Sur le radar
Un conte Ces Pins Tortueux/Solutions Fauniques Wilson
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Table of Contents
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1 : Un résumé informel de la politique de la Fondation vis-à-vis des Nexus
Les Nexus. Vous savez probablement ce que c'est. Les Nexus sont des centres de population qui semblent également attirer des quantités anormales d'activité anormale (excusez la répétition). Il est possible de distinguer quelques règles générales… les Nexus ont rarement une population supérieure à 30 000 personnes, lesdites personnes considèrent les choses étranges qui se passent comme "normales" et les anomalies semblent suivre un thème général.
Donc, quand vous avez un centre de population qui, en gros, génère des anomalies, comment interagissez-vous avec ?
Eh bien… la plupart du temps, la Fondation a adopté une tactique plutôt étrange. En raison du nombre de Nexus et la tendance de leurs habitants à considérer leur environnement comme "normal", la définition de normalité a été quelque peu remodelée. La nature des Nexus doit bien sûr être cachée au grand public, mais le petit public du Nexus doit être traité comme si sa situation était normale. Tant que leur fil Twitter ne mentionne pas qu'une nouvelle drogue mémétique à la mode est arrivée en ville ou que leur Instagram ne contient pas un selfie avec la gemme géante dans le ciel, tout va bien. La Fondation se contente de rester en étroit contact avec les gouvernements de ces Nexus et de surveiller leurs activités (ainsi que les entrées et sorties du grand public dans le périmètre concerné).
Vous pourriez donc imaginer que lorsqu'une organisation familiale débarque en plein milieu du Nexus pour s'occuper de problèmes spécifiques à ce Nexus, cela n'inquiète pas vraiment la Fondation, n'est-ce pas ? Elle ne fait pas partie du grand public, elle ne va pas s'aventurer loin de sa ville, et que sont des mesures de sécurité dans une ville anormale à part une bénédiction pour la Fondation ? Un poids en moins sur ses épaules ?
Pas grand-chose, figurez-vous. Ce n'est pas grand-chose de plus qu'une bénédiction. Et la plupart du temps, ça en reste une. Personne ne jette un œil à Censuré, Club de Chasse des Vampires de Blackboxia, à part pour vérifier de temps en temps ses progrès. Personne ne fait attention au marché des huiles super essentielles de Supprimébourg, tant qu'il ne quitte pas la ville. Et personne, évidemment personne, ne remarque un humble petit refuge animal dans une ville endormie adéquatement (ou peut-être pas tant que ça) nommée Boring1, dans l'Oregon.
Bien sûr que non.
Pour quoi faire ?
2 : Nx-17 Boring, Oregon
Nexus # : Nx-17
Désignation civile : Boring, Oregon
Population : 7 000
Classe de zone : Briar
Protocole d'interaction avec le Nexus : Le Nx-17 requiert peu de dissimulation. Les mots-clés en ligne et sur les réseaux sociaux liés au Nx-17 sont "boring oregon", "ville de boring", "animal bizarre", "randonnée bizarre" et des variations de ceux-ci (synonymes). Les robots d'indexation doivent étiqueter les articles, pages et posts qui contiennent un ou davantage de ces mots-clés. Tout élément étiqueté sera ensuite examiné par les membres du personnel du Site-64 liés au Nx-17. Il sera supprimé et le civil approché s'il est considéré comme enfreignant le maintien du voile.
La Fondation doit surveiller étroitement les élections de Boring ; le maire et le conseil municipal doivent connaître et interagir avec la Fondation sous le pseudonyme "les Superviseurs". Les élections locales doivent être manipulées afin que seuls des civils approuvés par la Fondation soient élus (sous le critère qu'ils coopéreront avec la Fondation et seront de ce fait disposés à maintenir le voile).
Installation de confinement : Site-64
Description : Le Nx-17 est une petite ville agricole approximativement 30 km au sud-est de Portland, dans l'Oregon. Le Nx-17 génère (ou contient) approximativement une quantité de faune anormale par mètre carré 350 % plus importante comparé au reste du monde (à l'exception de cas particuliers, comme le Nx-18, "Sloth's Pit, Wisconsin", et le Nx-42 anti-anormal, "Dull, Scotland"2). Cette faune anormale ne présente généralement pas de danger clair et imminent, sauf en de rares cas.
À l'inverse d'autres Nexus, les anomalies au sein du Nx-17 sont capable de sortir à l'extérieur du Nx-17, mais le font rarement.
Addendum : Depuis le 20/01/1997, une organisation dédiée à la réinsertion de la faune normale et anormale a été fondée dans le Comté de Clackamas. L'organisation est dirigée par un civil nommé Tim Wilson, né à San Diego et n'étant donc pas natif du Nx-17. Cette évolution n'a pas encore conduit à des actions directes de la Fondation, bien que certaines ont été proposées.
3: Une discussion formelle sur la politique du Site-64 vis-à-vis de Tim Wilson
Un dossier composé d'informations collectées sur la nouvelle organisation de Boring, dans l'Oregon, glissa sur le bureau du Directeur de Site Edgar Holman. Celui-ci le tira vers lui et l'ouvrit. Il fut accueilli par de grandes lettres majuscules indiquant "Refuge Faunique Wilson". Dirigé par Tim Wilson, une dizaine d'employés et quelques volontaires. Non-lucratif. Petit.
"Très bien, et pourquoi cela a-t-il été porté à mon attention ? Cela ne devrait-il pas simplement être classé ?"
Pause entre les quatre hommes dans la pièce.
"Eh bien," commença l'un d'entre eux, "nous pourrions nous contenter de le classer, mais nous craignons quelques implications." Face au haussement de sourcils d'Holman, il ajouta, "probablement rien, juste quelque chose que nous voulions voir avec vous."
Le directeur de site se cala dans son fauteuil et soupira. Il avait de meilleures choses à faire. Il était en train de lire et de signer plusieurs documents recommandant la mise à jour d'Anomalies Non-immatriculées (ou ANI) en objets SCP lorsque trois chercheurs du Nexus 17 avaient souhaité l'entretenir de ce nouveau développement. Holman hocha la tête et fit un geste les invitant à en venir au fait.
Celui aux yeux verts, l'archiviste de Boring Seanan McDowell, commença : "Ok, commençons par les bases. Cette organisation a été fondée par un non-natif. Nous pouvons donc supposer qu'il ne va pas traiter la faune anormale là-bas comme "normale" et pourrait décider d'attirer l'attention sur elle. Il est un membre très écouté et très politiquement actif de la communauté, et il est connu pour voyager régulièrement en dehors du Nexus 17."
L'historien de Boring Josh Higginbottom, aux yeux marron et à la peau sombre, intervint : "Il est impliqué, directement impliqué avec la faune anormale, il pense que c'est de la magie et de la fantasy, il est très actif, il voyage et il fait entendre sa voix. Il est un vecteur principal de fuite de connaissances sur le Nexus en direction du reste du monde."
Edgar souffla du nez. "Très bien. Cependant. Le Refuge Faunique Wilson. Il fait son travail ?"
Josh : "Pardon, monsieur ?"
Edgar : "Est-ce qu'il réinsère la faune, donne aux animaux une maison, et cetera."
Seanan : "Oui, il le fait, il le fait étonnament bien, vu le nexus."
Edgar remua. "Mhmm. Combien d'anomalies ont-ils trouvé avant nous ?"
"Euh," Seanan regarda autour de lui, "vous avez le dossier juste devant vous, regardez vous-même. Page trente-quatre."
Edgar se redressa et commença à feuilleter les pages en cherchant la page trente-quatre. Une fois trouvée, le directeur de site posa son doigt sur la page jusqu'à ce qu'il rencontre "Interactions notables avec des anomalies". Ses sourcils se haussèrent lentement alors que la liste… n'en finissait pas.
"C'est un nombre impressionnant. Et toutes celles-là, ils les ont trouvées avant nous ?"
Josh : "En fait, nous tenons une réunion ce soir sur la question de la mise à jour du statut de Boring d'Asphodèle à Briar. Et tout ça en raison de ce que fait Tim Wilson. Nous n'avions aucune idée qu'il y avait tant d'anomalies à Boring."
Edgar : "Je suppose que nous avons catalogué toutes celles-ci quelque part, avec leur propre désignation ?"
McDowell secoua la tête. "Nous sommes en retard, ça s'accumule. Nous n'avons pas assez de personnel pour traquer chacune de ces choses."
Edgar : "Mais d'une manière ou d'une autre, eux, si. Avec dix employés."
