Introduction
Comme expliqué dans l'essai Comprendre la mémétique du Dr Johannes Sorts :
La mémétique concerne le transfert de l'information, spécifiquement de l'information culturelle dans la société.
Pour pousser cette définition, on peut comprendre la mémétique comme l'étude des mèmes au sens large, et les mèmes comme l'ensemble des informations interprétables par le cerveau humain après avoir été perçues par son corps dans son environnement. Les agents mémétiques quant à eux sont des paquets d'informations conçus artificiellement pour avoir un certain effet après avoir été reçus et traités par le corps humain.
Les agents mémétiques sont très appréciés au sein de la Fondation SCP pour leurs qualités inhérentes : la particularité du mémétique face aux autres méthodes de transmission étant sa nature abstraite, il n'est possible de se prémunir de ses effets qu'en empêchant l'information concernée (ici, l'agent mémétique proprement dit) d'atteindre notre cerveau. Il suffit dès lors par exemple de le mêler à une autre information pour apposer un filtrage de sécurité sur un document en ne permettant pas d'accéder à une donnée sans absorber l'autre, ou le diffuser d'une manière pratiquement inévitable et/ou imprévisible pour atteindre une ou plusieurs cibles de façon très efficace.
Les capacités d'influence physique de certains agents mémétiques sont inconnues de la science subvélaire1 et considérées comme appartenant à un domaine de recherche actif dans la science métavélaire2 ; à ce titre, les informations contenues dans ce document sont le produit de recherches internes de la Fondation SCP et d'échanges de connaissances encadrés par divers accords de collaboration inter-organisationnels et doivent être gardées confidentielles. Le terme "mémétique" y est librement utilisé pour qualifier l'ensemble des notions publiques et exclusives au Département des Mémétiques.
L'accès à ce document est restreint au personnel de Niveau 3 et supérieur. Le personnel de Niveau 4 peut adresser au Département d'Ingénierie Mémétique une requête pour thérapie de suppression des filigranes de sécurité inclus dans ce document, qui sera traitée au cas par cas par sa direction. Les protections de base du personnel de Niveau 5 incluent déjà l'immunité à l'ensemble de ces filigranes.
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Activité des mémétiques sur le corps humain
Par définition, un mémétique n'agit pas comme une substance ou un rayonnement concret ; ses effets sur le corps humain se produisent de par son traitement par le cerveau durant lequel il se voit attribuer une signification, que ce soit après ou pendant le processus. Les agents découverts, étudiés ou conçus par le Département des Mémétiques regroupent donc plusieurs catégories d'agents aux très nombreuses variations et modulations qui sont capables de causer chez leur récepteur des réactions variées de nature physique normale ou anormale.
Résistance aux agents mémétiques
Une résistance aux mémétiques est possible par l'évitement de leur contenu ou de leur traitement exact par le sujet récepteur ; si un sujet reçoit ou comprend de façon incomplète un input mémétique, les conditions de son fonctionnement ne sont pas réunies et les effets en sont minimisés ou purement annulés, selon la nature de la structure mémétique concernée. Cette possibilité de résistance permet la quasi-totalité des applications pratiques de la mémétique par la Fondation en garantissant l'existence d'un état d'immunité inductible et généralement annulable à volonté par des procédés raisonnablement simples et peu coûteux pour peu que la technologie en soit assez bien connue.
Création artificielle d'une résistance
Ces résistances peuvent être innées dans le cas d'altérations normales ou anormales de l'organisme à la naissance, mais également acquises de façon involontaire (par un accident modifiant la disposition de l'organisme dans sa réception de l'information ou dans le fonctionnement des systèmes concernés par un mémétique donné, ou par l'exposition à une anomalie possédant des effets similaires) ou volontaire dans le cas des procédures internes d'immunité. Les membres du personnel se voient accorder des inoculations de protection aux 5 agents fondamentaux en fonction de leur Niveau d'accréditation, modifiant la zone de leur cerveau concernée pour empêcher son affectation par ceux-ci. Tous les agents mémétiques utilisés en interne pour la sécurité des documents sont conçus pour atteindre des zones cérébrales dont l'altération volontaire sans inoculation est impossible sans tuer le sujet et dont l'altération accidentelle est impossible. L'existence d'anomalies permettant potentiellement de les contourner fait l'objet de vérifications régulières pour mise à jour immédiate du standard et une collaboration étroite est maintenue entre le Département des Mémétiques et l'Administration de la Sécurité des Informations et Archives à ce sujet.
