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Crédits
Titre : SCP-360-FR - Les Rats de Carthage
Auteur : Charles Magne
Date : 7 septembre 2018
Image : Informations manquantes
Le Dr S. Bern inspectant des ossements d'instances de SCP-360-01-FR dans l'une des galeries du Niveau Bêta.
Objet no : SCP-360-FR
Niveau de Menace : Indéterminé
Classe : Neutralisé
Procédures de Confinement Spéciales : L'ancienne zone d’effet de SCP-360-FR doit être placée sous l’autorité administrative de la Fondation pour les Sites Culturels Puniques. Cette dernière doit étudier rigoureusement les divers projets de chantiers publics ou civils, les demandes de fouilles archéologiques ainsi que les différents circuits touristiques traversant la zone avant toute autorisation éventuelle.
Toutes les différentes issues permettant d'accéder à l'Emplacement d'Intérêt EdI-360 doivent être soigneusement condamnées. Des agents de la Fondation sous la couverture de commerçants civils et d'officiers de police doivent être postés à proximité de ces issues pour éviter tout risque d’intrusion. Les explorations des galeries d'EdI-360 sont possibles moyennant une Autorisation de Niveau 2 délivrée par le responsable du projet d’étude de SCP-360-FR (actuellement, le Dr S. Bern).
Les ossements et restes des instances de SCP-360-01-FR et de SCP-360-02-FR, les divers éléments retrouvés dans l'EdI-360 et toutes les archives en lien avec SCP-360-FR doivent être conservés dans la salle de stockage N-909 du Site Kybian.
Description : SCP-360-FR désigne collectivement un phénomène s’étant reproduit à au moins à huit reprises entre le IIème siècle av. JC et le 28/09/1934 – date de sa neutralisation supposée – dans une zone d’une dizaine de kilomètre englobant la ville de Carthage en Tunisie. Ce phénomène avait pour effet de provoquer l’enlèvement et l’asservissement par un groupe d’entités anormales (désignées collectivement SCP-360-01-FR) de tous les individus premiers-nés de leurs fratries respectives se trouvant au sein de la zone d'effet du phénomène (désignés collectivement SCP-360-02-FR).
Avant sa neutralisation supposée, il n’existait aucun moyen de prévoir avec certitude l’imminence ou la durée d’un cycle de SCP-360-FR. En se fondant sur les archives historiques de la région, les historiens de la Fondation sont néanmoins parvenus à relever divers éléments permettant d’établir une estimation approximative de ces facteurs. Il semblerait ainsi que chacun des cycles de SCP-360-FR ait été précédé par les événements suivants :
- Un contexte militaire et géopolitique agité : La totalité des cycles de SCP-360-FR se sont en effet produits alors que la zone d’effet se trouvait sous la menace ou l’occupation d’une force militaire étrangère et perçue comme hostile par la population locale.
- Un exode massif et inexpliqué de la population locale : Événement se produisant généralement quelques heures avant le début d’un cycle. Selon le Pr T. Myaszaka, il aurait existé un lien entre les deux premières phases. SCP-360-FR agirait en effet comme un mécanisme défensif pour la population locale contre d’éventuels agresseurs. L’évacuation soudaine de la zone serait ainsi une manœuvre inconsciente - et probablement induite par SCP-360-FR - de la population destinée à préserver cette dernière des effets néfastes de SCP-360-FR (cf. Symbioses Anormales, par le Pr A. Chargne-Lesmag, Journal des Sciences Cachées et Paranormales n°546)//
- Une invasion massive de rongeurs : Ces derniers investissaient la zone d’effet par groupes de centaines de milliers d'individus depuis un réseau de galeries souterraines (désigné EdI-360). Parmi lesdits rongeurs se trouvaient également mêlés plusieurs centaines, voire milliers, d’instances de SCP-360-01-FR. À partir de l'apparition de ces dernières, on considère qu’un cycle de SCP-360-FR vient de se déclencher.
