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Crédits
Titre : SCP-403-FR - Güiro en Exil
Auteur : Aloices
Date : 28 avril 2020
Image : Grenouille de Karen Arnold - Domaine Public
Une représentation de SCP-403-FR datée de 1932 (voir Addendum 403-FR-2).
Objet no : SCP-403-FR
Niveau de Menace : Vert ●
Classe : Non-confiné
Procédures de Confinement Spéciales : De par sa nature, SCP-403-FR ne peut être confiné. Toute mention d'une rencontre avec SCP-403-FR par un civil doit être consignée, et la personne entrée en contact avec l'entité recevoir une dose d'amnésiques de Classe A.
La nuit suivant une rencontre avec SCP-403-FR, les villes autour du lieu où SCP-403-FR a été rencontré en rêve doivent être placées sur écoute afin de détecter efficacement la rencontre suivante avec l'entité. Ceci vise uniquement à suivre les déplacements de SCP-403-FR à des fins de consigne ; l'entité n'étant pas considérée comme dangereuse, il n'est pas nécessaire d'interagir avec elle ou de la surveiller davantage.
Description : SCP-403-FR désigne un individu de l'espèce Pelophylax kl. esculentus (grenouille verte d'Europe) dont l'existence n'a, à ce jour, été observée qu'à travers sa présence dans différents rêves. L'entité est habillée d'un short rouge, d'un chapeau de paille, possède une canne et est capable de s'exprimer en plusieurs langues, les témoins l'ayant rencontrée en rêve affirmant qu'ils arrivaient toujours à la comprendre.
La rencontre avec SCP-403-FR lors d'une période de rêve ne semble pas dépendre de la volonté du dormeur, mais d'autres facteurs extérieurs (voir Addendum 403-FR-1). En outre, des rêveurs lucides ayant reçu l'ordre de provoquer une rencontre avec SCP-403-FR de façon consciente lors d'un rêve se sont tous réveillés sans y parvenir.
La plupart des rêves impliquant SCP-403-FR se déroulent dans un environnement géographique proche de celui dans lequel le rêveur est endormi. L'entité peut être entendue au loin par le son de ses pattes et de sa canne tapant plus ou moins rapidement sur le sol, celle-ci se dirigeant toujours vers le rêveur. Lorsqu'elle le croise, elle lui adresse quasiment systématiquement la parole. La longueur et la teneur des phrases varient selon le rêve, et l'entité tient parfois une conversation à sens unique entière. Il est en effet impossible de converser avec SCP-403-FR, l'entité ignorant le rêveur s'il tente de lui répondre. SCP-403-FR quitte toujours le rêve en s'éloignant du rêveur.
Addendum 403-FR-1 : Le croisement de certains témoignages de rencontres oniriques avec SCP-403-FR a permis d'établir que l'entité semble suivre un itinéraire équivalent entre les rêves dans lesquels elle se trouve et la géographie réelle, c'est-à-dire qu'elle parcourt des distances réelles au travers des rêves qu'elle traverse. Il est ainsi possible de prédire avec une fiabilité relative la zone dans laquelle une personne rencontrera SCP-403-FR en rêve.
Ci-dessous, une liste non-exhaustive de rencontres significatives avec SCP-403-FR, triées par ordre chronologique (il est à noter qu'en raison du caractère onirique des rencontres avec SCP-403-FR, les propos sont retranscrits à partir des témoignages des personnes ayant croisé l'entité et peuvent comporter des approximations ou des oublis) :
Lieu du rêve |
Morceaux choisis des propos de l'entité |
Viazma, Russie |
"Bien le bonjour, étranger. Que faites-vous par ici ? Je ne pensais pas croiser quelqu'un en ces terres. Ce n'est pas grave, après tout : [l'entité mentionne un voyage dans une région froide et reculée], j'ai pris du temps pour moi et je vais mieux maintenant. Bon voyage ! |
Krasnapolle, Biélorussie |
[L'entité a mentionné des activités qu'elle a pratiquées lors de son voyage, notamment plusieurs formes de méditation et quelques paysages et lieux célèbres visités.] |
Lviv, Ukraine |
"Bonjour ! Dites, est-ce que vous êtes musicien ? Moi non, mais certaines de mes sœurs le sont. Vous devriez les entendre jouer ces accords si mélodieux ! Comme j'aimerais pouvoir vous en faire profiter, mais malheureusement je ne peux même pas vous les décrire. J'ai hâte de les retrouver !" |
Pécs, Hongrie |
"Ce voyage a duré, mais enfin je retourne chez moi ! Cela fait si longtemps, je ne me souviens même plus bien pourquoi je tenais tant à partir. J'espère que mon Cher sera content de me revoir, et qu'il ne m'aura pas oublié." |
Vallesella, Italie |
"C'est un beau village que vous avez là ! Le mien ne paye pas de mine, mais on s'y sent si bien ! Les champs à perte de vue, les toits colorés, les canaux… Il m'a beaucoup manqué, mais il n'est plus si loin !" |
Val-de-Charmey, Suisse |
"Vous savez, maintenant que j'y pense, j'aurais dû leur ramener des cadeaux ! Mon Cher aurait beaucoup aimé goûter à d'autres mets que ces insectes que nous élevons, et même les Gardiens n'ont pas le droit de nous fournir de la nourriture… Tant pis, ça sera pour une prochaine fois, ou si ma chère sœur y pense en revenant, elle." |
Malesherbes, France |
"C'est étrange, je ne le trouve pas… Ma mémoire me joue-t-elle des tours, ou bien est-ce une plaisanterie orchestrée par tout le monde ? Où sont-ils passés ?" |
Depuis l'occurrence à Malesherbes, SCP-403-FR a été périodiquement aperçu en rêve dans plusieurs villes de la région Centre, semblant chercher son village. Il apparaît de plus en plus paniqué à chaque rencontre, s'adressant de moins en moins au rêveur. Des recherches pour confirmer l'existence onirique d'un village peuplé de grenouilles humanoïdes est en cours.