Examen de résistance
La capacité de résistance d'un sujet à un panel de modèles d'agents mémétiques connus est estimable par un test standardisé émis et mis à jour annuellement par le Département des Mémétiques produisant en sortie un score de résistance indicatif de la résilience moyenne du sujet aux mémétiques auxquels il pourrait risquer d'être exposé lors de son service au sein de la Fondation. Le Score de Résistance aux Mémétiques (Scorem) ne doit pas être dissocié de la fiche exhaustive de détail des résistances possédées ou absentes et indique une valeur moyenne en tant qu'employé dans le secteur mémétique plutôt qu'une capacité à être exposé à n'importe quel effet mémétique sans subir de séquelles — de mauvaises compréhensions de ce fait ont déjà amené par le passé au décès de plusieurs membres du personnel.
Catégories principales
Agents mémétiques perturbateurs
Les agents mémétiques les plus basiques sont simplement des informations qui entraînent chez les sujets atteints des réactions propres, allant du brouillage de l'acuité à des troubles physiques concrets. La théorie de la mémétique avancée et plusieurs observations sur des anomalies confinées indiquent que l'éventail des effets de tels agents couvre de très nombreuses conséquences mais l'étude de celles qui peuvent être reçues par et affectent concrètement les êtres humains est favorisée en termes de ressources allouées au sein du Département des Mémétiques pour des raisons pratiques.
Agents mémétiques tueurs
Découverts pour la première fois chez une anomalie en 1842, les agents mémétiques tueurs sont longtemps restés du domaine du fantasme inexploitable car trop difficile à reproduire artificiellement de façon efficace et contrôlable à la fois : en effet, la première variante à remplir les conditions posées par la commission de sécurité de l'ASIA et le Comité d'Éthique exigeaient une forme neutralisable avant comme après son application définitive. Le premier prototype exploitable fut donc un agent basé sur le mouvement, développé par le Dr Isaïah Cherenkov, qui nécessitait le visionnage complet de 15 images successives affichées 0,1 seconde chacune.
Après cinq ans de recherches plus poussées et le passage d'un accord à l'amiable avec le Comité d'Éthique, un second prototype artificiel exploitable plus efficacement fut conçu, reposant sur l'utilisation des mémétiques chromatiques découverts par l'ex-chercheur du Département des Mémétiques David Langford : les agents concernés ne constituant un danger que présentés avec une certaine combinaisons de couleurs, leur forme et leur agencement pouvaient alors être élaborés dans le détail en laboratoire en omettant une couleur prédéfinie de l'ensemble pour ne l'ajouter qu'au moment désiré. En raison des propriétés des gaz parfaits en ingénierie anormale et de la coloration naturelle du brome, il fut convenu pour les premiers prototypes que la couleur dite d'adjonction serait le orange et son utilisation reste aujourd'hui par convention et tradition très récurrente dans la conception d'agents mémétiques tueurs bien que les connaissances évoluées dans le domaine permettent maintenant l'adjonction de n'importe quelle nuance du spectre normal des couleurs.
Agents mémétiques mémoriels
L'existence d'agents mémétiques affectant la mémoire est théoriquement possible mais représente un défi technique inédit ; en effet, si les réactions physiques causant la mort d'un individu sont très nombreuses et relativement simples à provoquer avec les connaissances suffisantes en ingénierie mémétique, les mécanismes de la mémoire humaine sont bien plus complexes à appréhender. Des recherches sur les agents mémétiques mémoriels ont été menées depuis 1998 dans plusieurs domaines distincts :
- Restauration de la mémoire (mnésiants) : L'usage d'agents mémétiques pour restaurer la mémoire de sujets humains semble possible dans les cas où les informations perdues sont encore présentes dans l'hippocampe, le cortex ou toute zone physiquement atteignable de leur siège de la mémoire. En raison des circonstances rares et spécifiques d'application de mnestications au sein de la Fondation, le besoin de faire recours à cette fin à des agents mémétiques plutôt qu'à des agents chimiques largement plus rapides à élaborer, sûrs à manipuler et faciles à administrer ne s'est jamais fait sentir et les recherches dans le domaine ont été suspendues.
