SCP-1730
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SCP-1730 est un grand complexe de structures situé à 15 km au nord-ouest de la frontière mexicaine dans le parc d’état de Big Bend Ranch et découvert le 5 Juin ████. En raison de la nature isolée du complexe et du faible taux de survie des individus entrés en contact avec lui, il est possible que SCP-1730 ait été découvert antérieurement sans avoir été signalé pour autant.
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Crédits
Titre original : SCP-1730 - What Happened to Site-13?
Auteur : djkaktus
Traducteurs : AziX__, Charles Magne, Dr Lekter, Kintalop et Skodamz
En-têtes : macro_au_micro
Date : 14 avril 2015
Procédures de Confinement Spéciales : Un périmètre circulaire d’un diamètre de 2 km a été établi autour de SCP-1730 et une zone de quarantaine a été installée à 1 km de SCP-1730. Les membres du personnel devant entrer dans SCP-1730 doivent se soumettre aux Mesures de Préparation au Contact des Dangers de Classe VII, incluant l’utilisation d’une combinaison étanche aux matières dangereuses "Maxwell-Harden" modifiée et renforcée. La mise en application de ces mesures de protection ne peut se faire qu’à la porte de quarantaine principale du Site Provisoire 23.
Les individus tentant de sortir de la zone de quarantaine doivent subir au préalable les protocoles de décontamination administrés par le personnel de sécurité de la quarantaine. Les individus ne remplissant pas les conditions d’extraction de quarantaine doivent être maintenus en vue d’une nouvelle décontamination ou, si la décontamination s’avère impossible, de leur élimination.
Mise à Jour du Confinement ██/██/████ : Des entités cognitives et biologiques dangereuses ont provoqué de lourdes pertes au sein des équipes de secours et de sécurité. La Force d’Intervention Mobile Zêta-9 "Les Rats-Taupes" a été affectée à toutes les missions d’exploration en cours.
Mise à Jour du Confinement ██/██/████ : En raison des événements décrits dans le Rapport d’Exploration n° 7, toutes les futures explorations de SCP-1730 ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre, dans l’attente d’une approbation d'un Superviseur.
Mise à Jour du Confinement 01/02/2016 : En raison des informations collectées par les équipes de surveillance de la Fondation, les missions d’exploration et de sauvetage au sein du Site-13 ne sont plus suspendues jusqu’à nouvel ordre. Les détails supplémentaires seront précisés au besoin. Les unités des Forces d’Intervention Mobiles affectées seront informées par leurs officiers supérieurs.
Mise à Jour du Confinement 15/05/2017 : Les Forces d’Intervention Mobiles Apollo-3 "Les Gardes-Chasse" et Tau-5 "Samsara" ont été déployées et affectées à l’exploration de SCP-1730. Cf. Addendum 1730.8 pour plus de détails.
Mise à Jour du Confinement 22/06/2017 : En raison des événements décrits dans l’Addendum 1730.9, SCP-1730 a été reclassé en tant qu’objet NEUTRALISÉ. Des missions de recherche supplémentaires seront bientôt formées. Les rapports de bilan seront disponibles dès leur déclassification.
AVERTISSEMENT FICHIER : LE FICHIER DE DONNÉES SUIVANT EST CELUI DE SCP-1730 AVANT SA RECLASSIFICATION EN TANT QU’OBJET NEUTRALISÉ. DES ERREURS PEUVENT SUBSISTER.
Description : SCP-1730 est un grand complexe de structures situé à 15 km au nord-ouest de la frontière mexicaine dans le parc d’état de Big Bend Ranch et découvert le 5 Juin ████. En raison de la nature isolée du complexe et du faible taux de survie des individus entrés en contact avec lui, il est possible que SCP-1730 ait été découvert antérieurement sans avoir été signalé pour autant.
SCP-1730 possède des marquages et contient des documents attestant l’hypothèse selon laquelle SCP-1730 aurait été le Site-13 de la Fondation, initialement situé près de Nome en Alaska. Cette hypothèse entre en conflit avec les données actuelles selon lesquelles le Site-13 n’était qu’un projet qui, bien qu’ayant dû être construit à Nome, fut remplacé par le Site-19, plus grand et plus moderne et qui ne fut jamais concrétisé. La flore récoltée sur place est typique des plantes natives d’Alaska. La manière par laquelle SCP-1730 est arrivé à son emplacement actuel est inconnue.
SCP-1730 se trouve dans un état de délabrement avancé et semble avoir été abandonné pendant une assez longue période. Le générateur de la centrale électrique du Site a continué de fonctionner tout en étant endommagé, et ce malgré un certain nombre de fuites de carburant et d’incendies à travers toute l’installation. Cette situation a provoqué des pannes de courant intermittentes à travers tout le Site, entravant davantage les missions de secours et d’exploration.
L’origine de SCP-1730 est inconnue, de même que la nature des nombreuses anomalies confinées à l’intérieur. Il a été confirmé que les étages compris entre le 2ème et le 15ème1 sous-sol étaient utilisés pour le confinement d’entité, bien que l’état de ces installations soit fortement détérioré.
Il est supposé qu'un groupe de survivants humains existe quelque part dans les plus profonds sous-sols de l’installation. Des messages écrits en anglais ont été découverts à travers tout le Site et consistent en des avertissements tels que "danger" et "mort ici", ou d’autres messages tels que "pas mon corps" et "saigner". Un message récurrent, "Qu’est-il arrivé au Site-13 ?", a été retrouvé à plusieurs endroits dans les sous-sols.
Plusieurs journaux de données ont été collectés dans les derniers terminaux fonctionnels du Site, le contenu pertinent de ces journaux se trouvant dans les addenda ci-dessous. Il convient de noter qu'il existe des incohérences entre ces enregistrements et ce qui a été découvert lors des explorations, y compris pour ce qui concerne la configuration du Site, la composition du personnel et les anomalies confinées.
Addendum 1730.1 : Enregistrements Récupérés
██/██/████
Équipe : Charlie Yukon
Mission : Reprise du Site-13
Chef d’Équipe : CY-1
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Nous l’avons trouvé. L’avons vu tuer Dailey tout à l’heure. S’est glissé directement dans sa bouche et vous connaissez la suite, Dailey a commencé à perdre du sang par les oreilles. S’est mis à vomir et chier partout. Le sang était bizarre aussi. Trop sombre. Ça coulait de ses cheveux, comme à travers ses follicules. Ses cheveux sont partis avec.
Quand ça a été fini, le truc qui s’était glissé dans sa bouche est ressorti de la même manière avec un de ses copains. L’un des deux, pourrais pas dire lequel, a bu tout le sang comme une sangsue. L’autre est retourné dans la bouche de Dailey et il s’est relevé. Il s’est retourné et a commencé à venir vers nous. J’ai pu voir cette chose à l’intérieur de lui lorsqu’il a ouvert la bouche. Donc je lui ai foutu une balle en pleine gueule. Puis une autre. On a vidé nos chargeurs sur lui. Il ne se relèvera pas après ça.
On ne va pas tenir beaucoup plus longtemps par contre. Avons trouvé un autre de ces messages en bas, vous savez, [DANGER COGNITIF SUPPRIMÉ]. C'est juste une question de temps avant que ça ne commence. On y a collé du C4 et on a fait sauter le mur, je crois que c’est devenu plutôt illisible après ça, mais peu importe. Jones était déjà devenu silencieux comme les autres. On l’a balancé dans une cage d’ascenseur tout à l’heure. Pas entendu le corps heurter le sol.
Je crois les avoir entendus activer la Batteuse. Aurais aimé qu’on l’apprenne plus tôt.
Tant pis.
Addendum 1730.2 : Message Automatique Récupéré
Le message suivant a été récupéré depuis les systèmes d’alertes d’urgence de SCP-1730. L’historique du fichier indique qu’il a été transmis peu avant une perturbation électrique majeure et trois minutes avant une explosion au sein du relai électrique du Site.
AVERTISSEMENT GÉNÉRAL
Le Site-13 a subi une brèche majeure des systèmes de confinement.
[DANGER COGNITIF SUPPRIMÉ] a rompu son confinement lors d’une phase d’expérimentation.
Le dispositif nucléaire du Site ne répond pas. Le Protocole Batteuse a été activé.
Systèmes de Support de Vie : Connectés ●
Systèmes Électriques : Déconnectés ●
Systèmes Anti-Incendie : Déconnectés ●
Systèmes Anti-Inondation : Déconnectés ●
Statut du Réacteur : Critique ●
Statut du Confinement des Classe Euclide : Critique ●
Statut du Confinement des Classe Keter : Compromis ●
Addendum 1730.3: Transcriptions du Rapport d’Exploration
Transcription Vidéo du Rapport d’Exploration Initial
Date : ██/██/████
Équipe d’Exploration : Force d’Intervention Mobile D-12 "Les Débineurs"
Sujet : SCP-1730
Chef d’Équipe : D12-Cap
Membres : D12-1 / D12-2 / D12-3 / D12-4 / D12-5
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
D12-Cap : Ça tourne. Tout le monde vérifie son micro.
D12-1 : Check.
D12-4 : Check.
D12-3 : Check.
D12-5 : Check check.
D12-2 : Check, et de cinq.
D12-Cap : Parfait. Contrôle, vous nous recevez bien ?
Centre de Contrôle : Cinq sur cinq Leader.
D12-Cap : Très bien. Gardez vos armes verrouillées, on n’a aucune idée de ce qu’on va trouver là-dedans. (Marque une pause) Yep, on est paré. En avant, par ces portes.
(L’équipe entre dans la structure principale de SCP-1730 par les portes d’entrées. Ces dernières ne sont pas verrouillées.)
D12-Cap : Gardez l’œil ouvert.
D12-3 : Il fait sombre là-dedans. On allume les lampes.
D12-Cap : Bonne idée.
(Les membres de l’équipe allument les lampes fixées à leurs épaules.)
D12-1 : Il y a quelque chose d’écrit sur ce mur.
D12-2 : Ouais, ici aussi.
D12-Cap : Qu’est-ce que ça dit ?
D12-1 : "descendre" et "ne pas regarder les murs" à côté.
D12-4 : Un peu tard pour ça.
D12-Cap : Et de ton côté Deux ?
D12-2 : "Qu’avons-nous fait ?"
D12-Cap : Vous voyez ça Contrôle ?
Centre de Contrôle : Oui.
D12-Cap : Très bien, on continue. (Marque une pause) Il y a un ascenseur de service ici. Cinq, vérifie s’il y a du courant.
D12-5 : (Marque une pause) Yep. Ça va marcher.
D12-Cap : Dans ce cas voyons jusqu’où il va nous emmener.
(L’équipe entre dans l’ascenseur de service. La vidéo révèle un panneau de contrôle éclairé avec plusieurs boutons de palier. D12-Cap appuie sur le bouton B3.)
D12-1 : Et c’est parti.
(L’ascenseur descend un court instant et s’immobilise après avoir atteint le troisième sous-sol. La porte s’ouvre sur un couloir sombre. Une unique lueur brille derrière un angle du couloir, à environ 50 m de l’ascenseur.)
D12-Cap : Ok. On fouille d’abord ce niveau, puis on pourra partir d’ici. Un et Trois, allez voir ce couloir-là, Quatre et moi on va fouiller les pièces de ce couloir et Deux et Cinq vous restez ici et vous vous assurez que notre ascenseur ne se fasse pas la malle.
(L’équipe se sépare. D12-1 et D12-3 se dirigent vers la lumière au fond du couloir. D12-Cap commence à examiner les pièces sur le côté gauche du couloir, tandis que D12-4 examine celles de droite.)
D12-4 : Les pièces sont sales. Qu’est-ce que c’est que ça ?
D12-Cap : Ouais, j’en vois aussi. C’est de la boue ?
D12-4 : Ça y ressemble. Une sorte de vase. Ça a une odeur métallique. (Tirant un tube à essai de sa ceinture) Je vais vous en remonter Contrôle. Comme ça vos gars pourront l’examiner.
Centre de Contrôle : C’est noté. Prenez-en un peu puis essayez de vous en écarter autant que possible, le temps qu’on se fasse une idée de ce que c’est.
D12-Cap : Ça roule.
D12-1 : On a atteint le bout de ce couloir. Il y en a un autre par ici, on dirait qu’il y a une sorte de barricade à l’autre extrémité. Des tas de tables et de bureaux empilés.
Centre de Contrôle : Pouvez-vous vous approcher de la barricade Un ?
(D12-1 et D12-3 s’approchent de la barricade.)
D12-4 : Encore de la vase dans cette pièce. Il y en a plein les murs— j’ai trouvé un corps.
D12-Cap : Attendez un instant, Un ne bouge plus. J’arrive Quatre.
(D12-Cap entre dans la pièce. On aperçoit un corps humanoïde à moitié submergé dans l’épaisse matière noire dans un coin de la pièce. La tête et le cou ne sont pas visibles.)
D12-Cap : Yep. Un quelconque moyen de l’identifier ?
D12-4 : Il a un mousqueton à sa ceinture pour accrocher un badge, mais il n’en a pas. On dirait qu’on l’a arraché, peut-être pour ouvrir une porte quelque part ?
D12-Cap : Peut-être. Continue d’avancer Un.
D12-1 : À vos ordres. (Marque une pause) Cap, d’autres corps ici. La barricade est complètement recouverte de cette vase.
D12-3 : Merde, celui-là a bougé.
D12-1 : Il y a quelque chose d’autre dans cette pile. Éclaire-le pour voir.
D12-Cap : Restez prudents les gars.
D12-1 : Ah, là ! Merde !
(Coups de feu)
D12-Cap : Au rapport les gars. On se dirige vers vous.
D12-3 : Il y a un truc qui est sorti de la bouche de l’un d’entre eux. Une sorte de serpent je crois… avec beaucoup de dents. Pour le moment je ne peux pas vraiment dire ce que c’était.
D12-1 : Regarde par ici. Tu as touché ce corps, tu as vu ça ?
D12-3 : Merde. Il est creux.
(D12-Cap et D12-4 arrivent à la barricade.)
D12-Cap : Vous avez vu ça Contrôle ?
Centre de Contrôle : Affirmatif.
D12-Cap : Très bien. Je suppose qu’on va devoir faire gaffe à ça. Armes déverrouillées, si ça n’est pas déjà le cas.
D12-4 : À vos ordres.
D12-Cap : On retourne à l’ascenseur, on va voir si on ne peut pas descendre jusqu’au prochain niveau. Est-ce que cette porte est ouv— ouais, c’est bien ce que je pensais. On y va dans ce cas.
(D12-Cap, D12-1, D12-3 et D12-4 remontent le long du couloir.)
D12-4 : Attendez une seconde.
D12-1 : Ça ne tournait pas à gauche tout à l’heure ?
D12-4 : Oh que si, putain. Où est l’ascenseur ?
D12-Cap : Deux, Cinq, vous me recevez ?
(Silence.)
D12-4 : Les ennuis commencent.
D12-Cap : Ferme-la. Bon, merde. Contrôle, vous nous recevez ?
Centre de Contrôle : Bien sûr Capitaine.
D12-Cap : Vous avez un signal de Deux et Cinq ?
Centre de Contrôle : Ils devraient être à environ quarante-cinq mètres dans vos douze heures.
D12-Cap : Il y a un mur ici… on dirait qu’il a toujours été là. Soit on est en train d’halluciner, soit le bâtiment est en train de faire quelque chose de pas net. (Marque une pause) Vous pouvez essayer de contacter l’un d’entre eux ?
Centre de Contrôle : Un instant.
(Le Centre de Contrôle essaye de communiquer avec D12-2 et D12-5, sans réponse d’aucun des deux.)
Centre de Contrôle : Ça ne passe pas.
D12-Cap : Ah, merde. Dans ce cas essayons de trouver un chemin pour remonter et sortir d’ici.
(L'équipe D12 avance le long du couloir. On constate que le couloir est beaucoup plus long que tous ceux reportés sur les plans du Site qui ont été récupérés.)
D12-1 : J’ai quelque chose d’autre sur cette porte.
D12-Cap : Qu’est-ce que c’est ?
D12-1 : Ça dit "silence". On essaye de la fouiller ?
D12-Cap : C’est une cellule de confinement ? On dirait juste une porte de bureau.
D12-4 : Tout cet étage ressemble à des bureaux.
D12-Cap : Dans ce cas très bien. Entrons là-dedans.
(D12-1 essaye d’ouvrir la porte.)
D12-1 : C’est fermé. Je n’arrive pas à l’ouvrir.
D12-Cap : Enfonce la porte dans ce cas.
D12-3 : Vous entendez ça ?
D12-1 : 1… 2…
D12-3 : On dirait que quelqu’un est en train de faire chut—
D12-1 : 3 !
(D12-1 enfonce la porte d’un coup de pied. La vidéo enregistre trois prises d’un être humain nu avec des flammes semblant sortir des oreilles en train de regarder craintivement en direction de la porte.)
D12-3 : Bord—
(Une lumière blanche aveuglante jaillit et un bruit de grésillement se fait entendre. Toutes les lentilles des caméras sont endommagées et deviennent hors d’usage. Tous les micros, à l’exception de celui de D12-3, cessent de fonctionner.)
Centre de Contrôle : Qu’est-ce qui s’est passé ? Capitaine ? D12 ?
(Le Centre de Contrôle tente de communiquer avec D12-Cap pendant trente secondes supplémentaires avant de réaliser que le micro de D12-3 est toujours opérationnel.)
Centre de Contrôle : D12-3, nous recevez-vous ?
D12-3 : (Interférences)
Centre de Contrôle : D12-3 ?
D12-3 : (Interférences, suivies d'un bruit de reptation.)
Centre de Contrôle : D12-3 ?
D12-3 : (Un cri retentit, suivi d’un bruit de suffocation. Le bruit continue pendant 43 secondes et est suivi par un son de liquide coulant goutte à goutte, puis se déversant dans un vomissement. On entend de gros objets humides tomber sur le sol. Un son sourd et lointain allant s’intensifiant accompagne le tout. Le micro est brutalement coupé.)
Centre de Contrôle : D12-3 ? Merde.
D12-2 : Oh merde, hé Contrôle.
D12-5 : Nom de Dieu.
Centre de Contrôle : Que— D12-2, quelle est votre position actuelle ?
D12-2 : Près de l’ascenseur. On pense que nos radios ont cessé de fonctionner, on attend les autres pour repartir.
Centre de Contrôle : Le reste de l’équipe est compromis. Attendez un instant, nous essayons d’établir un lien avec vos caméras.
D12-5 : Pas besoin de ça, c’est probablement juste une interférence. Vous pouvez envoyer une équipe en bas pour nous évacuer ?
Centre de Contrôle : Attendez, la vidéo charge.
D12-2 : Ne—
Centre de Contrôle : On l’a, vous—
(Les caméras embarquées des deux membres du personnel ne montre plus le couloir où ils se tenaient, mais ce qui ressemble à une grande chaufferie. On aperçoit des chaudières à proximité et un mur qui semble avoir été défoncé de l’extérieur. D12-2 semble avoir été suspendu à l’envers et fait face à D12-5. Tous deux sont complètement blancs et immobiles. Leurs visages sont couverts de sang qui semble avoir coulé de leurs bouches, leurs narines et leurs yeux.)
(On aperçoit un gros objet se déplacer rapidement derrière D12-2, accompagné d’un bruit de reptation semblant provenir de différentes sources. D12-5 ouvre les yeux. Deux prises plus tard, les flux audio et vidéo sont coupés. Plus aucune réponse ne parvient de l’équipe D12.)
[FIN DE L’ENREGISTREMENT]
Transcription Vidéo du Rapport d’Exploration Initial
Date : ██/██/████
Équipe d’Exploration : Force d’Intervention Mobile Y-24 "Les Voyageurs de Gulliver"
Sujet : SCP-1730
Chef d’Équipe : Y24-Cap
Membres : Y24-1 / Y24-2
Note : L’exploration initiale de la structure principale du Site s’est avérée trop dangereuse pour une nouvelle tentative sans ressources supplémentaires. La seule Force d’Intervention Mobile disponible restante était la FIM Y-24, une équipe de trois hommes, qui fut chargée d’entrer dans la centrale électrique du Site et d’en évaluer les dommages.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Centre de Contrôle : Connexion en cours.
(Les flux audio-visuels des trois membres du personnel se connectent simultanément. Devant eux se trouve l’entrée de la centrale électrique de SCP-1730.)
Y24-Cap : Vous nous recevez ?
Centre de Contrôle : Affirmatif.
Y24-Cap : Bien. Autre chose que nous devrions savoir ?
Centre de Contrôle : Les scanners thermiques indiquent que l’un des noyaux est en pleine surchauffe. Cela pourrait provoquer une explosion. Restez en aussi loin que possible. Vous pouvez utiliser les microdrones si besoin ; ne vous occupez pas du moyen de les récupérer.
Y24-Cap : D’accord. Ok, parfait. Entrons là-dedans.
(La FIM Y24 entre dans la centrale électrique. La première salle semble être un poste de sécurité.)
Y24-1 : Et voilà notre premier problème. Les portes sont verrouillées.
Y24-2 : Et elles ont aussi l’air plutôt solides. C’est du verre pare-balle ?
Y24-Cap : Vérifie.
(Impact sourd.)
Y24-2 : Je suppose que ça répond à la question.
Y24-Cap : Contrôle, est-ce qu’on peut utiliser les explosifs par ici ?
Centre de Contrôle : Négatif. La structure tout autour est plutôt faible. Vous risquez de vous retrouver ensevelis sous les décombres.
Y24-Cap : Et merde. Il n’y a pas d’autre moyen d’entrer.
Y24-1 : Attendez. Est-ce qu’on aurait quelqu’un sur place avec une carte d’accès de niveau 4 ? Une qui pourrait passer outre les verrouillages de sécurité ?
Centre de Contrôle : Le Dr Edwards est avec une équipe dans la zone de confinement—
Y24-1 : Non, non. Il faudrait quelqu’un de plus ancien. Edwards n’est ici que depuis, quoi, dix ans ? Quelqu’un qui aurait ce niveau depuis un long moment.
Contrôle : Un instant.
Centre de Contrôle : Le Directeur Jameson est actuellement affecté au Site-65.
Y24-1 : Euh, c’est à trois heures d’ici, on ne va pas—
Y24-Cap : Non, tu as eu une bonne idée. Contrôle, appelez le Directeur Jameson. Demandez-lui quel était son code de sécurité en… quand est-ce que le Site-19 a été construit ? En 1960 ?
Centre de Contrôle : Un instant.
(Dix minutes s’écoulent, les enregistrements superflus ont été retirés.)
Centre de Contrôle : Bien, vous êtes prêts ?
Y24-1 : Allez-y.
Contrôle : [SUPPRIMÉ]
Y24-2 : J’y crois pas.
Y24-Cap : "Bonjour Chercheur Jameson." Voyez-vous ça.
Centre de Contrôle : Nous passerons le bonjour de votre part au directeur.
Y24-Cap : Je vous en prie. Bon travail Un. Entrons là-dedans.
(L’équipe entre dans le hall principal de la centrale électrique.)
Centre de Contrôle : Pouvez-vous voir le réacteur endommagé ?
Y24-Cap : Non, ils ont tous l’air en bon état. On passe en vision thermique.
Y24-2 : Le voilà.
Y24-1 : Est-ce qu’on a manqué quelque chose ? Ce réacteur à l’air correct.
Centre de Contrôle : Vous allez devoir vous approcher davantage les gars.
Y24-Cap : C’est juste. On envoie le microdrone, Contrôle.
(Y24-Cap déploie le microdrone. Le drone s’approche des réacteurs de la centrale électrique et commence à en faire le tour. On dénombre 12 réacteurs, sept d’entre eux sont endommagés et irréparables. Trois sont éteints et deux fonctionnent à pleine capacité. L’un de ces deux-derniers est le réacteur en surchauffe qui, en dehors de sa température anormale, ne présente aucun autre signe de dommage.)
Centre de Contrôle : Il a l’air bon. Vous pouvez vous en approcher plus près Capitaine ?
Y24-Cap : Bien sûr.
(L’équipe Y24 s’approche du réacteur en surchauffe. La température augmente alors qu’ils s’en approchent.)
Y24-1 : En tout cas c’est assez chaud.
Y24-2 : C’est quoi cette merde ?
Y24-Cap : C’est vraiment épais. C’est de la vase ? Une sorte de déchet ?
Centre de Contrôle : Essayez de vous en tenir à l’écart les gars. Capitaine, pourriez-vous placer un échantillon dans le microdrone et nous le renvoyer par là où vous êtes entré ?
Y24-Cap : Ouais, attendez. Deux, attrape un peu de— ouais, tu l’as. (Marque une pause) Échantillon en route Contrôle.
Centre de Contrôle : Merci. Soyez prudents les gars. Essayez de contourner ça par l’autre côté.
Y24-1 : Je suis ici. Rien qui semble— ah, merde. Regardez.
Y24-Cap : Mon Dieu.
