SCP-381-FR

Objet no : SCP-381-FR

Classe : Euclide Sûr

Niveau de Menace : Jaune Blanc o

Procédures de Confinement Spéciales : Les registres des hôpitaux, des institutions psychiatriques et de la police doivent être périodiquement inspectés afin de repérer des cas pouvant correspondre à des instances de SCP-381-FR.

Les instances de SCP-381-FR-1 doivent être confinées dans des chambres pour humanoïde standards séparées dans l’Aile E du Site-Beth. Les instances ne sont pas autorisées à entrer en contact avec des animaux en dehors des phases de test. Pour éviter des accès de démence de la part des instances de SCP-381-FR-1, l’octroi d’animaux en peluche est accordé, étant donné que leur présence semble les calmer. Un bilan psychologique des instances doit être réalisé de manière hebdomadaire.

Les instances de SCP-381-FR-1 sont autorisées à interagir avec les espèces animales sélectionnées par le responsable de l'anomalie en vertu du programme Bifröst.

Description : SCP-381-FR désigne une série de modifications génétiques qui apparaissent spontanément chez les humains affectés, désignés SCP-381-FR-1. Ces altérations génétiques se manifestent généralement chez des personnes âgées et principalement en Europe de l’Ouest, sans cause apparente, aucun élément déclencheur n’ayant pu être relié aux occurrences de SCP-381-FR.

Un premier groupe de modifications génétiques a pour effet d’induire chez le sujet un trouble psychologique similaire au syndrome de Noé1. Celui-ci va alors développer un besoin compulsif d’acquérir des animaux de compagnie, qu’il s’agisse d’espèces domestiques ou non. Les sujets feront tout ce qui est en leur pouvoir pour combler ce besoin, en dépit de leur situation financière ou de la loi, de telle sorte que les instances de SCP-381-FR-1 sont souvent repérées et prises en charge par les services sociaux, les institutions médicales ou la police.

Le second groupe de modifications génétiques provoque l’apparition d’un trouble obsessionnel compulsif à lécher des animaux chez les sujets affectés, ce qui concerne mais n'est pas limité à ceux qu'il a recueillis.

La dernière série de modifications affecte le fonctionnement des glandes salivaires, dont les cellules séreuses vont se mettre à produire un virus anormal mais inoffensif. Le virus (désigné SCP-381-FR-2) se distingue des autres virus par sa capacité à extraire l’ADN des cellules étrangères contenues dans la salive de SCP-381-FR-1, puis à l’implémenter dans diverses cellules de l’organisme de SCP-381-FR-1. Lesdites cellules vont alors se reproduire de manière accélérée pendant un court laps de temps, formant ainsi des tumeurs bénignes à travers le corps des individus affectés, dont toutes les cellules contiennent de l’ADN non-humain. Les tumeurs se résorbent après quelques jours pour une raison inconnue.

Les cas de SCP-381-FR sont induits par une société de survivants d’une réalité alternative, nommée par la suite SCP-381-FR-α, ayant apparemment subi un scénario de Classe VK2 au cours du vingtième siècle. Les habitants de SCP-381-FR-α sont capables de communiquer avec la Fondation à travers la production d’ARN des cellules des instances de SCP-381-FR-1.

Addendum 381-FR.1 : Découverte de SCP-381-FR

La première instance de SCP-381-FR-1, Bernard T██████, fut découverte le 26/02/2004. Le sexagénaire avait été arrêté quelques jours plus tôt pour la tentative de vol d’un âne et pour maltraitance animale, son domicile contenant plus de 37 animaux d’espèces variées le jour de son arrestation, détenus dans un espace insuffisant et de très mauvaises conditions d’hygiène.
Constatant sa mauvaise santé physique et mentale, les forces de police lui firent passer un examen médical au cours duquel le médecin constata plusieurs tumeurs bénignes sur le corps de M. T██████ et décida de l’envoyer à l’hôpital pour des examens complémentaires. Ceux-ci mirent au jour la présence d’ADN non-humain dans ses cellules à la stupéfaction du personnel hospitalier. Les rapports médicaux de cette découverte anormale arrivèrent à l’attention de la Fondation, qui prit alors en charge le sujet et administra des amnésiques à l’équipe médicale qui avait eu la charge de ce dernier.

