Couverture originale de SCP-410-FR, copie imprimée des archives du Site-Kybian.
Objet no : SCP-410-FR
Niveau de Menace : Blanc ○
Classe : Neutralisé
Procédures de Confinement Spéciales : SCP-410-FR, dans sa version originale, est actuellement conservé dans l’Enfer de la Bibliothèque Nationale de France, sur le site Tolbiac, sous la responsabilité des Archives Noires. Une copie de SCP-410-FR ainsi que toute la bibliographie de la PdI-410 est néanmoins disponible au personnel de Niveau 3 et plus dans le cadre de recherches pour le confinement ; renseignez-vous aux archives documentaires du Site-Kybian pour plus d’informations.
Toute mention des lieux et personnages évoqués dans la première partie de SCP-410-FR au sein de la documentation de la Fondation devra être reportée au Pr Camille Fournier. Dans ce but, un robot (I/O-MANDELA) de la Fondation est chargé de surveiller la base de données, tout particulièrement la documentation concernant les recherches du Département des affaires extra-universelles (Multi-U). De la même façon, une copie de SCP-410-FR est à la disposition exclusive de ses membres à titre comparatif avec des découvertes extra-dimensionnelles.
Les événements potentiellement décrits dans la seconde partie de SCP-410-FR sont à charge d’être identifiés et répertoriés par le Département Historique. Leur dissimulation est inutile, étant donné que le Gouvernement Français s’est occupé de couvrir les traces subsistantes des différentes affaires à l’époque de l’application du Protocole Voile. SCP-410-FR permet au besoin de décrédibiliser celles-ci en les faisant passer pour des fictions écrites par la Personne d’Intérêt #410.
De par son état actuel et sa nature non-anormale, la PdI-410 ne nécessite aucun confinement. Cette dernière est actuellement enterrée au cimetière parisien de Bagneux.
Description : SCP-410-FR est la désignation collective d’un ensemble de textes publiés à titre posthume en 1911 sous le titre Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, roman néo-scientifique, suivi de Spéculations. SCP-410-FR est l’œuvre de la PdI-410, un écrivain et poète français du XIXème siècle du nom d’Alfred Henri Jarry.
La première partie de SCP-410-FR est un ouvrage romanesque, notamment fondateur du mouvement de la 'Pataphysique (sic), courant philosophique absurde mêlant poésie, jeux de mots et démonstrations pseudo-scientifiques.
La particularité d’au moins ██ des 70 textes de la seconde partie de SCP-410-FR, Spéculations, est que ces derniers semblent faire référence à différents événements anormaux survenus entre 1886 et 1907. La PdI-410 est par conséquent soupçonnée d’avoir été impliquée dans une grande quantité d’activités anormales de son vivant.
SCP-410-FR était considéré comme non-anormal jusqu’au ██/██/1987, date à laquelle le Département Historique de la Fondation a initié l’assimilation d’une part importante des archives de la Gendastrerie Française. Durant l’opération, il est apparu qu’un nombre relativement important d’événements anormaux s’étaient déroulés sur une période d’une vingtaine d’années dans le Nord-Ouest de la France.
Tout d’abord considérés comme résultant uniquement d’une dépression de la normalité locale, il est apparu que ces événements se rapprochaient de manière notable des textes présents dans SCP-410-FR. Les analyses qui suivirent aboutirent à la théorie selon laquelle la PdI-410 serait en partie à l’origine de ces phénomènes et maîtrisait des méthodes d’écriture anormales.
Cependant, le ██/██/2002, des recherches approfondies menées par le Pr Fournier suite à la découverte d’un document écrit par la PdI-410 ont permis de déterminer qu’Alfred Jarry avait en réalité participé à la destruction des anomalies mentionnées dans SCP-410-FR, par la retranscription écrite de celles-ci. La nature anormale de SCP-410-FR réside donc dans le fait que les phénomènes anormaux auxquels l’ouvrage a pu faire référence ont perdu leurs aspects anormaux.