(La caméra de Y24-1 révèle au moins une dizaine de corps humains reliés par des câbles électriques à un côté du réacteur en surchauffe. Les corps sont tous similaires à ceux découverts par l’équipe D12 : complètement blancs et immobiles avec du sang coulant de tous leurs orifices.)
Y24-2 : Il y a quelque chose d’écrit au-dessus d’eux. C’est du sang ?
Y24-Cap: "Qu’est-il est arrivé au Site-13 ?"
Y24-1 : Ces câbles ne sont pas reliés à la structure principale, vous avez vu ? Ils passent en dessous de nous.
Y24-Cap : Un moyen de les identifier ?
Y24-1 : Laissez-moi regarder… Ouais. Il y a écrit "fosse commune". Ils s’enfoncent droit dans le sol par ici.
Y24-Cap : On dirait qu’on va devoir descendre dans ce cas. Contrôle, vous notez tout ça ?
Centre de Contrôle : On note. On vient aussi de recevoir votre échantillon. Nous aurons un rapport dessus dans quelques minutes.
Y24-Cap : D’accord, très bien. On descend.
Y24-2 : Il y a une cage d’escalier par ici.
(Y24 s’approche de la cage d’escalier et commence à descendre. Les lumières de l’escalier sont éteintes et les membres de l’équipe sont contraints d’allumer les lampes fixées à leurs épaules.)
Y24-Cap : Ces portes sont toutes fermées à double-tour.
(Y24 descend tout l’escalier. La porte située tout en bas est ouverte.)
Y24-1 : Celle-ci a été forcée, on dirait que quelque chose a essayé de… sortir ? Non, d’entrer.
Y24-Cap : Il y a quelque chose d’autre écrit sur ce mur. "Va te faire foutre SCP".
Y24-2 : C’est charmant.
(L’équipe passe par la porte.)
Y24-1 : Vous sentez ça ?
Y24-2 : Bordel, ouais. C’est dégueulasse. Qu’est-ce que c’est ?
Y24-Cap : Quelque chose à l’autre bout de ce couloir je suppose. Gaffe à ce radiateur explosé les gars.
Centre de Contrôle : Veuillez noter que nous perdons le contact vidéo. Quelque chose interfère avec notre signal.
Y24-Cap : C’est compris, nous—
(Le flux audio-visuel est coupé. Le système de localisation reste actif pendant quelques instants tandis que le Centre de Contrôle tente de se reconnecter avec l’équipe Y24. Des communications intermittentes sont captées pendant encore une quinzaine de minutes.)
Y24-1 : Certains d’entre eux sont humains.
Y24-Cap : Toujours cette même… il y en a partout à l’intérieur, de ce truc noir, ça sent comme du fer—
Y24-1 : Il y a quelque chose qui en sort, regardez.
Y24-2 : Vous entendez—
Y24-1 : On doit aller—
Y24-Cap : Il y a une lumière par ici. Vous la voyez ?
Y24-2 : Bonjour ? Est-ce que vous allez bien ? Vous avez besoin d’aide ? Nous pouvons—
(Le contact audio est complètement coupé. Les tentatives de sauvetage sont suspendues. Plus aucune communication de l’équipe Y24 ne parvient pendant les 24 heures suivantes, suite à quoi cette dernière est déclarée perdue. L’échantillon récupéré grâce au microdrone s’est avéré être un mélange de sang humain, de déchets résiduels de réacteur nucléaire et d’une sorte de matière biologique supplémentaire. L’analyse de la substance est en cours.)
(Une semaine plus tard, la caméra de Y24-1 est redevenue active pendant treize secondes. Aucun son n’est transmis et l’image montre un groupe d’humain debout et regardant une table. L’un des humains se retourne pour regarder la caméra et la vidéo est coupée. Suite à cela, plus aucune communication de l’équipe n’a été captée jusqu’à présent.)
Transcription Vidéo du Rapport d’Exploration Initial
Date : ██/██/████
Équipe d’Exploration : Drone d’Accès Mobile
Sujet : SCP-1730
Chef d’Équipe : N/A
Membres : N/A
Note : Dans l’attente de ressources supplémentaires à destination de SCP-1730, un drone terrestre sans pilote a été déployé dans le complexe principal du Site, depuis la porte empruntée initialement par l’équipe D12. Le but de la mission était d’enquêter dans les étages inférieurs et de tenter de récolter des informations concernant les origines de SCP-1730.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Le drone s’approche du bâtiment de bureaux principal et passe par la porte d’entrée. Il observe pendant un moment les inscriptions sur les murs du hall d’entrée, puis se dirige vers l’ascenseur de service.
Le drone entre dans l’ascenseur et pivote face au panneau de sélection des étages. La sélection propose cinq étages situés au-dessus du niveau du sol et quinze souterrains. Le drone appuie sur le bouton -15. L’ascenseur commence à descendre.
Sept étages plus bas, l’ascenseur s’arrête soudainement. Après quelques instants, il est déduit que cet arrêt est dû à une panne de courant intermittente. Le drone utilise les outils à sa disposition pour ouvrir la porte de l’ascenseur. On aperçoit la cage de l’ascenseur, mais le drone est incapable d’en évaluer la profondeur. À l’aide de son treuil, le drone descend sous l’ascenseur à l’arrêt et atteint le premier étage à sa portée. Après avoir forcé la porte, le drone se balance par l’ouverture et rétracte son treuil.
Un écriteau sur le montant de la porte indique qu’il s’agit du 8ème sous-sol et qu’il s’agit d’une aile de confinement Euclide. Les lumières de l’étage sont éteintes. Le drone reçoit l'instruction de suivre le couloir principal à la recherche d’un accès adéquat pour descendre jusqu’au prochain niveau.
Le drone est dirigé en direction d’un couloir latéral dans le but de l’explorer. On remarque un certain nombre de messages inscrits sur les murs tels que "ne regardez pas les murs" et "tuez les silencieux". Après avoir inspecté un certain nombre de pièces s’avérant au final n’être que de simples bureaux vides, le drone retourne au couloir principal.
Le drone s’immobilise après avoir aperçu une grande entité vaguement humanoïde se tenant près du bout du couloir (Voir fichier d’exploration drone139.jpg). L’entité paraît flotter lentement le long des couloirs et ne semble pas remarquer le drone. Une fois l’entité passée devant lui, le drone reçoit l'instruction de la suivre.
L’entité entre dans un local de maintenance situé au bout du couloir principal. Le drone observe l’entité tandis que cette dernière sort un long bras de sous ses vêtements et touche le sol. Une observation attentive permet de remarquer que l’entité a récupéré un peu de la matière sombre et épaisse identifiée plus tôt comme un mélange de sang et de résidus du réacteur de la centrale électrique à l’aide de ce qui pourrait être considéré comme son "appendice digital" principal. L’entité commence à faire de lents mouvements vers le mur derrière elle. Sa position bloque la vue du drone.
L’entité s’immobilise et se retourne lentement pour quitter la pièce. Le drone est dirigé vers le mur et enregistre les changements. On remarque que l’entité a inscrit un certain nombre de symboles inconnus tels que [DANGER COGNITIF SUPPRIMÉ]. Le drone prend plusieurs photographies de ces symboles et les transmet au centre de contrôle.
Le drone reçoit ensuite l'instruction de suivre la grande entité, mais celle-ci a disparu du couloir. On remarque que cette dernière n’a laissé aucune empreinte apparente, même sur la matière épaisse qui recouvre des pans entiers du sol. Le drone reçoit l’ordre de continuer malgré tout.
Le drone atteint ce qui semble être une série de plusieurs cellules de confinement. La première cellule est ouverte. Une affichette sur la porte indique "Entité 324, Élimination prévue le 13/12/1975". Le drone passe le pas de la porte et découvre une vaste cellule de confinement. Un épais capitonnage en caoutchouc recouvre les murs. Le drone remarque une forme humaine dans un coin de la pièce recouverte par l’épaisse vase sombre. Alors que le drone s’approche de la forme, de petites étincelles jaillissent du bout de ses doigts en direction du drone. Ce dernier prend plusieurs photos puis quitte la cellule.
Les trois cellules suivantes sont toutes vides et sans affichettes. La quatrième cellule est fermée et son affichette a été arrachée. Le drone reçoit l’ordre d’essayer d’ouvrir la porte avec son chalumeau. Il y parvient après quelques instants et entre dans la pièce.
Dans un coin de la pièce se trouve le corps émacié d’une femme âgée d’environ 34 ans. Le corps ne présente aucun signe de vie. On aperçoit une chaînette autour de son cou qui continue sous sa chemise. On constate l’absence notable de vase à l’intérieur de la cellule, probablement en raison du fait que l’occupante a fermé la porte et l’a verrouillée de l’intérieur. Le drone inspecte le corps à la recherche d’un badge d’identification et finit par en trouver un. Le nom inscrit sur le badge est celui de "Elias Shaw". Le drone reçoit alors l’ordre d’inspecter la chaînette, mais celle-ci est brisée. Le drone quitte alors la pièce.
Le drone traverse un étroit passage menant à une cage d’escalier. Le drone descend jusqu’à l’étage suivant. Un panneau sur la porte indique "5ème Étage". Le drone se retourne pour filmer la cage d’escalier par laquelle il est arrivé, mais cette dernière a disparu. Après quelques discussions au centre de contrôle, le drone reçoit l’ordre de passer par la porte.
Le drone entre dans un étage de bureaux vaste et spacieux éclairé par le soleil. Plusieurs terminaux se trouvent à proximité, mais tous ont été détruits. Le drone s’approche du moins abîmé d’entre eux et tente de l’allumer. Le terminal ne s’allume pas, sans que l’on puisse déterminer si c’est en raison d’une panne de courant ou des dommages subis par l’appareil.
Le drone manœuvre à travers la pièce. Des feuilles de papier jonchent le sol, beaucoup d’entre elles semblent avoir été brûlées ou déchirées. Le drone atteint un terminal étiqueté "M. Hadley" semblant moins endommagé que les autres et tente de l’allumer. Le terminal s’allume et le drone tente de se connecter à l’ordinateur. L’ordinateur utilise le même système de base que le modèle actuel de la Fondation, bien que datant de plusieurs générations. Le drone reçoit l’ordre de transmettre tous les fichiers possibles au centre de contrôle. Le drone commence à s’exécuter.
Note : À partir de ce point de l’opération, le centre de contrôle perdit le contact avec le drone. Plusieurs membres de l’équipe d’opération se mirent soudain à manifester les symptômes d’une influence anormale et devinrent silencieux tandis qu'ils se consumaient à partir de leurs oreilles. Suite à l’apparition de ces symptômes, le moindre son déclencha une sorte d’explosion silencieuse, ébranlant le centre de contrôle et détruisant la plupart de ses équipements de communication.
Il fut découvert par la suite que les seuls individus affectés furent ceux ayant vu les symboles créés par la grande entité dans le local de maintenance du sous-sol. Un examen approfondi mené par les spécialistes de la Fondation en dangers cognitifs et par des appareils de dépistage confirma que les symboles eux-mêmes formaient une sorte de danger cognitif pyroclastique. Tout individu prenant conscience de ces symboles succomberait inévitablement à ses effets cognitifs, rendant les prochaines expéditions du Site encore plus dangereuses.
Suite à cela, le drone fut laissé sans surveillance pendant plusieurs jours, mais parvint néanmoins à transmettre le contenu du terminal. Le contenu de cette recherche est disponible dans l’Addendum 1730.5. Les tentatives pour se reconnecter au drone restèrent infructueuses et la surveillance par drone du Site depuis l’extérieur des bâtiments révéla que tous les étages du bâtiment principal situés au-dessus du niveau du sol étaient entièrement vides. Le drone ne fut pas localisé.
Transcription Vidéo du Rapport d’Exploration Initial
Date : ██/██/████
Equipe d’Exploration : Force d’Intervention Mobile Z-9 "Les Rats-Taupes"
Sujet : SCP-1730
Chef d’Équipe : Z9-Cap
Membres : Z9-1 / Z9-2 / Z9-3 / Z9-4 / Z9-Sup
Note : En raison des pertes importantes subies par les précédentes tentatives d’exploration, il a été décidé de faire appel à une équipe spécialisée en exploration de structures anormales pour continuer les opérations au sein de SCP-1730. Pour ces raisons, la FIM Z-9 "Les Rats-Taupes" a été affectée à SCP-1730. L’équipe est constituée de cinq membres du personnel d’exploration et d’un membre de support restant au Centre de Contrôle pour surveiller les fluctuations dans la réalité locale.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Z9-Cap : On est en ligne. Fais nous savoir quand tu recevras un signal Support.
Z9-Sup : C’est en cours. Je télécharge sur vos écrans ce qui devrait être une carte plutôt précise de ce que vous allez trouver là-dedans, mais—
Z9-3 : Faut pas trop compter dessus, pas vrai ?
Z9-Sup : Comme toujours. Il est fortement possible qu’un Type Vert se trouve là-dedans, entre autres saloperies.
Z9-Cap : Très bien, Contrôle. Quelle est la pire de toutes ?
Centre de Contrôle : Il y a au moins une entité dangereuse inscrivant des dangers cognitifs sur les murs. Vos écrans devraient pouvoir filtrer tous les messages inscrits sur les murs, donc on ne prend aucun risque. Pour ce qui est du reste, c’est un site de confinement.
Z9-1 : Génial.
Z9-Cap : Et voilà les gars. Préparez-vous, on entre là-dedans.
Z9-3 : Oui madame.
(L’équipe Z9 entre dans la structure principale, mais commence par fouiller les étages supérieurs. À l’instar des observations effectuées par les drones aériens, ces étages sont vides. Il n’y a aucun signe de la précédente exploration par drone.)
Z9-Cap : Tout va bien ici. De quoi on a l’air Support ?
Z9-Sup : Tout va bien capitaine. Rien qui ne sort de l’ordinaire. (Marque une pause) Dites à Quatre qu’il doit ajuster la fréquence de son canal, j’ai du mal à me connecter à son appareil.
Z9-Cap : Je lui dis. Quatre, vérifie ta fréquence, on te perd.
(L’équipe redescend au niveau principal. Après avoir vérifié le fonctionnement de leurs écrans anti-cognitifs, l’équipe descend en empruntant un escalier plutôt que l’ascenseur de service.)
Z9-Cap : On est en train de descendre. On commence à apercevoir cette vase. Vous avez une idée de sa provenance ?
Centre de Contrôle : Une partie de la mixture provient des fuites de la centrale électrique, mais il s’agit surtout de sang et d’autres résidus biologiques, comme du pus. Pour ce qui est de sa provenance, on n’en sait pas plus que vous.
Z9-Cap : Je suppose que c’est ce qu’on va devoir découvrir.
Centre de Contrôle : Précisément.
Z9-2 : Ce truc n’a pas l’odeur qu’on s’imaginerait en le voyant. Ça a exactement la même odeur que des piécettes de cuivre.
Z9-Cap : Ouvrez l’œil tous. Il fait très sombre.
(L’équipe descend plusieurs étages jusqu’à atteindre le 6ème niveau souterrain, indiqué comme étant une aile de confinement Euclide. Z9-Cap entre dans l’étage.)
Z9-1 : Beaucoup de corps ici Cap.
Z9-Cap : Je vois ça. Pas tous humains, pas vrai ?
Z9-2 : Nan. Par contre ils ressemblent tous à ce qu’on nous a dit pendant le briefing. Du sang plein le visage.
Centre de Contrôle : Restez sur vos gardes les gars.
Z9-Cap : C’est compris. On continue.
(L’équipe progresse pendant quelques temps, fouillant l’étage qui s’avère en grande partie vide. Soudain, un bruit d’éboulement se fait entendre. Tous les membres de l’équipe s’arrêtent et attendent la fin du bruit. Il y a un craquement et Z9-4 se met à crier.)
Z9-Cap : C’était quoi ça ?
Centre de Contrôle : Ça venait d’en dessous de vous. Pouvez-vous voir des dommages structurels ?
Z9-3 : Oh que oui putain. Le sol s’est effondré sous Randall. Il est tombé en dessous de nous. Je ne peux pas le voir.
Z9-Cap : Quatre, tu me reçois ?
Z9-4 : Ouais cap. Je vais bien, mais ma jambe est dans un sale état. Je ne sais pas si je vais pouvoir remonter.
Z9-Cap : Très bien, reste là où tu es. On va venir te chercher. Trois, tu restes ici avec Randall. Un, Deux, avec moi. On va chercher un escalier qui descend.
Z9-Sup : Capitaine, il y a quelque chose qui fluctue en dessous de vous. Vous me recevez ?
(Z9-Cap ne répond pas. Le Centre de Contrôle tente alors de communiquer avec le reste de l’équipe Z9, sans succès. Les communications continuent d’être transmises par l’équipe.)
Z9-4 : Où est-ce qu’ils sont ?
Z9-3 : Ils doivent être en route.
Z9-4 : Pas moyen que tu descendes toi ?
Z9-3 : Pas sans me briser les jambes.
Z9-4 : T’es sûr ? Je crois que j’entends quelque chose par ici.
Z9-3 : (Marque une pause) J’entends rien du tout. C’est sans doute juste les tuyaux.
Z9-4 : Putains de tuyaux...
(Du point de vue de Z9-4, l’étage est entièrement sombre au-delà de quatre mètres. La seule source de lumière provient de l’étage supérieur.)
Z9-4 : Non, il y a clairement quelque chose, ça— (Marque une pause) merde, Brett, ça rampe. Il y a quelque chose par là.
Z9-3 : Tiens bon vieux. Cap, vous me recevez ? (Pas de réponse) Cap ? Un ? Deux ? Quelqu’un ? Bordel.
Z9-4 : Brett, merde, c’est juste là. Je peux l’entendre. (À quelque chose hors-champ) T’approche pas de moi, saloperie visqueuse ! (Coups de feu) Je t’ai dit de te barrer !
Z9-3 : Ne tire pas comme ça Randall, tu vas—
(Z9-4 crie. La caméra de Z9-3 filme une créature ressemblant à une sangsue noire, approximativement de la longueur et de la largeur d’un bras humain adulte, en train de ramper lentement vers Z9-4. Z9-4 continue de tirer dans le vide, forçant Z9-3 à s’écarter du trou dans le sol pour se mettre à couvert. Soudain, les coups de feu s’arrêtent et Z9-3 jette un coup d’œil depuis le bord du trou.)
Z9-3 : Randall, nom de Dieu, j’ai—
(La créature est entrée dans la bouche grande ouverte de Z9-4 et rampe lentement à travers sa gorge. Le micro de Z9-4 capte des cris étouffés et un léger grincement ressemblant à un bruit de mastication. Z9-3 pointe son arme vers la créature et tire, mais manque son coup suite à une convulsion de Z9-4. Z9-3 tire à nouveau, touchant Z9-4 au bras.)
Z9-3 : Oh merde, oh merde, oh—Capitaine ! Permission de tirer sur Randall !
(Pas de réponse)
Z9-3 : Nom de Dieu capitaine ! Permission de tirer sur Quatre ?
(Pas de réponse)
Z9-3 : Merde, merde, Randall, je suis—
Z9-4 : (Étouffant) S’il te plaît.
(Z9-3 brandit son arme et tire sur Z9-4. Il y a un nouveau bruit d’éboulement et le sol sous Z9-3 cède. Z9-3 tombe sur le béton en contrebas et est écrasé pas la chute des débris. La caméra et le micro de Z9-3 sont déconnectés.)
(Le microphone de Z9-4 continue de capter les vomissements et les suffocations de Z9-4 pendant les cinq minutes suivantes, puis Z9-4 devient silencieux. Une nouvelle créature ressemblant à une sangsue émerge de sa bouche et disparaît. Z9-4 se relève et prend l’arme de Z9-3. La caméra de Z9-4 est déconnectée.)
Note : À partir de ce point, le contact avec l’équipe Z9 est complètement perdu. Deux membres sont supposés morts au combat, sans que les trois autres ne soient au courant. Après trois heures sans communication, le Centre de Contrôle contacta le Commandement O5 pour demander un arrêt définitif des missions d’exploration au sein de SCP-1730. Lors de l’attente de la réponse, le microphone de Z9-1 revint en ligne.
Z9-1 : T’y vois quelque chose toi ?
Z9-1 : Ouais, moi non plus. Cap ?
Z9-1 : Elle était par ici, contre ce mur. Elle n’est plus là ?
Z9-1 : J’arrive pas à l’ouvrir.
Z9-1: On a besoin de putains de munitions.
Z9-1 : Je crois qu’ils sont partis, ouais, mais je ne tiens pas à rester ici pour—
Z9-1 : Plus bas ?
Z9-1 : On est à quel étage d’ailleurs ?
Z9-1 : Je croyais qu’il n’était censé y en avoir que quinze. Bordel.
Z9-1 : D’accord.
(La caméra de Z9-4 se connecte soudain et révèle une vaste pièce, faiblement éclairée par de nombreuses petites flammes. Une observation minutieuse des images captées révèle que ces flammes proviennent toutes des oreilles d’un grand nombre d’humanoïdes se tenant silencieusement contre les murs. Au milieu d’une fosse centrale se trouve une immense créature qui semble recouverte de nombreuses autres plus petites que l’on distingue à peu près en dépit de la faible luminosité. Plusieurs grands tuyaux situés au-dessus de la créature ont été sectionnés et déversent leur contenu au centre de la pièce. La caméra est coupée.)
Z9-1 : "Qu’est-il arrivé au Site-13." Ça doit être la cinquième fois.
Z9-1 : J’en ai pas la moindre foutue idée, comment je suis censé—
Z9-1 : D’accord.
Z9-1 : Attend.
Z9-1 : Ouais, moi aussi. Ça vient de par ici.
Z9-1 : Cette merde est partout, bordel, regarde.
Z9-1 : Ouvre cette porte, un— chhhhhht.
(Z9-1 reste silencieux.)
Z9-1 : Non, je—
Z9-1 : Chhhhhhht tais-toi. On doit retourner aux escaliers.
Z9-1: Hé, c’est qui ça ?
(Le micro de Z9-1 est déconnecté.)
Note : Se trouvant une nouvelle fois sans réponse de la part de la totalité de l’équipe, le Centre de Contrôle ordonna une suspension d’urgence de toutes les missions d’exploration au sein de SCP-1730 dans l’attente d’une confirmation de la part du Commandement O5. Après quatre heures passées sans nouvelles, la caméra de Z9-Cap commence à transmettre. Son microphone revint en ligne quelques instants plus tard.
Z9-Cap se tient dans une très grande salle, regardant une sorte de machine d’apparence très grande et très complexe. Elle s’approche de la machine lentement avant de s’installer devant une sorte de console de commande munie d’un écran rétroéclairé. Z9-Cap essuie la poussière sur une étiquette située juste au-dessus de l’écran. On aperçoit distinctement le mot "Batteuse".
Les mains de Z9-Cap hésitent quelques instants au-dessus du clavier de la console. Un bruit distant se fait entendre dans le microphone, identifié par la suite comme des bruits de pas. Z9-Cap se retourne vivement pour se retrouver face à l’obscurité. Tandis qu’elle se retourne, sa caméra d’épaule heurte quelque chose sur la machine derrière elle et s’éteint.
Les bruits de pas s’amplifient. Z9-Cap commence à respirer bruyamment et à courir dans le noir. Elle trébuche et tombe, tandis que le bruit s’amplifie peu à peu.
Z9-Cap : Non, va te faire foutre, va—
(La caméra de Z9-Cap est déconnectée. Plus aucune transmission supplémentaire ne parvient de l’équipe Z9.)
Addendum 1730.4: Donnée Récupérée dans le Terminal de la Centrale Électrique
Dr Hadley,
Comme vous pouvez le voir, la puissance de sortie du dispositif Batteuse a été ajustée selon vos demandes. Dès que vous en donnerez l’ordre, les réacteurs délivreront à pleine puissance les 55 GW requis pour activer l’appareil.
Comme je l’avais mentionné lors de notre dernière correspondance, les réacteurs ne survivront probablement pas à une telle décharge d’énergie. Le noyau dédié à la fosse commune devrait résister grâce à sa structure renforcée, mais tout le reste subira probablement d’importants dégâts.
De plus, et vous m’excuserez de me mêler de ce qui ne me regarde pas, n’étant pas moi-même affecté au dispositif Batteuse, l’appareil est encore très instable. Les tests ont été encourageants sur des sujets de taille réduite et il pourrait devenir un jour une technologie utilisable, mais pour l’instant c’est une mesure envisageable uniquement pour des tentatives de dernier recours. L’utilisation du dispositif pourrait rendre la réalité locale très instable pour ici et pour le lieu où le dispositif atterrirait. En d’autres termes, j’espère que vous savez ce que vous faites.
Bonne chance,
Ingénieur 242
Addendum 1730.5: Journal des Données Récupérées
Chère Dr Hadley (340),
Nous avons bien reçu votre communication et nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous contacter. Nous avons pris en compte votre requête, mais il nous est impossible à l’heure actuelle d’approuver le moindre transfert. Si vous êtes au Site-13, c’est en raison de votre haut niveau de professionnalisme et de vos grandes capacités professionnelles, c’est pourquoi il nous est impossible de vous affecter ailleurs. Vous pouvez si vous le souhaitez demander un régime d’amnésique à votre pharmacien de site, mais nous n’autoriserons pas votre transfert du Site-13.
