NOTE AU LECTEUR
Ce document d'introduction est distribué librement au personnel qui en fait la demande. De par sa volonté d'être accessible, il a été rédigé pour des débutants en ontophysique et n'exige pas le suivi préalable d'un cursus de physique théorique ou de philosophie métaphysique.
Chapitre 1 : Définitions et généralités
Avant d'entrer dans le dur de la formation, nous aimerions dédicacer ce cours à tous ceux et celles qui ont façonné la discipline de l'ontophysique, à partir des disciplines de la physique, de la philosophie ou dans le domaine anormal. Nous marchons dans les pas de Guillaume Leibniz, Ludwig Boltzmann, André Breton, Robert Scranton, Firmin Valbeaugris et Jacob Sertannet, mais aussi Penelope Panagiotopolous et surtout Marie-Elizabeth des Crantons, qui a réalisé la première expérience à grande échelle de manipulation ontolygésique et dont la documentation parcellaire retrouvée en Lousiane a permis l'émergence de l'ontophysique en tant qu'ascience principale de la Fondation durant le XIXe siècle.
Passons maintenant à une question introductive : qu'est-ce que la réalité ? Il existe une grande quantité de réponses à cette question qui obsède un grand nombre de philosophes depuis la Première Guerre Occulte et il serait compliqué d'y apporter une réponse ici. Pour autant, l'ontophysique tente non seulement d'y apporter une réponse, mais aussi d'expliquer comment cette dernière interagit avec ses consitutantes et évolue. Étymologiquement, ontophysique est issu du grec : ὤν signifie « ce qui est » et φυσική « science de la nature ». Il s'agit donc de la science de la nature de ce qui est, ou de manière plus moderne la science de la réalité. Elle est à distinguer de la métaphysique classique en ce sens que des phénomènes précèdent les constituantes fondamentales de la réalité et surtout que la définition même de la réalité est à même d'évoluer sous l'influence de forces qu'il est difficile de qualifier autrement qu'anormales.
Nous considérerons ici la réalité comme étant le résultat en 4 dimensions (temps compris) de l'ensemble des variables aléatoires de l'univers appliquées à celui-ci. En termes plus philosophiques, la réalité est le possible appliqué : il s'agit de la combinaison de tout ce qui était possible, est possible et sera possible qui n'a pas été éliminé par les fluctuations aléatoires de l'univers. En ce sens, ce qui est est bien « ce qui ne peut pas ne pas être », puisque la définition est également réalisée au négatif.
La notion de nul presque-partout est la seule notion de mathématique un petit peu pointue que nous utiliserons dans cette introduction. En termes vulgarisés, une fonction nulle presque-partout est nulle partout, sauf en des points négligeables qui ne changent pas le résultat final.
Il est à noter qu'ici, approche mathématique et philosophique se rejoignent pour le moment : puisque le réel est défini par une approche probabiliste, il est possible de séparer le possible mais improbable de l'impossible, le premier ayant une probabilité nulle d'arriver presque-partout tandis que le second a une probabilité nulle tout court. Conséquentiellement, ne jamais obtenir un 6 en lançant un dé à six faces pendant mille ans est quelque chose qui pourrait être dans le réel sans en briser les lois mais qui est en pratique improbable, tandis que le fait d'avoir un 7 est contradictoire avec l'univers même dans lequel se déroule l'expérience.
Mais alors, comment qualifier un joueur de dé qui, en présence de n'importe quel dé, n’atterrirait jamais sur 6 ? L'individu est clairement anormal, et ce genre d'expérience a constitué sur le plan historique l'une des premières occurrences de plieur de réalité, l'objet principal d'étude de l'ontophysique.
Éléments préliminaires : faits et idées
Pour bien comprendre ce qu'est le pliage de réalité, il faut d'abord introduire deux notions importantes : les faits et les idées. Les faits sont la catégorie de toutes les variables aléatoires dont le résultat est dans la réalité standard fixe. Par exemple, la loi de la gravité est un fait, « le père de la fille de Bruce Garrett est Bruce Garrett » est un fait, la Tour Montparnasse est un fait. Il s'agit de concepts différents des idées : la ville futuriste The Line est une idée, Jeanne d'Arc est en 2020 une idée, « je dois m'arrêter au feu rouge » est une idée.
Enfin, presque. Si l'existence de la Tour Montparnasse est un fait avéré dans une échelle de temps suffisamment restreinte, elle n'a pas toujours existé et a donc été une idée avant d'être un fait. De plus, un fâcheux accident d'avion de ligne pourrait également renvoyer la Tour Montparnasse au stade d'idée. On voit donc qu'il existe des actes, c'est-à-dire la matérialisation d'idées, qui sont à même de changer le statut d'un concept entre celui d'idée et celui de fait. La conclusion s'impose donc :
Il n'y a pas de différence fondamentale entre une idée et un fait.
