Réminiscence

L'apparence d'une situation ne révèle jamais sa vraie nature. Il ne savait pas d'où il tenait cette leçon, mais ce jeune étudiant approchant la trentaine la savait vraie. Rentrant dans son 25 m² à 20 heures après un job éprouvant dans un petit restaurant, les pieds traînant derrière lui, écrasé sous la fatigue, il gravissait lentement ce qui lui semblaient être des milliers de marches menant à la porte de son logement.

« Putain d'ascenseur en panne » lança-t-il en donnant mollement un coup dans la porte en métal. Il sorti doucement ses clés, et entra dans l'appartement. Il déposa négligemment son manteau sur une chaise à l'entrée et se jeta, exténué, sur son canapé noir en cuir synthétique. Il pensa pendant un moment à la vie de merde qu'il avait, et réfléchissait à ce à quoi celle-ci aurait pu ressembler s'il avait prit un tout autre chemin. Quel imbécile, pourquoi avoir fait des études de commerce si sa passion était la chimie ? « Pression familiale… » supposa-t-il dans sa tête.

Après avoir passé une heure à somnoler tout en contemplant l'espace vide que formait le sol de son salon, où chaque chose était rangée à sa place, qu'il avait lui même entretenu mais qui lui paraissait pourtant si peu familier, il s'assit péniblement sur son canapé, puis alluma sa vieille télé à tube cathodique, une antiquité qu'un ami lui avait refilé pour moins de trente euros. Il changea de chaîne jusqu'à tomber sur les informations. Guerres, délits, faits divers, que de choses déprimantes pour une vie déjà morne et monotone.

- « Un reportage passionnant. Tout de suite la météo avec Eve Lyndéliah et votre téléfilm, c'était Octavio Gém- »

- Ta gueule.

Il éteignit sèchement cette vieille télé, las d'entendre encore les mêmes choses chaque jour. Il se souvenait de la fois où son ami Pierre lui avait refourgué cette télé. « Ça te dit qu'on aille se boire un coup un de ces quatre ? J'connais un bar super sympa, en plus c'est pas loin de chez toi » lui avait-il dit, sans donner trop plus de détails. « Pourquoi pas ouais… ». Il fut sorti de ses pensées par une voix familière provenant du couloir de son appartement lugubre :

- Eh bah alors, t'aime plus mes blagues ?

Un homme de taille moyenne au crâne rasé et au bouc, portant des lunettes noires carrées passa l'encadrure. C'était Jeremy, son colocataire, ils se connaissaient depuis leur première année en licence de commerce.

- Je parlais à la télé.

- Je savais bien que t'avais de la rancune pour les machines frigides qui font du bruit.

- Ferme-la deux minutes.

Lui rétorqua sèchement le jeune homme affalé sur le canapé. Jeremy s'assit sur un pouf rouge en face de lui :

- Eh bah alors ? Bruxelles, la Belgique, me dit pas que t'aime pas ça ! C'est même toi qu'a eu l'idée de venir ici.

- Peut-être, mais c'est pas la question. J'ai un boulot de merde, toi t'en a pas, on doit survivre, sinon on peut crever la gueule ouverte.

- Oh, mais c'est qu'un petit coup de déprime, ça passera ! Tu sais c'qu'il t'faudrait ? Une bonne soirée entre potes. On va dans un bar tous les deux à se remémorer le bon vieux temps et puis on rencontrera p'tet' des gens !

Son collègue, peu convaincu soupira avant de s'asseoir convenablement dans le canapé sombre. Celui-ci fixa le sol blanc pendant quelques secondes avant de déclarer :

- On m'a parlé d'un endroit qui avait pas l'air trop mal, un super grand pub pas très loin d'ici, en plus ils sont même ouvert ce soir. On a qu'à aller là bas.

- Eh bah c'est parti ! Comment il s'appelle ton pub ?

- Le M79.

* * * * *

Je suis désolé, mais après réflexion, ce ne sera pas possible, au revoir monsieur.
L'homme avait raccroché. Cela faisait 2 mois qu'Hugo était entré dans cette école de commerce de la région Centre, et 2 mois qu'il cherchait à s'en extirper, et à s'en aller loin, depuis le mois d'octobre 2016.

