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Crédits
Titre original : SCP-3088 - Law Of The Land
Auteur : Mortos
Traducteurs : Olyas et JeanneOskoure
Date : 22 août 2019
Objet no : SCP-3088
Classe : Keter Neutralisé
Procédures de Confinement Spéciales : Suivant sa neutralisation, le confinement de SCP-3088 doit se concentrer uniquement sur la suppression des traces de son existence du domaine public. Toutes les routes donnant accès à l'emplacement d’origine de SCP-3088 ont été déviées, et les cartes et les registres publics l’évoquant ont été modifiés selon le protocole standard Ville Perdue.
Un périmètre d’une étendue de 100 mètres au-delà de la limite extérieure de SCP-3088 doit être établi ; les civils tentant de traverser ce périmètre doivent être redirigés, ou détenus et amnésiés si nécessaire. Dans l’improbable cas qu’un individu sorte de SCP-3088, il devra faire l’objet d’un interrogatoire poussé puis sera détenu indéfiniment.
Chaque article de presse et tout contenu présent sur Internet mentionnant l’anomalie, la ville elle-même, ou des personnes disparues dans la zone alentour doivent être censurés.
Description : SCP-3088 est la ville de Cullen, au Nebraska, et l'espace situé à l'intérieur des limites de la ville. SCP-3088 est sujet à une altération de la réalité dans laquelle chaque loi, arrêté ou décret passés par une personne possédant le pouvoir de législation devient une loi immuable de la réalité elle-même.
Les personnes traversant les limites de la ville sont immédiatement sujets à ses effets, et sont incapables d'outrepasser n'importe quelle loi en application dans la ville, intentionnellement ou accidentellement. Les effets les plus rapidement remarquables, notamment pour le personnel de la Fondation, sont l'impossibilité totale de quitter la ville et la suppression de toutes les armes à feu.
SCP-3088-1 est la désignation provisoire de Thomas Ronson, le Maire de Cullen et la seule personne actuellement connue dans les limites de la ville à posséder le pouvoir de législation. Il n'a pas encore été déterminé s'il possède lui-même des propriétés anormales.
SCP-3088 attira initialement l'attention de la Fondation à la suite de l'interception de l'appel d'un civil coincé à l'intérieur du bureau d'un Shérif d'une ville voisine. L'appel se termina au milieu de la conversation, au moment même où toutes communications filaires et par satellite cessèrent depuis ou vers la ville.
Historique : Suivant la découverte initiale de SCP-3088, mais avant que les propriétés propres à l'anomalie soient comprises, la FIM Sigma-9, ("Les Pros de Kansas City") fut déployée afin d'enquêter. Les documents ci-dessous sont les journaux de bords récupérés après leur expédition.
Transcription du premier message audio de la FIM Sigma-9 à la suite de leur entrée dans SCP-3088, reçu approximativement 19 heures après pénétration dans le lieu. Message du chef d'équipe, l'Agent Denlen Sorsby ("Stepper-1").
[DEBUT DE LA TRANSCRIPTION]
Très bien, espérons que ça fonctionne. Commandement, ici l'Agent Denlen Sorsby, Chef d’Équipe, de la FIM Sigma-Neuf. Si vous recevez ça, vous feriez mieux de donner une augmentation à l'Agent Peters. OK, on reprend tout depuis le début.
Immédiatement après notre entrée dans Cullen, on a très vite observé qu'une anomalie est présente, et que toute la ville est sujette à ses effets. Toutes nos armes à feu nous ont été retirées, comme si elles avaient été réduites en poussière, et tous nos téléphones ont cessé de fonctionner, cellulaires comme par satellite. On a aussi découvert qu'on ne pouvait pas partir. Dès que l'un d'entre nous faisait un mouvement pour partir de cet endroit, on se retrouvait pétrifiés et on était même pas capables de faire ne serait-ce qu'un pas. Quand on essayait de faire autre chose, on pouvait très bien bouger. On a tenté d'appuyer sur la pédale d’accélérateur d'un de nos véhicules, mais il s'est arrêté comme s'il avait heurté un mur invisible.