Malgré ces découvertes, les capacités de SCP-410-FR sont encore mal comprises aujourd’hui, et il est probable que l’auteur seul ait eu la capacité de faire disparaître les anomalies qu’il décrivait. L’analyse du style d'écriture de SCP-410-FR et plus généralement de celui de la PdI-410 en vue d’améliorer le confinement de certains phénomènes anormaux est à l’étude. Par ailleurs, les recherches sont toujours en cours concernant de potentielles anomalies décrites dans d’autres ouvrages de la PdI-410.
Représentation de la Gidouille sur la couverture du numéro zéro des Subsidia Pataphysica.
La première partie de SCP-410-FR, Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, roman néo-scientifique, traite notamment dans ses Livres III et VI de différents lieux identifiés comme [DONNÉES SUPPRIMÉES], dont il ne subsiste aujourd’hui selon le Multi-U plus aucune trace. Il est probable qu’à l’instar des événements anormaux décrits dans les Spéculations, ceux-ci aient cessé d’exister. De la même façon, il est soupçonné que les entités initialement présentes dans ces lieux aient été à l’origine de la dépression de normalité mentionnée auparavant, et donc des phénomènes anormaux dont la PdI-410 a été en partie témoin.
Le symbole de la Gidouille et sa signification seraient, selon l’analyse du parapsychologue Elias Lockwood, une manifestation inconsciente et déformée de l’influence de ces entités que l’on retrouvera à de nombreuses reprises dans les œuvre de la PdI-410, y compris dans SCP-410-FR.
Addendum 410FR1 : Evénements notables décrits dans SCP-410-FR
Ci-dessous une liste partielle des corrélations établies par le Département Historique entre les données récupérées et les textes de Spéculations (actuellement numérotés de 1 à 70). Référez-vous au Document 410-FR-ζ pour accéder à la liste complète des correspondances recensées.
Texte : |
SCP-410-FR-6 |
Titre : |
Cygénétique de l’omnibus |
Extrait : |
On a essayé d’autres systèmes de pièges, sortes de huttes disposées, à intervalles réguliers, le long de la voie et assez pareilles à celles qui servent pour la chasse au marais. Des bandes de gaillards résolus s’y embusquent et guettent le passage de l’animal : le plus souvent celui-ci les évente et s’enfuit, non sans donner des signes de fureur par un frottement de sa peau postérieure, bleue comme celle de certains singes et phosphorescente la nuit ; cette grimace figure assez bien, en rides blanches, le graphique du mot français : « complet ». |
Évènement : |
Entre le 1 et le 15 mars 1893, près de ███ disparitions ont été déplorées en région parisienne. Il est rapidement apparu que les victimes avaient toutes pris la ligne B de la Compagnie Générale des Omnibus, laquelle reliait la Place du Trocadéro à la Gare de l’Est.
Après avoir interrogé l’administration de la CGO et les conducteurs de la ligne, différents enquêteurs disparurent à leur tour, incitant la Gendastrerie Centrale de Paris à reprendre l’affaire. L'Inspecteur Aurélien Juve fit alors réquisitionner toutes les voitures de la ligne pour examen. On retrouva dans le moteur un mélange de [DONNÉES SUPPRIMÉES] appartenant vraisemblablement aux différents disparus. Par ailleurs, les différents véhicules, bien que construits sur le même modèle, n’avaient sensiblement plus la même taille.
Le 12 mars, les voitures s’échappèrent d’elles-mêmes du hangar où elles avaient été stockées et retournèrent sur la ligne B après avoir semé la panique dans les rues de la capitale. La Gendastrerie fit fermer la ligne et barra la route aux véhicules. Après cette tentative infructueuse due au poids et à la puissance des engins, il fut décidé d’appâter les omnibus en disposant des gendastres déguisés en civils à différents arrêts, puis de rapidement immobiliser le véhicule en sabotant les roues grâce à des gendastres embusqués pendant que les appâts entraient dans le véhicule, avant de rapidement les faire sortir en forçant la porte.