Seanan : "Et une base grandissante de volontaires. L'organisation grandit vite, cela va sans dire. Et plus elle sera grande, plus elle aura de visibilité. Nous avons déjà peur qu'ils fassent un site internet. Mais nous digressons —"
"Oh, je ne pense pas du tout," sourit le directeur de site. "Pour moi, cela ressemble à un bon filon pour le Site-64. Tim Wilson pourrait être un léger danger pour le voile, mais la dernière chose que nous voulons est de chasser cette jolie petite machine de documentation d'anomalies. Maintenant," il posa ses coudes sur le bureau, "ce que nous devons faire est trouver comment conserver son efficacité en limitant sa visibilité. Rien de compliqué, je suppose, pour des individus ayant gardé le Nexus 17 étroitement fermé sous clé depuis, combien de temps, quatorze ans ?"
L'un des trois chercheurs déglutit nerveusement.
"Ce que je veux dire, c'est que Tim Wilson reste. Sous étroite surveillance, mais il reste. Et je laisse le problème d'effacer les traces derrière lui à vous. A-t-il déjà été un problème ?"
Josh inspira à travers ses dents, s'arrêta un instant, puis secoua la tête.
"Bien, espérons qu'il n'en devienne jamais un. C'est tout. Soumettez ça comme problème pour la réunion du Comité des Directeurs si vous n'êtes pas satisfaits par ma réponse. Maintenant, j'ai d'autres affaires desquelles je dois m'occuper." Holman poussa le dossier en direction des chercheurs.
Pendant un moment, personne ne bougea.
Ensuite, l'auparavant silencieux stratège de confinement de Boring Kai Boskovich se leva avec tant de force qu'il faillit en perdre ses lunettes et arracha le dossier dans le même mouvement. "C'est un risque ridicule pour une potentielle brèche de confinement."
Les cheveux bruns gominés de Kai flottèrent alors qu'il ouvrait avec fracas la porte du bureau, suivi de près par Josh et Seanan. Alors qu'ils disparaissaient hors de vue, Holman put entendre l'un d'entre eux dire "nous reviendrons avec des chiffres" avant que la porte ne se referme.
4 : Agente sous couverture, la meilleure volontaire de Wilson
Wajima Moyumi était une agente "indépendante" multitâches, actuellement non-liée à une quelconque FIM ou équipe de confinement d'un SCP. Cela ne faisait pas plus d'un ou deux mois qu'elle était en retrait pour avoir perdu ses trois meilleurs amis lors d'une brèche de confinement, elle n'était pas même assignée à une mission. Elle était évaluée psychologiquement, déterminée être suffisamment saine d'esprit pour continuer à travailler, mais bien sûr, elle ne cherchait rien d'intensif pour le moment. Quelque chose de plus paisible. De plus sympathique. Quelque chose d'intermédiaire qui ne risquait pas de coûter d'autres vies.
Sous le nom de couverture d'Hagimatsu Yufuyu, elle était donc une taupe de la Fondation dans le Refuge Faunique Wilson. Sa maison au Site-64 n'était pas à plus d'une heure et demie de route de là où elle devait aller, et un voyage de trois heures était un très faible prix à payer pour basiquement travailler en tant que superviseur pour animaux volontaire.
Pour conserver la façade de quelqu'un ayant une vie en dehors d'être volontaire au refuge, elle ne venait que les mardis et les week-ends. Le reste du temps était passé à faire des tâches subalternes et de la paperasse au Site-64, parfois interrompues par une petite mission à faible risque.
Elle était en train de sécher un phoque très petit et très câlin, mais malheureusement électrique lorsqu'Albert Westrin arriva. Il était le stéréotype hirsute d'un homme, avec une barbe grisonnante, un crâne chauve et des mains plus que familières avec le travail manuel. Il était le compagnon le plus proche de Wajima au refuge, un ami volontaire dont les jours de repos coïncidaient avec les siens. C'était un fermier avec une famille qui faisait pousser des baies, et ils avaient des calendriers pour s'occuper de la ferme. Mais tout le monde avait son week-end, pour la plupart en tout cas (tout ce qui n'était pas essentiel était retiré du calendrier). Presque tous les jours où il avait du temps libre, il venait au refuge, au moins pour vérifier que tout allait bien. S'il n'avait vraiment pas le temps de rester, il ramenait généralement des boissons et des donuts. Cela allait sans dire, Wajima était contente de le voir.
"Comment ça va, Al ?"
Mais Al fut rapidement épris de cet animal sur lequel ils avaient travaillé ensemble auparavant. Le phoque sauta et rebondit et tenta de se dégager de la poigne ferme de Wajima en direction d'Albert.
"Oh, quelqu'un est content de me voir !" beugla Albert de sa voix toujours forte, profonde et caverneuse. Il enfila des gants caoutchouc afin de pouvoir sans danger caresser le petit Cuivre (nommé d'après le fil de cuivre, pas d'après sa couleur). Wajima, voyant que ce moment allait arrivait qu'elle le veuille ou non, relâcha Cuivre afin qu'il puisse avoir une petite session de câlins avec Al. Pour autant qu'il ressemblait à un homme fort et stoïque, il n'était pas difficile de le voir dans un moment où il devenait un gros nounours. Cela ne le rendait que plus charmant, la manière dont son apparence et ses actions se contredisaient des manières les plus radicales.
"Nous sommes donc deux, Al." Wajima lui sourit.
"Content de te voir aussi, Hagi. Comment va Cuivre ?"
"Cuivre va bien. J'étais juste en train de gratter les saletés qu'il avait sur lui lorsque tu es arrivé et a tout gâché en étant adorable."
"Pardon pour l'interruption," Al continuait de grattouiller la tête de Cuivre. "Très bien, mon petit gars, retourne te faire propre."
Wajima souleva (avec précaution) Cuivre sur ses genoux couverts de caoutchouc et passa une serviette chaude sur les taches qui recouvraient son corps autrement d'un gris brillant. Cuivre se tortilla, mais Wajima était dure et sévère et n'eut aucun mal à garder en place le phoque glissant. Albert la regardait avec admiration.
"Très bien !" Cuivre étincelait de nouveau. "Il est prêt à rentrer dans son bassin…"
Wajima le souleva et le jeta (il ne faisait rien pour faciliter les choses) dans son petit et solitaire bassin pour poissons. L'eau était étrangement rigide, et Cuivre commença à nager dans la cuve inadaptée. Il n'y avait que quelques cailloux, et un petit endroit où il pouvait sortir de l'eau sur une petite plage rocheuse. Mais à part ça…
Ils ne pouvaient pas mettre d'autres poissons dans le bassin, car ils mourraient immédiatement. Ils ne pouvaient le rendre à la nature, car il tuerait tout dans son sillage (et comment il était atterri dans une crique de l'Oregon était déjà un mystère), et… eh bien, c'était tout, mais c'était déjà fort problématique en soi. Cela faisait une semaine que Cuivre était pris en charge par le refuge, et il était en pleine santé, ils n'avaient juste… ils n'avaient juste aucune idée de quoi faire de lui.
Albert et Wajima échangèrent un regard et se grattèrent la tête.
"Bon, très bien. Qu'est-ce qu'on va faire de lui ?"
Albert se gratta la barbe. "Eh bien… j'ai parlé à Tim, et nous ne savons… nous ne savons toujours pas. Il n'est pas adapté à la nature. Ou la nature n'est pas adaptée à lui, et nous ne mettons pas nos animaux au-dessus des autres."
"Pas tout à fait…" Wajima esquissa un sourire.
"Bon, ok, on leur donne un nom, bien sûr."
Ils gloussèrent, mais ce fut rapide et difficile. Ils n'avaient même pas un grand enclos pour lui. Il était confiné dans un bocal à poissons exigu, au milieu d'une pièce en bois verte remplie d'oiseaux gazouillants. Sa présence entravait également leur capacité à prendre en charge tout autre animal aquatique. Cela devenait une sacrée galère, et l'idée rôdait à l'horizon… personne ne voulait piquer Cuivre, mais plus il restait là et plus il posait de problèmes, plus cela était ressenti comme une nécessité.
Mais comme dit précédemment, personne ne voulait ça. Ce pourquoi cela n'était pas encore arrivé. Et ce pourquoi ils le traitaient encore comme un invité et le nettoyaient de temps en temps. Wajima avait dans l'idée de pousser pour relâcher Cuivre, puis de l'adopter en tant que skip au Site-64. Cependant, pousser en ce sens la ferait sortir de son personnage, et elle devait attendre de la résistance à toutes les étapes. Cela attirerait l'attention sur elle, et cela interférerait également dans sa mission de simple observatrice. Mais…
"Et si nous le gardions ?"
"Pardon ?"
Al hocha la tête, comme s'il exprimait son assentiment à lui-même. "Et si nous le gardions ? Une petite mascotte. Cuivre, du Refuge Faunique Wilson."
Wajima cligna des yeux plusieurs fois. "Eh bien, cela veut dire un problème permanent avec le bassin —"
"Balivernes," éluda Albert, "nous ne pouvions penser à l'idée d'offrir à Cuivre son propre bassin s'il n'était qu'un invité comme le reste des animaux, mais s'il devient un animal de compagnie — euh, une mascotte, bon. Nous pourrions lui donner un bassin aussi grand qu'il le désire."
