-
Crédits
Titre : SCP-165-FR - L'abominable primate des Alpes
Auteur : Oreobanane
Date : 27 mai 2022
Objet no : SCP-165-FR
Niveau de menace : Orange ●
Classe : Euclide
Procédures de Confinement Spéciales : SCP-165-FR est confiné dans l’antenne valaisane du Site Mayim, dans une cellule dotée de rochers, d’un mur d’escalade et de cordes pour l’enrichissement et une meilleure compréhension de l’anomalie, et d’un étang régulièrement alimenté de poissons vivants. La cellule doit être surveillée par des caméras et par deux gardes. La température à l’intérieur ne doit pas dépasser les 15 degrés. Dans le cas où la température dépasse les 15 degrés, l’entité doit être transportée dans une chambre froide, sous la surveillance des médecins du site. L’entité ayant peur du feu, il est déconseillé de fumer ou de cuisiner au gaz devant elle.
Avant d’entrer dans la cellule, pour nettoyage ou pour tests, le personnel doit neutraliser l’entité avec des armes étourdissantes. Du matériel de dessin, de peinture et de maquillage sont autorisés dans la cellule. Après les tests, le personnel entré dans la cellule doit vérifier s’ils ont encore toutes leurs affaires dans leurs poches. Dans le cas d’une brèche de confinement, des gardes équipés d’armes paralysantes et/ou étourdissantes doivent être envoyés pour pouvoir arrêter efficacement l’entité. Regarder au plafond est fortement conseillé par tout le personnel du site pour pouvoir éviter des attaques soudaines.
Lorsqu’il ne rompt pas son confinement, SCP-165-FR est régulièrement vu en train d’escalader les murs de sa cellule. Bien que le plafond ait été renforcé, cela est considéré comme un comportement normal. Deux fois par jour, du poisson cru (deux ou trois en fonction de leur taille) sont introduits dans la cellule afin de permettre à l’entité de se nourrir. Dans le cas de décès de Classe D, les cadavres peuvent être fournis à l’entité.
Lors des tests, la présence d’un psychologue, le docteur Selina Maudruz, et du vétérinaire du site, le docteur Floriane Darbellay, est requise afin de comprendre les expressions et gestes de l’entité. Le personnel assigné à SCP-165-FR doit savoir parler allemand ou utiliser un traducteur.
Description : SCP-165-FR est un humanoïde présentant une pilosité abondante et un prognathisme marqué. La largeur du bassin et la présence de mamelles indique une appartenance au sexe féminin. L'anomalie a des cheveux blancs, des yeux noirs, et mesure un mètre 56 pour un poids de 42 kilos au moment de la rédaction du rapport (30 kilos lors de sa capture). L’entité présente des membres anormalement longs et musclés, bien que plutôt minces, qui lui permettent de grimper sur tous types de parois, même les plus lisses. Ses griffes sont très aiguisées et lui servent à trouer les murs pour y créer des prises auxquelles s’accrocher pour grimper.
L’entité présente une brûlure sur la moitié droite du visage, qu’elle cache sous ses cheveux ou du maquillage. Il semble que cette brûlure ait provoqué des blessures oculaires, son œil droit étant aveugle. Il est aussi à noter que l’entité a trois doigts manquants (deux à la main droite, un à la main gauche). Au moment de sa récupération, elle portait un uniforme de secouriste en montagne. Le corps d’un sauveteur de la station de ski de Zermatt (Haut-Valais) a été retrouvé nu et à moitié dévoré quelques jours plus tard.
SCP-165-FR ne comprend aucune forme de langage humain et s’exprime par gestes, dessins et sifflements similaires à ceux des chats.
Mise à jour : Le capitaine Planieri a découvert fortuitement que l’entité comprend approximativement l’allemand, même si elle a des difficultés à le parler et déforme les mots. Elle sait dire des mots relatifs à la nourriture, ainsi que “bonjour” et “au revoir”, qu’elle prononce “Gutag” (Guten Tag) et “Auviderse” (Auf Wiedersehen). Lui apprendre l’allemand et ensuite le français a été proposé par le docteur Selina Maudruz et la requête est en attente d’approbation de la part du Comité d’Éthique et du docteur Parmelin.