Pour ce qui est de vos inquiétudes concernant le Protocole Funéraire du Docteur Emerson, nous comprenons vos plaintes. Cependant vous devez comprendre que ces anomalies, particulièrement celles classées en tant qu’ "humanoïde", ne sont pas des êtres humains. Les êtres humains font partie d’une catégorie très spécifique de formes de vie non-anormales. Les anomalies humanoïdes peuvent avoir une apparence humaine, mais cela n’en reste pas moins de simples "humanoïdes". En tant que tels, ils ne peuvent bénéficier des droits et privilèges reconnus aux êtres humains par le Comité d’Éthique.
Notre travail en tant que scientifiques est d’identifier l’origine des anomalies et de trouver ensuite la meilleure manière de les utiliser pour le bien de l’humanité. Nous sommes des protecteurs et nous ne pouvons pas protéger à moins de connaître parfaitement tout ce qu’il y a à savoir sur la menace à notre portée. Une fois que nous avons appris ce dont nous avons besoin, nous neutralisons la menace.
Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à contacter nos services.
Cordialement,
Peter Grenwald
Président du Comité d’Éthique de la Fondation SCP
Directeur du Conseil d’Éthique de la Coalition Mondiale Occulte
Journal de Test
Entité-3421
Administrateur : Dr 1343
Objectif de l’Expérience : Identifier les capacités de l’entité de Classe VIII à plier la réalité tout en étant exposée à des conditions dangereuses ainsi qu’au Dispositif Inhibiteur de Scranton-Mollius. Utilisation de SCP-████ pour réanimer l’entité entre chaque test.
Test 1 : Exposition aux Températures (-35 C°)
Résultat : L’entité perd de l’énergie et devient beaucoup moins hostile. Une exposition prolongée provoque une baisse de la température externe et une dégradation des couches de peau. Entité décédée après 1 heure d’exposition prolongée.
Test 2 : Exposition aux Températures (150 C°)
Résultat : L’entité succombe rapidement à un choc thermique. Le corps présente des signes de brûlures sur toute sa surface. La température extrême cause des dommages aux organes. Entité incapable de modifier la réalité pour se sauver.
Test 5 : Immersion dans l’Eau
Résultat : [DONNÉES INTROUVABLES]
Note : L’eau semble interférer avec le dispositif de Scranton-Mollius.
Test 13 : Exposition à l’Électricité
Résultat : Entité incapable de se sauver elle-même. Le corps n’est plus récupérable. Entité envoyée à la fosse commune pour y être incinérée.
À : Ingénieur 242
De : Ingénieur 129
Sujet : Contrôle des Toxines Dangereuses dans le Noyau du Réacteur
Nous avons quelques difficultés à contrôler le dépôt de déchets au fond de la fosse commune. Les résidus sont censés être acheminés hors du Site par des canalisations, mais ils continuent d’être aspirés par les conduits d’aération du réacteur. Le résultat est hautement toxique et je refuse d’envoyer mes gars là-dedans pour nettoyer. Soit nous allons devoir couper le réacteur assez longtemps pour le nettoyer à la main, soit nous allons avoir de sérieux problèmes d’ici peu de temps.
[DONNÉES INTROUVABLES]
Résumé des Évènements : L’entité a refusé de se soumettre aux expériences supplémentaires et a en conséquence été rapidement éliminée par électrocution. Entité envoyée à la fosse commune pour y être incinérée.
Notez ici que des ordres supplémentaires ont été donnés par le Directeur Emerson concernant une élimination à grande échelle de la totalité de l’aile des humanoïdes. Il en sera procédé ainsi selon votre convenance et nous sommes déjà prêts à vider ces étages.
Cordialement,
Dr 790
[DANGER COGNITIF SUPPRIMÉ] s’est montré quelque peu récalcitrant, mais nous le ferons bientôt céder sous la pression mentale exercée par les Orateurs. Ce n’est pas un cas isolé ; un bon nombre des entités arrivant pour leur inspection initiale résisteront par moyen ou autre à l’exposition au traitement, mais elles ne peuvent pas résister pendant toute la durée de leur passage ici. L’entité possède un effet particulièrement intéressant sur [DANGER COGNITIF SUPPRIMÉ] , ce qui me conduit à penser que nous pourrions réutiliser cet aspect de l’entité en lui retirant son visage, son cou, le haut de sa poitrine et ses bras, et en la couplant avec un Mark-XII utilisant le [DANGER COGNITIF SUPPRIMÉ]. J’enverrai cette note au Dr 874 dès que possible et m’attellerai ensuite à ce projet.
Cordialement,
Dr 720
À : Dr Hadley
De : Ingénieur 242
Ils ont descendu votre gamin vampire sangsue dans la fosse aujourd’hui. Comme convenu, je me suis occupé de modifier son rapport d’élimination et me suis assuré que son dossier soit toujours inaccessible. Je ne sais pas ce que vous avez prévu de faire avec lui, mais cette fosse est devenue plutôt toxique à présent. Tout ça va mal finir.
Directeur Emerson,
Avant de commencer, laissez-moi juste vous dire que le truc des numéros a toujours été une connerie. Si vous voulez déshumaniser proprement vos chercheurs, mettez-les en open-space. Les numéros n’étaient qu’une vaste blague depuis le début.
Si vous lisez ceci, alors vous allez devoir faire face à une décision. Que pensez-vous qu’il allait se passer en balançant les cadavres des anomalies dans cette fosse ? Pensez-vous que le fait d’être en vie les rendait anormaux ? Nom de Dieu, être en vie est la part la moins anormale de notre humanité. Je croyais que vous aviez peut-être compris cela, mais les choses ont changé depuis.
La brèche de confinement était de ma faute, je ne vais pas vous mentir. Lors de mes recherches, j’ai eu le plaisir d’analyser un jeune garçon. Il s’appelait Elijah, il ne pouvait se nourrir que de sang et il pouvait l’aspirer directement à travers la peau des autres grâce à sa bouche. Comme une sangsue. Il n’avait pas plus de deux ans d’âge mental et pourtant il méritait d’avoir la même chance de vivre que le reste d’entre nous. Il n’avait pas choisi d’être ce qu’il était.
Et puis vous avez décidé de le brûler, comme tous les autres.
C’est pourquoi j’ai modifié son rapport. Les flammes de votre fosse ne l’ont pas incinéré, elles l’ont juste agacé. Et cette vase qui s’est accumulée au fond ? Je suis contente que vous ayez pris soin de la faire nettoyer. Je suis sûr que vous l’êtes aussi. C’est plutôt infect là-dedans.
Bref, votre décision. La brèche de confinement était inévitable et le fait qu’elle ait été causée par la chose qui a rampé hors de la fosse ou par ma main qui a appuyé sur le bouton n’y change absolument rien. Vous avez un choix à faire ; soit vous maintenez votre position et vous finirez certainement par vous faire dévorer par les créatures que vous avez torturées pendant les quinze dernières années, soit vous activez le dispositif Batteuse en priant pour qu’il vous parachute dans une réalité plus hospitalière que la vôtre. Dans tous les cas, notre monde sera débarrassé de vous et de votre crasse et n’en se portera que mieux.
C’est ton camp de la mort, Elliott. Tu en as fait ton lit et maintenant tu vas mourir dedans.
Cordialement,
Hadley
P.S. Je ne sais même pas si tu te souviens de quand cette photo a été prise, mais je suis sûr que tu t’y reconnaîtras. Fascinant ce que l’on peut changer en quelques années, n’est-ce pas ? Tout ça parce que tu voulais une promotion. Incroyable. J’espère que cela en valait la peine.
Et au fait, si tu décides de venir discuter un peu de tout ça, je serais dans les sous-sols avec Elijah. Je lui ai préparé un coin douillet où s’installer quand il arrivera. Tu t'es assuré qu’il y aura plein de sang.
Addendum 1730.6 : Transmission Audio Captée
La transmission audio suivante a été captée par le matériel d’enregistrement le matin du 1er février 2016. La transmission, discours et signal crypté qui suit compris, s'est répétée en boucle depuis leur détection initiale. Le contenu de la transmission est accessible ci-dessous.
[DÉBUT DE LA TRANSMISSION]
Bonjour,
Je suis le Docteur Mohammad Scott, chercheur de la Fondation SCP au sein de la division des Études Temporelles du Site-13.
Mon équipe et moi-même avons été abandonnés au sein du Site-13 lors d’un récent événement catastrophique dont ne nous connaissons pas exactement les détails.
Nous sommes actuellement cernés par des entités hostiles et des anomalies dangereuses. Des trente membres originaux de mon équipe, nous ne sommes plus que douze.
À tous les opérateurs de la Fondation écoutant sur ce canal, nous demandons de l’aide. Nos ressources sont dangereusement faibles, ainsi que nos munitions. Sans assistance, nous ne pourrons probablement pas tenir un mois de plus.
Ce message sera suivi par une transmission VMS adaptée et cryptée, déchiffrable par les moyens technologiques standards de la Fondation dans les années 1980. Cette transmission contiendra les informations relatives à notre position, aussi précises que nous pourrons les décrire.
La transmission sera reliée à ma personne via un dispositif d’homme mort et continuera d’être diffusée en boucle jusqu’à ce que je meure.
S’il vous plaît, aidez-nous. Merci.
[INFORMATIONS CODÉES]
[FIN DE LA TRANSMISSION]
Addendum 1730.7 : Mémorandum Concernant la Mise à Jour des Explorations
Suites aux informations récentes fournies par les équipes de surveillance de la Fondation, il a été jugé pertinent d’envoyer de nouveau des équipes d’exploration et de sauvetage au sein du Site-13. Par ordre du Commandement O5, les procédures de confinement de SCP-1730 ont été mises à jour. Le déploiement de la Force d’Intervention Mobile Tau-5 ("Samsara") est actuellement pris en considération. Plus de détails à suivre.
Addendum 1730.8 : Transcriptions du Rapport d’Exploration et de Sauvetage
Transcription Vidéo du Rapport d’Exploration
Date : ██/██/████
Équipe d’Exploration : Force d’Intervention Mobile Apollo-3 “Les Gardes-Chasse”
Sujet : SCP-1730
Chef d’Équipe : AP-3 Ross
Membres : AP-3 Houston / AP-3 Noah / AP-3 Ohalo / AP-3 Vigo
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
AP-3 Ross : La radio tourne. Tout le monde est prêt ?
AP-3 Vigo : Attendez.
Centre de Contrôle : Soixante secondes avant insertion.
AP-3 Ross : Reçu. Vigo, tu es prêt ?
AP-3 Vigo : Oui, j’y suis.
AP-3 Ross : On est paré ?
AP-3 Houston : On est prêt.
AP-3 Ross : Très bien, restez tranquilles, laissez vos lampes allumées et si vous voyez quoi que ce soit de suspect, activez votre visière2 et dites à tout le monde de faire de même. Rappelez-vous, la topographie interne de cet endroit est instable, donc il y a de fortes chances de se retrouver séparés. Si ça devait arriver, ne bougez pas avant que l’endroit se stabilise et quelqu’un viendra vous récupérer. Utilisez vos émetteurs si personne ne répond et tirez sur tout ce qui bouge. (Marque une pause) À moins qu’il s’agisse de l’un d’entre nous, je suppose.
AP-3 Noah : Dans ce cas c’est sûr, tirez.
(Rire de l’équipe)
Centre de Contrôle : Trente secondes avant insertion.
AP-3 Ross : Houston, tu prends la tête. Nos informations suggèrent que cette entrée nous fera descendre un escalier plutôt long, mais il ne devrait pas y avoir d’autres portes avant que nous n’atteignons le fond, donc nous devrions être plus ou moins en sécurité d’ici-là. Compris ?
AP-3 Houston : Compris.
AP-3 Ross : Pas d’autres questions ? Ohalo, tu as l’air plutôt silencieux.
AP-3 Ohalo : Je vais bien chef.
AP-3 Ross : Très bien, c’est ce que je voulais entendre.
Centre de Contrôle : Dix secondes avant insertion.
AP-3 Vigo : Et c’est parti.
Pause
Centre de Contrôle : Gardes-Chasse, vous pouvez commencer l’opération.
AP-3 Ross : En avant.
L’équipe entre dans SCP-1730. Comme prévu, le premier espace à l’intérieur est un long escalier descendant. AP-3 Houston ouvre la marche.
Contrôle : Ap-3, nous vous dirigeons d’ici, mais faites-nous savoir si vous entendez, voyez ou sentez quoi que ce soit d’inhabituel.
AP-3 Ross : Reçu.
L’équipe descend pendant trois minutes. L’intérieur de SCP-1730 est sombre, la seule source de lumière provient des lampes fixées aux épaules de la FIM AP-3.
AP-3 Ross : Comment ça se présente ?
AP-3 Houston : Plutôt bien, on— (marque une pause) Je vois une porte ici, sur le palier.
AP-3 Vigo : Je la vois.
AP-3 Ross : Bien, c’est fâcheux. Ohalo, Noah, gardez un œil sur nos arrières quand on l’aura dépassée. Attendez un instant.
L’équipe s’arrête sur le palier. AP-3 Houston essaye d’ouvrir la porte, mais elle est fermée.
AP-3 Ohalo : Il y a un courant d’air qui passe sous cette porte. Vous voyez où la poussière a été balayée ?
AP-3 Ross : Ouais. Vigo, fais voir la caméra thermique.
AP-3 Vigo : Bon un instant. (Marque une pause) Et voilà.
10 secondes de silence.
AP-3 Ross : Ouais, non, je ne [INTERFÉRENCE RADIO] même pas avoir à faire avec ça. On continue.
Centre de Contrôle : Leader, vous nous recevez ? Est-ce que tout va bien ?
AP-3 Ross : Euh—ouais, on va bien. On descend toujours.
Centre de Contrôle : Compris. On a juste quelques interférences, on voulait s’assurer que tout allait bien pour vous.
L’équipe continue de descendre pendant trois minutes supplémentaires.
AP-3 Ohalo : Regardez, de la lumière.
AP-3 Ross : Ouais. Contrôle, il y a une lumière devant. Ça pourrait être notre sortie. On ouvre l’œil.
L’équipe descend pendant deux minutes.
AP-3 Noah : Merde.
AP-3 Vigo : Whoa, c’est quoi ce bordel—
AP-3 Ross : Nom de Dieu. Bon, Contrôle, nous vous informons que le fond de l’escalier a tout simplement disparu. Je ne sais pas d’où vient la lumière qu’on a aperçue, mais trois marches en-dessous de nous il y a une sorte de vide. Je n’en vois pas le fond.
Centre de Contrôle : C’est reçu. Patientez un instant, on va jeter un œil là-dessus.
AP-3 Ohalo : Et si on jetait quelque chose là-dedans ? Pour voir jusqu’où ça descend ?
AP-3 Vigo : Je crois que je peux voir jusqu’où ça descend, et on dirait bien que ça descend sans fin.
AP-3 Ohalo hausse des épaules.
Centre de Contrôle : Gardes-Chasse, remontez et retournez sur vos pas. Nous allons chercher un autre point d’insertion.
AP-3 Houston : Fait chier.
AP-3 Ross : Tout va bien, on va juste—
AP-3 Vigo : Ross, regarde. Ce n’est pas du vide, c’est un liquide. C’est juste que ça ne reflète pas la lumière, genre, pas du tout. C’est noir comme du goudron.
AP-3 Houston : On dirait comme de l’eau.
AP-3 Ross : Attendez un instant. (Marque une pause) Ouais, on ne va pas s’approcher de ça non plus. Contrôle, à quelle distance de nous se trouve le fond de cet escalier ?
Centre de Contrôle : Un moment. (Silence) Vous devez être à environ quinze mètres en dessous de l’endroit où nous pensions que l’escalier se terminait.
AP-3 Ross : Génial. La topographie se barre en couille dans ce coin. On n’a qu’à trouver un chemin pour remonter et voir si on peut trouver une autre sortie.
Centre de Contrôle : Leader, maintenez votre position pour le moment. On est en train d’essayer de déterminer votre emplacement.
AP-3 Noah : Hé chef.
AP-3 Ross : Une minute.
AP-3 Noah : Non regardez, c’est—
AP-3 Ross : La ferme, je suis—
AP-3 Houston : Oh putain, ça monte.
AP-3 Ross : Merde. Très bien les enfants, il est temps d’y aller putain.
Le liquide noir commence à monter rapidement derrière la FIM AP-3. L’équipe remonte en vitesse les escaliers dans un silence relatif.
AP-3 Vigo : C’est en train de nous rattraper, merde, dépêchez-vous.
AP-3 Houston : Nom de Dieu, je—
AP-3 Ohalo : Houston ! Rattrapez-le, Ross au secours !
AP-3 Ross : Merde, ne—
AP-3 Houston : Mes jambes, merde, merde, merde, mes jambes, je—
AP-3 Noah : Il y a une autre porte ici ! Vite !
AP-3 Ross : Une seconde.
L’équipe entre par la porte du palier suivant. La porte se ferme en claquant.
AP-3 Noah : Dieux tout puissant, qu’est-ce qui est arrivé à ses jambes ?
AP-3 Ross : Merde, Houston, est-ce que tu—
AP-3 Houston : Je… euh, attendez.
AP-3 Vigo : Quoi ?
Centre de Contrôle : Qu’est-ce qui s’est passé ? Vous nous recevez ?
AP-3 Ross : Ouais, désolé Contrôle, tout s’est déroulé très vite. Houston est tombé en escaladant les escaliers et ses jambes ont été recouvertes par ce… truc… et maintenant elles ont simplement disparu. Une coupure nette, comme si elles n’étaient plus là.
AP-3 Houston : Je peux toujours les sentir les gars. Enfin, (marque une pause) je peux voir qu’elles ne sont plus là, mais ça ne fait pas mal et je crois que je peux me lever.
AP-3 Ohalo : Bordel de merde.
AP-3 Houston se relève. Ses jambes ont disparu en dessous des genoux, mais il semble flotter, comme si elles étaient toujours là. AP-3 Vigo agite sa main là où elles devraient se trouver, mais elle passe simplement à travers sans rencontrer d’obstacles.
AP-3 Noah : Euh.
AP-3 Ross : D’accord, donc ça se présente comme ça. Tu n’as pas mal du tout Houston ?
AP-3 Houston : Je ne sens aucune différence.
AP-3 Ross: Ok. C’est complètement dingue. Contrôle, est-ce qu’on a une idée de ce que ça pourrait être ?
Centre de Contrôle : Négatif.
AP-3 Ross : Très bien. Et bien continuons dans ce cas. Contrôle, il semblerait que nous nous trouvions dans un couloir de maintenance, ou quelque chose du genre. Il y a des tuyaux qui montent et descendent le long des murs, des gauges et tout. Il fait plutôt chaud ici.
AP-3 Ohalo : Là, sur le mur. “Qu’est-il arrivé au Site-13 ?”
AP-3 Ross : C’est une phrase récurrente que l’on retrouve écrite un peu partout sur les murs d’ici. Contrôle, est-ce qu’on est sûr que ce n’est pas un meme ?
Centre de Contrôle : Ça n’en est pas un. Aucune des études que nous avons effectuées n’a révélé le moindre effet anormal lié à cette phrase. En revanche on ne sait toujours pas avec certitude pourquoi on continue de la trouver un peu partout.
AP-3 Ross : C’est noté. On suit ce couloir.
L’équipe continue en silence pendant quatre minutes. Pendant cette période, la caméra d’AP-3 Noah se déconnecte brutalement. Cette information n’a pas été transmise immédiatement à la force d’intervention.
AP-3 Houston : Il y a quelque chose devant, vous avez vu ? Là-bas, dans le coin.
AP-3 Vigo : C’est une personne ?
AP-3 Ross : On s’approche prudemment, crans de sûreté levés.
L’équipe s’approche de la cible en silence. Juste le contact, la transmission vidéo révèle un cadavre humain gravement défiguré et putréfié, d’âge inconnu et partiellement fusionné au mur derrière lui. Plusieurs autres distorsions spatiales sont apparentes à proximité, le plafond et les murs semblant s’étirer en arrière pour se rejoindre, mais AP-3 ne semble rien remarquer.
AP-3 Ross : Ah, merde. C’est bon de voir enfin un visage familier. Les gars, c’est juste Zachary.
AP-3 Ohalo : Dieu merci. Zachary, comment t’as atterri ici ?
Silence
AP-3 Houston : Nous aussi mec. Cet endroit se barre en couille. Regarde mes putains de jambes mec. Regarde ce bordel.
Centre de Contrôle : Leader, nous vous informons que vous subissez les effets d’un puissant danger cognitif. Nous tentons de télécharger un filtre sur vos visières SCRAMBLE, un moment.
AP-3 Vigo : Nan, Contrôle, tout va bien. C’est juste Zachary. On est revenu sur nos pas, pas vrai mon pote ?
AP-3 Vigo donne un coup de poing amical au cadavre et disloque la mâchoire. Le cadavre ne répond pas.
AP-3 Ross : Zachary, on cherche d’autres gens coincés ici. Est-ce que tu sais comment atteindre les niveaux inférieurs ?
Silence
AP-3 Ohalo : Merde.
AP-3 Ross : Ok, ok, alors attends. Qu’est-ce qu’il y a en dessous de ça ?
Silence
AP-3 Ross : Hein hein.
Silence
AP-3 Houston : Merde il a raison. Où est Noah ?
L’équipe se retourne et s’aperçoit de la disparition d’AP-3 Noah.
AP-3 Ross : Ah, merde. Zachary reste ici. Noah, tu me reçois ? (Marque une pause) Noah, c’est Ross. Est-ce que tu m’entends ? (Marque une pause) Contrôle, où est passé Noah nom de Dieu ?
Centre de Contrôle : Nous ne sommes pas sûr Leader. Nous vous informons que le téléchargement vient de s’achever. Veuillez redémarrer vos visières pour que le filtre fasse effet.
L’équipe redémarre ses visières.
AP-3 Ross : Et voilà. Qu’est-ce que c’est que ce— oh, pouah. Contrôle, il y a un corps dans le mur juste ici. On dirait qu’il a fusionné dedans ou quelque chose comme ça. Nos visières clignotent comme des folles aussi.
Centre de Contrôle : Compris Leader. Continuez.
AP-3 Houston : Attendez, regardez, derrière. Vous voyez ce miroitement ?
AP-3 Vigo : C’est du gaz ? On dirait une fuite de gaz.
AP-3 Ohalo : Oh putain, non, regardez le sol. Derrière ce truc, putain. Putain !
AP-3 Houston : Merde, Noah, merde—
Une silhouette humanoïde chatoyante et transparente s’approche de la FIM AP-3, apparemment la source des anomalies spatiales de la zone. Alors que ses pieds touchent le sol, ce dernier semble distordre l’espace autour de ses pas avant de se stabiliser après le passage de l’entité. On aperçoit AP-3 Noah suspendu derrière l’entité. Bien que le statut de l’agent soit incertain, l’anomalie spatiale dans laquelle il se trouve semble extrêmement sévère et l’on ne distingue que très peu de ses traits. On aperçoit Noah tenter de bouger légèrement, mais l’anomalie continue de le tordre tandis qu’il bouge.
AP-3 Ross : Tirez dessus nom de Dieu. Ouvrez le putain de feu, merde !
La FIM AP-3 ouvre le feu sur l’entité. Au moment d’atteindre leur cible, les balles changent de trajectoire en évitant et contournant l’entité avant d’aller se perdre sans dommages dans le sol ou se loger dans le plafond.
AP-3 Ohalo : Ça ne marche pas chef, on—
AP-3 Vigo : Mon putain de bras ! Merde !
On aperçoit AP-3 Vigo se retourner et tenter d’échapper à une force invisible. Du point de vue de la caméra d’AP-3 Ohalo, on aperçoit un long appendice chatoyant et transparent s’étirer vers AP-3 Vigo, déformant le mur le plus proche alors qu’il se déplace. Il s’enroule autour du bras gauche d’AP-3 Vigo qui commence visiblement à se distordre. Vigo hurle.
AP-3 Ross : Houston ! L’ancre !
AP-3 Houston : Oh, ouais !
AP-3 Houston saisit une Ancre de Réalité de Scranton miniature portable qu’il allume et jette vers l’entité. Il y a un éclair de lumière rouge et pendant une fraction de secondes, l’entité prend l’apparence d’une silhouette humanoïde élongée de manière grotesque et extrêmement défigurée avant que les distorsions spatiales l’entourant ne soient ancrées et violemment réinitialisées, créant une importante onde de choc dans l’espace confiné. L’équipe se trouve momentanément dans un état d’incapacité.
AP-3 Vigo : Oh, mon bras…
Le bras gauche d’AP-3 Vigo brille d’une lumière rouge, mais semble malgré tout intact. AP-3 Ohalo l’examine.
