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Crédits
Titre original : SCP-3000 - Anantashesha
Auteurs : A Random Day, djkaktus et Joreth
Traducteurs : Nephandi, Lyrkasi, Dr Nerfus, Dr Frog, Styrius, Striar does not match any existing user name, Daddy Kakyoin et Oreobanane
Date de publication originale : 25 mars 2017
Images : Composant de l'image de SCP-3000 nº1 - Composant de l'image de SCP-3000 nº2 - SCPF Eremita - Dr Krishnamoorthy
Tout accès non-autorisé est interdit.

SCP-3000 et un plongeur de la Fondation durant le Protocole Atzak.
Procédures de Confinement Spéciales : La zone où est confiné SCP-3000, actuellement une région du golfe du Bengale d'environ 300 km de diamètre, doit être soumise à des patrouilles régulières par les navires de la Fondation. En aucun cas des civils ne sont autorisés à effectuer des explorations abyssales ou de la plongée sous-marine dans la zone de quarantaine. Les individus suspectés d'avoir eu un contact avec SCP-3000 doivent être confinés et placés en quarantaine. Leur cas devra être traité sur le Site-151. Les individus affectés par les propriétés anormales de SCP-3000 devront être maintenus en confinement indéfiniment.
Le sous-marin de la Fondation SCPF Eremita doit surveiller la principale section du corps de SCP-3000, actuellement située dans le cône abyssal du delta du Gange, à environ 0,7 km sous le golfe. L'Eremita est chargé de mener à bien le Protocole Atzak, et les réglementations relatives au personnel à bord du vaisseau sont sujettes aux directives dudit protocole. Pour une description complète du Protocole Atzak, voir l'Addendum 3000.2.
Il n'y a actuellement aucun remède connu à l'exposition à SCP-3000 ; de ce fait, les individus affectés doivent être confinés et mis en quarantaine pour un examen approfondi. Les individus se trouvant à bord du SCPF Eremita n'ont pas l'autorisation de quitter le vaisseau, sauf pour l'exécution des procédures nécessaires au Protocole Atzak. Les individus quittant le vaisseau sans autorisation appropriée doivent être considérés comme perdus.
En aucune circonstance un individu ne doit être autorisé à interagir avec SCP-3000 sans autorisation.
Description : SCP-3000 est une entité serpentine, aquatique, de taille massive, ressemblant fortement à une murène géante (Gymnothorax javanicus). La longueur totale de SCP-3000 est impossible à déterminer, mais est supposée être comprise entre 600 et 900 kilomètres. La tête de SCP-3000 mesure environ 2,5 m de diamètre, et les sections de son corps propre sont larges de 10 m de diamètre.
SCP-3000 est une créature typiquement sédentaire, ne bougeant sa tête qu'en réponse à certains stimuli, ou lorsqu'elle est nourrie. La majeure partie de son corps est située dans et autour du cône abyssal du Gange1, et bouge très rarement.
SCP-3000 est carnivore, et est capable de se mouvoir très rapidement pour abattre sa proie, en dépit de sa nature sédentaire. Malgré sa taille, il est théorisé que SCP-3000 ne nécessite pas de nourriture pour maintenir ses fonctions biologiques2. Malgré le fait que SCP-3000 excrète une fine couche de matière grise et visqueuse, classée sous le nom de Y-909 (voir l'Addendum 3000.2 ci-dessous), à travers sa peau lorsqu'il consomme une proie, le résultat de son processus digestif est pour le moment inconnu.
SCP-3000 est une entité représentant un danger cognitif de classe VIII ; une observation directe de SCP-3000 peut causer de graves altérations mentales. Tout individu observant directement SCP-3000, de même que toute personne se trouvant à une distance, encore inconnue, de SCP-3000, ressentent d'inexplicables maux de tête, une paranoïa, une peur généralisée, des crises de panique, ainsi qu'une altération ou perte de la mémoire.
Ci-après se trouve une entrée du registre historique du Site-151, rédigée par le Dr Eugene Getts, à propos de la découverte initiale de SCP-3000 et des effets ayant été subis :
… l'inquiétude se faisait sentir parmi toute l'équipe, pendant que nous descendions, durant la première nuit. Je ne m'avancerai pas à supposer si ce sentiment était dû à notre incertitude quant à ce que nous nous apprêtions à découvrir, ou à quelque chose de plus sinistre. Alors que nous poursuivions notre descente, Williams a commencé à transpirer abondamment. Quand on lui a posé des questions à ce propos, il n’a pu répondre, déclarant qu'il pensait rater quelque chose qu'il n'arrivait pas à déterminer. Pendant que nous continuions notre descente, il s'est mis à agir de manière de plus en plus erratique, jusqu'à s'adresser à moi en tant que "Darlene", et manifestant une inquiétude relative à l'accomplissement des tâches auxquelles il était assigné.
Des sentiments similaires étaient exprimés par les autres membres de l'équipage, mais Williams était celui qui les ressentait le plus. Sa résistance mémétique était de loin la plus faible parmi nous, mais c’était un biologiste, pas un mémétiste. Lorsqu'il est finalement entré en contact avec l'entité, il a commencé à gémir et nous avons dû le mettre sous sédatifs. Je me souviens l'avoir entendu marmonner le mot "non" encore et encore, comme s'il n'arrivait pas à croire à quelque chose. Il est devenu silencieux alors que nous approchions de la tête de l'entité, et lorsque je me suis retourné vers lui, quelque chose avait quitté son regard. Il ne clignait même pas des yeux pendant que nous effectuions notre descente finale.
Aux alentours de 0940 heures, nous avons d'abord observé la tête de l'entité. L'inquiétude était palpable, à ce moment ; plusieurs autres membres de l'équipage se sont plaints de se sentir "embrumés" et de ne plus se souvenir de ce qu'ils devaient faire. Le capitaine Ritter, qui était un homme, un vrai, a mis tout ceci sur le compte d'une intoxication à l'azote et les a forcés à continuer de s'approcher de l'entité.
Lorsque nous fûmes à une cinquantaine de mètres, l'entité s'est lentement tournée afin de nous regarder. Encore aujourd'hui, je me souviens d'avoir observé cette chose se tordre dans l'obscurité, et j'entends encore Williams aboyer comme un chien dément à l'arrière du vaisseau. Il criait et se débattait, hurlant à propos de ce qu'il pouvait voir dans sa tête. Perkins et Harrison ont tenté de l'attacher, mais il s'est libéré et a fracassé sa tête contre l'un des hublots. Il l'a heurté si fort qu'il a fissuré la couche de verre intérieur. Les dégâts étaient si graves que nous avons dû remonter à la surface.