"Il va en avoir besoin d'un vraiment très gros, s'il grandit comme un phoque normal."
"On s'occupera de ce problème quand il arrivera."
"Tu es sûr ?"
"Pourquoi pas ?" Albert mit un gant en caoutchouc dans l'eau et caressa Cuivre alors qu'il passait en nageant. "Et nous pourrions l'utiliser comme un coup de pouce pour diriger le budget en direction de la construction d'un secteur aquatique."
"Un secteur aquatique !?"
"Nous avons déjà des cages différentes pour les oiseaux pour qu'ils n'interagissent pas négativement entre eux, nous finirons par avoir besoin de plus d'un bassin, et Cuivre en est la preuve ! Est-ce que décider de le garder ne pousserait pas Tim et les autres à construire une meilleure poissonnerie ?"
Wajima avaient les yeux écarquillés. "Je— Je suppose ? Tu es sûr qu'on devrait instaurer le précédent de garder des animaux ? C'est dans le budget ? Je suppose que la communauté nous aime vraiment bien…"
"Nos collectes de fonds couvrent régulièrement ce que l'on n'a pas en temps normal, et plus encore."
"Hmm." À l'arrière de la tête de Wajima, une voix lui disait qu'aider le refuge à garder des animaux qu'ils traqueraient normalement comme des anomalies dans la nature n'était peut-être pas une bonne idée. "Eh bien…" Cuivre sortit sa tête de l'eau et la regarda dans les yeux. "Et puis merde. On fait ça. Dis à Tim que nous gardons Cuivre. Nous en parlerons ce soir ou demain."
Albert sourit de toutes ses dents, bien que cela fusse occulté par sa monstrueuse moustache.
5 : L'Essor du Refuge Faunique Wilson
Autour d'une table ovale dans une salle de réunion aux murs d'un noir obsidienne terne étaient assis, dans le sens des aiguilles d'une montre, le Directeur de Site Edgar Holman, l'Assistante Directrice du Site Dre Sarah O'Connell, l'Assistant Directeur du Personnel Cameron Miles, l'Assistante Directrice des Installations Dre Milena Lopez, l'Assistant Directeur de la Recherche Dr Avery Sanchez, l'Assistante Directrice du Confinement Sophia Turner et l'Assistant Directeur des Forces d'Intervention Agent William Johnson. Pour quiconque s'y connaissait, il était évident qu'il s'agissait de la réunion hebdomadaire du dimanche du Comité des Directeurs.
Le programme du jour avait été plutôt routinier… un réseau de trafic de drogue à Trois Portlands, une volée anormale de corbeaux en liberté, un phénomène spatial localisé dans le sud et un nouvel élément robotique qu'ils avaient récupéré en enquêtant sur ces trois choses. Ils avaient également reçu une lettre de la Zone-12 concernant une dispute territoriale pour une anomalie que les deux installations voulaient récupérer pour le financement. C'était épuisant. Comme d'habitude.
Mais ils arrivaient à la fin, au moment où ils n'auraient plus qu'à remballer et rentrer à la maison. Plus qu'une ou deux choses sur le programme — et des muffins étaient distribués, ce qui, évidemment, aidait.
"Très bien," dit Holman après qu'ils eurent écrit un brouillon de lettre pour la Zone-12 qui serait ultérieurement rempli par un membre du personnel diplomatique, "nous avons maintenant le rapport sur le statut du Nexus 17 à traiter. Soumis par…" Holman soupira. "…Seanan McDowell, Josh Higginbottom et Kai Boskovich. C'est titré "Inquiétudes grandissantes concernant un Refuge Faunique Wilson grandissant" et sous-titré "L'essor inquiétant d'une organisation fondée sur les anomalies".
Quelque part autour de la table, l'un des directeurs grogna. Holman en débita une bonne partie, devint fatigué de parler et passa le rapport à Sarah O'Connell. Les informations fournies n'étaient pas nouvelles. L'équipe de recherche du Nexus 17, qui travaillait en tandem avec une agente sous couverture nommée Wajima Moyumi, avait appris que le Refuge Faunique Wilson conservait désormais certaines anomalies pour s'en occuper, ayant commencé avec un phoque nommé Cuivre qui devenait rapidement leur mascotte.
Fondamentalement, ils commençaient à agir comme un petit site de confinement. Ils envisageaient même l'idée de changer leur nom, d'un refuge à quelque chose d'autre, pour des problèmes fauniques plus généraux, tout en restant principalement un refuge pour animaux. Et, comme d'habitude, la pléthore d'animaux anormaux (ou, comme ils les appelaient, "magiques" et "inhabituels") qu'ils découvraient était indubitablement impressionnante.
Après l'explication, tout le monde se tut pendant un moment. Holman dut donc les inciter à parler.
"Opinions ? Propositions ?"
Sophia Turner parla en première. "De ce que dit le rapport, jusqu'à maintenant, l'organisation a réussi dans ses opérations de confinement, n'est-ce pas ? Et le nombre d'anomalies qu'ils ont sous leur contrôle, eh bien, c'est autant d'anomalies que nous aurions à confiner s'ils n'étaient pas là. Ce serait une sacrée bataille budgétaire avec le Site-19, puisque nous aurions besoin de ressources, de personnel et de forces d'intervention significativement plus importantes. Depuis que le Refuge Faunique Wilson a été créé, l'argent dépensé dans la surveillance du Nexus 17 a baissé de plus de 60 %. C'est énorme. Quelqu'un à nos dépenses sous les yeux ?"
"Oui," répondit le scribe désigné de la réunion, assis à un bureau à côté de la réunion principale.
"Pouvez-vous nous dire combien nous dépensons en moins pour le confinement d'anomalies provenant du Nexus 17 depuis que le Refuge Faunique Wilson a décidé d'en garder certaines ? N'oubliez pas de vérifier les dépenses concernant le transport d'anomalies capturées d'ici à d'autres sites."
"Je suis dessus, mais ça va prendre un peu de temps."
"Merci."
La semaine avait été remplie, et bien que les individus autour de la table aurait pu consulter les problèmes en amont et les préparer, personne ne s'attendait à ce que cela soit le cas. La débâcle de la Zone-12 était la seule chose que le comité des directeurs avait réexaminé, car cela avait été un problème toute la semaine.
"Eh bien," intervint William Johnson, "pendant que l'on attend ça, je propose la création d'une FIM dédiée aux activités du Nexus 17. Ce projet était en suspens depuis un moment, et avec tout le bazar à propos de Boring ces derniers temps, je me suis dit que ce serait bien de le ramener." Il jeta sur la table une liasse agrafée de papiers. "J'ai déjà la désignation de réservée. Bêta-4. Pas encore de diminutif slash nom de code, bien sûr. Ils choisissent généralement ça eux-mêmes. J'ai également une liste de personnes que j'aimerais dedans. À savoir l'Agent John Schut pour le rôle de capitaine. Iel a une grande expérience avec les animaux en raison de son service dans Frondes et Flèches. Du moins, les animaux anormaux."
"Quel est le but de cela ?" s'exprima Cameron Miles. "On dirait plutôt que nous n'avons jamais eu aussi peu besoin d'une FIM que maintenant. Le refuge fait la plupart du travail que cette force d'intervention ferait."
"Au contraire, je pense que le Refuge Wilson montre précisément pourquoi nous voulons une force d'intervention pour Boring. Nous savons mieux que jamais combien d'anomalies il y a vraiment dans le Nexus 17, et nous ferions mieux de les chercher. Si leur concentration est aussi haute que ce que semble indiquer Wilson, ils vont bientôt tomber à court de financements et de ressources."
Milena Lopez se joignit à la conversation. "Et ils ont été très efficaces jusqu'à maintenant ?"
"Très," pointa Cameron, "ils se sont occupés de plus de tente anomalies jusqu'à maintenant et ils n'ont subi aucun blessure sérieuse, encore moins de décès. En plus, ils ne sont pas aussi connus publiquement que ce que l'on pourrait penser, ce qui est plus de notre ressort que du leur, mais tout de même."
"Eh bien alors," continua Milena, "et si nous les financions ?"
Pause. Plusieurs muffins sont grignotés.
"Au risque de donner davantage de travail au scribe, peut-être qu'une partie de l'argent que nous gagnons pourrait être utilisée pour les financer. Pas entièrement, évidemment, parce qu'ils ont d'autres sources d'argent, mais si nous les finançons assez pour qu'ils suivent le nombre grandissant d'anomalies dont ils s'occupent, cela constituerait sans doute moins d'argent que ce que demanderait nos propres opérations. Ils prennent déjà des donations communautaires anonymes, cela serait un jeu d'enfant de faire passer notre propre argent. Et s'ils remarquent qu'ils ont soudainement un donateur relativement riche, pourquoi cela devrait-il les alarmer au point d'enquêter ?"
