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Crédits
Titre : SCP-262-FR - Le mythe du narval aux nageoires conquées
Auteur : DrCendres
Date : 3 novembre 2017
Image : Informations manquantes
SCP-62-FR-Arch(5), seule enluminure en état retrouvée à ce jour.
Objet no : SCP-262-FR
Niveau de Menace : Vert ●
Classe : Non confiné
Procédures de Confinement Spéciales : Tous les exemplaires originels des différents SCP-262-FR-Arch doivent être conservés dans une section spécifique du Département des Archives, sous la responsabilité de la division "Préservation des documents aquatiques". L'accès à ces documents précis est réservé aux employés disposant d'une accréditation de Niveau 3, ou sur autorisation signée de qui de droit. Des copies numériques des SCP-262-FR-Arch doivent être conservées dans les bases de données mondiales de la Fondation SCP, accessibles depuis l'Intranet des Sites Sophus.
Toute éventuelle trace historique de l'existence de SCP-262-FR doit être identifiée et récupérée auprès de son propriétaire, par tous les biais nécessaires. Le scénario de couverture classique doit être celui d'une proposition étatique visant à sauvegarder le patrimoine et à le consacrer à la recherche historique. Toute éventuelle trace contemporaine de l'existence de SCP-262-FR doit être réquisitionnée par la Fondation ; sa découverte fera l'objet d'un scénario de couverture par le Département de la Censure et de la Désinformation si le Commandant de FIM dépêché sur place l'estime nécessaire.
Jusqu'à nouvel ordre, les preuves d'une vie consciente sous-marine doivent être envoyées en priorité aux chercheurs affectés à l'étude de SCP-262-FR, afin de déterminer si ces éléments présentent un lien quelconque avec ce dernier. Le cas échéant, les preuves seront archivées en SCP-262-FR-Arch. Dans le cas contraire, elles seront redistribuées et mises à la disposition de toutes les unités de recherche affectées à un projet pertinent.
Description : SCP-262-FR désigne une espèce hypothétique de créatures sous-marines et conscientes, douées d'un degré d'intelligence ayant permis la création d'un moyen de communication par écrit propre. Il existe très peu d'informations certifiées traitant de la culture, de l'anatomie ou même de l'existence de ce peuple aquatique. À ce jour, seule l'existence d'un unique spécimen a pu être prouvée, désigné par la suite comme étant SCP-262-FR-Aut. Des doutes sont émis sur l'existence actuelle de SCP-262-FR en raison de l'impossibilité de trouver un spécimen, vivant ou mort, de cette espèce : la piste privilégiée est la catastrophe écologique, avec l'avènement des technologies humaines avancées. Toutefois, l'absence totale de vestiges archéologiques en dehors des SCP-262-FR-Arch laisse à penser que la disparition aurait une cause anormale ou singulière.
Les faits notables liés à la culture et à l'histoire de SCP-262-FR sont les suivants :
- L'écriture se fait sur un support spécifique, constitué à partir d'un mélange hétérogène d'algues, de poudre de coquillages, de matériaux granulaires marins et de sperme de mysticètes. La formule exacte ainsi que la méthode de préparation de cette pâte sont inconnues. L'encre est tirée de diverses espèces de céphalopodes appartenant au sous-ordre des Incirrina, mélangée à une solution fixative dont la nature n'a pas encore été déterminée. Cette solution est également utilisée pour les colorations, les individus lettrés de SCP-262-FR l'ajoutant à des colorants naturels marins avant de travailler sur support.
- Une grande similarité artistique a été notée entre les croquis avancés présents sur les instances de SCP-262-FR-Arch, et les enluminures médiévales. De même, le langage employé par SCP-262-FR-Aut est partiellement semblable au gallo-roman ; une origine humaine ou partagée, datant d'une époque antérieure au Haut Moyen Âge, est à envisager.
- Élaboration d'une mythologie au moins sommaire, comprenant un ensemble de mythe gravitant autour d'une créature mythique à laquelle sont prêtées des propriétés anormales. La créature en question semble être le produit d'une méconnaissance du monde terrestre.
- Les spécimens de SCP-262-FR préfèrent rester éloignés des côtes et des grandes routes maritimes, sauf exception motivée par la curiosité ou la recherche.
