Bon. J’écris ceci pour documenter ce qui doit être, je pense, mon soudain naufrage dans la folie. Je ne peux pas avoir un sens de l’orientation AUSSI mauvais, et pourtant, j’écris ceci après avoir été piégé dans un IKÉA pendant 2 jours. Pendant tout ce temps, je n’ai pas croisé une seule personne. Au début, j’ai cru que c’était une mauvaise blague. Faire du magasin un labyrinthe, faire sortir tous les autres clients et voir combien de temps il me faut pour me perdre, puis tout le monde rigole un bon coup. J’ai compris que ce n’était pas le cas quand j’ai essayé de retourner sur mes pas. Tout avait changé, donc je me suis perdu. A la place de la sortie, il n’y avait que des rangées et des rangées de bibliothèques.
Donc, je suis coincé dans un IKÉA. On dirait le début d’une blague à la con. Les lumières se sont éteintes à 22 heures. J’ai failli faire une putain de crise cardiaque avec ce gros bruit électrique, ce gros THUNK puis l’obscurité totale. Le magasin est plein de lits, par contre, et mon portable a une lampe torche – mais pas de foutu signal – donc je suis allé me coucher et j’ai dormi. J’ai passé presque tout le jour suivant à chercher une sortie, mais sans succès. J’ai trouvé un restaurant qui servait les fameuses boulettes de viande, donc au moins, je ne mourrai pas de faim. C’est sûrement la punchline de cette blague. Elles étaient encore chaudes et mangeables, mais je n’ai vu personne qui aurait pu les avoir cuisinées. Je suis retourné au rayon des lits avant que les lumières ne s’éteignent, vu qu’il fait trop sombre pour chercher quand elles sont coupées.
Il est maintenant 9h10 du matin, les lumières se sont rallumées il y a un instant. Je suis sûr d'avoir fouillé partout autour de l'endroit par où je suis arrivé à présent, et la sortie n'est visiblement pas là. Du coup, je vais avancer dans une direction et croiser les doigts.
Troisième jour de ma mystérieuse aventure de l’IKÉA magique. Au cas où je n’étais pas encore sûr que cet endroit avait quelque chose de vraiment bizarre, je le suis, maintenant. J’ai marché 3 heures en ligne plus ou moins droite (insérer blague sur IKÉA ici) avant de tomber sur l’échelle d’une de ces énormes étagères de la réserve. J’y suis monté pour tenter de me repérer, mais on dirait bien que cet endroit s’étend à l’infini. Comme cette scène du Roi Lion, sauf qu’on aurait remplacé l’herbe et les arbres par des étagères, des tables et des trucs du genre. J’ai quand-même vu quelqu’un bouger pas trop loin, donc je suis allé voir.
Au début, j’ai cru que c’était un membre du personnel – ça en portait l’uniforme. Et peut-être que c’en était un, peut-être qu’ils n’ont pas de problème à employer des monstres de 2 m de haut avec de longs bras, des jambes courtes et pas de visage. Ce foutu truc m’a complétement ignoré, et vu qu’il n’avait ni yeux ni oreilles, je ne sais même pas s’il savait que j’étais là. J’ai pensé à le secouer ou faire un truc pour attirer son attention, mais ses mains étaient assez grosses pour éclater une pastèque, alors je me suis ravisé. Il n’a pas arrêté de marcher vers je ne sais où et j’ai fini par le perdre de vue, donc j’ai décidé de continuer dans ma direction.
Par contre, pas de lit moelleux pour moi ce soir. Il semblerait que je me trouve dans la section "Tables Ridiculement Dures et Pointues" du magasin. Je suppose que je vais devoir me débrouiller avec quelques nappes empilées. La batterie de mon portable est tombée à plat pendant la journée, aussi. Il n’y avait de toute façon aucun réseau, mais j’ai l’impression d’avoir perdu un sacré filet de sécurité.
