Objet no : SCP-483-FR
Niveau de Menace : Rouge ●
Classe : Euclide
Procédures de Confinement Spéciales : Conformément à l'accord OMP-2409, l'Organisation Mondiale de la Parasanté contacte la Fondation SCP dès la découverte de nouveaux foyers épidémiques de SCP-483-FR. La FIM Bêta-7 ("Chapeliers Maz") doit alors se rendre sur les lieux afin de placer en quarantaine tout sujet infecté. Toute personne ayant été en contact avec un sujet infecté doit être placée en quarantaine pendant 100 jours à l'issue desquels, si elle n'est pas infectée, elle doit être amnésiée et relâchée. En cas d'insubordination mettant en péril le confinement de l'épidémie, l'emploi de fusils à air comprimé non létaux FN 303 est autorisé. En cas d'extrême nécessité (à l'appréciation du commandant de la FIM Bêta-7), la suppression de sujets infectés est autorisée.
Les sujets infectés doivent être confinés au Site-Beth dans des cellules pour humanoïde standard ne contenant aucune surface réfléchissante. Des parties communes (cuisine, salon et salle de bain) doivent être aménagées de la même façon et en quantité suffisante afin de permettre aux différents sujets de sociabiliser. Tout sujet présentant un comportement incompatible avec la vie en communauté (à l'appréciation du Chef de la Sécurité du Site-Beth) doit être placé dans une cellule de confinement individuelle ne contenant aucune surface réfléchissante. Le personnel affecté à ces cellules doit observer le protocole sanitaire standard PS-56, destiné à empêcher la contamination par voie aérienne.
Description : SCP-483-FR est une maladie anormale se transmettant par voie aérienne et ne touchant que les humains. Un sujet infecté par SCP-483-FR montre des symptômes d'anémie classiques (pâleur, fatigue persistante, palpitations…) ainsi qu'une incompatibilité sanguine généralisée (incapacité à recevoir un don de sang, quel qu'en soit le type). Selon les statistiques issues des épidémies recensées (voir Addendum 483-FR-1), 80 % des sujets infectés seraient asymptomatiques, ce qui complique considérablement son confinement. En prenant en compte ces sujets asymptomatiques, le taux de létalité actuel de SCP-483-FR est de 19 %. Aucun traitement efficace n'a été mis au point.
SCP-483-FR génère un effet anormal d'exsanguination du sujet malade à un débit constant d'environ 300 mL/min lorsque celui-ci regarde sa propre image reflétée sur un support quelconque (miroir, eau…). Cette exsanguination se produit dans la partie du corps dont le sujet regarde le reflet ; par exemple, un sujet regardant le reflet de sa main droite subira une perte de sang anormale au sein de cette main. Le processus n'est pas douloureux mais peut produire une sensation de "picotement" ou des démangeaisons. Un sujet regardant uniquement une zone du corps ne contenant pas de sang, comme les cheveux, ne subit pas d'exsanguination.
Les reflets projetés par un sujet malade ne montrent aucun des symptômes de SCP-483-FR présents chez ce sujet. Ils apparaissent généralement en bonne santé, avec une peau bien pigmentée. Toute blessure ou affection non liée à SCP-483-FR présente chez le sujet est néanmoins présente dans ses reflets. À la mort d'un sujet infecté, ses reflets continuent d'apparaître, d'agir et de se mouvoir comme s'ils étaient toujours présents dans les espaces reflétés. Ils peuvent prendre et utiliser les reflets d'objets, qui deviennent alors désynchronisés de tous leurs reflets jusqu'à la fin de l'interaction. Les reflets de sujets morts peuvent également discuter et interagir avec les reflets de personnes présentes dans les espaces reflétés, qui se désynchronisent alors le temps de la conversation, avant de se resynchroniser. Il n'a pas pu être déterminé pendant combien de temps les reflets des victimes de SCP-483-FR continuent d'apparaitre. Le nombre de ces reflets indépendants non confinés est également inconnu.
Le nombre de sujets infectés par SCP-483-FR confinés au Site-Beth actuellement (05 Dec 2024 15:03) est : 97.
Addendum 483-FR-1 : Liste des épidémies recensées de SCP-483-FR
- 1448 : Première épidémie recensée à Bucarest (Roumanie). Environ 700 morts.
- 1602 : Épidémie à Sárvár (Hongrie). Environ 400 morts.
- 05/1951 : Épidémie à Versailles (France) régulée par la Gendastrerie Nationale Française en partenariat avec l'Organisation Mondiale de la Parasanté. 801 morts.
- 02/1970 : Épidémie à Londres (Royaume-Uni), régulée par la Fondation SCP. 58 morts, 42 sujets transférés au Site-Beth.
- 01/1985 : Épidémie au sein du Nexus PF-03 : "Eurtec", régulée par l'Organisation Mondiale de la Parasanté. Nombre de victimes inconnu. Signature l'année suivante de l'accord OMP-2409 entre la Fondation SCP et l'Organisation Mondiale de la Parasanté, rendant la Fondation SCP responsable du confinement de toute nouvelle épidémie de SCP-483-FR signalée par l'Organisation Mondiale de la Parasanté.