Nous avons tenté de soigner Williams, mais il était déjà trop tard, à ce moment. Il s'était réduit en bouillie tout seul, contre la vitre, et en dépit du trauma, il a brièvement continué à parler, alors qu'il agonisait. Personne ne l'a noté, nous n'y pensions pas, à cet instant. Mais je m'en souviens de façon suffisamment claire. Il a dit "il n'y a rien, rien, rien." Avant que nous ayons atteint la surface, plusieurs heures plus tard, Williams était mort. Sur le coup, je n'ai pas vraiment pensé à ce qu'il avait dit. Je pensais qu'il s'agissait juste des délires d'un homme rendu fou par les profondeurs. Je n'avais rien de mieux à penser.
Mais encore aujourd'hui, je peux toujours voir les yeux de cette créature. Je les vois, suspendus dans l'obscurité, illuminés par une lumière dont je ne parviens pas à déterminer la provenance. Et je ressens la terreur persistante qu'a dû ressentir Williams durant cette nuit dans le sous-marin, alors qu'il était submergé par ce vide d'où cette infâme chose s'était extirpée.

SCPF Eremita plongeant vers le site de contact.
Découverte : SCP-3000 fut découvert en 1971, peu après que deux bateaux de pêche bangladais et leurs équipages de quinze pêcheurs furent portés disparus après avoir dérivé près de la côte Indienne. Étant donné que l’état du Bangladesh était encore un état alors récemment constitué, et avait été sujet à des persécutions politiques significatives de la part du Pakistan, cet incident attira largement l’attention des médias du monde entier, craignant qu’il ait été causé par une attaque étrangère. Le déploiement par les gouvernements locaux d’unités côtières ne permit pas de retrouver les navires disparus et ne servit qu’à alimenter l’hystérie médiatique.
Des chercheurs de la Fondation stationnés à Calcutta (Kolkata) purent cependant identifier des similitudes entre ces disparitions et un autre incident les précédant de deux ans. Une opération de recherche poussée menée à l’aide de Compteurs de Mariotte-Pashler put révéler la localisation des bateaux ainsi que la présence d’une masse jusqu’alors jamais enregistrée, loin sous la surface du golfe du Bengale. L’investigation conséquente menée par des plongeurs de la Fondation permit de découvrir l’existence de SCP-3000.
La zone fut rapidement sécurisée et les procédures de confinement actuelles mises en place au mois d’Avril 1972. Le Protocole Atzak fut conçu au mois d’Octobre 1998.
Addendum 3000.1 : Journal d’Exploration du Contact Initial
Note : Ce qui suit est la transcription des enregistrements audios recueillis lors du contact initial avec SCP-3000 effectué par des plongeurs en eau profonde. Jusqu’ici, aucun plongeur de la Fondation ne s’était approché à moins de 300 m de SCP-3000. Les plongeurs avaient pour mission d’évaluer la créature et de déterminer la source de l’épais fluide gris qui avait pu être observé flottant autour de sa tête.
L’équipe de plongée était composée de trois membres de la FIM Orion-9 “Martin-pêcheurs” menés par FIM O-9 Alpha. L’équipe fut déployée depuis le sas du sous-marin SCPF Stravinsky armé par la Fondation. Tous les plongeurs étaient équipés de combinaisons pressurisées ainsi que de projecteurs frontaux. De plus, un système de câbles en forme de “T” reliait FIM O-9 Alpha à Bravo et Foxtrot.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Alpha : C’est bon, Central. Nous sommes dans le sas, prêts à partir.
Central : Reçu. Allez-y et rapportez vos observations.
Alpha : Orion-9 Alpha, au rapport.
Bravo : Orion-9 Bravo, au rapport.
Central : Très bien les gars, - nous sommes en position à environ 500m de la créature. Vérifiez que vos sangles sont bien ajustées, on ne voudrait pas que l’un d’entre vous se retrouve isolé là-bas.
Bravo : Quelle est la visibilité maximale à cette profondeur, central ?
Central : Attendez.
Central : Environ trois mètres.
Foxtrot : Donc c’est putain de sombre. Compris.
Bravo : Pourquoi sommes-nous aussi loin ?
Central : La taille de cette chose est difficile à estimer, et elle s'enroule sur elle-même en plusieurs endroits. On ne peut pas s’approcher plus près parce que son corps prend trop de place. L’entité n’a pas bougé depuis trois semaines.
Foxtrot : Pas du tout ?
Central : Affirmatif. Elle bouge un petit peu avec le courant, mais à part ça rien. Si la première équipe à descendre ici n'avait pas observé un mouvement de sa tête, on ne pourrait même pas dire si elle est vivante ou morte.
Foxtrot : C’est rassurant.
Alpha : Ok, les sangles sont bien serrées. Remplissez le sas.
Central : Confirmé.
On entend le bruit de l’eau qui coule en remplissant le sas. Aucun autre son pendant plusieurs minutes. Au bout d’un moment, le bruit s’interrompt.
Alpha : Vous allez bien, vous deux ?
Bravo : Ça va.
Foxtrot : Putain, c’est froid.
Alpha : Espérons qu’on sera pas là trop longtemps, dans ce cas. Allumez vos torches les gars, on est partis.
L’équipe de plongée quitte le sas. On entend un bruit métallique au moment où la porte du sas se referme. S’ensuit un “clic” étouffé, puis le Stravinsky active ses phares arrières.
Foxtrot : Hey Alpha, je euh— c’est peut-être pas le meilleur moment pour demander ça, mais je ne me rappelle plus comment allumer ma lampe, et-
Alpha : Votre lampe est allumée, Foxtrot.
Foxtrot : Elle— quoi ? (Pause) Comment m’avez-vous appelé?
Alpha : Par votre désignation, Mulhaney. Foxtrot.
Bravo : C’est moi Foxtrot, chef.
Alpha : Attendez, mais qu’est-ce que vous racontez ?
Foxtrot : Je ne comprends pas ce que vous entendez par “désignation”.
Alpha: C’est le nom par lequel on t’appelle Bravo, bordel… Mais qu’est-ce qu—
Bravo : Qui est Bravo ?