Vous voyez ces dessins animés où un personnage passe la porte d’un couloir, seulement pour atterrir dans le même couloir ? C’est ce que je ressens, là. Je n’ai rien vu d’autre que la même bibliothèque durant deux jours d’affilée. Rangé après rangée après rangée. Merde, quoi. J’aime les livres, comme tout le monde, mais c’est un petit peu excessif, là. Mais je continue à marcher tout droit, évidemment. Je peux voir les panneaux qui pendent du plafond passer les uns après les autres. Dommage qu’aucun ne dise « Sortie ».
Je ne sais pas à qui j’adressais cette question. Disons que ce n’était que de l’entrainement pour l’autobiographie que j’écrirai quand je serai sorti d’ici. Ça s’appellera « Ma sortie tout à fait normale dans un bon vieil IKÉA ordinaire ».
Si je sors un jour d’
Ça y est, j’ai trouvé d’autres personnes ! Eh oui, il s’avère que je ne suis pas le seul pauvre diable coincé ici. Tant mieux pour moi, je suppose. Ma sixième nuit ici, deux de ces trucs du personnel sont venus vers moi dans le noir. Différents de celui que j’avais déjà vu, mais quand-même déformés. Je les ai entendu s’approcher en disant que le magasin était fermé et que je devais partir, très poliment et tout. Je sais pas ce qui était le plus bizarre, le fait qu’ils n’avaient pas de bouche ou qu’ils essayaient apparemment de me tuer en disant ça. Ils se sont jetés sur moi comme des chiens enragés.
Donc, je me suis barré. J’ai sprinté à travers IKÉA, dans le noir, comme un taré. Je l’ai vu en dépassant une autre de ces étagères géantes, illuminée par des torches et des projecteurs. Ils ont construit toute une ville ici ! Ils ont un énorme rempart fait d’étagères, de lits, de tables et de trucs du genre. Je jure que c’est la plus belle chose que j’ai jamais vu. Du coup, je suppose qu’ils m’ont vu arriver (ou qu’ils ont entendu mes cris de fillette très virils), parce que la porte était ouverte avec deux personnes qui me faisaient signe. J’ai entendu les trucs du personnel frapper contre la porte une fois fermée, tout en nous informant poliment que le magasin était désormais fermé. Ils ont fini par partir.
Ils appellent la ville Echange, parce que c’est ce qui est écrit sur le panneau qui pend du plafond, juste au-dessus. Echange et Retours. Tout illuminé au milieu de la nuit grâce à des lumières qu’ils ont trouvées et raccordées au réseau électrique. Et il y a des lits, de la nourriture, des gens. Plus de 50 merveilleuses personnes avec des membres de la bonne taille et des visages au complet. J’en suis à ma septième nuit ici, et la première que je ne passe pas dans le noir total. Une semaine entière à vivre dans un IKÉA. Une série là-dessus doit bien exister quelque part.
Maintenant qu’il y a d’autres personnes autour de moi, je commence à me sentir un peu plus normal. Peut-être que normal n’est pas vraiment le bon mot. Mais après une semaine passée en la seule compagnie du bruit de mes propres pas, je commençais à être persuadé que j’étais devenu fou. Que j’étais ligoté quelque part dans une cellule capitonnée, à me taper la tête contre les murs. Mais non, je me sens très sain d’esprit maintenant, merci beaucoup !
Apparemment, il y a d’autres villes, ici. Certaines plus peuplées, d’autres moins. J’ai trouvé ça assez ahurissant – comment autant de gens peuvent-ils disparaître sans que personne ne le remarque ? Quelqu’un doit bien s'être rendu compte que tous les gens se rendant à IKÉA semblent s'évaporer. Ou peut-être que ce n’est pas tout le monde. Peut-être que nous sommes les heureux élus.