Les instances de SCP-360-01-FR avaient l’apparence de gros rongeurs muridés mesurant entre 70 et 80 cm du haut du crâne à la racine de la queue. Leurs mâchoires inférieures étaient munies de canines très développées et d’une paire de glandes sécrétant un venin hautement toxique. Les instances de SCP-360-01-FR étaient bipèdes et les nombreux éléments retrouvés dans l'EdI-360 semblent indiquer en outre qu’elles possédaient un degré relativement avancé de conscience et d’intelligence. Il semblerait enfin que les instances aient été capables de communiquer entre elles ainsi qu’avec les instances de SCP-360-02-FR infectées par leur venin. La dernière instance connue de SCP-360-01-FR, capturée par le Bureau Africain des Affaires Occultes en 1934 avant d'être confiée à la garde de la Fondation en 1962, est décédée de mort naturelle au Site-Yod le 19/05/197█.
SCP-360-02-FR désigne collectivement les victimes directement ciblées par les instances de SCP-360-01-FR. Il s’agissait d'individus de tous âges, sexes et conditions se trouvant être les enfants premiers nés de leurs fratries respectives présents au sein de la zone d'effet de SCP-360-FR lors du déclenchement d’un cycle. Lorsqu’une instance de SCP-360-01-FR leur infligeait une morsure, cette dernière leur injectait un venin provoquant une hypertrophie des ganglions lymphatiques sur le torse, l’aine, la gorge et les aisselles des sujets mordus, très semblables aux symptômes provoqués par une infection de Yersina pestis. Le venin attaquait en outre les terminaisons neurales des sujets infectés, provoquant chez ces derniers une dégénérescence de leurs facultés mentales, cognitives et mémorielles. Les instances de SCP-360-02-FR devenaient alors très réceptives à la suggestion et aux injonctions autoritaires tout en manifestant une inhibition totale de leurs instincts de préservation logique face à des situations potentiellement dangereuses. Il a également été constaté que les sujets SCP-360-02-FR affectés développaient une capacité à comprendre et interpréter les gestes, couinements, ou encore les phéromones émises par les instances de SCP-360-01-FR. Les scientifiques de la Fondation et du BAAO ont estimé que le taux de létalité du venin était de l’ordre de 2 à 3 % chez les sujets SCP-360-02-FR contre 70 à 95 % chez les sujets normaux.
Addendum 360-a : Historique
Militaires du 4ème RMO bombardant la zone d'effet de SCP-360-FR lors du cycle de septembre 1934.
Après une longue période d’inactivité tout au long du XIXème siècle, le dernier cycle de SCP-360-FR s’est déclenché vers le début du mois de septembre 1934 lors des répressions organisées par l’administration française du Protectorat de Tunisie contre des mouvements indépendantistes locaux. Le cycle de 1934 fit près de ████ victimes et plus de ███ disparus. Les individus les plus touchées furent les colons européens, ainsi que les militaires et agents français chargés de traiter l’affaire. On estime à l’heure actuelle que la majorité des décès ont été provoqués par les tentatives du Bureau Africain des Affaires Occultes, principal organe sous-traitant du Ministère des Affaires Occultes dans les colonies africaines, pour endiguer le phénomène.
- Le 6 septembre 1934, alors que les dégâts et les pertes humaines provoquées par SCP-360-FR atteignent leur paroxysme, le BAAO ordonne l’évacuation immédiate des derniers civils encore présents dans Carthage et dépêche sur place le 4ème Régiment de Marche Occulte pour éradiquer la menace.
- Le 7 septembre, le secteur de la ville est bouclé par les fantassins du 4ème RMO qui procède alors au bombardement de la zone à l’aide d’obus au Bromure de Xylyle, un gaz de combat extrêmement toxique, malgré la présence de nombreux colons et agents du BAAO encore présents dans la zone.
- Le 9 septembre, le bombardement se poursuit jusqu’au matin et provoque la destruction presque complète de la vieille ville de Carthage.
- Tout au long des journées des 9, 10 et 11 septembre, les fantassins du 4ème RMO vont nettoyer les ruines de la zone et les galeries où les instances de SCP-360-01-FR ont été aperçues en faisant un usage massif de lance-flammes et de dispositifs incendiaires, de gaz de combat et de matériel militaire anormal (cf. Addendum 360-c). Lors de cette manœuvre, surnommée l’Opération "Pipeau de Hamelin", les agents du BAAO vont collecter plus de 2000 cadavres d’instances de SCP-360-01-FR.