Il a été déterminé par la suite que les omnibus de la ligne B avaient acquis la conscience et les capacités d’une espèce animale prédatrice, et qu’ils digéraient leurs victimes une fois que celles-ci étaient montées à bord pour en récupérer les éléments métalliques. Les chauffeurs, inconscients de la manœuvre, jouaient un rôle de leurre et permettaient selon la logique prédatrice des omnibus de rassurer les victimes.
Suite à ces événements, tous les véhicules de la CGO furent réquisitionnés et examinés les uns après les autres. Cependant, le lendemain de l’ordre de réquisition (15 mars 1893), les omnibus prédateurs tombèrent tous en panne à cause du contenu de leur moteur. Après examen par les forces thaumaturgiques de la Gendastrerie, il apparut que les véhicules avaient perdu leurs capacités anormales. La réquisition complète fut abandonnée, mais un thaumaturge agréé fut chargé d’examiner hebdomadairement les véhicules de la CGO pendant un an. Aucune activité anormale supplémentaire ne fut à déplorer. |
Texte : |
SCP-410-FR-9 |
Titre : |
Les mœurs des noyés |
Extrait : |
Nous avons eu occasion de nouer quelques relations assez intimes avec ces intéressants ivres-morts de l’aquatisme. D’après nos observations, un noyé n’est pas un homme décédé par submersion, malgré que tende à l’accréditer l’opinion commune : c’est un être à part, d’habitudes spéciales et qui s’adapterait, croyons-nous, à merveille à son milieu si l’on voulait bien l’y laisser séjourner un temps convenable. Il est remarquable qu’ils se conservent mieux dans l’eau qu’à l’air libre. |
Évènement : |
Entre 1901 et 1903, différents témoignages concernant des corps charriés par la Loire ont été recueillis au sein de plusieurs communes situées à proximité du fleuve. Étant donné la fréquence de ces témoignages et qu’aucune disparition de masse n’avait été signalée depuis longtemps, la décision fut prise de laisser l’affaire à la Gendastrerie Française. Les noyés à l’origine des témoignages furent effectivement retrouvés à plusieurs reprises le long du fleuve, cependant il fut impossible de les en retirer. Ceux-ci coulaient à la moindre approche, et il était alors impossible de les retrouver une fois sous la surface. De plus, les quelques personnes qui plongèrent dans le fleuve dans le but de récupérer les cadavres ne purent en être sorties, et se noyèrent à leur tour, qu’elles sachent préalablement nager ou non.
Devant la gravité de la menace — les estimations allant de 200 à 1500 noyés — et l’incapacité des forces de la Gendastrerie, une délégation de l'Initiative Américaine pour le Confinement Sécurisé s’empara de l’affaire. En effet, ces derniers avaient traité avec des problèmes analogues par le passé, une invasion similaire de noyés en Louisiane, sur le Mississippi. Les créatures ressemblaient parfaitement à des noyés pour mieux attirer leurs victimes. Par la suite, elles absorbaient leur énergie et leur chaleur en se servant de l’eau comme d’un milieu conducteur, à la manière d’un paratonnerre et d’une toile qui les empêcheraient de s’échapper.