Addendum 403-FR-2 : Le 28/04/2020, l'Archiviste Nyong'o retrouva une série de lettres liées à SCP-403-FR dans les archives du Site-Aleph. Il s'agit d'une partie des correspondances entre ███████ ███████, un ancien Directeur du Service de ███████, et "Monsieur de Bellart", une Personne d'Intérêt liée à des collectifs ayant évolué et fusionné avec Oneiroi depuis. Les lettres sont datées d'entre septembre 1925 et août 1938.
Mon cher ███████ ███████,
Vous n'êtes pas étranger aux aventures que je vis parfois lorsque je m'égare dans les contrées oniriques de mon subconscient. Il m'arrive parfois de faire la rencontre d'individus ou créatures insidieuses, mais ce qu'il m'a été donné de voir cet été dépasse de loin les étrangetés que je vous ai déjà contées.
Je me trouvais en ces jours dans la demeure de mon ami ████ █████, à quelque endroit dont je ne peux point vous parler entre Malesherbes et Orléans.
Je dormais, une nuit chaude, et me suis mis à avoir un de ce que vous appelez "rêves lucides".
J'étais dans un de ces champs caractéristiques des environs, et entendais au loin des clameurs. Me rapprochant de celles-ci, il me fut permis de voir une scène tout à fait atypique : je me trouvais à la lisière d'une forêt, et dans celle-ci j'apercevais de singulières bâtisses aux toits colorés, et des habitants non-moins étonnants : des grenouilles, à allure humaine !
Elles portaient chacune des habits, certaines des chapeaux ou des outils, et s'affairaient à des activités tout aussi humaines !
Je ne pus profiter davantage de cette vision, puisqu'un individu qui me parût à ce moment fort peu sympathique m'attrapait promptement par l'épaule, et je me réveillai.
Sachant qu'il m'était déjà arrivé de croiser dans mes paysages oniriques des créatures tout à fait réelles, je m'enquérais de cela auprès de notre ami commun, le Professeur Charmet, qui me prit à partie le lendemain pour me parler d'un sujet qu'il me présenta alors comme "sensible".
Il m'expliqua alors qu'il avait ouï dire qu'un homme avait été connu dans les environs pour avoir récemment clamé à quelque journaliste amateur qu'il faisait partie d'un groupe qui opérait dans les paysages oniriques et s'occupait d'un certain village rempli d'animaux.
J'obtins donc naturellement un rendez-vous avec lui, auquel je m'apprête à aller en postant cette lettre à votre intention.
J'espère donc que vous attendrez avec impatience ma prochaine missive.
Bien à vous,
Monsieur de Bellart, le 23 septembre 1925
Mon cher ███████ ███████,
Désolé de n'avoir pas écrit ces dernières semaines.
Ma rencontre avec l'homme dont je vous parlais dans ma dernière lettre s'est déroulée sans soucis.
Il m'apprit qu'il faisait en effet partie du groupe qui m'avait empêché d'observer plus ces grenouilles aux allures humaines dans mon rêve de cet été, confirmant déjà mes suspicions que j'avais observé une des ces apparitions oniriques qui ne sont pas tout à fait juste inventées.
Il me décrivit le village, ses habitants, et m'expliqua que lui et quinze autres hommes et femmes se relayent quotidiennement pour observer et protéger le village dans un paysage onirique partagé.