Les gens ici appellent simplement les monstres du personnel le Staff. Apparemment, ils restent tranquilles le jour, s’occupent de leurs affaires en déambulant dans les allées. Mais dès que la lumière s’éteint, ils pètent complètement les plombs. Donc pendant la journée, les gens sortent pour trouver de la nourriture, de l’eau et tout ce dont ils peuvent avoir besoin. Les autres disent qu'il y a des restaurants et des boutiques aux alentours qui sont régulièrement approvisionnés. Personne ne sait comment. Peut-être que le staff s’en charge. Mais ils n’ont pas l’air de très bien faire leur boulot, parce que le réapprovisionnement prend parfois du temps, ce qui oblige à rationner la nourriture. S’ils n’étaient pas aussi occupés à courir après des gens la nuit, peut-être qu’ils seraient plus efficaces.
En tout cas, quand la nuit tombe, le staff devient fou et tout le monde reste derrière les murs. Apparemment, cet endroit est partout pareil - quoi que cet endroit puisse être. L’Ur-IKÉA, d’où tous les autres IKÉAs sont nés. Ou peut-être que nous sommes encore tous à l’intérieur de l’IKÉA d’origine, et que tout ça n’est qu’une hallucination causée par un ennui débilitant. Qui sait.
Je suis là depuis 10 jours, maintenant. La plupart des gens à qui j’ai parlé m’ont dit qu’ils avaient arrêté de compter depuis un certain temps, et un gars, Chris, a dit qu’il était ici depuis des années.
Des années.
[GRIBOUILLIS ILLISIBLES]
Il y a des rumeurs sur des gens qui auraient réussi à sortir. Et d’autres qui auraient vu la sortie, juste avant de la voir s’évaporer devant leurs yeux. J’ai l’impression que tout le monde n’y croit pas, mais moi si. Ça expliquerait comment on s’est retrouvé coincés ici (d’une certaine manière). Et je veux dire, c’est bon quoi. Des monstres du Staff, des rangées et des rangées infinies de mobilier suédois de haute qualité. Je ne vois pas pourquoi ils ont tant de mal à croire à une porte qui disparaît.
Du coup, je suis sorti pour aller chercher de la nourriture avec Sandra et Jerry, aujourd’hui. Une fois les différents points de repère en tête, cela devient assez facile de se diriger. Les panneaux en hauteur aident beaucoup, mais il y a d’autres repères ; pas si loin que ça, un grand nombre de ces étagères géantes se sont effondrées l’une contre l’autre, et plus loin, à l’est (on part tous du principe que c’est à l’est, en tout cas – IKÉA ne vend pas de boussoles, malheureusement) il y a une sorte de tour en bois, qui monte jusqu’au plafond. Peut-être ont-ils essayé de s’échapper par le toit. C’est illuminé, la nuit, donc des gens doivent bien y vivre, mais c’est apparemment à plusieurs jours de marche (ce qui veut dire que cela doit être à des kilomètres), donc personne ici n’en est vraiment sûr. Apparemment, j’ai été extrêmement chanceux de dormir à l’extérieur sans me faire étriper par le Staff. C’est tout moi, ça. Chanceux chanceux chanceux.
On a trouvé un peu de nourriture dans la boutique. Je suppose que le staff l’a restocké pendant la nuit, ce qui est aimable de leur part. Il y avait un téléphone sur le mur, donc j’ai essayé de décrocher. Il y avait une voix à l’autre bout du fil, mais elle ne disait rien de sensé. Des mots aléatoires collés ensemble sans aucune cohérence. Vous avez déjà vu une vidéo de quelqu’un atteint d’aphasie ? C’était un peu dans ce genre-là. Ça ne m’a pas répondu quand je lui ai parlé, de toute façon. Sandra dit que tous les téléphones sont comme ça.
Mince, encore une question adressée à personne !
Je me demandais, la nuit dernière… Le plafond de cet endroit est assez haut, et pour ce qu’on peut en voir, ça a l’air de s’étendre à l’infini. Ne devrait-il pas y avoir une sorte de climat, là-dedans ? Je suis sûr d’avoir déjà lu un truc sur un bâtiment de la NASA tellement grand qu’il avait sa propre météo, avec des nuages et tout. Cet endroit est définitivement plus grand que ça, mais maintenant que j’y pense, je suis presque sûr de ne pas avoir ressenti le moindre changement de température, ici.