Par la suite dix-neuf instances de SCP-381-FR furent repérées et confinées par la Fondation, dont seize en Europe, une au Canada et deux en Algérie. Trois sont décédées depuis.

Addendum 381-FR.2 : Découverte et prise de contact avec SCP-381-FR-α

Le 15/03/2004, lors d’un contrôle de routine des instances de SCP-381-FR-1, il fut découvert que certaines d’entre elles avaient subi une nouvelle mutation génétique, poussant les cellules à produire massivement un même brin d’ARN messager, ce dernier n’ayant apparemment aucun rôle ni effet dans l’organisme.

Il fut également découvert que toute instance n’ayant plus eu de contact avec des animaux pendant une période supérieure à trois semaines subissait la même mutation, qu’elle ait été confinée par la Fondation ou restreinte de sa liberté par une institution civile.

L’analyse du brin d’ARN montra la présence d’un grand nombre de codon-stop dans la chaîne des acides aminés. Il fut alors réalisé que la traduction de l’ARN en code morse (l’adénine et l’uracile équivalent au signal court tandis que la guanine et la thymine correspondent au signal long), permettait de découvrir un message d’une provenance inconnue. Le message, transcrit ci-dessous, était également répété en anglais, allemand, russe, espagnol et latin avec des variations mineures.

DEMANDE DE LIBERATION DE LA PERSONNE CI-PRESENTE. LA SURVIE D UN MONDE ALTERNATIF EN DEPEND. MERCI DE LA LIBERER ET DE LUI LAISSER ACCES A DIVERSES ESPECES ANIMALES. IL EST POSSIBLE DE COMMUNIQUER AVEC NOUS VIA MODIFICATION ADN. METHODE ET PLAN DU MATERIEL NECESSAIRE FOURNIS A LA SUITE DE CE MESSAGE.

La suite du message consistait en une longue description sur la manière de fabriquer et d’utiliser un appareil de modification rapide des gènes dont le fonctionnement partageait des similarités avec la biolistique. Le procédé, bien que non-anormal, semblait être le fruit d’une technologie plus avancée. Peu après, la Fondation décida d’établir le contact en utilisant la technologie susmentionnée, étant capable de répondre en modifiant le code génétique d’une des instances de SCP-381-FR-1. Les autorités de SCP-381-FR-α répondirent une heure plus tard.

[DÉBUT DE LA TRANSCRIPTION]

Fondation SCP : QUI ETES VOUS. POURQUOI MODIFIEZ VOUS ADN. COMMENT FAITES VOUS.

SCP-381-FR-α : MESSAGE BIEN RECU. BONJOUR A VOUS. NOUS VOUS REMERCIONS POUR VOTRE REPONSE. NOUS SOMMES UN GROUPE DE SURVIVANTS D UNE REALITE PARALLELE. UN UNIVERS OU L HISTOIRE EST DIFFERENTE. NOUS AVONS SUBI UN EVENEMENT APOCALYPTIQUE ET NOUS AVONS BESOIN DE RECUPERER DES GENOMES ANIMAUX DISPARUS. LA SEULE POSSIBILITE EST DE LES RECUPERER DANS D AUTRES UNIVERS. NOUS N AVONS PAS D INTENTIONS NEFASTES. NOUS POUVONS EGALEMENT COMMUNIQUER DANS UNE AUTRE LANGUE SI CELA VOUS EST PLUS FACILE.

Fondation SCP : NEGATIF. FRANCAIS NOUS CONVIENT. QUEL EST CET UNIVERS PARALLELE. COMMENT FAITES VOUS POUR MODIFIER ADN ET ETABLIR CONTACT ENTRE 2 UNIVERS.