La ville en elle-même a l'air normale à première vue, mais tout le monde ici est sous tension. Ils savent manifestement que quelque chose ne va pas ici, quoique ça a été dur de faire en sorte que quelqu'un nous adresse la parole. J'ai parlé du fait que les téléphones ne fonctionnaient pas à une serveuse d'un restau où on s'est arrêtés, et elle a dit qu'ils étaient hors-service dans toute la ville. Et ça depuis des jours, apparemment. Internet aussi. En fait, y a pas moyen de contacter quelqu'un en dehors de la ville. Nos Talkie-Walkies sont en état de marche, mais ils ont un rayon d'action assez court.
Ça n'a pas pris beaucoup de temps avant qu'on comprenne que c'est le Maire qui est derrière tout ça, ou au moins qu'il sait quelque chose. Étant donné la façon dont les gens parlent de lui, ils sont soit terrifiés soit admiratifs, ou les deux. D'après ce qu'on a pu glaner, chaque loi qu'il passe devient un fait. Apparemment il y a quelques jours, il a fait passer une loi interdisant les téléphones et Internet, et il y a deux semaines il a écrit une loi prohibant les armes à feu. Maintenant nos flingues ont disparu et nos téléphones ne marchent plus. Évidemment.
Je ne pense pas que nous soyons dans un quelconque danger dans l'immédiat. Les gens sont effrayés mais pas agressifs, donc on va faire de notre mieux et aller au fond des choses. De toute façon, la loi disait pas de téléphone ou d'Internet, mais elle n'a rien dit à propos de… Peters, comment t'as appelé ça? Radio Haute-Fréquence à Impulsions de Données ? Mec, t'as inventé ça. Donc ouais, Peters a vidé la moitié de nos radios et a pris un tas de trucs dans nos kits d'approvisionnement dans les camions et a fabriqué quelque chose qui va apparemment vous envoyer ce message. Et sinon, eh bien j'imagine que je parle tout seul depuis ces trois dernières minutes.
On vous enverra un autre message quand on en aura plus à signaler. Sorsby, terminé.
Bien, Peters, appuie su-
[FIN DE LA TRANSCRIPTION]
Transcription du second enregistrement de la FIM Sigma-9, reçu approximativement trois jours après l'entrée initiale.
[DEBUT DE LA TRANSCRIPTION]
OK, ici Stepper-1 au rapport. Pour commencer, on a fait un certain nombre d'hypothèses ici, la première d'entre elles est que vous avez reçu notre transmission précédente. Avec ça, on suppose aussi qu'au moins une certaine forme de confinement aurait débuté, et qu'elle aurait presque certainement été concentrée sur les accès par les routes publiques. Donc, le fait qu'on ne puisse rien voir sur les routes au-delà des limites de l'anomalie signifie qu'elle fait plus que de nous empêcher de partir.
Watkins et Pace ont fait le tour des bordures de l'anomalie ces deux derniers jours. Elles entourent la ville entière de façon égale, et semble s'arrêter aux routes juste à côté des panneaux "Bienvenue à Cullen", donc notre meilleure hypothèse est qu'elles agissent autour de toutes les limites de la ville. Apparemment ,si l'on n'essaye pas activement de partir, on peut les longer sans problème ; Pace a dit que ça avait la texture d'un mur de verre.
Voyons voir… On dirait que notre première hypothèse à propos de ce qui se passe ici était en grande partie correcte ; personne à l'intérieur de la ville n'est en mesure d'outrepasser n'importe quelle loi. Même les lois à la con que chaque conseil municipal passe sans réfléchir comptent - il n'y a aucun déchet en ville, puisque le Maire a interdit de jeter ses déchets sur la voie publique. On a pas encore été capables de s'approcher de ce mec, Ronson, qu'il s'appelle. Ces putains de bureaucrates ont des lois pour tout, alors apparemment on ne peut pas juste s'introduire dans son bureau et avoir une discussion amicale. On a aucune idée de quel est son but ici, s'il le fait intentionnellement ou s'il est piégé dans quelque chose qu'il ne peut pas contrôler. On a un rendez-vous pour le voir dans quatre jours. Putains de gratte-papiers.