- 06/1992 : Épidémie à Moca (Porto Rico, États-Unis), régulée par l'U2I du FBI. Nombre de victimes inconnu.
- 09/1997 : Épidémie à bord du Site-Ayin, régulée par la Fondation SCP. 2 morts. La manifestation de SCP-483-FR au sein d'un espace hermétiquement clos n'a pas pu être expliquée.
- 03/2002 : Épidémie à Alcantara (Brésil), régulée par la Fondation SCP. 148 morts, 18 sujets transférés au Site-Beth.
- 11/2012 : Épidémie à Surate (Inde), régulée par la Fondation SCP. 1832 morts, 56 sujets transférés au Site-Beth.
- 09/2020 : Épidémie à Poznań (Pologne), facilement contenue par la Fondation SCP grâce aux mesures nationales liées à la pandémie de Covid-19. 3 morts, 16 sujets transférés au Site-Beth.
Addendum 483-FR-2 : Journal d'un sujet atteint par SCP-483-FR
Jadzia F., danseuse professionnelle polonaise, a été transférée au Site-Beth le 06/09/2020. Lors de son arrivée, bien qu'infectée par SCP-483-FR et symptomatique, elle était en excellente santé, ne s'étant presque pas regardée dans des miroirs avant sa mise en quarantaine. En octobre 2020, elle a fait l'objet d'une expérimentation menée par le Dr William Cox et approuvée le 27/09/2020 par le Comité d'Éthique. L'objectif était de tester un potentiel traitement à SCP-483-FR sous forme d'une ingestion journalière de comprimés.
L’expérimentation a débuté le 16/10/2020. Il a été demandé à Jadzia F. de tenir un journal afin de relater ses impressions. Les extraits les plus notables sont archivés ci-dessous.
18 octobre
Je ne suis pas bien sûre de ce que je dois écrire ici. Il me semble que tout va bien, je ne me sens pas malade. Mes amies et ma sœur me manquent beaucoup, et l'enfermement me pèse évidemment : je suis enfermée ici depuis trois mois. J'ai discuté avec mes camarades, et ils sont plusieurs à être ici depuis cinquante ans ! C'est inadmissible, horrible. Je ne peux pas passer ma vie enfermée. Le docteur1 dit que si le traitement qu'il me fait prendre se montre efficace, nous pourrons tous rentrer chez nous. J'espère vraiment que ce sera le cas.
Aujourd'hui j'ai été conduite dans une pièce à part avec un miroir en pied. Le docteur m'a dit de regarder mes mains dedans pendant à peu près dix minutes. J'ignore le sens de tout ça, mais ça me stresse. J'ai hâte de rentrer chez moi.
21 octobre
Je vis maintenant dans des quartiers à part des autres. J'ai tout ce qu'il faut : une cuisine, une salle de bain, un accès à toutes les plateformes de streaming et même un petit studio de danse avec tapis et miroirs… et une fenêtre sur l’extérieur : du sable à perte de vue. Ici comme dans les quartiers communs, il y a de petites caméras partout sauf dans la salle de bain. J'ai demandé à ce qu'on enlève celle de ma chambre, le docteur a dit qu'il transmettrait à ses supérieurs. Pourquoi est-ce que tout prend toujours des jours ici ?
22 octobre
Je suis très fatiguée aujourd'hui. Je dors bien, grâce aux médicaments qu'on me donne, pourtant en me levant j'ai toujours l'impression de sortir de plusieurs nuits blanches : ma tête est lourde et je bâille sans arrêt. Ce qui est cool, c'est que j'ai encore bonne mine : pas de cernes ni de petits yeux. C'est déjà ça de pris. J'ai passé la journée à danser, ça m'occupe et me maintient en forme.
25 octobre
J'ai l'impression que ma tête va exploser et je suis régulièrement prise de nausées. Un rien m'énerve, et hier j'ai fondu en larme parce que la gazinière ne marchait pas. J'ai vraiment besoin de me reposer, mais je n'y arrive pas : dormir ne change rien. Dans mon malheur, je garde décidément bonne mine : les joues bien rouges et les yeux très perçants. Bon, de près, mes avant-bras sont tout marbrés et je vois mes veines, mais de loin tout a l'air normal. Comme quoi, les apparences sont trompeuses.
26 octobre
La fatigue est de plus en plus intense. J'ai des moments d'absence et je crois que je commence à halluciner. En dansant ce matin il m'a semblé, un instant, que mon reflet faisait des mouvements plus amples que les miens. Je suis tombée et quand je me suis remise sur pied, j'ai cru le voir du coin de l’œil, déjà debout. Après je suis sortie du studio de danse, et je n'y suis pas retournée.
Le docteur m'a assuré que cette fatigue était un effet du traitement, et qu'elle cesserait bientôt. Il n'a pas l'air très rassuré pour autant. Mes casseroles et mon pommeau de douche ont été changés, maintenant ils sont en plastique mat, comme dans les quartiers communs. Le docteur a refusé d'expliquer la raison. Il a aussi annoncé que sa demande d'enlever la caméra de la chambre avait été refusée. Merde.
