Pour créer un monstre // Dernier souffle

LES ARMES D'ÉCARLATE

Une arme. Une arme forgée pour enfin vaincre l’ennemi, corrupteurs de l’humanité et adeptes des magies sculptant la chair. Les forces d’Adytum, car tel est le nom qu’ils donnent à leur cité maudite, qu’ils osent appeler par le nom du pays de la liberté. Ils sont menés par Ion le Mutin qui ose se faire appeler le tueur de dieux. Il manie des magies interdites mais a oublié que son emblème n’est pas la couronne du pouvoir mais les chaînes rouillées d’un esclave. Il ne doit pas être autorisé à pénétrer dans Daevon et à mener à bien son insurrection sanglante, soutenue par ce qu’il appelle justice et vengeance.

Pour obtenir une telle arme, un rituel sera nécessaire et demandera les ingrédients suivants :

  • Le corps à peine vivant d’une wyverne du désert, ses écailles impossibles à percer par toute lame ou flèche.
  • Un catalyseur qui arrachera l’âme de la bête de son corps pour en faire une carcasse vide, un réceptacle pour la haine de grands guerriers Daeva.
  • Sept chandelles faites de la graisse de traîtres.
  • Du sang mêlé de soufre, utilisé pour fermer le cercle rituel.

L’étape la plus importante du rituel est l’acquisition du réceptacle. Le désert de Thar abrite un grand nombre de ces wyvernes et constitue de ce fait le meilleur endroit pour chasser la créature. L’être se devra d’être de loin supérieur aux autres bêtes afin de pouvoir massacrer les hordes de l’ennemi. Pour venir à bout de ses griffes et de ses écailles qui le protègent de presque toute attaque, nous utiliserons le rite d'enchevêtrement et attraperons la créature. Lorsqu’elle sera tombée à genoux, nous la traînerons jusqu’au Grand Temple où aura lieu le rituel.

Mots d'Ishaan la Prêtresse, infusés du Pouvoir
Chant au bruit d'une armée en marche, I-I-III

I.

L’ennemi
De Daeva
Mordra la poussière

Esclaves
Rebelles
Finiront sous terre

Des quatres
Mages
Et de l’armée d’Ion

Notre fer
Sera
La rétribution

L'ART DE LA GUERRE

Nulle guerre ne devrait durer quatre décennies, mais le conflit contre le Mutin semble n’avoir pas de fin. Depuis la première bataille de son Soulèvement, qui prit place dans les cachots du Grand Temple, la puissance de l’Hérétique ne semble que croître. Peu importe la force des armées de l’écarlate dérobé qui sont envoyées contre les carnomanciens par la volonté de Maharani, le roi des sans dieux émerge toujours victorieux.

Son contrôle sur le corps rivalise même avec la magie du Fou qui maintient l’armée invincible de Daevon. À la fois le Khanat et la Grande Cour demeurent impuissants quand le Colosse de Cent Toises, la Maîtresse du Fou, le Savant Condamné et la Cape Venimeuse se jettent dans la bataille au côté de leur mentor, car leur avancée devient vite inarrêtable. La puissance des pelotons envoyés à leur mort depuis Daevon n’a aucune importance puisqu’il suffit d’un claquement de doigt pour que les servants d’Adytum changent leurs corps en viande morte.

Pour vaincre dans la bataille qui nous y oppose, un être idéal sera requis : un qui se meut au-delà de la vie et de la mort. Le Mutin a déclaré son emprise sur toutes les créatures de chair, la seule chance de stopper son futur siège sur Daevon est de recourir à un béhémoth impie qui puisse résister à sa magie tout en décimant son peuple d’un seul mouvement de son corps monstrueux.

II.

Légion
De Mère
Armée d’un autre âge

Suivant
Le fils
Sorti de sa cage

Toujours
Plongé
Dans sa rage primale

Fléau
Guerrier
Du champ de bataille

LA HAINE ENVERS L'ENNEMI

Tout comme la Maharani ressuscita l’un des fils d’Adam, son pouvoir sur la vie guidera à nouveau Daevon sur le chemin de la victoire sur la mort. Une fois que le corps de la wyverne aura été dépouillé de son âme bestiale, il sera rempli de la rage et de la furie d’une centaine des meilleurs guerriers Daeva. Usant de la magie volée de la forêt et de la nuit, leur Anima sera moulée en un trou en forme d’âme au cœur duquel ne demeurera plus qu’un hurlement de fureur. Un hurlement dont la haine sera dirigée contre la rébellion.

