais si c'est le cas, je n'ai pas connaissance de la raison.
Portez-vous bien,
████ ███████
Addendum 3 - Enregistrement du personnel
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Bonjour, je suis le Dr Elren, chercheur de l'équipe de recherche assigné au confinement de SCP-485-FR. Je suis devant la cellule de confinement. Il est 8 h du matin, nous sommes le 19 mai. SCP-485-FR a été retrouvé mort. Aucun comportement suicidaire n'avait été observé auparavant, aucune pulsion autodestructrice non plus. Il a, vraisemblablement, profité de la relève de l'agent de surveillance pour dévier légèrement les caméras. Le temps que l'agent s'installe et remette les caméras dans le bon angle, il était déjà mort. Il a été très silencieux car aucune activité sonore anormale ne fut détectée par les capteurs présents à l'intérieur de la pièce. La porte de la cellule de confinement était entravée, quelque chose de coincé dans la serrure. On attend le rapport pour ça. Mais voilà, SCP-485-FR est mort, ce qui marque la fin de la mission de la Fondation à son sujet.
En l'absence de manifestation d'effets anormaux liés aux Vecteurs encore actifs, c'est-à-dire deux personnes, le dossier devra être transféré aux archives et nos rapports au Comité d'Éthique pour déterminer la responsabilité de la direction et de l'équipe de recherche dans cet incident. Les conditions de confinement de SCP-485-FR devront être remises en cause car n'ayant pas permis la stabilité du confinement ni l'efficacité des expériences. Les résultats obtenus par l'équipe de recherche sont considérés comme insuffisants. Bon, en gros ça nous retombe dessus. Je tiens à signaler que les nouvelles procédures de confinement spéciales ont été établies sans contact avec l'anomalie par une équipe d'experts du confinement n'ayant eu accès qu'aux rapports d'incidents. De plus, nous n'avions pas accès auparavant au dossier psychiatrique de SCP-485-FR qui nous a été communiqué seulement ce matin par la direction.
Hein ? Ah, la mort. Bon, selon le rapport préliminaire, il s'est planté… bordel, c'est sérieux ? Pardon, bon, il a pris des débris de couverts en plastique, tous brisés au niveau du manche, et les a plantés dans sa gorge. Les autres détails ne sont pas nécessaires. Mais il était déterminé à mourir rapidement, vous lirez le rapport d'autopsie. Il n'était pas possible de le sauver à partir du moment où sa tentative de suicide a été confirmée. La négligence des agents est explicable étant donnée l'absence d'antécédents et de consigne à ce sujet venant de l'équipe de recherche.
Bon, ça devrait être bon. Coupez. Ah, c'est ce bouton. Oui, là…
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<Début de l'enregistrement>
Dr Szendy : Bonjour, Alden, installez-vous. Comment allez-vous depuis la dernière fois ?
Alden : Bien, correctement… C'est compliqué à dire, parce que je ne me sens pas mal, je n'ai pas trop d'accès d'angoisses. Pourtant, tout peut revenir en un instant, en une pensée qui en entraînera une autre et qui me poussera probablement vers le fond.
Dr Szendy : Vous avez peur que ça revienne ?
Alden : Je n'ai pas peur. La peur, c'est immédiat. La crainte, c'est quand on sent quelque chose s'approcher. La terreur c'est quand on est face à quelque chose de terrifiant, quelque chose qui nous menace. J'appréhende, voilà. Vous voyez l'infini ? Non, c'est normal de l'appréhender, parce qu'on ne peut pas le voir, on ne peut qu'être conscient de son omniprésence.
Dr Szendy : Et cette appréhension, elle est incapacitante ?
Alden : Par écho, oui. J'aimerais bien avoir des gens autour qui me comprennent, enfin pas en tant que personne. Mais qui comprennent ce que je crains. J'aimerais avoir la certitude d'être ou de ne pas être le seul à voir cette fin comme le pire des châtiments. On n'en parle pas souvent. Enfin, ce n'est pas un sujet qu'on peut lancer comme ça.
Dr Szendy : La solitude vous pèse, dans cette douleur. Vous avez eu raison de vous corriger, mais je pense que c'est révélateur. Vous savez que vous ne pouvez pas être compris en tant qu'individu mais vous aimeriez que ce soit possible. Vous aimeriez pouvoir compter sur certaines personnes autour de vous pour comprendre votre souffrance et pour vous y assister. Mais ce souhait est aussi belliqueux. Plein de ressentiment.