Alpha : Je— euh, merde, attendez. J’allais dire un truc. Barry3, vous êtes toujours là ?
Central : Attendez. (Pause) Revenez au central.
Alpha : Hey, on a un petit problème là, je ne sais plus qui… on a l’air d’avoir un problème avec les désignations, et je ne sais plus où on va.
Foxtrot : Où est-ce qu’on est exactement ?
Bravo : Putain, vous— vous sentez ça les gars ? J’ai un horrible mal de tête, c’est comme des picotements dans mon cerveau ou quelque chose comme ça…
Central : Équipe de plongée, vous subissez peut-être des altérations néfastes de vos fonctions cognitives. Continuez à avancer, et nous vous donnerons plus d’informations à mesure que nous les recevrons.
Alpha : Reçu. Central, notez que Foxtrot a un… euh… terrible mal de tête. Je pense… allons nous dans la bonne direction ? Nous ne voyons rien.
Central : Vous être à peu près à 150 mètres de la tête de l’entité, Alpha. Vous devriez bientôt avoir un visuel.
Bravo : Central, je ne vois rien, où sommes-nous ?
Alpha : Où sommes-nous ?
Central : C’est presque bon, Alpha - équipe de plongée, nous détectons un mouvement de l’entité sur le radar.
Alpha : Je — Barry, Je ne vois rien, ici, qu’est-ce qu’on est supposés regar-
Foxtrot : Tout… tout ce que je vois, ce sont les ténèbres. Il y a un vent infect et glacial qui souffle, me poussant vers un rivage que je ne peux pas voir-
Alpha : Ferme-la, ferme-la, ferme-la - Central, Bravo ne réagit plus, je demande l’arrêt immédiat de la mission -
Bravo : Attends une seconde-
Foxtrot : —sur les rives du néant, à quelques pouces de l’oubli. Il y a un… Il y a un mal dans mon esprit, dont je sais qu’il ne peut être soigné. Devant moi, seulement le noir, et une seule paire d’yeux sombres-
Alpha : Hein ? Qu’est-ce que tu dis ?
Central : Equipe de plongée, nous allons immédiatement vous rapatrier, nous avons des raisons de penser que—
Alpha : Barry ? C’est toi ? Comment est-ce possible? J’ai pelleté la terre à ton—
Bravo : J’entends quelque chose par ici, Alpha, ta lampe, allume ta putain de—
Foxtrot : —Du silence, rien que du silence, ma conscience se délite et seulement, et seulement et seulement-
Central : Equipe de plongée, quelque chose se déplace vers vous, je répète, quelque chose vient vers vous, préparez vous à rentrer au-
Alpha : Ah, c’est de la merde. Je vois rien. À quelle distance sommes-nous de-
Bravo : C’est juste là ! C’est juste là ! Bordel ! Qu’est-ce que vous faites tous les deux ? Merde !
Foxtrot : —et seule restera la murène.
Silence radio pendant vingt secondes.
Central : Alpha ?
Silence radio pendant trente secondes.
Central : Alpha ? Bravo ? Foxtrot ? L’un d’entre vous nous entend ?
Bravo : (Inintelligible)
Central : Oh, Dieu merci - Bravo, vous devez parler plus fort, nous ne pouvons pas—
Bravo : Fssssshhhhhhh.
Silence radio pendant dix secondes.
Central : Quelque chose a bloqué le treuil entre vous et nous, nous ne pouvons pas—
Alpha : Ça ouvre la bouche.
Bravo : C’est si sombre, il y a — ah -
Foxtrot : Où suis-je ? Que…
Alpha : Barry ? Comment est-ce possible ? J’ai pelleté la terre-
Bravo : Mulhaney… nageons, éloignons nous, il n’y a que des ténèbres, nageons —
Foxtrot : Seulement-
Il y a soudain une tension dans l’attache reliée au Stravinsky. La radio de O-9 Foxtrot devient muette. Il y a un son de lutte dans les deux autres radios.
Central : Foxtrot ? Foxtrot ? Alpha ? Bravo ? Parlez-moi, restez calmes, que se passe-t-il ?
Bravo : Il l’a mangé, putain, il est parti, il l’a pris tout entier, il— bordel, Alpha, qu’est-ce que tu fais ?
Alpha : Alpha ?
Bravo : Coupe cette putain d’attache, Alpha, ça nous tire dedans !
Alpha : Qui ?
Bravo : Bordel !
Alpha : (Silence) Ah—
Silence radio total pendant 30 secondes. Le câble relié au Stravinsky est arraché de ses amarres et disparaît.
Central : Alpha, Bravo, vous nous recevez ?
Silence Radio pendant cinq secondes.
Central : Alpha, Bravo, vous nous recevez ?
Bravo : Ici Bravo, je… Je flotte dans le noir. Je peux voir des formes bouger à travers le brouillard, mais elles sont dures à distinguer. J’ai coupé mon câble, Alpha n’a pas voulu— Je crois qu’il est parti. Je ne vois plus sa lampe.
Central : Pris en compte. Nous arrivons-
Bravo : Attendez, laissez moi juste réfléchir une seconde… la cognition, cette chose, ça ne fonctionne plus quand on est à proximité. Votre cerveau ne peut plus former de pensées (parasites) ça fait mal, c’est comme mourir, et—-
Central : Bravo, avez-vous l’entité en visuel ?
Bravo : C’est dans ma tête, les gars. Enroulé là-dedans comme un serpent et ça a quelque chose de… caustique. (Fait une pause) Je peux le voir, juste devant moi. Ça ne fait rien, ça… ça ne bouge pas. Ça attend juste, la bouche ouverte. Je pense que ça finit de manger. (Fait une pause) Ce fluide filtre à travers la peau autour de sa tête, à environ un mètre. Rien que de regarder ce truc me fait… comme si tout tournait. J’ai envie de vomir. Ma tête ne fonctionne pas bien. (Rires). Il y a un mort sous le plancher et un autre dans le— attendez, c’est faux, c’était pas moi. Qui a dit ça ?
Bravo : Mon… Je vais prélever un échantillon, attendez.
Central : Bravo, nous allons envoyer un équipage pour vous rapatrier, tenez bon.