SCP-381-FR-α : LES EXPLICATIONS SONT LONGUES ET COMPLEXES ET CETTE FORME DE COMMUNICATION EST TROP LIMITEE. NOUS VOUS PROPOSONS DE PASSER PAR UN AUTRE SYSTEME DE CODAGE SI CELA VOUS CONVIENT.

Fondation SCP : AFFIRMATIF. QUEL SYSTEME.

SCP-381-FR- α : SYSTEME DE CODAGE STANDARD TRANSATLANTIQUE. NOUS VOUS FOURNISSONS LA TABLE DE CODAGE.

Par la suite, SCP-381-FR-α fournit une série de messages ARN expliquant le fonctionnement de la langue de codage. Après quelques heures, les équipes de recherche sur SCP-381-FR-α réussirent à recréer la table de codage, qui se trouvait être assez similaire au langage ASCII. La communication fut alors facilitée par un accès à des caractères spéciaux, aux signes de ponctuation, aux chiffres ainsi qu’à divers opérateurs mathématiques.

SCP-381-FR- α : La communication sera plus aisée de cette manière. Reprenons depuis le début, si vous le voulez bien. En tant que représentants de notre monde, nous vous saluons et vous remercions infiniment pour avoir répondu à notre message. Nous sommes un groupe de scientifiques et de dirigeants faisant partie de la société du bunker Nostradamus3 situé dans ce qui était autrefois la République française. Nous nous situons dans ce que nous appelons "une réalité alternative", c’est-à-dire un univers semblable au vôtre mais dont l’Histoire, à un moment donné, s’est déroulé d’une manière différente.

Fondation SCP : Le concept d’uchronie nous est familier. Quelles sont les différences entre notre monde et le vôtre ?

SCP-381-FR- α : Nous ne saurions vous le dire précisément, étant donné que nous ne connaissons le vôtre que via l’ADN de vos concitoyens. La seule différence dont nous ayons connaissance est que le nôtre a subi une pandémie mondiale ayant détruit rapidement sa biosphère. Nous ainsi que les autorités des autres grands abris à travers le monde tentons de permettre à la surface d’être à nouveau viable et de récréer la biosphère terrestre perdue. C’est pour cela que nous essayons de collecter des génomes dans votre monde et dans d’autres réalités alternatives. Êtes-vous liés à l’État français ?

Fondation SCP : Négatif. Nous sommes une organisation privée gérant ce qui touche au domaine de l'anormal. Vos modifications génétiques ont attiré notre attention et nous avons pris en charge les individus à qui vous les avez fait subir. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette pandémie qui a ravagé votre monde ?

SCP-381-FR- α : Très bien. Dans notre monde, après la Grande Guerre de 1914-1918 (nous supposons qu’elle a également eu lieu dans le vôtre), eut lieu une seconde grande guerre, que nous avons appelée la Seconde Guerre mondiale. Cette guerre opposa principalement l’Allemagne, l’Italie et le Japon contre la France, le Royaume-Uni et les États-Unis d’Amérique. L’Allemagne de l’époque était contrôlée par le parti nazi, doté d’une idéologie nationaliste et totalitaire qui prônait la supériorité des races aryennes sur toutes les autres, et principalement celles sémitiques. Comptant un grand nombre de savants dans leurs rangs, les allemands se concentrèrent sur la recherche dans la génétique notamment afin de créer un humain parfait débarrassé de tous les mélanges avec les races considérées inférieures : un übermensch. Mais également afin de créer des armes biologiques, programmées pour s’attaquer à des populations spécifiques, afin de rayer les soi-disant "races inférieures" de la surface de la Terre.

Mais finalement, grâce aux forces combinées du Royaume-Uni, de la France mais surtout des États-Unis et de l’Union des républiques socialistes soviétiques, l’Allemagne et ses alliés furent vaincus.