Il rêvait d'aller vivre en Belgique, bien qu'il ignorait pourquoi. Seulement, pas un seul propriétaire ne voulait lui louer. Peu importe le dossier qu'il soumettait, ils se rétractaient au dernier moment, il finissait par devenir paranoïaque, pensant que le sort s'acharnait sur lui. Il continuait alors son quotidien morose à passer des heures en cours à ne pas écouter ce qu'un prof emmerdant avait à lui raconter sur l'inflation économique, et à dessiner pour passer le temps des statues de pierre ou des créatures abominables dignes d'un univers lovecraftien. La seule chose qui le faisait sourire, c'était ce mec qui était souvent assis à côté de lui, il s’appelait Jeremy.

Jeremy…

Lui et Hugo s'étaient liés d'amitié, ils avaient passé le plus clair de leur temps à s'amuser ensemble, car ni l'un ni l'autre n'avait envie d'être là où ils étaient. Jeremy était commun, il avait une philosophie de vie assez simpliste et malsaine : « T'embête pas, fout rien, le système s'occupe de tout ». Une philosophie de vie qu'Hugo n'arrivait pas à saisir, mais ils s'entendaient bien de toute façon. Un jour, lors d'un cours de sciences sociales où leur enseignant parlait de sujets qui ne semblaient complexes qu'à eux deux, Hugo ordonna à Jeremy de le rejoindre derrière le bâtiment après l'heure de cours.

Ils se retrouvèrent tous les deux derrière la façade mal nettoyée sur une pelouse peu entretenue et parsemée de détritus. Hugo expliqua longuement à son ami ses problèmes à trouver un appartement à louer à Bruxelles, et il voulait à tout prix s'échapper de cette prison scolaire insondable. Ils décidèrent donc de coopérer afin de quitter cet endroit maudit pour toujours, où 8 heures par jour ils étaient condamnés au supplice de l'ennui.

Ils prirent une colocation clandestine à Bruxelles où Hugo couvrait 75% du loyer. Il avait trouvé un travail temporaire le temps de remplir son compte en banque avant de trouver autre chose de mieux à faire. Le plan était parfait et sans traces.

* * * * *

Les deux amis arrivèrent à l'entrée du M79, il était déjà tard ; ils venaient de manger à une brasserie située à deux pas avant de partir pour le pub. La façade bien entretenue cachait en son sein une ambiance chaleureuse. Malgré la popularité du pub, celui-ci était presque vide ce jour-ci, vers 23h. Emmitouflés dans leurs gros manteaux et écharpes couvrant leurs visages, ils entrèrent dans la bâtisse où ils furent accueillis avec joie par un balafré qui nettoyait des choppes vides au comptoir.

- Installez-vous ! Alors qu'est-ce que je vous sers ?

Jeremy prit de l'avance :

- Une bière, la meilleure que vous ayez !

- Une bonne bière, c'est noté ! Et vous ?

Hugo tourna doucement les yeux pour lire rapidement la carte des boissons. Il en choisit une au hasard, qui semblait originale :

- De… Euhm, de l'hydromel s'il vous plaît.

- Et une pinte d'hydromel, c'est parti !

Le balafré prépara les boissons rapidement puis reparti en cuisine, laissant les clients se mettre à leur aise. Jeremy et Hugo retirèrent leur déguisement d'hiver avant de goûter leur boisson respective. Hugo n'était pas un grand amateur d'alcool, il n'avait pas réellement l'habitude de boire, malgré cela, il trouvait l'hydromel à son goût.


Grym était bien content. Lui et Nerem avaient terminé une journée éprouvante, avec de nombreux clients, et ils avaient empoché de grosses sommes, lui semblait-il. Après avoir servi ce qui semblaient être les deux derniers clients du jour, il se retira en cuisine pour terminer quelques affaires, et y croisa Neremsa qui se reposait là. Il dit alors :

- Eh beh ! Elle était pas de tout repos cette journée !

- Tu m'étonnes !

- Si y'avait pas eu la p'tite rousse au bar c't'aprèm', j'aurais pas eu le courage, eheheh !

Tous deux lâchèrent un rire sarcastique et grivois. Grym reprit :

- Bon, repose toi là, j'vais m'occuper des clients. Il en reste pas énormément, alors on va pouvoir fermer en avance pour aller se reposer.