- Le 13 septembre 1934, le BAAO déclare la menace neutralisée. La zone bombardée est déclarée inhabitable sous prétexte de l’explosion d’une usine chimique militaire. Une couverture impliquant une épidémie de choléra est utilisée pour couvrir la disparition des victimes.
- Le 31 Décembre 1962, suite à la dissolution de leur Bureau Africain, les Archives Noires de la République sont contraintes de céder une partie de leur stock d’anomalies, y compris les divers éléments classés SCP-360-FR, à la Fondation SCP faute de moyens pour les conserver efficacement.
Addendum 360-b : Cycles notables de SCP-360-FR
Avant-propos : Le document suivant est un extrait du De Cato Doctrinas, un recueil de lettres et de réflexions rédigé au IIème siècle av. JC par le fils du sénateur romain Caton l’Ancien. Cet ouvrage rassemble les visions et conseils de son père sur politique que devrait adopter Rome après la mort de ce dernier. Le présent extrait est un discours prononcé par l’auteur devant le Sénat suite à la prise de Carthage par les armées romaines.
Marcus Porcius Caton aux représentants du Sénat de Rome, la veille des Calendes de décembre 627 Ad Urbe Condita, ave !
Sénateurs,
C’est avec une liesse sans pareille que le bon peuple de Rome accueille la nouvelle de la prise de l’orgueilleuse cité des barbares et de la victoire de nos légions. Mars Ultor a armé le bras du tribun Scipion Émilien et l’a rendu digne du patronyme de son illustre prédécesseur, Scipion l'Africain. Honneur lui soit rendu !
Pourtant, il est de mon devoir d’avertir les nobles sénateurs. Si Carthage la Superbe a été soumise, elle n’en est pas pour autant abattue. C’est pourquoi nous devons décider dès à présent du sort que nous réserverons à ce repaire de pirates, de sorciers et de démons.
C’est avec honte que je constate qu’il se trouve au sein même de cette illustre assemblée des individus – des naïfs béats et des modérés vénaux que j’ose à peine honorer du titre de sénateur – qui n’hésitent pas à avancer que nous devrions nous montrer clément avec les barbares puniques et qu’un commerce en bonne intelligence avec ces-dernier nous permettra de développer la prospérité économique et culturelle de Rome. Je ne crois pas trop m’avancer en dénonçant derrière ce projet voilé d’une douteuse générosité, la volonté d’une poignée de citoyens que je ne nommerai pas – les citoyens Marcellus, Cartius et Dercius, par exemple – la volonté cupide de remplir leurs coffres d’or au détriment de l’intérêt supérieur du Sénat et du Peuple Romain. À ces traîtres je tiens à rappeler ceci : par trois fois cette ville nous a défiés et trois fois nous l’avons vaincue. Et cette fois là encore, sans l’astuce de l’illustre Émilien et le secours de Mars, cette ultime campagne eut bien failli s'achever par un désastre.
Omettrez-vous si vite, ô nobles sénateurs, l’assaut tragique de nos braves cohortes qui, découvrant les portes ouvertes et la ville abandonnée, se jetèrent dans le piège machiavélique de ces sauvages sans cœur et sans honneur ? Oublierez-vous les masses grouillantes de démons surgissant du sol pour se saisir des plus vaillants des fils de Rome et les précipiter à leur suite dans les entrailles putrides de cette cité maudite ? Nous faudra-t-il oublier impunément la disparition malheureuse du légat Septime Nuldecimus lui-même ? Et de combien de nos compatriotes avec lui, combien de vos frères, de vos fils ? Ne vous abusez point nobles sénateurs. Les baals infâmes hantent encore les rues de cette ville et ils continueront tant que nous n’aurons pas abattu ses murailles et assaini son sol maudit par le feu et par le sel.