Une fois l’âme transformée, la Maharani fermera le cercle rituel et le décorera de sept chandelles qui concentreront l’attention du Fou sur elle seule. Elle pourfendra ensuite la bête, la ressuscitant peu de temps après à l’aide des runes et symboles gravés dans ses écailles. Ainsi ils danseront ensemble pendant treize lunes, et à chaque répétition la bête absorbera plus de puissance en elle, s’en gorgeant comme un bandage s’imbibe de sang. Cela continuera jusqu’à ce que l’essence de la bête quitte enfin le cercle de Samsara et devienne une créature existant au-delà du Grand Cycle de l’univers.

Alors, et alors seulement, de l’instinct animal de la wyverne et de la haine des hommes naîtra une rage véritable. Une rage contre tout ce qui vit sous la botte de samsara, une rage contre tout ce qui porte le fardeau de la vie, une rage contre tout ce qui ose se faire appeler humain. Le Mutin se vante de rejeter le titre de dieu et de vivre ainsi qu’un être humain normal. S’il veut vraiment mériter ce titre, il devra alors faire face à la qualité la plus humaine d’entre toutes : la haine envers son ennemi.

III.

Alliés
Avec
La bête du désert

Pour la
Déesse
Ils goûteront le fer

Maha-
-rani
Par ta volonté

Nous laiss-
-erons nos
Rivaux éventrés

INSUFFLER LA VIE À LA FUREUR

Nous enchaînâmes la wyverne épuisée au sol avec des chaînes de sang. Elle se débattit dans la crainte de ce qui allait venir. Elle ignorait qu’elle aiderait bientôt Daevon dans sa victoire contre des manants qui ne connaissaient pas leur place dans ce monde. Elle tenta de se libérer mais après bien des heures elle cessa sa lutte, rendant finalement les armes et acceptant son noble destin. Un cercle de sang sacrificiel et de soufre fut formé autour de son corps et des chandelles furent placées aux pointes de l’heptagramme dans le cercle.

Pour protéger l’arme des manipulations d’Ion, nous perçâmes son crâne d’une dague et son âme fut directement envoyée dans le catalyseur où elle se tortilla et hurla, suppliant qu’on la libère. Nous la renvoyâmes dans son corps tout en gravant des runes dans ses écailles puis nous en emparâmes à nouveau pour l’enfermer dans le catalyseur une fois de plus. Ce cycle continua jusqu’à ce que la bête cesse enfin de ressentir la douleur de ses plaies. Elle devint apathique, ignorant la douleur et signifiant ainsi qu’elle était prête à recevoir le cadeau lui étant destiné, le calice empli de haine.

L’essence se répandit à travers ses veines, ses artères, le moindre de ses membres jusqu’à ce que la bête ne soit plus que fureur. La Haine emplit soudain l’intérieur de la créature, comme si elle était désormais la marionnette de quelque chose de bien plus grand, quelque chose de bien plus puissant. Quand elle finit par se lever, elle émit un rugissement perçant qui convoqua des images d’épouvante. Cet étalage était le signe que le rituel avait réussi et que l’arme était prête pour l’arrivée de l’ennemi si fier.

IV.

Et sous
Les murs
De la forteresse

Tomberont
Le traître
Et sa folle hardiesse

Face aux
Armées
Du puissant Khanat

Menées
Par les
Enfants d’écarlate
























































Sous Daevon

Klavigaar Nadox, Poèmes perdus

Silence

Sous les murs de la cité, le monde établit les termes d’un contrat
Des mots
Leur nombre minime

Silence

Contre la marche d’un million de pieds
Déchirant le sol dedans la cité
Tous prêts à tuer

Silence

Alors qu'à cinq nous entrons
Ne voyant rien
Sinon une ruine brisée

Silence

Entre les palais, les temples
Les maisons
Et les greniers

Silence

Sur la Place de Wernorad, au cœur de Daevon
Dont le ciel résonnait de cris de guerre
Encore un jour plus tôt

Silence

Au cœur de la bête, son corps au sommet d’une colline de corps muets
Tel un roi sous la capitale du Khanat,
Ses yeux une cruelle parodie d’équité

Silence

Dans son âme, qui dans sa haine silencieuse
Ne comprend qu’une chose et une seule :
Le besoin de tuer ses maîtres

Silence

Quand dans sa rage infinie, ses yeux rencontrent ceux d’Ion
Le geste n’est empli
Que de compréhension.

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