Quoi d'autre, quoi d'autre… Ah ! Peters demande à ce que vous fassiez en sorte que la personne que vous avez choisi pour qu'elle s'occupe du confinement règle sa radio sur la fréquence 457.9 Mhz. On va descendre là-bas dans la matinée et voir si nos talkie-walkies fonctionnent. Nous ne pouvons pas vous voir là-bas, mais on pourrait toujours être capables de se parler, surtout si ces trucs à impulsions de données fonctionnent.
Je pense qu'on est bon. Sorsby, terminé.
[FIN DE LA TRANSCRIPTION]
Transcription audio d'une conversation entre les membres de la FIM Sigma-9 et l'équipe chargée du confinement située dans le périmètre de confinement de SCP-3088. La conversation eut lieu via radio bidirectionnelle standard.
[DEBUT DE LA TRANSCRIPTION]
Sorsby : Ici Sigma-Neuf, répondez. Je répète, ici Stepper-One, de la FIM Sigma-Neuf.
Vasquez : On vous a en contact, Stepper-One. Ici l'Agent Vasquez, de Contrôle-3088.
Sorsby : Merde alors, Silvia, c'est toi ? Qu'est-ce qui se passe dehors ?
Vasquez : Ouais, c'est moi, Sorsby. Contente de voir que vous êtes toujours vivants là-dedans. Où êtes-vous ?
Sorsby : On est à la limite de la barrière. J'ai votre drone en visuel1
Vasquez : On ne vous voit pas. On est à à peu près à 20 mètres sur la route. J'imagine que ce truc bloque la vision dans les deux sens.
Sorsby : Ouais… Attends, 3088 ? Déjà classifié ? C'est allé vite.
Vasquez : J'imagine que perdre une FIM entière dans une anomalie de la taille d'une ville fait assez rapidement effet boule de neige. Bon, au rapport.
Sorsby : Bon. Tous les membres de l'équipe sont actuellement indemnes et répondent à l'appel. La situation en ville semble stable pour l'instant, même si les locaux semblent peu disposés à nous parler. Y a un tas de lois étranges ici, on peut tous les sentir d'une certaine façon maintenant. Genre, si je pense même à sortir d'ici pour vous rejoindre là maintenant, je peux sentir dans un coin de ma tête que c'est interdit par la loi. Apparemment il est aussi illégal d'être sans-emploi. Je suis pas sûr de connaître les détails de celle-ci, mais il y a quelques grosses usines de textile en ville qui emploient beaucoup de gens.
Vasquez : Les archives indiquent que les usines ont fermé il y a plusieurs années. La ville était vraiment en difficulté à cause de ça.
Sorsby : Eh ben ça a l'air d'aller bien maintenant, mis à part l'anomalie altérant la réalité qui enveloppe toute la ville et coince tout le monde dedans.
Vasquez : En parlant de ça. Éloignez-vous du bord de la route, on envoie quelque chose à l'intérieur.
S'ensuivent 40 secondes de silence pendant lesquelles l'équipe chargée du confinement envoie un véhicule téléguidé transportant un outil de transmission à travers la barrière.
Vasquez : Nos techniciens disent que ça devrait faire le boulot du truc que Stepper-3 a bricolé, mais en un peu plus proprement. Le signal qu'on a reçu de vous était un vrai bordel.
Sorsby : Peters, viens ici et inspecte ça.
Peters : D'accord.
Vasquez : Il a une confirmation pour savoir si ça fonctionne, il devrait être conçu de façon à éviter tout… problèmes d'ordre légal. C'est toujours à sens unique, n'oubliez-pas. Ça permet tout de même de vous éviter de marcher jusqu'ici pour des trucs à la con.
Peters : Ça fera l'affaire.
Sorsby : Très bien, merci Vasquez.