Enfin, à tous ceux qui verraient dans l’opulence de Carthage l’opportunité de l’or et du commerce prospère, je conclurais ainsi : si le divin Apollon nous semble attrayant et prospère lorsqu’il brandit son flambeau solaire, nous ne devons pas oublier pour autant que lorsque luit sa sœur Diane, il n’en devient pas moins le dieu de la peste et des rats.
C’est pourquoi, ô nobles sénateurs, je vous supplie d’écouter le conseil que mon père, l’illustre Caton, vous exhortait à suivre de son vivant. Il faut détruire Carthage.
Avant-propos : Le document suivant est extrait du chapitre XVII du Traité sur l’usage pratique de l’anormal à travers l’Histoire intitulé "L’Art militaire occulte au Moyen-Âge - Partie II ; Croisades et Reconquista" par le Pr G. Delsupery, historien au service de la CMO.
[…] Les premières utilisations réglementées de l’anormal dans un but militaire remontent à la seconde moitié du XIe siècle ap. JC, avec le début de la période des croisades. Le contexte mystique de cette guerre religieuse sans précédent (connue également par certains historiens comme la Deuxième Guerre de l’Occulte) s’est en effet avérée favorable à l’utilisation de telles armes. Pour autant, les méthodes d’utilisation différaient largement selon les belligérants.
Côté croisé, les monarques et grands seigneurs catholiques se fondaient sur les enquêtes minutieuses du Chapitre Inquisitoire des Miracles et Sataneries (créé en 1111 par la bulle De Mundos Invisibila du pape Pascal II) afin de déterminer quels artefacts et anomalies pouvaient être utilisées et à quels ennemis les destiner sans provoquer l’ire du Saint-Siège et risquer l’excommunication. Les dynasties Abbassides et Omeyyades possédaient à l’inverse une vision beaucoup moins restrictive de l'utilisation de tels artefacts. N’importe quel sultan ou seigneur de guerre pouvait dans le cadre de la guerre sainte utiliser librement les anomalies à sa disposition ou emprunter celles se trouvant dans les caves secrètes du Caïdat des Merveilles d’Hiram. Cette conception plus souple favorisa sans doute la victoire sur le long terme des armées sarrasines sur les croisés au Proche-Orient. […]
[…] La Huitième croisade de 1240 est un exemple illustrant parfaitement l’opposition entre ces deux stratégies. Après avoir débarqué en Afrique du Nord, le Roi de France Louis IX captura rapidement la ville de Carthage afin de s’en servir comme base d’opération pour assiéger Tunis. Les croisés s’appuyaient sur l’utilisation de la Sainte Couronne d’Épine, un artefact mystique achetée à prix d’or aux byzantins et censée amener le sultan de Tunis à se convertir au christianisme et à livrer la ville aux croisés. Le piège carthaginois tendu par les Abbassides ne laissa cependant pas le temps aux croisés d’appliquer cette stratégie.
Aujourd’hui encore, on ne sait que peu de choses à propos de l’EDD-7010-Fidji-Fez-Azur. L’origine du phénomène semble dater de la période punique en raison de son lien étroit avec le culte de Baal Moloch. La plupart des historiens attribuent ainsi aux phéniciens l’importation du phénomène dans la région. On sait également que ce phénomène avait pour effet de provoquer l’apparition d’entités anormales s’en prenant aux individus premiers nés de leur fratrie. En dépit de ces origines païennes, les musulmans n'éprouvèrent aucun scrupule à utiliser ce phénomène pour piéger les croisés. Quel que furent les capacités exactes des anomalies, il est certain que son effet fut dévastateur sur les troupes chrétiennes.
Près d’un quart de l’armée croisée se volatilisa ainsi en l’espace de quelques jours, y compris le Roi de France lui-même, son fils aîné le Dauphin et la plus grande partie des grands seigneurs du royaume et leurs héritiers. Privé de ses chefs et d’une grande partie de ses troupes, le reste de l’armée croisée fut impitoyablement écrasée par les troupes Abbassides qui levèrent ainsi le siège de Tunis. Les survivants rembarquèrent en désordre vers l’Europe et les musulmans restèrent maîtres du terrain. L'Histoire officielle retiendra quant à elle que le siège de Tunis fut levé lorsque l'armée croisée qui séjournait à Carthage fut victime d'une épidémie de peste. […]
Avant-propos : Ce document est un extrait de la Somme des Mœurs et Coutumes Singulières des États et Empires d’Espagne, un rapport sur les phénomènes anormaux et occultes recensés dans les territoires de l’empire de Charles Quint et rédigé au XVIème par un certain Don Ricardo de Tortesillas y Casas.