AP-3 Ohalo : La couleur va disparaître, c’est juste l’ancre qui se refroidit. Tu vas bien ?
AP-3 Vigo : Ouais, ça va. Merci.
AP-3 Ross : Mon Dieu… Noah ? Noah, tu es là ?
Silence
AP-3 Ross : Est-ce que l’un d’entre vous peut voir Noah ?
AP-3 Vigo : Ross, ici, regarde. Dans le mur.
Alors que la poussière s’estompe, on aperçoit AP-3 Noah partiellement fusionné avec le mur, le plafond et le sol sur une dizaine de mètres à travers le couloir. L’agent est immobile.
AP-3 Houston: (Haut-le-cœur)
AP-3 Ohalo: (Marmonnement inintelligible)
AP-3 Ross : Nom de Dieu… Contrôle, vous me recevez ? Allo ?
Centre de Contrôle : On vous reçoit Leader.
AP-3 Ross : On a perdu Noah, il est… dans le mur. Vous voulez qu’on continue ?
Centre de Contrôle : Un moment.
Silence
Centre de Contrôle : Leader, pensez-vous que retourner vers la surface serait plus dangereux que de continuer votre mission ?
AP-3 Ross : Je— Je n’ai aucun moyen de le savoir. On n’a aucune idée de ce qu’il y a ici. Tout se barre tellement en couille que c’en est pas croyable. Je ne sais même pas si nous pourrions retourner en arrière si on le voulait. Aucune des autres équipes n’y est parvenue, pas vrai ?
Centre de Contrôle : C’est exact.
AP-3 Ross : (Marque une pause) Honnêtement, quoi qui puisse arriver en bas ça ne peut pas être pire que ce qu’on a vu en arrivant jusqu’ici. Ça ne fait sans doute aucune différence. (Marque une pause) Peu importe. On continue.
Centre de Contrôle : D’accord. Leader, nous préparons une autre équipe pour vous évacuer, dans l’éventualité où vous atteindriez votre cible. L’insertion aura lieu dans quatre heures.
AP-3 Ross : Vous envoyez une autre force d’intervention là-dedans ? Quels sont les idiots qui se porteraient volontaires pour un truc comme ça ?
Centre de Contrôle : Samsara.
AP-3 Ross : Oh. (Marque une pause) D’accord, cool. C’est reçu.
L’équipe continue sans encombre pendant un certain temps. Ils traversent plusieurs autres zones, parmi lesquelles une infirmerie saccagée, une cafétéria en ruines et une aile d’unité de confinement identifiée en tant que "Classe Olympia" qui mesurent toutes pas moins d’une centaine de mètres de hauteur. Finalement, l’équipe sort du couloir principal pour entrer dans une salle ressemblant à un centre de télécommunication. Une unique télévision est allumée sur un mur en face d’eux.
AP-3 Houston : C’est étrange.
AP-3 Ross : Restez tranquilles les gars. On fouille cette salle, histoire de voir si on peut collecter quoi que ce soit d’intéressant qu’ils pourront étudier là-haut.
AP-3 Vigo : Ces terminaux ont encore du courant, je vais récupérer une sauvegarde.
Un bruit semblable à une interférence se fait entendre à l’autre bout de la pièce. Ohalo et Houston se dirigent vers la télévision allumée.
AP-3 Ohalo : Est-ce que c’est en train de transmettre quelque chose ?
L’écran clignote et une image apparaît. On aperçoit l’intérieur d’une cellule de confinement standard, bien que cette dernière ait été vidée de son mobilier et de ses fournitures. Une unique lumière rouge brillant derrière la caméra illumine l’endroit. Une longue silhouette est blottie dans un coin.
AP-3 Houston : Une minute, est-ce que ça c’est…?
AP-3 Ohalo : Bordel, c’est lui.
AP-3 Ross : Qu’est-ce qu’il y a ?
AP-3 Houston : C’est Pompon le putain de clown.
En entendant le nom, la silhouette dans le coin regarde en direction de la caméra.
Silhouette Non-Identifiée : Quoi ? Qu’est-ce que vous voulez ? Qui est là ?
AP-3 Ross : Mon Dieu— mon nom est Carter Ross, je suis un agent avec la- en fait, attendez. Qui êtes-vous ?
La silhouette se déplace sur le côté et son corps devient un peu plus visible à travers l’obscurité. La lumière rouge fait briller ses yeux, en revanche on ne distingue pas grand-chose d’autre de sa silhouette.
Silhouette Non-Identifiée : Mmmmmmmm… vous êtes différents. Vous sentez différemment. Vous savez que je peux vous sentir, même d’ici ? Vous ne le saviez pas, non. Eux le savaient, mais vous n’êtes pas comme eux. Ils se sont donné beaucoup de mal pour comprendre ça. Ils savaient, ils savent, ils sauront, mmmmmmmm.
AP-3 Ross : Vous êtes Pompon le Clown, n’est-ce pas ?
La silhouette glisse lentement le long du mur de la cellule, juste hors de portée de la lumière rouge. Ses mouvements sont passablement erratiques. Elle s’approche de la caméra.
Silhouette Non-Identifiée : Ils avaient un numéro pour moi autrefois, lorsque j’étais Pompon. Mais vos amis n’aimaient pas le numéro. Ils disaient qu’on s’identifiait avec les numéros. Mmmmmmmm… Je ne suis pas Pompon, mais je suis une chose qui était jadis Pompon. (Marque une pause) Tu n’es pas là où tu devrais être vieux frère. Tu ne corresponds pas à l’air d’ici. Vous n’êtes pas à votre place, tout comme moi. Tout comme nous.
AP-3 Ross : Hein hein. Qu’est-ce qui s’est passé ici ?
Silhouette Non-Identifiée : Papa Emerson a joué un vilain petit jeu avec les ficelles de l’univers. Il a marché dessus comme sur une corde raide et a été surpris lorsqu’il est tombé. Vilain petit Emerson. Il ne voulait pas simplement des boîtes, non non non. Il voulait des boîtes pleines d’idées. Des idées comme la souffrance, l’horreur, la mort. Il a travaillé très dur pour empiler ces boîtes sur sa corde et a tout cassé, et on a tous culbuté avec lui. (rire qui s’estompe)
AP-3 Ross : Combien d’autres entités se trouvent ici ? Que savez-vous d’autre ?
Silhouette Non-Identifiée : Combien, hi hi hi, combien d’entités ont été avalées par le Site-13 ? (Rires) Tu n’as vraiment vraiment rien à faire ici petit garçon. Stupide petit garçon. Toute chose trouvait son chemin jusqu’au Site-13. Si la Fondation pouvait la trouver et la Coalition l’attraper, elle était donnée à manger au grand hachoir d’en bas. Toute chose. Ils nous transformaient en compost s’ils ne pouvaient rien tirer de nous. Certains ont eu de la chance. Pompon a eu de la chance. On l’a fourré dans une drôle de boîte et on a joué avec lui. Fait mumuse avec. Testé des trucs avec. Pour voir quel bruit ça faisait lorsqu’on avait envie de mourir. D’autres n’ont pas eu autant de chance. (Marque une pause) Ils ont brûlé la Bibliothèque, vous savez. Ils l’ont retournée comme une boîte de soupe et ont laissé son contenu tomber dans le fourneau, puis ils ont tout brûlé. Ils ont fait d’autres choses aussi. Des choses pires. Papa Emerson aimait ça. Il les a toutes regardées, à chaque fois. Il prenait du bon temps en les regardant. (Crache)
AP-3 Ross : Quel genre de choses pires ?
La Silhouette Non-Identifiée s’approche de la caméra et devient tout à fait visible, éclairée par la lumière rouge. Une portion non-négligeable de son corps est déformée par une interférence vidéo qui se déplace en même temps que lui. Cette interférence semble couper à travers les tissus du corps de la silhouette, créant de larges lacérations qui laissent couler un fluide jaune sombre. Tandis qu’elle bouge, la silhouette semble perdre d’importantes portions de sa masse qui sont remplacées par des interférences. La moitié de son visage se décompose alors qu’elle approche de la caméra et un œil est dissimulé par une interférence.
Silhouette Non-Identifiée : Des choses bien pire.
AP-3 Vigo : Chef, on capte quelque chose sur la radio. Je crois que c’est le signal des survivants, on ne doit plus être loin.
AP-3 Ross : (Marque une pause) Très bien. On continue d’avancer.
Silhouette Non-Identifiée : Amusez-vous bien les enfants. Et gare aux grosses bébêtes. (Rire) Si vous voyez Papa Emerson en bas… (marque une pause) violez-le à mort pour moi.
L’équipe AP-3 sort de la salle de télécommunication et retourne dans le couloir principal. En suivant l’intensité du signal découvert par AP-3 Vigo, ils finissent par atteindre une zone ressemblant à une unité de confinement cryogénique similaire à celles utilisées autrefois dans l’Aile de Cryogénie Y du Site-19. Tandis qu’ils traversent cette zone, le Centre de Contrôle perd le signal des membres de l’équipe et ne capte plus que des interférences intermittentes. Cette situation dure encore une trentaine de minutes jusqu’à ce qu’un signal soit de nouveau capté.
AP-3 Houston : Contrôle ? Contrôle ? Vous êtes là ? Est-ce que vous me recevez ?
Centre de Contrôle : Houston ? On vous reçoit, vous allez bien ? Est-ce que tout le monde va bien ?
AP-3 Houston : Oh merde, Dieu soit loué. Ça fait une éternité qu’on essaye de vous joindre. Ouais, on a retrouvé les survivants. Ils étaient terrés en bas dans ce… Je ne sais pas comment vous appelleriez ça, mais ça n’était pas du tout fait pour y habiter. Il doit y avoir vingt, peut être trente personnes ? On a trouvé quelques autres agents à nous aussi. Quelques Rats-Taupes et un gars des Voyageurs. Ils ont tous atterri ici.
Centre de Contrôle : Est-ce que vous êtes prêts à évacuer ?
AP-3 Houston : Euh, ouais, alors… ça ne va pas se passer comme je voudrais que ça se passe, pas pour le moment. Il y a des trucs bien pires que tout ce qu’on avait anticipé Contrôle. Je ne sais même pas comment ils ont pu enfermer ces choses en bas, mais tout ce qu’il y a à savoir c’est que chaque cellule de confinement est grande ouverte et que c’est un sacré bordel. Genre, très gros. On continue d’entendre des choses dans les couloirs pas loin, je crois que quelles que soient ces choses, ça nous cherche. Je crois qu’elles sont en colère. Si elles nous trouvent, nous n’aurons pas assez de balles pour les tenir à l’écart et faire sortir ces gens seuls.
Centre de Contrôle : Où est Ross ?
AP-3 Houston : Il est en train d’essayer de mettre en place quelques défenses avec les autres au cas où elles viendraient cette nuit. Ça ne se présente pas bien vous savez ? Je ne sais pas si vous autres avez un plan de secours, mais on est ouvert à toutes les propositions.
Centre de Contrôle : Depuis combien de temps êtes-vous ici ?
AP-3 Houston : Euh… (marque une pause) peut-être trois jours ?
Centre de Contrôle : D’accord. Apollo-3, nous vous informons que nous sommes en train de déployer et d’insérer Tau-5 pour vous secourir et vous récupérer.
AP-3 Houston : Oh putain oui. Dites-leur de se grouiller.
Transcription Vidéo du Rapport de Sauvetage et d’Extraction
Date : ██/██/████
Équipe d’Exploration : Force d’Intervention Mobile Tau-5 “Samsara”
Sujet : SCP-1730
Chef d’Équipe : T-5 Irantu
Membres : T-5 Munru, T-5 Onru, T-5 Nanku
Note : Le document suivant est une transcription audio-visuelle d’une mission de sauvetage et d’extraction menée par les membres de la Force d’Intervention Mobile Tau-5 “Samsara”, suite au contact effectué par la FIM AP-3 “Les Gardes-Chasse” avec des survivants humains au sein de SCP-1730. L’équipe AP-3 a demandé de l’aide pour l’extraction des survivants en raison du très grand nombre d’entités hostiles présentes au sein du Site.
Chaque membre de la FIM Tau-5 a été équipé d’un certain nombre d’améliorations cybernétiques couplées aux différentes parties de leur anatomie, comprenant entre autres des canons incendiaires fixés sur les bras, des extensions de jambes absorbant les chocs, des plaques de protection résistant aux fortes températures et des adaptations SCRAMBLE incorporées dans les yeux.
Le point d’insertion de Tau-5 est la grille d’un conduit d’évacuation située près de l’entrée secondaire utilisée pour l’insertion de l’équipe AP-3.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
T-5 Irantu : On est branché. Centre de Contrôle, est-ce que vous me recevez ?
Centre de Contrôle : On vous reçoit. 60 secondes avant insertion.
T-5 Nanku : Bien. À quel point est-ce que cette mission peut-être considérée comme dangereuse ?
T-5 Munru : Aucune des personnes qu’ils ont envoyés là-dedans n’en est ressortie. Considérablement.
T-5 Nanku : C’est compris. Ça devrait être intéressant.
T-5 Irantu : Équipe, vérifiez vos implants optiques ; la dernière chose dont nous avons besoin c’est que quelqu’un succombe à un danger mémétique.
T-5 Nanku : Compris. (Marque une pause) Je suis bon.
T-5 Munru : Bon aussi.
T-5 Onru : Je suis bon.
T-5 Irantu : Parfait. Rappelez-vous, tout ce qu’on cherche à faire là-dedans c’est d’extraire les survivants. On n’essaye pas de confiner quoi que ce soit, donc si vous voyez quelque chose d’hostile, descendez-le.
T-5 Nanku : Comme toujours.
T-5 Munru : Pas besoin de me convaincre.
Centre de Contrôle : Équipe, vous êtes à 30 secondes avant insertion.
Centre de Contrôle : 10 secondes avant insertion.
Centre de Contrôle : Tau-5, vous avez le champ libre pour procéder à l’extraction et au sauvetage.
T-5 Irantu : C’est parti.
L’équipe T-5 entre dans SCP-1730 en passant à travers la grille d’un conduit d’évacuation située sous le bâtiment des bureaux secondaires. Chacun des membres de l’équipe active la lampe fixée à son épaule pour éclairer le tunnel. Au bout de quelques instants, l’équipe atteint une nouvelle grille. On aperçoit au travers plusieurs gros conduits d’évacuation.
T-5 Munru : Regardez. Collés à la grille. Des corps.
Au moins une vingtaine de formes humanoïdes carbonisées se trouvant dans divers états de destruction sont agglutinées de l’autre côté du grillage. Plusieurs bras sont passés au travers de ce dernier et sont tendus en direction du tunnel.
T-5 Nanku : Ils ont l’air d’avoir été… très brûlés. D’où venaient-ils à votre avis ?
T-5 Irantu : Difficile à dire. Je suppose qu’ils n’ont pas pu parcourir beaucoup de chemin dans cet état.
T-5 Munru : Il y a un incinérateur pas loin d’ici, n’est-ce pas ? Près de cette fosse commune dont on n’arrête pas d’entendre parler ? Ils venaient peut-être de là-bas.
T-5 Nanku : Un incinérateur ?
T-5 Irantu : Un endroit aussi bon qu’un autre où commencer. On va entrer dans ces tuyaux.
L’équipe T-5 découpe le grillage et escalade le mur du fond vers le plus large des trois conduits d’évacuation. L’équipe progresse à l’intérieur pendant quelques temps.
T-5 Onru: La température augmente.
T-5 Irantu : J’ai remarqué aussi. On doit s’approcher.
T-5 Munru : Et on est en train de descendre aussi. (Marque une pause) C’est étrange. Un conduit d’évacuation devrait couler vers l’extérieur, n’est-ce pas ? Pas vers l’intérieur.
T-5 Nanku : Sans doute. Peut-être qu’il est affecté par des anomalies topographiques.
T-5 Irantu : On dirait bien.
T-5 Onru : Irantu, le mur est étroit par ici. J’arrive à entendre de l’écho de l’autre côté.
T-5 Irantu : Qu’est-ce qu’il y a derrière ?
T-5 Onru : Un instant. (Marque une pause) Un couloir je dirais.
T-5 Irantu : Je vois. (Marque une pause) Très bien. On va se séparer ici. Munru, toi et Nanku vous allez voir où débouche ce tunnel. Onru et moi allons traverser ce mur et voir ce qu’il y a de l’autre côté.
T-5 Nanku : Et si on se fait tuer ?
T-5 Irantu : Ne vous faites pas tuer.
T-5 Nanku : Compris.
L’équipe T-5 se sépare, T-5 Nanku et Munru suivent le conduit d’évacuation en direction de la source de chaleur, tandis que T-5 Irantu et Onru traverse la fine paroi du mur pour pénétrer dans le couloir.
Irantu et Onru parviennent à briser le mur de béton entre le conduit d’évacuation et le couloir au-delà. Au sein de ce dernier se trouvent plusieurs bureaux vides, éclairés tant bien que mal par des lumières faiblissantes au plafond. La totalité de la zone semble avoir été abandonnée depuis un certain temps. Irantu et Onru partent à la recherche d’un ascenseur ou d’un escalier d’accès, mais ne trouvent rien.
Au bout d’un certain temps, Onru trouve une porte s’ouvrant sur une salle de contrôle. Une grande baie d’observation vitrée est obscurcie par une sorte de matière sombre. La plupart des panneaux de contrôle de la pièce ont été détruits.
T-5 Onru : C’est la salle de contrôle de l’incinérateur, tu as vu ? C’est écrit “Incinérateur #1” par ici. Et en-dessous ça dit… “Accès inférieur à la fosse”.
T-5 Irantu : Je n’ai jamais entendu parler d’un fourneau qui aurait besoin de sa propre salle de contrôle. Qu’est-ce qui bloque la baie vitrée ici ? Des volets de protection ?
T-5 Onru : Non. (Marque une pause) Non. (S’approchant de la fenêtre) Ce sont des corps. Et des Déchets. Des ordures. Figés et coagulés. Regarde, on peut voir des visages.
T-5 Irantu : Je vois ça. (Marque une pause) Nos renseignements indiquaient que l’un des ingénieurs avait bloqué les conduits d’évacuation qui partaient d’ici. Nanku et Munru se dirigent probablement là-dedans. (Marque une pause) Je me demande s’il y a un autre chemin pour descendre d’ici. Je me disais qu’on aurait pu descendre faire un tour à l’incinérateur.
T-5 Onru : Attends.
Onru commence à examiner les commandes d’un panneau de contrôle relativement peu endommagé près de la baie d’observation. Tandis qu’elle l’examine, Nanku et Munru apparaissent à la porte.
T-5 Munru : C’est bloqué. Il y a quelque chose qui encrasse le bout de ce conduit. On a essayé de frapper au travers, mais c’est plutôt épais.
T-5 Nanku : Je me suis cassée la main dessus, regardez. (Elle tend sa main, laquelle est parfaitement intacte.) Elle était cassée je veux dire.
T-5 Irantu : Silence. Onru cherche quelque ch—
T-5 Onru : Je l’ai.
Onru presse un gros interrupteur et tourne plusieurs boutons se trouvant à côté. On entend un immense grincement et la masse devant la fenêtre commence à tourner lentement.
T-5 Nanku : Intéressant.
Un soubresaut secoue la masse, comme si quelque chose se débloquait et celle-ci commence à tournoyer rapidement tout en descendant lentement. On entend distinctement une turbine se mettre en route. Les gauges de température interne de l’équipe enregistrent une hausse constante du niveau de chaleur.
T-5 Munru : Ça descend. Regardez en bas, vous voyez ?
La masse a cessé d'obstruer la baie vitrée, révélant de l’autre côté une grande chambre cylindrique d’au moins 300m de diamètre et d’environ 400m de profondeur. Au centre de la chambre se trouve un immense pilier s’étendant sur toute la hauteur de la salle auquel sont reliées plusieurs grosses turbines. Tandis que les turbines tournent, la matière au sein de la chambre est transformée en bouillie informe. Près du sommet de la chambre se trouvent plusieurs voyants lumineux. On aperçoit de grands trous tout autour des parois de la chambre.
T-5 Onru : Parfait, et maintenant…
Onru appuie sur un autre interrupteur et les voyants lumineux s’illuminent. D’immenses colonnes de flammes tombent du plafond de la chambre et carbonisent la masse en contrebas. D’autres colonnes jaillissent des murs de la chambre.
T-5 Irantu : Regarde, près du fond. Il y a une trappe qui semble mener hors de cet endroit. Par ici, tu vois ? Est-ce que tu peux ouvrir cette porte ?
T-5 Onru : Oui. (marque une pause) Je l’ai.
Une grande porte circulaire s’ouvre près du fond de la fosse, au-dessus du niveau de matière qui s’y trouve.
T-5 Munru : Excellent, même si je ne vois toujours pas comment tu comptes faire pour qu’on entre là-dedans, le conduit est bouch—
Nanku tend le bras, et tire plusieurs rafales sur la baie vitrée devant eux avec l’arme à projectiles incrustée dans son poignet. Le verre cède et éclate en morceaux, exposant la pièce où ils se trouvent à la chaleur de la chambre.
T-5 Munru : Simple et efficace.
T-5 Nanku : Je fais ce que je peux.
L’équipe entre dans l’incinérateur et saute sur une saillie en contrebas, près d’un autre conduit d’évacuation. Ils se frayent un chemin à travers la vaste chambre, évitant les lames tournoyantes et la bouillie biologique qui continue de descendre autour d’eux.
T-5 Munru : Quelque chose de mauvais s’est passé ici.
T-5 Nanku : Oh ?
T-5 Munru : Oui, vraiment. (Jetant un regard à Nanku) Tout ça doit être drainé quelque part, probablement en-dessous de nous, via l’une de ces fissures.
T-5 Irantu : On n’a pas le temps de s’occuper de ça. On va descendre dans ce conduit et voir où il mène.
L’équipe passe par la trappe ouverte et descend le long du conduit d’évacuation pendant un certain temps, avant de déboucher sur une large citerne. L’équipe entre dans la citerne, laquelle est éclairée depuis le haut par une large structure brillante ressemblant à bulbe.
T-5 Nanku : Intéressant. Qu’est-ce que c’est à ton avis?
T-5 Onru : Je— (marque une pause) Je ne sais pas.
Au son de leurs voix, la structure brillante s’ébranle lentement et des milliers de petits points lumineux s’envolent de son corps en tournoyant. Tandis qu’ils tombent au sol, leurs lumières illuminent violemment la totalité de la pièce.
T-5 Munru : Regardez. Les ombres.
Les petits points de lumière brillante projettent des ombres vaguement humanoïdes au comportement anormal sur les murs de la citerne. Ces ombres semblent tendre les mains vers le ciel ou vers l’avant, comme en direction de l’équipe. Tandis que les petits points lumineux atteignent le mélange en contrebas, elles s’éteignent et les ombres disparaissent.
T-5 Irantu : Bon. Par où est-ce qu’on passe ?
T-5 Munru : C’est un conduit d’évacuation, il part de l’incinérateur. L’incinérateur est situé sous la centrale électrique, laquelle se trouve à l’est du complexe. Pour autant que l’on puisse dire, nous devons aller au nord-ouest de notre position, ainsi… (marque une pause) attendez. Regardez par ici.
T-5 Nanku : Où ça ?
T-5 Munru : Sur le mur. Il y a quelque chose qui suinte au travers. Est-ce que c’était là avant ?
T-5 Onru : Non.
T-5 Irantu: (S’approchant du mur) C’est noir, brillant et ça coule en effet. Quelque chose se fraye un chemin au travers.
T-5 Nanku : Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que c’est ? Les canalisations ?
T-5 Munru : Ça m’étonnerais. C’est probablement une fuite du réacteur ou—
T-5 Onru : (S’approchant du mur) Non, c’est du sang. C’est des sangsues.
T-5 Irantu : Quoi ?
T-5 Onru : Regardez.
Onru désigne un point sur le mur tout en l’éclairant à l’aide des lampes fixées sur ses épaules. À l’endroit qu’il indique, un épais flot de fluide noir dégouline à travers une fissure dans le mur tandis que quelque chose de petit se tortille dans la fente. L’équipe zoome sur cette portion du mur et découvre une petite sangsue qui gigote pour s’extraire du mur. Elle finit par se frayer un chemin et tombe sur le sol.
T-5 Nanku : Euh. C’est une sangsue. Qu’est-ce que ça signifie ?
T-5 Munru : Rien de bon.
La petite sangsue se dirige vers la bouillie biologique à leurs pieds et commence à l’ingérer. Tandis qu’elle avale, la taille de la sangsue commence à augmenter légèrement.
T-5 Onru : Il y en a d’autres. Dans le mur, par là, elles passent au-travers.
L’équipe regarde vers le mur ou plusieurs jets de fluides noirs ont commencé à jaillir à travers les différentes fissures qui parcourent sa surface. Plusieurs autres petites sangsues se tortillent à travers ces fentes.
T-5 Irantu : Onru, qu’est-ce que tu vois ?