Bien que la collaboration entre les forces françaises et américaines s’avéra difficile, l’invasion put tout de même être endiguée. Plusieurs barges équipées de filets en étain traversés par un courant thaumique sous haute tension ratissèrent la Loire pendant un mois pour attirer et capturer les créatures. Près de ███ corps furent récupérés. Cependant, une fois l’opération terminée, il s’avéra que ceux-ci étaient redevenus des cadavres parfaitement normaux. La délégation de l’IACS fut autorisée à repartir avec une partie des cadavres pour ses recherches personnelles. |
Texte : |
SCP-410-FR-31 |
Titre : |
À propos de « l'avarie » |
Extrait : |
M. Couyba, si nous avons bien entendu, revendiquait l’abolition de la censure et même, emporté par sa fougue, celle, par une loi, de la syphilis. Il nous semble que cet homme éminent soit passé à côté d’une idée féconde : la guérison de la syphilis par la censure : car pourquoi cette institution, qui a le pouvoir d’extirper le mot des pièces, serait-elle impuissante à délivrer de la chose les personnes ? |
Évènement : |
Cet extrait se réfère à l’activité d’une organisation anormale sectaire, les Médiateurs du Silence et de la Parole, particulièrement active durant la seconde moitié du XIXème siècle. S’exprimant assez peu quant à leurs motivations, on sait qu’ils manipulaient l’information anormale et prônaient une distribution dite "saine" du savoir dans un but humanitaire, ce qui incluait la dissimulation de certaines informations.
Les Médiateurs du Havre sont à l’origine en 1892 d’un appareil curatif capable de guérir de n’importe quelle infection en synthétisant un agent mémétique à partir de ses germes. L’agent infectieux était plongé dans une solution spéciale, qui était ensuite traitée dans un circuit de synthèse alchimique, avant que ses informations soient converties par l’engin en un agent mémétique — généralement une suite de caractères tracés à l’encre par un mécanisme complexe — qui sortait de la machine, prêt à être utilisé. Une personne exposée à ces suites de caractères oubliait automatiquement toutes les informations concernant la maladie concernée, si bien qu’elle en devenait incapable d’entendre le nom de celle-ci. Parallèlement, son corps se guérissait et s’immunisait presque immédiatement à la maladie concernée.
Les memes anormaux produits au Havre s’échangèrent pendant près de 10 ans, la machine ayant été produite en plusieurs exemplaires puis vendue à plusieurs associations humanitaires. Les autorités de régulation de l’anormal d’alors ne se préoccupèrent pas particulièrement du phénomène, étant donné que celui-ci ne présentait aucun danger et était largement considéré comme une forme de médecine alternative, attirant en conséquence un public de niche. Cependant, aux alentours de 1906, les memes curatifs des Médiateurs du Silence et de la Parole furent abandonnés, ayant soudainement perdu toute efficacité.
Les machines furent renvoyées au Havre, avant d’être réquisitionnées par la Gendastrerie. Ces dernières, toutes en panne, étaient obstruées par un mélange d’encre noire et d’une bouillie organique d’agents pathogènes extrêmement infectieuse, qui coûta la vie à plusieurs des hommes des forces de la Gendastrerie Départementale de Seine-Inférieure. Les machines furent par conséquent brûlées et détruites, et l’activité des Médiateurs du Silence et de la Parole au Havre cessa. |
Texte : |
SCP-410-FR-38 |
Titre : |
Le guet-apens de M. Timbre |
Extrait : |
Néanmoins, nous fûmes profondément touché que M. Timbre, en sa gêne momentanée, se fût confié à nous de préférence à toute autre personne. Nous fûmes indulgent au mensonge qui déshonorait ses cheveux blancs… M. Timbre a vraisemblablement des cheveux blancs ; dans tous les cas il est indiscutable que c’est un personnage de figure rectangulaire, rébarbative, et dentelée sur les bords. |
Évènement : |
De janvier 1905 à janvier 1907, les forces de la Gendastrerie Nationale furent aux prises avec un individu anormal qui adressait des lettres à différents industriels et s’introduisait dans de nombreuses entreprises en lien avec la manufacture pour subtiliser divers moyens de production. Identifié comme étant Urban Młynarczyk, citoyen polonais porté disparu en 1897, celui-ci se faisait appeler "M. Timbre".