Mon périple me conduisit enfin jusqu’à Carthage-en-Tunis, que notre bien-aimé Empereur Charles reprit aux maures l’an passé. Ce peuple est réputé amateurs de faits occultes et je comptais bien déceler parmi ses légendes quelque singularité profitable au service de Sa Majesté et à la plus grande gloire de l’Espagne.
Force me fut de constater que la Tunisie fut une déception notable. En fait de mystères et d’artefacts occultes, je ne découvris que magiciens de pacotille et tours de mendiant cherchant à soutirer quelque aumône aux badauds naïfs. La seule piste intéressante que je découvris concernait une rumeur très courante chez les maures de la ville à propos d’une quelconque entité qu’ils semblaient craindre et vénérer à la fois. Cependant les habitants que j’interrogeais à ce sujet se montrèrent très craintifs et évitèrent systématiquement d’en divulguer les détails.
Lorsque je fis mon rapport à Don Emilio de Garcia y Lopez, Capitaine Général du Roi en terre barbaresque, ce dernier décela dans cette fable une faille à exploiter pour mettre un terme aux nombreuses rébellions dans la région. Il m’ordonna ainsi d’enquêter sur l’heure afin de savoir s’il n'existerait pas un moyen d’utiliser cette superstition à l’avantage de l’Empire. En effet, Don Emilio ayant beau faire pendre chaque jour une poignée de paysans tirés au sort pour calmer la population, il semblerait que cette dernière ne soit toujours pas réceptive à l’autorité légitime de la race espagnole, par droit divin et de conquête.
En échange d'une forte bourse d'or, un serviteur ayant jadis travaillé pour le Caïd de la ville daigna me conduire chez un vieux mage juif du nom de Rabbi Moïshe et qui tenait une boutique d’apothicaire sur les quais du vieux port. Ce vieux sorcier, m'assura le serviteur, serait en mesure de répondre à mes interrogations. Après m’avoir fait jurer, par crainte des bûchers de l’Inquisition, de ne point divulguer ni son nom ni son adresse dans le présent ouvrage, Rabbi Moïshe accepta de me divulguer les fondements de cette légende occulte.
Les habitants de Carthage, selon lui, révéreraient en secret une ancienne divinité païenne qui commanderait à une armée de baals démoniaques et qui hanterait les entrailles de la ville. Depuis d’innombrables générations, les maures lui offriraient tributs et sacrifices pour s’attirer ses bonnes grâces et écarter d’eux son courroux. Cette divinité haïrait les étrangers avec qui elle se montrerait d’une grande cruauté avec eux. Le vieux sorcier ajouta à ce sujet qu’il eut mieux fallu que le Gouverneur et sa garnison quittent la ville car les astres lui avaient révélé que cette menace risquait bien de s’abattre sur eux sous peu de temps.
Lorsque je lui demandais s’il n’avait pas par hasard quelque preuve de ce qu’il avançait, Rabbi Moïshe exhiba de l’un de ses coffres la carcasse momifiée d’un rat d’une taille peu commune et munie d’une dentition inédite et impressionnante. Cependant j'avais déjà vu bien pires horreurs lors de mes pérégrinations et la vue de cette dépouille me laissa de marbre. Je soupçonnais en effet quelque mystification de la part du vieux fourbe pour me soutirer de l’argent. Nul doute qu'il ne s'agissait en réalité que d'un gros chat de gouttière que le scalpel d’un escroc aurait travaillé pour lui donner un aspect terrible. Néanmoins, ces propos me laissèrent aussi à penser que le vieil homme pouvait cacher derrière ses propos menaçant quelque avertissement quant aux agissements futurs des rebelles. Je décidais donc d’entrer dans son jeu et de lui demander s’il n’y avait pas moyen d’éviter la colère de ces créatures.