Les puissances victorieuses de l’Est et de l’Ouest récupérèrent alors les généticiens allemands, notamment par l’opération Paperclip, et se mirent à leur tour à développer des armes biologiques, dont la première fut utilisée officiellement en 1947 par les États-Unis. Ces derniers s’embourbaient en effet depuis presque deux ans dans leur tentative d’invasion militaire du Japon, et ils décidèrent alors de libérer l’agent Skoell, une version mutée de la grippe, qu’ils lâchèrent au-dessus des principales villes nippones. L’armée américaine étant dotée d’un vaccin l’immunisant, elle put rapidement prendre l’avantage. Deux semaines plus tard, l’Empire du Japon remit sa reddition en échange d’un accès au vaccin.

Cet événement fut extrêmement important car il montra l’évidente supériorité militaire qu’apportaient les armes biologiques en temps de guerre. Le problème est que les tensions internationales n’avaient pas disparu à la fin de la guerre. En effet, les puissances de l’Ouest et de l’Est, menées respectivement par les États-Unis et l’U.R.S.S, avaient des idéologies radicalement opposées, chacune considérant le camp adverse comme un ennemi pour la leur. S’en suivit alors une course aux armements biologiques, qui furent testés massivement lors de multiples conflits par intermédiaires, principalement en Asie, et au Moyen-Orient. Car à l’époque la possession des gisements du gaz, de charbon et de pétrole qui y sont situés devenait plus que stratégique alors que le besoin mondial en énergie augmentait4.

Mais les divers fiascos et pertes de contrôle suite à l’utilisation de ces armes, commencèrent à inquiéter l’opinion internationale qui se mit à protester avec force contre ces arsenaux biologiques qui risquaient d'engendrer des pandémies mondiales. Les accords de Patras, signés en 1968, réglementèrent l’usage et le développement des armes biologiques, mais les accords se concentraient principalement sur celles qui étaient destinés à s’attaquer à l’Homme. Les différentes puissances se mirent alors à développer un armement qui s’attaquerait aux cultures ennemies pour pouvoir ainsi affamer leurs éventuels opposants.

Finalement, le 08 mars 1979, à la suite d’un incident diplomatique au Laos, la Troisième Guerre mondiale éclata. Évidemment les traités ne furent pas respectés et de nombreux virus furent envoyés sur les populations et surtout sur les champs. Mais en juin 79, dans un champ autrichien, un phytovirus soviétique s’attaquant aux légumineuses entra en contact avec les différents produits chimiques, bactéries et virus modifiés utilisés comme pesticides. Ce cocktail explosif le fit muter de manière imprévue.

Il se mit désormais à s’attaquer aux chloroplastes5 de tous les organismes végétaux : les légumineuses d’abord, mais bientôt aussi les herbacées, les fougères, les céréalières et même les arbres, à des rythmes certes différents, mais toujours ravageurs. Plusieurs foyers d’infections ayant subi une mutation parallèle se déclarèrent à travers le monde et les deux camps furent rapidement dépassés, le nouveau virus ne répondant plus aux inhibiteurs programmés dans son code génétique pour endiguer sa propagation. Une paix fut signée à la va-vite entre les belligérants qui se concentrèrent alors sur un moyen de stopper cette épidémie. Mais en raison des famines et des crises qui éclataient à cause de la propagation du virus et qui ralentissaient leurs recherches, ils n’y arrivèrent pas à temps. Le niveau d’oxygène commença à diminuer lentement et la vie à la surface à mourir à petit feu.

Le gouvernement français, ainsi que ceux de Belgique, Suisse et d’Allemagne de l’Ouest, se réfugièrent alors dans le Nostradamus accompagnés par une petite partie de leur population sélectionnée avec soin, où, à l’abri du virus, ils purent cultiver de quoi se nourrir et subsister jusqu’à aujourd’hui. Mais nous ne faisons que survivre. C’est pourquoi nous avons lancé, en collaboration avec d’autres grands abris dans le monde, le programme Chloris qui vise à reconstruire la biosphère terrestre. Mais pour se faire, nous avons besoin du génome d’espèces disparues que nous ne pouvons désormais trouver que dans d’autres réalités.