Alden : En quoi ?
Dr Szendy : Vous m'avez beaucoup parlé de toutes ces choses qui vous pèsent, du néant, de la mort qui vous cause ces crises. Mais si une chose en est ressortie, c'est que vous n'êtes pas capable de l'affronter. Que même en ayant autour de vous un entourage aimant, qui vous soutient, vous n'arrivez pas à y échapper. Vous êtes souvent seul au fond de ces angoisses et vous voyez tous ceux qui vous entourent ne pas comprendre, y être étrangers. Vous voulez recevoir de l'aide, vous appréciez les mains qu'on vous tend, mais vous êtes aussi fâché, agacé de voir ces gens ne pas ressentir votre peine. Vous vous sentez abandonné même si ce n'est pas le cas. Et cette solitude dans la douleur, vous voulez la combler en faisant tomber les autres dans votre fosse.
Alden : Je n'y pensais pas vraiment comme ça. J'ai toujours pensé vouloir de la compréhension. Savoir que les gens ne minimiseraient pas ce que je ressens, ce que j'éprouve, simplement parce que ça leur est étranger, parce que eux vivent bien avec. Et puis, comme je vous le disais, je n'aime pas trop en parler parce que je sais que ça met mal à l'aise les autres. Qu'on ne souhaite pas tous avoir une discussion profonde sur les implications du néant dans notre existence et aussi sur la consistance de notre non existence. Ce creux dévorant, dans la poitrine, je ne le souhaite pas aux autres. D'ailleurs, c'est sur sa présence que j'interroge les gens, sans plus de détails. Ceux qui appréhendent l'existence d'une manière similaire à la mienne comprennent et s'expriment. Ceux qui ne voient pas de quoi je parle… et bien, c'est qu'ils ne peuvent pas comprendre et on passe à autre chose.
Dr Szendy : Vous ne pensez pas éprouver de ressentiment pour le monde ?
Alden : J'en éprouve évidemment un peu, mais si je le laissais me dominer, alors je ne serais pas ici. Je serais occupé à répandre cette douleur partout où je le pourrais, avec des justifications sûrement proches du fanatisme.
Dr Szendy : Du fanatisme ? Pourquoi ce choix de mot ?
Alden : Je connaissais quelqu'un qui comprenait globalement cette douleur mais qui, comme vous l'avez dit, était rempli de ressentiment et cherchait à forcer les autres à comprendre. Un jour, il m'a parlé d'autres gens qui comprenaient et de leurs objectifs. C'est peut-être pour ça que je ne veux pas pousser les gens à souffrir, parce que j'ai vu l'état de ceux qui le désiraient, ça m'en a écarté.
Dr Szendy : Un groupe, du fanatisme, il y a un culte autour du néant ?
Alden : C'est un peu fort, en réalité je n'en sais rien. Je n'ai pas gardé contact après ces derniers échanges.
Dr Szendy : Vous l'avez privé, et vous vous êtes privé vous-même, d'une personne qui comprenait cette douleur parce que votre manière d'y réagir était différente de la sienne ? Parce que vous n'aimiez pas ce que vous voyiez de vous en cette personne ?
Alden : C'est une conséquence, oui. Est-ce un reproche ?
Dr Szendy : Je ne le voyais pas ainsi, je voulais juste vous montrer que, comme vous l'avez dit, si vous éprouvez du ressentiment, vous le refoulez, vous cherchez à le fuir. Vous ne voulez pas qu'il existe autour de vous. Ce n'est pas un reproche, c'est un constat. Vous savez que vous n'êtes pas quelqu'un de fondamentalement bon. Mais vous cherchez à vous améliorer, vous avez une vision claire de ce que vous voulez être. De qui vous voulez devenir. Et vous avancez sur ce chemin, malgré la douleur. Vous êtes soucieux des autres et de vous. Cet équilibre doit être salué. Vous pouvez être fier de vous. Mais ce ressentiment que vous refoulez peut l'être parce qu'il existe des personnes moins vertueuses que vous. Des personnes qui restent sur le côté, que vous laissez sur le côté, parce que vous ne voulez pas de ça pour votre vie.
Alden : Je ne peux pas porter le monde sur mes épaules, ni porter des douleurs aussi intenses que la mienne. J'ai déjà mon fardeau.