Rabbi Moïshe me confia que selon les mahométans, ces créatures éprouveraient une peur inconditionnelle des chats, que du côté des quartiers chrétiens on affirmait que sonner du cor suffisamment fort était un moyen à peu près sûr de les tenir à l’écart. Mais le vieillard affirma avec plus de conviction que les enseignements de son peuple préconisaient le sang d’un agneau égorgé la nuit de Pâques et appliqué sur les linteaux des maisons. Plus efficaces encore, m’affirma-t-il, étaient les onguents et potions qu’il était disposé à me vendre. Une fois la duperie du vieux éventée par cette grossière tentative d’escroquerie, je décidais de ne point m’attarder et de continuer mes recherches hors de cette ville. Je ne sais que penser de toutes ces recettes et conseils de sorciers, mais les pères inquisiteurs sauront sans doute mieux que moi soutirer à Rabbi Moïshe de plus amples explications.
Les adieux au Gouverneur le lendemain furent brefs car celui-ci avait fort à faire. Les rats avaient subitement et inexplicablement infesté les rues de la ville pendant la nuit et la population fuyait déjà dans la crainte d’une épidémie de peste. Don Emilio s’apprêtait à ordonner à sa garnison de descendre en ville avec des molosses et des torches pour détruire les nids de vermine. J’embarquais ensuite à bord d’une galère pour l’Alger où je l’espérais, j’allais parvenir à découvrir des singularités plus à même de servir l’Empereur Charles.
Addendum 360-c : Synthèse descriptive - Emplacement d'Intérêt EdI-360-FR
Avant propos : L'Emplacement d'Intérêt EdI-360 désigne le nid original des instances de SCP-360-01-FR. Entièrement souterrain, il est situé sous la vieille ville de Carthage et recouvre une aire à peu près équivalente à celle de la zone d'effet de SCP-360-FR, soit environ 55 km2 de galeries, de tunnels et de cavernes aménagées. EdI-360 est accessible depuis la surface depuis ██ issues situées dans les caves, égouts, citernes et sous-sols divers de la ville.
Pour plus de commodité et pour faciliter l'organisation des missions d'exploration, EdI-360 a été subdivisé en trois Niveaux différents :
Le Niveau Alpha est composée d’une série de galeries et de tunnels reliant la surface au reste du nid de SCP-360-01-FR. Une partie des galeries, creusées à même le sol et assez large pour permettre à un être humain de passer, convergent vers un vestibule donnant sur une caverne naturelle située à environ une vingtaine de mètres au-dessous du niveau du sol et de dimension 5 m x 12 m x 2,5 m. La paroi du fond est ornée d’un imposant bas-relief représentant une face de SCP-360-01-FR la gueule grande ouverte. L’ouverture de la bouche révèle un conduit aux parois lisses large d’un mètre environ et s’enfonçant dans le sol à un angle de 45o.
Selon les archives du BAAO sur les événements de septembre 1934, les forces du 4ème Régiment Occulte Inter-arme ne semblent pas avoir dépassé le Niveau Alpha. Un grand nombre de munitions usagées, de vieux masques à gaz, de dispositifs incendiaires militaires et de bonbonnes de gaz de combat ont été retrouvées à travers tout le niveau Alpha. En outre, un appareil inconnu portant l’inscription "DISPOSITIF CONFIDENTIEL : PIPEAU DE HAMELIN – Ministère des Affaires Occultes de la République Française" suivie d’un numéro de série, a été retrouvé dans la caverne, tout près du bas-relief à face de rat.
Le Niveau Bêta représente l’essentiel de l'EdI-360. Il regroupe les lieux de vie commune et les habitations des entités. Il s’agit d’un vaste réseau de galeries, de tunnels, de chambre et de cavernes occupant une surface de plus de 50 000 m2. Au cœur du réseau se trouve une vaste caverne de dimension 50 m x 50 m x 25 m et faisant office de carrefour entre les différentes sections du niveau. Cette caverne est en outre reliée à la surface par une douzaine de galeries du Niveau Alpha et dont les issues sont disséminées à travers toute la vieille ville de Carthage.