L'utilisation d'agents mémétiques pour restaurer des souvenirs complètement disparus de la mémoire physiquement emmagasinée par un individu est quant à elle impossible par construction. - Réarrangement de la mémoire : Le réarrangement mémoriel d'un sujet en des schémas cohérents présente une complexité exceptionnelle en raison du nombre considérable de réactions et d'échanges chimiques à émuler dans le cerveau humain pour créer de toutes pièces un souvenir plausible. Les deux obstacles majeurs à l'élaboration d'agents mémétiques de réarrangement de la mémoire à ce jour sont le manque de connaissances exhaustives des déclencheurs mémétiques de chaque réaction spécifique dans les centres de la mémoire et la difficulté à élaborer un agent incluant l'ensemble des stimuli nécessaires à un séquencement de l'action de restructuration3 et traitable par le cerveau humain. Les recherches dans le domaine ont été mises en pause pour des raisons similaires à celles sur les agents mnésiants.
- Effacement de la mémoire (amnésiants) : L'élaboration d'agents mémétiques à amnestication "dure", endommageant ou détruisant les centres de la mémoire, est extrêmement simple car relevant d'un affinement de la précision d'agents déjà connus. De tels agents sont déjà disponibles à l'usage auprès du Département d'Ingénierie Mémétique en tant qu'amnésiants de Classe XA et XF. Les agents mémétiques à amnestication "douce" sont quant à eux encore en cours d'étude pour permettre l'effacement non endommageant de souvenirs de manière plus précise, les recherches se concentrant sur l'effacement de souvenirs récent puisqu'il s'agit du domaine où l'utilisation d'agents mémétiques serait le plus couramment préférable à celle d'agents physiques. Des résultats applicables sur le terrain sont espérés dans les années à venir.
Vecteurs
Indépendamment de son type, un agent mémétique peut être véhiculé de nombreuses manières différentes pour atteindre sa cible. Toutes passent ultimement par les sens humains par définition, mais des méthodes particulières ont été découvertes ou conçues à dessein et permettent des applications spécifiques.
Stimuli directs
La majorité des agents mémétiques, dans leur forme la plus pure et intuitive, se transmettent par des stimuli directs diffusés d'une manière ou d'une autre pour être perçus et traités par des sujets humains — ou dans certains cas animaux et végétaux — et produire leur effet sans modalité particulière.
Filigranes
Les filigranes sont des agents mémétiques inclus dans la trame d'un support visuel4 de façon invisible ou discrète, de manière à ce qu'il soit impossible de le consulter sans s'exposer à l'effet correspondant. Cette technique exclusive développée par le Département d'Ingénierie Mémétique pour l'usage de la Fondation repose sur une décomposition de l'agent en parties interdépendantes à travers un support visuel physique ou numérique de manière à ce que la lecture d'une partie du document suffisante à sa compréhension déclenche l'effet programmé, graduellement ou suivant un modèle logique booléen.
Depuis l'entrée en vigueur de la norme no 2016-008 du Département des Mémétiques, ce vecteur est à préférer aux agents picturaux partout où le niveau de sécurité nécessaire ne requiert pas un objet très complexe pour réduire au-delà des standards de base le risque de contournement. Dans ces dernier cas cependant, l'usage de canalyseurs d'attention est nécessaire pour assurer le visionnage de l'agent mémétique.
Poupées russes
Les mémétiques dits en "poupées russes" sont des paquets imbriqués d'information conçus pour n'exercer leur effet qu'une fois traités par leur récepteur d'une manière particulière, souvent liée à la compréhension de celle-ci. Leur activation repose sur des différences neuronales ténues entre réception et traitement efficace d'une information, rendant de tels agents mémétiques difficiles à répliquer artificiellement sans risques de faux positifs par construction. Ils sont cependant relativement communs dans la surnature, fournissant un riche échantillon d'étude en vue d'un perfectionnement des techniques actuellement maîtrisées par le Département d'Ingénierie Mémétique.