T-5 Onru : (Marque une pause) Il y a quelque chose en dessous de nous. C’est très gros. Recouvert du sang d’autres gens. Ça vient dans notre direction. C’est comme des doigts, ils communiquent tous avec l’hôte, le— (marque une pause) Apportez moi une sangsue.
T-5 Munru : Quoi ?
T-5 Nanku : Tu plaisantes.
T-5 Onru : Non, apportez m’en une. Elles sont télépathes, elles communiquent comme ça. J’ai besoin d’une sangsue.
Irantu traverse la pièce et attrape une sangsue sur le sol. Alors qu’il la retire du liquide, cette dernière se débat en se tortillant et mord plusieurs fois voracement sa main.
T-5 Irantu : Bizarre. (Marque une pause pour regarder la sangsue) Voilà.
T-5 Onru : Très bien, un moment.
Onru étend sa main gauche vers la sangsue, la main s’ouvre en révélant une série de longues aiguilles effilées aux extrémités pointues. Elle plante les aiguilles dans la chair de la créature, juste à la base du cerveau.
T-5 Onru : Voilà. Voyons ça. (Marque une pause) Elles ont entendu l’incinérateur s’activer. Elles ont faim. Elles viennent par ici pour manger, beaucoup d’entre elles. L’hôte est quelque part en-dessous de nous, mais je n’arrive pas à voir aussi loin. (Marque une pause) Si j’observe l’activité neurale de la totalité du réseau d’entité, je peux faire une carte des zones où elles se trouvent. Voyons voir si je peux faire quelque chose de tout ça. (Marque une pause) Et voilà. Vous devriez l’avoir sur vos rétines maintenant.
T-5 Irantu : Astucieux.
T-5 Nanku : Donc on regarde une carte ? Ça a l’air trop distordu pour être une carte.
T-5 Onru : Des changements topographiques sont en train de se produire. Ce qui veut dire qu’en dépit des changements dans la structure du Site, elles se situent toutes dans notre réalité locale. Cette dernière est juste instable.
T-5 Munru : Est-ce qu’on sait où se trouve ce dispositif Batteuse ?
T-5 Onru : Ça a probablement quelque chose à voir avec cette section, ici. Si on suit le schéma d’un plan logique et structuré en se basant sur les indications fournies par cette carte, il devrait y avoir toute une aile supplémentaire dans ce coin-là, mais il n’y a aucune sangsue à proximité. (Marque une pause) Oui, je peux voir des canalisations qui mènent vers cette zone. C’est là que se trouve la machine Batteuse.
Silence.
T-5 Irantu : Et pour ce qui est de notre mission de sauvetage ?
T-5 Onru : Cette zone, ici. Plusieurs couloirs mènent à une grande aile de recherche, mais la plupart d’entre eux ont été bloqués. De temps en temps, l’une des extrémités du réseau devient sombre ici. (Marque une pause) Les survivants sont là-bas.
T-5 Irantu : Quel est le chemin le plus rapide pour s’y rendre depuis notre position ?
T-5 Onru : Un instant. (Marque une pause) Nous avons le choix entre trois itinéraires possibles à partir de ce point, chacun d’entre eux présentant différents dangers potentiels. Le premier nous fait descendre le long de ce conduit jusqu’à une vaste installation de traitement de déchets au sein de la centrale. C’est la route la plus longue, mais depuis cette installation le chemin nous mène presque directement vers les survivants. Le second itinéraire nous mène jusqu’à une autre citerne en-dessous de celle-ci, laquelle nous guidera directement jusqu’à cette grande salle, ici. (Marque une pause) La sangsue est là-bas. Je peux l’entendre en ce moment même, elle se demande pourquoi celle-ci n’est pas revenue.
T-5 Irantu : Et le troisième ?
T-5 Onru : Le troisième chemin nous emmènera à travers cette zone-ci qui… est étrange. Je peux entendre les sangsues tandis qu’elles se déplacent dans le Site. Elles sont bruyantes, désordonnées, elles agissent par impulsions et sans trop de… finesse. Mais dans cette zone elles sont très tranquilles. Elles vont et viennent pour… une certaine raison… mais elles le font très, très silencieusement.
T-5 Nanku : (Pointant du doigt le sol à ses pieds) Regardez cette sangsue. Elle fait déjà la taille d’un chat.
T-5 Munru : Est-ce qu’il y a d’autres entités là-dedans ?
T-5 Onru : Je ne saurais pas dire. Les sangsues suivent un itinéraire unique pour y entrer et un itinéraire unique pour en sortir. Elles ne s’en éloignent pas et— (marque une pause) elles ne font pas attention à ce qui se passe aux alentours.
T-5 Irantu : Quel est le chemin le plus rapide ?
T-5 Onru : Le dernier est le plus rapide. On suit ce tunnel jusqu’à une porte de service et on descend en bas de cet escalier. Une fois arrivé là, il y a un autre couloir sur la gauche, qui nous permet de contourner cette zone, ou de la traverser, peut-être, et de l’autre côté il y a l’entrée de service vers notre aile de recherche.
T-5 Irantu : Très bien. (Marque une pause) C’est celui que nous prendrons dans ce cas.
T-5 Nanku : La honte. Je croyais qu’on était ici pour tirer sur des sangsues.
T-5 Irantu : Tu auras de nombreuses occasions en route, j’en suis sûr. On doit faire sortir ces gens rapidement. Onru, est-ce que tu as l’impression que les sangsues essayent de se diriger vers l’aile où se trouvent les survivants ?
T-5 Onru : Oui. Il y a plein de sang dans ce Site, mais tout ce sang n’est pas encore chaud. Elles se mettront bientôt à leur recherche.
L’équipe quitte la citerne et suit un conduit d’évacuation en direction de l’ouest. L’équipe atteint finalement une porte de service éclairée par une unique lampe vacillante.
T-5 Munru : Il y a quelque chose d’écrit sur cette porte. “Sang”.
T-5 Nanku : Ici aussi, sur le mur. Regardez. Qu’est-ce que c’est écrit ?
T-5 Irantu : Attendez.
T-5 Onru : Regardez.
Onru augmente l’intensité de la lampe fixée à son épaule et éclaire la totalité du tunnel. Le mot “sang” se répète encore et encore, griffonné sur les murs à l’aide d’une substance épaisse et noire. Onru se tourne vers la gauche et éclaire plusieurs corps desséchés dans un coin au bout du tunnel, tous suintent et sont recouverts par le même fluide.
T-5 Nanku : Perturbant.
T-5 Irantu : Venez. Ne perdons pas de temps.
L’équipe entre par la porte de service et découvre un tronçon d’escalier. Les marches au-dessus d’eux sont intactes, mais les marches du dessous ont été détruites. Les murs de la cage d’escalier sont couverts de fissures qui suintent du fluide noir. Munru allume une fusée de détresse, la jette dans le vide et l’équipe la regarde tomber. Après quelques instants, la fusée atteint le fond avec une légère éclaboussure et éclaire le sol en contrebas.
T-5 Nanku : Quelle taille fait ce Site ?
T-5 Onru : (Marque une pause) Le Site-19 possède au moins 50 étages souterrains et pas moins de 80 ailes individuelles. D’après ce qu’on sait du Site-13, il y en a au moins deux fois plus de chaque, si ce n’est plus. Les cellules de confinement des Classe Euclide à elles seules font la taille du Site-81.
T-5 Munru : Ce qui signifie qu’il pourrait y avoir en bas des choses encore pires que personne n’a jamais vu.
T-5 Irantu : C’est presque certain.
Irantu saute du bord du trou et atterrit à côté de la fusée, ses implants amortissant la majeure partie de l’impact. Le reste de l’équipe saute à sa suite. Au fond de l’escalier se trouve une nouvelle porte menant vers un couloir que l’équipe emprunte.
T-5 Irantu : Quelle direction maintenant ?
T-5 Onru : Environ 200m le long de ce couloir, sur la droite. Il y a plusieurs portes de sécurité, mais je pense qu’elles ont toutes été mises hors service. Après il y a… Je crois que c’est un centre de stockage de données. C’est grand et c’est parcouru par des rangées de conduits d’aération qui mènent aux tours de refroidissement à la surface.
T-5 Munru : Où est-ce que les sangsues commencent à se comporter bizarrement ?
T-5 Onru : Là-bas.
T-5 Munru : Merveilleux.
L’équipe avance le long du couloir, Nanku en tête, suivie par Onru et Munru, tandis qu’Irantu surveille l’arrière. Tandis qu’ils avancent, ils vérifient chaque porte pour voir si elles sont verrouillées. La plupart des portes mènent aux zones de maintenance du réseau, l’une d’entre elle menant notamment à la salle des télécommunications visitée précédemment par l’équipe AP-3. L’un des écrans du mur du fond semble avoir explosé de l’intérieur.
T-5 Nanku : Regardez par ici. C’est la porte qui mène vers la zone des serveurs.
T-5 Munru : C’est quoi cette porte, ici ?
T-5 Irantu : C’est marqué “Étage Cryogénie”. (Marque une pause) Si je devais faire une supposition, je dirais que ça mène probablement vers le niveau suivant et que ce dernier se situe juste au-dessus de cette pièce. Il doit servir de régulateur thermique pour le centre de données.
T-5 Munru : Est-ce qu’on peut le traverser ?
T-5 Irantu : Quel est le chemin le plus rapide Onru ?
T-5 Onru : Le seul chemin que je peux voir passe par la salle des serveurs. Il n’y avait aucune sangsue là-bas. (Marque une pause) C’est très bizarre. Cette salle possède sans doute pleins de points d’accès. (Marque une pause) Très bizarre.
T-5 Irantu : Par la salle des serveurs dans ce cas. En avant.
L’équipe passe la porte de la salle des serveurs. Ils passent devant plusieurs autres portes de sécurité, toutes déverrouillées. Tandis qu’ils progressent, la température externe chute considérablement et se stabilise à environ -20 °C. Irantu ordonne à l’équipe d’activer leurs régulateurs thermiques internes pour protéger leurs organes internes des dommages provoqués par l’exposition.
Tandis que l’équipe progresse le long des couloirs vers la salle des serveurs, l’implant optique SCRAMBLE de T-5 Nanku commence à s’activer, signalant qu’un meme anormal est en train d’être filtré. Cependant, T-5 Nanku avait au préalable désactivé l’indicatif d’alerte visuel sur son revêtement optique, se rabattant plutôt sur l’indicatif sonore accompagnant l’implant. L’alerte sonore ne se déclenche pas du tout.
Ce n’est pas avant que l’équipe ne soit entrée dans la salle principale des serveurs que T-5 Onru réalise que l’on ne perçoit absolument aucun son de quelque nature que ce soit. Pensant initialement qu’il pourrait s’agir de son implant auditif, Onru retire ce dernier et le redémarre, mais après avoir constaté qu’il fonctionne correctement, elle tente de communiquer avec Irantu pour signaler ce problème.
Irantu fait signe à l’équipe de se tenir sur leurs gardes et d’essayer de discerner la source de l’influence anormale. Alors qu’ils agissent ainsi, les autres membres de l’équipe reçoivent un signal les avertissant que leurs filtres SCRAMBLE sont en train de s’activer. Munru pointe du doigt la porte par laquelle ils viennent d’entrer, mais Irantu leur fait signe de se diriger vers le fond de la salle des serveurs, en direction de l’aile de confinement.
Pendant que se tient ce dialogue silencieux, Nanku aperçoit la première du mouvement dans la pièce. Après avoir fait signe à ses coéquipiers de ne plus bouger, ces derniers entendent tous un léger gémissement qui augmente légèrement en intensité. Tandis qu’ils se regroupent en cercle, Munru aperçoit un message inscrit sur l’une des rangées de serveurs, rédigé avec du fluide noir indiquant “SILENCE” puis “NE PAS REGARDER”. Il pointe du doigt les rangées et l’équipe prend connaissance du message.
Irantu fait signe à l’équipe de se diriger vers le mur opposé et l’équipe commence à progresser lentement entre les rangées de serveurs vers la porte de sortie. Soudain, Onru aperçoit brièvement une large entité traverser la pièce et fait signe à ses coéquipiers de s’arrêter. Elle jette un œil dans un angle et aperçoit l’entité alors que cette dernière entre à nouveau dans son champ de vision.
L’entité à la forme d’une silhouette massive pourvue de nombreux membres. La structure principale de la silhouette possède une forme humanoïde assise en tailleur et flottant en l’air, pourvue six jambes, dix-huit bras et trente-six avant-bras munis de soixante-douze mains. Chaque membre bouge indépendamment des autres, leurs gestes et leurs positions évoluant constamment en mouvements saccadés. L’entité n’a pas de tête, mais possède à la place une grande structure plate et circulaire fixée à la partie supérieur de son torse, recouverte de symboles et de glyphes et brillant d’une vive lumière blanche jurant avec la peau gris-brun sombre de l’entité. Sur chacun des bras de l’entité se trouve un bracelet en or attaché à une chaîne qui traîne au sol lorsqu’elle n’est pas projetée alentours par les mouvements de l’entité. Des glyphes, identifiés ultérieurement comme de puissants antikinétiques, sont gravés sur les bracelets d’or3, bien que les chaînes soient brisées et que les antikinétiques soient inactifs. Le plus flagrant est la présence d’une unique silhouette humaine sévèrement brûlée et émaciée enchaînée à la structure circulaire de la tête de l’entité. Cette silhouette se débat dans ses liens et pousser des cris qui semblent être les gémissements entendus à travers le danger kinétique silencieux de l’entité4. Tandis que l’entité effectue ses mouvements, les glyphes sur sa tête s’illuminent rapidement, brûlant la peau humaine en contact avec eux, augmentant la détresse et le volume des gémissements de l’individu.
T-5 Onru remarque également que certains détails dans l’apparence de l’entité provoquent un important dysfonctionnement de ses implants optiques en grillant les circuits chargés d’effectuer les calculs SCRAMBLE. Elle détourne le regard, éjecte les implants optiques avant qu’ils n’endommagent ses rétines et fait signe au reste de l’équipe Tau-5 de ne pas regarder directement l’entité. L’équipe acquiesce et continue d’aller de l’avant.
Le gémissement devient soudain de plus en plus fort et commence à se rapprocher de l’équipe. Munru jette une mine de proximité de son paquetage, puis une autre un peu plus loin. Tandis qu’ils s’enfuient devant l’entité, des arcs électriques bleus commencent à jaillir entre les rangées de serveurs et le sol à leurs pieds commence à se transformer comme s’il était fait de sable. Alors que Nanku manque de tomber sur le sol, une vague de pression sourde éclate derrière eux tandis que la première mine de proximité explose et le sol se solidifie.
L’équipe emprunte un tournant et l’entrée de service de la pièce apparaît. Au-dessus d’eux, on aperçoit un trou dans le plafond exposant l’étage du laboratoire cryogénique et l’on aperçoit brièvement une cellule de confinement d’apparence complexe et complètement détruite. L’équipe se dirige rapidement vers la porte tandis que des glyphes chauffés à blanc apparaissent sur le sol à leurs pieds et dans l’air autour d’eux. L’équipe parvient à esquiver les symboles, mais T-5 Nanku se prend le bras dans un glyphe flottant dans l’air et celui-ci prend feu. Irantu, témoin de la scène alors qu’il avançait derrière Nanku, tire sur son épaule avec son arme pour faire tomber le bras. Le bras tombe sur le sol et explose dans un nuage de cendres.
Munru atteint la porte le premier et l’enfonce, Onru sur ses talons. Nanku trébuche et s’effondre de l’autre côté, tandis qu’Irantu la franchit en dernier. Juste avant de fermer la porte, Irantu se retourne pour regarder l’entité qui s’approche derrière eux, qui est devenu à peine visible derrière les gestes flous et les glyphes incandescents, tandis que retentit un gémissement inhumain. Alors que la porte se ferme, Irantu zoome sur une silhouette humanoïde attachée à la tête de l’entité, suffisamment pour voir le mot “EMERSON” incrustée dans la chair de la silhouette, comme à l’aide de morceaux de tissus synthétiques fondus. Irantu claque la porte et éjecte immédiatement ses implants optiques.
L’équipe s’éloigne de la porte de sécurité en courant dans le couloir et le bruit de leurs pas se font peu à peu entendre autour d’eux. Ils atteignent un grand espace ouvert où se rejoignent plusieurs couloirs et s’arrêtent pour reprendre leur souffle.
T-5 Munru : Je… (Marque une pause) Je ne crois pas être en mesure de dire de quoi il s’agissait. (Marque une pause) Qu’est-ce que c’était que ça ?
T-5 Irantu : J’en ai aucune idée. Je n’ai jamais rien vu de tel.
T-5 Onru : Il y avait un humain attaché sur sa tête. Vous l’avez vu ?
T-5 Nanku : Je l’ai vu. Je crois qu’il était en train de hurler. (Marque une pause et regarde le moignon de son bras) Je m’apitoierai sur ce bras plus tard.
T-5 Irantu : Ça va aller. Sois juste prudente.
T-5 Nanku : (S’esclaffe) Comme si j’en avais besoin de toute façon. J’en ai un autre. D’ailleurs, (Nanku fait osciller le lance-flamme fixé à son épaule gauche et le détache pour le laisser pendre là où aurait dû se trouver son bras manquant) à quoi est-ce que ce bras aurait bien pu me servir de toute façon ?
T-5 Irantu : C’est noté. (Marque une pause) Tout le monde va bien ?
T-5 Munru : Aucun dégât à signaler.
T-5 Nanku : Je vais bien.
T-5 Onru : Je vais bien aussi. (Marque une pause) On y est. Regardez.
L’équipe se retourne pour regarder le couloir sur leur droite qui a été barricadé et truffé d’un nombre conséquent d’explosifs et de dispositifs incendiaires.
T-5 Irantu : Bien. (Il s’approche de la barricade) Bonjour ? Ici Tau-5 Irantu, est-ce qu’il y a quelqu’un ? On vient vous sortir de là. Ohé ?
Silence.
T-5 Munru : On arrive peut-être trop tard.
T-5 Irantu : Il n’est pas trop tard. Ohé ? Il y a quelqu’un ? Pouvez-vous—
On entend un bruissement et une grosse caisse en bois bouge légèrement. On aperçoit un visage sombre entre la caisse et le mur.
T-5 Munru : (Rire)
T-5 Irantu : Capitaine.
[Nouvelle connexion au réseau de transmission local : Zêta-9 “Les Rats-Taupes” Capitaine Hollis]
Z-9 Hollis : C’est pas vrai. Les foutus Power Rangers. Ils m’ont parlé de vous. (Marque une pause pour examiner l’équipe) On dirait qu’un train vient de vous passer dessus.
T-5 Munru : C’est plus ou moins le cas.
Z-9 Hollis: (Avec un hochement de tête) Eh bien, venez dans ce cas. On n’a pas beaucoup de temps.
L’équipe se faufile à travers l’ouverture au milieu des caisses. Tandis que Munru et Nanku passent au travers, Onru marque une pause. Irantu le remarque et se retourne pour regarder.
T-5 Onru : Irantu, regarde. Les sangsues.
Des crevasses noires ont commencé à se former sur les murs de l’atrium derrière eux et des sangsues noires commencent à en tomber en gigotant, accompagnées par un épais fluide noir.
T-5 Irantu : (Marque une pause) Ah.
Addendum 1730.9 : Transcription du Rapport d’Extraction
Transcription Vidéo du Rapport d’Extraction
Date : ██/██/████
Équipe de Sauvetage : Force d’Intervention Mobile Tau-5 “Samsara”
Équipe d’Exploration : Force d’Intervention Mobile Apollo-3 “Les Gardes-Chasse”
Équipe d’Exploration : Force d’Intervention Mobile Z-9 "Les Rats-Taupes"
Sujet : SCP-1730
Chefs d’Équipe : T-5 Irantu / Z-9 Hollis /AP-3 Ross
Membres : T-5 Munru, T-5 Onru, T-5 Nanku, AP-3 Houston, AP-3 Vigo, AP-3 Ohalo, Z-9 Moros, Z-9 Willow
Note : Le document suivant est une transcription audiovisuelle d’une mission d’extraction et de sauvetage menée par les membres de la Force d’Intervention Mobile Tau-5 “Samsara” après avoir établi un contact avec les membres survivants des FIM Apollo-3 et Zêta-9.
En plus des membres des Forces d’Intervention Mobiles, l’équipe a reçu pour mission de récupérer vingt-sept membres survivants du personnel du Site-13, parmi lesquels le Dr Mohammad Scott, le directeur-adjoint des Études Temporelles du Site-13. Plusieurs de ces individus ont été sévèrement blessés, accroissant d’autant la difficulté de la mission d’extraction.
Les membres de la Force d’Intervention Alpha-20 “Les Sacrés Plongeurs” ont été déployés à la surface, parés à assister l’équipe d’extraction dès que celle-ci sera parvenue à s’échapper des niveaux inférieurs du Site.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
T-5 Irantu : Micros allumés.
AP-3 Vigo : Est-ce qu’on en a vraiment quelque chose à foutre d’enregistrer tout ça ?
AP-3 Ross : Hey Vigo ? Ferme ta putain de gueule. Fais ce qu’il te dit.
Z-9 Hollis : C’est toi le patron power ranger.
T-5 Irantu : Merci. Onru a préparé un plan d’évacuation ; je la laisse vous expliquer.
T-5 Onru : Nos itinéraires depuis cette position sont compromis par l’entité dans le centre de données et par la créature dans l’atrium. Après avoir discuté avec le Dr Scott et son équipe, nous avons mis au point un trajet qui devrait nous tenir aussi loin que possible des principales menaces actuelles. Malheureusement, nos informations sur ces menaces sont incomplètes ; même le Dr Scott n’avait pas accès à toutes les informations sur les entités confinées dans le site. Ainsi… (marque une pause) nous devrons toujours agir avec la plus grande prudence. (Marque une pause) Mais je suppose que tout le monde l’avait déjà bien compris.
AP-3 Houston : Ouais, juste un peu.
Z-9 Willow : Très bien, donc on prend quel itinéraire ?
T-5 Onru : (Faisant apparaître une carte topographique) Nos itinéraires passent par ici et par ici. Les principaux obstacles auxquels nous faisons face pour le moment sont les instabilités spatiales dans les niveaux inférieurs de ce Site. Suite à une suggestion du Dr Scott et du Capitaine Hollis, notre itinéraire traversera tout d’abord cette section de l’installation, où se trouve le dispositif Batteuse. Cet appareil est à l’origine des… instabilités et bien qu’il ne soit pas possible de l’éteindre complètement sans risquer nos propres vies ou celles du personnel à la surface, nous devrions pouvoir réduire son énergie suffisamment longtemps pour créer une voie stable vers la surface, en suivant cet itinéraire, ici.
Z-9 Hollis : Je me suis perdue peu de temps après notre insertion et j’ai atterri dans cette pièce. J’ai été attaquée par un certain nombre de créatures difficiles à percevoir, probablement en raison de certains effets antimémétiques latents. J’ai réussi à leur échapper, mais ils sont sans doute toujours là-bas. Cette machine pompe une quantité pas croyable d’énergie depuis une source, quelque part ailleurs dans le Site et ces créatures s’en nourrissent. Donc… il faut aussi prendre ça en compte.
AP-3 Vigo : Pourquoi est-ce qu’on n’enverrait pas une équipe là-bas pour désactiver la machine pour les rejoindre après avant de continuer ?
T-5 Irantu : Nous n’aurons pas assez de temps et nos chances de succès s’amoindriront drastiquement si nous divisons notre groupe. Une fois l’appareil éteint, nous devrions avoir un peu moins d’une heure avant que ses systèmes de sécurité ne s’activent et que le courant ne revienne. À partir de ce moment il faudra vraiment nous dépêcher, en espérant juste que nous aurons gagné assez de temps.
AP-3 Vigo : D’accord, c’est cool.
T-5 Irantu : Vos positions seront les suivantes : Tau-5 ouvrira la marche, Apollo-3 prendra les flancs droit et gauche et Zêta-9 couvrira l’arrière-garde. Les survivants les plus vigoureux resteront près de l’arrière, tandis que ceux blessés plus sérieusement marcheront à l’avant, juste derrière Tau-5. Si nous sommes attaqués ou encerclés, adoptez les positions défensives multi-force classiques tout en laissant Tau-5 traiter les menaces les plus importantes.
T-5 Munru : Libérez les lignes de communication. Tau-5 et les capitaines des forces d’intervention ont priorité sur le canal. Essayez de discuter le moins possible, vous aurez tout le temps de parler une fois que nous aurons atteint la surface.
Z-9 Hollis : Notre priorité est de procéder à l’extraction de ces gens, et de rester en vie. Sauf si vous êtes de Samsara, auquel cas je suppose que vous êtes libre de faire ce que vous voulez. Pour nous autres mortels, ça ne sert à rien de laisser les power rangers se faire descendre, vu qu’on serait basiquement dans la merde s’ils venaient à clamser.
T-5 Irantu : Je suis d’accord. Tout le monde a bien compris notre mission ?
Tous les membres des forces d’intervention approuvent.
