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Crédits
Titre original : SCP-2747 - As below, so above
Auteur : minmin
Traducteur : DrGemini
Date : 30 août 2016
Image : Informations manquantes
Couverture de l’album I/O de Radiohead, une instance de SCP-2747.
Objet no : SCP-2747
Niveau de Menace : Vert ● Noir ●
Classe : Euclide Keter
Procédures de Confinement Spéciales : Les algorithmes de surveillance de la Fondation doivent surveiller les médias en ligne et imprimés à la recherche de phrases-clefs liées à SCP-2747. Toutes les correspondances doivent être classées et transmises au Département des Analyses, qui fournira la confirmation définitive d’une manifestation de SCP-2747. En cas d’identification positive, tous les médias affectés doivent être convenablement corrigés suivant les protocoles d’altération médiatique standards de la Fondation (912-A "QUATRIÈME DIMENSION", 943-A "PUITS EMPOISONNÉ").
L’observation contrôlée de SCP-2747 sera réalisée en utilisant des ressources informatiques locales pour générer procéduralement des récits de niveaux de complexité et d’imbrication variés. En parallèle, des descriptions de ces récits devront être générées en utilisant un logiciel analytique/méta-analytique créé par la Fondation et capable d’analyser les médias sur divers degrés d’abstraction. Les résultats pourront ensuite être examinés à la recherche de signes de SCP-2747 en les scannant périodiquement à la recherche d’irrégularités dans les données. Tout récit généré contenant de telles irrégularités pourra ensuite être signalé comme étant une instance de SCP-2747, et les conditions de son apparition pourront ensuite être classées comme génératrices de SCP-2747. Grâce à un échantillon suffisamment large, les critères conditionnant l’apparition de SCP-2747 pourront ensuite être identifiés et anticipés avec un degré de clarté suffisant.
En outre, une liste de surveillance de 7000 artistes doit être maintenue et constamment observée à la recherche de signes localisés de manifestations de SCP-2747 dans leurs œuvres respectives en utilisant le logiciel analytique/méta-analytique susmentionné. Afin d’augmenter la résolution observable et l’étendue de manifestations métafictionnelles profondément imbriquées, cette liste de surveillance doit essentiellement comprendre des individus, des groupes et des organisations qui tendent à produire un contenu métafictionnel, tel que des mise-en-abymes et des histoires dans l’histoire. Il est autorisé de financer ou d’influencer secrètement les créateurs de contenu à cette fin.
Les résultats de CALICE LUCIDE seront documentés dans l’Appendice B du présent document.
Description : SCP-2747 est un phénomène apparaissant dans les médias imprimés ou en ligne où les plateformes dédiées à la discussion d’œuvres de fiction commencent à mentionner des instances inexistantes d’un média fictionnel. En dépit de ladite inexistence, des articles, des messages, des commentaires et d’autres métadonnées concernant l’œuvre de fiction inexistante seront découvertes, qui la traiteront comme étant réelle. L’œuvre de fiction inexistante peut être mentionnée par divers individus et dans des contenus variés, allant de brèves mentions sur des forums en ligne jusqu’à faire l’objet de thèses académiques entières.
Des descriptions, des captures d’écran, des photographies de copies physiques et de brefs fragments de texte tirés de ladite œuvre de fiction peuvent souvent être découverts dans les médias infectés par SCP-2747. Ces descriptions sont totalement cohérentes entre elles, et il s’est avéré possible de reconstruire des segments entiers de médias fictifs grâce à des descriptions tirées de métadonnées générées par SCP-2747. Une liste des médias fictifs générés par SCP-2747 a été ajoutée ci-dessous (voir l’Appendice A).
Lorsque cela est possible, les documents affectés peuvent être remontés jusqu’à des individus existants ; cependant, lorsqu’interrogés sous la contrainte, lesdits individus nient invariablement avoir écrit les documents infectés et nient toute existence des médias fictifs mentionnés à l’intérieur.
SCP-2747 n’a jamais été documenté en temps réel ; toutes les instances observées à ce jour ont été enregistrées post-hoc. Aucune instance n’a été documentée avant le mois de Janvier 2008. La raison pour cela est inconnue. se conforme aux observations pataphysiques documentées plus en détail dans l’Appendice B.