- Ouais, bonne idée. Répondit Neremsa en ouvrant une canette de bière qu'il commença à boire à grandes gorgées.

Grym sorti de la cuisine, puis s'assit au bar, sans faire attention aux derniers clients de la soirée. Puis, n'ayant guère mieux à faire, il décida d'aller discuter avec deux d'entre eux, assis près de lui. Il se tourna vers eux, aperçu le crâne chauve de Jeremy, puis, sa vision se bloqua sur le visage d'Hugo. Il le reconnu, le jeunot à la mémoire qui flanche, il était là, assis au bar en train de discuter avec un inconnu, une pinte d'hydromel à la main. Le Dr. Topignac…
« Si peu de temps après Benji, ça peut pas être une coïncidence, y'a un truc à tenter ! » s'écria-t-il intérieurement.

Grym s'avança vers les deux amis tout en essayant, difficilement, de contenir un rictus d'excitation et de satisfaction.

- Alors, vous habitez à Bruxelles ? Dit-il, s'adressant aux deux compères.

- Ouaip, on y habite depuis quelques mois maintenant. Répondit Hugo, naturellement.

- Ah, vous êtes pas de la région ?

- Nan, on vient du Centre nous.

Après un silence et une gorgée d'hydromel, Hugo demanda :

- Dites moi, elle vient d'où cette balafre ?

- Oh ça ? Rien de bien fascinant à raconter.

- Allez ! On veut savoir ! Insista Jeremy.

- Bon, ok, je vous raconte. En fait, avant de venir travailler dans ce pub, j'étais un scientifique, et je travaillais pour une organisation internationale secrète. Je suis même immortel, et cette cicatrice est le résultat de plusieurs expériences sur moi-même.

Hugo avait la tête rivée sur le comptoir après avoir entendu l'histoire du barman. Il releva les yeux puis le fixa, et prit un ton dramatique :

- Je sais reconnaître un menteur, mais vous, monsieur, je sais que vous ne mentez pas.

Grym fut déstabilisé une fraction de seconde : Hugo avait il retrouvé ses souvenirs ? Avant même qu'il n'eût le temps de formuler une pensée, le jeune homme éclata de rire à la suite de sa phrase. Grym et Jeremy le rejoignirent dans un fou rire commun. Grym repartit ensuite en direction de la cuisine.

Pendant que le balafré s'approchait de la porte de la cuisine, Hugo confessa à son ami :

- Wow, pendant un instant j'ai eu l'impression de connaître ce mec.

- Ah ouais ?

- Ouais, il me rappelle un peu ces rêves bizarres que je fais depuis un moment.

- Du genre quoi ? Vas y, raconte en un !

Hugo s’exécuta aussitôt, sondant les tréfonds de sa mémoire.

- Je me souviens plus trop… Y avait des mecs en blouse… Et puis aussi le gars à la télé, tu sais, celui qui présente le 20 heures et-

Il se stoppa net. Jeremy demanda alors :

- Wow, ça va mec ? T'es tout pâle.

Hugo venait de se souvenir d'une scène effroyable. Il voyait un homme barbu tirer avec un lance-grenades sur le barman. Celui-ci eu la tête démolie, avant que celle-ci ne se reconstitue et qu'il s'exclame en riant « Oh, t'as pas d'humour Nerem ! ». Cette vision lui glaça le sang tant il était persuadée qu'elle était issue de sa mémoire, et pourtant, il n'avait jamais vu le barman auparavant, cela ne pouvait pas venir d'autre part. Il y réfléchit quelques secondes de plus, quand soudain, d'autres souvenirs aussi abominables lui revinrent.

- Nan…

- Euh, ok, on rentre ? T'as pas l'air bien, viens tu vas te reposer.

- Nan…

- Tu veux rester ? C'est comme tu veux, mais bon moi j'te conseille de te poser…

- Un truc comme ça… C'est pas humain !

Hugo était horrifié, le visage toujours rivé vers le comptoir, les yeux écarquillés.


Grym entra dans la cuisine. Le belge venait tout juste de terminer sa bière, qu'il jeta dans la grande poubelle du pub. Celui-ci se leva, et avança en direction de la porte :

- Bon, je vais aller un peu m'occuper du bar.