La particularité de M. Timbre est que celui-ci avait pour habitude de stocker une très grande quantité de timbres postaux vierges sur sa langue. Il était capable de s’introduire lui-même comme de dissimuler les documents et objets qu’il volait sur lesdits timbres. Plusieurs fois arrêté et emprisonné par la Gendastrerie, l’individu a toujours réussi à s’échapper au moyen de ses capacités anormales — ses timbres n’ont jamais pu être entièrement retirés de sa bouche, y compris en entravant celle-ci à l’aide d’une muselière qu’il a fait disparaître en glissant un timbre entre celle-ci et ses lèvres — et n’a jamais pu être arrêté de son vivant.
Le 3 janvier 1907, le corps décédé des suites de multiples fractures et d’une hémorragie interne d’Urban Młynarczyk fut retrouvé encastré dans la boîte aux lettres d’une blanchisserie de la ville de Cholet. Par faute de preuves, d’informations, et constatant l’absence de récidive, la Gendastrerie cessa les recherches de l’employeur avéré de M. Timbre, que celui-ci avait évoqué durant un interrogatoire. |
Texte : |
SCP-410-FR-56 |
Titre : |
Plaisir permis |
Extrait : |
Une mesure que commencent à prendre les bons armuriers est de vendre des cartouches sans plomb.
Personne ne faisant plus ses cartouches soi-même, la substitution passe inaperçue.
Elle procure, du reste, deux avantages considérables : légèreté pour le porteur d’armes et sécurité pour les voisins.
Le plomb dans le gibier servi sur table est un condiment qui peut être ajouté après la cuisson.
La suppression du plomb, après celle de la fumée, est à l’étude dans les armes de guerre. |
Évènement : |
Durant le mois de février 1904 dans la ville de Rennes, la Ligue des Servants de la Nation (fondée par l'Inspecteur Juve en 1899) fut dépêchée pour répondre à la menace d’un trafic d’armes paranormales conçues dans le cadre d’un rassemblement anartistique de "Sommes-Nous Devenus Magnifiques ?".
Conçues par le sculpteur Jacques Villon, lesdites armes avaient pour particularité d’être fondues en un seul bloc avant d’être peintes et ciselées. Malgré cela, elles étaient capables de blesser et tuer à l’instar d’une arme de même calibre, bien qu’aucune munition ni explosion ne soit visible ou audible. Initialement conçues comme une critique de l’objet et sa fonction, les 22 sculptures ont été subtilisées et utilisées par une bande organisée d’hémovores délinquants pour semer la panique au sein de la ville et de la manifestation.
Après une longue bataille qui mobilisa plusieurs régiments de la Gendastrerie Départementale d’Ille-et-Vilaine pour sécuriser la ville et la zone de la manifestation de SNDM, le groupe a pu être appréhendé et les armes confisquées, notamment grâce à l’intervention musclée des Messieurs Longuet et Sainte-Claire. Cependant, trois jours après l’incident, les sculptures perdirent leurs capacités. Un interrogatoire de Monsieur Villon ne permit pas plus d’éclaircissements, celui-ci affirmant que l’effet de ses œuvres — indissociable du reste et faisant partie de ses intentions — n’avait pas pour vocation d’être éphémère. |
Addendum 410FR2 : Projet Phobétor et programme VIRIDIS CANDELA
Le Projet Phobétor est une tentative de reproduire les effets de SCP-410-FR pour contrer les brèches de confinement de certaines anomalies sensibles. Le projet a mobilisé une équipe du Département des Théories Fondamentales de l'Anormalité et plusieurs experts en littérature anormale. Officiellement, le Projet Phobétor n’a permis la neutralisation d’aucune anomalie, et les recherches n’ont rien produit de nouveau depuis 2004. Une équipe restreinte est désormais en charge du projet.