"C'est ridicule," attaqua Sarah O'Connell, "peu importe l'argent que nous économisons, cela ne vaut pas la peine de mettre notre confiance dans une organisation dont nous n'avons aucun contrôle. N'importe quel mauvais coup de leur part retomberait sur nos épaules, et c'est un mauvais coup que nous aurions pu aisément éviter en agissant nous-mêmes, avec notre propre argent."
"Alors peut-être… peut-être que nous pourrions les contrôler. Au moins un petit peu."
La pièce se tourna en direction de Cameron.
"Nous avons déjà Wajima Moyumi qui travaille avec eux en tant que volontaire. Elle est reconnue dans l'organisation — évidemment sous un faux nom — et nous pourrions la placer à un poste permanent. La promouvoir de volontaire à employée. Si l'organisation grandit à la vitesse prévue, nous avons encore du temps avant que sa taille ne devienne vraiment problématique, et elle pourra monter les échelons. Tirer certaines ficelles, mettre en avant certains problèmes… cela serait une influence subtile, certes, mais dans une organisation non-lucrative, peut-être que son charme naturel la mènerait loin. Elle pourrait être notre taupe, pas juste une espionne comme maintenant. Et ensuite, elle pourrait s'assurer que notre argent est utilisé de la manière que nous voulons. Enfin, tant que l'on manœuvre bien. Si ça marche, nous dépenserions moins d'argent, nous pourrions entièrement faire confiance à l'organisation et nous aurions également un moyen très simple de la saboter si nous avions soudainement besoin de la faire disparaître."
Plusieurs murmures apparurent dans la pièce.
"Je voterais en faveur de cela," dit Holman en levant sa voix au-dessus des bavardages, "tant qu'elle a un autre agent avec elle. Et, bien sûr, elle doit être d'accord pour ce boulot. Cela serait une mission permanente, évidemment. Son dernier boulot, en assumant que Wilson ne coule pas — ou que nous ne le faisons pas couler."
Le bourdonnement de la pièce s'éteignit.
"20 %," dit le scribe. "Nous avons dépensé 20 % en moins sur le transport et le confinement. C'est peut-être trop tôt pour le dire, mais on dirait aussi que ça va continuer à augmenter."
Un sourire apparut au coin droit de la bouche de Sophia.
6 : Agente sous couverture, la nouvelle employée de Wilson
"Un changement de nom !"
"Oui !"
Albert et Wajima tremblaient d'excitation. Une vraie excitation, si cela avait besoin d'être précisé pour Wajima. "On monte en grade, on grandit !"
"Heureusement que nos financements ont augmenté si soudainement."
"Heheh," Wajima leva les yeux puis les baissa, "ouais. Heureusement."
Albert et Wajima étaient installés à un grand bureau. Ils étaient les derniers volontaires qui restaient d'une longue nuit de léchage d'enveloppes et d'introduction d'invitations à l'intérieur. Il y avait eu une pré-fête, puis une grande fête d'annonce, pour tous les volontaires et les employés du Refuge Faunique Wilson, pour annoncer à tout le monde qu'ils changeaient officiellement leur nom en raison de l'augmentation du nombre de leurs services. La tactique marketing appelait ça une "grande soirée d'ouverture". Il était maintenant non seulement un refuge pour animaux, mais aussi exterminateurs, surveillants de l'écosystème local et chercheurs. Ils préparaient déjà des expéditions pour obtenir des indications sur les populations de grenouilles locales, et l'alcalinité du sol, et les sédiments dans l'eau, et tout ça.
Mais pour l'instant, ils étaient juste contents de changer de nom. C'était un mouvement, du momentum, de l'action. Ils n'étaient plus seulement un refuge, ils ne fournissaient pas un service, ils résolvaient des problèmes. Les Solutions Fauniques Wilson. Ça sonnait bien.
De ce fait, après la pré-fête, Albert et Wajima avait juste dit un long au revoir à un Tim Wilson fatigué (et légèrement ivre) et ils continuaient de travailler. Il ne restait pas beaucoup d'enveloppes, heureusement.
"Où penses-tu que cela va nous mener ?" demanda Albert.
"Hmm," se demanda Wajima. "C'est sûr que nous allons continuer à grandir." En tout cas elle l'espérait, écartant les pensées d'une Fondation intimidée de son esprit. "Je n'ai en tête que des bonnes choses." Ce n'était pas vrai. "Et c'est tout ce qui compte."
Il y eut une pause. Tous deux goûtèrent une enveloppe. Wajima réfléchissait… mais elle n'était pas sûre que cela serait protocolaire. Cela ne faisait pas partie de sa mission, en tout cas. Elle était juste curieuse. Elle se dit que cela passerait aisément pour une plaisanterie badine et en rajouterait au charme qui lui apportait respect et confiance. Ouais. Cette justification fonctionnait.
"Euh, hé, du coup."
"Hmm ?"
"Je ne suis pas une locale, tu sais ? Je suis venu ici depuis la côte Ouest, une petite ville de Caroline du Nord." Ce n'était pas entièrement un mensonge. "Et, on a pas euh —"
"Vous avez pas d'animaux magiques ?"
Wajima fronça des sourcils. "Ouais. On en a pas. C'était, euh. Excitant. Intéressant ! Ridicule, de penser que tout ça existait. Quand je suis venue pour la première fois ici, je n'en croyais pas mes yeux. Et je me demandais juste, eh bien, ce que tu penses de ça ?"
"De quoi ?"
"De comment ça marche. Scientifiquement parlant. Comment ça contredit tout ce qu'on connaît déjà, comment — par exemple, pourquoi on est là à les aider, au lieu de parler de cette mine d'or scientifique à un institut de recherche ?"
Elle n'aurait pas dû dire ça. Elle s'était mise trop à l'aise, potentiellement trop à la recherche d'un nouvel ami. Trop ouverte. Ce n'était pas l'agente froide et contemplative qu'elle était auparavant. Elle rougit de culpabilité.
"C'est le problème, en fait."
"Hmm ?"
"De croire que l'on sait quelque chose."
"On doit bien savoir certaines choses."
"Si ce savoir est pratique, garde-le. Mais ne pense pas qu'il est universel, toujours applicable. C'est le problème avec la science moderne." Al lui sourit. "Ça ne veut pas dire qu'il n'est pas valide. Mais ces grands scientifiques pètent plus haut que leur cul."
Wajima gloussa. "Parfois, ouais." Elle se demanda soudain ce qu'Al pensait des scientifiques environnementaux qu'ils allaient bientôt recruter pour leur étude de l'écosystème. "Eh bien, je réfléchis à quitter mon job."
"Non, Hagi, pourquoi ? Tu es une super fleuriste !"
"Parce que je ne voie aucun sens dans mon travail au magasin à Portland. J'adore faire des bouquets, mais cela ne va pas me combler sur le long terme. Et cet endroit, cet endroit me comble."
Les yeux d'Al se rétrécirent, et sa tête se pencha en avant. "Oh, ho ho ho. Vraiment ?"
"Ouais, vraiment. Mon expérience botanique limitée en élevage et arrangement de jolies fleurs de jolies manières devrait s'améliorer en travaillant ici avec vous, et elle sera plutôt utile. Et ça serait plutôt cool."
Al tenta de cacher un sourire. "Je suis sûr que ça paiera moins."
"Tu ne travailles pas dans le non-lucratif en espérant la meilleure qualité de vie, Al."
Al avait bien du mal à le cacher, il retourna donc sa tête en direction de ses enveloppes. "Tiens, tiens, tiens. Content de t'avoir dans l'équipe."
Wajima expira une longue respiration satisfaite. L'équipe, en effet. En fait, pas vraiment une équipe.
C'était plutôt une famille.
7 : Le Temps passe
En janvier 2002, dans le cadre de la bonne résolution des Solutions Fauniques Wilson visant à avoir des relations publiques plus étendues que Boring, dans l'Oregon, l'organisation lança son propre site internet. Cela n'avait pas eu lieu plus tôt pour un certain nombre de raisons.
Tim Wilson avait toujours eu un côté luddite. Il était naturellement réfractaire à l'industrialisation, aux entreprises, aux usines et, par extension, aux technologies de toutes sortes. Tim Wilson et quelques-uns de ses amis très proches, comme Albert Westrin, Nandini Chandra et sa femme Alice Wilson s'unissaient autour de remarques désobligeantes concernant "la génération à venir" et leur "dépendance à la technologie", accompagnées d'une appréhension tangible envers internet et d'une suspicion concernant ses usages supposés.