Bravo : Oh non, ne faites pas ça. Non… vous devez être entraînés à ne pas sentir les choses que je ressens, sinon, ça va vous envahir. Peut-être que ce sera le cas, qui sait. C’est comme la fin du monde, ici, les gars. Mon cœur s’emballe, et je pense que je suis en train de mourir. Simplement— (Fait une pause) J’en ai pris un échantillon. Je l’attacherai à l’un de ces petits ballons, et le laisserai flotter. Vous pourrez le récupérer plus tard. Ne passez pas trop de temps autour de ce truc, ça… ça ne… votre esprit… ça… (Respiration rapide et difficile)
Central : Bravo ?
Bravo : Je pense que je suis en train de mourir. Je suis en train de mourir, je sais que je suis en train de mourir, c’est ça. Je veux juste partir d’ici. Vous savez, je suis en train de me dire que… (rit doucement) n’envoyez plus personne ici. C’est si sombre.
Central : Bravo ?
Durant la demi-heure suivante, le SCPF Stravinsky a tenté de s’approcher de O-9 Bravo, sans succès. Le central a continué d’essayer de communiquer avec O-9 Bravo, mais Bravo est devenu de plus en plus inintelligible avant de finalement devenir complètement silencieux. La radio de Bravo est restée active pendant les trois jours suivants, et une respiration intermittente a pu être entendue jusqu’à ce que la radio cesse de fonctionner.
Addendum 3000.2 : Protocole Atzak
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Ce protocole régit des interactions avec une ENTITÉ REPRÉSENTANT UN DANGER COGNITIF DE CLASSE VIII, SCP-3000, et en tant que tel, est CLASSIFIÉ NIVEAU 5/3000.
Préface : Le protocole suivant a été développé en collaboration avec les chercheurs du Site-29 et du Site-50, ainsi que ceux postés au Site-151. Plusieurs parties peuvent avoir été supprimées pour censurer des informations dépassant cette accréditation. Toute personne travaillant sur le Site-151, ainsi que tout membre du personnel assigné au SCPF Eremita doit strictement respecter ce protocole.
Abstract : Le PROTOCOLE 151-HOLLISTER ATZAK a été développé et mis en place dans le but de trouver une stratégie de gestion du composant chimique Y-909 excrété par SCP-3000.
Informations sur le Protocole : Le composant Y-909, originellement découvert par feu le docteur Adam Hollister, est un composant extrêmement important dans la fabrication de plusieurs composants amnésiques expérimentaux récents. Les amnésiques suivants en particulier contiennent une version raffinée du composant Y-909 :
- Classe A (version 2016)
- Classe D (version 2016)
- Classe E (version 2016)
- Classe X (version 2017)
- Classe XX7 (version 2016)
- [SUPPRIMÉ]
- [SUPPRIMÉ]
- Composant Expérimental de Classe Atzak
- Composant Expérimental de Classe Foster
- Composant Expérimental de Classe Ellipse
L’ajout du composant Y-909 a provoqué une amélioration marquée de la stabilité et de l’efficacité à long terme des amnésiques susmentionnés. En moyenne, les amnésiques utilisant le Y-909 montrent une perte d’efficacité 78 % plus lente que leurs homologues standards dans un stockage/entrepôt froid, et 52 % plus lente que leur homologues standards à température ambiante.
De plus, les individus s’étant vus administrer un amnésique contenant le composant Y-909 ont montré une augmentation marquée de leur suggestibilité, de l’effacement de leur mémoire, et une diminution significative des effets secondaires additionnels (tels que nausées, vomissements, problèmes intestinaux, vision floue, maux de tête, insomnies, problèmes cardiaques et autres). Les individus traités avec ces amnésiques expriment une diminution plus significative des souvenirs intrusifs que ceux sans Y-909, avec des individus exposés aux composants expérimentaux ne rapportant plus aucun souvenir intrusif, même après 5 ou 10 ans.
En raison de l’efficacité de ces traitements contenant du Y-909, le maintien de l’utilisation de ce composant dans les amnésiques est essentiel pour la Fondation. Cette utilisation massive de Y-909 nécessite le maintien de sa collecte au court terme, et ce tant qu’une version synthétique du composant n’aura pas été découverte.
Ainsi, le présent protocole dicte la façon dont ce composant doit être collecté sur SCP-3000, et la manière dont le personnel doit interagir avec SCP-3000. Ci-dessous se trouve un bref résumé de la procédure, des informations plus détaillées peuvent être trouvées dans le dossier Atzak complet.
- Les membres de la FIM Epsilon-20 “Pêcheurs Nocturnes” doivent préparer un sujet avant de l’envoyer au site de nourrissage. Un sujet de Classe D doit être mis sous sédatifs et équipé d’une combinaison de plongée pressurisée. Le sujet doit ensuite être attaché à un câble sous-marin à l’intérieur du sas arrière. Le sas doit être inondé, et le sujet doit être remorqué par le câble vers le site de nourrissage. Après avoir rejoint le site de nourrissage, le câble doit être déconnecté de l’attache, et ramené dans l’Eremita.
- Durant cette phase, le SCPF Eremita doit surveiller la position de SCP-3000 et ajuster sa trajectoire si l’entité commence à s’éloigner de son site de nourrissage. Le central fournira des instructions additionnelles durant cette étape si nécessaire.
- Le personnel à bord du SCPF Eremita doit surveiller SCP-3000 durant les sessions de nourrissage. Pendant ce temps aucun membre du personnel n’est autorisé à quitter l’Eremita sans l’autorisation du commandement de la mission.
- Peu de temps après la consommation totale de la proie, SCP-3000 commencera à excréter Y-909 près de la section principale de son corps.
- Une équipe spécialisée de plongeurs en haute mer doit sortir du SCPF Eremita par le sas arrière, et approcher SCP-3000. La collecte du composant Y-909 doit se faire durant la période de “digestion” de SCP-3000, qui est actuellement supposée se dérouler environ deux heures et demi après la consommation de la proie. Les équipes doivent retourner à l’embarcation de lancement avant la fin de cette période. Durant cette période, les effets habituels de SCP-3000 sont moins sévères. mais le Central doit continuer à surveiller ces équipes pour prévenir des dégâts trop importants à leurs fonctions cognitives.
- Une fois que la collecte du Y-909 est terminée, le personnel doit transférer la substance collectée dans des containers sécurisés avant de retourner à la surface. Le directeur de la mission à bord de l’Eremita doit surveiller la substance au cours du transport.