Le régime alimentaire de SCP-165-FR se compose de souris, oiseaux et animaux sauvages qu’il trouve en montagne, avec une prédilection particulière pour le poisson, qu’elle attrape à mains nues dans l’étang de sa cellule lorsque le personnel du site Mayim ne lui en fournit pas. Ceci est considéré comme normal et faisait apparemment déjà partie du régime alimentaire de l’entité avant son confinement. Cependant, elle n’hésite pas à manger de la chair humaine lorsqu’elle en a l’occasion : lors de son confinement initial dans la Zone 33 et pendant une brèche de confinement, SCP-165-FR a tué et mangé un membre du personnel de Classe-D. Cela s’est de nouveau vérifié lorsque les docteurs Maudruz et Darbellay ont essayé de lui donner des cadavres de Classe D. Ce type de nourriture a ensuite été interdit par le Comité d’Éthique pour des raisons éthiques basées sur le respect des corps humains. SCP-165-FR ne semble pas comprendre les réactions négatives du personnel à le voir manger des cadavres humains.
SCP-165-FR n’est pas sociable ni coopératif envers le personnel et refuse la plupart du temps le contact physique si ce n’est pas pour manger. En cas de contact physique non désiré et prolongé, SCP-165-FR s’éloigne et dans certains cas, il fuit en grimpant aux murs. Dans les cas les plus extrêmes, il lui arrive de manger la personne avec laquelle il est en contact. Une intervention des gardes avec des fléchettes hypodermiques remplies d’anesthésiant est nécessaire si l’entité de ne se calme pas d’elle-même. En dehors de ces événements, l’anomalie fait preuve d’une intelligence entre l’humain et le singe. Elle observe le personnel durant les tests, ou les rondes des gardes, et a réussi durant ses nombreuses brèches de confinement à voler beaucoup de choses sans se faire remarquer. Ci-joint une liste non exhaustive du matériel dérobé :
- Plusieurs outils aux techniciens (repris)
- Brosse à cheveux et maquillage au docteur Maudruz (a pu les garder)
- Poisson dans les cuisines (jamais retrouvés, le personnel suppose que l’entité les a mangés)
- Des skis à la FIM-X (retrouvés cassés dans la cellule et assemblés en une sculpture)
- Les lunettes de soleil du docteur Darbellay (reprises)
Après avoir volé du maquillage et une brosse à cheveux au docteur Maudruz, SCP-165-FR a été vu plusieurs fois se peignant les cheveux et utilisant les fards à paupières et les rouges à lèvres volés pour se peindre le visage et les mains, avec une préférence pour le bleu, le vert et le violet. L’entité se regarde dans l’eau pour ce faire, ce qui indique qu’elle réussit le test du miroir et qu’elle est donc consciente d'elle-même. Elle se maquille en particulier la partie brûlée du visage, essayant d’imiter la façon du docteur Darbellay de se maquiller.
SCP-165-FR sait où se trouve certaines caméras du site et en se déplaçant accrochée au plafond, elle peut accéder à certaines des parties de la structure, sans pouvoir les ouvrir toutes, car elle ne dispose pas de badges et lorsqu’elle en vole, elle ne sait pas comment s’en servir.
Au vu de son caractère non coopératif, SCP-165-FR s’approche peu du personnel ou tente d’attaquer s’il se sent menacé ou que le personnel continue ses tentatives d’approche. Cependant, elle semble avoir confiance en les docteurs Maudruz et Darbellay et accepte d’approcher lorsque du poisson lui a été donné au préalable.
SCP-165-FR supporte mal les températures élevées et a plusieurs fois perdu connaissance lorsque la température dépassait les 20 degrés. L’entité a également peur du feu et des liquides bouillants. Le docteur Darbellay suppose que cela est dû à la brûlure que l’entité a au visage.
SCP-165-FR a été observé plusieurs fois chassant des humains lors des brèches de confinement. Il grimpe au plafond et s’y accroche avec ses griffes acérées, attend qu’un membre du personnel arrive et se laisse tomber du plafond sur lui, l’attrape et le mord au cou avec ses dents très pointues, lui perforant la carotide avant de le manger. Il a été remarqué que l’entité n’a pas assez de force pour emporter les cadavres dans cellule et les consomme sur place. L’entité mange aussi les os, en suçant l’intérieur grâce à une langue anormalement longue pour un humanoïde. La rapidité à laquelle elle dévore un cadavre varie entre ██ et ███ minutes. Il est à noter qu’après avoir mangé un être humain, SCP-165-FR refuse de manger pendant environ deux jours, probablement pour pouvoir digérer totalement sa proie.