T-5 Irantu : Parfait. Je vais prendre la tête. Nous devons progresser rapidement. Rassemblez votre matériel, préparez les civils, on décolle bientôt.
Les équipes se séparent pour se mettre en formation. Les civils survivants sont informés du plan d’action et sont positionnés au milieu du dispositif.
Z-9 Willow : Capitaine, la porte principale ! Il y a des sangsues qui passent sous la porte.
Z-9 Hollis : Merde. Irantu, on va devoir se grouiller.
T-5 Irantu : D’accord. C’est parti. Munru, Nanku, faites sauter la porte principale. On va se faufiler par le côté.
T-5 Nanku : Avec joie.
Le groupe sort par une porte menant à un couloir latéral. T-5 Nanku et Munru restent en arrière pour placer des charges explosives autour du cadre de la porte. Les sangsues commencent à se frayer un passage sous la porte et à travers des fissures dans le mur. Alors qu’ils s’éloignent de la porte, Nanku allume son lance-flamme et le dirige vers les sangsues.
T-5 Munru : Je ne sais pas si ce que tu fais est vraiment utile Nanku. Il y a beaucoup plus de sangsues ailleurs.
T-5 Nanku : Ça me détend. (Continue à brûler les sangsues traversant les murs) C’est jouissif.
Munru et Nanku se dépêche de rejoindre le reste du groupe qui a commencé à descendre le couloir latéral. Alors qu’ils passent la première porte, une explosion retentit et le bâtiment tremble autour d’eux. Quelque part en dessous du groupe, un hurlement sourd et mystérieux se fait entendre.
AP-3 Ross : Vous croyez qu’ils savent qu’on est en train de bouger ?
T-5 Irantu : Indubitablement.
Le groupe continue à suivre une série de couloirs menant en direction d’un escalier, s’arrêtant occasionnellement pour vérifier la présence d’entités hostiles. Au bout d’un moment, T-5 Munru ordonne une halte.
T-5 Munru : Mes optiques m’envoient un signal. (Marque une pause) Étrange. Tout le monde en arrière, je pars en reconnaissance.
T-5 Munru dépasse l’angle du couloir, l’arme au poing. Ses implants optiques SCRAMBLE camouflent un même dangereux sur le mur. Au bout du couloir, une entité vaguement humanoïde, la même que celle observée précédemment par un drone ayant exploré à distance SCP-1730, est en train de dessiner sur le mur à l’aide d’un long doigt recourbé. Munru projette une image de l’entité à Nanku, qui vient passer l’angle du couloir derrière.
T-5 Munru : Tiens-toi prête.
Soudain, l’entité se tourne vers Munru et Nanku et ouvre un unique œil blanc qui est aussitôt repéré et bloqué par les instruments SCRAMBLE. L’entité commence à remonter très rapidement le long du couloir, son apparence se modifiant radicalement alors qu’elle se déplace ; l’entité devient beaucoup plus grande et les pans de sa longue tunique s’ouvrent de chaque côté, dévoilant de nouveaux dangers mémétiques qui sont bloqués par les éléments SCRAMBLE. Munru et Nanku braquent leurs armes et ouvrent le feu. La créature flanche vers l’arrière tandis qu’elle est frappée par les balles, tandis que de larges plaies apparaissent sur sa peau. Munru recharge son arme avec des munitions incendiaires et tire à nouveau, mettant le feu à la créature. Alors qu’elle recule en titubant, l’entité commence à griffer furieusement le mur de droite, comme si elle cherchait à creuser un trou à travers pour fuir les coups de feu. Nanku tire un dernier coup de feu qui touche l’entité à l’œil et la fait s’effondrer sur le sol.
T-5 Irantu : Est-ce que tout va bien ?
T-5 Munru : On dirait bien que oui. Nous—
Soudain, le couloir tremble violemment. Le sol sous l’entité affalée se fissure et s’écroule, révélant un large trou dans le sol. Dans le trou se trouve une longue créature noire et visqueuse recouverte d’yeux rouge sang et munie d’une bouche comportant de nombreuses rangées de dents longues et acérées. Alors qu’elle émerge du sol, une cascade de petites sangsues est projetée à travers le couloir. L’entité humanoïde glisse à travers le sol effondré et tombe dans la bouche de la grande créature qui pousse un grondement sourd avant de la dévorer. De longs appendices visqueux serpentent dans le couloir tandis que Nanku et Munru battent en retraite. Nanku allume de nouveau son lance-flamme, tenant à distance les petites sangsues qui s’approchent.
Z-9 Hollis : Qu’est-ce qui ce passe ?
T-5 Nanku : On va devoir trouver un autre itinéraire et rapidement.
T-5 Irantu : Suivez-moi.
Le groupe dépasse le couloir effondré, tandis que Munru et Nanku lui offrent un feu de couverture. Ils traversent un dortoir carcéral et sortent par une zone de maintenance se trouvant à l’arrière.
T-5 Onru : Par ici. On peut prendre ce chemin jusqu’à la machine.
T-5 Munru : On est juste derrière vous, mais je commence à croire que cette créature est beaucoup plus grosse que ce qu’on avait prévu. (Coup de feu)
T-5 Irantu : Onru, prend la tête. On doit y aller maintenant.
L’équipe suit le long couloir de maintenance. Le couloir tourne à gauche et débouche sur un vaste hangar plein de machines et de matériel de chargement. Plusieurs grosses plateformes de chargement sont visibles au fond de la pièce, toutes effondrées et détruites.
Z-9 Hollis : Irantu, les murs d’ici sont en train de s’effriter. On ne peut pas rester longtemps.
T-5 Irantu : Un instant. Munru, Nanku, à quelle distance vous trouvez-vous ?
Silence.
T-5 Irantu: Munru, Nanku, au rapport s’il vous plaît.
T-5 Munru : Irantu, Nanku est endommagée. Nous n’allons pas pouvoir (coup de feu) vous rejoindre tout de suite. Onru, continue de mettre votre position à jour et je vous préviendrai dès qu’il sera possible de nous regrouper.
T-5 Irantu : Compris.
Le groupe se dirige vers la fin du hangar de maintenance et traverse une double-porte pour sortir dans une salle de repos du personnel. Du fluide noir suinte à travers les murs. Le groupe doit s’arrêter brièvement pour refaire le bandage d’un survivant dont la plaie s’est remise à saigner. Un crissement strident se fait entendre non loin et le groupe se remet en route.
Ils entrent dans un nouveau couloir menant vers l’aile de la Batteuse. Alors qu’ils longent le couloir, Onru entend un son distinct.
T-5 Onru : Irantu. Des ailes.
T-5 Irantu : Combien ?
T-5 Onru : (Marque une pause) Beaucoup. Plus que j’en peux compter. Elles sont… très petites, mais il y en a une multitude.
Z-9 Hollis : Autre chose d’utile power girl ?
T-5 Onru : Un tintement. Comme du cristal sur du cristal.
AP-3 Ross : Bordel. Les papillons de cristal. Il fallait qu’on tombe là-dessus. On va se faire tailler en pièces.
T-5 Irantu : Ça reste à voir.
Le groupe se dirige vers le son qui continue à s’amplifier jusqu’à devenir une véritable cacophonie qui semble provenir de juste au-dessus d’eux.
AP-3 Houston : Nom de Dieu, mais d’où est-ce que ça vient ?
AP-3 Ross : Restez sur vos gardes, restez—
T-5 Onru : Irantu, le conduit.
Devant eux, la grille d’un conduit d’aération tombe sur le sol et un nuage de papillons de cristal scintillant commencent à envahir le couloir. Irantu vois les papillons et se tourne vers le groupe.
T-5 Irantu : Tous le monde à terre je vous prie.
Alors que le groupe se jette au sol, Irantu se précipite vers le nuage de papillon. Il disparaît brièvement. Après un court instant, une colonne de flamme jaillit vers le conduit et un bruit de cristal brisé se fait entendre au-dessus d’eux. Alors que la fumée se dissipe, Irantu réapparaît. La plus grande partie de sa chair a été déchiquetée par les ailes des papillons et son corps tout entier est couvert de lacérations. Des quantités non-négligeables de lambeau de chair pendent le long de son corps. La peau de son dos est noire et cloquée et un épais implant métallique est à présent visible à travers la peau carbonisée. Onru se redresse et s’approche de lui.
T-5 Onru : Tu es en état de continuer ?
T-5 Irantu : Bien sûr.
AP-3 Houston : Bordel de merde, mec, est-ce que ça va ?
T-5 Irantu : Oui. Pourquoi est-ce que ça n’irait pas ?
Le groupe traverse un autre couloir suintant de fluide noir, puis un autre. Le troisième couloir est propre et relativement épargné. Ils grimpent un petit escalier avant de se retrouver devant une lourde porte blindée.
Z-9 Hollis : La machine est derrière cette porte. Je suis sortie par là, mais la porte s’est verrouillée derrière moi. Je ne sais pas comment la débloquer.
T-5 Irantu : Dr Scott, savez-vous comment ouvrir cette porte ?
Dr Mohammad Scott : (Audible via le micro de Z-9 Hollis) Non, je n’ai jamais eu accès à cette salle.
T-5 Onru : J’espérais que Munru serait là. Je ne crois pas que je sois capable d’ouvrir cette porte.
Soudain, un bruit de mécanisme se fait entendre et la porte devant eux s’ouvre lentement. Un écran près de la porte s’allume et l’on peut y distinguer une pièce sombre. Au fond de la pièce, cachée dans l’ombre, une entité humanoïde indistincte fait un signe de la main. Un son électronique strident et continu, rappelant vaguement un rire se fait entendre à travers un haut-parleur invisible. L’écran s’éteint.
AP-3 Ross : Complètement taré ce clown.
T-5 Irantu : Venez. Dépêchez-vous.
Le groupe entre dans la salle. Cette dernière est très sombre et une multitude de lumières vertes feutrées luisent sur les murs. En se fondant sur l’intensité des lumières et la distance qu’il semble y avoir entre chacune d’entre elles, la salle semble mesurer plusieurs centaines de mètres de diamètre. Au fond de la salle, une colonne de lumières vertes circulaires est visible.
Z-9 Hollis : Hey, les power rangers. Vous arrivez à voir quelque chose là-dedans ? Vous avez une vision nocturne ou un truc du genre, pas vrai ? Ma visière est foutue.
T-5 Irantu : Onru et moi avons été forcés de rejeter nos implants après que ces derniers aient été endommagés par une puissante entité mémétique.
AP-3 Ross : Ma visière fonctionne. Une seconde. (Marque une pause) Très bien. Donc il y a… une sorte de machine au fond de la pièce, sous ces lumières. Je ne la distingue pas vraiment à cette distance, mais elle est là-bas. Je ne vois pas— oh merde, si je vois. Sur le plafond, il y a… bordel, il y en a plein.
Z-9 Hollis : Qu’est-ce que c’est ?
AP-3 Ross : (Chuchotant) J’en sais franchement rien, je n’arrive pas à les distinguer. Elles déforment complètement la perception. Je ne… Je ne crois pas qu’elles nous aient vus. Par contre sérieusement, il doit y en avoir au moins cinq cent.
T-5 Irantu : Onru et moi ne pouvons pas en traiter autant. (Marque une pause) Nous devons prendre une décision ; soit nous tentons de désactiver la machine sans attirer leur attention, soit nous trouvons un moyen de les disperser. (Marque une pause) Naturellement, je suis ouvert à toutes les suggestions.
AP-3 Vigo : Peut-être… qu’on pourrait les faire sauter. Houston a des explosifs (Marque une pause) Par contre ça en fait beaucoup à descendre d’un seul coup.
Z9-Moros : Attendez une seconde. Elles se nourrissent de l’énergie de cette chose, pas vrai ? Pourquoi est-ce qu’on n’essayerait pas de détourner une grande quantité d’énergie de cette machine vers un système non-essentiel et les faire sauter là. Comme frapper un moustique alors qu’il est en train de piquer.
T-5 Onru : Peut-être, mais il semblerait plutôt que—
Soudain, une grosse perturbation se fait ressentir sous la salle. Sur la gauche du groupe, à une centaine de mètres environ, une explosion retentit et le mur s’écroule. De derrière le mur émerge un long appendice noir et visqueux couvert d’yeux rouges. Les yeux s’ouvrent simultanément.
AP-3 Houston : Et merde.
Un bruit strident se fait entendre et au-dessus d’eux plusieurs centaines de petites entités imperceptibles tombent du plafond. L’entité noire dans le mur commence à fouetter l’air en direction des petites entités, tout en essayant de les pousser dans la bouche qui est apparue à l’avant de son corps. Les petites créatures volent vers la plus grosse et essayent de la déchirer avec leurs serres, bien qu’un bon nombre d’entre elles se fassent engloutir par la bouche grande ouverte de la créature.
T-5 Irantu : Euh. (Marque une pause) Ça fera l’affaire. Onru, occupe-toi de la machine. Les autres retournez dans le couloir. On n’aura pas beaucoup de temps.
Le groupe bat en retraite dans le couloir à l’extérieur de la grande salle. Onru traverse la chambre en courant tandis que de plus en plus de petites entités tombent du plafond et attaquent la créature noire. Plusieurs d’entre elles font mine de se diriger vers Onru, mais elles sont dispersées par les coups de feu d’Irantu. Après avoir atteint le panneau de contrôle manuel de la machine, Onru entre les paramètres fournis par les membres de l’équipe du Dr Scott. Les lumières de la pièce s’allument, révélant une machine gigantesque et très complexe totalement encastrée dans le mur du fond. De plus en plus d’entités hostiles se dirigent vers Onru qui doit s’arrêter pour ouvrir le feu sur celles s’approchant de trop près.
Une autre perturbation se fait ressentir depuis le dessous la salle et le sol au milieu de la pièce s’écroule. Une autre grande entité noire émerge du trou formé dans le sol et de longs tentacules noirs se mettent à serpenter vers Onru. Des coups de feu retentissent derrière Irantu et la FIM AP-3 surgit au grand complet par la porte et commence à tirer sur l’entité. La créature recule, tandis que du fluide noir s’écoule de ses plaies. Les tentacules fouettent l’air dans leur direction, saisissent AP-3 Vigo et le projettent en l’air. Il heurte le mur et son corps tombe sur le sol où la première entité noire le saisit avec un de ses tentacules et l’enfourne dans sa bouche.
Soudain, de petites sangsues noires commencent à se déverser du trou dans le sol et s’avancent rapidement vers Irantu. Houston et Ohalo ouvrent le feu sur les sangsues, tandis que Ross se précipite pour écarter Irantu du trou. Ce faisant, il jette une grenade incendiaire dans le trou et se jette au sol avec Irantu. Il y a une explosion et des flammes jaillissent tout autour de l’entité noire qui se cabre et se débat avant de s’effondrer au fond du trou.
Loin en-dessous d’eux, le groupe peut entendre un hurlement très puissant et l’ensemble de la salle est soudain violemment secoué. L’autre entité noire se rétracte dans son trou en faisant s’effondrer le mur. Les créatures du plafond restantes sont dispersées par les FIM AP-3 et Z-9. Tandis qu’ils s’exécutent, une secousse encore plus violente fait trembler la pièce, plusieurs lumières sur la machine se mettent à clignoter avant de s’estomper et le bruit d’un appareil se mettant hors-tension se fait entendre par-dessus les coups de feu.
AP-3 Ross : Merde ! Nom de Dieu, Vigo. Merde !
T-5 Onru s’approche en retraversant la salle.
T-5 Onru : La perte de Vigo est fâcheuse. Je suis désolée. Nous n’avons pas assez de temps pour nous apitoyer. Nous devons continuer.
Onru, Ross, Houston, Ohalo, et Irantu quitte la salle. De plus en plus de débris tombent derrière eux et des crissements diffus ponctuent le bruit de la machine. Ils atteignent une cage d’escalier et Houston ouvre grand la porte.
AP-3 Houston : Woa, merde ! Qu’est-ce que c’est ?
T-5 Irantu : Il y a un problème ?
AP-3 Houston : Il n’y a rien ici. La porte s’ouvre juste sur… rien. C’est juste sombre, aussi loin que je puisse voir.
T-5 Onru : On dirait que la désactivation du dispositif Batteuse a altéré notre sortie de secours. Nous allons devoir trouver un autre chemin vers la surface.
T-5 Irantu : Oui. Un instant. (Marque une pause) Munru. Où est-ce que vous en êtes ?
T-5 Munru : Difficile à dire, malheureusement. Vous avez éteint la machine ?
T-5 Irantu : À l’instant.
T-5 Munru : Excellent timing dans ce cas. Nous étions poursuivies par une créature et soudain un mur est apparu à l’endroit où elle se trouvait. On dirait que la topographie locale s’est reconfigurée toute seule.
T-5 Irantu : Restez où vous êtes. Nous venons vers vous. Notre évasion commence maintenant.
T-5 Munru : Fantastique.
Le groupe principal quitte l’escalier donnant sur le vide et remonte le couloir qu’il vient d’emprunter. Ils passent de nouveau devant le couloir d’accès à la Batteuse, tournent et commencent à gravir un autre escalier. Une fois parvenu au sommet, Irantu s’arrête. Le couloir devant eux est inondé jusqu’à la cheville. Alors qu’ils avancent prudemment dans l’eau, un des chercheurs à l’arrière pousse un cri.
T-5 Irantu : Qu’est-ce qu’il y a ?
Chercheur : Des corps. Regardez.
Juste sous la surface de l’eau, on peut apercevoir des cadavres humains blafards et qui semblent flotter à une cinquantaine de centimètre environ.
T-5 Onru : N’essayez pas de les regarder. Vous ne les reconnaîtrez pas. Dépêchez-vous, allez.
Le groupe se dépêche de traverser le couloir jusqu’à une série de portes se trouvant à l’autre bout. Sur le mur se trouve inscrit la phrase “QU’EST-CE QUI EST ARRIVÉ AU SITE-13” avec les mots “QU’EST-CE QUI” recouvert par le mot “EMERSON”, et la phrase “SOMMES-NOUS DEVENUS DES SACRILÈGES” en dessous.
Le groupe progresse sans incident pendant un certain temps, remontant lentement tandis que des itinéraires sûrs deviennent disponibles. Après environ huit minutes de progression, le groupe entre dans un grand atelier de mécanique où plusieurs pièces de grosses machines sont en cours de réparation. Le groupe s’arrête pour soigner l’un des survivants blessés, tandis qu’Onru tente de trouver un nouvel itinéraire. Soudain, un choc bruyant se fait entendre et une pièce de machine vole à travers l’atelier, manquant de peu AP-3 Ross qui se met à crier.
AP-3 Ross : Woa ! Merde ! Ça venait d’où ça ?
Dans un coin de la pièce, une pile de pièces mécaniques se met à bouger, se redresse et s’assemble pour former une entité à peu près humanoïde. Fixé au sommet de ce grand assemblage se trouve un petit robot jouet grossièrement assemblé. L’entité commence à s’avancer vers le groupe et une voix se fait entendre depuis une source inconnue à l’intérieur de l’entité.
Entité Mécanique : (Rire grave) Je suis revenu d’entre les morts pour souffler la dévastation sur cette Terre fétide. Pitoyables humains. Vous allez connaître le sombre aiguillon de mes tourments sans fins. (On aperçoit le petit robot au sommet de la construction agiter sauvagement les bras.)
T-5 Irantu : C’est… ennuyeux. Onru, fait sortir ces gens. Ross, avec moi.
Entité Mécanique : Je suis le héraut de votre destruction. Acceptez votre trépas.
T-5 Irantu, AP-3 Ross, Houston et Ohalo ouvrent le feu sur l’entité sans effets notables. L’entité soulève une nouvelle grosse pièce de machine et la jette en direction du groupe, les manquant de loin. Ohalo lance une grenade à fragmentation sur l’entité qui l’intercepte grâce à l’une de ses nombreuses mains et l’agrippe fermement. La grenade explose, disloquant la main de la créature et la faisant basculer sur le côté.
Entité Mécanique : Comment osez-vous. Je vais vous broyer tel—
T-5 Onru cours en direction de l’entité. Une fois à sa portée, elle bondit avec souplesse et saute par-dessus en décrivant une large courbe. Alors qu’elle atteint la hauteur maximale de son saut elle tend la main et saisit le petit robot jouet au sommet de la structure, provoquant son effondrement. Tout en atterrissant dans un saut périlleux, elle propulse le robot contre le mur.
Robot : Non ! Je suis le héraut ! Je suis—
Le petit robot heurte le mur et est pulvérisé.
T-5 Munru : Irantu, c’est toi ? On vient d’entendre quelque chose se briser.
T-5 Irantu : Vous ne devez pas être loin. Restez où vous êtes, on est en chemin.
Le groupe sort de l’atelier et se dirige vers un grand atrium. T-5 Munru et Nanku surgissent depuis un angle. Le bas du corps de Munru semble avoir subi plusieurs brûlures, mais il semble malgré tout en bon état. Nanku a perdu sa mâchoire inférieure et du fluide noir couvre l’avant de sa combinaison. Elle salue le groupe qui s’approche avec sa main restante.
T-5 Onru : Tu as l’air en forme.
T-5 Munru : Il faut avouer que le moral de l’équipe a sensiblement augmenté depuis que Nanku ne peut plus parler.
(T-5 Nanku pointe son lance-flamme sur Munru, semblant oublier qu’il lui manque un bras de ce côté. Lorsqu’elle s’en rend compte, elle adresse un geste obscène à Munru avec sa main restante.)
Z-9 Hollis : Ces petites retrouvailles sont tout à fait charmantes, mais il est grand temps de sortir de cette merde. À quelle distance se trouve l’entrée ?
T-5 Munru : Il s’agit de l’un des atrium principaux. Si nous suivons ce couloir ici, il nous mènera vers une station de traitement et à partir de là nous devrions trouver un point d’accès vers la surface.
Z-9 Hollis : Formidable. Barrons nous d’ici dans ce cas et—
En dessous d’eux retentissent des cris et un grand bruit d’effondrement. Le sol sur lequel se trouve le groupe commence à se fissurer.
Z-9 Hollis : Merde ! Courez !
Le groupe s’enfuit en direction du couloir indiqué Munru, mais est contraint de s’arrêter lorsque le sol s’effondre de nouveau. Un panache de fumée jaillit du sol détruit et l’un des chercheurs glisse sur le sol effondré et passe au travers. T-5 Onru guide le groupe loin de l’atrium tandis que le sol cède complètement. Irantu s’arrête et se retourne pour regarder au fond du trou.
En contrebas se trouve une salle incroyablement grande et semblant avoir été creusée à travers des dizaines de niveaux souterrains. Sur les bords de la salle brillent plusieurs petites lumières et au fond se trouve une immense masse noire pourvue de plusieurs grosses extensions sombres. Tandis qu’il s’éloigne, Irantu aperçoit des yeux rouges s’ouvrir sur toute la masse de la créature et de nouveaux hurlements retentissent.
Le groupe s’enfuit le long d’un couloir latéral mais est poursuivi par de longs tentacules noirs qui serpentent hors du trou. AP-3 Ross et Houston ouvrent le feu sur les tentacules, les immobilisant un bref instant, mais ils sont rapidement remplacés par d’autres plus nombreux. On aperçoit Z-9 Moros glisser sur une flaque de fluide noir et tombe avant d’être avalé par les extrémités de l’un des tentacules. Un craquement de métal, de pierre et de béton broyés retentit et la structure tremble violemment autour d’eux. Des sangsues noires commencent à se déverser par des murs alentours et Nanku dirige son lance-flamme contre elles.
Le groupe passe un tournant et se retrouve dans une impasse, derrière eux se trouve un nouveau tentacule noir qui a surgi en faisant un trou dans le mur.
AP-3 Ohalo : Nom de Dieu, on est piégé. Ça y est. Ça y est. Nom de Dieu.
T-5 Irantu : Onru, on a besoin d’une issue de secours.
T-5 Onru : J’ai… J’ai du mal à… (coup de feu) J’ai…
Z-9 Hollis : Attendez. Attendez. J’ai une idée. Je crois que je sais où nous sommes, j’ai une idée. Suivez-moi les enfants, on ne va pas crever ici !
Le groupe suit Hollis vers un escalier qu’ils descendent rapidement. Hollis jette une grenade incendiaire vers les tentacules qui se rapprochent et claque la porte derrière elle avant que la grenade explose. Les hurlements derrière eux s’intensifient tandis qu’ils descendent et la cage d’escalier commence à trembler. Des trous s’ouvrent dans les murs et des sangsues commencent à s’en déverser. Tous les membres des forces d’intervention ouvrent le feu alors que de longs tentacules commencent également à sortir par les trous. Après avoir atteint un palier, Hollis fait passer le groupe par la porte.
Z-9 Hollis : Ici ! Par ici ! Allez allez allez !
Le groupe entre dans un couloir et court vers l’autre bout. Ce faisant, ils passent devant un panneau sur le mur indiquant “Étage Cryogénie”. Munru le remarque en passant.
T-5 Munru : Capitaine Hollis… qu’est-ce que vous faites ?