L’hypothèse actuelle de l’équipe de recherche de SCP-2747 est que SCP-2747 est la preuve de la manifestation naturelle d’une anafabula, ou anti-histoire : un bloc de signes, d’iconographie et de narrèmes indépendants qui, lorsqu’ils sont suffisamment bien intégrés à une construction fictionnelle, mènent à une annihilation mutuelle. Il est impossible de recréer les propriétés d’une anafabula dans un premier temps étant donnée sa nature anormale, mais des descriptions ont été générées dans un second et un troisième temps grâce à la Procédure Observationnelle CALICE LUCIDE et sont explicitées plus bas (voir l’Appendice B). Elle peut prendre effet à travers plusieurs couches de récit métafictionnel, c’est à dire qu’un métarécit contenant l’anafabula cessera d’exister au sein de l’histoire, puis que l’histoire elle-même disparaîtra de notre réalité. Une anafabula est facilement identifiable par le fait qu’elle représente invariablement un anathème ou un antagoniste dans l’univers du récit, et ce dans toutes les manifestations de SCP-2747, sans doute en raison des narrèmes inhérents la composant qui indiquent sa nature à la fois étrangère et centralisatrice.
MISE A JOUR : L’hypothèse susmentionnée a été confirmée être un modèle fonctionnel de SCP-2747. Veuillez vous référer à l’Appendice B.
MISE A JOUR : Les procédures suivantes doivent être mises en place pour conclure correctement la Procédure Observationnelle CALICE LUCIDE (voir l’Appendice B).
- En aucun cas les propriétés de l’anafabula signalées dans l’Appendice B ne doivent se produire dans la réalité, qu’il s’agisse d’un acte naturel ou délibéré. Tout objet, personne ou événement dont le seuil de semblance dépasse le niveau de signifiance α doit être altéré par tous les moyens possibles.
- L’accès aux informations concernant SCP-2747, en particulier les informations contenues dans l’Appendice B, doit être strictement limité aux niveaux d’accréditation 4-2747 et 3-ANALYTIQUE.
- En raison des implications pataphysiques et de l’inconfinabilité inhérente de SCP-2747 tels que détaillées dans l’Appendice B, il doit être classifié comme Keter avec effet immédiat.
Appendice A : Liste partielle des manifestations de SCP-2747
Œuvre inexistante référencée : Punta de la espira
Medium : Nouvelle
Étendue de la manifestation : 17 articles créés et édités sur http://es.wikipedia.org.
Résumé de l’œuvre : Punta de la espira (Française : "Le Bout de la Spirale") apparaît être une nouvelle de 1951 écrite par Gabriel García Márquez. Elle décrit un protagoniste anonyme alors qu’il descend une rivière en direction d’une montagne "noire, cornue" et désolée afin d’apporter un cadeau à un destinataire inconnu. Le voyage est dur et périlleux, et il meurt de fatigue à la fin de l’histoire, n’ayant pas l’air plus près de son but qu’il ne l’était au début. La montagne est décrite en détail tout au long de l’histoire, à l’aide de métaphores récurrentes en faisant alternativement allusion comme à la résidence des dieux ou à une présence démoniaque.
Œuvre inexistante référencée : Taitoru (Japonais : タイトル)
Medium : Film d’animation
Étendue de la manifestation : 1 article créé sur http://www.tvtropes.org, avec 55 éditions faites sur diverses pages de tropes pages allant de "Despair Event Horizon" à "Foreshadowing" et "What Do You Mean, It Wasn't Made On Drugs?"
Résumé de l’œuvre : Taitoru apparaît être un film d’animation dirigé par Satoshi Kon peu avant sa mort. Il est décrit comme un thriller psychologique chroniquant une dessinatrice de manga en difficulté qui tente de finir et de publier sa première œuvre avant une date limite très proche. Le stress prend de l’ampleur et les frontières deviennent floues ; elle commence à halluciner, et le film se termine de manière ambiguë, ne permettant pas de savoir si elle a atteint son but ou cédé à ses faiblesses. Typique du style de Kon, l’animation est décrite comme méticuleuse, kaléidoscopique et parfois extrêmement perturbante ; une scène montre la protagoniste physiquement aux prises avec les ombres de son appartement – décrite dans "Your Mind Makes It Real" comme étant la manifestation de son blocage artistique – qui finit par l’engloutir et la dévorer.