Je vais ajouter ça à la Grande Liste de Conneries Cheloues.
Le Staff a attaqué Echange, la nuit dernière. Il devait y en avoir entre 20 et 30, nous demandant calmement de quitter le magasin tout en essayant de défoncer les murs à mains nues. Apparemment, ce genre de choses arrivent assez régulièrement, donc tout le monde y est préparé. Des couteaux du restaurants, des lames de tondeuses à gazon transformée en machettes, une hache d’incendie. Un gars, Wasim, a même fabriqué une arbalète totalement fonctionnelle. Je n’avais pas remarqué avant, mais les murs ont des trous fait spécialement pour qu’on puisse frapper le Staff quand il attaque. J’en ai moi-même mis au tapis quelques-uns. Ils n’ont pas l’air de saigner, ce qui est assez bizarre, mais ils meurent aussi facilement que des personnes normales, dès que l’on commence à leur planter des trucs dedans.
Il a fallu déplacer les corps, au matin. Apparemment, les corps de ceux qui sont morts en attirent encore plus pendant la nuit, donc il a fallu les éloigner d’Echange. On a quelques-uns de ces chariots qu’on utilise pour déplacer les grosses boites, donc on a chargé les corps dessus pour les emmener au Pick-up Point. Les gens ont l’air de nommer les endroits en fonction des panneaux qui pendent au-dessus.
Le Pick-up Point était assez glauque. Il y avait des centaines, peut-être des milliers, de membres du staff morts et empilés les uns sur les autres. Dieu merci, il n’y avait pas d’odeur. Apparemment, en plus de ne pas saigner, ces trucs ne pourrissent pas non plus. Je n’ai pas pu m’empêcher d’en examiner un des plus abimés pendant que l’on déchargeait. Ils sont faits entièrement de peau, ou de quelque chose qui ressemble à de la peau, sur toute la profondeur. Ni muscles, ni os, ni organes. Sont-ils vraiment vivants, à la base ? Ils n’ont pas l’air de manquer d’os quand ils se déplacent ou qu’ils frappent contre les murs. Et je suis sûr d’avoir ressenti plus de résistance que celle de la peau en les poignardant. Peut-être qu’il leur arrive quelque chose quand ils meurent. Juste un truc de plus sur la liste toujours croissante des Conneries Cheloues qui se passent ici, je suppose.
L’attaque du staff, l’autre nuit, m’a fait penser à un truc. A chaque fois qu’on voit une situation comme celle-ci, à la télé ou dans un film, genre pendant la fin du monde ou avec des gens coincés sur une île ou je ne sais quoi, dès que des groupes comme le nôtre commencent à se former, les gens ont l’air de toujours se retourner les uns contre les autres. À se battre pour de la nourriture, du pouvoir ou quoi que ce soit d’autre. Ce n’est pas ce qui s’est passé ici. Apparemment, les gens des autres villes viennent ici de temps en temps, juste pour dire bonjour ou parfois pour échanger des choses s’ils ont une pénurie. Mais tout est toujours cordial. Amical, même. Peut-être est-ce la menace du staff, ou peut-être que le réapprovisionnement constant des boutiques fait qu’il n’y a pas vraiment de raisons pour lesquelles se battre.
Ou peut-être que les gens sont tout simplement meilleurs que ce que l’on entend généralement. C’est une pensée plutôt agréable. Je crois que je vais rester là-dessus.
Une dizaine de personnes est arrivée cette après-midi, venant d’une ville appelée Chariots. Apparemment, le Staff a défoncé leurs murs et a massacré la ville pendant la nuit. Ces douze-là sont les seuls survivants sur une centaine d’habitants. On les a laissé entrer, évidemment. Un point de plus pour la dignité humaine. Un peu plus tard, j’ai demandé si quelqu’un savait combien de villes existaient ici. Entre nous et les nouveaux arrivants, on a réussi à rassembler plus de 20 noms différents. 20 villes remplies de gens, et qui sait combien il peut encore y en avoir plus loin.
