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Crédits
Titre : SCP-320-FR - Eau Rayée
Auteur : Reyas
Date : 27 mai 2018
Image :
- "page1.jpg" et "page2.jpg" par Reyas - Licence CC BY-SA 3.0
- "chateau.jpg" et "galerie.jpg" : informations manquantes
Structure destinée à être convertie en instance de SCP-320-FR-1.
Objet no : SCP-320-FR
Niveau de Menace : Jaune ●
Classe : Keter
Procédures de Confinement Spéciales : Si une instance de SCP-320-FR-1 est découverte par des civils, les individus concernés doivent recevoir un amnésiant de classe B et toutes les structures s'apparentant à un château d'oreillers dans un rayon de 150 m autour des lieux de l'incident doivent être saisies par la Fondation. Toute disparition d'enfants doit être présentée auprès du public comme un enlèvement, et les enregistrements et témoignages présents en ligne doivent être supprimés si possible et décrédibilisés sinon.
Comme la construction de châteaux en oreillers est une activité courante chez les enfants, SCP-320-FR ne peut actuellement pas être confiné. Cependant, ses conditions d'apparition étant très précises, une grande partie des incidents peuvent être évités en surveillant les festivals et événements prévoyant de grandes structures en oreillers.
Description : SCP-320-FR est un phénomène affectant toutes les constructions répondant aux conditions suivantes :
- L'édifice doit se composer uniquement d'oreillers, de coussins, de matelas et de couettes, et imiter le style d'un château fort médiéval.
- Il doit avoir été construit par des enfants âgés de 4 à 14 ans.
- Il doit comporter une ou plusieurs entrées, cloisonnées à l'aide d'une couverture, et l'intérieur du château ne doit pas être visible depuis l'extérieur.
SCP-320-FR ne se manifeste que pour les constructions au volume supérieur à 10m³. Si la structure est laissée intacte durant vingt-sept (27) jours, un accès se crée vers une galerie beaucoup plus volumineuse, constituée des mêmes matériaux. À partir de cet instant, la construction est désignée instance de SCP-320-FR-1. Les galeries des instances de SCP-320-FR-1 sont constituées d'un enchaînement de salles faiblement éclairées par des veilleuses, et se rejoignent toutes en un même point (voir rapports d'exploration). Ces galeries sont indétectables depuis l'extérieur de la structure et creuser le sol ne les révélera pas.
Parfois, un ou plusieurs hommes (désignés instances de SCP-320-FR-2) émergent de la structure peu après sa construction, portant une armure et un heaume constitués d'oreillers et brandissant une arme, souvent une frite de piscine. Les hommes tentent de capturer les enfants de 4 à 14 ans à vue, et s'ils n'en trouvent pas ou qu'ils sont hors de portée, retournent rapidement à l'intérieur de la structure. Ils n'interagissent habituellement pas avec les autres entités, sauf si elles se montrent menaçantes, auquel cas ils utilisent leur arme. À proximité de SCP-320-FR-1, une telle arme est tranchante et dangereuse. Au fur et à mesure que l'individu s'éloigne de la structure, elle tend à se comporter de manière non-anormale. Les instances de SCP-320-FR-2 sont le plus souvent des hommes barbus et à forte musculature.
Addendum : Tentative de capture d'une instance de SCP-320-FR-2
Le 5 Juin 2017, l'équipe du Dr Vicat est parvenue à capturer une instance de SCP-320-FR-2 ; au fur et à mesure que les agents l'éloignaient de son instance de SCP-320-FR-1 d'origine, elle subissait un vieillissement accéléré. L'instance est finalement décédée à une distance de 50 mètres de la construction, avant toute tentative d'interrogatoire. Son arme et son armure, une fois qu'elles lui ont été enlevées, se comportaient de manière normale. Après la mort de l'instance, son cadavre s'est rapidement décomposé. Les tentatives d'interrogatoire suivantes furent menées à proximité de la structure, mais aucune des instances ne s'est montrée coopérative.
Pourquoi l'instance a vieilli aussi vite reste un mystère, mais une meilleure question est de savoir d'où elle vient. Soit ces "chevaliers" apparaissent dans les tunnels puis disparaissent quand ils ont fini leurs affaires, soit ils vivent et gardent les enfants quelque part là dedans. Et la meilleure façon de le découvrir sera d'aller vérifier par nous-mêmes. - Dr Vicat
Photographie prise par l'Agent Quer à l'intérieur des galeries de SCP-320-FR-1.