Fondation SCP : Pourquoi ne cherchez-vous pas à acquérir également des génomes végétaux dans ce cas ? Pourquoi uniquement des animaux ?

SCP-381-FR-α : Ironiquement, nous avons tout ce qu’il nous faut de ce point de vue-là. Dès que les armes anti-agraires ont commencé à faire leur apparition, les différentes nations du monde ont pensé à prévoir des banques de graines pour la quasi-totalité des espèces végétales. Néanmoins ces banques n’avaient été prévues que pour pallier la disparition de quelques espèces de manière périodique, et personne n’aurait pu imaginer que ce serait des biomes entiers qui seraient détruits, raison pour laquelle aucune banque de zygotes non-humains n’avait été prévue. Or, la nature est un réseau où chaque élément interagit avec les autres dans une grande toile complexe et les écosystèmes nécessitent également une faune pour se développer. Sans cela, nous ne pouvons espérer rétablir le monde d’antan.

Fondation SCP : Comment faites-vous pour modifier l’ADN des habitants de notre monde ? Et de quelle manière obtenez-vous les génomes qu'ils "collectent" ?

SCP-381-FR-α : Lorsque nos prédécesseurs sont entrés dans le Nostradamus, ils ont amené avec eux un certain nombre d’anomalies. Parmi elles se trouvaient un artefact appelé "le prisme aux sentiers qui bifurquent"6 qui avait la capacité supposée de permettre de transmettre des ondes dans des univers parallèles. Notre monde étant alors dépourvu de vie, nous savions que si nous voulions un jour le faire renaître, il nous faudrait aller chercher ce qu’il nous manquait sur une Terre intacte, et le Prisme était la clé pour cela. Mais le problème, c’est que l’objet ne laisse en réalité passer dans son dédale d’univers que très peu de choses, les ondes radios et la lumière étant déformées par ce passage. Seuls les phénomènes anormaux immatériels peuvent le traverser sans encombres. C’est alors que nous avons essayé d’utiliser un rituel appelé "le lien du sang", qui permet d’unir deux individus possédant un lien de parenté suffisant7. Nous avons légèrement modifié le concept de base, afin de ne devoir appliquer le rituel que sur un seul des membres de la paire, puis nous l’avons utilisé en le projetant sur le prisme. Notre volontaire confirma rapidement qu’il sentait désormais un contact avec un individu d’une autre réalité qu’il pouvait entrapercevoir dans des flashs.

Malheureusement, ce lien ne nous permettait pas de communiquer directement avec l’autre univers, seulement d’entrapercevoir un monde où aucune catastrophe ne s’était produite et où la Terre était encore verte. Nous avons alors poursuivi nos recherches sur ce rituel, ce qui nous a permis de l’améliorer et de renforcer la puissance du lien et de le rendre plus précis, de sorte que toute modification du code génétique appliquée à l’un des individus se répercute immédiatement sur l’autre. Cela nous a ainsi permis d’induire chez la cible, en modifiant l’ADN de notre propre sujet, les comportements et mutations nécessaires pour qu’elle puisse collecter de l’ADN animal et le faire par conséquent apparaître dans le code génétique de notre volontaire. Néanmoins en contrepartie, le lien nécessitait une plus grande similitude entre les deux individus, au point qu’il ne fonctionnait plus que sur les jumeaux ou éventuellement les clones. En somme, sur des individus dont le code génétique est quasiment identique à l’origine. Mais ce ne fut qu’un inconvénient mineur, puisqu’il nous suffisait alors d’établir le lien entre deux versions d’une même personne, l’une dans notre univers, et la seconde dans un des mondes qui n’a pas subi les ravages de la guerre.

Fondation SCP : Les alter-egos de nos sujets étaient donc volontaires pour subir toutes ces mutations génétiques ?