La connexion internet à Boring, dans l'Oregon, était certainement un autre facteur. Ou plutôt, son absence. Elle était lente. Très lente. Il était possible de se faire des spaghettis (et de la sauce spaghetti) avant qu'une vidéo YouTube d'une minute ne soit chargée. De ce fait, créer et maintenir un site internet allait sûrement être horriblement frustrant. Une solution aurait pu être pour les Solutions Fauniques Wilson d'économiser un peu d'argent pour payer une connexion internet plus rapide. Mais en raison de leurs autres objectifs et ambitions, cela semblait toujours plus approprié d'utiliser cet argent pour des installations plus grandes, du meilleur équipement, de la nourriture pour les animaux, et cetera. Ce ne fut qu'en 2000 que quelqu'un dépensa quoique ce soit pour une meilleur connexion (et à la surprise de personne, ce fut Gary Harp, leur "sorcier de l'informatique" local, qui avait fini par utiliser son propre argent pour accomplir cet objectif parce que cela rendait son travail bien plus facile).
Enfin, certains avaient des inquiétudes — notamment Hagimatsu Yufuyu — sur ce que le monde extérieur pourrait penser d'un endroit aussi magique que celui-ci ! Ce n'était un secret pour personne que la nature fantastique de Boring, dans l'Oregon, restait inconnue du grand public, et c'était encore moins un secret qu'ils étaient tous un peu effrayés de comment un monde paranoïaque pourrait réagir. Ces facteurs combinés rendaient l'attrait pour un site internet des Solutions Wilson… faible.
Mais il y eut finalement un coup de collier. Ceux qui le donnèrent furent les employés Alex Molina, Gary Harp (l'homme qui s'occupait des téléphones et qui gérait une bonne partie des relations publiques), son frère et volontaire Justin "Mésange" Harp et le propre fils de Tim Wilson, Robin Wilson. Le principal argument pour le site internet était la possibilité de tracer les donations provenant d'en dehors de Boring, dans l'Oregon.
Actuellement, les financements des Solutions Fauniques Wilson se présentaient ainsi :
Ils menaient des collectes de fonds (vente de gâteaux, zoo pour enfants, fêtes communautaires et événements de dégustation de vins, etc.), avaient un lieu pour les donations directes, et tout le monde pouvait souscrire à un "abonnement". Cela faisait à peu près 15 dollars par mois (ils avaient besoin d'argent, vous comprenez), et quiconque y souscrivait disposait d'une réduction sur tous leurs services. Lesdits services comportaient leurs services d'extermination, leur… hmm, eh bien, c'était à peu près tout. C'était le service qu'il était possible d'acheter. Tout le reste était des choses qu'ils faisaient. Comme surveiller les populations d'animaux locaux variés, faire un rapport sur l'écosystème tous les six mois, chercher les endroits pollués dans la zone, sauver des animaux, réinsérer ces animaux lorsque cela était possible, et paver les routes.
Oui, ils pavaient les routes.
Cela n'avait pas vraiment de rapport avec les autres choses qu'ils faisaient, mais ils s'étaient dits que cela leur attirerait de la sympathie (et c'était juste quelque chose de sympa à faire), donc ils avaient pris sur eux pour paver les routes de Boring, dans l'Oregon. Ils avaient aussi un chasse-neige ou deux.
Un abonnement permettait également de recevoir un "catalogue" mensuel, en tout cas quand la personne était à Boring. Ledit catalogue contenait de petits rapports sur tous les animaux actuellement détenus. Chaque catalogue finissait par quelque chose qui disait en substance "si vous souhaitez aider ces animaux, pensez à devenir volontaire !". Oh, et il y avait une autre raison d'avoir un site internet.
L'organisation des volontaires devait se faire principalement par téléphone ou en personne. C'était une tâche ardue qui demandait beaucoup de papier et de programmation et que personne ne voulait faire. Avec un site internet, ils pourraient mettre en place un système d'inscription en ligne pour les volontaires qui pourrait ensuite répartir automatiquement les gens selon les éléments dans leur candidature. Cela devrait bien sûr être bien codé, mais ils économisaient également de l'argent pour engager un codeur justement pour cette raison. En tout cas, les quelques personnes qui poussaient pour avoir un site internet.
De ce fait, avec la bonne résolution pour l’année 2002, "afin d’être plus intégré et accessible au public", Tim Wilson et ses compagnons réfractaires durent admettre l’idée du site internet. Maintenant, les gens pourraient voir leur travail et choisir de les soutenir dans le monde entier ! Ils avaient mis en place un siphon en ligne en direction du compte en banque de l’association, et dans les deux premiers mois du lancement, ils avaient plus de cent nouveaux abonnés. Cela faisait plus de 1 500 dollars par mois de financements en plus. Soit 18 000 dollars en plus par an. Ce qui était excitant ! Bien sûr !
Selon leurs données, la plupart des abonnements provenait des membres de la famille ou d’amis de personnes vivant à Boring. C’était un énorme succès. Bon, ok, pas énorme, mais définitivement un succès qui valait le coup. Mais derrière le voile, la Fondation exerçait son influence. Elle avait sa propre contribution, bien sûr.
Premièrement, puisque la Fondation avait déjà pris le contrôle de la plupart des infrastructures du Nexus 17, via l’interférence du gouvernement ou des moyens plus physiques, elle était largement responsable de l’internet lent dans la petite ville. Pas entièrement, non, mais elle décidait si elle le laisser s’améliorer ou si elle ralentissait son progrès. Et elle avait clairement choisi la seconde solution.
Elle savait qu’elle ne pourrait pas les empêcher d’avoir un site internet éternellement, mais elle avait besoin de mettre en place certaines choses avant. Ou plutôt quelqu’un.
Wajima Moyumi devait être dans une position dans laquelle elle pourrait fortement influencer le résultat que constituerait ce site internet. Même si Wajima avait toujours été une bonne employée, elle n’était pas encore à la tête de quoique ce soit, et elle aurait probablement dû s'occuper des relations publiques, ou des technologies internet, ou de quelque chose de ce genre avant que la Fondation ne soit tranquille avec l’idée d’un site internet. Malheureusement, cela ne sembla jamais arriver.
Ce qui arriva, c’est qu’elle joignit l’équipe qui était pour le site internet. Le mieux, c’est qu’elle n’eut presque pas à leur mentir. D’abord, elle était aux premiers rangs des gens qui avaient peur d’attirer l’attention du gouvernement (ou, bien qu’elle fut la seule à le savoir, quelque chose de plus grand), ce qui était une véritable inquiétude qu’elle et d’autres avaient. Mais ensuite, lorsqu’il devint clair que le train du site internet était bien lancé, elle déclara qu’elle se battrait pour lui et aiderait à sa mise en place, à la condition qu’ils concevraient le site afin de ne pas attirer l’attention sur la magie de Boring.
Après un petit débat léger (que Wajima suspectait de cacher un vrai débat), ils autorisèrent quelque références rigolotes à leur nature magique qui ressembleraient juste à de petites blagues pour quiconque sur internet. Par exemple, Cuivre le phoque resta la mascotte de Wilson, et sur le site, sa personnalité était décrite comme "électrique". La Fondation considéra cela indésirable, mais acceptable. Tant que Wilson continuait à conserver ses aspects les plus mystiques derrière le voile, la Fondation ne toucherait pas au site internet. Enfin, à part via Wajima. Mais ce n’était pas vraiment la même chose.
Dans tous les cas, l’attention du public avait sans aucun doute soulevé des questions intéressantes.
8: Agente sous couverture, la nouvelle mondaine de Wilson
Cela devait être la cinquantième vente de gâteaux du mois. Wilson adorait organiser des ventes de gâteaux, et pour être tout à fait honnête, Wajima commençait à en avoir vraiment marre. Mais elle ne ratait jamais un événement de Wilson, et elle était toujours l’une des premières à dire qu’elle s’occuperait elle-même de la vente. Elle, bon, elle n’avait pas offert son aide cette fois, parce que, comme dit précédemment, il y avait eu de très nombreuses ventes de gâteaux. Mais cette fois, elle allait rester dans le coin parce qu’un bon ami à elle, Gary Harp, était celui qui avait accepté la tâche. Elle savait très bien à quel point cela pouvait devenir ennuyeux et répétitif, et elle ne voulait pas que Gary subisse le même destin.
Wajima avait donc garé sa voiture de l’autre côté de la rue où s’était installé Gary, devant l’Église de la Route de Damas en ville. C’était un dimanche, et ils espéraient qu’une grande quantité de personnes passeraient. Mais ce n’était pas un secret que les ventes de gâteaux permettaient de gagner de moins en moins d’argent, peut-être en raison de leur grande quantité. Peut-être en raison du fait que les gens ne pouvaient pas éternellement cuisiner des cookies avec enthousiasme. Peut-être que d’autres facteurs auxquels ils n’avaient pas pensé jouaient. Qui sait ?
Wajima ouvrit le coffre de sa Toyota rouge, en sortit une chaise pliante, des chips, un sandwich pour plus tard, une grande bouteille de coca et deux verres. Ensuite, après avoir fermé (avec quelques difficultés) le coffre, elle se dirigea en direction de Gary. Celui-ci ne semblait pas encore l’avoir remarqué et tambourinait le stand de ses doigts.