Cependant, les avancées du Projet Phobétor ont pu fournir une théorie selon laquelle plusieurs événements décrits dans SCP-410-FR auraient pu être effacés de notre plan de réalité, et ne seraient par conséquent pas identifiables. Le programme de recherche VIRIDIS CANDELA a donc été mis en place avec le soutien du Département Historique et du Département des Anomalies Temporelles. Ce programme a actuellement pour objectif de chercher à récupérer le plus d’informations perdues en étudiant SCP-410-FR. À une plus grande échelle, le programme VIRIDIS CANDELA aurait pour objectif de protéger le cours de l’histoire des modifications anormales à l’aide de serveurs DEEPWELL, dont les données seront protégées des changements de réalité, voire de récupérer les informations concernant des changements temporels potentiellement déjà effectués.
Addendum 410FR3 : Mise à jour du ██/██/2002 – Document PdI-410-71
Le texte suivant est la retranscription d’un document récupéré par la Fondation au 51 A rue du Volga, à Paris, lors d’une opération de fouille des lieux d’intérêts abritant potentiellement des documents concernant la PdI-410 (dans le cas présent, le siège social du Collège de 'Pataphysique). Il s’agit du point de départ des recherches menées en 2002 sur SCP-410-FR, et ayant débouché sur la mise à jour actuelle de sa description. Il est à noter que bien que l’écriture correspondait à celle de la PdI-410, les linguistes de la Fondation ont repéré certaines inconsistances de style, la plus notable étant la signature du document. D’après le Dr Lockwood, il est probable que celles-ci soient dues à une certaine instabilité psychique, résultat de l’interaction de la PdI-410 avec les entités anormales décrites dans la première partie de SCP-410-FR.
Après expertise, il a été déterminé que la PdI-410 souffrait du Syndrome de Filbuson. Toute appartenance au GdI-0051 a été réfutée étant donné la période d’activité de celui-ci, malgré l’existence de certains textes tels que Pantaphysique et Catachimie et De la surface de Dieu, tirés du Livre VIII de SCP-410-FR, ou même de SCP-410-FR-51, L’existence du pape. Les informations concernant SCP-410-FR (et spécifiquement ce document) doivent par conséquent être maintenues hors de portée du Groupe d’Intérêt susmentionné.
FRONTIÈRE DU FANTASME
De par la verve interrogative de MM. Clancier et Alister, lecteurs assidus des innombrables frasques qui s’étalent frêles et vives en mon cabinet, on m’informe d’incidents analogues aux faits lus.
À cela nous répondrons tout un chacun de ce que je ne m’embêtai point à faire, à savoir que ceux-là sont bien ce qu’ils semblent être, des faits. Il est de manière commune pratiquée la représentation par l’homme de son environnement immédiat. Aussi un sergent de ville s’essouffle de ses arrestations et d’un monde de crime, son environnement privilégié, tandis qu’un Président de la République s’efforce d’osciller d’une capitale à l’autre en prenant bien soin d’éviter la sienne, de peur de ne plus pouvoir repartir, et qu’il faudra alors qu’on le remplace.
L’écrivain quant à lui bien embêté se doit de décrire avec un égoïsme cru sa réalité, si ennuyante puisse-t-elle s’avérer être. Garant de la langue, ce dernier ne peut omettre les détails les plus insignifiants — ce qu’il fait malgré tout, car sinon tout porte à croire qu’également l’on s’y croirait ; or Dieu ne se montre pas plus lorsque l’on lit sa Bible — et les rend donc avec ses mots, quand ce ne sont pas ceux des autres. Je soustrais le plaisir à la réalité pour ma part, car tant qu’à la définir qu’elle me soit en tout point favorable.
MM. Clancier et Alister donc, s’étonnaient d’avoir eu vent de faits similaires à ceux qu’il m’incombait de décrire. Nous nous étonnerons à notre tour de leur stupéfaction, car nous étions présent, aussi était-ce bien naturel d’en avoir fait le compte-rendu. Ces événements, je les ai vécus, aussi distinctement que le reste de ma vie. Et bien plus avec cela.