Cette position se veut purement matérialiste. Si elle n'est évidemment pas dualiste et présente une vision du réel où la différence idée/fait est plutôt un spectre continu, elle pourrait être interprétée comme étant idéaliste, présupposant que les faits ne sont rien d'autres que des idées. En pratique, l'expérience nous apprend plutôt le contraire : les idées sont des faits. Elles ont une existence concrète dont l'interaction avec le réel passe avant tout par les chocs des idées contre les faits, forgeant et déformant les uns et les autres.
Cependant, il y a malgré tout une gradation et une hiérarchie dans les concepts (terme pour rassembler les idées et les faits). Si la loi de la gravité est capable d'inférer sur ma volonté de se rendre immédiatement sur Jupiter sans moyen de transport, l'inverse n'est pas possible. On dit que la gravité impose sur le vol des humains. Il est bien sûr possible de décoller grâce à une fusée, mais ce genre de phénomènes repose sur l'utilisation de la loi de l'électromagnétisme et du principe fondamental de la dynamique, qui imposent alors également sur le vol.
Pour quantifier ces échanges, courants dans notre réalité, nous utilisons une valeur appelée potentiel de volonté, exprimée en Breton (Br) selon la définition suivante :
Entre deux concepts munis d'un jeu de 52 cartes également mélangé, 1 Breton représente une différence d'espérance de 1 sur l'expérience « deviner quelle sera la prochaine carte du paquet (avec remise) »
Il serait en théorie possible de mesurer le taux de réalité de la gravité ou de l'envie de chocolat d'une personne en théorie. En pratique, sans faire appel à du pliage local, il s'agit d'un véritable défi que de mettre en place un mécanisme de mesure adapté.
Cette définition, peu pratique et très historique, est à mettre en lien avec une valeur que la plupart des lecteurs ont déjà croisée lors de leurs recherches ou interventions : le taux de réalité. Plus abstrait, ce dernier est le résultat qu'affiche un compteur de Kant lors d'un phénomène de pliage de réalité. Ce dernier est égal à la formule suivante :(1)
$\varpi$ est le symbole classique pour le potentiel de volonté et $\check{\omega}$ est la constante multiverselle des possibilités, dont la valeur est disponible dans le formulaire à la fin de ce livre.
On remarque deux choses très intéressantes : premièrement, le taux de réalité des concepts ne peut jamais atteindre zéro, ou être en dessous de zéro. Deuxièmement, si deux concepts sont équipotents, c'est-à-dire à même de s'influencer l'un l'autre de manière indistinctes, alors son taux de réalité est le taux standard de 2.
Note de l'auteur : Il est en fait possible d'avoir un taux de réalité négatif. Pour ceci, il faut (et il suffit) que le potentiel de volonté soit imaginaire ou complexe. L'étude de ces phénomènes est fascinante, mais il s'agit d'une discipline tout à faire à part et soeur de l'ontophysique : l'ontosuprémacie, l'étude des phénomènes surréels.
Cette formule n'est en pratique jamais utilisée telle quelle, mais permet aux agents de terrain et aux manufacteurs de compteurs de Kant d'effectuer un changement de référentiel de tels compteurs. En effet, considérons deux concepts A et B. Si le potentiel de volonté de A sur B est de valeur $\lambda$, le potentiel de B sur A est de $-\lambda$. On a donc la formule suivante :
(2)Donc, lorsque vous mesurez le taux de réalité d'un plieur à 100 Hm au cours d'une intervention critique, il faut se dire que pour ce dernier, les choses sont comme s'il était tout à fait normal et que vous étiez des entités à $\frac{4}{100} = 0.25 \, Hm$. Vous êtes donc littéralement, au sens de ce plieur, une idée fugace qui vient perturber son quotidien. Évidemment, dans un tel cas, tout son environnement est également une idée fugace et le Plieur se retrouve dans un état de déréalisation fort et, dans les cas extrêmes, de délire. Il s'agit évidemment de deux problématiques importantes pour les agents de terrain, mais nous sortons du cadre de ce cours.
Mesure et cas limite
Un lieu-moment est un borné de l'espace-temps, c'est-à-dire un endroit donné sur une période donnée, éventuellement en mouvement. Un humain est par exemple un lieu-moment.