La devise de cet endroit devrait être "Comment est-ce possible ?". Il doit bien y avoir quelqu’un, quelque part qui recherche les milliers de personnes qui doivent se trouver ici.
Je suis ici depuis un petit peu plus de 2 mois, maintenant. Pas beaucoup de changement. Une poignée de nouvelles personnes ont rejoint la ville, même histoire que nous tous. Petite sortie sympa à IKÉA et d’un seul coup, ils se retrouvent piégés dans la Maison des Salauds Sans Visages de l’Etagère Billy. Le staff attaque Echange une ou deux fois par semaine. On les tue puis déplace leurs corps, parfois ils blessent l’un de nous en premier. Ils ont tué un gars nommé Jared il y a quelques semaines. C’était horrible, honnêtement. Il s’avère que les humains ordinaires saignent normalement ici, même si ce n’est pas le cas du staff. On a fait de notre mieux, mais aucun de nous n’est docteur.
Jared était un gars bien. Il méritait mieux. On mérite tous mieux.
Je me suis rendu compte, quelques jours après ça, qu’aucun d’entre nous ne cherchait vraiment à sortir d’ici. Je ne sais même pas par où on commencerait.
Un de ces quadcopters armé d’une caméra a survolé Echange aujourd’hui. J’ai cru que cela signifiait que quelqu’un était finalement à notre recherche, que de l’aide allait arriver. Mais apparemment, ce n’est pas la première fois que cela arrive. La même chose s’est produite il y a quelques mois, et nous sommes encore tous coincés ici.
Je n’ai aucune idée de s’il nous a vus. Même si c’était le cas, il ne s’est pas arrêté. Il a continué de voler jusqu’à ce qu’on ne puisse plus le voir.
Note : D’après la date de récupération du journal, cette entrée semblerait correspondre à notre premier envoi de drone réussi dans SCP-3008. L’analyse vidéo montre un village placé sous un panneau indiquant « Echange et Retours ». Les tentatives de localiser à nouveau le village ont échoué. L’origine des drones aperçus précédemment à notre test reste inconnue.
J’ai commencé à demander aux gens ce qui leur manquait le plus, pendant le dîner. Probablement pas la meilleure idée que j’ai pu avoir, ça a l’air d’avoir déprimé tout le monde. Quelques personnes ici ont une famille. Un mari ou une épouse, des enfants. Des chiens. Franklin aurait un lama comme animal de compagnie, mais je ne sais pas si je dois le croire.
Mais bizarrement, certaines personnes ici ont l’air d’avoir de sérieux trous de mémoire. 3 d’entre eux n’avaient jamais entendu parler de la Station Spatiale Internationale, 2 avaient l’air de penser que █████ ███████ était premier ministre, et un n’avait visiblement jamais entendu parler de la Statue de la Liberté. Je les crois, eux aussi. Ils ont l’air tout aussi confus que nous tous.
Plus j’y pense, et plus ça a l’air d’expliquer quelques trucs. Et si la raison pour laquelle personne ne s’était mis à la recherche de tous les gens coincées ici était que nous ne venons pas tous du même endroit ? Ça va paraître bizarre (finalement, c’est sûrement ça la vraie devise de cet endroit) mais… et si les gens d’ici provenaient tous de différentes dimensions ? Réalités ? Peu importe le nom. J’ai vu suffisamment de séries pour comprendre le truc. Sarah vient d’un endroit où il n’y a pas de Statue de la Liberté. La Station Spatiale Internationale n’a pas été mise en orbite là d’où vient Wasim. Si tout le monde ici venait d’endroits différents, même s’ils sont quasiment identiques, il n’y aurait pas de panique suite aux disparitions. Pas de grande enquête. Nous ne serions qu’une goutte d’eau, une seule personne disparue dans un océan d’information.
Bon. C’était marrant à imaginer.