Addendum 3000.3 : Évaluation psychologique

Dr Venkatraman Krishnamoorthy
Note : Le ██/██09, le chercheur de niveau 3 Venkatraman Krishnamoorthy a tenté de sortir par le sas arrière de l’Eremita sans équipement de plongée, mais a été rapidement maîtrisé, et le cycle du sas interrompu. Bien qu’ayant un CRV de 26 et n’ayant montré aucun signe de dépression ni fait de tentative de suicide avant son affectation à bord de l’Eremita, Krishnamoorthy a été interrogé par le psychologue de l’équipe médicale Anand Mannava, afin de mieux comprendre les effets potentiels de SCP-3000 sur sa psyché.
[DÉBUT DU JOURNAL]
Mannava : Salut Venkat, comment tu te sens ?
Krishnamoorthy : Mal.
Mannava : C’est ce que j’ai entendu dire. Tu veux parler de ce qui est arrivé aujourd’hui ?
Krishnamoorthy reste silencieux.
Mannava : On n’est pas obligés, si tu ne veux pas. On peut parler d’autre chose.
Krishnamoorthy : Je suis fatigué, Anand.
Mannava : Je comprends. Cette affectation a été stressante pour tout—
Krishnamoorthy : Ce n’est pas ça, non, ce n’est pas le stress. J’ai fait ça avant, j’ai été… en fait, je ne sais pas si j’ai fait ça avant.
Mannava : Tu l’as fait.
Krishnamoorthy : Je ne m’en rappelle pas. Pas du tout. J’ai ressenti ces sentiments sans contexte, comme si mon corps réagissait à des réflexes que je ne savais pas qu’il avait. Tout est tellement déconnecté, et essayer de tout maintenir ensemble est… Je suis juste fatigué.
Mannava : Quand as-tu commencé à te sentir comme ça ?
Krishnamoorthy : Depuis combien de temps sommes-nous là ? Je ne me souviens pas. Je ne sais plus quand, honnêtement, je ne sais plus. J’aurais souhaité t’en dire plus que ça, mais je n’ai rien. Je cherche cet endroit dans mon esprit et il y a quelque chose d’autre— ou parfois rien du tout.
Mannava : Que veux tu dire par autre chose ?
Krishnamoorthy : J’ai fait des rêves appartenant à d’autres personnes, Anand. Je vois des visages que je ne reconnais pas, des endroits dans lesquels je sais que je ne suis jamais allé, ou peut-être que si. Je ne sais pas. Comment pourrais-je savoir ce qui est réel ou pas lorsque je ne peux pas croire mon propre esprit?
Mannava : Et bien, je peux peut-être t’aider sur ça, Venkat. Nous pouvons parler des choses que tu as oubliées, et je peux—
Krishnamoorthy : Ne me prends pas de haut. Je sais que tu l’as senti, Anand. Ton esprit s’embrume. Des morceaux de toi commencent à t'échapper, tes souvenirs s’évanouissent, s’affaiblissant jusqu’à ce qu’ils soient partis, ou pire, remplacés. Tu vois des passés qui ne sont pas les tiens, des expériences que tu n’as jamais vécues. Tu commences à devenir une autre personne, ou… plus personne.
Mannava : Venkat, s’il te plaît. J’essaie juste d’aider.
Krishnamoorthy : Est-ce que tu sais au moins quel métier je faisais avant notre rencontre ? Pense à ça, je ne me souviens même pas comment on s’est rencontrés. Je sais ton nom, je sais que tu es psychologue, mais sommes-nous amis ? Sommes-nous frères ? Je ne sais pas comment je te connais. On travaille ensemble, je sais ça. Je sais encore ça. Mais les autres choses, elles vont et viennent. Je ne sais pas si je suis marié ou si j’ai des enfants.4.
Mannava : Je vois.
Krishnamoorthy : Et ça… ce n’est pas le pire de tout. Je sais que c’est en train de m’arriver, je sais que mon esprit tombe en pièces. Mais il y a quelque chose d’autre ici, aussi. Quelque chose qui s’élève de … de la fumée de ma conscience pas encore éteinte. Cette murène.
Mannava : La murène ?
Krishnamoorthy : Je ne… Je ne me souviens pas de ma mère. J’entends sa voix mais je ne me souviens pas de son visage. Je ne me rappelle pas de son odeur ou comment elle… mais je me souviens de ce qu’elle m’a dit à propos des dieux. (Fait une pause) Il y a un dieu, appelé Anantashesha. Un serpent, le roi des serpents. Supposé être allongé aux pieds de Vishnu dans le cosmos. Un dieu serpent à six têtes, c'est quelque chose, pas vrai ?
Mannava : C’est… Oui, je connais.
Krishnamoorthy : Ah… bien sûr, je suis désolé. J’avais oublié. (Fait une pause) Elle… Je ne me rappelle pas bien, mais je me souviens qu’elle m’a dit comment Anantashesha restera après la fin. Contemplant les ténèbres après la fin du monde. Elle a dit ça, quand la lumière de l’univers aura disparu, tout ce qui restera sera Anantashesha. (Fait une pause) J’ai travaillé durant toute ma vie pour la Fondation, aussi loin que je me rappelle. J’ai lutté pour me faire un nom et ma réputation, et fait tout ce que je pouvais faire pour laisser… quelque chose, n’importe quoi. Une sorte de trace qui dit que j’étais là. Mais…
Mannava : Quoi ?
Krishnamoorthy : Je… Je pense que SCP-3000 est Anantashesha. Je pense que cette… cette aberration, cette traîtrise de la cognition est le résultat de notre proximité avec un dieu. Pas juste un dieu, mais un dieu qui existe à travers le temps, qui est tout à la fois et… même au delà. Peut-être… peut-être qu’une partie du néant au delà des rivages du temps est tout aussi bien une part d’Anantashesha. Peut-être qu’il agit comme, comme un conduit, un genre de—
Mannava : Venkat, s’il te plaît, nous sommes des scientifiques—
Krishnamoorthy : Non, laisse-moi finir. Au mépris du néant qui vient après tout ça, il y a Anantashesha. Il y a une chance que mes souvenirs puissent vivre, qu’on se rappelle de moi comme les souvenirs que j’ai vu m’ont traversés. Je n’ai… Je n’ai pas de preuves de ça. Mais quand j’ai regardé dans ses yeux et que j’ai vu ce qu’il m’a montré, j’ai eu peur. je ne suis qu’un homme médiocre, Anand. C’était une peur que j’ai refusé de reconnaître pendant des années, une peur d'être l’insignifiant, la peur que personne ne sache qui je suis lorsque je mourrai. Peur d’être oublié. Peur que ma vie n’ait aucun sens. Peur d’être seul. Peur de mourir. (Soupir) Il y a une terreur en moi que je n’arrive pas à accepter, Anand. Je ne vais pas te mentir et te dire que la gueule de ce serpent ne me terrifie pas aussi, mais entre ça et le noir infini que j’ai regardé, j’ai fait mon choix.