Pour mesurer le niveau de réalité d'un concept (généralement un lieu-moment), il faut donc passer par une mesure, détournée ou non, de son potentiel de volonté. Durant le XXe siècle, des méthodes exotiques de mesure via la comparaison avec des dimensions de poche ont été grandement popularisées notamment dans le milieu anglo-saxon, ce qui a mené à la crise de mesure lors de la rupture des dimensions de poches1 à l'aube du XXIe siècle. Nous utilisons désormais en pratique des dispositifs uniques et souvent créés sur mesure pour une utilisation donnée, bien que tous ces appareils soient nommés compteurs de Kant. Par exemple, pour mesurer le taux de Humes d'un humanoïde, des analyses d'échantillons de fluides ou tissus sont monnaie courante. Pour analyser le taux de Humes d'un gaz, comme l'air, il est au contraire commun de procéder à un bombardement d'électrons puis à leur capture afin de mesurer les interactions du gaz avec ce corps étranger. Il est cependant à noter que cette mesure est relative et impose donc de connaître le niveau de réalité de l'appareil utilisé pour la mesure. Fort heureusement, ce dernier n'a pas besoin d'être à 2 pour que la mesure soit valide. En effet, le potentiel de volonté est une grandeur linéaire, d'où la formule suivante : (3)
Si A représente un concept "neutre", dont le potentiel de volonté est de 0 par rapport à nous et C l'objet que l'on a mesuré avec un compteur de Kant au potentiel de volonté B, il suffit de procéder à une différence. Dans la pratique, presque tous les compteurs sont équipés d'une tare directement en niveau de réalité, ce qui donne la valeur ajustée en reprenant l'équation précédente passée à l'exponentielle :
(4)Il suffit donc d'appliquer un coefficient multiplicatif simple à la mesure effectuée pour connaître le véritable taux de Humes d'un concept même lorsque le compteur a été affecté par un procédé ontolygésique.
Considérons rapidement les cas aux limites du taux de Humes : 0 et $+\infty$.
Un concept à zéro Hume n'interagit plus du tout avec aucun élément du réel, aussi idéaliste qu'il soit. Il ne peut plus perturber ni influencer son environnement d'aucune façon et disparaît très rapidement dans le fond diffus ontologique comme élément inexistant. À l'inverse, un concept dont le taux de Humes est infini devient littéralement Dieu : aucun élément du réel n'est ne serait-ce que comparable à ses désirs et sa volonté et il peut toujours tout faire sans aucune contrainte. Il est aisé pour un tel concept, s'il voulait être matériel, de produire une pierre assez grosse pour que même lui ne puisse la porter, mais il pourrait également la porter sans problème. Il serait également omniscient puisque choisissant tout ce qui existe, a existé et existera à chaque instant et possède évidemment l'ubiquité en qualité d'être, s'il le désire, proche de tout en même temps.
Cependant, comme le taux de Humes est relatif, un tel concept verrait le reste de son environnement agir comme s'il était à 0 Humes, autrement dit un dieu dans le vide total. Il se retrouverait incapable de continuer d'exister ayant transcendé le milieu dans lequel il existe. Il est à parier qu'un tel concept de ferait pas long feu et disparaît presque aussitôt dans une réalité supérieure.
En dehors de ces phénomènes extrêmes, il est intéressant de noter que de manière générale, un plieur de réalité a tendance à ramener la réalité vers son taux de Humes et à ramener son taux de Humes vers la valeur de la réalité. Le détail des formules et démonstrations de ce phénomène sont disponibles dans les chapitres suivants, mais ce phénomène est appelé homéoréalie.
La grande unité impliquée dans ce phénomène, et qui permet avec les Humes de caractériser correctement un Plieur de réalité est le Sertannet (Sr), de son découvreur Jacob Sertannet, qui mesure le niveau de Normalité. Sa définition exacte est, dans la thèse de Sertannet :
1 Sertannet est la quantité de flux ontonormalisateur présent entre deux concepts séparés de 2 Humes et placés dans un milieu imperméable au pliage de réalité qui amène le système à se stabiliser en 1 seconde.
La notion de flux ontonormalisateur est également définie dans les prochains chapitres de manière plus détaillée. Cependant, pour mieux comprendre la définition, nous allons pour le moment simplifier la notion à « un échange de taux de Humes à la hausse ou à la baisse vers un concept de la part d'un autre ». On voit que le Sertannet nécessite pour sa définition le Hume, mais aussi la seconde. Cela veut dire que dans le cadre d'un plieur de réalité qui altère la notion de temporalité, la Normalité peut s'avérer également altérée.
Éléments d'ontophysique : forces et champs
L'étude d'un Plieur de Réalité est bien plus ardue qu'il n'y paraît. Une métaphore classique, empruntée à nos proches collègues de pataphysique, est celle de Sherlock Holmes contre Conan Doyle : supposons qu'Arthur Conan Doyle soit le coupable dans une affaire que Sherlock doit résoudre. La mission est d'une complexité presque infinie, puisque Doyle en qualité d'auteur a tout loisir de réécrire les règles avec lesquelles joue Sherlock. Dans ce système, nous sommes Sherlock Holmes. Nous cherchons à comprendre l'interaction d'une entité avec les règles de notre monde sachant qu'elle a la capacité de modifier ce que sont ces règles. Pour autant, certains éléments restent suffisamment constants pour bâtir une théorie dessus, que nous développerons dans les 30 chapitres suivants.
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