Découverte : SCP-165-FR a été découvert en décembre 2017 à la frontière entre le Haut-Valais (Suisse) et la Vallée d’Aoste (Italie) après la découverte de plusieurs cadavres nus et à moitié dévorés de skieurs et d’un sauveteur en montagne portés disparus. Des témoins disaient avoir vu “un genre de démon avec des membres disproportionnés”. Le site Mayim a mené une opération conjointe avec la FIM-X Consequentia Glacialis pour capturer SCP-165-FR. L’entité a attaqué et fait quatre victimes avant d’être capturée et confinée au site Mayim. L’opération a été camouflée en attaque d’ours. Pour plus de détails, voir les addenda suivants.
22 décembre 2017 : Il ne s’est encore rien passé aujourd’hui. Rien de bien compliqué à faire ces derniers jours. La routine habituelle, comme dirait le perroquet dans l’un des dessins animés Astérix. Peut-être que j’aurai un Noël calme et tranquille.
23 décembre 2017 : Ahahahah, en fait je me suis trompée. On m’a rappelée. Les gardes du site et une FIM italienne dont j’ai zappé le nom ont capturé une anomalie qui traînait à la frontière. Un humanoïde avec la gueule ravagée, qui marche bizarrement et s’exprime en feulant. Ils la considèrent comme un animal non humain, car elle a un comportement animal. Et comme je suis comportementaliste, qui ont-ils appelé ? Selina, bien sûr ! Génial ! Je dois aller bosser pour Noël, je pourrai même pas profiter d’Amandine et Samuel.
Au moins je sais ce qu’ils feront : ils vont regarder leur dessin animé pourri avec les géants qui veulent attaquer cette ville bizarre qui contient les derniers représentants de l’humanité.
Du coup j’ai rejoint Floriane Darbellay devant l’entité. Elle (l’entité, pas Floriane), s’est accrochée au plafond, on ne sait comment. Comme si elle était pendue par les pieds. Et elle me regardait intensément, c’était déstabilisant. Cependant, je peux la regarder dans les yeux sans l’énerver, contrairement aux gorilles, qui se seraient déjà jetés sur les parois de la cellule pour se battre avec moi.
Floriane et moi avons envie d’essayer quelque chose. Le directeur Parmelin dit que l’anomalie a un comportement similaire à celui d’un singe, je dois le vérifier.
Alors que l’entité dormait, Floriane a envoyé deux Classe-D faire des examens médicaux et lui coller une gommette sur le front. Elle ne s’est pas réveillée. Les deux Classe-D sont à l’infirmerie pour voir s’ils ont des séquelles physiques du contact avec l’entité, mais rien pour le moment. J’attends son réveil, j’attends de voir un truc.
L’entité s’est réveillée pendant la nuit et a eu un comportement étrange. Elle est allée se regarder dans la vitre puis s’est gratté vigoureusement le front pour décoller la gommette.
Ça veut dire une chose : elle est consciente d’elle-même. Elle sait qu’elle existe. Elle sait que c’est elle dans le miroir, c’est stupéfiant, vraiment stupéfiant, nous devons continuer les tests.
29 décembre 2017 : J’ai fait un signe de la main, comme si je saluais l’entité. Contrairement aux autres jours, elle s’est laissée tomber du plafond et s’est approchée en marchant d’une façon bizarre, comme si elle était gênée par ses membres beaucoup trop longs. Elle est venue me voir et m’a fixée intensément. Je lui ai souri et elle a levé une main comme pour me saluer. Le contact visuel rapproché m’a encore plus déstabilisée, nous n’étions séparées que par une paroi de verre. L’entité a approché son visage et a feulé lentement. Doucement. J’ai entendu son feulement à travers la vitre. Je ne la comprenais pas, c’était comme parler à un chien ou comme un chat qui miaule pour avoir des croquettes : tu lui parles mais tu sais qu’il ne te comprend pas et tu ne comprends pas ce que dit ton chat. Mais c’était un moment hors du temps. Elle suivait mes mouvements, elle m’imitait, elle reproduisait mes gestes, se déplaçait lorsque je me déplaçais… Et elle feulait. Toujours avec la même intonation. En continu. Je ne sais pas ce que ça veut dire. On dirait qu’elle veut communiquer. Je suis sûre qu’elle a déjà vu des humains, bien avant les membres de la FIM italienne qui l’a capturée. Elle a peut-être parlé avec eux ?