Z-9 Hollis : Tu vas devoir me faire confiance sur ce coup-là Ranger Bleu. Je pratique ça depuis longtemps.
T-5 Munru : Je— (marque une pause) Ah. Ok. Je crois que ça va marcher.
Le groupe sort du couloir dans une grande section d’observation et passe devant de larges baies vitrées équipées de volets anti-explosion. Le groupe s’arrête devant l’une de ces fenêtres et aperçoit une immense chambre où s’alignent de grandes portes en acier. Au-dessus d’elles sont inscrits les mots “Salle de Test et d’Observation Classe Olympia”.
T-5 Irantu : Hollis, qu’est-ce que vous avez en tête ?
Z-9 Hollis : Appelle ça une intuition. On va devoir descendre, venez.
Le groupe se précipite vers un escalier au bout de la pièce et descend rapidement jusqu’au niveau principal de cette aile. Alors qu’ils arrivent au palier des chambres de confinement de Classe Olympia, le mur derrière eux commence à céder et des sangsues à s’en déverser.
Z-9 Hollis : Ranger Rose, ce panneau de contrôle là-bas. Tu vas devoir ouvrir cette porte.
T-5 Onru : Qu—quoi ?
Z-9 Hollis : J’ai dit ouvre cette putain de porte, vite ! Qu’est-ce que tu attends bordel ? Allez !
T-5 Onru se précipite vers un panneau de contrôle situé près de l’une des grandes portes en acier. Le mur derrière eux continue de s’effondrer.
Z-9 Hollis : Munru, celui-là. Ouvre celle-là aussi !
T-5 Munru : Oui, c’est d’accord.
T-5 Munru essaye d’accéder aux commandes de la porte. Z-9 Hollis se tourne vers le groupe.
Z-9 Hollis : Tous les autres écoutez-moi. Les civils vous allez devoir courir jusqu’au fond de cette salle, tout au bout. Ne vous arrêtez pas de courir. Il y a un point d’accès qui mène à la centrale électrique située au-dessus de cette section de l’installation, vous n’avez qu’à grimper jusqu’à l’atteindre. Une fois arrivés vous allez devoir faire sauter un mur, ça vous mènera à l’extérieur. Mais vous devez vous dépêcher, ça va devenir un sacré bordel par ici. Ross, toi et tes gars vous tirez sur tout ce qui passera à travers ce mur. Je vous dirai quand nous pourrons y aller. Irantu, tu restes avec moi. Ça risque de devenir compliqué.
T-5 Irantu : Compris.
Z-9 Hollis : Très bien. (Marque une pause) Allez foncez ! En avant !
Le groupe suit le passage principal qui traverse la chambre, loin du mur en train de s’effondrer. Derrière eux, le mur finit par céder tout à fait et une gigantesque entité noire et visqueuse entre en rampant dans la chambre. Elle mesure plus de 200 m de haut et est couverte de tentacules noirs et d’yeux rouges. Lorsqu’elle aperçoit le groupe, elle ouvre une large bouche munie de rangées de longues dents jaunes. Au centre de la bouche, on peut apercevoir une femme nue qui semble avoir fusionné avec la créature au moyen d’une sorte de langue préhensile. Lorsqu’elle ouvre la bouche, la créature laisse échapper un cri perçant et commence à se diriger vers le groupe.
Tous les membres des forces d’intervention disponibles ouvrent le feu sur la créature, vidant leurs derniers magasins de munitions et jetant toutes les armes incendiaires possibles dans sa direction. La créature hésite légèrement, mais à chaque impact de balle, du fluide noir et de nouvelles sangsues se déversent de son corps. Plusieurs longs tentacules commencent à serpenter vers les membres des forces d’intervention.
T-5 Onru : Je l’ai. Je l’ai Capitaine Hollis.
Z-9 Hollis : Dans ce cas fonce poupée. Relâche ce putain de truc !
T-5 Onru s’écarte du panneau de contrôle et court vers le groupe au milieu de la salle, tandis qu’un lourd grincement se fait entendre derrière elle. Le reste du groupe voit alors les grandes portes de métal s’ouvrir lentement. Un épais nuage de vapeur glacée jaillit de la chambre, empêchant d’en apercevoir l’intérieur.
AP-3 Ross : Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ?
Z-9 Hollis : Munru, tu t’en sors avec la tienne ?
T-5 Munru : Un instant. (marque une pause) Ouais, je crois que ça va le—
Soudain, la porte derrière Munru commence à chauffer à rouge, puis à blanc, puis la porte commence à fondre par le milieu et à s’effondrer. Tandis que Munru s’éloigne en courant, une entité humanoïde enflammée colossale et immobile sort en flottant de la chambre. Dans ses mains immobiles se trouve une énorme épée. D’immenses ailes enflammées se déploient dans son dos lorsqu’elle passe à travers la porte démolie. La créature noire hurle et ses tentacules tentent de saisir l’entité.
Alors que les tentacules s’approchent, de longues traînées de feu jaillissent de l’épée et les désintègrent en les transformant en fluide noir tandis que des sangsues carbonisées volent à travers la pièce. La grande créature noire hurle et des dizaines d’autres tentacules volent vers l’humanoïde enflammé. Pendant que les deux entités sont en train de se battre, un nouveau bruit semblable à un long gémissement se fait entendre et la pièce devient soudain silencieuse.
Une créature imposante ressemblant à un cervidé sort de la chambre froide et brumeuse et entre dans la salle principale. Elle possède un corps recouvert d’une fourrure vert pâle et crème, un cou long et fin s’achevant par un visage glabre de forme humanoïde et de vastes bois marbrés de noir et de blanc parcourus par des éclats de lumières bleues. Neuf anneaux concentriques composés de cristal brillant et de sphères métalliques flottent en tournoyant au-dessus de sa tête.
La créature sort lentement de la cellule de confinement et se tourne vers l’équipe en contrebas. Elle ouvre la bouche et un long vrombissement résonne à travers la salle. Plusieurs structures en métal de forme cylindrique apparaissent autour de son corps, suivies par un bruit de craquement distinct. L’entité s’avance vers le groupe des forces d’intervention, mais trois tentacules noirs viennent la frapper par derrière et s’enroulent autour de de son cou. La créature laisse entendre un nouveau vrombissement et soudain les bruits retentissent à nouveau dans la pièce tandis que de longues traînées enflammées traversent dans l’air. Les structures cylindriques pivotent à l’horizontale et fusent à travers la pièce vers la créature noire, la heurtant en plein milieu. De plus en plus de sphères métalliques apparaissent autour du cervidé et s’envolent vers la créature noire et l’humanoïde enflammé qui attaque les autres à son tour.
Z-9 Hollis : Nom de—oui ! Choppe les mon gros ! (Au groupe) Il est temps de mettre les voiles les enfants. C’est parti !
L’équipe rattrape en courant le groupe de civils vers le mur du fond tandis que des jets de flammes frappent le sol autour d’eux. Un tentacule noir désarticulé heurte T-5 Nanku à l’épaule, lui faisant perdre l’équilibre. Elle tombe au sol tout en tirant à volonté avec son arme tandis que les flammes l’enveloppent. AP-3 Houston s’arrête brièvement pour se tourner vers elle, mais Irantu le saisit par l’épaule.
T-5 Irantu : Pas le temps pour ça.
Alors qu'ils rejoignent le groupe de survivants blotti près d'une porte de sortie au fond de la salle, un grand fracas retentit et le groupe se retourne pour voir l’entité cervidée se relever à l’endroit où elle a atterri après avoir été projetée à travers la pièce. La créature noire agite ses tentacules vers elle tandis que d'autres sphères métalliques apparaissent pour répliquer. Dans une éruption de flammes, l’humanoïde embrasé est frappé par plusieurs autres tentacules qui tentent de l’attirer dans la bouche de l'entité noire. Le groupe atteint les survivants et sort rapidement par la porte. Ils commencent à escalader rapidement l'escalier.
Z-9 Hollis : Parfait, c’est ce que j’avais prévu. En haut ! On doit aller en haut ! Par—
Un cylindre métallique long et effilé transperce le mur de la cage d’escalier, manquant de peu l’un des chercheurs et le Dr Scott. Un second cylindre traverse le mur, frappant Irantu de plein fouet et le désintégrant contre le mur opposé. Tandis que le groupe continue de grimper, l’incendie gagne la cage d’escalier derrière eux et un nouveau vrombissement sourd et continu se fait entendre, suivi par un silence, puis par une grosse explosion qui secoue toute l’installation. Le groupe atteint un palier et se dirige vers un nouvel escalier au bout d’un couloir. Z-9 Hollis s’arrête à l’arrière.
T-5 Munru : Qu’est-ce que vous faites ?
Z-9 Hollis : Je vous fais gagner du temps. Et… autre chose je crois. Faîtes sortir ces gens d’ici, allez !
T-5 Munru : Je peux rester en arrière Hollis. Vous n’avez pas une espérance de vie illimitée.
Z-9 Hollis : Ouais, ouais, j’ai saisi le refrain power ranger. Mais pour l’instant tu dois faire sortir ces gens de là. Laisse-moi gérer de mon côté, ok ? Je vous rattraperai plus tard.
T-5 Munru : Je comprends. Merci pour tout Hollis.
Z-9 Hollis : (Riant) Pendant une fraction de seconde t’as eu l’air presque humain Munru.
Z-9 Hollis s’éloigne en courant. T-5 Munru rattrape le groupe qui a atteint un nouvel escalier et commencé à le gravir.
Pendant les dix minutes qui suivent, le groupe continue de remonter l’installation, évitant plusieurs fois de justesse les nombreux débris et gravas qui tombent du plafond tandis que les étages inférieurs du Site commencent à s’effondrer. On entend toujours distinctement les entités en contrebas et on peut les apercevoir plusieurs fois à travers de larges brèches dans le sol ou dans les murs. À un moment donné, AP-3 Ross aperçoit l’humanoïde figé et enflammé presque complètement recouvert de métal tandis que de longues traînées enflammées fusent à travers les fissures de cette enveloppe. Peu de temps après, tous les flux vidéos sont rompus pendant deux minutes avant de se rallumer sur une image de la tête de la créature cervidée en train de pulvériser un mur devant le groupe. Alors qu’ils s’en écartent en courant, la tête se tourne dans leur direction et deux chercheurs sont instantanément transmutés en colonnes hexagonales faites d’une matière jaunâtre inconnue.
Au bout d’un long moment, AP-3 Ross reçoit un signal du Centre de Contrôle.
Centre de Contrôle : Chef d’équipe ici Contrôle. Est-ce que vous nous recevez ?
AP-3 Ross : Oh putain oui, ouais je vous reçois. Vous m’entendez ?
Centre de Contrôle : On vous entend. Vous êtes apparus sur nos systèmes de géolocalisation Ross, vous n’êtes pas loin de la sortie. Où sont les Capitaines Hollis et Irantu ?
AP-3 Ross : Irantu est mort, Hollis… elle est retournée en arrière il y a un moment. On ne l’a pas revue depuis.
Centre de Contrôle : Reçu. Et pour ce qui est du reste ?
AP-3 Ross : On a subi quelques pertes, quelques— (coup de feu) Merde ! On a perdu quelques civils, Vigo et quelques autres. Ça devient vraiment mauvais là-dedans Contrôle, on va avoir besoin de toute l’aide disponible. On- Munru, où est Onru ?
T-5 Munru : Elle… oh. Elle était derrière nous. Où est-elle ?
Centre de Contrôle : Ne vous occupez pas de ça pour le moment. Nous indiquons un point d’extraction sur votre visière. L’équipe d’extraction vous attend là-bas ; on va vous tirer de là.
Le groupe se hâte vers le point d’extraction tandis que le Site continue de s’effondrer autour d’eux. À la surface, la surveillance aérienne enregistre les images de sections entières du Site en train de glisser dans le sol et de la fumée qui commence à s’échapper en volute de la centrale électrique et des ateliers à proximité. Des colonnes de flammes apparaissent tandis que le sol commence à céder sous SCP-1730.
La Force d’Intervention Mobile Alpha-20 “Les Sacrés Plongeurs” entre dans le Site au niveau de la centrale électrique en train de s’écrouler. Un contact est établi avec le groupe de survivants qui est immédiatement évacué en direction de la sortie du Site par les membres de la FIM A-20. Tandis que les derniers membres de la force d’intervention quittent le Site, une transmission séparée de T-5 Onru est captée par Contrôle.
T-5 Onru et Z-9 Hollis se tiennent devant le dispositif Batteuse, qui vrombit d’activité derrière elles. Elles font feu sur une masse noire parcourue de traînées enflammées qui envahit la pièce. En arrière-plan, on aperçoit l’entité cervidée déchirer les tentacules noirs à l’aide de ses bois tandis que de longues tiges de métal en fusion traversent la pièce en direction de l’entité noire. Hollis se tourne vers la caméra, visiblement hilare et tirant à volonté. Elle a retiré son casque. Le grondement de la machine derrière elle s’amplifie pour finalement couvrir tous les autres sons de la pièce. Des arcs électriques fusent à travers le plafond au-dessus d’elle. Elle sourit et se tourne vers Onru qui regarde vers le bas et découvre que son torse a été détruit par un jet de flamme.
Alors qu’Onru s’effondre sur le côté, la dernière image qu’elle enregistre montre Z-9 Hollis riant hystériquement et tirant sauvagement sur l’énorme machine derrière elle qui devient d’un blanc aveuglant. Il y a un éclair et la transmission s’achève.
À l’extérieur, tandis que la FIM A-20 continue de mettre le personnel et les chercheurs de 1730 en sécurité, un fracas assourdissant se fait entendre et un bourdonnement sourd emplit l’air. La zone autour du Site commence à se distordre, comme si elle se trouvait à travers une nappe d’eau, puis SCP-1730 disparaît brutalement. À la place se trouve un immense cratère de plus d’1 km de diamètre. Plus aucune transmission ne parvient de l’intérieur du site. Aucune autre activité anormale n’est détectée.
[FIN DE l’ENREGISTREMENT]
Note : Suite aux événements décrits dans ce document, SCP-1730 a été reclassé en tant qu’objet NEUTRALISÉ. Une enquête approfondie est en cours. Des comptes-rendus seront disponibles dès leur déclassification.
Addendum 1730.10 : Compte-Rendu du Rapport de la Mission d’Extraction
Interview de Compte-Rendu de Mission
Date : ██/██/████
Interviewé : Cpt. Ephram Ross, Commandant de la Force d'Intervention Mobile Apollo-3 “Les Gardes-Chasse”
Interviewer : Dr Peter Vincent
Mission Concernée : Extraction de SCP-1730
Sujet : SCP-1730
Note : Le document suivant est une transcription audio extraite d’une interview menée par un membre du personnel du Site Provisoire 23 à propos de SCP-1730. Les informations contenues dans ce document n’ont pas été confirmées et font l’objet d’une révision. Pour obtenir le dossier complet, veuillez contacter l’Administrateur des Informations et Enregistrements du Site-17.
[DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT]
Dr Vincent : Veuillez énoncer votre nom pour la retranscription.
AP-3 Ross : Capitaine Ephram Ross, Force d'Intervention Mobile Apollo-3. Les Gardes-Chasse.
Dr Vincent : Merci Capitaine Ross… alors, voyons cela. Votre équipe avait pour mission d’infiltrer SCP-1730 et chercher la source du signal radio que nous recevions, est-ce correct ?
AP-3 Ross : Tout à fait.
Dr Vincent : Parlez-moi de votre incursion initiale.
AP-3 Ross : Vous avez écouté les enregistrements ?
Dr Vincent : Pas en personne, non. Ils sont encore en traitement.
AP-3 Ross : (Marque une pause) Ça n’était pas beau à voir là-dedans. Tout ce que je peux dire, quel que soit l’origine du Site-13, c'est qu'ils l’utilisaient comme une sorte de site… “terminus”. À tel point qu'on voyait des affiches sur ces cellules de confinement à propos de la manière dont certaines choses devaient être éliminées. D'après ce qu’a vu l'équipe Samsara, c'était effectivement le cas. Ils amenaient les anomalies, faisaient des… expérimentations invasives sur elles et puis les détruisaient.
Dr Vincent : Quel genre d'anomalies étaient gardées là selon vous ?
AP-3 Ross : Je dirais, merde… c'était vraiment difficile à dire. À un moment donné les lumières se sont éteintes, et ç’a été comme Jurassic Park là-dedans. Pour ne parler que de ce qu'on a rencontré, il y avait une sorte… d’obscurité croissante qui a bousillé les jambes de Houston et… vous avez vu Houston ? Il va bien ?
Dr Vincent : Il est sous surveillance médicale en ce moment même, ils vont l'amener ici sous peu. Je pense qu'il va bien.
AP-3 Ross : C'est bien… ouais, je disais, en plus de ça, il y avait aussi cette chose, je ne sais pas si c'était une personne ou non, mais ça pliait en quelque sorte l'espace autour de lui et Noah… (Marque une pause)
Dr Vincent : C'est bon, nous pouvons—
AP-3 Ross : Non, il faut que ce soit fait correctement. (Marque une pause) On a subi des pertes, dans toutes les équipes. C'était la merde. D'après ce qu'on a vu à la fin, ça aurait pu tourner bien plus mal d'ailleurs.
Dr Vincent : À la fin ?
AP-3 Ross : Vous ne l’avez pas vu ? Non, vous n’avez pas vu la vidéo. Il y avait ces cellules dans les profondeurs du Site, elles devaient faire chacune la taille d’un terrain de football. Hollis les a ouvertes juste un peu le temps que nous puissions battre en retraite et les choses à l’intérieur… l’une d’elle m’a regardé comme je regarderais une fourmi. Ils étaient comme des dieux et ils les gardaient dans des boîtes… J’ai compté vingt de ces cellules, mais cette salle continuait largement au-delà de mon champ de vision. (Marque une pause) Qu’est-ce qu’ils gardaient là-dedans ? Comment est-ce qu’ils les gardaient là-dedans ?
[FIN DE L'ENREGISTREMENT]
Interview de Compte-Rendu de Mission
Date : ██/██/████
Interviewé : Agent Liam Ohalo, Force d’Intervention Mobile Apollo-3 “Les Gardes-Chasse”
Interviewer : Dr Peter Vincent
Mission concernée : Extraction de SCP-1730
Sujet : SCP-1730
Note : Le document suivant est une transcription audio extraite d’une interview menée par un membre du personnel du Site Provisoire 23 à propos de SCP-1730. Les informations contenues dans ce document n’ont pas été confirmées et font l’objet d’une révision. Pour obtenir le dossier complet, veuillez contacter l’Administrateur des Informations et Enregistrements du Site-17.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Dr Vincent : Très bien, si vous en êtes capable pourriez-vous me donner votre nom pour la transcription officielle.
AP-3 Ohalo : (Silence)
Dr Vincent : Agent Ohalo ?
AP-3 Ohalo : (Silence)
Dr Vincent : Est-ce que quelque chose—
AP-3 Ohalo : Nous aurions dû mourir là-dedans. (Marque une pause) Ça n’est pas réel. Ça n’est pas réel. Nous étions censés mourir là-dedans.
Dr Vincent : Agent Ohalo, nous devons vraiment vraiment classer ce rapport, si vous pouviez juste coopérer avec moi pendant un moment afin que je puisse recueillir votre témoignage officiel, nous avons des conseillers sur place avec qui vous pourrez parler après.
AP-3 Ohalo : (Silence)
Dr Vincent : Ohalo ?
AP-3 Ohalo : (Silence)
[FIN DE L’ENREGISTREMENT]
Interview de Compte-Rendu de Mission
Date : ██/██/████
Interviewé : Irantu, Chef d’Équipe de la Force d’Intervention Mobile Tau-5 “Samsara”
Interviewer : Dr Isha Saint Claire
Mission Concernée : Extraction de SCP-1730
Sujet : SCP-1730
Note : Le document suivant est une transcription audio extraite d’une interview menée par un membre de l’équipe de recherche de la Force d’Intervention Mobile Tau-5 à propos de SCP-1730. Les informations contenues dans ce document n’ont pas été confirmées et font l’objet d’une révision. Pour obtenir le dossier complet, veuillez contacter l’Administrateur des Informations et Enregistrements du Site-17.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Dr Saint Claire : Veuillez énoncer votre nom pour l'enregistrement.
T-5 Irantu : Je suis Irantu, commandant de la Force d'Intervention Mobile Tau-5, Samsara.
Dr Saint Claire : Pourriez-vous décrire avec vos propres mots les évènements ayant eu lieu lorsque vous étiez à l’intérieur de SCP-1730.
T-5 Irantu : Bien sûr. L'équipe Tau-5 a pénétré dans SCP-1730 et commencé à se diriger vers la source de l'émission. Onru est parvenu à localiser la position des survivants et a établi un itinéraire vers ces derniers censé nous exposer le moins possible aux anomalies spatiales dangereuses. Notre trajet a dû être ajusté plusieurs fois à cause des obstacles inattendus, mais rien que nous soyons incapables de gérer. Peu après notre rendez-vous avec le Capitaine Hollis et les survivants, notre processus d'extraction nous a menés à la partie du complexe contenant le dispositif Batteuse, que nous supposons être la cause de l'existence de SCP-1730 dans notre univers. Peu après, pendant notre retraite, j'ai été éliminé.
Dr Saint Claire : Je vois. Comme pour les Agents Moros, Vigo et les autres ?
T-5 Irantu : Ils ont aussi été éliminés.
Dr Saint Claire : Éliminés ?
T-5 Irantu : Décédés. Succombé à leurs blessures.
Dr Saint Claire : Je sais ce que ça signifie, Irantu, c'est juste que… que je ne peux m'empêcher de penser que ça n’a pas l’air de vous déranger.
T-5 Irantu : Je ne me sens ni bien ni mal, je suis simplement satisfait du résultat.
Dr Saint Claire : (Marque une pause) Pardon ?
T-5 Irantu : Notre mission de sauvetage a été un succès. En ne subissant que des pertes minimales en vies humaines, notre équipe est parvenue à infiltrer une anomalie spatiale extrêmement dangereuse et volatile pour en extraire plusieurs personnes d'intérêt de grande importance.
Dr Saint Claire : (Silence)
T-5 Irantu : Je ne vois pas ce que vous voudriez que je dise de plus. Nous avons été exposés à un certain nombre d'anomalies dangereuses et avons pu mener à bien notre mission. Il y a eu des pertes regrettables de membres du personnel doués et expérimentés, mais pas au-delà de notre marge d'erreur. Au contraire, notre équipe a fait un meilleur résultat que ce que prédisaient les simulations préliminaires.
Dr Saint Claire : Je vois. (Marque une pause) Merci, Irantu, je tiendrai compte de vos remarques dans le rapport.
T-5 Irantu : Je vous en prie. (Marque une pause) Comme le dispose le protocole de mission coopérative, je désirerais avoir l'opportunité de m'entretenir avec le Capitaine Hollis, de Zêta-9.
Dr Saint Claire : Le Capitaine Hollis a été tuée dans SCP-1730.
T-5 Irantu : (Silence)
Dr Saint Claire : Irantu ?
T-5 Irantu : Regrettable. Le Capitaine Hollis faisait preuve d'une grande réticence à l'idée d'un échec imminent et pratiquement certain. (Marque une pause) Comme le dispose le protocole, j'enverrai mon rapport au bureau de l'Administrateur du Site auquel était assignée le Capitaine Hollis à la place. Merci pour votre temps, docteur.
[FIN DE L'ENREGISTREMENT]
Interview d’Examen Médical
Date : ██/██/████
Interviewé : Agent Cotter Houston, Force d’Intervention Mobile Apollo-3 “Les Gardes-Chasse”
Interviewer : Dr Ian Harris
Mission concernée : Extraction de SCP-1730
Sujet : Agent Cotter Houston
Note : Le document suivant est une transcription audio extraite d’une interview menée par un membre du personnel du Site Provisoire 23 à propos de SCP-1730. Les informations contenues dans ce document n’ont pas été confirmées et font l’objet d’une révision. Pour obtenir le dossier complet, veuillez contacter l’Administrateur des Informations et Enregistrements du Site-17.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Dr Harris : Bien, pour commencer il me faut votre nom pour nos enregistrements.
AP-3 Houston : Bien sûr, je suis Cotter Houston, membre de l'équipe Apollo-3.
Dr Harris : Bien, bien, à présent Agent Houston, décrivez-moi votre problème, aussi précisément que possible.
AP-3 Houston : Eh bien, je suppose que c'est assez évident, mais il semble que je n'aie plus, euh, de tibias. Il y a… il y a une ligne, là où la chose qui les a recouverts m'a touché, et vous pouvez en quelque sorte… voir l'intérieur de la jambe ici, comme si ça avait été remplacé par une plaque de verre, ou quelque chose du genre… mais je peux toujours, vous savez, je peux toujours marcher. Je ne sens pas vraiment quelque chose que me manque là en bas, mais à l'œil on dirait bien. Et on peut, ouais, on peut en quelque sorte passer la main à travers, là où il devrait y avoir quelque chose, logiquement, parce qu'il n'y a rien, mais… mais je ne le sens pas, et puis, alors… ouais.
