Objet no : SCP-1006-RU
Classe : Sûr
Procédures de Confinement Spéciales : L'objet doit être entreposé dans un site de stockage et conservé à l'intérieur d'un conteneur fabriqué avec des plaques de tôle. L'état du confinement doit être vérifié au moins une fois par mois, comme indiqué dans les procédures habituelles.
Description : L'objet est une cabine téléphonique fabriquée pendant la période de l'Union Soviétique, vers 196█. La façade extérieure de la cabine présente des traces de rouille, et une partie des vitres est absente. À l'heure actuelle, SCP-1006-RU est dans l'incapacité mécanique d'accomplir les tâches pour lesquelles il est destiné.
L'objet a attiré l'attention de la Fondation après la diffusion de rumeurs douteuses au sein de la population de la ville de ███████, dans le canton de Volgograd en Russie. Elles relataient les "miraculeuses" capacités d'une cabine téléphonique, située dans un des parcs de la ville. Un interrogatoire approfondi a été mené avec les individus ayant été en contact avec les effets de l'objet. Il s'est avéré qu'après avoir parlé dans le récepteur du téléphone de leurs problèmes et de leurs échecs, les individus ont remarqué que ces problèmes étaient résolus par eux-mêmes et que leur perception générale de la vie était également positivement améliorée.
Après la récupération de l'objet et des recherches approfondies, il a pu être découvert que ces rumeurs étaient justifiées. Lorsqu'il est activé, SCP-1006-RU émet une lueur pulsée dans les gammes infrarouges. Les sujets se trouvant à l'intérieur éprouvent alors une légère sensation d'euphorie, marquée par une augmentation du niveau d'endorphine en raison d'un effet anormal de l'objet sur la glande pituitaire. Dans le même temps est également observé une augmentation de la pression sanguine provoquée par la contraction des vaisseaux sanguins, ce qui est lié à la production de l'hormone de la vasopressine.
L'influence de la cabine téléphonique sur la résolution des problèmes exprimés par le sujet n'a pas pu être déterminée avec certitude, mais à en juger par les faits indirects, il est probable que l'objet redistribue des facteurs sociaux subjectifs ou des "avantages", en particulier ceux apportant le "bonheur", en faveur du sujet. Vous trouverez ci-dessous des extraits de la transcription de la discussion sur cette question.
— Il est supposé que la cabine étend ses effets non seulement sur le sujet mais aussi sur des individus n'ayant jamais été en contact avec elle.
— À quoi associez-vous cela ?
— Je ne peux l'affirmer objectivement, mais parmi les informations que nous avons en notre possession, le fait suivant nous a fortement intrigué : dans une discussion informelle, certains des sujets affectés nous racontaient que des effets de "malchance" soudains frappaient des individus tout à fait heureux dans leur entourage.
— Donc c'est comme dans l'expression "Lorsque point de bonheur, le malheur peut aider"1 ?
— C'est une remarque assez pertinente, mais laissez-moi continuer. On peux également noter le fait qu'après une vérification plus approfondie des informations, nous avons constaté que ces individus sont généralement des parents, des amis ou même des connaissances qui entretiennent des contacts réguliers avec le sujet. Il y a également une coïncidence certaine, selon la nature des plaintes exprimées sur le sort.
— Une coïncidence ? J'aimerais que vous développiez à ce sujet.
— Par exemple, un sujet se plaint de son travail, de son manque de perspectives, de conflits avec ses supérieurs, etc. Quelque temps après avoir été en contact avec la cabine téléphonique, un de ses collègues constate que c'est lui qui commence à rencontrer des problèmes similaires, alors que les choses commencent à s'améliorer pour le sujet lui-même. Et ces parallèles peuvent être suffisamment étayés, ce qui, bien qu'indirectement, confirme nos conclusions.
— Mais, attendez, dans quel sens dites-vous cela ? Si chaque coïncidence imaginaire est tirée par les cheveux, alors vous pouvez construire des réacteurs atomiques basés sur l'horoscope ou le feng shui.
— Je comprends votre scepticisme, cher collègue. Pour un scientifique, une telle base de preuves est pour le moins farfelue. Mais je ne serais pas aussi catégorique au sujet de la recherche sur de tels objets. Si vous me le permettez, je voudrais vous expliquer certaines de mes considérations à ce sujet.
[DONNÉES SUPPRIMÉES]
— Ce n'est un secret pour personne que les ressources sont limitées, et que la lutte pour les obtenir est l'un des stimulants importants pour le développement de tout système évolutif. Ces ressources sont sans aucun doute des biens matériels, mais avec l'émergence et le développement d'une société civilisée, les gens ont besoin d'autres catégories de valeurs en plus de la sensation de suffisance et de la sécurité pour se sentir à l'aise. Mais qu'en est-il si le bonheur est aussi une ressource limitée, définissant à bien des égards le caractère des relations sociales ? Après tout, que nous le voulions ou non, ce sont ces relations, y compris la concurrence naturelle, qui déterminent dans quelle mesure nous pouvons nous considérer comme heureux, prospères, etc. Et c'est pour cette raison que nous lions notre condition aux réalités sociales qui nous entourent ou, si vous voulez, au reste du troupeau.
— Donc, en comparant ces deux notions, vous arrivez à la conclusion que le bonheur, aussi idiot que soit le stéréotype social, se divise comme dans le problème scolaire avec quatre bonbons et deux enfants ? D'un point de vue arithmétique trivial, tout est clair, mais nous parlons d'un bonheur qui ne peut être divisé de manière égale et qui représente un concept absolu. En conséquence, il s'avère que les meilleurs qui s'affirment prennent tout, laissant au plus faible un sentiment de dignité blessée. Et cette anomalie, assez curieusement, aide même les perdants à contourner les lois de la "justice évolutive" et donne l'occasion au moins de lécher ces sucreries sacrées, de sentir le doux goût de la victoire sur la langue, pour ainsi dire, de prendre et de redistribuer les bénéfices. C'est drôle, mais d'une certaine manière, cela ressemble… eh bien, vous comprenez… au marxisme-léninisme, et la cabine est tout droit tirée de notre passé soviétique…
— Vous savez, à la lumière du fait que durant l'URSS, à une certaine époque, la science était perçue dans le contexte de la lutte contre les classes sociales et pour la redistribution des pouvoirs et des richesses, je ne serais pas surpris d'apprendre que nous n'avons pas seulement affaire à une anomalie, mais plutôt à une des technologies inconnues du "prolétariat".
[DONNÉES SUPPRIMÉES]