Malheureusement, le contact n’a pas duré. J’ai essayé de feuler et l’entité s’est enfuie. Elle est allée se planquer après ce qui m’a semblé une éternité alors que ça n’a duré qu’une minute, qui m’a laissée aussi perplexe qu’émue.
30 décembre 2017 : Je suis vraiment dégoûtée de ne pas pouvoir passer la journée avec Amandine et Samuel. Eux aussi, mais je sais qu’ils ne vont pas s’ennuyer : leur dessin animé les attend. Peut-être qu’à la fin, les géants détruiront la ville et extermineront enfin l’humanité. Ça serait pas plus mal.
J’ai rejoint Floriane au deuxième étage. Parmelin nous a appelées. Quand on est entrées dans son bureau, il était avec une femme que je ne connaissais pas. Une grande brune d’une quarantaine d’années, athlétique et tout, avec un accent très bizarre, même pour une suisse allemande. Parmelin nous l’a présentée comme étant Hannah Planieri, capitaine de la FIM italienne Consequentia Glacialis et dit qu’elle est suisse elle aussi. Donc suisse italienne. Ou romanche ? Je sais pas, Planieri ça me semble italien.
Mais Hannah c’est allemand ?
Je sais pas.
Bref, la mixité culturelle suisse.
Le capitaine Planieri était au site Mayim depuis quelques jours parce que c’est sa FIM qui a récupéré l’anomalie, et que surtout, elle semble connaître le sauveteur de Zermatt que SCP-165-FR a mangé avant de lui prendre son uniforme. Elle a voulu voir de quoi il en découlait vraiment.
Personnes impliquées: Docteurs Floriane Darbellay et Selina Maudruz, Capitaine Hannah Planieri.
Avant-propos : Les docteurs Maudruz et Darbellay se sont retrouvées devant la cellule de l’entité, qui semble cachée derrière les rochers. Le capitaine Planieri arrive peu après. A l’arrivée de cette dernière, qui ne comprend pas le français, la discussion se déroule en anglais.
Dr Darbellay : Bonjour, Hannah. On peut vous appeler Hannah ?
Cpt. Planieri: Oui oui, pas de problème.
Dr Maudruz : Vous êtes revenue voir notre anomalie.
Cpt Planieri : Ouais. Elle a quelque chose de fascinant, et actuellement, à part l’entraînement, on n’a pas de missions, je peux laisser mes lieutenants gérer leurs équipes de façon autonome et venir visiter mes compatriotes romands.
Dr Maudruz : Vous êtes suisse ?
Cpt Planieri : Oui, vous savez, de ce pauvre canton rempli de ploucs et qui a une langue bizarre.
Dr Maudruz : Ah oui, je connais : le Valais.
Dr Darbellay : (souriant) Elle va se calmer, la genevoise pétée de fric.
(Le docteur Maudruz éclate de rire)
Dr Maudruz : Vous voyez, Hannah, le meilleur moyen d’énerver Floriane, c’est de lui parler des clichés sur son canton natal.
Cpt. Planieri : Vous savez, j’ai l’habitude d’être prise pour un plouc : je viens des Grisons. Là bas on parle un sabir moitié italien, moitié allemand et on essaie de le sauver alors qu’on est moins d’un pourcent de la population à le parler.
(Le capitaine Planieri étudie les parois de la cellule)
Cpt Planieri : Vous êtes sûres que tout ira bien et qu’on ne risque rien ? J’ai pas hyper envie de me retrouver de nouveau face à ça…
Dr Darbellay : Si vous parlez des murs de sa cellule, pas de souci à se faire. SCP-165-FR est maligne mais n’a pas assez de force pour casser les parois. Des contrôles d’herméticité sont réalisés tous les jours.
(Un bruit de raclement sur les roches se fait entendre. Quelques secondes plus tard, SCP-165-FR arrive avec un os dans la main. Elle observe les docteurs Maudruz et Darbellay. Il à noter que le capitaine Planieri tente de se mettre hors de la vue de l’entité)
Dr Maudruz : Bonjour. Comment vas-tu ?
(SCP-165-FR siffle et commence à manger son os)
Dr Maudruz : Je ne suis pas venue toute seule. Tu connais déjà Floriane Darbellay, tu l’as vue plusieurs fois.