Vasquez : Une dernière chose, Sorsby. Mancha2 veut que vous avanciez plus dans cette affaire. Tu sais comment les haut-placés sont nerveux quand on a des skips de cette taille. Je ne sais pas trop ce qu'on peut faire d'ici, et ils ne semblent pas disposés à envoyer plus de "ressources humaines", donc tout repose sur vous.
Sorsby : Haha, ne vous inquiétez pas à propos de nous. On a un rendez-vous avec le Maire dans deux jours, on va régler tout ça et on sera de retour pour le poker du Ve-
Pace : Sorsby ! On a un espion ! Il s'enfuit !
Les bruits de course de Sorsby peuvent être entendus sur la ligne.
Sorsby : Fait chier ! On s'est fait prendre par un civil ! On part à sa poursuite et on lui fera passer l'envie de parler. Sorsby, terminé !
[FIN DE LA TRANSCRIPTION]
Transmission reçue approximativement quatre jours avant le dernier contact, via le transmetteur de données fourni.
[DEBUT DE LA TRANSCRIPTION]
Sorsby : Bon, la sixième fois c'est la bonne, pas vrai Peters ?
Peters : Ouais.
Sorsby : Oui, donc. On a pas attrapé ce civil qui nous regardait, on l'a perdu dans les foutus bois. Je présume qu'il y a une grosse portion de forêt dans les limites de la ville. Notre meilleure hypothèse est qu'il était un larbin du maire, étant donné qu'une heure plus tard une loi a été passée. On pouvait la sentir arriver, comme une musique que t'as pas entendu depuis des années qui referait surface dans ta mémoire.
Peters : Ouais, c'était putain de chelou.
Sorsby : Ça l'était vraiment. Apparemment cette nouvelle loi interdit de communiquer avec n'importe qui se situant en dehors de la ville. Ceci explique pourquoi je suis en train de taper la discute avec mon compatriote, l'Agent Peters. Et ceci explique pourquoi nous avons essayé d'avoir la même conversation six putain de fois ! Bref. De quoi parlions-nous ?
Peters : De la rencontre avec Ronson.
Sorsby : C'est ça ! Le Maire ! Ça ne s'est pas bien passé. Il semble… dérangé. Je pense que le rencontrer était une mauvaise idée, et vu que c'est interdit de frapper les gens ou de détruire les propriétés publiques, je ne pouvais pas faire grand chose. Il a commencé à délirer à propos de restaurer la ville ou je ne sais quoi, et depuis on a remarqué que des gens nous suivaient. Ils surveillent nos actions, ceux à qui l'on adresse la parole.
Peters : Il y en a un dehors en ce moment même. Pas très discret.
Sorsby : Ouais. Amateurs. Bref, j'ai réussi à convaincre le Maire d'organiser une nouvelle entrevue pour demain, espérons que cette fois-ci ça se passera mieux, même s'il ne me semble pas être le genre de personne qui arrêterait ces conneries. Et à moins qu'on ne trouve une faille nous permettant de le virer d'ici, ou qu'on s'introduise dans sa maison ou son bureau pour trouver de quelconques réponses, on va rapidement manquer d'options.
Peters : Dommage que tu ne sois pas juriste.
Sorsby : Maman a toujours dit que j'aurais dû aller dans une faculté de droit. Peut-être qu'on pourrait juste attendre, et se présenter à la prochaine élection ? Quand est-ce que ça arrivera ?
Peters : Quasiment quatre ans.
Sorsby : Merde, je doute qu'on ait autant de temps. Bon, nous trouverons bien quelque chose. C'était sympa de vous parler, Peters.
Peters : De même, chef.
[FIN DE LA TRANSCRIPTION]
Incident 3088-1 :
Environ trois jours après la dernière transmission envoyée par la FIM Sigma-9, un événement de restructuration de la réalité localisé eut lieu dans les limites de SCP-3088. À la suite de cet événement, toute activité anormale en lien avec SCP-3088, et toute personne, structure d'origine humaine et objet se situant à l'intérieur de ses limites disparurent, à l'exception d'une maison se situant près du centre de la zone. Deux documents d'une importance conséquente furent récupérés dans le bâtiment ; un document officiel concernant des lois nouvellement passées dans la ville de Cullen, Nebraska, et le journal personnel du Maire Thomas Ronson.