SCP-381-FR-α : Bien sûr, ils savent que le renouveau de notre planète dépend de ce projet, et ils acceptent de sacrifier une partie de leur personne pour nous permettre de garder espoir. Nous n’utiliserions jamais des sujets non-consentants.

Fondation SCP : Leurs alter-egos de notre monde n’ont pas eu ce choix, pourtant vous avez délibérément altéré leur matériel génétique en connaissance des effets que cela aurait sur leur mental.

SCP-381-FR-α : Il est vrai. Nous vous présentons nos plus sincères excuses, mais nous avions difficilement d’autres choix pour réussir à acquérir ce que nous cherchions. Si vous le souhaitez, nous pouvons annuler les modifications affectant le comportement sans dégâts physiques chez nos volontaires, les effaçant ainsi aussi chez vos concitoyens. Il y a néanmoins de grandes chances qu’ils gardent quelques séquelles psychologiques.

Fondation SCP : Ce serait en effet souhaitable et nous l'apprécierions grandement. Nous remarquons que vous avez mentionné d’autres mondes. Vous êtes donc en contact avec d’autres réalités que la nôtre ?

SCP-381-FR-α : En contact, pas vraiment. Nous avons effectivement établi des liens transuniversels avec 13 autres mondes à ce jour, dont 7 encore actifs avec des rendements variés. Mais établir une forme de communication est extrêmement difficile, il faut déjà espérer que la technologie et les connaissances en génétique du monde cible soient suffisamment développées pour qu’il puisse remarquer le message. Et quand bien même ils le remarqueraient, il faudrait qu’ils arrivent à comprendre qu’il s’agit d’un message et à le décoder. Il s’agit plus d’une bouteille à la mer que nous utilisons en dernier recours quand nous nous rendons compte que nos sujets n’arrivent plus à récolter d’ADN animal que d’une vraie tentative de prise de contact avec le monde cible. Pour l’instant, seul un autre univers est en contact avec nous. Il y en avait également un troisième, mais ils ont arrêté toute communication avec nous après trois semaines de discussion.

Fondation SCP : Et où en est votre collecte d’ADN à ce stade ?

SCP-381-FR-α : Nous avons réussi à acquérir 826 génomes d’espèces animales différentes, bien que pour la plupart d’entre elles nous n’ayons pas suffisamment de diversité génétique pour espérer ramener l’espèce à la vie de manière durable. De plus, il s’agit principalement de groupes d’espèces proches, occupant la même niche écologique, ce qui est insuffisant si nous souhaitons rétablir un écosystème.

Fondation SCP : Et comment espérez-vous ramener ces espèces à la vie ?

SCP-381-FR-α : Pour l’instant nous procédons par clonage. Nous créons un zygote avec l’ADN de l’espèce disparue que nous insérons ensuite chez une mère porteuse d’une espèce cousine. Nous avons réussi à cloner avec succès plusieurs espèces de coqs et de faisans et d’autres oiseaux communs, ainsi que quelques zèbres qui décèdent malheureusement bien trop souvent à un jeune âge. Nous avons obtenu les meilleurs résultats avec les clonages de loups avec des chiennes comme mère porteuse. Nous avons également cloné trois chimpanzés pour lesquels nous n’avons malheureusement que du génome mâle.

Fondation SCP : Et pour les espèces pour lesquelles vous n’avez aucune mère porteuse suffisamment proche ?

SCP-381-FR-α : Nos scientifiques travaillent d’arrache-pied à la réalisation d’utérus et autres organes artificiels pour nous permettre de les ramener à la vie, mais nous avons surtout plusieurs projets se basant sur d’autres anomalies pour parvenir à ce but.