"Hey," lui cria-t-elle en traversant la rue, "Je me suis dit que tu aimerais un peu de compagnie !"
La tête de Gary bougea dans sa paume. "Hey. Merci, Hagi."
Wajima installa une chaise à côté d’elle, posa la bouteille de soda au sol avec les deux verres à l’envers dessus, ouvrit en deux le sachet de chips, posa le sachet de chips sur la table à côté de son sandwich dans une boîte, puis se pencha en arrière dans sa chaise. "Alors, comment ça se passe ?"
"Très mal."
"Ah," dit Wajima en hochant la tête, "on dirait bien. Les affaires vont probablement se lancer quand la messe sera finie. Hein ? Qui peut résister à des cookies post-église ?"
Gary soupira. "Apparemment, c’est possible. Ce n’est pas comme si on n’avait pas déjà fait ça avant. À chaque fois, on fait moins d’argent." Gary caressa un cookie. "Au moins on a plein de gâteaux en plus pour nous, mais c’est vraiment une perte de temps." Gary retira sa main posée sur sa joue, en pleine réflexion, puis mangea ledit cookie. "Ils sont bons."
"On a des chips tu sais. Pas besoin de manger les gâteaux."
"Obligé, sinon je vais devenir gâteux."
"Soit. On dirait que c’est la cinquantième vente de gâteaux ce mois."
"On dirait que c’est la millionième vente de gâteaux cette semaine."
"Oula partenaire, tu exagères peut-être un petit peu."
"Ton nombre était quand même au-dessus d’un par jour."
"Euh ouais, c’était la blague."
Gary prit un donut et commença à lui régler son compte.
"D’ailleurs," Wajima vit une opportunité d’être indiscrète, "pourquoi tu penses qu’il fait toutes ces ventes de gâteaux ? Ce n’est pas comme si on avait plus d’argent. On a encore des donations plutôt généreuses." Plutôt généreuses oui, provenant de la Fondation, rien de moins. "On dirait que c’est un peu frénétique."
"C’est frénétique. Je suppose que tu ne les vois pas vraiment."
"Voir quoi ?"
"Les problèmes aux refuges." Gary tourna sa chaise pour faire face à Wajima. "Tu es notre botaniste, une travailleuse de terrain et l’une des gestionnaires de notre site internet. Ça fait longtemps que tu travailles pour les refuges."
"C’est vrai. Pas besoin d’être en colère."
"Désolé, je suis juste un peu énervé."
"Tu fais ça volontairement, n’est-ce pas ?"
Gary finit par arrêter de tripoter les gâteaux et attaqua les chips. "Juste pour que personne d’autre n’ait à le faire. Tu veux bien me passer le coca ? Merci. Ouais, c’est juste…" Gary s’arrêta alors qu’il se servait du soda. Les oiseaux gazouillaient, une légère brise soufflait, les feuilles bruissaient, et très, très doucement, il était possible d’entendre les cris d’un révérend depuis l’intérieur de l’église.
"Juste quoi ?"
"Eh bien, nous n’avons pas de problèmes d’argent ! L’argent est le dernier de nos soucis ! Donc on pourrait penser que les choses seraient plus claires, tu vois ? Je pourrais, ugh, je pourrais digresser. Sur Tim. Je pense qu’il n’est pas si fort pour gérer les gens, tu vois ? Vraiment pas. Mais même si c’est un problème, ce n’est pas le problème principal."
Une pause. "Qui est… ?"
"Qui est qu’on s’occupe de machins magiques, Hagi. Il y a des limites à ce qu’il est possible de faire pour garder des trucs magiques en sécurité. Nous n’avons pas de magie, et eux, si. C’est douloureux, des fois, tu sais ?" Gary engloutit un peu de soda. "C’est juste qu’on a un peu l’impression d’être dépassés. Tim pense que ça doit être le budget. Donc," Gary fit un grand geste en direction de la vente de gâteaux, "tout ça. Ça le fait flipper. Ce n’est même pas de la surréaction, il va juste dans la mauvaise direction."
Wajima fronça des sourcils. "Et quelle est la bonne direction ?"
Gary but plus de soda et prit très longtemps pour avaler. "Je, euh. Je sais pas. Je ne sais pas si on sait. C’est ce qui est un peu effrayant. Cuivre n’a toujours pas de copain, il a la cuve pour lui tout seul. On a dû éteindre un feu l’autre jour. Au moins on a pu le voir arriver, tout sortir, personne n’a été blessé, à part quelques animaux. C’est juste, on ne sait pas quoi faire. Et on ne peut pas les relâcher dans la nature, je veux dire, s’ils déclenchent des feux dans la nature, au moins on est là pour les éteindre, on peut pas volontairement les laisser déclencher des feux dehors… certains se téléportent, certains sont littéralement difficiles à regarder, et certains sont difficiles à se rappeler et ceux-là ils arrêtent d’être nourris pendant plusieurs jours et on se sent tellement mal quand on retombe dessus.
"Comme je l’ai dit, personne n’a été blessé, et aucun animal n’est mort à part de causes naturelles, mais… c’est comme si on avait construit un château de cartes et qu’il était sur le point de nous tomber dessus, tu vois ? Notre structure est précaire, et à un moment ou à un autre, nous allons nous effondrer. Je pense que Tim a réalisé cela mais ne sait pas quoi faire, donc pour soulager son esprit il blâme le budget, et maintenant je suis là à vendre des foutus cookies que personne ne veut."
Wajima était sur le point de lui demander quoi faire lorsqu’elle réalisa qu’il n’en avait aucune idée. C’était le problème. Personne n’en avait aucune idée. Et il avait raison… en se positionnant pour être plus impliquée dans le travail de terrain (parfois il y avait des anomalies que la Fondation préférait vraiment avoir, et Wajima créait régulièrement les conditions pour que cela arrive) et dans le site internet, elle s’était retirée de quelque chose dont la Fondation souhaitait entendre bien plus parler : comment le confinement tenait. Wajima était… peut-être découragée d’entendre cette nouvelle. Mais ce n’était pas inattendu. En fait, c’était l’une des principales critiques de nombreux cadres, que Wilson s’était embourbée dans une mauvaise situation et que tôt ou tard, la Fondation finirait par sérieusement regretter de leur avoir fait confiance.
Jusqu’à maintenant, ce doute était repoussé par les performances exceptionnelles de Wilson, leur tendance à maintenir le voile, la présence d’un agent de la Fondation dans leurs rangs (ils essayaient toujours de trouver un deuxième agent pour intervenir et rejoindre Wajima, mais le projet était mis de côté depuis longtemps car personne ne l’avait mis en haut de sa liste de priorités malgré les supplications de Wajima), et les économies d’argent de la Fondation en raison de l’existence de Wilson.
En effet, le Nexus 17 était sans conteste uniquement dans la juridiction du Site-64, et celui-ci était le site principal qui s’occupait de Trois Portlands, de sa "ville jumelle" Portland, dans l’Oregon, mais aussi des nombreux événements du reste de la partie ouest de l’Oregon. La partie est était uniquement gérée par la Zone-12, un site avec un budget plus léger et moins de choses à faire, qui ne serait pas adapté pour surveiller le Nexus 17 même s’il était dans sa zone. De ce fait, le Site-64 avait déjà beaucoup à faire sans devoir confiner tout ce qui se trouvait dans le Nexus 17, et un groupe d’intérêt intervenant pour le faire lui-même lui avait fait oublier, ou plutôt négliger, les défauts des Solutions Fauniques Wilson.
En raisonnant à partir du fait que le Nexus 17 ne semblait avoir de toute façon jamais produit quelque chose de vraiment dangereux, Wilson avait été autorisé à exister, et le Conseil O5 avait soutenu cette décision (même si la décision avait été serrée, à 7 contre 6). Wajima était soudainement un peu nerveuse quant au devenir de l’organisation, ou ce que la Fondation devrait faire si tout finissait bien par s’effondrer…
Mais étant donné qu’elle était loyale à la Fondation et à Wilson (même si la Fondation passait clairement en premier), une chose était claire.
"On doit en parler à Tim alors, n’est-ce pas ?"
"Ugh. Oui. On doit lui en parler." La lèvre supérieure de Gary se courba pour exprimer sa réticence. "J’aurais dû le faire plus tôt mais je ne voulais pas."
"C’est difficile de répondre au big boss."
Gary recommença à sourire. "Il est juste tellement joyeux. Le critiquer donne l’impression de frapper un bébé."
Gary et Wajima gloussèrent.
"Très bien, tu veux qu’on range tout ça plus tôt comme forme de protestation et aller en parler à nos supérieurs ?"
"Ouais," Gary se leva, "ouais je veux." Gary sortit sa jambe et la lança en avant dans la table, mais il s’arrêta soudainement, ne faisant trembler que quelques cookies, et proposa "nous devrions manger tous les cookies et tous les donuts et tous les croissants avant. En tant que forme de protestation, bien sûr."