En outre, les équipes d’exploration ont découvert non loin de la caverne centrale une autre grotte de dimension comparable et reliée au Niveau Alpha via le conduit partant de la gueule du bas-relief à face de rat. Dans cette caverne, qui faisait probablement office d’entrepôt, ont été retrouvés les éléments suivants :
- Des restes de nourritures putréfiés (plats industriels pré-cuisinés, arêtes de poisson et os de poulet, céréales, fruits et légumes frais ou en conserves, bouteilles d’alcools, etc…).
- Des petits bibelots et objets du quotidien en métal ou en verre (montres et réveille-matins, couverts, paires de lunettes, bijoux, stylos plumes, boites à cigare, miroirs, etc…).
- Des pièces de monnaies et des billets de banque (surtout des anciens francs français).
- Des jouets pour enfant (essentiellement des peluches ou des poupons).
- De petites figurines en bois ou en plomb représentant des instances de SCP-360-01-FR.
- De nombreuses coupures de journaux en arabe et en français mentionnant les répressions de l’armée française et des troupes coloniales contre des mouvements indépendantistes tunisiens datés de février à août 1934.
- Des petits morceaux de papier avec inscrit en arabe ou en français des prières adressées aux instances de SCP-360-01-FR et les priants d’épargner les habitants de Carthage de leur courroux et de punir les oppresseurs de la ville.
Les restes momifiés et décomposés de plusieurs centaines de milliers d’instances de SCP-360-01-FR ont été découvertes à travers tout le Niveau Bêta. Un certain nombre d’entre elles se trouvaient emmêlées par leur fourrure ou leur queue dans la position dite du "Roi des Rats". Quelques milliers de restes humains, probablement des instances de SCP-360-02-FR, ont également été retrouvés entassés dans des cavernes exiguës. L’autopsie des cadavres retrouvés a permis de constater que les sujets retrouvés dans le nid avaient suffoqué suite à une exposition à un gaz mortel probablement de qualité militaire et à [DONNÉES SUPPRIMÉES].
Le Niveau Gamma est composé d’une unique salle de dimensions 20 m x 50 m x 10 m accessible via un très long escalier situé dans la caverne centrale du Niveau Bêta. La salle était autrefois condamnée par une double porte en bronze, elle-même bloquée par un très grand nombre de cadavres d’instances de SCP-360-01-FR agglutinés contre les battants et en empêchant l’accès direct. La voie fut finalement dégagée et les portes forcées en 198█ à l’initiative de l’actuel responsable du projet d’étude de SCP-360-FR, le docteur S. Berne.
Les murs de la salle du Niveau Gamma sont parfaitement lisses et ornés de peintures et de bas-reliefs représentant des instances de SCP-360-01-FR dans des scènes anthropomorphiques et des êtres humains en posture de soumission et d'humiliation. Plusieurs versets rédigés en [DONNÉES SUPPRIMÉES] sont inscrits sur les murs et font essentiellement allusion à la décadence de la race humaine et à la supériorité supposée des instances de SCP-360-01-FR sur cette dernière.
Le reste de la pièce est entièrement vide à l’exception de quelques braseros en fer suspendus à la voûte et d’un piédestal de marbre situé au bout de la salle. Sur le piédestal se trouve un imposant trône taillé assez sobrement dans du bois sombre et massif. Sur le trône se trouve un squelette humain de sexe féminin et revêtu d’une toge noire déchirée et tenant une crosse de berger dans ses mains. L’origine, la nature et le lien de cet individu (désigné SCP-360-03-FR) avec les instances de SCP-360-FR sont encore mal connus aujourd’hui (cf. Addendum 360-d), mais demeurent néanmoins troublantes en raison du sentiment de domination et de supériorité que semblent éprouver les instances de SCP-360-01-FR à l'égard des humains.
Addendum 360-d : ACCÈS RESTREINT - Autorisation de Niveau 4/360 nécessaire