Cependant nous implorons votre aide. Voyez-vous pour pouvoir nous assurer d’atteindre une réalité alternative dont la biosphère est encore intacte, nous devons tisser le lien trans-universel avec une réalité suffisamment éloignée pour qu’elle n’ait pas subi le même sort que la nôtre, et suffisamment proche pour posséder un alter-ego d’un de nos volontaires, puisqu’à partir du moment où l'histoire diverge, ce ne sont plus les mêmes couples qui se forment ni les mêmes individus qui naissent. Ce qui fait que nous ne pouvons créer un pont qu’avec des réalités dont le point de divergence est antérieur à la Deuxième Guerre mondiale. Or, pour cela il nous faut donc des volontaires qui sont nés avant ou peu après le début de la guerre. Il n’y a pas besoin de vous expliquer que ceux-ci se font rares et surtout se font vieux. Or le lien trans-universel est unique, une fois créé, on ne peut le rompre ou en créer un nouveau en utilisant le même sujet. De fait il suffit que l’une des deux parties décède pour que le contact avec l’autre univers soit définitivement perdu. Bien sûr, nous avons modifié l’ADN de nos sujets pour allonger leur espérance de vie, mais on ne peut le faire indéfiniment. Et puis même si le double ne meurt pas, le simple fait qu’il soit en détention rend le lien inutile. Or, le temps nous est compté, nous ne pourrons bientôt plus établir de pont avec aucun univers et si nous n’avons pas récolté suffisamment de génomes d’ici là, tous nos efforts auront été vains. C’est pourquoi nous vous prions de bien vouloir accepter de nous aider en autorisant les doubles de nos volontaires à nous transmettre le plus de génomes possibles.

Fondation SCP : Ce projet n’est-il pas un peu utopique ? Pensez-vous réellement être capable de reconstruire intégralement la biosphère à partir de graines et de génomes ?

SCP-381-FR-α : Nous le savons. Nous savons que ce projet est fou et sans doute irréaliste. Mais nous n’avons pas vraiment d’autres alternatives, si nous voulons qu’un jour la Terre reprenne son visage d’autrefois. Nous avons attendu vingt ans avant de lancer le programme Chloris, terrés dans nos abris en attendant que toute trace du virus ait disparu, simplement pour avoir un seul espoir de pouvoir réussir. Pendant tout ce temps nous avons cultivé des cuves énormes de phytoplanctons qu’il n’aura fallu qu’une heure pour déverser intégralement dans l’océan, et y laisser une simple tache de vie, poussée par les courants tel un bateau en papier portant notre avenir. Aujourd’hui encore nous regardons avec plus de foi pousser des mousses dans nos serres qu’un crucifix. Tous les hommes et femmes qui travaillent sur ce projet savent que jamais plus ils ne verront un paysage sauvage et verdoyant, que jamais plus au hasard d’une balade ils ne verront jaillir d’entre deux arbustes un éclair roux s’enfuyant, que jamais plus ils ne pourront partager un regard avec une créature gigantesque mais dont on ressent l'intelligence, que jamais plus enfin ils ne pourront dire que le printemps est là aux simples bruits du matin. Mais pourtant nous continuons de nous battre, pour que nos descendants aient peut-être cette chance. Car si la folie des hommes a détruit notre monde, alors peut être qu’une folie lui permettra de renaître.

[FIN DE LA TRANSCRIPTION]

Addendum 381-FR.3 : Programme Bifröst

Suite aux échanges avec les autorités de SCP-381-FR-α, le Haut-Commandement autorisa la mise en place du programme Bifröst.

Le programme Bifröst prévoit l’assistance aux autorités de SCP-381-FR-α en leur transférant les génomes des espèces animales requises au travers des instances de SCP-381-FR-1, lesquels auront été préalablement ôtées des modifications génétiques affectant leur comportement et leur santé mentale.

Le Comité d’Éthique autorise la création de nouvelles instances de SCP-381-FR-1 pour permettre de palier aux pertes, à la condition que les nouveaux sujets affectés ne subissent que la troisième série de modifications génétiques, ce que les autorités de SCP-381-FR-α se sont engagés à respecter.

En contrepartie les responsables du projet de SCP-381-FR-α s’engagent à partager avec la Fondation leurs connaissances en génétique ou sur toute autre technologie avancée qu’ils possèdent, ainsi que les informations sur les anomalies en leur possession.

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