Nous sommes je pense devenus bons amis, il me fait confiance et a dit qu'il allait référer au reste de son groupe pour proposer ma candidature dans leur cercle onirique, afin que je puisse moi aussi observer ce singulier phénomène.
S'ils acceptent, je me ferai une joie de vous faire parvenir toutes mes observations, mes théories, afin que vous et vos collègues puissiez dresser une fiche d'identité de ces créatures pour, qui sait, servir dans le futur.
Bien à vous,
Monsieur de Bellart, le 12 novembre 1925
Mon cher ███████ ███████,
Les paysages oniriques cachent bien plus de choses que l'on ne pourrait jamais l'imaginer.
Enfin, peut-être pas pour vous et vos collègues, mais ce qu'il m'a été donné de voir cette année (je m'excuse du retard qu'a pris cette lettre) dépasse mes expériences les plus affolantes.
Ce village de grenouilles à allure humaine est tout simplement stupéfiant. Elles ont développé une véritable société, pratiquant l'agriculture, le commerce, s'organisant en familles et castes.
Nous ne pouvons converser avec elles, mais rester aux abords de la forêt permet d'apercevoir des comportements tout à fait humains et sociétaux, des traditions n'ayant pas d'équivalent chez nous, ainsi que certaines formes d'art picturaux tout aussi originales.
Leur durée de vie étant très variable, l'évolution des mœurs et comportements se fait de façon si singulière que tous les anthropologues et ethnologues du monde auraient de quoi discuter durant des siècles rien qu'en observant six mois durant ce village.
Je ne puis vous raconter tout en détail ni très régulièrement, car cela laisserait une empreinte trop forte dans mon subconscient, et toute fuite est punie dans le collectif, mais soyez assuré que je continuerai d'essayer de vous faire parte d'une infime proportion du mystère qui se déroule dans ce paysage onirique, sous mes propres yeux.
Bien à vous,
Monsieur de Bellart, le 23 mai 1927
Mon cher ███████ ███████,
Je suis sincèrement désolé du peu de nouvelles que je donne finalement, mais surveiller et consigner mes observations sur les paysages oniriques me prend tout mon temps.
Ces cinq dernières années, la situation au village a beaucoup évolué.
Après les arts picturaux, ces grenouilles à allure humaine ont découvert la musique. Elles parviennent à associer des sonorités produites par leurs corps avec celles d'instruments à la forme si étonnante que je ne peux les décrire ni même les dessiner, de peur que la pauvre réalité de notre monde ne trahisse ces visions oniriques.
Les mélodies qui en naissent n'ont jamais été entendues des hommes, et révolutionneraient notre façon d'appréhender le monde.
J'ai, hélas, une peur que cela ne soit un problème pour le village : la plupart des habitants sont désormais si intéressés par la musique que quelques artistes produisent, qu'ils en viennent à oublier certaines tâches essentielles à la collectivité.
J'ai fait part de mes inquiétudes aux autres membres du collectif, mais ceux-ci m'ont répondu qu'ils ne sauraient s'immiscer dans la gestion du village, qu'ils ne sont là qu'en leur qualité d'observateurs et ne doivent pas influencer l'évolution naturelle des paysages oniriques.
Par ailleurs, l'artiste ayant créé cette forme d'art inconnue du village a décidé de s'exiler, pour avoir apporté tentation et paresse. Il a quitté le village lors d'une cérémonie, laissant sa famille et son Cher (c'est le nom qu'ils donnent à leurs partenaires exclusifs s'ils en ont) pour voyager de par le monde.
Je vous joins une représentation de celui-ci, au cas où vous ou vos collègues le croiseraient et voudraient obtenir plus d'informations que je ne peux en écrire ici.
Bien à vous,
Monsieur de Bellart, le 03 juin 1932
Mon cher ███████ ███████,
J'ai la tristesse de vous annoncer que le village n'est plus.
Je ne puis donner plus de détails, mais la décadence de la paresse et des arts que j'avais prédites se sont réalisées.
J'ai voulu intervenir dès lors que les grenouilles ont arrêté de se reproduire et de s'occuper des champs et élevages, mais j'en ai été empêché et banni du collectif.
Je n'avais pas eu de nouvelles depuis, et mon ami m'a annoncé ce matin que le dernier habitant est mort dans la nuit alors qu'il jouait de son instrument, son esprit incapable de comprendre qu'avec lui s'est éteint le village.
Je vous en prie, si vous croisez l'artiste qui s'est exilé, transmettez-lui mes plus sincères excuses de n'avoir été qu'un spectateur quand j'aurais dû être acteur.
Bien à vous,
Monsieur de Bellart, le 07 août 1938