Dr Darbellay : Bonjour. Je suis contente de te voir.
(SCP-165-FR fait un signe de la main au docteur Darbellay)
SCP-165-FR : Bellay
Dr Darbellay : Mais elle parle ?
Dr Maudruz : C’est la première fois que je l’entends parler, je l’avoue. Je crois que maintenant, tu vas t’appeler Bellay.
Dr Darbellay : Génial…
(SCP-165-FR montre du doigt le docteur Maudruz)
Dr Maudruz : Moi c’est Selina Maudruz.
SCP-165-FR : Lina.
Dr Maudruz : Si tu veux. Et toi, comment tu t’appelles ?
(SCP-165-FR prend son os et le mange, sans répondre)
Dr Darbellay : Elle doit se sentir bien, si elle mange, ça veut dire que ça va, qu’elle n’a pas peur de nous. Tu sais ce qu’elle fait de l’os, après ?
Dr Maudruz : Je l’ai déjà vue casser des os pour faire des sculptures, construire des trucs, les jeter dans l’eau pour attirer des poissons…
(Le docteur Maudruz remarque le capitaine Planieri, qui s’est mise hors de la vue de l’entité)
Dr Maudruz : Hannah, ça va ?
Cpt Planieri : Ça va, ça va.
Dr Darbellay : Vous ne voulez pas vous approcher ?
(Le capitaine Planieri s’avance avec une réticence ostensible. SCP-165-FR tape sur la paroi en feulant avec rage et s’enfuit, et le capitaine Planieri tremble)
Dr Darbellay : Houlà !
Dr Maudruz : Elle a eu peur, elle ne s’attendait pas à voir Hannah. Laissons-la se cacher si elle le veut, on verra si elle revient si on commence à parler d’un peu de tout et de rien.
Dr Darbellay : Bonne idée, comme ça elle verra qu’elle ne risque rien.
Dr Maudruz : Exactement. Pour le moment, elle semble incapable de comprendre et de tenir une discussion, elle ne comprendra pas de quoi on parle.
(Le docteur Maudruz et le docteur Darbellay commencent à parler d’une affaire politique ayant récemment défrayé la chronique en Suisse romande. Le capitaine Planieri réapparaît)
Dr Darbellay : Tout va bien, Hannah ?
Cpt Planieri : Cette chose me dégoûte…
Dr Maudruz :Pourquoi ?
Cpt Planieri : J’ai jamais été hyper objective dans la vie, c’est un de mes plus grands défauts. Très subjective et très colérique, surtout. Vous savez, avant d’être recrutée, j’étais sauveteuse en montagne à Saint-Moritz. Et le secouriste de Zermatt que l’entité a tué et mangé, c’était un ami et collègue à moi. Autant vous dire que si un jour je me retrouve face à cette chose pendant une brèche de confinement et que j’ai une arme, ça risque de pas bien finir.
(SCP-165-FR réapparaît et fixe le capitaine Planieri)
SCP-165-FR : Ana.
(SCP-165-FR grimpe au plafond, dans une zone dans laquelle elle échappe à la vue des docteurs et du capitaine)
Cpt. Planieri: Comment elle sait comment je m’appelle ?
Personnel impliqué : Capitaine Hannah Planieri et agent Lorenzo Platini, FIM-X Consequentia Glacialis)
Avant-propos : Cette conversation a été enregistrée dans la salle de pause de la Zone-33, quartier général de la FIM-X, l’après-midi suivant le retour du capitaine Planieri.
Agt Platini : Bonjour, capitaine… Euh.. y a le lieutenant Grange qui… qui me dit de vous demander… Comment c’était, le Valais ?
Cpt Planieri : C’était moins bien que les Grisons, mais pour l’énerver, vous lui direz que c’était quand même mieux que le Val d’Aoste.
Agt Platini : D’accord…
(moment de silence)
Cpt Planieri : Détendez vous, agent Platini, je vais pas vous bouffer. Au contraire, entre compatriotes on se soutient.
Agt Platini : Je suis allé plusieurs fois dans les Grisons. Mais ça ne vaut pas le Tessin.
Cpt Planieri : (riant) On est pas mal chauvins, nous les Suisses, quand même.
(L’agent Platini hoche la tête)
Agt Platini : On a des raisons, capitaine. Et donc, votre escapade chez les romands ?