"Bien sûr."
Gary se rassit. "Oui, allons-y."
9: Monsieur le Chef et Madame l'Agente parlent business
Le petit "bling" qui signifiait que la secrétaire d'Edgar Holman était sur le point de lui dire quelque chose dans le haut-parleur sur son bureau le surprit alors qu'il était encore une fois sur le point de piquer du nez.
"L'Agente Wajima Moyumi est ici pour vous voir. Elle avait un rendez-vous pour 20 h, elle est venue plus tôt parce qu'elle dit qu'elle est un peu pressée. Elle dit qu'elle s'excuse pour le dérangement."
Edgar se frotta les yeux pour y extirper le sommeil. Il n'était même pas à la moitié de sa liasse de papiers épaisse comme un annuaire concernant une distinction plus définitive des responsabilités de l'Unité des Incidents Inhabituels et de la Fondation SCP pour Trois Portlands. Quelque chose à voir avec une drogue anormale et un trafiquant de drogue anormal, des intérêts conflictuels entre la Fondation et l'U2I. La Fondation voulait conserver la drogue comme un SCP, l'U2I voulait enfermer le trafiquant de drogue, une chose en avait entraîné une autre, la Fondation et l'U2I s'étaient marchées sur les pieds, et cela avait conduit à une quantité incroyable de modifications de leurs accords concernant Trois Portlands. Il se révéla que rien n'était prévu pour ce genre de situation.
Mais le Directeur de Site Holman ne s'était même pas vraiment préoccupé de ça, parce que dans le même temps, le Site-64 s'était encore une fois disputé avec la Zone-12, ce à quoi Holman faisait davantage attention, parce que la Zone-12 jouait l'abrutie alors qu'ils avaient déjà eu ce débat plusieurs années auparavant et qu'ils avaient alors réglé le problème ! Le Directeur de Site Holman soupçonnait que la Zone-12 tentait de devenir un site bien plus important et avait décidé que le Site-64 était son concurrent direct. Cette mentalité, se disait Holman, était tellement à l'encontre des idéaux et des objectifs de la Fondation que… que… eh bien, y penser prenait beaucoup de temps. Et l'empêcher de dormir. Et ne lui avait pas permis de dépenser beaucoup d'énergie sur le problème de Trois Portlands.
"M. Holman ?"
"Oui, oui, pardon," il se pinça l'arête du nez, "faites-la entrer." Il était 19 h 45, donc elle n'était pas trop en avance pour énerver Holman. En fait, sa soudaine apparition l'avait peut-être sauvé d'un abandon total de son travail.
Wajima Moyumi entra dans le bureau, tendit sa main, serra celle d'Holman, puis posa une mallette à côté d'elle et s'assit.
"Bonjour M. Holman, je suis ici en raison d'inquiétudes concernant les Solutions Fauniques Wilson."
Oh, dieu tout-puissant. "Allez-y, je vous écoute. Quelles sont ces inquiétudes ?"
"Eh bien, monsieur, nous savons tous les deux qu'elles ne manquent pas d'argent. Nous faisons toujours en sorte qu'elles en aient assez pour continuer leurs opérations."
"En effet."
"Mais nous savons également qu'elles confinent un certain nombre d'animaux anormaux, dont certains d'entre eux seraient confinés différemment s'ils étaient en notre possession."
"Bien sûr."
"Eh bien, je suis ici pour vous dire qu'elles souhaitent confiner "différemment", mais qu'elles n'ont pas les moyens de le faire."
Holman leva un sourcil. "Développez ?"
"La technologie, monsieur. Elles n'ont pas la bonne technologie pour réussir à confiner tous leurs spécimens. Par exemple, elles ont une grenouille à fléchette empoisonnée, appelée Hyde, qui peut se téléporter, et elles n'ont pas vraiment de bonne manière pour la garder enfermée. Actuellement, elles ont abandonné, et elle se balade dans la nature quelque part."
"Je suis sûr qu'une équipe de recherche et sauvetage peut être envoyée pour elle, et nous pourrons essayer de l'accueillir au Site-64."
"Ce n'est pas tout. Elles ont un chat, un tigré, dont il est difficile de se rappeler. Je peux m'en rappeler grâce à mon entraînement, qui inclut une résistance légère contre les mémétiques et antimémétiques. Mais elles n'ont pas ça. Le chat, je crois qu'il s'appelle Roofy, passe parfois plusieurs jours sans être nourri."
"S'il est difficile de s'en souvenir, peut-être que vous pouvez l'extraire vous-même ? Vous êtes une agente exceptionnelle, si la seule anomalie du chat est qu'il est difficile de s'en rappeler, je suis sûr que nous pourrons simplement autoriser quelqu'un à le prendre comme animal de —"
"Ce n'est pas vraiment ce que j'essaie de dire," Wajima s'arrêta. "Désolé de vous interrompre, mais ce que je veux dire, c'est que tout ça peut être isolément géré au cas par cas, mais ensemble, les Solutions Wilson commencent à avoir les yeux plus gros que le ventre, et je pense que nous devons faire quelque chose."
"Et que devrions-nous faire exactement, Agente Moyumi ?"
Wajima prit une inspiration. "Je n'en suis pas sûre. Je ne suis pas une spécialiste du confinement, ou une stratège, ou quelque chose de ce genre. Je suis juste une agente de terrain, qui vous rapporte ce que j'ai vu. J'en ai déjà parlé à l'équipe de recherche du Nexus 17, et j'espère que vous serez sensible à mon inquiétude."
"Eh bien laissez l'équipe du Nexus 17 s'en occuper. Si elle n'a rien trouvé d'ici la moitié du mois prochain, je pourrais prendre en compte plus largement vos inquiétudes. Cependant, le Site-64 a actuellement des problèmes plus importants." Holman se frotta une nouvelle fois les yeux.
"Avec tout mon respect, monsieur, je ne fais pas confiance à l'équipe de recherche du Nexus 17. Ils sont supposés me donner un agent en renfort depuis des années, et ils ne l'ont jamais fait parce que les choses se passent "bien". J'ai déjà fait entendre mes réclamations et plaidé une fois de plus pour qu'un agent m'aide, mais ils remettent ça à plus tard. Cependant, ils doivent passer par vous et l'Agent William Johnson, donc peut-être que cela est de votre faute à tous les deux."
Wajima se surprenait elle-même. L'expression d'Edgar resta de marbre.
"Tout ce que je dis, c'est que je pense que nous regretterons grandement de ne pas gérer ce problème plus en profondeur, et j'ai été incapable d'obtenir de l'aide des sources habituelles donc je viens vers vous. S'il vous plaît, prenez-en compte."
Holman passa sa main sur son front.
…
"Très bien. Si vous écrivez un rapport formel concernant vos inquiétudes et me l'apportez, je peux en parler au Comité des Directeurs. Mais cela n'arrivera pas ce mois, je peux déjà vous le dire." Wajima dut combattre son envie de lui jeter un regard noir. "Et croyez-moi quand je vous dis que ce n'est pas parce que je remets ça à plus tard. Nous sommes simplement trop occupés en ce moment." Voyant Wajima sur le point d'ouvrir sa bouche, il ajouta : "Un autre conflit territorial avec la Zone-12, et puis certaines choses pour lesquelles vous ne disposez pas de l'accréditation. Mais je ne peux pas prendre cela en compte sans les papiers appropriés. Vous pouvez trouver les formulaires auprès de ma secrétaire."
"Merci, merci M. Holman, monsieur. Je vous les enverrai dans la semaine.
Alors que Wajima se levait, il répondit : "Ne vous pressez pas trop. Comme je l'ai dit, cela n'arrivera probablement pas ce mois-ci. Prenez peut-être plus de temps pour vous permettre de mieux examiner la situation avant de la rapporter. Prenez soin de vous."
"Bonne fin de journée Directeur de Site Holman, monsieur."
Holman leva sa main en fit un geste d'une fatigue pathétique, que Wajima n'eut pas le temps de remarquer avant de partir.
"Eh bien, cela n'a rien fait," se dit Holman, "rien d'autre que de rajouter un poids sur mes épaules." Edgar soupira. Ce dont il avait vraiment besoin tout de suite, c'était des pilules de caféine. Pas davantage de travail.
10: Le Point d'orgue
Autour d'une table ovale dans une salle de réunion aux murs d'un noir obsidienne terne étaient assis, dans le sens des aiguilles d'une montre, le Directeur de Site Edgar Holman, l'Assistante Directrice du Site Dre Sarah O'Connell, l'Assistant Directeur du Personnel Cameron Miles, l'Assistante Directrice des Installations Dre Milena Lopez, l'Assistant Directeur de la Recherche Dr Avery Sanchez, l'Assistante Directrice du Confinement Sophia Turner et l'Assistant Directeur des Forces d'Intervention Agent William Johnson. Pour quiconque s'y connaissait, il était évident qu'il s'agissait d'encore une autre réunion hebdomadaire du dimanche du Comité des Directeurs.