Le journal est retranscrit ci-dessous, verbatim.
Je l'ai fait ! J'ai gagné ! J'ai été élu Maire de Cullen ! Enfin, je dis que *j'ai* gagné mais je ne l'ai pas fait seul, j'avais une super équipe pour m'aider. Je vis dans cette ville depuis plus de 40 ans et l'ai vue devenir de pire en pire au fil du temps à cause d'une combinaison de corruption et d'incompétence, mais maintenant que je suis Maire, les choses vont changer ! Je vais remettre la ville sur pied, aider ses habitants à vivre mieux !
On a eu notre premier conseil municipal aujourd'hui, où j'ai exposé mes plans pour le futur des habitants de cette ville. Ils avaient l'air plutôt réceptifs, ce qui était encourageant. Quelques personnes doutaient que j'arrive à rouvrir les fabriques, ce qui se comprend, mais je crois que c'est possible. Elles n'ont pas fait faillite, après tout, elles ont été vendues par ce connard d'Haystings pour qu'il s'en mette plein les poches avant de quitter la ville. De toute façon, j'ai l'air d'avoir le soutien des habitants. Je vais commencer par quelque chose de petit, par contre. J'ai alloué plus de fonds au lycée pour qu'on puisse y faire quelques réparations vitales, et j'ai passé une ordonnance interdisant de jeter des déchets en ville, vu que ça commençait à être le désordre. Ça n'a pas l'air de beaucoup, mais pour que les gens croient au changement, ils ont besoin de voir des preuves tangibles, et vite. Je pense que des petites améliorations comme celles-ci contribueront au changement de l'attitude des habitants.
J'ai reçu des bonnes nouvelles aujourd'hui, Omaha Textiles est intéressé pour reprendre les fabriques ! J'aime croire que c'est mon incroyable argumentaire de vente qui les a convaincus, mais en vérité il s'agit sûrement simplement d'un bon timing - ils cherchaient apparemment une occasion de s'agrandir depuis un moment. N'empêche, je ne vais pas remettre en question une si belle opportunité. Les habitants de Cullen sont des gens honnêtes et durs à la tâche, mais le chômage est un vrai problème ici. Réussir à rouvrir les fabriques pourrait restaurer les espoirs que les habitants ont perdus au fil des années.
Et on dirait que l'ordonnance a déjà porté ses fruits ! Ça fait seulement deux jours et la ville a déjà l'air presque impeccable ! Ça a dû inspirer les habitants à se bouger et à nettoyer la ville.
Je parlais à Clayton3 ce matin, et apparemment il n'y a pas eu le moindre crime de la semaine depuis que je suis Maire. Ce serait probablement un peu égoïste de ma part de penser que ce serait dû à mon influence, mais c'est une pensée agréable.
On a commencé à travailler sur un plan qui permettrait à tous les chômeurs de la ville de retrouver un emploi dans les fabriques dès leur réouverture, qui devrait arriver dans quelques semaines. Il devrait y avoir assez de boulot disponible pour tout le monde, et une fois que tout le monde se sera remis à travailler, on pourra se pencher sur l'économie locale. Peut-être que les gens commenceront à ouvrir de nouveaux commerces sur la grande rue à nouveau !
Quelque chose… d'étrange est arrivé aujourd'hui. Il y a deux jours, on a fait passer un projet de loi pour réparer les digues sur la rivière. Depuis qu'elles ont lâché et ont inondé la moitié de la ville il y a deux ans, ça a été une grande source d'angoisse à chaque fortes pluies, et ça avait l'air d'une tâche simple pour soulager de tout ce stress les personnes qui vivent près de la rivière. Je suis descendu là-bas avec quelques entrepreneurs ce matin pour mesurer l’étendue du travail, et les digues étaient comme neuves. Aucun signe du moindre dégât. Ça aurait pris plusieurs semaines de travail, il n'y a aucun moyen que ça ait pu avoir été fait discrètement… et pourtant c'est le cas. Aussi solides que le jour où elles ont été construites.