Grym, voyant que son plan allait rater par la faute du barbu, chercha frénétiquement quelque chose à faire, sans que cela ne paraisse suspect. Malheureusement c'était déjà trop tard : Neremsa ouvrit la porte et vit Topignac, assis au bar, une pinte à la main. Il comprit tout de suite les intentions du balafré, et prétexta d'avoir oublié quelque chose dans pour ramener discrètement Grym dans la cuisine. Il ferma la porte avant de crier assez fort pour intimider Grym, mais assez peu pour se faire entendre à travers la porte :

- Qu'est-ce que tu comptais faire ?!

- Moi ? Mais rien ! Répondit Grym l'air un peu déstabilisé.

- Fous toi de ma gueule ! D'abord Benji puis maintenant Topignac… Tu bouge pas d'ici, toi ! Je reviens. Si je te vois en dehors de cette foutue cuisine c'est un coup de lance-grenades.

Avant même que Grym n'ait pu répondre, le barbu était déjà parti. Il s'approcha du bar central avant de crier :

- Mesdames et messieurs, veuillez finir vos choppes, le pub s'apprête à fermer !

Hugo, toujours sous le choc, leva les yeux vers le belge avant de demander :

- Ou sinon quoi ? Vous allez nous tuer à coup de lance-grenades ?

- Écoutez monsieur, il serait mieux que vous rentriez chez vous. Répondit Neremsa.

Il s'adressa ensuite à Jeremy :

- Monsieur, veuillez ramener votre ami chez lui.

- Aucun problème monsieur.

Il se tourna vers Hugo :

- Allez, viens, on s'en va.

Les clients étaient, quant à eux, en train de quitter la salle.
Grym, lui, écoutait à travers la porte de la cuisine et sentait que quelque chose se passait, il ouvrit discrètement celle-ci et observa la scène. Neremsa réitéra sa demande :

- Monsieur, veuillez partir.

Jeremy insista :

- Allez, on se casse !

Hugo, toujours sous le choc, se leva de sa chaise, toujours sa pinte à la main et déclara :

- Je dois vérifier quelque chose.

Aussitôt, il éclata le bout de sa choppe contre le comptoir, et bondit en direction de Grym. Neremsa n'eût pas le temps de le rattraper, qu'Hugo était déjà à quelques mètres de Grym et s'apprêtait à l'entailler. Celui-ci esquiva l'assaut sur le côté, et avant même de pouvoir réagir, le jeune homme le plaqua à terre et lui entailla sévèrement le bras. Il se releva, constatant la plaie se refermer. Jeremy, toujours près du bar à regarder la scène, était déstabilisé. Hugo déclara :

- Alors c'était donc vrai…

Une vague de souvenirs revinrent alors à Hugo, comme des flashes lumineux de son esprit. Neremsa lâcha alors un « Oh putain… » qui se fit à peine entendre. Grym se releva de son assaut, Hugo, toujours sous le choc avait les yeux rivés au sol.
Le balafré parti calmement fermer la porte du bar, et s'apprêtait à tout ranger pendant que Neremsa gérait la situation. Ce dernier, après avoir calmé Hugo, réunit alors les deux amis au bar, et leur dit calmement :

- Écoutez, vous ne devez parler de ce que vous avez vu ce soir à qui que ce soit et sous aucun prétexte, votre vie en dépend.

Cette ultime phrase, mit un terme à la réminiscence du Dr. Topignac : la table rase venait enfin de reprendre sa forme initiale. Le jeune chimiste leva alors les yeux en direction du belge et du balafré avant de déclarer :

- Grym, Nerem… Ça fait du bien de vous revoir.


D'un commun accord, Grym avait complètement fermé le bar et avait rejoint Neremsa, Hugo et Jeremy, une choppe de bière à la main. Il s'assit près d'eux, et Nerem s'empressa de demander des explications au Dr. Topignac.

- Bon écoutez les gars, lors de la procédure de réinsertion, j'ai longuement hésité, mais j'étais pris au piège, alors j'ai truqué les amnésiques.

Sur cette déclaration, Nerem se leva en frappant du poing sur le bar.

- Tu as fais quoi ?!

- J'ai réussi à passer les contrôles, à falsifier les documents, contre toute attente le plan s'est déroulé comme prévu. J'ai failli croire qu'ils m'avaient choppé et qu'ils allaient m'exécuter par injection létale, mais j'ai eu de la chance.