Addendum 2 : Rapport d'exploration
Le 10 Juin 2017, une équipe d'exploration constituée des Agents Marc Febvre, Guillaume Quer et Jean Lévy a été envoyée à l'intérieur d'une instance de SCP-320-FR-1. L'Agent Febvre menait l'expédition, tandis que l'Agent Lévy était responsable des communications radio, et l'Agent Quer disposait d'un appareil photographique.
L'équipe a progressé dans la galerie pendant quinze minutes. Celle-ci croisait plusieurs autres galeries similaires. L'équipe a finalement atteint une cavité maintenant considérée comme l'origine de SCP-320-FR. Ci-dessous, retranscription des communications entre l'équipe et le Dr Vicat à cet instant.
<DÉBUT DE LA RETRANSCRIPTION>
Ag. Lévy : Ah, Vicat, on s'approche d'une grande cavité.
Dr Vicat : Décrivez ?
(Silence de ~10 secondes)
Ag. Quer : Oh putain.
Ag. Lévy : Wow.
Dr Vicat : Décrivez ce que vous voyez !
Ag. Febvre : Guillaume, prends des photos !
Ag. Lévy : Alors, c'est… je sais pas par où commencer.
Ag. Febvre : C'est un château en oreillers.
Dr Vicat : Comme ceux à la surface ?
Ag. Febvre : Non, un vrai château en oreillers. Il fait quelle taille à votre avis ?
Ag. Lévy : Il est plus grand que le hangar, ça c'est sûr.
Ag. Quer : Mais comment il tient ?
Ag. Quer : Hé, t'approche pas trop du bord, il faudrait pas qu'ils nous voient.
Dr Vicat : "Ils ?" Qui ça ? Des instances de SCP-320-FR-2 ?
Ag. Lévy : Je crois, oui. Il y a des dizaines de personnes qui y entrent et qui en sortent par le pont levis au dessus de ce fossé rempli de… j'arrive pas à voir ce que c'est d'ici.
Dr Vicat : Mais, ce château, il est à la surface, ou…
Ag. Lévy : On n'arrive pas à voir d'ici. Je vais m'avancer pour- (inaudible)
Dr Vicat : Lévy, vous m'entendez ? Revenez en arrière, la transmission a coupé !
Ag. Lévy : (inaudible) -de voir.
Dr Vicat : N'allez pas plus loin ! Si ces entités sont hostiles comme celles qui remontent jusqu'à la surface, ce serait assez contrariant de vous faire découvrir. Arrêtez vous ici, j'ai les informations qu'il me fallait. On trouvera un moyen plus sûr pour les explorations à venir.
<FIN DE LA RETRANSCRIPTION>
Durant le retour, les agents ont emprunté une galerie différente que celle traversée à l'aller, comme demandé par le Dr Vicat. Ils ont émergé dans un jardin à ███████, en Corée du Sud, d'un fort en oreillers géant. L'appareil photographique de l'agent Quer ne contenait aucune image du château. Aucune autre anomalie n'est à signaler.
Addendum 3 : Dans le but de pouvoir approcher le château décrit par la première expédition (désigné SCP-320-FR-3), les équipes d'exploration sont désormais vêtues de manière à imiter les armures des instances de SCP-320-FR-2. De cette façon, elles peuvent approcher de la structure sans éveiller la curiosité de ses habitants. Cette méthode s'est révélée efficace, et a permis de dresser un portrait topologique et anomalogique précis de l'emplacement. Ci-dessous, les notes du Dr Sirc après plusieurs explorations sous couverture.
Au bout des tunnels, on arrive dans une gigantesque demi-sphère au diamètre de l'ordre du kilomètre. Les tunnels sont en hauteur par rapport au sol, et la vue sur le château en est d'autant plus impressionnante. Le sol et les parois sont entièrement faits d'oreillers. Des dizaines de millions d'oreillers multicolores. Je ne suis même pas sûr qu'on en ait fabriqué autant dans l'histoire de l'humanité.
Au centre de la caverne trône le château, un édifice de plusieurs centaines de mètres de côté, et aussi haut qu'un immeuble, protégé par des douves de dix mètres de large remplies de boules en plastique multicolores. Ne vous y trompez pas, ceux qui y tombent s'en sortent rarement. Le seul moyen sûr d'y entrer est par les quelques matelas qui servent de pont-levis. Le château est fait d'oreillers empilés, percé de fenêtres et de meurtrières, et décoré de couvertures à motifs faisant office de drapeaux et tapisseries. Bien que le château n'a pas l'air très solide à première vue, les oreillers qui le composent sont durs comme de la pierre.