En plus, Clayton dit qu'il n'y a toujours pas eu de crime. Après presque 3 semaines. Je ne me plains pas, la plupart des maires tuerait pour n'avoir aucune criminalité, mais c'est étrange… même pas une seule amende de stationnement ou d'excès de vitesse. Apparemment ses officiers se tournent les pouces toute la journée.
Damien4 est revenu en ville aujourd'hui. Je suppose qu'il m'a traqué parce que j'ai failli lui rentrer dedans en plein milieu de la ville. J'ai cru qu'il allait faire quelque chose de stupide… On aurait dit qu'il essayait d'attraper quelque chose dans son manteau, il avait un regard rempli de colère sur son visage, puis il s'est juste figé. Il avait l'air vraiment confus. Il est resté comme ça pendant presque une minute, on se regardait l'un l'autre dans les yeux. Puis il s'est retourné et s'en est allé.
J'ai demandé à Clayton de lui rendre visite dans sa chambre au motel, et apparemment il avait un pistolet posé sur une table, la porte grande ouverte. Il n’a même pas essayé de le prendre quand Clayton a sorti le sien et l’a arrêté. Violation de libération conditionnelle et tout le reste. Je suppose qu’à l’heure actuelle il est à nouveau en chemin vers le pénitentiaire. Il y a définitivement un truc bizarre qui se passe.
J’ai essayé quelque chose hier. J’ai fait voter une loi obligeant à réparer immédiatement tous les dégâts sur les routes, quelque chose de simple auquel personne ne verra d’objection. Suffisamment facile à justifier, avec le trafic accru que les fabriques vont causer.
Il y a un nid-de-poule devant ma maison depuis 15 ans. Je l’ai observé toute la nuit jusqu’après minuit. Je me suis réveillé avant l’aube, et le nid-de-poule avait disparu. Simplement disparu, comme s’il n’avait jamais été là. J’ai regardé les registres, juste au cas où, mais il n’y a pas la moindre trace de début de travaux par une des équipes de maintenance. Toutes les routes semblent en meilleur état, aussi, pas juste celle devant chez moi. Les petites fissures, les nids-de-poule, même les traces des pneus. Tout a disparu.
Les lois de Cullen ne peuvent pas être transgressées. J’ai l’impression de devenir fou rien qu’à l’écrire mais j’en suis sûr maintenant. J’ai essayé de dépasser la limitation de vitesse pour aller à la mairie, aujourd'hui. J’ai appuyé sur l’accélérateur aussi fort que possible. Mon pied s’est arrêté pile au moment où la voiture a atteint les 50 kilomètres/heure, et elle n’a même pas dépassé ce chiffre. Malgré tous mes efforts, je n’arrivais pas à faire en sorte que mon pied appuie plus fort. C’était… troublant. Comme si une force m’empêchait de bouger, comme si je ne contrôlais pas mon propre corps. Je n’ai jamais ressenti une sensation aussi affreuse de toute ma vie.
Plus j’y réfléchis, plus je pense que la… situation pourrait être incroyablement bénéfique pour Cullen. Quelque chose de clairement anormal se produit, et je mentirais si je disais que ça ne me rendait pas nerveux, mais les possibilités ! Une ville sans crime. Une ville où les problèmes peuvent être réglés instantanément. Quel bien on pourrait faire avec un tel don !
Oh, et l’accord pour les fabriques a été accepté. Elles ont déjà commencé à rouvrir et la paperasse pour s'assurer que tout le monde ait un emploi est remplie. Ce sera un nouveau départ pour Cullen !
Les dernières semaines ont été mouvementées. Les autres gens ont commencé à remarquer la… bizarrerie ici, ce qui est en partie ma faute. Il y a eu des problèmes de logistique avec les fabriques, aucune des fournitures ni des matériaux n’ont été livrés et ils sont retenus depuis des semaines. Ils doivent être coincés sur un bateau au milieu du Pacifique ou un truc du genre. Mais chacun des employés des fabriques est allé travailler quand même. L’histoire est la même pour tout le monde, ils avaient l’impression qu’ils devaient être aux fabriques, bien qu’il n’y ait rien à faire, et ils ne pouvaient pas partir avant la fin de leur période de travail. Peu importe à quel point ils essayaient.