Je viens seulement de réaliser qu’hier était l’anniversaire de mes six mois passés ici. Je me demande si IKÉA vend des chapeaux d’anniversaire. La routine ne change pas beaucoup, ici. De nouvelles personnes nous rejoignent, à peu près tous les quinze jours. La quantité de vivres monte et descend à son rythme, mais nous n’avons jamais vraiment eu de pénurie. De temps en temps, on a un visiteur qui vient des villes alentours, généralement Caisses ou Allée 360. On vérifie que tout aille bien, on échange des trucs, parfois, si une ville se trouve à court de quelque chose. C’est rassurant, d’une certaine manière. Ça nous fait un rappel que nous ne sommes pas seuls là-dedans, quelques lueurs de civilisation. Parfois, ils apportent du matériel médical. Apparemment, il y a une pharmacie à quelques villes de Caisses qui est régulièrement approvisionnée, donc ils partagent ce qu’ils peuvent. Je n’avais jamais entendu parler d’un IKÉA avec une pharmacie, mais au point où en est, je ne serais pas surpris de trouver un Laboratoire de Récolte d’Organes IKÉA. Ça expliquerait au moins le Staff.
En parlant de nos geôliers sans visages, leurs attaques ont empiré ces derniers temps. 3 ou 4 fois par semaine, maintenant, avec deux fois plus de membres du staff. Aucune idée d’où ils viennent, ou de pourquoi leurs attaques se sont intensifiées. On a essayé de suivre l’un d’entre eux pendant la journée, Sarah et moi, pour voir s’ils se retrouvaient dans une salle réservée au personnel ou je ne sais quoi. Il n’avait pas l’air de se diriger quelque part, mais plutôt de marcher aléatoirement entre les allées. Il a fallu qu’on fasse demi-tour avant de pouvoir trouver quoi que ce soit.
On a renforcé les murs et essayé de mieux s’armer. On ne risque pas de manquer de matériel, en tout cas. Wasim a fabriqué plus d’arbalètes, mais c’est assez long à faire.
Dommage qu’IKÉA ne vende pas d’armes à feu.
Note : Aucun individu supplémentaire n’est entré dans SCP-3008 depuis le Site-██ durant la période indiquée par cette entrée.
Les attaques deviennent vraiment sérieuses, maintenant. Presque toutes les nuits, avec tellement de membres du staff que leurs corps s’empilent suffisamment haut pour permettre aux autres d’escalader les murs. Je pense que l’on a un vrai problème, là.
Echange est
Je crois que c’en est fini d’Echange. On a été frappés assez salement, la nuit dernière. Pas beaucoup de victimes, mais le mur est détruit. On a finalement compris pourquoi les attaques avaient empiré. Il y avait un bout de membre du staff dans une boîte de vivres. Aucune idée de comment il s’est retrouvé là, mais apparemment, un bout les attire autant qu’un corps entier. Il est trop tard de toute façon, il y a trop de corps à déplacer pour avoir le temps de réparer le mur. Candace a convoqué une réunion. Je suppose qu’on y parlera d’abandonner Echange, peut-être de tenter de trouver refuge à Caisses.
Mais il commence à se faire tard. Je ne pense pas que l’on aura le temps d’y arriver. Peut-être que certains y arriveront. Je me suis bien débrouillé dans le noir pendant ma première semaine, après tout. Mais combien de temps je peux continuer à avoir de la chance…
J’écris seulement ceci pour donner une fin, je suppose. Pour moi, ou pour quiconque trouvera ceci. Si cette entrée est la dernière, j’espère que qui que ce soit qui lise ce journal le fasse hors d'ici.
Ma plus grande peur ? Que si je meurs cette nuit, je me réveille à nouveau dans cet endroit.
Note : Fin du journal. Il est supposé qu’en tentant d’atteindre le village nommé "Caisses", l’auteur ait été séparé du reste de son groupe par une entité de SCP-3008-2 le poursuivant, puis ait trouvé la sortie par hasard.