Dr Szendy : Et pourtant vous cherchez des gens qui vous comprennent, des gens qui portent un fardeau semblable au vôtre. Vous ne voulez pas porter leur fardeau, mais vous leur faites porter partiellement le vôtre dans l'espoir qu'ils comprennent. Et vous devez en avoir conscience. Penser à cette douleur, à ces mots, à ce creux, vous cause déjà beaucoup de souci. Alors lorsque vous faites en sorte que les autres le conçoivent, vous leur infligez ce fardeau.
Alden : Vous avez en partie raison. Je ne supporte pas l'idée d'être seul. Je ne veux pas être seul à affronter tout ça. Mais vous avez aussi tort, et je vous l'ai déjà dit. Je ne force pas les gens à comprendre, je leur demande s'ils ressentent quelque chose de similaire et s'ils me répondent oui alors je me permets de pousser les questions. Je ne détaille pas, je parle seulement du creux dans la poitrine.
Dr Szendy : Je ne veux pas vous faire culpabiliser, je cherche seulement à voir à quel point vous êtes lucide sur vous-même. Et vos réponses sont encourageantes. Vous êtes conscients des volontés qui s'affrontent en vous et pourtant vous semblez accorder davantage de temps et de ressources à la vertu. Je ne peux que vous en féliciter. Tant que vous vous sentez à l'aise avec la personne que vous êtes. Mais est-ce le cas ?
Alden : Dans ce que je suis, dans le rôle que j'exerce dans ce monde et dans ce que je fais, je trouve que je m'en sors plutôt bien. Mais pour ce qui est du qui je suis avec les autres… Je doute de plus en plus.
Dr Szendy : Voulez-vous en parler davantage ?
Alden : J'ai toujours ce besoin viscéral de trouver des gens qui puissent comprendre, à défaut de rencontrer ceux qui comprennent déjà. Mais je ne veux pas leur imposer. Et même si parfois je me laisse aller en leur expliquant, ils sont souvent incapables de bien comprendre. Ce n'est pas une question de capacités cognitives, d'intelligence, seulement de perception. Du coup, je me demande alors si je ne fais pas ça pour rien, si je ne m'immisce pas dans des vies, dans des pensées, pour rien, sinon pour trouver un peu de réconfort en me donnant l'impression de faire ce qu'il faut pour être entendu, pour être écouté.
Dr Szendy : Comment vous voyez-vous ?
Alden : Comme une grande gueule, et je ne pense pas être très éloigné de la réalité. Mais ce n'est pas grave. Je parle beaucoup. Et, je ne vous apprends rien, mais la manière dont on parle, dont on s'adresse aux autres, en dit beaucoup sur nous et sur ce que nous cherchons avec eux. Je pense que c'est pour ça que je suis aussi expressif, j'ai envie qu'on puisse me lire facilement.
Dr Szendy : Certainement… Mais trop de paroles peuvent brouiller la perception.
Alden : Évidemment, mais tout dépend des détails qu'on regarde. Par exemple, on vouvoie souvent un professionnel, ou un docteur, pour mettre une distance et pour montrer le respect avec lequel on s'attend à être traité. Avec des amis dans des hautes sphères, pour se rassurer de notre place, on vouvoie également, afin de marquer une distance par rapport à d'autres. Le tutoiement est réservé aux inférieurs pour lesquels on n'a pas de considération, ou pour les amis proches. On vouvoie pour tenir à distance ou respecter, on tutoie pour aimer ou mépriser. En fait, même dit comme ça, on voit que ce n'est pas toujours comme ça, qu'il y a des dizaines de nuances en fonction de chacun, et, finalement, c'est à nous de déterminer ce qui est important, comment on veut considérer les autres, comment on veut qu'ils nous considèrent.
Dr Szendy : Pour vous, qu'est-ce-que cela signifie de désigner par la troisième personne. De dire "il", "elle", "ça" ?
Alden : Je préfère m'adresser à toutes choses. Je traite tout ce qui existe, tout concept comme s'il était un individu avec lequel je pourrais discuter. Ça aide. Il faut pouvoir dire ce qu'on pense de quelqu'un quand on est en face de cette personne. Pour qu'elle puisse comprendre.
Dr Szendy : Vous parlez à… l'abstrait ?
Alden : *rire* J'ai l'adresse du néant et j'en dresse un portrait, je peux bien me permettre de le tutoyer.
<Fin de l'enregistrement>