[FIN DU JOURNAL]
Addendum 3000.4 : Journal audio et vidéo de l’incident
Après deux jours de confinement dans une cellule de sécurité à bord de l’Eremita, ordre a été donné de lever l’ordre de détention du Dr Krishnamoorthy, en accord avec le Protocole Atzak. Trois heures après que le Dr Krishnamoorthy a été libéré de sa cellule, l’incident suivant s'est déroulé :
[DÉBUT DU JOURNAL]
<02:19:33> Krishnamoorthy se tient à l’entrée du sas arrière de l’Eremita. Le sujet est dos à la caméra la plus proche.
<02:19:58> L’alarme de proximité se déclenche. Les projecteurs extérieurs s’activent. SCP-3000 n’est toujours pas visible. Le central est averti, et les moteurs de l’Eremita s’enclenchent/démarrent, se préparant pour les manœuvres d’évitement.
<02:20:06> Krishnamoorthy est effrayé par l’alarme de proximité, et semble commencer à paniquer. Le sujet continue à regarder l’entrée du sas arrière. Le sujet se tourne brièvement vers la caméra la plus proche, et semble être en train de pleurer.
<02:20:21> Krishnamoorthy s’approche doucement du sas arrière, et ouvre la porte du sas. Le sujet entre dans le sas, et la porte du premier accès se referme hermétiquement derrière le sujet.
<02:20:57> La caméra intérieure du sas enregistre Krishnamoorthy regardant la porte extérieure du sas durant deux minutes, immobile. Après deux minutes, le sujet s’écroule sur le sol.
<02:21:15> Toutes les caméras tremblent alors que les turbines principales se mettent à tourner. SCP-3000 est visible sur le radar, approchant du SCPF Eremita. SCP-3000 n’est pas visible sur les caméras extérieures.
<02:26:37> Krishnamoorthy se relève et s’approche du vestiaire des combinaisons de plongée. Le sujet enfile une combinaison de plongée à haute pression, et se dirige vers la commande de contrôle des portes extérieures. Le sujet actionne le loquet de la porte extérieure. La caméra intérieure du sas est obstruée par l’eau qui jaillit.
<02:27:14> Une deuxième alarme est déclenchée par la brèche du sas. Le personnel sur le pont tente de fermer le sas, mais Krishnamoorthy en est déjà sorti.
<02:27:48> Krishnamoorthy se tient dans l’eau, à l’arrière de l’Eremita, éclairé par les projecteurs. Le sujet ne bouge pas.
<02:28:11> SCP-3000 sort lentement des ténèbres. Krishnamoorthy reste immobile.
<02:28:29> Les caméras extérieures tremblent tandis que l’Eremita commence à reculer vers Krishnamoorthy. Des équipes de secours se sont rassemblées dans la chambre du sas.
<02:28:52> SCP-3000 approche Krishnamoorthy. Sa bouche commence à s’ouvrir. L’Eremita fait sonner son alarme extérieure, mais ni SCP-3000 ni le sujet ne semblent le remarquer.
<02:29:09> SCP-3000 se déplace juste au dessus de Krishnamoorthy. Le sujet semble regarder dans la bouche, maintenant largement ouverte, de SCP-3000. L’Eremita commence à faire un appel de phares avec ses projecteurs. Le sas s’ouvre.
Krishnamoorthy: Anand… J’avais tort. (Sanglots) Dieu, sauvez-moi, ce n’est pas—
<02:29:21> SCP-3000 attaque/surgit et consomme rapidement Krishnamoorthy.
<02:29:45> SCP-3000 disparaît et n’est plus visible sur les caméras extérieures. Les équipes de secours sont appelées. L’équipe initie le Protocole Atzak.
[FIN DU JOURNAL]
Addendum 3000.5 : Journal personnel du Dr Mannava
Note : Les textes qui suivent sont des extraits des journaux personnels du docteur Anand Mannava. Le docteur Mannava a tenu plusieurs journaux durant son affectation, et a fait remarquer que c’était bénéfique pour contrer les propriétés psychologiques et affectant la mémoire de SCP-3000.
23/09/2009
Je suis venu pour enterrer Venkat. Pas pour faire son éloge.
Psychologiquement parlant, voir ses souvenirs affectés comme les siens l’ont été n’est agréable pour personne. Je ne devrais pas vraiment être surpris qu’il ait choisi de se soulager de ses souvenirs affectés, mélangés - après tout, c’est vraiment anxiogène. Avoir été informé de ces effets ne change pas le fait que j’ai besoin de surveiller en permanence tout l’équipage, moi inclus, et nous rattacher à la réalité. Je dois maintenant soumettre un rapport psychologique complet, détaillant ce qui s’est mal passé, pourquoi un membre de l’équipage s’est suicidé, et une analyse complète des moyens possibles pour empêcher que cela se reproduise à l’avenir aux O5 et au directeur du site Nox, pour qu’il soit révisé et qu’un nouveau règlement soit écrit pour empêcher une telle tragédie de se répéter.
Il a toujours été plus religieux/croyant que je ne le suis. Tout à la fin de sa vie, il était obnubilé par Anantashesha - un dieu serpent primordial dans la religion hindoue- et radotait à propos de l’éternité. Je ne vais pas remettre en cause la légitimité de ses croyances et de ses revendications, mais c’est un peu le cœur de l'énigme, et je pense que je devrais me considérer chanceux que cette affectation soit relativement bénigne comparés à mes précédentes. Je ne pense pas que ce soit une murène mythique - anormale peut-être mais pas si extraordinaire que ça. C’est amusant - j’ai passé ces trente dernières années à ignorer tout ce que mon père a voulu m’apprendre de l’hindouisme, et maintenant, je me creuse la tête en essayant de me rappeler la moindre chose qu’il avait à dire à propos de ça.