Cpt Planieri : Je me suis fait des copines. Et j’ai revu l’entité mangeuse de skieurs.
Agt Platini : Je croyais qu’elle vous faisait peur. Vous n’avez pas caché votre dégoût quand on l’a capturée. Vous vous teniez le plus loin possible.
Cpt Planieri : Elle me fait peur. Vous connaissez les Sennentuntschi ?
Agt Platini : De loin, ouais. Des poupées de paille qui tuent des fermiers et les écorchent pour… (frisson) On me l’a racontée j’avais neuf ans, j’en ai vingt cinq, ça me terrifie encore.
Cpt Planieri : Cette abomination me fait penser à une Sennentuntschi, de par ce qu’elle est capable de faire.
(L’agent Platini fait une grimace)
Cpt Planieri : C’est une légende très connue dans les Grisons. Ça m’a moi aussi fait trembler quand j’étais plus jeune. Maintenant, ça va mieux, mais quand on est enfant…
Agt Platini : Vous allez me prendre pour un imbécile et vous auriez raison, mais vous pensez que cette anomalie pourrait être… ça ?
Cpt Planieri : Oh mein Gott non, quelle horreur !
Agt Platini : On a aussi une légende d’une créature mangeuse d’hommes, dans le Tessin. Évidemment, on ne l’a jamais attrapée, et comme sa dernière mention remonte à 1700 quelque chose, on n’a pas de photos. Seulement des dessins. Que j’ai jamais vus, d’ailleurs.
(L’agent Platini termine son café)
Agt Platini : Ma mère est professeure d’histoire à l’université de Lugano, l’un de ses étudiants fait une thèse sur les créatures du folklore suisse dans la littérature, un truc du genre. Je pourrai lui demander si cette personne a des dessins de cette créature, comme ça vous pourrez comparer.
Cpt Planieri : Je préfère encore que ce soit ce que vous décrivez, imaginez que ce soit une putain de poupée de paille qui soit l’explication de toutes ces disparitions dans ma fa-
(Le capitaine ne finit pas sa phrase. L’agent Platini n’essaie pas d’aller plus loin)
Cpt Planieri : Je déteste les poupées.
Interrogateurs : Docteur Floriane Darbellay
Interrogé : Capitaine Hannah Planieri
Avant-propos : Le capitaine Planieri a été retrouvée en train de hurler en allemand contre SCP-165-FR, après être entrée au site Mayim sans prévenir. L’entité tapait contre les parois de sa cellule, griffant les murs. L’entité a été temporairement endormie à l’aide de fléchettes hypodermiques et le capitaine a été emmenée dans un bureau hors de la vue de l’entité.
Dr Darbellay : Qu’est-ce qu’il vous est arrivé, Hannah ?
Cpt Planieri : Je sais pas. Je me souviens pas, j’étais bourrée.
Dr Darbellay : On vous a fait souffler dans le ballon, vous n’étiez pas sous le coup de substances.
Cpt Planieri : Ah.
Dr Darbellay : Vous sembliez furieuse, comme si vous vouliez éliminer SCP-165-FR. Qu’est ce qu’il s’était passé ?
Cpt Planieri : J’ai discuté de l’entité avec un des mes agents, qui vient de Bellinzone. On a découvert, enfin, on s’est rappelés d’une légende sur une créature qui mange des touristes, des skieurs, des marcheurs, dans les cantons du Sud de la Suisse. Grisons, Tessin, Valais, ça dépend des époques. La dernière mention remonte vers 1750 autour de Zermatt. Et vous aurez noté que Zermatt est la ville autour de laquelle a été tué le sauveteur et où on a capturé l’entité, qui pêchait dans la Vispa à ce moment-là.
Dr Darbellay : La rivière qui passe à côté de Zermatt dans le Haut-Valais, oui.
Cpt Planieri : Exact. Vous êtes du Haut-Valais ?
Dr Darbellay : Non, je suis de Sembrancher, dans le Bas-Valais. Et je ne connais pas cette légende.
Cpt Planieri : Normal : à part dans le Tessin et les Grisons, l’entité n’a jamais été vue ailleurs que dans le Haut Valais.
(Le capitaine Planieri ferme les yeux et soupire)
Cpt Planieri : Vous savez parler haut-valaisan, Floriane ?
Dr Darbellay : Non. Je sais juste que ça ressemble à de l’allemand. Vous parlez allemand, Hannah ?