- Les noms des spécimens de SCP-262-FR ne sont pas composés à partir des mêmes caractères que le reste du langage, mais sont empruntés à un système d'écriture figurative faisant référence à des éléments marins.
SCP-262-FR-Aut désigne un membre de l'espèce SCP-262-FR supposé appartenir à la classe des érudits, disposant d'une éducation lui permettant d'être au moins lettré ainsi que d'une formation artistique et scientifique lui permettant de réaliser des croquis anatomiques sans modèle, sur la seule base de spéculations et de conclusions théoriques. L'entité s'identifie comme étant une exploratrice et une naturaliste spécialisée en biologie mythique. Les documents SCP-262-FR-Arch retrouvés sont hypothétiquement tous rédigés de sa main, et traitent de sa volonté de mener une recherche sur le terrain afin de prouver l'existence d'une créature mythologique, qu'il désigne comme le "narval aux nageoires conquées".
Addendum : Les documents SCP-262-FR-Arch, au nombre de neuf, sont retranscrits ci-dessous en français moderne, suivis de leur étude détaillée.
En réponse aux doutes émis par mon estimé collègue, [H1 ; M3 ; U9], vis-à-vis de l'existence du narval aux nageoires conquées.
J'ai enfin complété ma formation de [Inconnu], et pourrais faire des provisions de [support d'écriture]. Je peux maintenant partir à la recherche du narval aux nageoires conquées et prouver son existence au monde. La tâche sera ardue, mais j'ai confiance en mes capacités. Je créerai un ordre nouveau.
Méthodes de capture possibles :
- Un jeune homme au cœur pur (pas moi).
- L'amener à se confronter à son prédateur naturel, [l'orque ?], puis suivre le vainqueur pour attendre le déroulement naturel des choses et récupérer son squelette. L'exposer à la surface au-dessus des eaux devrait ensuite lui rendre la vie, tant que ses conques et sa corne sont en état.
- Imiter le cri d'accouplement du narval en espérant que ça marche. Aviser.
Naturellement, cette liste sera modifiée. J'espère tout d'abord trouver des traces irréfutables de leur présence, et en observer dans leur état naturel.
La vérité sera mienne,
[A2 ; M4 ; P1].
Rapport de recherche : Le document fut retrouvé au large de Rhodes, en Grèce. SCP-262-FR-Aut semble être l'équivalent d'un tératologue et chercher ici à prouver l'existence du cryptide décrit dans le document. Il a été confirmé par la suite que le mythe du "narval aux nageoires conquées" provient en réalité de la découverte de sabots de chevaux noyés, provenant souvent de bateaux ayant sombré, auxquels SCP-262-FR-Aut fait d'ailleurs référence par la suite.
Les esprits du courant ont dû m'égarer, car je ne trouve nulle trace du mythique destrier. Il se dit qu'ils sortent la moitié de l'année par-dessus nos terres, dans l'espace irrespirable de la surface ; peut-être suis-je arrivé au mauvais moment.
J'ai suivi les voies des sombres îles noires qui bougent toujours le long des lignes imaginaires : je pense qu'elles suivent les lignes d'énergies sous le sable et qu'elles sont animées par les esprits de la terre. Trouvé quelques-unes qui ont arrêté de marcher et rejoint les océans. Pas mal d'arêtes anormales, j'en ai pris quelques-unes pour ma collection, j'ai peu eu l'occasion d'observer des squelettes de [Inconnu]. Les esprits de la terre n'aiment pas venir chez nous, ils ne font qu'y ensevelir leurs morts pour nourrir la Mer Originelle. Surtout, ce sont leurs mâchoires qui m'intéressent : elles sont parsemées d'ustensiles comme je n'en avais jamais vus. Carrés et petits pour la plupart. Je me demande bien ce qu'ils mangent.
Mais toujours aucune trace du narval aux nageoires conquées. Je dois chercher plus loin.
La vérité sera mienne,
[A2 ; M4 ; P1].
Rapport de recherche : Il se confirme que l'individu est particulièrement intéressé par l'étude des créatures mythologiques. Les "esprits de la terre" semblent faire référence aux êtres humains de la surface : il est possible que chaque peuple ait nourri les légendes de l'autre, sans qu'il y ait pourtant eu de contact. Leurs milieux étaient trop différents.