- Donc t'es en train de nous dire qu'il y a des ex-membres de la Fondation qui vont bientôt récupérer leur mémoire ? Reprit Grym.

- Exactement.

- Oh putain.

Nerem s'écarta du groupe, dépité, avant de revenir à la charge :

- Mais t'es sérieux ? T'imagine les fuites que ça peut entraîner ? T'imagine les conséquences que ça peut avoir ?

- J'avais plus rien à perdre, je refuse de trahir mes collègues.

- Et la Fondation dans tout ça ?

- La Fondation j'en ai plus rien à foutre ! Ils ont manipulé des centaines de personnes qui lui ont été fidèles pendant des années et je peux pas tolérer ça.

- Et donc t'as décidé de briser le règlement sans penser aux conséquences.

- La pire conséquence que ça aurait pu m'apporter c'était la mort, alors j'avais plus rien à perdre. Et puis, après tout, les règles ne sont elles pas faites pour être brisées ?

Cette façon de penser déplaisait au plus haut point à Neremsa, mais ce qui était fait était fait, aucun retour en arrière n'était possible.

De son côté, Jeremy écoutait la conversation avec intérêt et ne revenait pas lui même de ce qu'il venait d'entendre. Cette histoire farfelue d'organisation secrète, des amnésiques, un balafré immortel, il ne pouvait pas y croire. Pendant l'échange houleux entre le chimiste et le belge, il s'approcha discrètement de Grym et lui chuchota :

- Et donc euh… Vous êtes vraiment immortel ?

- Vas y, prend ça et tente, dit Grym en tendant un couteau pointu à Jeremy.

- Euh, je suis pas sûr que…

- Roh… Laisse moi faire.

Grym arracha le couteau des mains de Jeremy et se le planta dans la trachée, la plaie se referma aussitôt autour du couteau, et le mutilé reprit d'une voix atténuée par le peu d'air qui pouvait passer :

- Tu vois, c'est pas si compliqué.

Il retira le couteau, et la seconde plaie se referma.

- Mais c'est génial ! S'écria Jeremy, toujours en silence.

- Et encore, t'as pas vu le rayon pâtisserie ! Plaisanta Grym.

Jeremy venait enfin de trouver sa raison de vivre, il savait ce qu'il voulait faire de sa vie maintenant : rejoindre la Fondation SCP, et devenir un défenseur de l'humanité. Tel était son but ultime.

Soudainement, pendant leur discussion, une voix robotique retentit :

- Topy ?

L'intéressé tourna la tête, et à sa droite, il vit un vieux segway. Certaines parties étaient rouillées, les protections de plastique du guidon étaient déchirées, la coque protégeant l'électronique sous l'emplacement des pieds avait été retirée. Au niveau du guidon se trouvait une tablette bas de gamme grossièrement scotchée affichant un visage en 3D de piètre qualité, et une voix digne des pires chiptunes sortait des petites enceintes de l'appareil. Une boite de plastique noir était vissée approximativement sous la tablette, des fils de couleurs diverses en dépassaient. Le chimiste fouilla ses pensées afin de comprendre ce que cela signifiait quand il eût une illumination. Il répondit alors, ému :

- Benji ?

L'androïde devenu un segway s'approcha alors d'Hugo :

- Ça fait tellement longtemps, comment je… pourq…

Il n'arrivait pas à trouver les mots. Hugo plaisanta :

- Pas un peu dépaysé de ton ancien corps ?

Benji s'approcha alors encore plus du jeune chercheur et le frappa d'un coup de guidon.

- En tout cas, t'as toujours aussi peu d'humour ! S'exclama ce dernier en se tenant le coude qui venait d'être heurté.

Jeremy, de son côté, observait la scène, à la fois intrigué, fasciné et un peu déboussolé.
« Un immortel, et maintenant un segway qui a l'air conscient… » pensa-t-il. Grym, Benji et Hugo éclatèrent tous de rire, puis Hugo et Neremsa reprirent leur discussion houleuse.
Le groupe continua à discuter des tenants et des aboutissants de la décision d'Hugo pendant un moment :

- Nerem ! J'avais pas d'autre choix, c'est t-

Avant même qu'Hugo ne termine sa phrase, une explosion se fit soudainement entendre à l'entrée, projetant des débris dans toute la salle.

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