Œuvre inexistante référencée : No Sister of Mine
Medium : Jeu vidéo
Étendue de la manifestation : 77 fils de discussion sur http://forums.somethingawful.com, tous accompagnés de 3 à 103 commentaires. La plupart des utilisateurs étaient des membres bien connus de la communauté de Something Awful.
Résumé de l’œuvre : No Sister of Mine (Français : "Ce n’est pas ma Soeur") est supposé être un jeu de rôle vidéoludique au tour par tour du genre fantasy/horreur publié par Poakahan pour la Nintendo Gamecube en 2005. Selon les testeurs, le joueur contrôle un groupe de 6 personnages anonymes tandis qu’ils explorent un royaume en ruine dans l’intention de trouver un compagnon perdu appelé "Sister". Il fut très mal accueilli par les testeurs, avec de nombreuses critiques dénonçant un système de combat rempli de glitchs, des dialogues incohérents, des graphismes apparemment incomplets, une bande-son répétitive décrite comme "nauséabonde" et "donnant mal à la tête", et l’impossibilité de le terminer. Les personnages non-joueurs du jeu mentionnent continuellement un "grimoire noir comme le charbon et relié d’épines" qui, une fois lu, soit permettrait d’obtenir un grand pouvoir, soit relâcherait une terrible malédiction ; ce que la plupart des testeurs supposaient être la quête finale du jeu nécessitait au joueur de faire marche arrière à travers les zones précédentes du jeu pour récupérer les fragments du grimoire en utilisant les capacités qu’il avait acquises entre temps. Cependant, les testeurs déclarent à l’unanimité qu’aucun fragment ne pouvait être trouvé. Un testeur va même jusqu’à déclarer que les objets eux-mêmes ne figuraient même pas au sein du code du jeu.
Œuvre inexistante référencée : The Scolipendra Wiki
Medium : Fiction collaborative
Étendue de la manifestation : 49 différentes fanfictions (d’une longueur allant de 343 à 2401 mots) postées sur http://www.fanfiction.net, toutes accompagnées d’1 à 6 commentaires.
Résumé de l’œuvre : The Scolipendra Wiki est supposé être un univers fictionnel collaboratif en ligne, mélangeant les genres de l’horreur, de la fiction spéculative et de l’étrange. Il semble avoir été hébergé sur une forme de site wiki, bien que l’adresse elle-même ne soit jamais mentionnée. L’intrigue exacte de l’univers de Scolipendra est difficile à discerner, étant donné que les diverses fanfictions existantes supportent des histoires très divergentes et des interprétations variées des personnages, compliquées par l’implication d’autres univers et éléments fictionnels. Il est établi qu’il implique 7 personnages voyageant à travers une série de royaumes, en amassant et collectant des objets dotés de propriétés anormales ou surnaturelles. Un objet revient régulièrement entre les différents textes : un emblème à 7 côtés dit posséder le pouvoir de détruire tout objet, personne ou concept abstrait au simple toucher. Il semble être d’un grand intérêt pour les protagonistes, qui tentent répétitivement de le récupérer ; cependant, il semble également être en possession d’un antagoniste anonyme sinistre, auquel il est plusieurs fois fait référence dans plusieurs textes mais qui n’est jamais vu.
Œuvre inexistante référencée : I/O
Medium : Album musical
Étendue de la manifestation : Des critiques publiées dans un total de 14 publications réputées, incluant The New Bombay Times, Pitchfork et L.A. Flipside.
Résumé de l’œuvre : I/O est décrit comme étant le neuvième album en studio du groupe de rock anglais aujourd’hui séparé Radiohead. Il contient 6 pistes pour un total de 34 minutes et 18 secondes. La majeure partie de ces pistes semblent pour la plupart consister en échantillons digitalement manipulés des précédents albums de Radiohead, accompagnés de chants et d’une instrumentation acoustique. La réception de l’album semble avoir été hautement positive, à l’exception de la critique de Jessica Greene dans Pitchfork qui ne lui donne qu’une note moyenne de 7.0. Il est mentionné que l’album fait appel à une réverbération binaurale grinçante accompagnée d’un solo du chanteur Thom Yorke en guise de motif musical, incarnant ce que Gulshan Anirudh du New Bombay Times estime être son thème central de "spirales d’isolation et d’inspiration … de boucles de rétroaction qui résonnent au niveau du profondément personnel, le cœur tremblant de la psyché créatrice". Anirudh mentionne également des paroles faisant référence au suicide et à l’auto-mutilation, bien que présentées à travers des métaphores indirectes : I/O "n’a jamais peur de jouer avec l’idée de la haine de soi ou de se désacraliser lui-même – pourtant l’album dans sa globalité ne semble jamais faire mouche, toujours à orbiter autour de son horrible cœur sans jamais vraiment l’atteindre."