J'ai trouvé des exemplaires de conques !
Ce sont des coquillages très étranges, vaguement circulaires avec un creux triangulaire, trop plat et peu profond pour qu'un quelconque crustacé ait pu y habiter. C'est vraiment très étrange. Pourraient-ils jouer un rôle dans la façon dont respirent les narvals aux nageoires conquées au-dessus des eaux ?
Je dois chercher, toujours plus loin. J'ai déjà commencé diverses études anatomiques portant sur l'apparence de ces créatures. Mes recherches me poussent à me rapprocher des falaises ascendantes ; c'est dangereux, mais si les narvals à nageoires conquées venaient à revenir des terres, je serais aux premières loges.
La vérité sera mienne,
[A2 ; M4 ; P1].
Rapport de recherche : Ici figurent plusieurs essais primaires de représentation, présentant notamment les sabots en lieu de nageoires, rangés sur les côtés comme des branchies ou en rangée de dents.
Aucun de mes essais n'a abouti. Aucun n'est anatomiquement viable. Je ne sais pas à quoi servent ces foutues conques. Je ne sais pas où les placer. C'est frustrant.
Je m'habitue de plus en plus à la brûlure de l'eau sans goût, celle qui circule dans les terres et joignent notre monde et celui des esprits. Dans peu de temps, je pourrai m'y aventurer sur de plus grandes distances, avec le minimum de précautions.
Il faudra que je prie bien la Mer Originelle d'empêcher les esprits de m'enlever. Je ne veux pas finir en déjeuner ou en jouet de leur malice.
La vérité sera mienne,
[A2 ; M4 ; P1].
Rapport de recherche : Par la suite, SCP-262-FR-Aut s'est effectivement aventuré dans des cours d'eau et des rivières. On estime qu'il se trouverait à cette époque dans les environs de l'Italie, dans le secteur Méditerranéen en tout cas. De façon intéressante, il semblerait que l'absence de sel soit désagréable pour les spécimens de SCP-262-FR.
J'ai eu une révélation.
J'étais en train d'évoluer dans l'eau sans goût, à la recherche de traces des narvals aux nageoires conquées. J'ai sorti un moment la tête de l'eau, pour me retrouver nez à nez avec un esprit de la terre. Il s'est enfui dès qu'il m'a vu : je crois qu'il a eu plus peur que moi.
Je vois très mal en dehors de l'eau, mais j'ai au moins distingué ses nageoires : au nombre de quatre, droites et raides… comme des cornes de narval. Surtout, les conques se trouvent souvent au nombre de quatre.
J'ai crayonné une enluminure qui me semble être la plus prometteuse de toutes celles réalisées à ce jour. J'en suis fier.
Je touche au but.
La vérité sera mienne,
[A2 ; M4 ; P1].
Rapport de recherche : L'enluminure en question est présentée en début de rapport.
J'ai fait une rencontre étrange aujourd'hui.
Un esprit de la terre mâle, femelle ou [Inconnu], je ne saurais le dire. Il lavait de curieux objets flottant dans l'eau où je me trouvais, un réservoir d'eau salée donnant accès sur une bulle d'air, dans la terre. Il en a lâché un. Je suis allé le lui rendre en espérant gagner en retour une faveur. Il n'a pas eu l'air surpris de me voir.
J'ai été étonné de voir qu'il était capable de signer dans ma langue. Nous avons bavardé un brin, ce fut une expérience fort enrichissante ma foi, bien qu'il fallut que je replongeasse souvent pour pouvoir (respirer ?).
Il habite dans une cabane près des falaises ascendantes. Je pense lui rendre visite. Il a eu l'air de savoir de quoi je parlais quand j'ai évoqué un animal à corne.
La vérité sera mienne,
[A2 ; M4 ; P1].
Rapport de recherche : Aucune autre mention n'est faite au sujet d'une rencontre entre un humain et un spécimen de SCP-262-FR. La façon dont ils sont parvenus à s'accorder sur le plan du langage est inconnu, le langage des signes médiéval n'étant a priori pas réservé aux roturiers.