27 octobre
Aujourd'hui mon état est encore pire : dès que je fais un grand mouvement, j'ai la tête qui tourne. Impossible de danser, c'est déjà à peine si je peux marcher droit. J'espère que ça va vite passer, je n'en peux plus de rester au lit à regarder des séries.
29 octobre
Je me suis un peu forcée à danser aujourd'hui, et je suis sûre qu'il y a quelque chose de pas normal avec moi dans le miroir. J'ai l'impression d'être à l'article de la mort, je tiens à peine debout tellement je n'en peux plus et elle, elle va bien ! Elle se pavane là comme si de rien n'était. Je sens bien, avec mes mains, que mes joues se sont creusées, et je vois que mes bras sont pâles comme ceux d'un cadavre. Elle devrait être dans le même état. Mais non ! Elle, elle reste parfaite. Je crois même qu'elle est encore plus belle que moi quand je suis arrivée ici, elle est rayonnante. Elle me fixe sans broncher.
Le docteur dit de ne pas m'inquiéter, que le traitement va finir par faire effet, normalement. Il dit de ne pas trop passer de temps devant le miroir, que la fatigue me fait avoir des hallucinations. J'espère qu'il a raison et que ça ira bientôt mieux.
30 octobre
Elle me nargue, cette connasse ! Après toutes ces années à soigner mon alimentation, à faire de l'exercice, à corriger ma posture pour qu'elle soit aussi parfaite que possible, elle me lâche, elle me laisse crever après m'avoir dévorée vivante. Elle ne fait même plus semblant d'être moi. Elle sourit de toutes ses dents quand je lui crie dessus. Et quand j'ai commencé à m'évanouir elle s'est mise à danser, à faire des pirouettes, l'enfoirée.
Elle n'aurait pas dû me provoquer. Oh non. Je ne vais pas me laisser faire.
Avec un couteau, je me suis piquée la main et j'ai vu qu'elle aussi se piquait ! Elle avait l'air folle de rage, mais c'est moi qui commande ici, elle n'avait pas d'autre choix que de m'imiter ! Je ne la laisserai pas me dévorer, jamais. Je suis plus forte qu'elle, elle n'est qu'une image, une réflexion en deux dimensions. Pas vrai ?
Jadzia F. a été placée en cellule sécurisée à 19h04 le 30/10/2020 afin d'empêcher qu'elle ne se fasse à nouveau du mal. Elle est décédée le lendemain à 10h25 des suites de son exsanguination. Le Dr William Cox a reçu un blâme le 13/11/2020 pour sa mauvaise gestion de cette expérimentation ayant conduit à une mort civile. La recherche d'un traitement efficace contre SCP-483-FR se poursuit.
Addendum 483-FR-3 : Hypothèse sur le fonctionnement de SCP-483-FR, par le Dr William Cox
Mon hypothèse, émise suite au tragique incident de Jadzia F., est la suivante : notre réalité, que j’appellerai réalité A, existe en parallèle à une autre réalité extrêmement semblable, que j'appellerai réalité B, et que nous pouvons apercevoir au quotidien à travers ce que nous appelons les "reflets", qui sont en vérité des fenêtres donnant sur cette réalité B.
Plusieurs éléments plaident en faveur de cette hypothèse. D'abord, bien sûr, l'objet SCP-2645, que j'ai étudié de fond en comble, démontre en partie l'existence de la réalité B, mais ce n'est pas tout.
Nous savons qu'il existe, dans notre réalité A, des individus n'ayant pas de reflet : les hemovores, plus communément appelés vampires ; ainsi que des reflets n'ayant pas d'individus rattachés : les reflets des victimes de SCP-483-FR. Je pense que dans ces deux cas nous avons affaire à des personnes n'existant que dans une seule des deux réalités parallèles ; en vérité, ils seraient même les deux faces d'un même phénomène.
La documentation sur l'hemovorisme de l'Organisation Mondiale de la Parasanté nous apprend que le reflet d'un "jeune" hemovore met de un à onze jours pour disparaitre. C'est un détail essentiel. Si l'on admet mon hypothèse, il devient alors évident que les hemovores, dans les premiers jours de leur existence dans la réalité A, absorbent le sang de leur alter-ego de la réalité B jusqu'à le tuer. Réciproquement, les individus apparemment infectés par ce que nous appelons SCP-483-FR sont en vérité victimes de la soif de sang de leur alter-ego hemovore de la réalité B. Jadzia F. l'a compris dans ses derniers instants, et c'est grâce à elle que j'ai pu le comprendre.
Notez que cette hypothèse permet également d'expliquer l'apparition régulière de sujets atteints de SCP-483-FR sans qu'ils n'aient été en contact avec d'autres sujets infectés, comme ce fut le cas au Site-Ayin en 97. On ne sait jamais à quel moment son reflet risque de s'en prendre à nous.