Sauf que, attendez, non. C'était un mardi, et c'était une réunion d'urgence, demandée par Edgar Holman sans avertissement préalable. Tout le monde venait juste d'arriver et se trouvait dans différents états de contrariété, de confusion et d'inquiétude, entre autres. Qu'est-ce qui pouvait être si important ?
Le Directeur de Site Holman se leva et attendit le silence.
"Merci à vous tous d'être venus si rapidement," commença Edgar une fois que les murmures se furent estompés, "je suis vraiment désolé pour le dérangement. Si vous étiez en plein dans une situation d'urgence à vous, vous pouvez bien sûr y retourner, mais vous le savez déjà. Je suis reconnaissant que vous ayez tous pu venir. Maintenant, venons-en au fait."
"C'est à propos du Nexus 17."
Edgar déglutit.
"C'est à propos des Solutions Fauniques Wilson."
Pensant que cela devait être une sorte de blague, ou que cela ne valait pas leur temps, plusieurs membres du comité grognèrent, soupirèrent ou exprimèrent d'une autre façon leur exaspération. En effet, il semblait y avoir des choses bien plus importantes actuellement. Holman prit note de ceux qui ne firent pas preuve d'un tel manque de respect. Ceux-là faisaient confiance à son jugement. C'était bon à savoir.
"Je sais que cela semble ridicule. Mais si l'Unité des Incidents Inhabituels n'avait pas nettoyé derrière Wilson — non, nettoyé derrière nous — les Solutions Fauniques Wilson auraient fait la une des journaux nationaux. Non, internationaux, puisque nous vivons à l'âge de l'internet. Toutes les informations sont internationales. Et c'est ce qui vient juste d'arriver. Nous étions à un jour de non-interférence d'une campagne de désinformation mondiale."
La pièce restait figée.
"Bien, donc, les détails. Nous sommes encore en train de les découvrir. Mais globalement, Wilson a trouvé un ours polaire qui était anti-entropie."
Quelqu'un vers le fond : "Un ours polaire ? Dans l'Oregon ?"
"Oui, un ours polaire, dans l'Oregon. Ils ont trouvé des phoques dans la rivière, des grenouilles tropicales dans les arbres, nous sommes au-delà de ce genre de questions. C'est un nexus, bon sang de bois. Mais oui, un ours polaire. Anti-entropie. Bien, peut-être qu'un physicien dans la salle pourrait nous dire pourquoi c'est une très, très mauvaise chose ?"
La pièce se tut.
"C'est exact, nous ne savons pas vraiment. Pas jusqu'à ce qu'on ait quelqu'un de qualifié sur le coup, et nous n'avons appris cela qu'il y a peu de temps. Nous n'en avons même pas entendu parler, jusqu'à ce que l'U2I nous contacte et nous demande "vous êtes où ?". Je suis sûr que vous comprenez à quel point c'était embarrassant. Apparemment, pour faire court, "l'Incident Ursus Maritimus" a causé la mort du propriétaire et d'un employé d'une entreprise de stockage, le gel de la moitié de Boring, dont l'hôtel de ville, et la mort de deux agents de l'U2I. L'ours continuait d'absorber de la chaleur, jusqu'à ce qu'il soit trop lumineux pour le regarder, et ensuite ils ont décidé qu'ils devaient lui tirer dessus, ce qui l'a fait exploser, et ça a touché une partie des quartiers généraux des Solutions Wilson, neutralisant trois de leurs anomalies, l'une d'entre elles étant leur mascotte Cuivre, et blessant grièvement un volontaire. Quelqu'un du nom de Sarah Gardner."
"C'était une bombe nucléaire à retardement. Wilson a interféré en tentant de la guider en direction de ses propres installations, pour dieu sait quelle raison. Comment ont-ils pu pensé qu'ils auraient la capacité de le confiner me dépasse, mais personne ne pourra dire qu'ils n'ont pas essayé. Deux de leurs gars ont eu une pneumonie à cause de ça. Et bien sûr, nous n'avons aucun indice sur la provenance de cet ours polaire, comment il n'a pas été remarqué avant, où ses propriétés anormales se sont manifestées, et cetera. Mais bon sang, nous sommes supposés maîtriser ce genre de choses. Et nous avons dû sous-traiter à l'U2I avant même que nous en ayons connaissance. Apparemment, l'Agente Wajima Moyumi était trop occupée à tenter de s'occuper de cette situation pour nous pour pouvoir nous contacter. Ça aurait aidé qu'elle ait, par exemple, un autre agent avec elle."
Edgar lança un regard impassible en direction de William Johnson.
"Et vous savez quoi ? Afin de remercier l'U2I d'avoir couvert nos traces, nous allons leur donner la drogue de Trois Portlands. Ordre exécutif."
Trois personnes semblaient sur le point d'exploser de choses à dire… des choses colériques, tristes, inutiles, pleines de regrets et de sarcasmes, et Holman dut leur faire clairement comprendre qu'il n'y aurait aucune discussion en agitant sèchement sa main au-dessus de la table.
"Bien. Je sais que j'ai eu l'air en colère. Mais c'est aussi ma faute. Si ce n'est entièrement, du moins en grande partie. J'aimerais ici, tout de suite, porter la responsabilité de l'incident malheureux avec les Solutions Wilson. Il y avait des choses en dehors de mon contrôle, évidemment, mais il y avait aussi des choses à portée de mon contrôle, que j'ai ignorées au profit de "plus grands projets". La Zone-12, Anderson, Portland, pour en nommer quelques-uns. Wilson m'a simplement échappé, comme je suis sûr qu'il a échappé à la plupart d'entre nous.
"Mais maintenant, il est clair que nous ne pouvons être simplement une influence pour eux. Nous ne pouvons nous occuper de cela dans les coulisses. Si nous voulons que ça marche, nous allons devoir directement interférer dans leurs opérations. Nous — je — ne peux m'abstenir plus longtemps. Donc, puisque nous n'avons simplement pas assez de temps pour discuter en profondeur de cela, voici mes ordres. Si vous les considérez contraires à la politique de la Fondation, vous pourrez les porter auprès du Conseil O5 après qu'ils auront été exécutés. Compris ?"
Quelques grognements, des "mmm", des affirmations positives et négatives.
"Bien. Agent William Johnson, vous composerez une force d'intervention pour les interactions futures avec le Nexus 17. Considérant que vous avez le nom Bêta-4 réservé depuis des lustres, vous pouvez utiliser celui-là. Cameron Miles, vous allez rassembler une équipe diplomatique au sein du personnel du site. Elle devra inclure les chefs de l'équipe de recherche du Nexus 17, un ou deux agents pour l'intimidation et les rapports immédiats et Sophia Turner. Votre équipe diplomatique rencontrera les agents de l'U2I occupant actuellement les quartiers généraux des Solutions Wilson, ainsi que quelques employés des Solutions Wilson, avec un peu de chance."
"Après cela, attendez les ordres. Tous ceux à qui je n'ai pas donné de consignes peuvent rester ici et discuter de quoi faire précisément des Solutions Fauniques Wilson. Est-ce bien compris ?"
La pièce hocha la tête, et ceux désignés furent congédiés. William, Cameron et Sophia se dispersèrent, amputant de presque moitié le Comité des Directeurs. Dès que les portes se fermèrent derrière le dernier, Edgar Holman s'assit dans son fauteuil.
"Très bien, bon. Qu'allons-nous faire ?"
La pièce s'emplit de discussions, remettant en question leurs ressources, leurs intentions, leurs finances, leurs projets actuels, de quelle manière une poigne plus étroite sur les Solutions Wilson leur prendrait du temps et de l'énergie. Le débat était houleux, mais professionnel. Les positions controversées, mais pas idiotes. Plus ils discutaient, plus une chose devenait clair :
Les Solutions Fauniques Wilson ne devait en aucun cas être détruites.
Au contraire, elles allaient être utilisées.
Avec une implication plus directe, la Fondation pourrait s'assurer qu'elles faisaient leur travail correctement et utiliser leurs connexions avec le public afin de réduire les coûts et obtenir un moyen opportun de communication avec la communauté anormale. Oui, si la Fondation jouait bien son jeu, les Solutions Wilson pourraient être davantage qu'une aide passive. Elles pourraient être une aide véritablement bénéfique, au quotidien.
Un outil.
Bien sûr, ils avaient vu ce qui arrivait lorsqu'on laissait Wilson s'occuper de ses affaires. Il y aurait de strictes restrictions sur l'organisation, et peut-être que la force d'intervention que William allait organiser pourrait aider à superviser directement ses actions. Cela semblait en effet une bonne décision sur le papier.
Après des heures de débat, ils finirent par arriver à une conclusion. Et après des jours de diplomatie et d'interactions, la Fondation SCP et les Solutions Fauniques Wilson arrivèrent à un accord.