Je suis souvent allé voir comment allait mon ami l'esprit de la terre, qui s'est avéré être une amie.
Elle vit seule dans une cabane, éloignée de ses semblables. Ils ne l'apprécient pas car elle pratique la magie. Je pensais que tous faisaient ainsi. Visiblement non.
Elle a elle-même sa propre quête : en elle, j'ai trouvé une collègue aussi passionnée que moi. Il semblerait qu'elle soit à la recherche d'une créature mythique de son peuple. Elle m'a même amené quelques échantillons.
J'ai vite déchanté en voyant que ce n'était là qu'une corne de narval, simple narval qui plus est, non pas celui que je recherche. Pas assez courte et torsadée pour être intéressante à mes yeux. Elle s'est entêtée à maintenir que non, cette corne venait des airs et pas de l'eau. Je ne l'ai pas détrompée.
En revanche, mes conques ont suscité chez elle une grande perplexité. Elle dit que ces coquillages servent de support à des créatures quadrupèdes de chez elle. Mais ma description n'a fait que l'embrouiller : elle m'a dit que ses créatures, elles, n'avaient pas de corne. Nous n'avons jamais repris cette conversation.
Bien que sa compagnie soit agréable, je commence à désespérer. Où sont donc les narvals aux nageoires conquées ? Quand pourrais-je en admirer un ?
La vérité sera mienne,
[A2 ; M4 ; P1].
Mon amie est morte ce soir.
J'ai senti une odeur de sang monter de l'eau. Je me suis rendu dans la bulle sous la terre et sur l'eau, notre lieu de rendez-vous habituel.
Elle était là, étendue, la main trempant à peine. Encore vivante. Mais un large orifice creusé dans le thorax.
Elle a eu temps de me signer quelques termes avant de mourir. Elle aurait trouvé sa créature. Elle l'aurait vu et touché. Elle aurait péri par sa corne.
Elle était heureuse. Heureuse à l'extase.
Ses derniers gestes furent pour me souhaiter de vivre la même chose qu'elle. Elle est ensuite morte sur place. J'ai entraîné son cadavre dans la mer, conformément à leurs rites funéraires. J'espère que la Mer Originelle l'accueillera avec douceur.
J'ai longtemps pensé à la possibilité de rentrer chez moi. Longtemps. Mais tous mes efforts n'auraient servi à rien ; de plus, je suis un peu envieux de savoir qu'elle a réussi là où je risque d'échouer.
Je ne peux pas abandonner maintenant. Je trouverai ce narval aux nageoires conquées.
Ne serait-ce que pour elle.
Rapport de recherche : On ignore ce qui a tué l'individu dont parle SCP-262-FR-Aut. Les spéculations privilégient la piste d'un mouvement de violence de la part de villageois locaux, qui auraient laissé la sorcière périr dans la grotte aquatique en raison du caractère sacré ou maudit de l'endroit. Mais aucune hypothèse n'a pu être confirmée à ce jour.
Je l'ai trouvé. J'ai trouvé le narval mythique.
Il est passé de la terre à la mer. Et j'ai vu ses traits changer, se modifier. Je le sais maintenant : mon amie et moi cherchions la même créature. Elle sur l'air et moi dans l'eau.
J'ai des arêtes brisées et du mal à respirer à l'heure où j'écris ces lignes. Je ne passerai pas la nuit. La créature s'est précipitée sur moi et m'a roué de coups de conques, m'écrasant sous son poids, sans que je ne puisse rien faire, avant de me laisser pour mort. Je me suis traîné jusqu'à mon logis et j'y meurs maintenant.
Heureux.
L'histoire était déjà écrite. Il fallait que je périsse de la même mort que mon amie. Quand je relis mes travaux précédents, je sais que rien n'a été laissé au hasard. Eau et terre : étroitement liées. Moi et elle : étrange miroir. Mon peuple et celui de la terre : reflets conformes.
Seuls les narvals aux nageoires conquées parviennent à passer d'un monde à l'autre. Seules les [L1 C1] le peuvent.
Mon seul regret sera de ne jamais savoir ce qui a pu nous séparer ainsi. Quel événement terrible a provoqué la scission entre l'eau et la terre.
La vérité est mienne.