Dr Harris : Je vois. Que pouvez-vous me dire sur cette matière dans laquelle vous dites avoir marché ?
AP-3 Houston : Tombé, en fait. Ou plutôt, j'ai trébuché, et ça s'est en quelque sorte approché. C'était, merde… on a ouvert une porte, et on aurait dit qu'il n'y avait rien de l'autre côté. Et puis ça a commencé à… euh, à monter depuis le sol, et aussi depuis la cage d'escalier. Vous avez déjà joué à des jeux vidéo ? C'était comme une sorte de bug graphique. Ça ne montait pas vite ou quoi que ce soit, juste lentement et constamment. On a finalement trouvé une porte de sortie, mais c'était après que je suis tombé, et… et puis ça.
Dr Harris : Pouvez-vous me décrire la sensation initiale ?
AP-3 Houston : La sensation initiale ?
Dr Harris : Est-ce que c'était douloureux ?
AP-3 Houston : Oh. Non, je veux dire, je n'ai même pas compris ce qui se passait au début. Tous les autres paniquaient, et puis j'ai baissé les yeux et j'ai vu qu'ils étaient partis et j'ai commencé à paniquer, mais… je veux dire, bien sûr, j'allais bien. Ça n'a jamais fait mal, non. C'était juste normal. (Marque une pause) Enfin, pas normal. Bien sûr que c'est bizarre, je n'ai plus de jambes, et je suppose que je dois être en état de choc, mais… de temps en temps, je sens en quelque sorte… les frôler.
Dr Harris : Les frôler ?
AP-3 Houston : Ouais. Je veux dire, les parties qui manquent là en bas. Au début je croyais que c'était juste mon imagination, comme les gars qui ont des douleurs fantômes, mais c'est… enfin, je peux quand même sentir mes jambes, alors je ne pense pas que ce soit ça. C'est comme si quelque chose de poilu et un peu humide… les frôlait. Qui sait.
[FIN DE L'ENREGISTREMENT]
Interview de Compte-Rendu de mission
Date : ██/██/████
Interviewé : Munru, Force d’Intervention Mobile Tau-5 “Samsara”
Interviewer : Capitaine Elliott O’Neil, Force d’Intervention Mobile D-26 “Police Temporelle”
Mission concernée : Extraction de SCP-1730
Sujet : SCP-1730
Note : Le document suivant est une transcription audio extraite d’une interview menée par un membre du personnel du Site Provisoire 23 à propos de SCP-1730. Les informations contenues dans ce document n’ont pas été confirmées et font l’objet d’une révision. Pour obtenir le dossier complet, veuillez contacter l’Administrateur des Informations et Enregistrements du Site-17.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Cpt. O’Neil : À quel moment avez-vous perdu la trace du Capitaine Hollis ?
T-5 Munru : Dans le chaos de notre retraite, nous avons été séparés du Capitaine Hollis. Je ne sais pas à quel moment exactement.
Cpt. O’Neil : Munru, votre caméra a été endommagée. Nous savons que vous lui avez parlé avant qu’elle ne s’en aille.
T-5 Munru : Mince. (Marque une pause) Je ne suis pas très bon pour ça.
Cpt. O’Neil : Pourquoi ne l’avez-vous pas empêché de quitter votre groupe ?
T-5 Munru : (Marque une pause) Je ne connaissais le Capitaine Hollis que depuis quelques heures, mais pendant cette période, elle a prouvé qu’elle était un agent capable et douée d’une grande expérience. J’ai supposé que toutes les décisions qu’elle prendrait concernant son propre comportement personnel seraient prises en tenant compte de son expérience et de sa formation, toutes deux dépassant les miennes. De plus, elle était plus gradée que moi.
Cpt. O’Neil : Vos paramètres de mission vous interdisent d’autoriser d’autres membres de l’équipe de se mettre dans une situation dangereuse et vous intimaient de faire tout ce qui était en votre pouvoir pour réduire les pertes humaines. Comment expliquez-vous les contradictions entre votre comportement et ces recommandations ?
T-5 Munru : Techniquement parlant, rien de ce que j’ai pu faire n’autorisait le Capitaine Hollis à se mettre en danger. Je ne pouvais pas prévoir l’issue de ses actions et j’ai utilisé au mieux mon jugement pour justifier les miennes. Pour ce que j’en savais, elle pouvait être en train de se déplacer vers un emplacement plus sûr.
Cpt. O’Neil : Loin du groupe ?
T-5 Munru : Il aurait été illogique de présumer qu’un agent avec un tel niveau d’expérience se soit mis intentionnellement en danger dans une situation imprévisible.
Cpt. O’Neil : Et vous croyez que vos justifications constituent une interprétation acceptable de vos protocoles de mission ?
T-5 Munru : Bien sûr.
Cpt. O’Neil : Très bien. Lorsque vous regagnerez vos quartiers, vous serez interrogé avec Irantu pour discuter de tout ça. J’espère que vos arguments tiendront la route.
T-5 Munru : Je l’espère aussi.
[FIN DE L’ENREGISTREMENT]
Interview de Compte-Rendu de Mission
Date : ██/██/████
Interviewé : Onru, Force d’Intervention Mobile Tau-5 “Samsara”
Interviewer : Dr Darian Arnold
Mission concernée : Extraction de SCP-1730
Sujet : SCP-1730
Note : Le document suivant est une transcription audio extraite d’une interview menée par un membre de l’équipe de recherche de la Force d’Intervention Mobile Tau-5 à propos de SCP-1730. Les informations contenues dans ce document n’ont pas été confirmées et font l’objet d’une révision. Pour obtenir le dossier complet, veuillez contacter l’Administrateur des Informations et Enregistrements du Site-17.
[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Dr Arnold : Pourquoi avoir poursuivi le Capitaine Hollis ?
T-5 Onru : Je crois que j’ai compris les intentions du Capitaine Hollis avant même qu’elle ne quitte le groupe en me fondant sur ses discussions avec les chefs d’équipe avant que nous ne commencions notre extraction. Je craignais qu’elle ne soit pas capable d’emprunter à rebours notre précédent trajet sans mon aide.
Dr Arnold : Votre matériel d’enregistrement s’est désactivé pendant un certain temps avant de s’activer à nouveau à proximité de la Batteuse. Que s’est-il passé pendant tout ce temps ?
T-5 Onru : (Silence)
Dr Arnold : Onru, Je vais avoir besoin d’une réponse.
T-5 Onru : J’ai désactivé le matériel. Il y avait… (marque une pause) il y avait une pièce que nous avons traversée qui était différente de ce qu’elle était tout à l’heure. C’était la salle des serveurs, au-dessus des cellules de confinement Olympia. Je ne sais pas… Je ne sais pas comment nous nous sommes retrouvés ici, ce n’était pas mon intention. C’était une erreur. Lorsque nous sommes entrés, c’était la même salle que tout à l’heure, mais…
Dr Arnold : Que voulez-vous dire ?
T-5 Onru : Je suis désolé, c’est difficile à décrire. Lorsque nous avons passé la porte, j’ai pu voir les serveurs autour de moi, mais superposé au-dessus d’eux on voyait… nous nous tenions au bord d’un précipice, contemplant un espace d’une taille que je suis incapable d’estimer. En contrebas il y avait des humains, hurlant, leurs bras s’achevant au poignet, criant vers le ciel silencieux pour obtenir réparation et soudain… le ciel a brûlé. C’était comme si une étoile s’était abattue et j’ai dû regarder ailleurs. Hollis ne pouvait pas. Lorsque je me suis retourné, j’ai pu voir des cadavres brûlés sur le sol par milliards, mais des milliards d’autres créatures se sont précipitées vers l’étoile déchue avec leurs bras tendus et ont tenu cette étoile comme s’il s’agissait d’une marionnette tordue… Au Site-13, ils l’ont appelé Malidramagiuan. Dans ce lieu, ils l’appelaient par un autre nom. Un nom plein de haine.
Dr Arnold : Pourquoi avoir éteint votre matériel d’enregistrement ?
T-5 Onru : Lorsque j’ai vu cette entité pour la première fois, elle a créé des dangers mémétiques et cognitifs assez puissants pour pulvériser les dispositifs SCRAMBLE de mes yeux. Je ne sais pas ce que cela aurait fait sur une personne ne portant aucun autre type de protection.
Dr Arnold : Qu’est-ce que cela vous a fait ?
T-5 Onru : Ça nous a montré des choses. Des visions. Des spirales de feu et un ciel s'illuminant sous une tempête d'âmes. Un trou au centre de l'univers qui hurlait après moi. Un dieu des cauchemars, quelque chose de long et de léger, marchant lentement entre des rangées sans fin de crucifiés, puis… ça a montré quelque chose à Hollis que je n'ai pas pu voir. Quand cela s'est produit, les runes sur sa… sa tête, ont commencé à brûler et à palpiter et l'homme sur lequel elles étaient gravées a commencé à se boursoufler et à suppurer. Ceci fait, j'ai vu un océan derrière lui et un ciel bleu. Notre ciel. Il s'est tourné vers l'océan et a coulé dedans. Lorsqu’il est parti, les visions se sont estompées et la pièce était vide.
Dr Arnold : Je vois. Et après ça ?
T-5 Onru : Hollis s’est mise à courir. Je l’ai suivie. Elle n’a rien dit jusqu’à ce que nous atteignions la machine. Elle m’a dit qu’elle s’était retrouvée seule ici pendant un certain temps. Elle a dit qu’elle savait comment l’allumer. Elle a dit qu’elle ne saurait pas où elle irait mais qu’elle avait besoin d’emporter avec elle les choses qu’elle avait vu et de les brûler dans l’ombre. Avant qu’elle ne puisse démarrer la machine, les créatures des cellules de confinement ont fait irruption dans la chambre et j’ai été neutralisé.
Dr Arnold : Est-ce que le Capitaine Hollis vous a dit quelque chose avant votre mort ?
T-5 Onru : Non, elle ne faisait que rire. Et pleurer.
[FIN DE L’ENREGISTREMENT]
Interview de Compte-Rendu de mission
Date : ██/██/████
Interviewé : Dr Mohammad Scott, Directeur-Adjoint des Études Temporelles du Site-13
Interviewer : Directeur Willam Vesterland
Mission concernée : Extraction de SCP-1730
Sujet : SCP-1730
Note : Le document suivant est une transcription audio extraite d’une interview menée par un membre du personnel du Site Provisoire 23 à propos de SCP-1730. Les informations contenues dans ce document n’ont pas été confirmées et font l’objet d’une révision. Pour obtenir le dossier complet, veuillez contacter l’Administrateur des Informations et Enregistrements du Site-17.
[DEBUT DE L’ENREGISTREMENT]
Dir Vesterland : S’il vous plaît, veuillez dire votre nom pour l’enregistrement.
Dr Scott : Je suis le Docteur Mohammad Scott.
Dir Vesterland : Vous avez l’air un peu perdu Dr Scott.
Dr Scott : (Rire) Juste un peu. Nos deux lignes temporelles ne sont pas si différentes j’ai l’impression.
Dir. Vesterland : À l’exception d’une chose en particulier.
Dr Scott : Oui, il y a cette chose.
Dir Vesterland : Parlez-moi du Site-13.
Dr Scott : Le Site-13… vous voulez la version courte ou…?
Dir Vesterland : Aussi précise que vous le pourrez.
Dr Scott : Très bien. À l'origine, il était prévu de construire une grande installation de confinement dans le Midwest Américain, mais c'était avant que… laissez-moi revenir en arrière. En 1964, la Fondation a découvert le cadavre d’une créature marine massive échouée sur le rivage près de la frontière entre l'Inde et le Bangladesh. Aucune des installations de la région n’avait le type d’infrastructure nécessaire pour contenir le corps de l’entité et encore moins pour l’étudier, si bien que plusieurs navires ont été expédiés et l’ont transportée à travers l’océan vers les États-Unis. Avant cela, il avait été prévu de construire le Site-19 dans le Midwest Américain, mais suite à cette découverte il a été décidé qu'il n'y avait aucun moyen de dissimuler une créature de cette taille et de la faire traverser le continent américain. Ainsi, après quelques délibérations, les plans du Site-19 ont été abandonnés et l’accent a été mis sur une autre installation près de Nome, en Alaska. C'était le Site-13. Même au début, il était immense. Plus important que n’importe quel autre site géré par la Fondation et il est rapidement devenu notre première installation de confinement. Il était isolé, fortifié et surtout facilement dissimulé dans la neige et la glace. Après la chute de l’Union soviétique en 1985, nous avons appris qu’ils ne savaient même pas que le Site-13 existait et encore moins où il se trouvait.
Dir Vesterland : Je vois. Quand avez-vous rejoint la Fondation Dr Scott ?
Dr Scott : Oh, c’était en… ‘76. J’y suis entré directement à la sortie de l'université, recruté par l'un des administrateurs de mon école. C'était l'époque où nous étions encore indépendants. J'ai travaillé sur le Site-22, dans les Bermudes. Le meilleur travail que j'ai jamais eu. (Rire) La Fondation était très différente alors.
Dir Vesterland : Parlez-moi de ce qui est arrivé à la Fondation.
Dr Scott : (Marque une pause) Le Site-13 était très cher à entretenir et il y avait quelques… difficultés financières. En 1994, un extrémiste marxiste ukrainien a fait exploser une bombe dans les fondations de la Tour des Finances de Manchester5 à Chicago. Un incendie s’est déclaré dans les sous-sols du bâtiment et finalement la tour a cédé à la base et s’est effondrée sur le côté. Des milliers de personnes sont mortes. Le gouvernement des États-Unis était furieux après la Fondation après avoir découvert que l’extrémiste en question avait utilisé une anomalie pour entrer dans les sous-sols et passer la sécurité. Les États-Unis ont estimé qu’ils gaspillaient les milliards de dollars qu’ils versaient à la Fondation. Après les élections de 1996, le Président Dole a décidé de couper les vivres aux Sites de la Fondation se trouvant aux États-Unis. Tous les financements disponibles furent utilisés pour garder ces sites à flots, mais avec le poids du Site-13… la situation était désastreuse.
Dir Vesterland : Et alors que s’est-il passé ?
Dr Scott : Un compromis. Un ancien membre du personnel de Dole nommé Paul Manafort et nommé Secrétaire Général de la Coalition Mondiale Occulte est venu nous trouver avec une solution. Regrouper nos ressources avec celles de la Coalition et unir nos efforts pour protéger la normalité sous son autorité. Nous pouvions garder notre nom et nos Sites, mais les directeurs seraient nommés par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Nous allions de nouveau recevoir des fonds de la part des États-Unis, ainsi que ceux générés par les Nations Unies et pouvoir ainsi garder la tête hors de l’eau.
Dir Vesterland : Mais…
Dr Scott : Mais le Commandement O5 a refusé. Ils se sont repliés dans leur Centre de Surveillance et ont refusé de plier le genou. Puis, quelques années plus tard, un Site de Portland dans l’Oregon s’est effondré à cause des bâtiments qui tombaient en ruines et une créature que nous avions appelé la Baleine Onirique est apparue flottant au-dessus de la côte californienne. C’était le tout début d’internet, mais ça n’a pas arrêté les caméras et… ce fut un désastre. Le Commandement O5 a mobilisé toutes nos forces d’intervention dans la zone, mais nous n’avions même pas assez d’argent pour les amnésiques. Dans un jour elle arriverait au-dessus de San Francisco et alors ça serait la fin de tout. (Marque une pause) Puis nous avons reçu un courriel nous annonçant que le Commandement O5 avait été dissout et que la Fondation se trouvait à présent sous le contrôle de la CMO. Le Secrétaire Général Manafort et le Conseil de Sécurité ont établi une nouvelle liste des directeurs la nuit même et avant que le soleil se lève, la Baleine Onirique avait été reconfinée et tous les dégâts réparés.
Dir Vesterland : Personne n’a protesté face au changement de direction ?
Dr Scott : Pourquoi l’aurions-nous fait ? Nous avions soudain de l’argent. Nous n’avions soudain plus besoin de nous résoudre à choisir entre prendre des notes au dos de notre main ou ne plus en prendre du tout. Le Secrétaire Général Manafort a installé un nouvel Administrateur de la Fondation, le Vice-Président Jack Kemp, mais il n’était rien de plus qu’un homme de paille. De nouveaux directeurs ont été nommés, la plupart d’entre eux venaient de nos propres Sites, donc… ça avait l’air correct, en toute honnêteté. Nous avons finalement pu remplir pleinement notre mission. Nous avions de la technologie, nous avions du personnel, c’était merveilleux. (Marque une pause) Puis nous avons commencé à entendre parler des personnes réassignées. Des anomalies expédiées hors-site et dont on n’entendait plus parler. Vous commenciez à entendre les gens dire des choses du genre “oh, untel et untel ont eu des ennuis récemment, ils vont être envoyés au Site-13.” Je croyais que tout ça n’était que des racontars, puis j’ai été réassigné en 2003.
Dir Vesterland : Comment c’était ?
Dr Scott : Froid. Le Site-13 était immense et les lumières restaient allumées en continu, mais les bâtiments étaient toujours froids. Ils travaillaient toujours sur le site, de plus en plus de construction souterraine, et ils laissaient continuellement les portes de sortie ouvertes. Au début ça n’était pas trop mal. J’ai pu continuer mes recherches et j’avais plus de ressources que jamais. Les études spatio-temporelles, vous savez. Le directeur était alors Elias Shaw, l’un des anciens docteurs de la vieille époque. Très charismatique. Le personnel l’adorait. Il portait un médaillon, une sorte d’anomalie qui le rendait immortel. Aussi longtemps qu’il le portait, il ne vieillissait pas. Bref, tout alla bien pendant quelques années. Puis un jour, un autre docteur tout aussi populaire fut retrouvé morte dans son bureau. Cynthia Light. On nous a raconté que Shaw fantasmait sur elle, mais que lorsqu’il a découvert qu’elle était avec un autre homme il l’a assassinée dans un accès de passion. Shaw fut sommairement arrêté et Elliott Emerson fut nommé directeur du Site-13. Il…
Dir Vesterland : Qu’est-ce qu’il y a ?
Dr Scott : Emerson était un des membres de l’équipe de recherche de Shaw lorsqu’il était assigné au Site-15. Il n’était pas très populaire en tant que docteur, mais c’était un bon administrateur et il a permis de garder à flots d’importants projets lors de la crise financière. Il figurait sur la petite liste de personnes appelées à devenir le nouveau directeur du Site-13 après la réorganisation, mais c’est Shaw qui a eu le poste à sa place. Certains disent qu’il avait pris cela comme un affront. Beaucoup de gens ont dit que Shaw avait été victime d’un coup-monté de sa part. Je crois que Manafort n’aimait pas les sentiments anti-Coalition de Shaw, qu’il l’a présenté comme une sorte d’anomalie dangereuse qui devait être confinée et qu’il a ensuite nommé Emerson à sa place parce que personne n’irait se plaindre de lui. Il avait une attitude très médiatrice. Mais ça n’a pas duré longtemps. Elliott a fini par faire… de terribles choses, mais je crois sincèrement que c’était uniquement parce que Manafort le lui demandait.
Dir Vesterland : Quel genre de terribles choses ?
Dr Scott : Je n’ai pas vu grand-chose avant plusieurs années, mais… nous entendions toujours parler de ces choses qui arrivaient dans les profondeurs du Site. Ils construisaient de nouvelles cellules de confinement et de nouveaux bâtiments de recherche. Puis ils ont construit l’incinérateur. À l’origine il avait été conçu pour disposer du corps de ce monstre marin découvert jadis, mais ils ont commencé à l’utiliser pour… n’importe quoi. Au début ils faisaient des tests invasifs sur des animaux anormaux. Puis sur des humains. Puis les vivisections ont commencé. Le Comité d’Éthique a essayé de les en empêcher mais ils ont été supprimés. Ils ont traîné le vieux président, Jeremiah Cimmerian, hors du réfectoire du Site-17 et lui ont tiré une balle dans la tête pour trahison. Peter Grenwald est devenu le nouveau président du Comité d’Éthique de la Fondation/CMO et bien sûr tous les nouveaux tests ont été approuvés. Je ne sais pas ce qu’ils expérimentaient, mais… si vous étiez anormal et que vous n’étiez pas censé l’être, vous finissiez dans la fosse commune. Nous continuions d’entendre “c’est pour les plus grand bien, c’est pour la protection de l’humanité”, qu’est-ce que nous étions supposés faire ? Protester et finir comme Cimmerian ? (Marque une pause) Peut-être pour quelqu’un de plus courageux, mais je savais que mon travail était bon, donc j’ai continué à baisser la tête et à travailler. Et puis… enfin, (rire) ça sonne bizarre maintenant. En 2010 nous avons confiné Dieu. Pas n’importe quel dieu, non. Le Dieu abrahamique. L’authentique dieu de l’apocalypse, du tonnerre et de la foudre, Y-H-W-H. Je ne sais pas comment ils ont réussi ; une technologie développée par la Coalition je parie. Et ça n’était que le premier. Ils ont rempli le Site-13 jusqu’à ras-bord avec tout ce sur quoi ils pouvaient mettre la main.
Dir Vesterland : (Marque une pause) Eh bien. Ça fait… beaucoup. Je suppose que la seule autre question qui me vient immédiatement à l’esprit c’est… qu’est-il arrivé au Site-13?
Dr Scott : Vera Hadley. Docteur en Médecine Interne dans un site en Italie. Pendant quelques années elle a été la biologiste en chef du site. Le Conseil de sécurité l'a nommée directrice adjointe de la Biologie Anormale en même temps que ma promotion au même poste pour les Études Temporelles. Elle et Elliott s’étaient mis… ensemble… et elle s'opposait catégoriquement à tout ce qu'il nous faisait faire. Elliott est resté la queue entre ses jambes, mais pas Manafort. Après seulement trois mois, il l’a démise de ses fonctions et l’a rétrogradée à un poste de chercheur junior. Une nuit, après avoir organisé une sorte de manifestation, des gardes sont arrivés et… bon… ils l'ont déshabillée et fouillée pour une histoire de contrebande en plein milieu du couloir principal. Ceci fait, ils l'ont presque battue à mort et l'ont laissée là. Avec quelques autres médecins on l’a emmenée au centre médical et elle s'est rétablie, mais elle ne s’est jamais tout à fait remise. Quelque chose en elle était s’était brisé ou avait été remplacé par autre chose. Elle avait préparé quelque chose, établi une sorte de plan. Elle m'a envoyé un courriel à ce sujet la veille de sa mise en œuvre, mais je n’y ai prêté aucune attention. Quand c'est arrivé et quand… cette chose a attaqué le site, Emerson est venu et m'a prié d'allumer la Batteuse. C'était censé être un dernier effort pour protéger le monde, une technologie totalement inédite qui était tout aussi susceptible de consumer le monde que de le sauver. Toute son existence était fondée sur une vaste blague que j'avais peut-être prise trop aux sérieux à l'époque. Enfin bref. J'ai refusé, je lui ai dit que le risque était trop grand, que même si cela fonctionnait, nous ne faisions que créer un problème pour un autre monde, mais… il était inconsolable. Il m'a dit que rester et faire face au Secrétaire Général serait un sort pire que la mort. Il a braqué une arme sur moi et a exigé que je le fasse. Je me suis enfui. Je suis allé rassembler mon équipe dans l’espoir que nous pourrions nous échapper, mais avant même que nous puissions quitter notre laboratoire c’est arrivé. (Marque une pause) C'est…
Dir Vesterland : Est-ce que ça va ?
Dr Scott : Oui. La Batteuse était une machine compliquée. Je suppose que je devrais m’estimer chanceux que nous ayons survécu, mais… nous avons très bien pu rester dans cet espace étrange entre les mondes pendant un millier d’années. Lorsque nous nous sommes réveillés, nous étions toujours au Site-13, mais les cellules étaient ouvertes et les détenus étaient en liberté. Si vous n’étiez descendu pour nous chercher nous serions morts. (Marque une pause) J'en suis certain.
Dir Vesterland : Savez-vous où est passé le Site-13 ?
Dr Scott : Il n'y a aucun moyen de le prédire. Il y a des chances que ça soit un endroit identique à celui-ci, mais ce ne sera peut-être pas le cas. Cela pourrait être n'importe quel monde étrange et inconnu. (Marque une pause) Vous connaissiez quelqu'un qui est resté à l'intérieur.
Dir Vesterland : Oui.
Dr Scott : Tout comme moi. Nous n'étions pas les seuls survivants, même si nous n'étions pas nombreux. Ils… et bien. Ils n'ont pas réussi aussi bien que nous. C'est une tragédie, mais il n’y a plus rien à faire maintenant. (Marque une pause) J'espère seulement… peut-être… J'espère qu'après tout cela, Emerson aura trouvé un peu de paix. C’était vraiment un grand docteur et c’était mon ami.
Dir Vesterland : Je… bien sûr. Merci pour votre temps Dr Scott. Nous en reparlerons bientôt.
[FIN DE L’ENREGISTREMENT]