Œuvre inexistante référencée : Mavigne, Ou : Un Traité Sur La Métaphysique Du Voyage Dans L’Espace, Et Sur Le Royaume D’Erikaar, Dont Le Nom Est L’Obscurité Faite Lumière, Et Sur Les Expositions Théologiques Qui En Résultent
Medium : Roman
Étendue de la manifestation : 7 articles publiés en une semaine dans divers journaux académiques de critique littéraire, tous par des spécialistes réputés.
Résumé de l’œuvre : Mavigne est décrit être tiré d’un manuscrit et des illustrations au fusain l’accompagnant découverts dans la maison d’un certain Rithabile Abrahams en 2014. Abrahams semble avoir été un écrivain reclus ainsi qu’un artiste travaillant comme technicien de maintenance à Bloemfontein, en Afrique du Sud et cliniquement diagnostiqué comme schizophrène. Mavigne est un roman constitué de plusieurs récits imbriqués rédigé en Afrikaans et prétendant être l’œuvre d’un mystique allemand du 17ème siècle. Il décrit le voyage du mystique, seulement connu sous le nom de Maas, apprenant la nature de la structure interne de la Terre qui lui est révélée dans une vision. Au début du roman, Maas rêve d’un être surnaturel qui est conscient de sa nature d’entité-rêve et est profondément reconnaissant à Maas de lui avoir donné l’existence. En échange, il promet de divulguer à Maas les secrets de la Terre. Maas, qui est physique, ne peut pas traverser le sol, l’être décide alors de simplement lui raconter le voyage. Il parle de 6 royaumes démarqués par paliers, et qui s’étendent du royaume du trésor et des minéraux à un plan intangible de lumière et de son. Au-delà de ces 6 royaumes se trouve un autre palier, de froid et de silence, qui est décrit comme étant le cœur de la Terre ; avant que ce point ne puisse être élaboré, Maas se réveille, et le rêve se termine.
Œuvre inexistante référencée : ex lux
Medium : Roman interactif
Étendue de la manifestation : Des critiques approfondies sur 7 différents blogs de critique de fiction, ainsi qu’un mention dans un article du magazine Time sur les formes de narration expérimentales. Le titre est également mentionné dans 175 messages sur Twitter, le recommandant souvent comme une fiction interactive intéressante, voire trop peu connue.
Résumé de l’œuvre : ex lux semble être une œuvre de fiction interactive de mystère écrite dans un mélange d’anglais, de catalan et d’espagnol. Il est présenté sous la forme d’une série d’histoires épistolaires du point de vue de 6 personnages et d’une narration en courant de conscience dont la provenance est ambiguë. Les lecteurs naviguent entre les 7 histoires développées, découvrant les indices d’un meurtre, ou de plusieurs meurtres ; au bout d’un moment les histoires finissent par converger dans un restaurant routier durant une tempête, et les personnages échangent leurs histoires. De là, la structure narrative en résultant ne peut pas être adéquatement décrite comme de simples scènes prises sur le moment ni comme des histoires dans l’histoire, étant donné que les récits qui suivent finissent par s’entrecroiser de telle sorte que des récits tardifs permettent d’aborder des récits antérieurs sous un nouvel angle, ou servir de connexion entre des fragments de texte antérieurs après de longs détours. A plusieurs moments, les personnages tentent de consulter le testament d’un individu absent, appelé l’Etranger. L’identité du ou des meurtrier(s) ou victime(s) n’est jamais connue, et l’histoire ne connait pas de fin conventionnelle.
Appendice B : Observations et conclusions tirées de CALICE LUCIDE