Cpt Planieri : Ouais, même très bien. Mon père et mon compagnon sont suisses allemands.
Dr Darbellay : On vous a entendue hurler en allemand à SCP-165-FR, qui avait l’air de vous comprendre et qui vous a même répondu. Je ne comprends pas l’allemand, qu’est-ce que vous lui avez dit et qu’est-ce qu’elle vous a dit ?
Cpt Planieri : Je lui ai demandé de combien de disparitions elle était responsable. Mais elle n’a pas répondu. Ensuite, j’ai voulu savoir si elle avait déjà traîné à Saint-Moritz. Oui, elle y a déjà traîné.
Dr Darbellay : Donc l’entité parle allemand.
Cpt Planieri : Ouais, même si c’est pas de l’allemand comme je l’ai appris moi.
Dr Darbellay : C’était du dialecte haut-valaisan.
Cpt Planieri : Ouais.
Dr Darbellay : (criant) Et pourquoi vous ne nous avez pas dit plus tôt que vous la compreniez ?
Cpt Planieri : Parce que j’ai jamais parlé allemand devant elle avant ! Pendant son transfert on a parlé italien, vous croyez quoi ? Que mes agents comprennent l’allemand ?
Dr Darbellay : Alors pourquoi là vous avez parlé allemand ?
Cpt Planieri : (criant) Parce que ma langue maternelle c’est l’allemand ! Comme 76 % des habitants des Grisons ! C’était spontané, c’est tout, j’ai pas à me justifier !
Dr Darbellay : Je ne vous demande pas de vous justifier.
Le docteur Darbellay respire profondément)
Dr Darbellay : Reprenons calmement. Donc, vous avez demandé à l’entité si elle était déjà allée à Saint-Moritz. Une raison à cette question ?
Cpt Planieri : Je suis née là-bas. Il y a beaucoup de stations de ski dans les Grisons, et mes parents en dirigeaient une. C’est l’une de mes sœurs qui l’a reprise. J’y ai travaillé avant d’être recrutée. J’étais secouriste en montagne, vous le savez. Et des disparus autour de cette station et autour de Saint-Moritz, il y en a eu plein depuis la dernière mention de l’entité en 1750. Même dans ma famille. Longtemps, j’ai eu peur que ça arrive à mes parents ou à mes sœurs. Alors quand j’ai vu cette entité, que j’ai parlé avec mon agent, que j’ai vu les dessins que des gens ont fait de cette anomalie, vous pensez qu’il s’est passé quoi, dans ma tête ?
Dr Darbellay : Vous avez voulu savoir si SCP-165-FR était responsable de ces disparitions.
Cpt Planieri : Voilà. Mais bien sûr elle n’a pas répondu. Si ça se trouve, elle n’a même pas compté, si ça se trouve elle ne sait même pas compter ! Elle s’en fout.
Dr Darbellay : Question subsidiaire : Vous avez peur de cette entité ?
(Le capitaine Planieri hoche la tête)
Cpt Planieri : Imaginez si j’étais devenue directrice de la station familiale ? Ou si j’étais restée secouriste ? J’aurais pu me faire bouffer par cette anomalie. Comme mon collègue de Zermatt.
Dr Darbellay : Alors pourquoi être venue ici ?
Cpt Planieri : Pour trouver des réponses à mes questions. Pour élucider des mystères qui sont restés irrésolus pendant trop de temps. Mais je n’ai pas trouvé toutes les réponses.
Le problème de la Suisse, c’est que nous ne sommes pas unis. Un suisse allemand ne comprendra jamais un suisse italien, français ou romanche. Et nous ne nous apprécierons jamais. Je m’entends bien avec Selina, je pourrais m’entendre avec Hannah, mais je n’ai jamais réussi à comprendre et apprécier les chercheurs des sites allemands en Suisse. C’est culturel et ces différences nous font passer à côté de tellement de choses que nous pourrions comprendre et mieux appréhender si nous discutions avec les autres et si nous réussissions à aller au-delà des différences culturelles. Si nous avions su parler ce dialecte, si Selina et moi avions su parler le haut-valaisan, si nous nous étions renseignées sur les autres cantons au lieu de nous restreindre aux nôtres comme des chauvines, tout aurait été plus simple. Putain, pourquoi j’ai pas appris l’histoire de mon propre canton plus tôt !