C’est ressorti dans un conseil municipal. Kate Massey l’a mentionné, elle avait l’air d’hésiter au début, comme si tout le monde allait penser qu’elle était folle. Mais dès qu’elle a commencé à en parler, les autres ont fait de même. La même histoire des fabriques, ou bien comment ils n’arrivaient pas à dépasser les limitations de vitesse, ou encore jurer en public. Les habitants ont commencé à paniquer, mais j’ai réussi à les rassurer en leur disant qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter et qu’on allait se pencher sur le sujet. La vérité est que même si on le faisait, je ne saurais pas par où commencer.
Il y a eu un… incident. Simon Sackwell est venu me voir dans la rue pendant que je parlais de la situation avec Clayton. Il a commencé à m’accabler d’insultes, il a dit que j’étais la cause de toutes les bizarreries et que j’allais nous damner aux yeux de dieu, ou une connerie du genre. Il a mis sa main dans sa poche, clairement dans le but de sortir un pistolet, je pouvais en voir la poignée. Clayton aussi de toute évidence, il a abattu Sackwell sur place, d’une balle dans le torse. Il a juste réagi, même si Sackwell n’aurait jamais réussi à utiliser son arme. Je suppose qu’il n’en est pas de même pour les officiers de police. Quel gâchis.
J’ai déclaré l’État d’Urgence. Ça va peut-être effrayer davantage les gens, mais ça me donne des pouvoirs législatifs intéressants, que j’ai utilisés pour interdire les armes à feu en ville. Ça va probablement énerver les fous de la gâchette, mais ils verront que c’est pour leur bien, au bout du compte. Cette tragédie n’arrivera pas de nouveau.
Les habitants commencent à partir. J’aimerais dire que je ne leur en veux pas, mais qu’est-ce qui est arrivé à la fierté citoyenne, à la loyauté envers son foyer ? Ne réalisent-ils pas toutes les choses que l’on peut faire avec… quoi que soit ce pouvoir ? Plus de 500 personnes sont parties en une semaine. J’ai dû faire passer une loi pour empêcher ceux qui restent de partir, donc maintenant personne n’est autorisé à quitter la ville. Cullen sera remise sur pied, bordel, et je ne laisserai aucune peur bornée empêcher cela.
Mallings5 est venu me voir aujourd'hui et m’a dit que des gens discutaient entre eux à propos d’alerter la presse, ou les fédéraux, ou n’importe qui d’autre. Au moins j’ai encore des amis en ville.
J’aurais dû y penser avant, c’est peu probable que personne n’ait parlé de ce qui se passe ici à quelqu'un d’extérieur. Est-ce qu’ils ne se rendent pas compte de ce qui arriverait si le gouvernement ou la presse étaient impliqués ici ? Ils transformeraient Cullen en un cirque ! J’ai temporairement banni l’utilisation des téléphones et d’Internet jusqu'à ce que j’arrive à récupérer le contrôle ici. Je trouverai un moyen d’arranger les choses, d’annuler toutes ces lois d’urgence et après Cullen se portera mieux que jamais.
Un groupe de personnes qui ressemble à des militaires est arrivé en ville dans des camions noirs. Ils ont commencé à poser un tas de questions. Ils essaient de causer des embrouilles, je le sens. J’imagine qu’ils ne peuvent pas faire grand-chose. La loi est la loi après tout, et tous les hommes doivent la suivre. J’ai demandé à John de garder un œil sur eux.
Depuis que les téléphones ont été coupés, je n’ai plus eu de nouvelles à propos des livraisons des fabriques. J’aurais dû y penser. J’ai fait passer une loi hier qui disait simplement que "les fabriques auront tous les matériaux dont elles ont besoin". Aujourd’hui, chacune d’elles était complètement remplie de nulle part. Les habitants vont au travail depuis des semaines désormais, donc au moins ils auront quelque chose à faire. J’espère que ça commencera à faire bouger les choses.