Chaque sensation fut ressentie avec vivacité, l’île stérile de Brand du Baron et son phare d’obscurité souterraine qui pourrissent sur la mer d’Habundes, le Grand Escalier de Marbre Noir, l’île rongée et protoplasmique sans nom ni forme, l’île de Ptyx, bloc de pierre unique, vitreux et chaleureux, et sa cousine de Her gouvernée par son cyclope aux miroirs oculaires, l’île mécanique et mobile de Cyril, abritant la fureur du volcan livide en ses profondeurs, la paroisse du Muffle et son prédicateur guerrier, l’île Sonnante sur laquelle il serait bien inutile de s’étendre, les Ténèbres Hermétiques et son roi qui attend le funeste et reposant salut, tout cela, je l’expérimentai jusqu’à la limite de mon langage.
Il convient de ne pas se méprendre cependant sur la nature de ces choses. Si réelles paraissaient-elles, elles ne peuvent définitivement l’être. Leur nature convient mieux aux fantaisies qu’au monde civil, et ce pour plusieurs raisons. Je les ai décrites, chacun le sait, comme l’on décrit la réalité : crue et belle, et autant raccourcir — cruelle — puisque le langage s’est chargé de nous donner l’expression adéquate. C’est ce qu’est la réalité, et chacun s’en est allé de son ressentiment, que ce soient MM. Clancier et Alister, ou tout autre lecteur et spectateur de mes mots.
Il en va de même pour ces fantasmes et ces étranges coïncidences dont s’inquiétaient nos bons amis. Ils ne sont pas réels, bien parce que la description que je me suis efforcé de faire a suscité les émotions les plus pures, le transport, la terreur, le mystère, l’envie, et bien d’autres, mais précisément l’échantillon de sentiment le plus vaste, à l’image de la palette chaotique du spectre lumineux, qui si l’on en croit les hommes de science ne nous est accessible qu’en partie réduite.
Mais ces choses, si elles avaient daigné être réelles, n’auraient inspiré que la confusion la plus inimaginable par définition. C’est bien d’ailleurs parce qu’on les décrit qu’elles ne peuvent être, et que l’histoire la plus fantastique serait la plus terrifiante hors des pages. Des viols interdits, il y a celui de la frontière entre l’imaginaire et le réel, le grandiose et le cruel.
Il va de soi que notre réalité renferme les mystères les plus grands, et qu’elle n’a de cesse de surprendre les cœurs avertis comme les novices les plus complets. Mais tous imaginent, sans exception faite, et il est remarquable que c’est une capacité qui se développe au fur et à mesure que notre expérience s’épuise de la réalité. C’est bien là la preuve que le fantasme le plus noble appartient à l’esprit, et non aux choses du réel ; car dès lors que le réel cesse, la pensée reprend le dessus, en toute circonstance.
Mais si la frontière venait à être franchie sans doute l’impossible ne laisserait plus de place à nos pensées. Le monde a ses limites telles que nous pouvons le supporter, et nous ne saurions simplement nous accommoder de celui-ci ; aussi créons-nous inlassablement, mais en premier lieu en pensée. Il n’y a là aucun problème à résoudre, mais mystère à examiner, et c’est tout autre chose.
Aussi, si ce que MM. Clancier et Alister ont vu existait autrement que dans leur esprit — et nous conviendrons que ces événements sont des exceptions qui, ayant été vécues fréquemment et par plusieurs personnes, n’ont même pas l’attrait de la singularité et en cela s’en retrouvent banales — cela ne laisserait plus place à leur imagination, ce qui vraisemblablement n’est pas le cas puisque qu’ils se portent aussi bien qu’ils viennent me parler avec ferveur de tels fantasmes.
En somme si ce grandiose que j’ai vécu s’était manifesté en-deçà des mots, c’est-à-dire dans l’expérience brute, il n’y aurait véritablement plus d’intérêt de rêver, et ces expériences perdraient de leur substance. Aussi nous en conviendrons, ce ne sont que des histoires.