Les habitants sont des chevaliers, des dames, des servants et servantes, des bergers et bergères, et énormément d'enfants, tous habillés avec des couvertures, des oreillers et des bijoux en papier coloré. Ils sont beaucoup trop nombreux pour se connaître tous. Leur société suit un modèle féodal, avec une noblesse et un tiers-état. Parfois, deux chevaliers se provoquent en duel pour la main d'une dame, ils se livrent alors à une bataille d'oreillers sans merci où le plus faible capitule rapidement.
Ce lieu est un peu comme un rêve : les prouesses les plus absurdes sont possibles, ce sont les tâches les plus simples qui deviennent irréalisables. Les chevaliers montent des chevaux de bois, qu'ils arrivent à contrôler comme des vrais. Les bergers tondent leurs montons avec des ciseaux à bout rond. Ces gestes, nous avons essayé de les reproduire, et ils ont demandé un entraînement intense et une grande concentration, sans vraiment fonctionner à la perfection. De plus, moi et mon équipe n'avons jamais réussi à faire marcher un seul de nos appareils électroniques là bas.
J'ai analysé pas mal de communautés isolées au cours de ma carrière, mais je dois dire que regarder ce petit monde solitaire exister est assez impressionnant. Et nous sommes loin d'avoir exploré les moindres recoins de cet univers à part. Nous avons beaucoup appris d'eux en lisant leurs manuscrits, et apparemment, ils ont un roi. Quand je vois les chevaliers et les soldats, je me demande à quoi il peut bien ressembler.
Au cours des mois suivants, la Fondation parvint à établir des relations pacifiques avec les habitants de SCP-320-FR-3. Plusieurs membres de la Fondation furent invités à des "banquets", qui furent une occasion de mieux comprendre l'origine de l'anomalie SCP-320-FR, d'examiner les parties de la structure précédemment inaccessibles, et de rassembler des données sur le roi cité par le Dr Sirc. Les données sont disponibles ci-dessous, en accord avec votre niveau d'accréditation.
Addendum 4 :
Interrogateur : Dr Sirc, lors d'un banquet
Interrogé : Instance de SCP-320-FR-2 ("Sire Baptiste")
<DÉBUT DE LA RETRANSCRIPTION>
SCP-320-FR-2 : Je suis content que cette fête vous plaise, Messire, même si vous n'avez pas l'air d'apprécier notre cuisine.
Dr Sirc : J'en suis désolé. (N.B. la nourriture est en argile à modeler) Votre roi fait preuve de beaucoup d'hospitalité.
SCP-320-FR-2 : Ça oui, et vous faites partie des rares privilégiés qui en bénéficient. L'hospitalité que nous accordons aux indésirables est l'épée.
Dr Sirc : Oui, j'ai vu cela. Vous avez souvent à faire à des étrangers, mis à part les enfants que vous "invitez à jouer" ?
SCP-320-FR-2 : Peu arrivent jusqu'ici. Mais à l'extérieur, nous devons parfois nous confronter à des agresseurs qui s'opposent à nos desseins.
Dr Sirc : Je suppose que c'est le Roi qui vous ordonne de faire ceci. Est-ce qu'il assiste souvent à ce genre d'événement ? Ça me comblerait de joie de rencontrer celui qui m'accorde ce repas.
SCP-320-FR-2 : Ah, on ne choisit pas de voir le Roi, c'est le Roi qui choisit qui il voit. Rares sont ceux qui l'ont vu en personne.
Dr Sirc : À quoi ressemble-t-il ?
SCP-320-FR-2 : Ça, c'est un savoir limité aux chanceux qui l'ont rencontré. Je suppose qu'il correspond à peu près aux descriptions des anciens manuscrits, bien que son apparence est souvent décrite comme "surprenante", ha ha.
Dr Sirc : Pensez-vous que je pourrai un jour rencontrer le Roi ?
SCP-320-FR-2 : Vous avez de belles ambitions mon cher, mais pensez que pour un étranger comme vous, ce ne sera pas un jeu d'enfants. Pour le moment, vous devriez tenter des exploits bien plus abordables. Par exemple, manger votre plat, il va refroidir.
Dr Sirc : Oui… je vais m'y atteler.