John a dit que ces types militaires étaient au bord de la ville aujourd'hui, en train de parler à quelqu'un avec leurs radios ! Petits perturbateurs de merde ! J’ai fait passer une loi interdisant à quiconque de parler aux personnes extérieures tout court, donc ça devrait régler ce problème.
Les fabriques semblent fonctionner. C’est peut-être mon imagination, mais les habitants semblent plus heureux. Apparemment, tout ce qu’ils font est expédié quelque part, même si personne ne sait où, ni comment. Mais il y a toujours plein de matériaux bruts pour qu’ils puissent travailler. Quelques semaines de plus comme ça et les choses pourraient redevenir normales dans le coin.
J’ai eu un rendez-vous avec cette bande militaire aujourd'hui. Je devrai demander à Sandra pourquoi elle l’a réservé. Peu importe, ils sont rentrés et ont commencé à demander des informations à propos de toutes sortes de choses, comme s’ils avaient la moindre autorité dans cette ville. Je leur ai dit qu’ils auraient mieux fait de ne pas s'en mêler et de s’occuper de leurs propres affaires. Ils m’ont regardé comme si j’étais dingue !
La conversation a été plus cordiale après ça, bien qu’elle n’ait mené à rien. Ils vont continuer d’interférer, je le sens. Je leur ai dit que j’allais réfléchir à ce qu’ils ont dit - et je vais le faire, je ne suis pas un homme irraisonnable ! Mais on m’a donné la chance unique de faire quelque chose de cette ville, et je ne vais pas la laisser être gâchée par des militaires bornés.
J'ai accepté un autre rendez-vous court avec eux demain, histoire de laisser le temps à tout le monde de réfléchir aux autres points de vue et tout ça. Peut-être que j'arriverai à les rallier à ma cause, mais j'en doute.
Comme je m’y attendais, le second rendez-vous avec ce Sorsby n’est allé nulle part. Il a demandé que j’annule toutes ces lois et que je laisse les gens abandonner la ville, je lui ai dit que je ne ferai pas quoi que ce soit du genre. Je ne vais pas me faire forcer la main par des abrutis de militaires. Il m’a directement dit qu’il allait être un problème. À en juger par le regard sur son visage, je pense qu’il m’aurait abattu sur le champ s’il le pouvait.
Je vais devoir réfléchir à une solution. Je ne peux évidemment pas les laisser courir en ville et faire ce qu’ils veulent, qui sait quels ennuis ils pourraient causer. Pourquoi ne peuvent-ils pas s’occuper de ce qui les regarde !
Ce bâtard de Sorbsy et ses amis ont presque causé une émeute aujourd'hui ! Ils ont excité les habitants avec des conneries à propos des droits de l’Homme et d’une motion de censure ! Ces gens ne réalisent-ils pas que j’essaie de faire ce qu’il y a de mieux pour eux ? Comment peuvent-ils tous être aussi aveugles ?
Bien, je vais mettre un terme à tout ça une bonne fois pour toutes. Déjà, je vais me débarrasser de ces intrus. Et ensuite je verrai ce que je peux faire à propos de cette histoire de rébellion. Cullen est une bonne ville, bordel, et je ne la laisserai pas être ruinée par l’attitude ingrate de gens effrayés par une dure journée de labeur !
Les analyses montrent que presque immédiatement après la dernière entrée dans le journal, une nouvelle loi a été ajoutée dans le document à propos des lois récemment votées qui a été récupéré. La dernière loi stipulait que "tout le personnel militaire a l’obligation de quitter la ville immédiatement".
La théorie prédominante est qu’à cause de la contradiction directe entre cette dernière loi et celle à propos de l’interdiction aux habitants de quitter la ville, il a résulté une défaillance de la réalité ou un événement de restructuration, ainsi que la neutralisation de SCP-3088. La raison pour laquelle la maison du Maire Ronson et son contenu sont restés intacts est inconnue. La FIM Sigma-9 est officiellement déclarée portée disparue.