Je dirais que c’est à cause de la murène, mais pour être honnête avec moi-même, j’ai simplement essayé d’oublier tout ce qu’il m’a appris. Peut-être pas au début, mais certainement à la fin. Je me souviens à peine à quoi il ressemblait. Mais je me souviens à quel point il était en colère quand je ne pouvais pas me rappeler des noms de mes grands-parents ou grands-oncles. Il ne cherchait qu’à préserver sa culture son héritage, et j’ai fait tout ce que j’ai pu pour le contrarier. Sur son lit de mort, il m’a supplié d’accomplir les derniers rites après sa mort. Il avait même écrit les instructions, mais j’étais tellement fâché que les ai déchirées devant lui. Je ne peux même pas me rappeler pourquoi. Le seul souvenir que j’ai de lui est l’état dans lequel il me mettait. Il a passé presque vingt ans à essayer de transmettre notre héritage - et tout ce que j’ai maintenant est de la colère, de la haine et du regret.
30/09/2009
Nox, le directeur du site, a rassemblé l’équipe ce matin pour un court moment de deuil.
Après des éloges brèves et laconiques, il m’a pris à part et m’a dit que Venkat serait remplacé dans quelques semaines - et que comme il n’avait pas gardé de contact avec sa famille, il est probable que ses possessions allaient être jetées et qu’elles sont maintenant techniquement propriété de la Fondation. Le directeur m’a indiqué que si je voulais garder une ou deux choses lui appartenant, je devais le faire tout de suite.
Son bureau était relativement quelconque - son coussin de chaise confortable et écrasé, quelques jouets de bureau, et beaucoup de livres de biologie marine que je devrais regarder un jour. La seule chose que j’ai prise était une statue de Ganesh posée à côté de la fenêtre. Je ne suis pas certain moi-même de savoir pourquoi, mais elle est maintenant posée sur l’étagère, à côté d’une photo de ma femme, de ma fille et de moi-même sur une terrasse au bord d’un lac. C’était une excursion quelconque dans quelque piège à touristes de Lucknow, mais c’est vraiment l’une de nos photos les plus jolies.
Nous replongeons demain.
11/11/2009
Tous les Classes-D sont restés calmes cette semaine, ce qui est bien. Hormis la dépression habituelle et les pertes de mémoire dues à l’exposition à SCP-3000, tout était en ordre. Quelques fois, je les envie - tout ce qu’ils savent, c’est que nous cherchons à retirer une saleté d’une grosse murène. Ils ne savent rien de son importance, ou pourquoi il est crucial qu’ils le collectent, et combien cela nous aide.
Bien sûr, l’avantage d’être dans la division psychologique du Projet Atzak est la conscience de ses effets potentiels - je suis conscient de ce qui arrive à ma psyché. Je sais que j’ai des souvenirs qui ont disparu, des morceaux qui sont maintenant perdus. Je me souviens d’un jeune homme sur une bicyclette, devant l’entrée d’une cour de récréation, semble-t-il dans les années 80, quand j’étais à Singapour - il riait - pourtant je ne sais pas si cet homme était un ami, un amoureux, un fils, un ami de la famille - qui est ce jeune homme. Peut-être italien ? Ou peut-être australien ? Peut-être que ce n’est même pas du tout un souvenir cher.
J’ai de nouveau regardé la statue de Ganesh et la photo de ma famille. C’est vraiment un peu honteux, j’ai réellement oublié la majorité de ce que j’ai fait avec elles. J’ai commencé à apprendre des poèmes et des chansons hindoues, j’ai fait des copies des Vedas, mais je n’arrive pas à mémoriser correctement les vers.
J’ai pensé à ce que m’a dit Venkat avant de mourir - sa profonde, profonde peur de la médiocrité. Incapable d’émerger de la mer des humains qui marchent à la surface de la terre. Il a travaillé pour la Fondation pendant des années, et bien qu’il ne soit pas l’un des noms parmi les plus connus de la Fondation, il n’est pas non plus vraiment anonyme : il a été le plus important des biologistes marins de la Fondation, l’expert qu’on envoyait pour tout ce qui était aquatique, et plutôt assez révéré. Je suis, en fait, surpris par sa jalousie - il n’a jamais été le type pompeux et tape-à-l’œil, et je n’aurais jamais deviné qu’il voulait la célébrité et la reconnaissance.
Peut-être avait-il vraiment peur d’être condamné à la médiocrité.
Peut être que le silence de cet endroit lui rappelait quelque chose de pire.
Addendum 3000.6 : Note sur la mission Atzak [CLASSIFIÉ AU NIVEAU 5/3000]
Certains des nouveaux affectés avaient des questions à propos de notre travail ici, donc je publie cela pour éclairer le plus possible de ces questions. Libre à vous de contacter mon bureau si vous en avez d’autres.
Le Protocole Atzak est une méthode pour récolter et fabriquer le composant Y-909. Il s’agit d'un épais liquide gris et saumâtre que SCP-3000 excrète via son métabolisme. Nous ne savons pas exactement comment il le fait, mais nous avons des suppositions, et aucune n’est une bonne chose pour nous.
Au départ, nous pensions qu’il saignait. La première équipe que nous avons envoyée chercher SCP-3000 était partie pour collecter des échantillons sanguins pour analyse. Lorsque SCP-3000 a attaqué et les a consommés, puis a produit davantage de cette substance, nous avons compris que nous cherchions quelque chose d’entièrement différent. Ce n’est définitivement pas du sang, c’est plutôt semblable à un jus de prion. C’est extrêmement toxique et passer trop de temps à proximité de ce truc provoque les mêmes effets qu’une exposition à SCP-3000. Paranoïa, pertes de mémoire, pensées suicidaires, etc. Raffiner le Y-909 brut, ce que les processeurs appellent “gelée de murène”, nous permet de créer des amnésiques plus efficaces que tous ceux auxquels nous avons pu avoir accès dans l’histoire de cette organisation.
De là vient tout le dilemme éthique. SCP-3000 ne crée Y-909 qu’après avoir mangé, et il ne mange que des humains. Vous souvenez-vous lorsque j’ai dit qu’on avait des idées de la façon dont il faisait ça ? Certains de nos biologistes ont émis l’hypothèse que SCP-3000 anéantit tout ce qui fait que les créatures intelligentes sont intelligentes, le filtre par une partie quelconque de sa peau, et l’éther résiduel est ce que nous collectons. Vous voulez savoir quelque chose de vraiment tordu ? On a fait des radios de cette chose, pour savoir comment ça se passait à l’intérieur. C’est plein de cadavres humains. Il ne les digère pas du tout, il fait autre chose, et le résultat est Y-909.