<FIN DE LA RETRANSCRIPTION>
(Cliquez pour agrandir) Pages 15-16
(Cliquez pour agrandir) Pages 17-18
Interrogateur : Dr Vicat
Interrogé : Agent Lévy
<DÉBUT DE LA RETRANSCRIPTION>
Dr Vicat : Cet interrogatoire fait suite à l'incident survenu le 29/04/2018, au cours duquel vous avez désobéi aux ordres qui vous avaient été donnés. Je vais vous demander de me raconter l'incident en détails, en étant le plus précis possible. Vous avez la parole.
Ag. Lévy : Bon. Tout a commencé hier, au cours du banquet où toute l'équipe de confinement était invitée. Comme convenu, je me suis assis à ma place, et après avoir discuté quelques instants, je me suis excusé et j'ai effectué une fouille des alentours. On m'avait assigné le premier corridor. À la fin du couloir, il y avait cette porte. En fait, le couloir était saturé de portes, mais celle-là avait l'air si particulière. Je voyais bien qu'elle était taillée dans un matelas, comme les autres, mais étrangement, j'avais l'impression qu'elle était en bois. Et… je sais bien que je n'étais pas sensé ouvrir de portes, mais j'avais envie de savoir.
Derrière la porte, un couloir. Un long couloir. Au fur et à mesure que ma curiosité m'entraînait toujours plus loin dans la galerie interminable, je commençais à voir le sol en oreiller se garnir de vraies dalles de bois, et les murs en coton devenir de la pierre. À cet instant, j'étais allé trop loin pour repartir en arrière.
Puis j'ai atteint la porte. Je suis entré dans la pièce. Et, assis sur le trône, coiffé de sa couronne, il était là. Celui dont on nous a tant parlé mais que personne n'a jamais vu.
Dr Vicat : À quoi ressemblait-il ?
Ag. Lévy : C'est un gosse. Comme je m'y attendais après toute cette histoire. Je l'ai regardé, et il m'a regardé. Normalement, ce genre de découverte m'aurait paniqué, mais il y a cette impression de rêve quand on est là-bas qui m'empêchait d'avoir peur. À vrai dire, j'étais simplement fasciné.
Dr Vicat : Vous lui avez parlé ?
Ag. Lévy : Oui ! On a même discuté pendant pas mal de temps. Je vais essayer de tout résumer, même si tous les souvenirs qu'on a de là bas sont plus ou moins flous. Je lui ai demandé s'il était le Roi. Il m'a répondu oui.
Je lui ai demandé pourquoi il enlevait des enfants. Il m'a répondu que c'était ses compagnons de jeu, et qu'ils apportaient des nouveaux jouets.
Je lui ai demandé pourquoi il était toujours enfant après tout ce temps. Il n'a pas eu l'air de comprendre la question. Vous savez, les enfants ont une perception très sommaire du vieillissement.
Je lui ai demandé où était passé son père, le Roi. Il a répondu que son père l'a nommé Roi en récompense de ses actions, et vit au château avec les autres chevaliers.
Je lui ai demandé s'il avait imaginé les humains à l'extérieur du château. Il m'a répondu que non, que certains avaient surgi dans son esprit une fois et depuis, il en voit régulièrement dans le château. Il m'a dit qu'il ignore comment nous arrivons à entrer dans son imagination.
Je lui ai dit que les enfants qu'il enlevait ne voulaient pas jouer avec lui. Qu'il les forçait à rester ici, et qu'ils n'étaient pas heureux. Comme vous imaginez, ce n'était pas la chose à dire. Il s'est énervé, a répondu que tous les enfants veulent jouer avec lui. Puis il m'a dit qu'il n'avait plus envie de jouer avec moi. Il pointé sa main vers moi, et plié deux doigts pour faire la forme d'un revolver.
Dr Vicat : Et il a tiré.
Ag. Lévy : Et c'est le dernier souvenir que j'ai. Remarquez, c'est assez contradictoire. Selon le conte, l'enfant déteste la violence.
Dr Vicat : À vrai dire, vous n'aviez pas de sang sur vous quand on vous a récupéré. Il vous a tué "proprement", comme dans tous les jeux d'enfants. D'ailleurs, sans blessure visible, votre sauvetage aurait été impossible sans SCP-███. En tout cas, nous connaissons désormais l'origine de l'anomalie avec certitude.
Ag. Lévy : C'est fou de se dire que nous avons rencontré des gens qui n'existent pas vraiment. Quelque part, j'ai de la peine pour eux. Imaginez - sans mauvais jeu de mot - le choc que ça doit faire de réaliser qu'on n'est pas réel.
Dr Vicat : Comme vous dites, oui…
<FIN DE LA RETRANSCRIPTION>