Lorsque nous avons utilisé Y-909 pour la première fois, nous avons tenté de le synthétiser. Nous avons obtenu quelque chose de proche de ce que nous recherchions, Y-919, mais les effets secondaires étaient catastrophiques. Les amnésiques auraient fonctionné, on aurait fait oublier aux gens des événements, des personnes, etc… Mais ils auraient également commencé à oublier d’autres choses. La détérioration mentale se serait aggravée jusqu’à ce qu’il ne reste rien, puis ils seraient morts. Quelques-uns de nos chercheurs pensaient que nous serions capables de comprendre comment diminuer la sévérité de ces effets secondaires, mais le coût pour continuer ces essais aurait été astronomique, et le programme a été interrompu.
Ce n’est pas un secret : ce que nous faisons est odieux. Le comité d’éthique, le comité de classification, ils cherchent tous des moyens plus tolérables que les moyens actuels. mais la dure vérité est que si on veut du Y-909, on doit nourrir SCP-3000 avec des Classes-D. Autrement, nous serons forcés de retourner à des âges sombres métaphoriques où nous amnésions les gens avec des opiacés et du chloroforme.
La bonne nouvelle, c’est que nous développons des câbles ROV qui devraient être capables de faire ce travail de collecte de la substance brute à la place de nos équipes de plongée. Cela éliminera toute possibilité de pertes accidentelles comme celles que nous avons eues par le passé, et c’est un bon premier pas. Pour tout le reste, seul le temps nous le dira.
- Nox
Addendum 3000.7 : Journal personnel du Dr Mannava
Note : Ce qui suit est le texte intégral d’une page, écrite de la main du docteur Mannava, qui a été déchirée et placée sur sa table de chevet.
Non-daté
J’ai passé beaucoup de temps sur cette mission en essayant de comprendre les effets sous-jacents sur des individus exposés à un danger cognitif de Classe VIII. J’ai dirigé de nombreuses interviews avec le personnel, rédigé un grand nombre de rapports psychologiques, mais je n’ai pas été capable de déduire correctement ce qui, chez cette créature, pouvait mener un homme parfaitement sain à ouvrir la porte du sas et se jeter dans la gueule de la murène.
Plus tôt ce week-end, pendant que je préparais mes notes pour un autre rapport, j’ai accidentellement fait tomber une photo de moi, ma femme, et ma fille de ma table de nuit. Le verre s'est brisé quand il a touché le sol, et la photo est tombée. Pendant que je nettoyais, j’ai remarqué quelque chose de noté sur l’envers de l’image. Ça disait :
"Anand, Shanti, et Padma. Juin, 2002"
Mais l’écriture n’était pas la mienne, c’était celle de Venkat. J’étais intrigué. Pourquoi Venkat aurait écrit sur le dos d’une de mes photos ? Je n’y ai pas pensé plus que ça sur le moment, j’ai nettoyé le désordre et je suis retourné à mes occupations. Mais cette question me taraudait. C’était une petite chose, facilement explicable par des dizaines de manières, mais je n’arrivais pas à saisir laquelle semblait la bonne. Jusqu’à ce que je sois frappé la nuit dernière par une horrifiante pensée, qui m’a empêché de dormir. J’ai accédé aux archives du personnel de la Fondation, et appris une vérité que je ne peux pas accepter.
Shanti était la femme de Venkat. Padma était sa fille. Les registres sont clairs. La vie dont je me souviens, les expériences que suis certain d’avoir vécu avec elles sont les expériences et les souvenirs de Venkat, pas les miens. Je n’ai jamais été marié, et je n’ai pas d’enfants. Même maintenant, je peux voir ma femme dans mon esprit, l’entendre rire, sentir ses cheveux. Mais je sais que c’est à travers Venkat que je la vois, pas moi.
L’horreur de cette réalisation a été remplacée par une étrange sorte de peur. J’ai compris ce que fait la murène. Quelque chose à propos d’elle, une partie latente de sa création, exècre la cognition. Cela brise la conscience humaine et éparpille la partie de nous que nous pensons être une âme jusqu’à ce que tout ce qui reste soit ce que nous sommes réellement : des signaux électriques qui, un jour, deviendront inertes.
Si je ne peux même pas me rappeler de moi-même, comment puis-je m’attendre à ce que quiconque se rappelle de moi ? J’ai oublié ma propre vie - et je suis étrangement indifférent à cette révélation. Je disparaîtrai dans les ténèbres, comme l’ont fait des milliers d’autres avant moi, et comme le feront des milliers d’autres après moi. Personne n’y fera attention, puisque je serai oublié. Je ne désespère pas pour mon propre sort, mais pour nous tous - vous et moi, nous ferons tous face à l'anéantissement. Je ne suis pas important. Vous n'êtes pas importants. Des gouttelettes de non-pertinence, étirant des éternités dans la mer du temps. Nous pourrions nous battre contre cela, mais notre défaite est inéluctable.
Je ne peux pas croire que la murène soit Anantashesha. Je ne pense pas que ça importerait si c’était le cas. Ce qui est clair pour moi maintenant alors que je me sens tomber en pièces, ce n’est pas que la murène est quelque créature mythologique ou un serpent divin. Peut-être est-ce juste une créature primitive qui nous a échappé, sans méchanceté ; peut-être est-ce vraiment une déité primordiale s’abritant sous la surface. La murène n’est pas le signe avant-coureur de ma mort, ou de la ruine de l’humanité. La murène n’est pas la fin de toute chose, elle nous montre seulement à quoi ressemble la fin.
Et malgré tout ce que l’on pourrait croire, chaque idéal que nous avons, ou destin pour laquelle nous prions, je sais que c’est vrai pour chacun d’entre nous :
Notre fin sera une fin oubliée.
Note : Le Dr Mannava a été découvert plus tard, évanoui, près du sas arrière. Les enregistrements laissent penser que le docteur Mannava a pénétré par effraction dans le casier de stockage de bord, et ingéré une quantité significative de Y-909 brut. Le Dr Mannava a été évacué de l’Eremita, et emmené au Site-151 pour analyses.